L'idée d'écrire et de sauvegarder l'histoire des Jeanjean est née dans les années 2000, de quelques anecdotes racontées par une marraine de 80 ans (Geneviève Jeanjean) à son filleul de 50 ans (Jean Péchenart). Une marraine, et même deux que le filleul avait pris l'habitude d'appeler "les marraines". Car les sœurs Jeanjean vivaient ensemble ; elles auront toujours vécu ensemble, finalement, dernières survivantes de cette famille à la tête de laquelle il y eut un homme, Simon Jeanjean entouré de femmes : élevé par trois tantes, et père de quatre filles qui seront restées sans descendance. Comme disait Geneviève, "Ah, notre père, c'était quelqu'un !"...

Avant les archives et le fonds Jeanjean, il y a des souvenirs personnels directs, et des souvenirs rapportés. Premièrement notre souvenir des parents Jeanjean : tels qu'on les voit sur la photo du salon, à Lardy où habitaient Geneviève et Monique (vous retrouverez ces images dans l'interview) ; et tels que nous les avons connus, âgés déjà, la cigarette au bec ; le souvenir de leur petit appartement de la rue de la Chine à Paris 20ème – odeur de tabac et de renfermé, et cette bibliothèque grillagée retrouvée dans le grenier de Lardy, objet central en notre mémoire de l'histoire des Jeanjean.

Le nous académique utilisé ici désigne Jean Péchenart, témoin direct pour la part la plus récente, et tenant le reste de ses deux marraines, à travers des histoires plus anciennes. Par exemple :

  • leur rencontre avec Blanchette Cointre (épouse Péchenart par la suite et mère), lors d'un jeu de ballon prisonnier, aux Sables d'Olonne où leurs parents les avaient envoyées sous l'Occupation ; l'histoire de leur amitié, les camps scouts, les vacances en plein air, les voyages ;
  • les souvenirs propres à leur famille, tous dominés par la personnalité de leur père. Au premier plan de cette autre série de souvenirs il y avait celui de ces officiers anglais et australiens hébergés clandestinement dans leur appartement de la rue de la Chine et qu'il s'agissait de faire passer en zone libre (souvenir entretenu par les cartes de vœux que fidèlement à chaque nouvelle année, aujourd'hui encore, leur envoient les enfants de Tony);
  • au second plan, au moins aussi vivace bien qu'elle ne l'aient pas vécu, et assurément aussi déterminant, est le souvenir de la première guerre mondiale. Blessures et souffrances enfouies et tues, mais inoubliables et qui constituent les origines du roman familial. On peut en suivre une bonne part au jour le jour à travers la correspondance retrouvée dans l'album.

De ces quelques anecdotes est née l'idée et la réalisation d'une interview en juin 2006, témoignage direct et complément indispensable du Fonds Jeanjean. Vous pourrez écouter cette interview et en lire la transcription, avec quelques notes complémentaires, dans la partie suivante de cette présentation...