Colloque International : FULMEN 2

Le lancement, les relances et la levée des sanctions spirituelles (déclaration, promulgation, publication, réitération, réconciliation, absolution) dans le temps long de la tradition chrétienne (Ve-XXIe S.)

Les 14 et 15 janvier 2019

Après les journées inaugurales de Lyon (8-9 octobre 2018) centrées sur une comparaison générale entre les formes de la coercition religieuse dans les traditions des trois monothéismes abrahamiques, et avant les colloques qui seront consacrés aux effets (géo)politiques des sanctions spirituelles (2020), puis aux résistances opposées à ces dernières (2021), cette deuxième rencontre du cycle de recherches FULMEN1 est entièrement consacrée aux mécanismes et au fonctionnement de l’excommunication, de l’interdit et de la suspense, depuis les origines jusqu’à nos jours.

L’approche ici privilégiée, qui n’est guère représentée dans l’historiographie malgré l’actuel regain d’intérêt pour la matière, consiste à examiner la pratique des sanctions spirituelles en portant d’abord l’attention sur leurs modalités formelles. Les études considèrent en général directement les enjeux contextuels des « condamnations », sans s’arrêter à leurs formes précises – lesquelles restent le plus souvent dans le flou2.

Il ne s’agira donc pas d’évoquer en premier lieu, ni pour elles-mêmes, les configurations historiques d’ensemble dans lesquelles les sanctions (ou les menaces de sanctions) surviennent, mais de s’intéresser au départ à leurs détails techniques – en particulier juridiques – et à leurs modalités concrètes – notamment du point de vue de la chronologie détaillée –, qui seront rapportés aux situations pour considérer les divers effets
– sur les consciences individuelles,
– en termes d’opinion collective et de pression sociale,
– pour la construction de cadres de négociation entre le ou les détenteurs de l’autorité et les réfractaires,
– non sans considérer aussi, par exemple, l’attitude (approbation, réticences…) des intermédiaires cléricaux chargés de mettre en application l’excommunication ou l’interdit…
Ceci pour finalement évaluer l’efficacité – ou l’éventuelle contre-productivité – des mesures.

La dimension de performativité discursive – laquelle constitue la plus forte spécificité des sanctions, mais aussi la plus difficile à saisir pour les historiens – pourra, de la sorte, être mise en valeur. De même les jeux sur le temps et les jeux d’immanence, de rétroactivité et d’auto-inculpation (en particulier avec les mécanismes de sanction ipso facto, a canone ou latae sententiae). De même, encore, les flottements et la dimension d’incertitude qui semblent caractériser bien des aspects de la pratique aux yeux des acteurs et paraissent structuraux (à partir de quel moment exactement un sujet est-il frappé par une sanction, quelles sont censées être les conséquences exactes ?…). On peut espérer ainsi rendre compte de l’extrême malléabilité pratique d’instruments dont les formes légales étaient (et demeurent) pourtant strictement définies.
Cette problématisation resserrée, mise en oeuvre collectivement, devrait donner tout son sens à la comparaison entre des contextes très éloignés les uns des autres, des premiers siècles du christianisme au XXIe siècle. Avec pour objectif l’esquisse d’une typologie des formes et des usages de l’excommunication, de l’interdit et de la suspense.

Il s’agit donc finalement d’envisager l’histoire des sanctions religieuses en termes de catégories de la pratique. En examinant leurs usages, leurs effets et leurs débouchés réels sous tous les aspects (sociaux et individuels), l’horizon est celui d’un questionnement général sur les aspects et les moyens idéels ou spirituels (discursifs, affectifs, intellectuels) de l’autorité et du gouvernement dans la tradition occidentale.


1 Voir le carnet de recherches en ligne : https://fulmen.hypotheses.org/
2 voir par exemple, concernant l’Action française, les remarques d’Émile Poulat à ce sujet : https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2010-1-page-141.htm

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