Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Maurice Papin, acteur, et Michel Poupin, en présence de Monique Fillon et de Marie-Claude Papin (née Gaignet)

Entretien entre Maurice Papin,
Michel Poupin,
Monique Fillon
et Marie-Claude Papin

Le style oral a été conservé

Texte

Note de bas de page 2 :

PM : Papin, Maurice, né en 1945. MCP : Marie-Claude Papin, née Gaignet. Petite sœur de l’acteur d’Ulysse Gaignet et fille du souffleur U. G. MF : Monique Fillon, née Gaignet et cousine germaine de MP. MP : Michel Poupin.

Légende2

Maurice Papin, l’acteur accroupi devant (février 1963).

Maurice Papin, l’acteur accroupi devant (février 1963).

(…)

MP : Juste un petit profil avant de passer au théâtre. Tu as été à l’école avec… ?

PM : Avec M. Joguet, Jard et la dernière année avec M. Avril. Par contre, j’ai eu M. Avril en tant qu’apprenti. On avait des cours par correspondance. C’était lui qui faisait faire les cours par correspondance.

MP : Apprenti… ?

PM : Apprenti plomberie. Jusqu’à 14 ans avec Monsieur Jard. Et après, Monsieur Jard a dû partir en 60.

MP : Donc tu as fait 3 ans d’apprentissage… ?

Note de bas de page 3 :

À 5 km du Gué.

PM : 3 ans d’apprentissage à Vix3. Chez Pentecôte.

MP : Je m’en souviens ! Tu as commencé à jouer quand, alors ?

PM : J’ai dû commencer à jouer quand j’avais 15 ou 16 ans… Je n’avais pas du tout commencé à jouer… Et il y a quelqu’un qui est parti, qui s’est fâché à un moment. La pièce était à jouer dans les 15 jours ou trois semaines. Et il n’y avait personne pour le remplacer.

MP : Pourquoi on t’a pris toi, et pourquoi tu as accepté ?

Note de bas de page 4 :

André Ferret, acteur, puis metteur en scène.

PM : Il n’y avait personne d’autre du coin qui était disponible, qui pouvait le faire. Je crois que c’est Dédé4 qui a dû avoir l’idée : « Tiens ! Il y aurait Maurice ! ». L’abbé Puaud – j’étais enfant de cœur encore (jusqu’à 17 ou 18 ans) – me connaissait donc à ce moment-là. Pourquoi pas Maurice ! Mais Maurice était très timide, et il parlait très mal… Le père Puaud me prenait à part à demi les soirs pour m’apprendre à parler, en disant, si tu avais un caillou dans la bouche, ou bien… Et en 2- 3 semaines j’avais réussi pas trop mal mon premier rôle. Mais qui était assez long. Je me demande si ce n’était pas 60 pages. Ça m’avait marqué, ça.

MP : Et tu te souviens de la pièce ?

PM : Eh non !

MP : Tu avais 15 ans, donc c’était en 1960.

PM : Disons 16 ou 17, quelque chose comme ça, quoi. J’étais très jeune de toute façon.

MP : Moi je t’ai vu jouer. Ça, je me souviens très bien que tu jouais le rôle d’un flic. D’un gendarme.

PM : On a fait un peu tous les rôles. Qu’est-ce qui avait les grands rôles ? C’était soit Dédé Ferret, c’était le plus capable. Ou Ulysse Gaignet. Guy Ollivier n’avait pas une mémoire extraordinaire, d’ailleurs il ne connaissait jamais ses rôles.

MP : Il n’apprenait pas.

Note de bas de page 5 :

[Réaction par mail : Le 29 mars 2019 à 15:36, Dominique Gaignet] « J'ai bien retrouvé dans La Cagnotte de Labiche les mots prononcés par Maurice : "Quel voyage, mon Dieu, quel voyage !" à la page 94 (et répétés en page 95 - https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2016/04/la_cagnotte_Labiche_LT.pdf).

PM : Il ne savait jamais quand est-ce qu’il fallait rentrer. J’ai dit une fois « Mon Dieu, quel voyage5 ! » pendant une minute ou deux parce que Guy Ollivier ne rentrait pas. Guy était un très bon acteur, mais souvent il fallait suivre, deviner, anticiper son rôle, anticiper notre rôle… Fallait qu’on retombe sur nos pattes. Le souffleur, on ne l’entendait pas toujours, parce que, il avait beau hurler, mais… quand tu étais dans la recherche, tu ne l’entendais pas. Ça, c’est des souvenirs. Des souvenirs de soirées, où j’allais justement avec le Père Puaud m’exercer pour parler, et puis tout…

MP : Vous vous voyiez à l’école ?

PM : C’était au théâtre. Le curé descendait, il était à côté. Et il en profitait toujours pour faire venir en même temps, s’il y avait un long passage, l’acteur qui avait ce long passage… parce qu’il fallait l’apprendre le rôle. Comme j’étais apprenti, je venais après mon travail m’exercer.

MP : Mais tu habitais encore au Gué à ce moment-là ?

PM : C’était en face, à 50 m de la maison (…). C’était facile pour moi, bien sûr.

MP : Ça veut dire que si le curé s’occupait de toi, il ne s’occupait pas des autres ?

PM : C’était à part. Les autres, c’était les Guy Ollivier, les Ulysse Gaignet, Dédé Ferret… des gens qui avaient l’habitude. Il n’y avait pas à leur dire ce qu’il y avait à faire.

MP : Tu veux dire qu’ils étaient autonomes ?

PM : Voilà, c’est ça.

MP : Donc, l’abbé Puaud laissait faire..

PM : C’était le metteur en scène, l’abbé Puaud.

MP : Oui, mais s’il était le metteur en scène, il devait bien être là.

PM : Ah mais bien sûr qu’il était là.

MP : Il était présent aux répétitions ?

Note de bas de page 6 :

Gabriel Fillon, le beau-père de MF. Il habitait à la Taillée où les catholiques étaient très minoritaires.

PM : Ah toujours, toujours ! Il y avait aussi le père Fillon6 qui jouait.

MP : Tu as joué avec lui ?

PM : Je pense que oui, forcément. Il y avait des pièces où il devait être là. Il n’avait pas forcément des grands rôles, c’était trop long à apprendre, mais il jouait, c’est évident.

PM : Donc l’abbé Puaud était alors le metteur en scène, et c’est Dédé Ferret qui lui a succédé quand il est parti.

PM : Bien sûr… On avait trois répétitions par semaine. Et puis on avait intérêt à apprendre nos rôles avant.

MP : Alors, comment tu faisais pour les rôles. Tu les apprenais tout seul dans un coin… ?

PM : À cet âge-là, c’est facile à apprendre. On apprenait plus facilement. Moi j’apprenais assez facilement. J’ai toujours su mes rôles. Le stress de l’acteur qui arrive sur la scène avec un rôle pas su, non, je ne connaissais pas ça. C’était plus le stress par rapport à d’autres que par rapport à mon propre rôle que je connaissais.

MP : Jeanne Gaignet jouait encore ?

PM : Ah mais bien sûr… J’ai pas réfléchi à ça depuis, mais c’est elle qui avait le grand rôle. Ce qui n’était pas toujours facile car elle était sourde. Elle avait toujours ce regard sur l’acteur qui parlait. Elle aussi n’avait aucun souci pour apprendre ses rôles.

MP : Elle devait lire sur les lèvres des autres.

PM : Des fois, elle se mettait en colère… on rigolait… comme souvent les sourds pensent qu’on se moque d’eux. Ça, c’était le problème avec Jeanne Gaignet. Sinon, c’était toujours carré avec elle… Comme toujours, celui qui a un handicap est obligé de se dépasser.

MP : Et toi, tu as accepté pourquoi ?

PM : … Je sais pas dire non, déjà ! J’ai toujours un peu aimé les missions impossibles, tu vois. Je disais jamais non, hein ! Parce que c’était un effort. Et ça m’a fait très plaisir. Ça m’a appris aussi, timide un peu, à parler, ben voilà… ça m’a bien aidé, ça.

MCP : Il l’a toujours dit, ça, que le théâtre lui avait appris à extérioriser…

PM : Tu es tout stressé avant, mais quand tu rentres sur la scène, ça y est, c’est terminé. Et j’ai connu ça là.

MP : Et en société, ça t’a aidé à mieux maîtriser… (…).

PM : Et puis le fait d’avoir été pris en main par l’abbé Puaud.

MP : Oui, toi tu as eu des cours particuliers en quelque sorte…

PM : Ah oui, pour apprendre à parler. Parce que parler trop vite, quand on sait qu’on doit parler distinctement, calmement… Et ça, je me le redis même des fois… On se calme…

MP : Ta motivation, est-ce qu’elle avait un rapport avec le contenu des pièces ?

PM : Ah pas du tout.

MP : Tu ne savais pas trop ce que tu allais jouer ?

PM : Ah non. C’est l’abbé Puaud qui distribuait les rôles. Il nous connaissait bien là-dessus. À Ulysse Gaignet, tu pouvais pas donner un rôle trop rigolo. C’était pas son genre. C’était plutôt pour Guy Ollivier. Et le choix des pièces, parce que l’abbé Puaud à mon avis a passé un temps énorme pour choisir les pièces. Parce qu’il fallait mettre dans ces pièces Dédé Ferret, Ulysse Gaignet, un ou deux rigolos, et voilà.

MP : C’est ça qui te fait dire qu’il a passé du temps ?

PM : Ah oui… Pour avoir été plus tard à Auzay où on a monté une ou deux pièces, eh bien c’était en fonction des acteurs qu’on avait !

Note de bas de page 7 :

À 10 km au nord du Gué. Environ 420 habitants en 1960.

MP : Parce qu’il y a eu du théâtre à Auzay7 ?

PM : Oui, parce qu’on a été deux ans à Auzay…

MP : En quelle année ?

PM : C’est facile à savoir. On s’est marié en 67…

MP : Et il y avait une tradition de théâtre ?

PM : Il y avait une ancienne tradition, mais qui s’est éteinte.

MP : Il y a eu du théâtre avant, un peu comme au Gué de Velluire ?

PM : Avant que je commence !

MCP : À Fontaines, c’est sûr.

MP : À Fontaines aussi ? !

MCP : Il y avait déjà du théâtre, depuis très longtemps.

PM : Quel rôle j’avais ? C’était que des rigolos. Ça paraît pas, mais je pouvais avoir un peu d’humour et un peu de… C’est-à-dire entre Guy Ollivier et moi, je pense qu’on a fait un couple qui était assez rigolo dans toutes les pièces qui étaient jouées. Il y avait des drames, mélodrames… et puis c’était pas que des drames ; il y avait des pièces qui étaient un peu plus rigolotes.

MP : Tu es le premier qui me parle autant du curé Puaud.

PM : Ah moi j’ai bien aimé.

MP : Moi, à titre personnel, j’aimais bien.

PM : Cette pièce n’était pas sur le point d’être jouée, mais il restait 3 semaines ou un mois donc c’était peu. Et il fallait trouver quelqu’un. Là, il s’était vraiment décarcassé pour m’aider à jouer ce rôle. Parce que… moi, j’étais comme j’étais…

MP : Et tu sais où il les prenait les livrets ?

PM : Il y en avait une quantité astronomique dans la cure. Je me rappelle… il y avait des batteries de livres… de pièces, quoi. Je me demande, quand on a joué à Auzay s’il y avait pas des livres qui étaient venus du Gué pour trouver la pièce qui nous corresponde. Le problème, c’était de trouver la pièce qui corresponde à tout le monde.

MP : Donc, ça tu es le premier à me le dire, et c’est très intéressant : dans le choix des pièces, on tenait compte des ressources locales.

PM : Je pense aux demoiselles Méchin, de toute façon…

MP : Tu penses qu’elles participaient au choix ?

MCP : Non…

PM : Peut-être pas au choix, mais… lire aussi. Il pouvait pas tout lire. C’était pas possible, ça, non plus. Jeanne Gaignet, aussi devait avoir son mot à dire tout au moins... Parce que souvent il y avait une petite réunion qui était faite la première fois où tout le monde arrivait, disant voilà, la future pièce nécessite 10 personnes. Donc il fallait dans le carré guétréen trouver les 10 personnes. Et s’il y avait un rôle trop long… « Non, non, non, c’est pas possible ! ».

MP : Donc il fallait changer de pièce ?

PM : Il fallait changer de personnage.

MP : Donc il fallait un peu de temps pour décider de la pièce ?

PM : Non, c’était vite décidé, c’était cadré déjà au départ. Parce qu’il connaissait bien ses personnages. Il savait bien qu’avec Guy, il fallait pas qu’il donne 50 ou 80 pages. Plutôt 20 ou 30 pages…

MCP : Ils devaient le faire en dehors de leur travail, tous ces gens…

PM : Et qu’il fasse chaud ou qu’il fasse froid, fallait jouer.

Note de bas de page 8 :

Cf. entretien.

MP : Dans les premiers temps Michel Girard8 venait à pied.

PM : Michel Girard avait aussi des rôles rigolos. Le plus souvent.

MP : Donc il y avait un petit comité de lecture…

PM : Sûrement. Quand il y avait une décision à prendre, elle était quasiment prise au départ. C’était déjà préparé parce qu’il connaissait tout le monde.

MP : Mais il y avait quand même un contrôle avec les acteurs, pour voir si ça collait bien.

PM : On accepte ou on accepte pas. Mais je me souviens avoir accepté tous les rôles. Il n’y avait pas de rôle… On se mettait dans la peau du personnage, à la limite.

PM : En fait tout était conçu d’avance parce qu’il vous connaissait très bien. Toi tu étais enfant de cœur, les autres…

PM : Il nous connaissait avant, c’était facile. Il était metteur en scène en fin de compte. Et je le revois venir nous montrer ce qu’il fallait faire, par exemple.

MP : Ah oui ! Et il montait sur la scène ?

PM : Ah oui !

MP : Ça, on me l’a jamais dit.

PM : Oui, mais l’essentiel ne se remarque peut-être pas. Alors que moi qui arrive, qui n’avait pas toutes les ficelles des anciens, il venait me montrer ce qu’il fallait faire, quoi (…).

MP : Parce que l’équipe était déjà constituée. Tu étais neuf, toi donc tu as un autres regard (…).

PM : En disant « Ah Mon Dieu, quel voyage ! », je n’aurais jamais lever les bras au ciel, par exemple. Fallait faire un petit gros. J’étais petit, donc c’était pas dur, et pas trop gros pour le moment ; et pour faire le personnage, donc il y avait l’oreiller.

MP : Dans quelle pièce, ça ?

PM : Alors ça, celle-là, je sais pas… (…). « Mon Dieu, quel voyage ! », on l’a dit des centaines de fois avec Dédé, ou Guy Ollivier d’ailleurs.

MP : Même en dehors du théâtre ?

PM : Même dans la rue, bien sûr. Si j’allais voir Dédé : « Ah Mon Dieu, quel voyage ! », c’était souvent, ça nous avait marqué. Et ça, je devais pas si mal le faire que ça pour que ça les marque comme ça.

MP : C’est ça que tu as répété x fois quand Guy Ollivier ne rentrait pas !

PM : Je faisais le tour de la pièce, j’allais chercher dans un coin des livres ou autres, et puis… il fallait meubler… Et puis on lui en voulait pas parce qu’il était tellement sympathique et […].

Note de bas de page 9 :

Fils ainé de Louis Gaignet, maire (né en 1903).

MP : Le souffleur suivant ça a été Louis Gaignet9

PM : Le souffleur ne venait que quelques séances avant la générale. Il ne venait pas aux répétitions. On avait tous nos rôles dans les mains. Il avait aucune raison d’être à ce moment-là. Il ne venait que lorsqu’on décidait de quitter les rôles… La répétition générale se faisait le jeudi ou vendredi d’avant ; elle était souvent catastrophique, d’ailleurs.

MP : Ah ça, je ne savais pas. Il y avait une répétition générale !

PM : Ah, toujours.

MP : Le soir aussi !

PM : Ah, toujours le soir. Eh oui, on était tous au travail…

MP : Mais ç’aurait pu être un dimanche après-midi ?

PM : Ah non, parce que la répétition générale venait toujours 2 ou 3 jours avant la principale, si on peut appeler ça la principale (…). La première séance était souvent le samedi soir, puis le dimanche. Il y en avait toujours 3.

MP : 2 le soir et 1 l’après-midi.

PM : Oui.

MP : J’ai les dates partout, sauf pour La cagnotte !

PM : La cagnotte j’y ai joué.

MP : Quand vous voyiez que c’était nul, qu’est-ce que vous faisiez alors ?

PM : C’est comme un sportif qui a pas réussi en fin de compte. La foi d’après, il se re-maîtrise, et c’est ce qu’on faisait. Et le dimanche ou la fois suivante, à la principale, c’était pratiquement parfait. C’est le stress qui arrivait, et qui mobilisait tout le monde.

MP : Il n’y avait pas une répétition entre-temps… ?

PM : Non. On se faisait enguirlandé par l’abbé Puaud : « Si vous devez jouer comme ça dimanche, c’est pas la peine, hein ? ». Et puis, c’était après une journée de travail…, on était habillé pareil, comme une générale (…).

Note de bas de page 10 :

Fillon, le décorateur sur le long terme.

MP : Et les décors. Constant10 était là. Il peignait les décors dans la salle, là, hein !

MP : Il faisait les décors avec du bois de récupération. Tout ce qui se roulait, c’est ce que m’a dit Michel Girard, c’était des draps qui étaient cousus ensemble, qu’il déroulait pour le fond.

Note de bas de page 11 :

On pouvait en trouver quelques exemplaires stockés (et un peu moisis) derrière le cercle encore en 2018, alors que la salle de théâtre a arrêté de fonctionner en 1998.

PM : Les demoiselles Méchin devaient être dans ce coup-là, Jeanne Gaignet certainement, le petit noyau… (…). Les décors, c’était des panneaux11 d’un mètre de large sur la hauteur, qu’on orientait. Et Constant travaillait, parce qu’il y avait différentes fenêtres, différentes portes, donc il travaillait que sur les décors existants. D’ailleurs, les décors ne pouvaient aller qu’au Gué : il y avait une hauteur sous plafond, il y avait l’empattement du haut, parce que c’était un axe…, puis posés par terre pour les orienter plus ou moins… il fallait que les acteurs rentrent donc il nous fallait bien un espace de passage. Et les mettre de façon que les spectateurs ne voient pas tous les acteurs qui étaient autour… Il fallait être du bon côté, aussi !

MP : Sinon, il fallait redescendre et remonter ?

PM : Oui. C’est arrivé, ça. Si le décor était ouvert au bout, on ne pouvait pas passer au bout ! Ou on passait en rampant s’il y avait une fenêtre au bout ! C’est des petits détails…

MP : Elles duraient combien les répétitions ?

PM : De 8 heures et demi jusqu’à 10 h et demi-11 h.

MP : On m’a dit qu’il y en avait qui jouait aux cartes ? Après ! Tu te souviens pas de ça ?

PM : Non.

MP : Toi, t’as pas joué ?

PM : C’est des jeux [belote et aluette] que je connaissais pas ; j’ai vu mon père y jouer au café, mais personnellement, non (…). C’est pas une chose qui m’a marqué, ça (…). Pour tout le monde c’était une détente aussi. Y avait pas de télé, y avait rien, donc c’était une journée ou deux par semaine, ça pouvait être la détente. Et en même temps, c’était lucratif pour les deniers de la paroisse aussi, hein !

MP : En principe, c’était pour payer l’instituteur !

Note de bas de page 12 :

Les instituteurs du privé ont commencé à être payés par l’État en octobre 1961, avant que PM commence le théâtre.

PM : Ah ? Je sais pas, ça12. Moi, j’avais 15-16 ans. C’est pas un détail qui… Plus les parents ou un peu plus anciens…

MP : Tu allais au cinéma ou au théâtre à ce moment-là ?

PM : Le dimanche soir. À Fontenay ou l’Île d’Elle. Ou Marans. En Mobylette. Avec Prosper Ouvrard, Jacquy Sausseau, Gabriel Girard… On était quatre compères, là, du même âge, qui étaient assez soudés pour les bêtises et dans les sortie.

MP : Les pièces que tu as jouées, tu ne les as jamais vues avant ?

PM : Non (…). Le Télé-club s’est monté en…

MP : … 1961 à mon avis ; les premières télés apparaissent en Vendée en 1960.

PM : C’était certainement dans ces années-là. C’est Dédé qui s’en occupait (…). Je lui apportais la clé à la fin. J’étais son comparse, comme j’habitais pas loin. On se connaissait aussi par le théâtre, donc voilà. On était un peu compère même s’il avait 10 ou 20 ans de plus que moi.

MP : Est-ce que tu as aidé Constant Fillon pour les décors ?

PM : Non. Constant Fillon, il les faisait dans la journée, pas forcément le soir. Il devait les faire dans la journée. Il avait un magasin, donc il avait du temps de libre quelque part.

MP : Il était libre de son temps, on va dire. Donc tu penses qu’il travaillait dans la journée…

PM : Mais c’était pas un travail énorme qu’il avait à faire… Je ne pense pas qu’il devait passer des journées et des journées. Peindre les décors, c’était assez vite fait… C’était à peu près toujours les mêmes décors. C’était uniquement une peinture sur…

MP : … Il les récupérait, quoi.

PM : Bien sûr (…). Ou alors, il devait faire des fenêtres, par exemple ou des séparations dans la pièce...

MP : Je sais qu’il travaillait avec des planches de récupération.

PM : Ah oui ! Ou des tasseaux, des liteaux…

MP : C’est ça qui est quand même extraordinaire, c’est d’avoir réussi, dans un bled quand même paumé, à faire quelque chose euh…

PM : Mais le groupe était bon, on avant envie d’aller avec le groupe. Si tu vas dans une réunion, une association en marche arrière, eh bien souvent tu y vas pas longtemps, quoi ! Il y avait une bonne ambiance. Tout le monde se connaissait déjà, y avait pas de conflits (…). Pour moi, le théâtre, c’est un magnifique souvenir. Ça, c’est évident. À tout point de vue (…).

MP : Pour les costumes, comment ça se passait ?

PM : Ils étaient loués, les costumes, hein ? De mémoire, il y en a qui allait à Fontenay-le-Comte pour avoir des costumes. Certains étaient loués, quand il y avait des Napoléon, garde républicaine ou autre, et d’autres fabriqués avec ce qu’on avait… Je dis Fontenay, mais ça pouvait être Luçon… Ça coûtait rien… (…).

Note de bas de page 13 :

Fillon, épouse Texier.

MP : Finalement, à ce que je vois [cas décrit dans une brochure de La Flocellière], les décors étaient très importants à l’époque, alors qu’aujourd’hui… Marie-Jeanne13 me l’a bien expliqué, il ne faut pas de costumes, il ne faut pas de décors. Elle choisit les pièces en fonction de ça…

PM : Toutes les pièces qu’on jouait avaient quand même un auteur connu ! (...).

MP : Il y avait du maquillage ?

PM : Ah oui, bien sûr.

MP : Qui faisait ça ?

Note de bas de page 14 :

Épouse Robin, née en 1919, assistante des institutrices (Mlles Lucas et Maria) à l’école privée des filles et tante de MF.

PM : Je crois qu’on se débrouillait un petit peu par nos propres moyens, déjà. (…) Les moustaches étaient achetées. (…). Il ne devait pas y avoir de cheveux, c’était du naturel (…) On n’allait pas chercher midi à 14 heures, quoi ! (…). Dans cette génération, y avait pas beaucoup de femmes, à part Jeanne Gaignet, Thérèse Gaignet14 (elle avait des grands rôles, elle aussi, elle jouait bien, d’ailleurs ; j’ai joué avec elle)… Elle n’a pas joué après son mariage ?

MF : Non.

MP : On ne jouait pas une fois mariée à l’époque (…). Quelle était ton appréhension du public ?

PM : On jouait avec le public, quand même. C’était un jeu avec le public. Surtout nous, avec Guy, qui avions un rôle un petit peu rigolo, on attendait que le public réagisse… Et on faisait tout pour le faire réagir. Ah oui, tous les deux, on jouait avec le public, c’est évident. Et on attendait, forcément, si y avait applaudissements, si y avait…

MP : Tu avais des astuces ? Fallait que ça marche…

PM : On le sentait quand même, ça. On entendait la réaction… (…).

MP : Comment tu t’adaptais si ça réagissait pas ? Guy disait : « Il faut pas regarder le public ».

PM : Eh non ! On n’avait jamais les yeux sur le public. D’ailleurs, il était dans le noir le public. Donc, on ne le voyait pas nous, hein ! D’ailleurs, on était inondé de lumière. Donc, le public, on ne le voyait pas. À part le 1er ou le 2ème rangs qui étaient des enfants les trois-quarts du temps. Mais par contre on entendait la réaction. J’ai encore ce souvenir de réaction du public. D’ailleurs, on le recherchait un peu quelque part. Si tu joues ton rôle, c’est pour faire réagir le public.

MP : Donc il y avait une espèce d’osmose…

PM : Ah oui, bien sûr.

MP : Et tu étais inondé de lumière…

PM : Oui, parce que toutes les ampoules étaient devant ; il y en avaient en bas et en haut.

MP : Et des ampoules de couleur ?

PM : De différentes couleurs. Il y en avait de toutes les couleurs à mon avis.

MP : Mais il ne pouvait pas y avoir une quantité infinie d’ampoules ! L’espace était limité… Dans mon souvenir, les ampoules en couleur étaient en bas. Il y en avait peut-être en haut ?

PM : Il y avait une rampe de spots en haut.

MP : Des spots ou des ampoules ?

PM : C’était des spots… (…) Ils étaient accrochés sur un rail, forcément. Des ampoules, ça peut pas être au plafond.

Note de bas de page 15 :

Unique instituteur de l’école privée de garçons (1954-1960).

MP : M. Jard15 aurait construit un engin « d’enfer » : un rhéostat liquide.

PM : Absolument ! C’était dans un grand bac rond en grès…

MP : En grès ? Parce qu’on m’a dit que ça devait être en plastique ?

PM : Et là, je suis presque formel sur le grès vitrifié ! Parce qu’en 60, y avait pas beaucoup de plastique. Les tuyaux en plastique, ça n’existait pratiquement pas.

MP : Ta profession te permet d’être affirmatif !

PM : Pour moi c’était des bacs en grès avec de l’eau…

MP : Salée ?

PM : Alors là, la constitution, je ne la connais pas. Il y avait des morceaux de zinc…

MP : C’était pas du cuivre ? (…). C’était très dangereux ?

PM : Très dangereux.

Note de bas de page 16 :

Un schéma a été fait par Gilles Ouvrard le 30 mai 2018 chez lui au Gué.

MP : Il y avait trois poulies16

PM : Absolument.

MP : … avec trois baïonnettes en cuivre…

PM : Oui, c’était grandissant, un triangle (…).

MP : Plus c’était large plus c’était fort ?

PM : Je ne me souviens plus trop. (…). Pour abaisser la lumière doucement, plus tu descendais, plus cette partie de plus en plus large devait absorber l’électricité. C’était la partie la plus fine qui trempait dans l’eau en premier.

MP : Tu te souviens de la taille ?

PM : Ça pouvait bien faire 50 à 80 cm de long. C’était assez haut, d’ailleurs.

MP : Et pour toi, c’était du zinc ?

[Présentation du schéma de Gilles Ouvrard, amendé par un spécialiste électro-mécanicien à Vix]

PM : J’étais tout jeune apprenti… Pour moi, c’était du zinc.

MP : Gilles Ouvrard m’avait parlé de zinc.

Note de bas de page 17 :

L’employeur de l’apprenti PM !

PM : Ah !... La feuille de cuivre, on en trouvait pas beaucoup autrefois. C’était assez limité, alors que du zinc, il suffisait d’aller chez Pentecôte17 à Vix pour avoir un morceau de zinc qui pouvait être récupéré, tu vois ! Je ne me souviens pas à 14-15-16-17 ans avoir vu des feuilles de cuivre. Mais attends, c’est pas compliqué, si ça marche avec du cuivre, ça marche forcément avec du zinc, hein ! Eh oui ! C’est conducteur d’une part, et c’était pas cher… C’est exactement ça, le schéma (…). La buse était posée par terre. Une hauteur, je dirai, plutôt d’un mètre cinquante. Ça pouvait être dangereux, c’était à une hauteur où c’était peu accessible à une épaule, un bras…

MP : Et le zinc qui trempait dans le liquide était long de 80 cm, tu penses ?

PM : C’était assez long, oui. Les poulies devaient être à 2,50 m. ou 2,80 m. On avait de la hauteur. 1,50 + 0,80, ça fait 2,30 m. Elles étaient manipulées indépendamment les unes des autres. Ça, c’était assez facile à faire, 3 poulies sur une planche, le tout le long du mur.

MP : Quelle profondeur ?

PM : Un diamètre de 0,25 pour les buses, pas plus. Je revois presque la couleur, orangée.

MP : Comme un pot en grès ?

PM : Comme un pot en grès.

PM : C’est M. Jard qui l’avait fait, j’en suis presque sûr. Qui l’a fabriqué tout au moins.

MP : Tu as donc vu cet engin fonctionner. Il a été supprimé pour des raisons de sécurité.

PM : Bien évidemment.

MP : Michel Girard m’a dit que les acteurs étaient divisés à ce sujet, parce que trop dangereux, un gamin pouvait venir, faire une bêtise assez facilement… Mais toi tu dis que c’était en hauteur.

PM : Oui, mais ça ne fonctionnait que lorsqu’on jouait au théâtre. Tu pouvais le débrancher, quand même. Tu coupais les rampes…

MP : Donc il y avait un tableau ?

PM : Bien sûr qu’il y avait un tableau !

MP : Qui était derrière la porte de l’entrée gauche de la scène…

PM : Absolument. Il y avait quelqu’un qui s’occupait de ça ?

MP : Constant Fillon, Dédé Ferret ?...

PM : Il fallait bien connaître la pièce aussi, pour éteindre à des moments, baisser la lumière si la nuit était tombante ou si…

MP : Donc, c’était un machiniste en quelque sorte, qui assistait à certaines répétitions.

PM : Bien sûr. Baisser le rideau au bon moment, aussi !

Note de bas de page 18 :

Allusion à l’acteur Jean-Charles Garreau, qui, mort sur scène (Le petit Jacques), s’est relevé avant que le rideau (par Constant Fillon) soit tiré.

MP : Avant que les morts ne se relèvent18 !... Tu vois combien de rampes au plafond ?

PM : Il y en avait plusieurs. Il y en avait une en face, c’est évident, mais il y en avait qui éclairait le décor arrière. Il y avait 3 ou 4 rampes. Quand tout était éclairé, c’était quand même très éclairé. Très lumineux. Et c’était pas que des ampoules, il y avait forcément des spots. Ou un montage articulé, qui pouvait être modifié à tout moment. Et ça, c’était le rôle de Constant Fillon, qui ne devait pas être bien loin. Le rideau, c’était lui qui faisait ça. Sûrement Dédé, après. Fallait toujours être là et prêt à tout moment car s’il arrivait quelque chose sur la scène, il fallait baisser le rideau. On est toujours parti sur cette idée. Il pouvait arriver n’importe quoi.

MP : Je crois que Michel Girard m’a dit qu’il y avait toujours un pompier. Pas habillé…

Note de bas de page 19 :

Grand frère de Gérard Bonneau. Cf. entretien.

PM : Pas dans nos années à nous. Michel Bonneau19 avait des compétences. Rémy Ouvrard…

MP : Il n’était pas habillé en pompier, mais il y avait un pompier. Comme il y avait 3 manettes [au rhéostat liquide], parfois il fallait se faire aider (…).

Note de bas de page 20 :

L’installation électrique était triphasée.

PM : Trois phases20, c’était possible pour 3 rampes (…). Tu ne déséquilibrais par une phase. C’est pour ça que ça a été fait à mon avis. (…) J’ai un souvenir aussi, par contre, parce qu’il ne fallait surtout pas mettre la main dans l’eau… le souvenir que j’ai, parce que ça, on le voyait pas, l’eau n’arrivait qu’à une certaine hauteur dans le récipient (…). [la buse] était assez haute pour se permettre de ne pas avoir à la remplir complètement. Ça, c’est plus technique. Quelqu’un, qui fait pas attention à ça, peut passer à côté sans le voir. La partie métallique était presque cachée, à la limite. Pour moi, c’était pas si dangereux que ça. La consigne était : « Surtout les gars, ne mettez pas la main dedans ! ». Ça n’allait pas au-delà.

MP : Et il fallait être assez grand pour le faire.

PM : Il n’y a jamais eu d’accident, c’était trop dangereux pour les gamins, mais… Et les coupures électriques, c’était assez rare. L’électricité était pas si mal faite que ça, quoi ! S’il y avait de l’orage ou autre, ça disjonctait forcément. C’était la panne classique. Il me semble avoir connu une coupure ou deux pendant la pièce. Tout le monde avait l’ordre de rester en place. Ça pouvait revenir à tout moment. Et il fallait être prêt.

C’est un détail [le rhéostat liquide] qui ne me serait pas revenu, mais avec ça évidemment… Les 3 tubes que j’imagine étaient assez près les uns des autres. C’était tout près du tableau électrique. Ce qui est logique… La personne qui manipulait ça devait forcément être toute proche du tableau. À mon avis, ils devaient éteindre quelques lumières petit à petit, et après, au moment de faire la pénombre, c’était là qu’elle intervenait. Ça n’intervenait pas souvent quand même. Ils pouvaient se permettre de le faire du moment qu’ils avaient cet engin-là.

MP : Toi, tu faisais partie d’une association, sinon… de sport… ?

PM : De judo ! Vers 17 ans, à Chaillé-les-Marais. Il y avait un judo-club à Chaillé.

MP : Ta motivation ?

PM : C’était très complémentaire. Parce que le judo, c’est un sport de calme. C’est un sport où il faut une grande maîtrise de soi (…) C’est un sport qui m’allait bien (…).

MP : Pourquoi tu as arrêté le théâtre ?

PM : Quand on s’est marié en 1967.

MP : Parce que vous êtes partis ?

Note de bas de page 21 :

45 km.

PM : On est parti à Fontaines après. Et j’ai joué à Fontaines les deux années. Après on est allé à Auzay. C’est là que j’ai monté le théâtre d’Auzay, la première année. On était quelques-uns… On se disait, il y a eu du théâtre autrefois… Pourquoi il n’y en a plus ? Il n’y avait plus personne qui voulait s’en occuper. J’ai sauté sur l’occasion pour dire, si vous voulez… – parce que moi, je ne connaissais personne… Ce n’était qu’après mon travail parce que je partais à ce moment-là à Vix-La Rochelle. Je rentrais de la Rochelle21 tous les soirs. Et donc on a monté la pièce. Il y a quelqu’un du Gué qui m’a aidé dans le choix des pièces.

MP : Donc c’était toi le metteur en scène.

PM : Bien sûr.

PM : Et je jouais en même temps.

MP : Et ça a duré combien de temps ?

PM : Deux ans encore, là. Et après on est parti à la Rochelle. Définitivement. On a fait une succursale à la Rochelle. L’entreprise est restée à Vix, et nous on a pris la succursale de la Rochelle. Et Marie-Claude a arrêté de faire institutrice pour prendre le secrétariat de l’entreprise.

MP : Donc, à la Rochelle, le théâtre, c’est fini ?

PM : Oui. Après je me suis mis à la course à pied, pendant 30 ans. Les marathons (Londres, New York…), ça nous a permis aussi de sortir.

MP : C’était un substitut au théâtre ?

PM : Il me fallait une activité quelconque, quoi ! Le théâtre a été une aventure qui m’a apporté énormément, je le dis très souvent, que je ne regrette pas du tout, bien au contraire ! Et ça m’a permis de côtoyer des gens par exemple comme Dédé, tu vois, Guy Ollivier… Et après, comme le Cercle était ouvert tous les dimanches, on allait jouer aux cartes, et je jouais avec les anciens. Je les aimais bien, ils m’aimaient bien.

MP : Il y a une connivence qui est restée. Mais, à la Rochelle, tu as été autonome, ou tu as dépendu de Pentecôte ?

PM : J’ai racheté tout Pentecôte. On l’a fait à deux, on était deux associés. C’est toujours Pentecôte SA. Le père Pentecôte a accepté qu’on garde son nom. J’ai revendu mes parts à un ouvrier.

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Quelques réactions par mail

De : Dominique Gaignet
Objet : 2018.11.15-Entretien avec Papin Maurice
Date : 
22 mars 2019 à 23 :41 :37 UTC+1

(…)

Merci pour ce beau témoignage toujours aussi étonnamment précis et passionnant.

Maurice et aussi Marie-Claude ont une drôle de mémoire et ce long entretien nous rappelle beaucoup de souvenirs.

Maurice nous décrit des choses que j'ai vécues un peu, ayant joué 2 ans, à 17-18 ans.

Note de bas de page 22 :

Finalement, il s’agit bien de Les deux gosses, joué en novembre 64 au Gué.

Note de bas de page 23 :

Phrase retrouvée depuis par Dominique Gaignet dans le livret numérisé : le docteur Vernier l’adresse à Mulot dans Les deux gosses (page 25).

Je me souviens d'une pièce dont j'ai oublié le titre22, où je devais jouer un docteur ; je lui disais une phrase qui m'est restée, car amusante : "vous souffrez d'une boulimie adipeuse chronique"23. Chacun avait un rôle adapté à son caractère et son physique, comme il le dit si bien ; cette pièce ne devait pas être dramatique, en tout cas !

Mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai zappé pas mal de détails de ma petite période d'acteur modeste, où nous avions beaucoup de plaisir à nous retrouver dans une grande camaraderie.

C'était aussi une fierté, partagée avec Dédé, cousine Jeanne, Ulysse ...

Maurice avait 3 ans de plus que moi et, à l'école, leur bande des 4, les grands, nous ennuyait parfois pendant la récréation...

Quand il a commencé son apprentissage chez Pentecôte, nous nous disions qu'il fallait du courage, surtout à la mauvaise saison et encore plus en temps de gel.

(…)

De : Maurice Papin
Objet : Rép : 2018.11.15-Entretien avec Papin Maurice
Date : 
23 mars 2019 à 10 :48 :31 UTC+1

(…)

Merci pour la réponse de Dominique et ses souvenirs.

Cette "Boulimie adipeuse chronique" venait d'une idée de Dédé Ferret avec la pose d'un oreiller sur mon ventre ; des années après "au cercle" nous en rions encore.

Sans oublier la fameuse réplique "Mon Dieu quel Voyage, mon Dieu quel voyage", seul en scène, j'attendais l'entrée tardive de Guy Ollivier et pour meubler avec de grands gestes, je répétais cette phrase. Là encore pendant des années cette phrase est souvent revenue de Dédé, Guy, Michel Girard, Ulysse, Claude Ollivier.....Que de bons souvenirs !..

Pendant de nombreuses années il était difficile de jouer des pièces dramatiques avec la bande du moment ; 2 sur 3 étaient comiques et nous faisions rire...

(…)

De : Maurice Papin
Objet : Rép : 2018.11.15-Entretien avec Papin Maurice
Date : 
24 mars 2019 à 20 :48 :58 UTC+1

(…)

Cette pièce Les 2 gosses est encore un peu dans ma mémoire pour avoir eu un gros succès à son époque au Gué et pour revenir souvent dans les conversations au Cercle : Dédé, Guy, Michel, Ulysse, Claude, etc. etc., car il y avait une vraie complicité et beaucoup d'humour dans cette équipe de théâtre.

Note de bas de page 24 :

Si ! Vérifié après coup.

Je ne saurais pas dire si mon rôle de petit gros avec cette fameuse boulimie était dans cette pièce ; ce qui n'est pas impossible non plus24 !...car j'avais alors 19 ans et Dominique 16.

(…)

De : Dominique Gaignet
Objet : 2018.11.15-Entretien avec Papin Maurice
Date : 
25 mars 2019 à 15 :03 :48 UTC+1

(…)

Note de bas de page 25 :

Les deux gosses, en fait.

Je regrette de ne plus me souvenir du titre25, mais je peux dire que nous avons joué dans une excellente ambiance et que ce n'était pas triste, à tous égards.

Paul (Gaignet), dont le frère - notre cousin Lili (mari de Paulette) jouait le souffleur - que je revois encore jouer son rôle indispensable, s'en souvient-il ? Ou bien, peut-être Michel Girard, à la mémoire extraordinaire ?

Note de bas de page 26 :

Un peu à l’écart du bourg du Gué de Velluire.

Quand nous étions enfants, avec Monique (la plus proche de moi en âge) et mes autres frères et sœurs, nous nous amusions à jouer au théâtre dans la cour de la ferme, à Bel-Air26, avec une scène et des bancs reconstitués de manière très sommaire, dans une salle délimitée par :

Note de bas de page 27 :

Les toits à cochons.

Note de bas de page 28 :

Gaignet, Louis, auteur de Les mots qui racontent la vie d'autrefois dans le marais Sud-Vendéen, Nîmes : C. Lacour-éditeur, 1997 - (Colporteur) 1997. - 2 vol. (909 p.)

  • le "Tet à gorets"27 (page 32 du lexique de Tonton Louis, le père de Lili et Paul28 que je viens de citer),

  • le hangar à charrette et char-à-bancs,

  • le poulailler,

  • la cave.

A tour de rôle, nous nous sommes retrouvés acteurs ou spectateurs (encore de bons souvenirs d'enfance).

(…)

De : Dominique Gaignet
Objet : Théâtre-Parois-Gue-livrets-Les deux gosses - complet.pdf
Date : 
25 mars 2019 à 21 :13 :28 UTC+1

(…)

En lisant, je me remémore avec grand plaisir cette pièce qui a laissé un grand souvenir au Gué et alentours, à juste titre, comme le souligne Maurice.

Mon seul regret est de ne pas avoir eu l'occasion de jouer à L'Ile d'Elle, comme il en était question une année.

Quand le virus est là ; en plus, jouer sur une autre scène, avec un nouveau public.

(…)

Photo de la classe unique privée du Gué au printemps 1958 (24 élèves CE1-CM2) Indicateur de l’implication des familles pour les années 40-50-60

Photo de la classe unique privée du Gué au printemps 1958 (24 élèves CE1-CM2) Indicateur de l’implication des familles pour les années 40-50-60

De : Maurice Papin
Objet : Rép : 1958-printemps-ecole avec jard
Date : 
26 mars 2019 à 08 :49 :25 UTC+1

(…)

Pour moi, une petite pépite cette photo... Merci. Que des visages reconnaissables, enfin presque.

Nous n'étions pas des gros morceaux, nous avions 13 ans½ et pour les 4 de 1945, quelques mois plus tard nous entrions en apprentissage (pour ma part juillet 1959), ce qui serait impensable de nos jours.

(…)

Monsieur Jard avait pour prénom " Hugues " qui se fête le 1er Avril.

(…)

Vous devez vous rappeler de la "règle en buis" et sa punition... il lançait une gomme sur un dissipé, qui devait lui ramener, la mettre dans sa main et là arrivait un violent coup de règle sur le bout des doigts, sans oublier les 500 ou mille lignes, le placard. De nos jours cela ferait la une de BFM-TV.

(…)

De : Michel GIRARD
Objet : Rép : Entretien avec Papin Maurice et théâtre paroissial
Date : 
29 mars 2019 à 21 :04 :31 UTC+1

(…)

Je me rappelle de la réplique à Maurice Papin : c'était une pièce comique que l'on jouait après le drame pour faire rire un peu. Maurice était un malade de la boulimie ; il était en scène avec Bernard Ouvrart qui lui avait un gros nez. Ils étaient tous les deux dans un hôpital pour passer l'hiver au chaud. L'hôpital voulait les soigner mais ils ne voulaient pas et recommençaient tous les ans en changeant d'hôpital. Ils racontaient la consultation du médecin et du chirurgien. Le chirurgien voulait opérer Bernard avec son grand nez et Bernard raconte la consultation à Maurice et dit quand il m'a vu : » Ah le superbe nasicus protubérax gigantescus… ». Bernard ajoute : « Mais ils n’y toucheront pas à mon nez, c'est mon gagne pain pour l'hiver ». Et le médecin avait dit à Maurice : » Vous avez une Boulimie adipeuse chronique ». Et ils devaient se mettre d'accord tous les deux pour passer l'hiver au chaud gratuitement. Moi, j'étais employé de l'hôpital, je crois, et je dis à LM Papin, qui était directeur, « le bouillon qu'on donne à nos malades n'est que de l'eau chaude ». Et le directeur répond : « Je n'ai jamais vu faire du bouillon sans eau ! ».

J'espère que tu vas comprendre, Michel, les répliques sont les bonnes mais je ne me rappelle seulement de ce qui m'a marqué. Bernard Ouvrart est né en 43 et Maurice en 45, et l'année de la pièce je ne m’en rappelle pas.

(…)