Recommandations du CNR


CMV et grossesse:

La prise en charge de l’infection congénitale à CMV est entrée dans une période charnière.

En effet, en 2020 les résultats d’une étude randomisée en double aveugle contre placebo a démontré l’efficacité d’un traitement préventif par le valaciclovir pour diminuer de façon significative la transmission materno-foetale du CMV chez des femmes ayant eu une primo-infection au 1er trimestre de la grossesse.

Les résultats de cette étude ont été confirmés par ceux d’une étude du CNR associé Necker qui retrouve la même diminution de 70% du risque de transmission verticale en comparant un groupe de femmes traitées à un groupe historique de femmes non traitées.

Cette avancée révolutionnent la prise en charge de la primo-infection maternelle d’autant qu’il a été montré, notamment grâce aux études épidémiologiques du CNR associé Necker, qu’en cas de primo-infection maternelle les risques de séquelles sont limités aux primo-infections survenues pendant le 1er trimestre.

Ces connaissances ont diffusé dans la communauté médicale et ont incité les obstétriciens et les sages-femmes à prescrire une sérologie CMV de façon systématique au 1er trimestre de la grossesse alors que les recommandations nationales émises par le HCSP en 2018, avant ces avancées scientifiques, sont de ne pas dépister cette infection.

Nous étions donc dans une situation intermédiaire où une partie des praticiens conscients d’une potentielle perte de chance pour leurs patientes pratiquaient une sérologie CMV en dehors des recommandations nationales induisant une inégalité flagrante d’accès aux soins et des hésitations dans la prise charge en raison du manque d’expérience et de l’absence de protocoles nationaux sur lesquels s’appuyer.

Ces derniers mois, la Haute Autorité de Santé (HAS) a évalué la pertinence d’un dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus (CMV) au cours de la grossesse et a mis en ligne le 17 juin 2025 des recommandations en santé publique.

Aujourd’hui, la HAS recommande :
  • De mettre en place un dépistage systématique national, à destination de toutes les femmes enceintes dont le statut sérologique est négatif ou inconnu. Cette mesure fera l’objet d’une réévaluation au terme de trois années de mise en œuvre, afin d’en apprécier la pertinence et d’envisager éventuellement sa reconduction.
  • La poursuite du dispositif, au-delà de cette période initiale de 3 ans, sera conditionnée à une évaluation reposant sur des données scientifiques complémentaires. Ces données devront être produites à travers : la mise en place d’études spécifiques, le développement de systèmes d’information adaptés, ou encore l’ajustement des dispositifs existants de collecte de données.

Dans ce sens, le Centre National de HERPESVIRUS et le Laboratoire de Biologie Médicale de Référence VIRUS ET PERINATALITE ont élaboré et validé des algorithmes pour l’interprétation de la sérologie de dépistage du CMV pendant la grossesse:

Algorithmes CMV biologiste

Algorithmes CMV clinicien

Par ailleurs, vous trouverez ci-dessous le protocole pour le diagnostic chez le nouveau-né par prélèvement de salive :

Prélèvement salivaire nouveau-né

Et nous avons mis en place depuis 2006 un recueil systématique et détaillé des cas d’infection congénitale à CMV dans une base de données nationale validée par la CNIL, accessible à tous les praticiens, sur demande, en cliquant sur : recensement des cas d’infection congénitale à CMV. Nous vous remercions de penser à déclarer tout nouveau cas.


CMV: résistances aux antiviraux

Génotype :

  • Séquençage Sanger des gènes cibles UL97+UL54 +/- UL56-89-51-27 dans leur totalité.
  • Si le laboratoire ne réalise pas toutes ces séquences il peut en adresser une partie au laboratoire CNR.
  • Nécessité d’informations cliniques sur le traitement reçu (voir modalités et formulaires d’envoi au CNR)
  • Applicable à tout prélèvement de charge virale suffisante (>1000UI/mL); associer sang et localisation si maladie à CMV.
  • S’ils ne sont pas adressés au Laboratoire CNR, il est indispensable d’adresser les séquençages à des laboratoires de référence participant à un contrôle annuel de qualité (du CNR ou du QCMD). Ces laboratoires s’appuient sur l’expertise du CNR (appel téléphonique ou base de données du CNR) pour l’interprétation des mutations et pour le conseil aux cliniciens en raisons de la difficultés d’interprétation liées à certaines mutations.
  • Envoyer les nouvelles mutations au Laboratoire CNR pour expertise et phénotypage sur bacmides recombinants (accès à la base de données des mutations de résistance).
  • Déclarer les résistances aux antiviraux au Laboratoire CNR.

Apport du NGS :

  • La sensibilité est élevée (2-5%) mais coûteuse et le risque d’émergence de mutants de faible fréquence reste controversé.
  • Utilité de l’analyse rétrospective pour la cinétique de l’émergence précoce des mutants avec envoi au CNR des prélèvements.
  • Place dans le diagnostic précoce au cas par cas élargissement des indications à évaluer (cf protocole OrPhaVic).
  • Nécessité de contrôles, de normalisation et de validation de la reproductibilité des résultats.