Alain de Solminihac : 1593-1659 : de l’abbaye de Chancelade à l’évêché de Cahors

Thèse soutenue par Patrick Petot le 13 novembre 2006, sous la direction de Michel Cassan

Abbé de Chancelade en Périgord et évêque de Cahors, Alain de Solminihac (1593-1659) apparaît comme un prélat réformateur dont le rôle déborde largement son abbaye ainsi que son diocèse. Formé à Paris, il entreprend en 1623 le relèvement spirituel et matériel de son abbaye de Chancelade qui devient, en moins d’une décennie, un pôle spirituel dont la réputation déborde les limites du Périgord. Réformateur de l’ordre canonial, Alain de Solminihac étend la réforme de Chancelade à la Saintonge, au Limousin et à l’Angoumois, mais se heurte à la volonté centralisatrice du cardinal de La Rochefoucauld et de Charles Faure qui organisent la congrégation de France. Au terme du conflit, marqué par des remous en son sein, la réforme de Chancelade ne parvient pas à échapper à l’absorption qu’au prix de l’abandon de son expansion. La carrière de l’abbé de Chancelade connaît une rupture majeure avec sa nomination à l’évêché de Cahors en 1636. Dès son arrivée dans son diocèse, en 1638, il entreprend de le réformer selon le modèle tridentin et en suivant l’exemple de Charles Borromée. Tout en reconstituant avec obstination le patrimoine épiscopal, il se dote des moyens matériels et administratifs de son action. La promulgation de statuts synodaux et une organisation nouvelle caractérisée par la mise en place de vicaires forains impriment une marque forte au gouvernement du diocèse qu’il parcourt durant plus de vingt ans en d’incessantes visites pastorales. En même temps, il envoie les chanoines réguliers qu’il a amenés avec lui de Chancelade y prêcher des missions. Conscient de la nécessité de former un nouveau clergé, il fonde en 1643 un séminaire confié aux prêtres de la mission. Cette volonté réformatrice entraîne une opposition trouvant son expression dans la constitution d’un syndicat de prêtres contestant jusqu’à sa mort la politique de l’évêque. Comte de Cahors et baron du Quercy, disposant d’une autorité temporelle, il appuie résolument le pouvoir royal durant la Fronde. Il est aussi un homme d’influence dans l’Eglise de France, très lié à Saint Vincent de Paul, membre de la Compagnie du Saint Sacrement, jouant un rôle important dans les affaires du temps, qu’il s’agisse de défendre les prérogatives du Saint Siège, de condamner « l’Augustinus » ou d’obtenir la nomination de bons évêques. Homme profondément charitable, Alain de Solminihac se préoccupe du sort des pauvres, des orphelins, des malades, n’hésitant pas à risquer sa vie pour ses diocésains lors de la peste. Religieux devenu évêque, célèbre pour ses austérités et sa vie ascétique, il s’efforce de vivre son idéal de perfection chrétienne dans l’état épiscopal. Sa mort en réputation de sainteté marque le début de la « vie posthume » d’un personnage proclamé bienheureux en 1981.

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