Relations intra et intergénérationnelles en Afrique : apprendre à vivre ensemble1 Intra and intergenerational relationships in Africa: learning to live together

Alioune SALL 

https://doi.org/10.25965/trahs.4076

Le temps des poules…le temps des canards ?
Une analyse rétrospective : loin de n’être qu’une donnée biologique, ou une catégorie démographique, la notion d’aîné renvoie en Afrique à des structures sociales de type inégalitaire et connote des privilèges, des dotations, des responsabilités et des obligations différenciés.
Dans les sociétés lignagères africaines, les aînés constituaient une minorité démographique mais occupaient une position hégémonique sur un triple plan : économique, socio-culturel et politique. La monétarisation des économies, les changements démographiques, l’urbanisation et d’autres facteurs liés à la colonisation ont introduit des germes de changement dans l’ordre qui régnait dans ces sociétés et remettent en question, en bien des endroits et sous plusieurs rapports, cette hégémonie.
Nul ne connait la couleur de la prochaine aurore.
Une analyse prospective essaiera de répondre à la question de savoir ce qu’il peut advenir du vivre ensemble, des relations intra et intergénérationnelles, et donc de la place des aînés en Afrique dans les années à venir. Pour l’heure, deux scenarios contrastés sont à la fois plausibles et possibles pour l’Afrique.
L’un, qu’on pourrait dire tendanciel parce que basé sur les tendances récentes, consisterait en une dépréciation/relégation/marginalisation des aînés qui viendrait consacrer le basculement de l’Afrique vers un resserrement de l’éventail des solidarités. Un autre scénario consisterait pour les sociétés africaines à essayer de tisser une nouvelle corde à partir de l’ancienne.
Il s’agirait d’opérer un tri dans les systèmes de valeurs et référents axiologiques hérités des aînés en vue de n’en retenir que les éléments porteurs de progrès, de démocratie, de respect des droits humains. Le rôle des politiques publiques sera brièvement examiné dans ce cadre.

The time of the hens…the time of the ducks
A retrospective analysis: far from being only a biological fact, or a demographic category, the notion of “elderly” refers in Africa to unequal social structures and connotes privileges, endowments, responsibilities and differentiated obligations.
In African lineage societies, the elders constituted a demographic minority but occupied a hegemonic position at a triple level : economic, socio-cultural and political. The monetarization of economies, demographic changes, urbanization and other factors related to colonization have introduced seeds of change in the order that prevailed in these societies and are challenging this hegemony in many places and in many ways.
No one knows the color of the next dawn.
A prospective analysis will try to answer the question of what can happen to living together, intra- and intergenerational relations, and therefore the place of the elderly in Africa in the years to come. For now, two contrasting scenarios are both plausible and possible for Africa.
One, which could be said to be trend-oriented because it is based on recent trends, would consist of a depreciation/relegation/marginalization of the elderly, which would enshrine Africa's shift towards a narrowing of the range of solidarities.
Another scenario would be for African societies to try to weave a new rope from the old one.
It would be a question of sorting through the axiological value systems and referents inherited from the elderly in order to retain only the elements that bring progress, democracy and respect for human rights. The role of public policy will be briefly examined in this context.

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Même si les organisateurs de la rencontre m’ont invité à me pencher sur les relations intergénérationnelles, il sera question ici de relations inter et intra-générationnelles, les deux étant, du reste, indissociables. Dans « Vivre ensemble », il y a « vivre ». Et la vie s’inscrit dans un temps qui a une triple dimension ou, dit autrement, fait l’objet d’une tripartition : le passé, le présent et le futur. Ces trois temps correspondent à trois générations : celle des pairs, où prévaut la solidarité horizontale, intra générationnelle ; celle des ascendants et celle des descendants, territoires de la solidarité intergénérationnelle.

A l’égard de chacune de ces catégories sociodémographiques, les responsabilités de l’individu sont précises, codifiées et délimitent le champ et les modalités du vivre-ensemble. Dans ce texte, on se focalisera sur les relations avec les aînés ; un tel choix est dicté par le fait que ces relations sont non seulement celles qui sont les plus complexes, mais aussi celles qui subissent les changements les plus rapides.

« Aîné » a une double connotation. Le mot renvoie à une donnée biologique - l’ordre de naissance -, ou une catégorie démographique. Mais, la notion d’aîné a surtout une connotation socio-politique et socio-culturelle. Dans les sociétés lignagères africaines, les aînés constituaient une minorité démographique mais, du fait du caractère inégalitaire des structures sociales, les aînés et la primogéniture occupaient une position hégémonique sur un triple plan : économique, socio-culturel et politique. Cette position hégémonique leur conférait des privilèges, des dotations, des responsabilités et des obligations différenciées.

Après cette précision faite en introduction, la communication sera articulée autour de deux axes :

I- Le temps des poules… le temps des canards ?

Note de bas de page 2 :

Pour reprendre le titre d'un ouvrage de Claude Meillassoux sur les sociétés précapitalistes.

Une analyse rétrospective : elle fera apparaitre que la monétarisation des économies, les changements démographiques, l’urbanisation, la scolarisation et d’autres facteurs liés à la colonisation ont introduit des germes de changement dans l’ordre qui régnait dans ces sociétés précoloniales et remis en question, en bien des endroits et sous plusieurs rapports, l’hégémonie des aînés. Ceux-ci contrôlaient "femmes, greniers et capitaux »2, la métaphore désignant l’economie agricole, la reproduction sociale et le processus d’accumulation ; mais, dans ces differents domaines, de nouveaux modèles et de nouvelles modalités sont apparus avec la colonisation et ont mis à mal le pouvoir des aînés.

Note de bas de page 3 :

Ils sont appelés « les 3 M » dans une certaine historiographie.

Note de bas de page 4 :

Au sens que Marcel Mauss donne à cette expression.

Note de bas de page 5 :

L’on doit cette métaphore au Prof. J.Ki Zerbo, historien burkinabè.

Un de ces nouveaux modèles a été le salariat introduit par les missionnaires, les militaires et les marchands3 qui ont précédé l’administration civile coloniale. Avec le salariat, l’ordre précolonial est bousculé car la monnaie est un « fait social total »4. Son effet a été d’autant plus remarquable qu’il s’accompagnait de l’urbanisation, un nouveau modèle d’établissement humain sous la forme de villes aux fonctions politiques, économiques et culturelles, différentes de celles des villes précoloniales - la ville étant à la fois le siège du pouvoir politico-militaire (villes-garnisons) du pouvoir économique (maisons de commerce, industries, infrastructures économiques) du pouvoir culturel (écoles, centres d’apprentissage, lieux de culte). Avec le salariat et l’urbanisation avec laquelle il allait de pair, « on est passé du temps des poules où les poussins suivaient la mère poule, au temps des canards où les canetons précédent la mère cane »5. Cette remise en cause des aînés, de la gérontocratie pourrait-on dire, est une tendance lourde.

Toutefois, ce changement dans l’ordre des choses ne va pas sans tensions, ni contradictions.

En effet, alors que la jeunesse aspire à s’émanciper et dispose, plus tôt que dans le passé, des moyens culturels de son émancipation, le temps de la jeunesse s’allonge parce que les attributs de l’âge adulte lui sont de plus en plus difficiles à conquérir. Ce sont, soulignons-le :

  • l’émancipation économique par l’emploi ou l’auto-emploi, le chômage et le sous-emploi qui frappent particulièrement les jeunes surtout lorsque l’economie informelle et/ou les voies de l’émigration régulière ou clandestine sont fermées. L’économie grise et le terrorisme deviennent alors bien souvent des options attrayantes.

  • l’autonomie résidentielle : les spéculations foncière et immobilière ont rendu l’accès au logement quasiment impossible pour des jeunes, même pour ceux qui disposent de revenus réguliers. La location et les colocations sont devenues les modalités les plus répandues en milieu urbain ; elles ne vont pas sans engendrer des tensions dues à la promiscuité.

  • l’entrée en relation matrimoniale : l’âge au mariage a reculé, singulièrement en milieu urbain. La précarité économique des jeunes hommes qui doivent s’acquitter de la dot est une des raisons avancées pour expliquer le phénomène. Alors que les possibilités d’épargne s’amenuisent, la dot s’apprécie : « avec l’inflation, le pouvoir d’achat est divisé par deux pour tout mais le prix de la dot est multiplié lui par deux » se plaint un jeune rappeur Congolais.

Cet allongement du temps de la jeunesse est un germe de changement susceptible de changer la donne, d’infléchir la tendance lourde mentionnée précédemment. Dans ces differents domaines, les aînés gardent des avantages. La concurrence entre groupes prétendant à l’hégémonie est particulièrement vive, s’agissant du contrôle des femmes à travers les mariages. Dans des sociétés polygamiques, les aînés qui contrôlent les ressources financières et céréalières peuvent nouer des relations matrimoniales avec des femmes beaucoup plus jeunes, de l’âge de leurs cadets, voire de leurs enfants, parce qu’ils disposent des moyens de les entretenir. Cette compétition pour les femmes est une source de tensions majeures dans les sociétés rurales aussi bien qu’urbaines.

Autre germe de changement : les effets du COVID-19.

Note de bas de page 6 :

L’interrogation est de Fadel Dia, dans un article publié dans Sen Plus.

L’Afrique s’est montrée résiliente (3 %des morts alors que l’Afrique renferme 15 % de la population mondiale) sur le plan physique mais survivra-t-elle culturellement à la pandémie ?6. La question est pertinente car si le Covid ne nous a pas exterminés physiquement, comme certains l’avaient prophétisé, il pourrait asséner à nos cultures un rude coup de poignard. C’est une menace d’incendie de ce qui faisait notre vraie force, notre sens de la cohésion familiale et de la solidarité communautaire. De ce qui expliquait que, malgré notre dénuement, nous suscitions quelquefois l’envie de sociétés qui ont acquis l’abondance, mais n’arrivent pas à cacher leur insatisfaction. Cette pandémie, dont on ne voit toujours pas le terme, risque de nous précipiter, inexorablement et définitivement, dans l’ère de l’individualisme et de l’indifférence vis-à-vis de nos prochains, et les questions que nous devrions désormais nous poser sont celles-ci :

« Nous relèverons-nous, culturellement, du Covid ? Est-ce que notre combat contre lui et les concessions que nous avons dû faire lors de son passage laisseront des traces ? Dans quel état d’esprit serons-nous, le jour, imprévisibles, où nous ne serons plus sous sa menace ? » Sa question est des plus légitime

Comment va être gérée cette contradiction entre l’aspiration à l’émancipation et la difficulté objective à rassembler les moyens de son indépendance ? Survivrons-nous culturellement aux mesures barrières contre le COVID ? Plusieurs scenarios sont envisageables.

II- Nul ne connait la couleur de la prochaine aurore.

Une analyse prospective essaiera de répondre à la question de savoir ce qu’il peut advenir du vivre -ensemble, des relations intra- et inter générationnelles, et donc de la place des aînés en Afrique dans les années à venir. Pour l’heure, trois scenarios contrastés sont à la fois plausibles et possibles pour l’Afrique.

Scenario 1

L’un, qu’on pourrait dire tendanciel parce que basé sur les tendances récentes, consisterait à gérer les contradictions qui naissent de la non-coïncidence entre majorité démographique et majorité sociologique. Des concessions seraient faites de part et d’autre et une certaine division du travail serait opérée. La prépondérance des aînés serait encore reconnue dans certains domaines et en certains milieux, celle des cadets dans d’autres. Pouvoir et autorité ne seraient pas nécessairement concentrés entre les mêmes mains.

Dans les pays où prévaut un islam confrérique, les familles maraboutiques connaissent une évolution dans ce sens et anticipent peut-être sur les sociétés de demain. Les fonctions de porte-parole, qui impliquent représentation, exposition aux mass media, sont confiées aux cadets alors que les aînés sont encore détenteurs de l’autorité morale et spirituelle. Eux seuls peuvent donner des « ndigeul », des ordres assimilables à des fatwa.

Pas de place dans ce scenario pour les EHPAD. « La seule existence d’un « établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » (Ehpad) nous révolte et nous scandalise car, pour nous, la famille c’est le contrat d’assurance pour une vieillesse sereine. De toute façon la place des vieux n’est pas à côté de ceux qui achèvent leur existence, mais auprès de ceux qui sont appelés à affronter les périls de la vie ».

Pas de place, non plus, pour le confinement. « Confiné », quel mot affreux, quand chez nous, seules les veuves sont soumises au confinement ! Rester chez soi, ne pas en bouger, alors qu’on est tenu de rendre des visites aux aînés ; ne recevoir personne, alors qu’on a la mission d’accueillir et d’instruire les plus jeunes ! Manquer à un devoir aussi élémentaire que celui d’aller partager les joies et les peines d’un parent ou d’un voisin ! Ne pas s’asseoir, ne pas manger côte à côte et s’isoler chacun dans son coin, comme si on était fâché l’un contre l’autre ! Rien n’est plus contraire à notre mode de vie que « la distanciation sociale », nous qui considérons que l’homme seul est forcément un homme malheureux et que celui qui s’isole est, qu’il le reconnaisse ou non, un schismatique ! !

Scenario 2

Un second scenario pourrait consister en une dépréciation/relégation/marginalisation des aînés qui viendrait consacrer le basculement de l’Afrique vers un resserrement de l’éventail des solidarités, voire leur quasi-disparition. Cela peut prendre des formes plus ou moins douces, plus ou moins radicales. La peur des jeunes comme l’ont vécu en Sierra Leone et au Liberia des adultes terrorisés par d’ex - enfants soldats devenus délinquants à la fin de la guerre est une modalité tout à fait possible. « Avant les enfants avaient peur des adultes, maintenant ce sont les adultes qui ont peur des enfants » disaient alors de nombreux parents.

Témoignent de cette inversion de l’ordre social, les plaintes de plus en plus nombreuses des enseignants, désormais apeurés face à des leaders de grèves scolaires et estudiantines qui ne les épargnent pas dans la dénonciation des systèmes qu’ils combattent ; qui, quelquefois, les désignent à la vindicte de leurs camarades grévistes alors qu’aucune figure n’était plus respectée que celle de l’enseignant, que l’on redoutait souvent plus que ses propres parents.

Du reste, les parents biologiques et sociaux ne sont plus non plus épargnés, encore moins sanctuarisés au vu de nombreuses plaintes déposées auprès des commissariats de police par des parents contre leur progéniture pour des faits allant de l’« injure publique » à la « violence sur ascendants », allant quelquefois jusqu’au meurtre. D’autres formes d’affirmations moins agressives peuvent apparaitre dans lesquelles les enfants réclameraient le respect sans nécessairement chercher à l’imposer par la peur. « Avant, les enfants respectaient les parents ; maintenant les parents doivent respecter les enfants » serait le mot d’ordre.

Scenario 3

Un autre scénario consisterait pour les sociétés africaines à essayer de tisser une nouvelle corde à partir de l’ancienne. Il s’agirait d’opérer un tri dans les systèmes de valeurs et référents axiologiques hérités des aînés, en vue de n’en retenir que les éléments porteurs de progrès, de démocratie, de respect des droits humains.

Toutes les discriminations attachées à des sociétés d’ordre et de caste doivent être sérieusement réévaluées et combattues car ce sont généralement des éléments qui consacrent l’inégalité et des hiérarchies toxiques. Lorsque le rang de naissance, le sexe ou le sang prédominent sur toutes les autres considérations possibles, les innovateurs sont nécessairement mal vus et les dissidents intellectuels perçus comme des hérétiques. A preuve, l’innovation est désignée sous le terme de bida qui renvoie à une catégorie religieuse et signifie hérésie.

Il existe, à l’inverse, des valeurs qui sont tout à fait porteuses de progrès, de justice sociale et qu’il convient d’encourager.

Il en est ainsi, par exemple, du respect du territoire : l’aménagement du territoire est un domaine dans lequel les sociétés lignagères excellaient. Le territoire était vu sous un double angle. C’était d’abord une terre, un espace, à l’extension plus ou moins large allant de la concession familiale (unité de base) au village et aux frontières du royaume ou de l’empire car il y eut beaucoup d’empires en Afrique de l’Ouest : empire du Ghana, empire du Mali, empire Songhaï. Cette terre est toujours associée à des ressources physiques, des ressources dont il faut tirer le meilleur parti, au moindre coût physique et économique, dans la logique de tout système économique rentier.

Mais le territoire c’est aussi une histoire. Des lieux de mémoire, comme des cimetières que l’on protège, dont la fréquentation est régie par des codes précis mais, aussi, des bibliothèques qui sont dans des lieux sanctuarisés, d’où le traumatisme vécu par des familles de Tombouctou, la ville aux 333 saints lorsque les djihadistes ont détruit les mausolées et brûlé quelques manuscrits pluri-centenaires. Le territoire raconte une histoire, il est projection d’un discours sur le présent, le passé et l’avenir

Note de bas de page 7 :

Écrivain sénégalais, auteur de l’Aventure ambiguë.

Note de bas de page 8 :

Poète et homme politique martiniquais, auteur du Discours sur le colonialisme..

Note de bas de page 9 :

Écrivaine et militante altermondialiste malienne. On lui doit le livre Le viol de l’imaginaire.

Dans cette conception du territoire, l’on ne saurait sacrifier la culture sur l’autel du développement. Cheikh Hamidou Kane7, Aime Césaire8, Aminata Traore9 disent cela en des termes poignants : l’école coloniale apprend à vaincre sans avoir raison… l’Afrique doit mettre son âme à l’abri avant de revêtir le bleu de chauffe écrit C.H. Kane. Il y a deux façons de se perdre : une dilution dans un universel qui n’existe pas ou un enfermement sur soi, affirme Césaire ; l’Afrique ne doit pas être une pâle copie, un ersatz de l’Occident, soutient A. Traoré.

J’ai moi-même souvent soutenu l’idée qu’on ne saurait sacrifier l’être sur l’autel de l’avoir, ni l’honneur sur celui des honneurs. Dans la même veine, j’ai souvent écrit qu’on ne saurait sacrifier le futur sur l’autel du présent car il faut toujours laisser un plat pour le futur comme on le fait pour un visiteur qui arriverait sans se faire annoncer.

Ne peut-on lire les quelques citations et aphorismes ci-dessus comme des ingrédients de ce qu’on appelle aujourd’hui la sécurité humaine, une notion révolutionnaire dont je voudrais mettre en exergue quatre traits majeurs sur lesquels je terminerai :

Note de bas de page 10 :

Elaboré par le PNUD en 1990,l’IDHest un indice composite qui, en plus de la croissance économique, prend en considération le niveau d’éducation des individus et l’espérance de vie à la naissance.

Note de bas de page 11 :

Indicateur proposé par le Roi du Bhutan.

  • paradigme dont les hérauts ont été des femmes leaders :Dr Nafis Sadik,(UNFPA)Ms Carol Bellamy,(UNICEF) Dr Ogata (UNHCR)Dr Frene Ginwala (Speaker of the South African Parliament)

  • le curseur n’est plus sur l’Etat, comme dans la logique westphalienne centrée sue la souveraineté de l’Etat ou la logique wébérienne dans laquelle l’Etat disposerait du monopole de la violence légitime, mais sur les communautés dont l’unité de base est la famille,

  • le curseur n’est plus sur la croissance économique per se mais plutôt sur le bien- être. individuel ou collectif. En lieu et place du PIB qui mesure la croissance, l’on opterait pour l'indice de développement humain (IDH)10, voire le Bonheur National Brut11. Toutes ces propositions suggèrent que ce qui a de la valeur dans ce paradigme ce n’est pas nécessairement ce qui est mesurable, saisissable à travers le PIB. Ce qui a de la valeur dans ce nouveau paradigme, peut être tout à fait immatériel : par exemple un sentiment de bonheur naissant de la satisfaction que procure une participation à l’amélioration des conditions de vie de ses frères et sœurs

  • la problématique de la paix est pensée différemment. La paix n’est pas absence de guerre, elle est un équilibre intérieur et extérieur, qui se cultive. C’est dans l’esprit que se joue la paix car comme le dira l’UNESCO ; la guerre, qui est l’antonyme de la paix, naît dans l’esprit des hommes. C’est, donc, dans l’esprit des hommes qu’il faut bâtir les défenses de la paix. C’est dire combien l’éducation, la formation, l’information, la science et la culture sont importantes pour mettre fin aux guerres, faire taire les armes.

Ces préoccupations indissociables de la notion de Sécurité Humaine me semblent avoir leur place, et toute leur place, dans une réflexion sur le vivre-ensemble, les solidarités intergénérationnelles et intra-générationnelles.