Alternative aux antibiotiques

Florent Le Guern : la photo-dynamique antimicrobienne, une alternative aux antibiotiques

Le Prix de l’Entrepreneuriat du concours Cassaing 2018  a été décerné à Florent Le Guern (Ecole Doctorale « Sciences pour l’Environnement », LCSN) pour sa thèse proposant une alternative aux antibiotiques grâce à la thérapie photodynamique anti-microbienne.

Quel était votre sujet de thèse ?

J’ai travaillé sur les infections bactériennes, traitée par antibiotiques. A force d’être exposées aux antibiotiques, les bactéries mettent en place des systèmes de défenses et deviennent difficiles à éliminer, ce qui entraîne une augmentation de la mortalité surtout en milieu hospitalier. C’est ce que l’on appelle les infections nosocomiales qui sont reconnues par les organisations comme un problème de santé publique. Nous proposons une alternative au traitement antibiotique qui serait tout à fait possible à long terme puisqu’elle ne crée pas de résistances chez les bactéries.

De quoi s’agit-il ?

C’est la thérapie photo-dynamique antimicrobienne. Cela repose sur l’utilisation simultanée de trois composés : une molécule que l’on appelle photo-sensibilisateur, un apport de lumière et de l’oxygène. Les photo-sensibilisateurs en contact avec les bactéries et sous une source de lumière produisent des entités qui sont cytotoxiques et qui du coup vont détruire les bactéries. Le challenge était de permettre que l’on retrouve les photo-sensibilisateurs seulement chez les bactéries et non chez les cellules saines pour éviter des douleurs chez les patient.e.s.

Quel est l’intérêt de cette thérapie ?

Nous n’avons détecté aucune émergence de résistance bactérienne, ce que peu d’autres techniques peuvent mettre en avant, et donc notre technique peut très bien être utilisée pendant des centaines d’années sans se heurter au problème de résistance bactérienne.

Un brevet a-t-il été déposé ?

On a déjà travaillé sur une déclaration d’invention avec un prototype de pansement. On est dans une phase de réflexion pour savoir quand le déposer. Mais surtout nous sommes en réflexion pour trouver un acteur industriel pour nous accompagner car le projet devient concret.

Dans quel laboratoire avez-vous fait votre thèse ?

Dans le Laboratoire des Substances Chimiques Naturelles de l’Université de Limoges.

Nous avons beaucoup travaillé avec les différents laboratoires de l’Université de Limoges : XLIM, SPCTS, l’IUT génie biologique également.

Que représente ce prix pour vous ?

C’est une reconnaissance d’un jury concerné et qui croit à la viabilité de notre projet. Le prix de entrepreneuriat va nous permettre d’aider les gens à se lancer pour mettre en place de nouveaux produits sur le marché.

Qu’allez-vous faire maintenant ?

Je suis sur un autre projet de start-up à l’Université Savoie-Mont Blanc de Chambéry qui a pour but de valoriser des plantes invasives exotiques afin d’obtenir des molécules pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique.

Un conseil à ceux qui souhaiteraient se lancer dans une thèse ?

Il faut être obstiné, c’est une période pas toujours facile et il faut être passionné par son sujet.

Un mot sur l’Université de Limoges ?

C’est une belle université sur le plan de la recherche. Il y a des spécialistes dans énormément de domaine différents mais à petite échelle puisque ce n’est pas une grande ville. Néanmoins si on a un problème scientifique, on a des experts sur place.