Raymond Quéré : "faire émerger la thématique réseaux d’énergie et réseaux d’information"

Raymond Quéré : « Faire émerger la thématique réseaux d’énergie et réseaux d’information »

Le campus universitaire de Brive regroupe une antenne de l’IUT, de la Faculté de Droit et des Sciences économiques, de la Faculté des Sciences et Techniques, du SCD et du laboratoire XLIM. Nous avons choisi de parler de ce dernier. De quelle manière les recherches menées sur ce site s’accommodent-elles au territoire ? Quelle en est l’envergure, notamment au plan international, et quelles convergences construisent-elles avec celles menées sur le site de Limoges ? Raymond Quéré – Responsable du Campus universitaire de Brive et enseignant-chercheur – répond à nos questions.


Quelles activités de recherche sont présentes sur le site de Brive ?

Les recherches menées à Brive ont lieu au sein d’une antenne d’XLIM avec une vingtaine de chercheurs et doctorants, une secrétaire et un ingénieur. Nous travaillons sur les systèmes radiofréquence et les systèmes et réseaux intelligents. Deux équipes sont représentées sur le site. La première travaille sur la caractérisation et la modélisation des composants microondes pour les télécommunications, notamment spatiales, et les radars. Ces recherches portent sur les composants de base destinés à équiper les émetteurs qui sont soit embarqués à bord des satellites soit à terre. La 2ème équipe travaille dans le domaine des radars ultra large bande. Actuellement, elle participe avec les Pays-Bas au projet européen « NETTUN » qui vise à développer des radars pour le percement de tunnels. Ces radars vont permettre d’analyser le sol au fur et à mesure où le tunnelier avance, en mesurant les couches sédimentaires qu’il rencontre. Elle travaille également avec Legrand sur des applications qui permettent de faire de la surveillance de personnes, sans contact et à distance. Par exemple, elle développe des systèmes capables de surveiller la respiration d’une personne.

Quels types de collaborations entretenez-vous ?

Les collaborations menées à Brive impliquent très fréquemment les chercheurs de Brive et de Limoges. Par exemple, les activités de la chaire industrielle DEFIS-RF avec Thalès dont je suis le titulaire. L’objectif de cette chaire est de développer de nouveaux dispositifs microondes, de former des doctorants (10 thèses sont financées sur la chaire) et à terme de mettre au point de nouvelles formations. Par ailleurs, nous travaillons sur un des plus gros projets français d’équipements de télécommunication pour des drones, dans le cadre des investissements d’avenir. Nous collaborons avec l’entreprise Parrot, leader sur ce marché. Nous avons également des collaborations avec le laboratoire IEMN de Lille et l’IMS de Bordeaux pour ne citer qu’eux. Les chercheurs du site participent également à deux laboratoires communs de XLIM avec l’entreprise INOVEOS à Brive, et avec le CEA de Gramat. Au niveau international, nous venons de terminer deux projet européens l’un avec, notamment, l’Université de Padoue en Italie, sur la physique des composants et l’autre, déjà cité, sur le percement  de tunnels. Par ailleurs, nous démarrons une collaboration avec la société Keysight aux Etats-Unis, le leader mondial de tout ce qui est instrumentation pour la mesure en électronique.

Comment situez-vous votre activité de recherche vis-à-vis de votre territoire ? Serait-on en droit de parler d’une spécialisation du site de Brive ?

Oui. J’ai mené une étude stratégique, à la demande du président Fontanille, pour essayer d’identifier des thématiques d’avenirpour le site de Brive. Suite à cette étude, nous essayons de promouvoir une thématique porteuse sur la relation entre les réseaux d’énergie et les réseaux d’information. C’est ce qu’on appelle la 3ème révolution industrielle avec, par exemple, la gestion de l’énergie à l’aide des technologies de l’information et de la télécommunication, les smart grid (distribution intelligente de l’énergie). Il s’agit d’associer les futurs réseaux de distribution de l’énergie à des réseaux d’information, type réseaux de capteurs, de façon à optimiser les ressources énergétiques.

Un exemple à nous donner ?

Le bâtiment intelligent qui va à la fois produire de l’énergie et l’utiliser de façon optimale. Pour cela, on met en place des réseaux de capteurs qui mesurent en permanence la température, le degré d’hygrométrie, la qualité de l’air… Nous avons commencé des projets de recherche financés par la Région, un doctorant a été recruté dans le cadre du LABEX Sigma-LIM sur ce sujet. La licence professionnelle Maîtrise de l’Energie, Electricité, Développement Durable (MEED) est venue compléter en 2012 l’offre de formation déjà existante. Une enseignante en droit a démarré des recherches dans ce domaine. Dans ce cadre, nous avons également monté l’an dernier un Fablab, laboratoire de fabrication, ouvert à tous : entreprises, particuliers, étudiants. Il a le statut d’association et a pour membres fondateurs, outre l’université et son IUT, la CCI de Brive, EDF, le pôle ELOPSYS. La Région et la CGPME ont soutenu le Fablab19 à sa création.

Qu’est-ce qu’on y fabrique ?

Nous l’avons doté d’imprimantes 3 D, de machines de découpe laser, d’outillages pour concevoir des petits circuits électroniques, d’ordinateurs, etc. Ce matériel permet par exemple aux adhérents du club d’aéromodélisme de Brive de fabriquer des pièces pour leurs petits avions. Des étudiants se construisent leur propre imprimante 3D. D’autres personnes sont venues réaliser des bouchons spécifiques pour faire des pièges à frelons et à guêpes. L’entreprise Thalès vient faire des prototypes. En tout, 12 entreprises utilisent le Fablab.

Quels rapports entretenez-vous avec les autres sites distants ?

Nous avons 2 projets de recherche avec Egletons, une licence pro « Maîtrise de l’Energie, Electricité, Développement Durable » partagée avec Tulle ; c’est une licence proposée uniquement en apprentissage, avec à ce jour 80% des apprentis en stage dans des entreprises du bassin.

Quelles sont les relations avec les collectivités ?

Plusieurs formations ont été construites en liaison avec la ville de Brive. Nous avons des liens très forts. Elle siège dans notre comité de site et nous avons avec elle une convention de partenariat.


Les autres interviews du dossier spécial Brive, Egletons, Tulle, Guéret : l’Université de Limoges, moteur dans la dynamique des territoires

Christophe Petit : « Egletons est très connue en France, et au-delà pour toutes ses formations dans le domaine des travaux publics »
> Eric Correia : « Je n’hésite pas à rappeler la force de l’Université de Limoges qui a su écouter les territoires » 
> Michel Breuilh : « les étudiants participent à l’attractivité du territoire »