Paris, le 26 Septembre 1947

Monsieur le Directeur -- de l'Ecole Gerson -- 31, rue de la Pompe -- Paris 16e

Monsieur le Directeur,

Ma fille Monique me communique la lettre de Monsieur l'Econome du 12 courant.

C'est sur mes instances qu'elle a dû donner sa démission. Il ne m'est plus possible de boucler mon budget et par conséquent de me contenter d'un salaire aussi faible.

J'ai eu 4 enfants, l'aînée est religieuse, la deuxième, malade ne peut pas travailler. Et les faibles économies que j'avais pu faire ont été englouties pendant la guerre. Je ne peux plus conserver plus longtemps une fille de 23 ans au trois-quart à ma charge. Il faut qu'elle se suffise. J'ai 62 ans et ne pourrai pas toujours l'entretenir.

A la fin de l'année scolaire, Monique a essayé de vous expliquer sa situation. S'est-elle mal expliquée ? votre lettre du 12 Juillet était en tout cas une fin de non recevoir. Et pourtant, alors que ses collègues de 10° et 11° étaient rémunérées au même taux, sinon plus, et pouvaient donner des leçons supplémentaires qui leur permettaient de compléter leurs émoluements, Monique en faisant 1 heure 30 d'étude non rémunérée ne le pouvait pas.Je sais qu'on pourra invoquer le nombre peut-être insuffisant d'heures de classe, mais les collègues qui ne tenaient pas l'étude n'en faisaient pas davantage. N'attribuez pas cette remarque à l'envie, mais aux nécessités de la vie.

Malgré tout, Monique hésitait encore, j'ai dû

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lui démontrer, chiffres en main, notre situation : de là, sa lettre de démission mais ce sont ses scrupules qui ont retardé son envoi, retard que Monsieur Monin lui reproche.

Monsieur l'Econome dit dans sa réponse qu'il aurait fallu vous prévenir un mois avant la fin de l'année scolaire. Permettez-moi de vous rappeler qu'en 1944, ce n'est ni 3, ni 1 mois à l'avance, mais le jour même de la rentrée que Monique a été prévenue et qu'il lui a été signifié que vous vous priviez de ses services. Or, vous n'ignorez pas qu'il est difficile à une institutrice de trouver un emploi à cette époque où toutes les écoles sont pourvues. Et pendant l'année scolaire 1944-45, Monique n'a trouvé que des remplacements et a perdu en 1945 la plus grande partie de sa rémunération de vacances.

Le dommage subi par Monique à cette époque est donc autrement important que celui d'un préavis peut-être tardif mais qui vous a certainement suffi pour pourvoir à son remplacement.

Je termine cette trop longue lettre en espérant que vous voudrez bien accepter les raisons que je viens de vous exposer, et en cette attent, recevez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération.

Simon JEANJEAN - 21 rue de la Chine

Expéditeur/auteur :
Simon Jeanjean
Destinataire :
M. le Directeur de l'Ecole Gerson
Objet : 
[Recours présenté par Simon Jeanjean en réponse au courrier de l'Econome de l'école Gerson suite à la démission de Monique Jeanjean]
Format : 
A4 - recto/verso
Nbre de pages : 
2
Date : 
26 septembre 1947

Images

[N°2224] :
801 x 1023 px 1,0M
[N°2225] :
801 x 1023 px 1,0M

Droits d'utilisation des images : aucune restriction de copyright connue.

Pour citer ce document

SCD - Université de Limoges, [Recours présenté par Simon Jeanjean en réponse au courrier de l'Econome de l'école Gerson suite à la démission de Monique Jeanjean] [En ligne]. Limoges : SCD Université de Limoges, 2010. Disponible sur <https://www.unilim.fr/jeanjean/1457> (consulté le 29/03/2024)