De 150 à 10 Millions d’années la région est émergée, le climat est chaud

Durant les 150 derniers millions d’années, il s’est passé beaucoup de choses, mais nous n’avons que peu de traces car la région était la plupart du temps émergée. Du coup nous avons des difficultés à reconstituer ce qui s’est passé et nous n’avons pas grand chose à montrer. Nous possédons néanmoins des repères qui nous viennent des régions voisines. Vers 140 Millions d’années (Limite Jurassique-Crétacé), la mer se retire ; la région émerge avant d’être partiellement envahie à nouveau. Peut-être, sans doute, mais jusqu’où ? : on connaît des dépôts marins du Crétacé supérieur (100 millions d’années) en Charente et près de Souillac dans le Lot.

 


Preuves de l’émersion de la région au Tertiaire (environ 60 Ma)
.
On rencontre un peu partout sur le Causse corrézien et dans le Bassin aquitain​ des remplissages argileux fortement colorés par des oxydes ou hydroxydes de fer (le terme géologique est sidérolithique : pierres ferrugineuses). Ils se sont déposés dans des karsts creusés dans les calcaires du Jurassique. Leur présence est le signe que la région était émergée. A gauche de la photo, on peut voir des restes de ces calcaires. Cl. HB.

Preuves de l’émersion de la région au Tertiaire (environ 60 Ma).
Des sols rouges parfois très épais se sont formés par altération des roches du socle (gneiss, granites…) sous un climat de type tropical; ils sont la preuve de l’émersion de certaines zones. Ici, une altération tertiaire (60 Ma environ) au sud de Clermont-Ferrand. La différence de couleur avec la photos de gauche est due à la nature des oxydes de fer. Cl. HB.

Lorsqu’une zone est émergée, des sols se forment qui sont érodés de temps à autre par de fortes pluies. Les produits déblayés sont entraînés plus ou moins loin. Lorsqu’ils sont piégés sur place ils constituent le remplissage coloré des cavités qui se sont formées dans les calcaires (voir photo ci-dessus). Lorsqu’ils sont entrainés plus loin ce sont les « formations superficielles » continentales tertiaires que l’on retrouve à l’ouest jusqu’en Gironde. En Charente (de Roumazières à Chassenon) les gisements d’argiles avec ou sans silex exploités pour les tuileries de Roumazières proviennent de la décalcification des calcaires du Jurassique moyen : les carbonates sont dissous et il ne reste que les argiles. En France l’ère tertiaire (à partir de 60 millions d’années) est marquée par la formation des Pyrénées, puis des Alpes. Le Massif central est rehaussé et donc soumis à une érosion plus importante. Il faut imaginer le sud ouest de la France au Tertiaire comme un arrière pays de collines dans la partie est (= vers le Massif central) et de montagnes au sud (= les Pyérénes), l’ensemble s’ouvrant sur un golfe marin avec une ligne de rivage au niveau de la Garonne actuelle (les Landes étaient sous l’eau).



Le gisement d’argiles de Roumazières (Charente)

Ces argiles qui contiennent notamment de la kaolinite, renferment également d’autres types d’argiles, du sable, des galets et des silex. Tous ces produits sont issus de la dégradation à l’ère tertiaire des roches antérieurement déposées : socle primaire et dépôts sédimentaires de l’ère secondaire. Cl. HB. Site Terreal


Exploitation des argiles de Roumazières (Charente)

Exploitées depuis la fin du 18ème siècle, ces argiles ont servi à la réalisation de nombreux produits. Aujourd’hui, près de 200000 tonnes d’argiles et 30000 tonnes de sable sont encore exploitées chaque année sur le site de Roumazières, essentiellement pour la fabrication de briques et de tuiles.

​ 

Comme dans le reste du Massif central, il existe en Limousin et à proximité quelques dépôts sédimentaires du Tertiaire inférieur (60 – 30 Ma). Les reliefs étaient moins marqués qu’aujourd’hui et en pente douce vers l’ouest. Le climat était chaud avec de temps à autre des pluies fortes ce qui signifie altération chimique et érosion. Les matériaux arrachés aux collines composées surtout de granites et de roches métamorphiques, ont été transportés par des rivières saisonnières (oueds) et déposés dans des creux topographiques situés dans les mêmes zones faillées, qu’au Carbonifère 250 Ma plus tôt. Cette érosion a donné non seulement des sables avec parfois des galets mais aussi de petits gisements d’uranium (qui provient de l’érosion de l’uranium présent dans les granites). Il s’agit par exemple du gisement de Gouzon en Creuse ou en limite sud du Limousin, celui de Saint-Pierre-du-Cantal près de Bort-les-Orgues en Corrèze. Ces deux gisements ont été exploités dans les années 1980. Plus au sud et à l’est, ces bassins (Limagne à Clermont-Ferrand, Aurillac) étaient en fait des bras de mer.

​

Coupe du Massif central il y a 30 millions d’années environ. On remarquera le bras de mer encadré par des failles qui a donné le bassin sédimentaire de Limagne
dans lequel se sont déposés des sédiments (argiles et calcaires visibles sur la coupe du chapitre suivant).
A proximité, les premiers petits volcans
dispersés et basaltiques apparaissent. Dessin C. Lansigut, Geologis.