Projet « Activités (agri)culturelles au FIL du fleuve Charente : quels récits pour des paysages nourriciers ? »

Projet lauréat de l’appel à projets  de la Fondation Carasso « Composer les savoirs pour imaginer un avenir durable 2025 »

En quoi consiste cet AAP ?

Allier Art et Science pour renouveler notre rapport à l’eau. 300 projets déposés au niveau national, 10 lauréats.

En quoi consiste le projet « Activités (agri)culturelles au FIL du fleuve Charente : quels récits pour des paysages nourriciers ? » 

La Maison sur le fleuve, à Cognac, œuvre-milieu interroge l’habitabilité du fleuve Charente. Ce dernier, lourdement pollué par la viticulture conventionnelle industrielle connaît un déclin important de la biodiversité. Réunissant artistes, scientifiques, la Maison sur le fleuve sera le camp de base de travaux collectifs et pluridisciplinaires pour habiter autrement la Charente, ses bassins versants, ses alentours. Notre projet consiste, au FIL de l’eau, à porter attention aux initiatives paysannes invisibilisées qui partant du sol et des semences non industrielles cultivent des paysages nourriciers de santé physique et psychique, de relations entre humains, de liens fertiles à la mare, au ruisseau, à la rivière, à la pluie, aux pierres, au sol, à la Terre et tout ce qui y vit. Faisant coopérer différentes formes de connaissance sensibles, techniques, symboliques mais aussi scientifiques les éleveuses et éleveurs de paysages nourriciers laissent s’exprimer les complexités vivantes qui nous relient à la Terre. Rendre à la Charente son habitabilité, cela passe par le désir individuel, collectif de (se) nourrir en faveur de la vie comme nous y invitent les productrices, producteurs de semences paysannes et non à son détriment. Ce projet reliera ce qui est d’ordinaire séparé – l’agriculture, l’art, l’enseignement, la science – pour mettre collectivement en récits les paysages nourriciers, à la fois vivriers, paysans, culturels, scientifiques au moyen de formes plastiques, graphiques, culinaires et langagières (le FIL).

Quelle est l’équipe ?

Structure porteuse : L’Avant-Scène de Cognac, scène conventionnée d’intérêt national (SCIN). Stéphane Jouan, directeur de l’Avant-Scène coordonne le projet.

Membres du projet :

Nicole Pignier :  écosémioticienne, professeure des Universités, elle est directrice de recherches au sein du laboratoire Espaces Humains et Interactions Culturelles de l’Université de Limoges. Œuvrant au sein de l’Ecole du Jardin Planétaire de Nouvelle-Aquitaine, elle porte attention aux pratiques nourricières et résilientes du monde paysan. Quelles voies offrent-ils pour habiter la Terre à la mesure du vivant ? Auteure de nombreux écrits scientifiques sur la question dont l’ouvrage Paysages nourriciers, un dialogue entre cultures et savoirs, (2023)[1]. Elle coordonnera la partie scientifique du projet dans le souci de l’interdisciplinarité et la coopération avec les paysannes et paysans.

Fiona Delahaie : membre associée du laboratoire Espaces Humains et Interactions Culturelles de l’Université de Limoges, œuvrant au sein de l’Ecole du Jardin Planétaire de Nouvelle-Aquitaine elle est enseignante-chercheuse en Sciences Humaines et Arts à l’Ecole d’Ingénieurs en agronomie et agriculture de Purpan (Université de Toulouse). Elle est également membre permanente du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (UMR CNRS 5193) au sein de l’équipe Dynamiques Rurales. Elle s’intéresse aux liens que tissent ou rompent les sociétés humaines avec le vivant à travers l’étude d’œuvres artistiques contemporaines. Ses recherches portent sur les notions de gestes, de sensibilités et de rythmes individuels et collectifs. Elle veillera ainsi à l’ajustement du projet dans la dynamique interdisciplinaire « arts et sciences ».

Gwendoline Blosse : artiste, elle évolue aux croisements des arts visuels, de l’alimentation et de la pédagogie. Elle accompagne les structures culturelles, sociales et éducatives dans la conception d’expériences sur mesure, en mettant le patrimoine culinaire au cœur de projets artistiques et pédagogiques. À travers l’exploration de la contrainte comme moteur de création, elle développe des récits graphiques et culinaires, favorisant le partage, l’apprentissage et la transmission de savoirs.

Thomas Ferrand : ethnobotaniste, cueilleur, conteur, metteur en scène. Il nous invite à prendre soin de ces plantes spontanées au mieux invisibilisées, au pire dédaignées parce qu’elles poussent toutes seules, dans les marges, dans les coins. Qu’ont-elles à nous dire, que nous enseignent-elles ?

Quelle présence des paysannes, paysans dans ce projet ?

Nous sommes plusieurs dans l’équipe à coopérer depuis de longues années avec des paysannes et paysans de Nouvelle-Aquitaine. En écosémiotique, nous compagnonnons en terres paysannes pour comprendre ce qui fait d’un lieu un paysage nourricier c’est-à-dire apte à nourrir les humains et non-humains de bonne nourriture, de relations sociales avec les autres, avec les plantes, les animaux, etc. selon les dynamiques de la vie et non à leur détriment. Nous avons ensemble organisé des rencontres avec la population, avec des communes rurales, avec des centres culturels tels que Le Théâtre du Cloître de Bellac ou la Ferme de Villefavard, réalisé des documentaires[2] avec Nicolas FAY, un ouvrage pour le grand public. Cela notamment dans le cadre du projet de recherches Nouvelle-Aquitaine Sécurité et Résilience Alimentaire en Nouvelle-Aquitaine que coordonne Nathalie Corade, économiste à l’INRAE de Bordeaux. De nombreuses publications scientifiques en sont issues[3] mais aussi des initiatives pédagogiques avec nos étudiants.

Ces initiatives paysannes éleveuses de paysages nourriciers entre Charente, Charente limousine, ex-Limousin pour la plupart rendues invisibles, ignorées par les politiques publiques constituent le point de départ naturel de ce nouveau projet. Loin de l’exploitation des ressources, du pillage de l’eau, elles montrent par l’exemple qu’une économie favorable à la vie est possible. Comment font-elles coopérer les formes de connaissance sensibles, techniques, scientifiques et symboliques pour faire société autrement avec l’eau et la terre/Terre ? Que nous enseignent-elles de pertinent, de tangible pour réenvisager notre rapport à l’eau ?  Boire à la source, faire en sorte que l’eau coule de source, constituent des réalités de moins en moins possibles aujourd’hui y compris dans l’ex-Limousin, en Charente.

Quelle implication de la population et des politiques dans ce projet ?

Parce que cet enjeu engage notre vitalité, il importe que nous travaillions main dans la main avec toute la communauté informelle de personnes attentives à la force nourricière de l’eau – une eau qui nourrit le sol, les dynamiques vivantes, la vie physique et psychique, la créativité, le lien. Depuis La maison sur le fleuve à Cognac nous compagnonnerons en Charente, Charente limousine, Haute-Vienne avec la population, les scientifiques, les paysannes et paysans, les artistes, les écoles, les étudiantes, étudiants, les élues, élus afin de mettre en récit le lien (agri)culturel à l’eau nourricière.

Quel montant ? Nous recevrons une subvention de la fondation Carasso de 50 000 € pour le temps de réalisation du projet, à savoir 3 ans.

[1] https://www.unilim.fr/ehic/2023/10/20/parution-paysages-nourriciers-un-monde-de-cultures-et-de-savoirs/

[2] Cf. https://www.lesindignees.org/actualites/2024-06-26-chemins-nourriciers/

[3] Cf. https://www.unilim.fr/journees-interdisciplinarite/813

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