Appel à communication | De l’exclusion à la réconciliation ? La réintégration comme dimension régulatrice des institutions, de l’Antiquité à nos jours

De l’exclusion à la réconciliation ? La réintégration comme dimension régulatrice des institutions, de l’Antiquité à nos jours

16-18 octobre 2024

Poitiers

APPEL À COMMUNICATION

Le colloque de l’axe PIC (Pouvoirs, institutions, conflits) du laboratoire Criham des universités de Limoges et de Poitiers souhaite mettre au centre des réflexions, dans une approche de longue durée, ces processus qui mènent, au sein des institutions régulatrices, de l’exclusion à la réintégration.

Le colloque ne vise pas à l’analyse de l’exclusion dans sa dimension sociale globale, dimension la plus prégnante dans la pensée contemporaine du social et objet, au cours des dernières décennies, de multiples analyses sociologiques, anthropologiques et historiques. Le propos sera ici de penser des pratiques dans le cadre d’institutions, créations concertées, cadres contraignants, de portions plus ou moins vastes de la société. Surtout, l’attention sera portée, davantage que sur l’exclusion en elle-même, sur la capacité des institutions à réintégrer les sujets mis à l’écart.

L’analyse précise des procédés de la réintégration, de leur justification aux détails de leur mise en pratique dans les contextes historiques les plus divers sera le cœur de la problématique du colloque. Dans ce cadre, on s’intéressera en particulier aux formes, discrètes ou ostentatoires, ritualisées ou plus ou moins improvisées, de la réintégration. On étudiera comment ces modes opératoires en rappellent d’autres, plus anciens ou repris à d’autres champs du social, à d’autres institutions ; bref, on appréciera quelle culture mais aussi quels rapports de force sociaux s’expriment à travers l’outillage symbolique de ces pratiques.
On s’interrogera sur ce que les anciennes et anciens exclu•es apportent à l’institution qu’elles et ils réintègrent : constituent-ils des acteurs de second plan, restent-ils sur des marges des institutions réintégrées, portent-ils les stigmates de l’exclusion passée (combien de temps ou jusqu’à quel événement probateur ?), sont-ils des vecteurs de désordre, de désintégration des institutions, ou de transformations, d’adaptation des institutions auxquelles ils viennent apporter des expériences nouvelles ? On s’interrogera sur la participation de la réintégration à la solidité, à la longévité des institutions, au positif, par les apports extérieurs véhiculés par les réintégrés, mais aussi, au négatif, si l’on peut dire, au sens où la réintégration peut contribuer à éviter la constitution de groupes critiques, susceptibles de s’institutionnaliser et de venir concurrencer l’institution existante ? Pour dire cela de façon abrupte, l’institution est-elle gagnante à la réintégration ? Et les personnes réintégré.es, que gagnent-elles réellement à leur réintégration ? Les conséquences de la réintégration sont-elles les mêmes en fonction du genre, de l’origine sociale, géographique, de l’âge des individus ou de la structure des groupes
concernés ?

Les analyses pourront également s’inscrire dans des problématiques comme celles de l’oubli et de la mémoire collective, notamment mémoire au sein des institutions, des groupes sociaux, mémoire de l’exclusion comme de la réintégration. Les institutions religieuses s’imposent comme instances créatrices de règles, tout à la fois des plus puissantes et des plus diversifiées. Les multiples institutions de l’Église catholique, par exemple, ne cessent de menacer d’exclusion, notamment par cette forme que l’on peut
considérer comme ultime, l’excommunication, mais elles s’efforcent tout aussi obstinément de remettre dans le droit chemin des brebis égarées. Toutes les institutions religieuses sont pourvoyeuses de pardon, de possibilités de réintégration et de mise en œuvre de ces réintégrations. L’étude de leur aptitude à réintégrer sera un axe structurant du colloque. Cependant, ne serait-ce qu’à titre comparatif, d’autres institutions sont tout autant à envisager. On pensera, bien sûr, à l’État, grand créateur d’institutions dans tous les domaines de la vie sociale. On pensera en particulier à l’Armée. Elle aussi institue des règles, réputées strictes, et prévoit l’existence de déviances, de refus des règles. Elle aussi fait parfois le choix de l’exclusion, plutôt que la punition. Connaît-elle aussi des procédés de la réintégration et
selon quelles règles fonctionnent-ils ? Enfin, on pourra s’interroger aussi sur les fonctionnements collectifs de multiples groupes constitués qui ont leurs règlements, ou leurs fonctionnements entés dans des traditions, et leurs exclus. Ces groupes ne sont pourtant pas à proprement parler des institutions : ainsi des confréries, des fraternités universitaires, des clubs, des « sociétés » du XVIIIe siècle, dans un horizon du travail plus proche, les jurandes, les sociétés de secours mutuel du XIXe siècle, plus près de nous, les syndicats, les partis politiques et tout le monde des associations ; dans le domaine artistique, ateliers, académies, écoles, conservatoires…

Le colloque cherchera à aborder ce terrain d’analyse dans la longue durée, en rendant compte de la diversité des situations et des lieux, depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, à travers les sources les plus variées, qu’elles permettent des études de cas précis ou des approches plus globales. Se voulant une contribution interdisciplinaire à l’anthropologie historique de l’exclusion, l’interrogation est ouverte à d’autres disciplines, au-delà de celles réunies au sein du Criham.

COMITÉ D’ORGANISATION :

  • Albrecht Burkardt, histoire moderne, Université de Limoges,
  • Anne Jollet, histoire moderne, Université de Poitiers
  • Cécile Auzolle, musicologie, Université de Poitiers,
  • Alexis Avdeeff, anthropologie, Université de Poitiers,
  • Alexandra Beauchamps, histoire médiévale, Université de Limoges,
  • François Brizay histoire moderne, Université de Poitiers,
  • Virgile Cirefice, histoire contemporaine, Université de Limoges,
  • Jérôme Grévy, histoire contemporaine, Université de Poitiers,
  • Daniel-Odon Hurel, histoire moderne, Directeur de recherche au CNRS, membre associé au Criham,
  • Pauline Lafille, histoire de l’art, Université de Limoges,
  • Fanny Le Bonhomme, histoire contemporaine, Université de Poitiers,
  • Anne Massoni, histoire médiévale, Université de Limoges,
  • Nathan Rera, histoire de l’art, Université de Poitiers,

PROPOSITIONS DE COMMUNICATION

Les organisateurs souhaitent recevoir vos propositions avant le 20 juin 2023. Les propositions devront comporter au maximum 500 mots.

Nous vous remercions de les accompagner d’un court curriculum vitae.

Les retours sur les propositions seront faits avant le 31 octobre 2023.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Les propositions sont à envoyer aux organisateur et organisatrice du colloque :

  • Albrecht Burkardt,
  • Anne Jollet,
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
39E rue Camille Guérin
87036 LIMOGES Cedex
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00
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