Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Anne-Marie Plaire (épouse Fabarez) actrice, et Michel Poupin, accompagné de Gérard Bonneau2

Entretien entre Anne-Marie Plaire,
Michel Poupin
et Gérard Bonneau

Le style oral a été conservé

Texte

Note de bas de page 3 :

MP : Michel Poupin. GB : Gérard Bonneau. AMP : Anne-Marie Plaire. (…) passage inutile à la compréhension. (???) passage inaudible. [aide à la compréhension].

Légende3

(…)

MP : On se tutoie ?

AMP : Bien sûr, on se tutoie !

Note de bas de page 4 :

Ferret. Cf. entretien.

MP : Cécile4 était un peu plus âgée que toi ?

Note de bas de page 5 :

Née donc en 1937.

AMP : Cécile est de l’âge de mon mari. Quatre ans de plus que moi5 (…).

MP : Tu étais à la Taillée ?

AMP : On habitait à la Taillée, oui.

MP : Et tu es allée à l’école où ?

AMP : Avec Mlle Lucas, à l’école privée, là-haut, au Gué. On était deux garçons, deux filles. Les deux filles sont allées à l’école privée, et les deux garçons sont allés à l’école publique, au Gué de Velluire aussi (…).

MP : Et ensuite, qu’est-ce que tu as fait ?

AMP : Après l’école, je suis allée travailler à Fontenay-le-Comte…

MP : Tout de suite ?

AMP : Tout de suite. A 15 ans, je suis partie travailler, oui. Même avant 15 ans, puisque j’ai eu 14 ans au mois d’avril, j’ai passé mon Certificat d’Études à Chaillé-les-Marais. Dans l’été, après, je suis partie à Fontenay chez une cousine germaine de ma mère qui faisait les foires, les marchés… on vendait du tissu. Je rentrais le dimanche matin, voilà. Et je repartais le dimanche soir par le train [rires]. C’était court !

MP : Donc les activités théâtrales au Gué de Velluire, tu les as peu connues ?

Note de bas de page 6 :

Situé rive droite de la Vendée, le Port du Gué, où habite AMP, fait partie de la Taillée.

AMP : Si, quand même, quand il y avait du théâtre, j’y allais. Et, comme je t’ai dit, j’ai joué au théâtre une seule fois, avec Dédé Ferret (…). Lorsqu’il y avait des répétitions, c’est Charles Ollivier qui venait me reconduire chez moi, parce que de la salle au Port du Gué6, ça faisait une petite trotte la nuit. Mlle Lucas ne voulait pas que je rentre toute seule.

MP : Mais ça, c’était pendant que tu étais à l’école ?

AMP : La dernière année de l’école, oui.

MP : Donc 1950-51. Dans quoi, tu as joué ?

AMP : Oh, alors là, je te dirai pas. Je me souviens pas de la pièce [MP lit des noms de pièces du début des années 50.] (…).

MP : Est-ce qu’il y avait Jeanne Gaignet ?

AMP : Ah, Mlle Jeanne, oui !

MP : Est-ce qu’il y avait mon père ?

AMP : Non.

MP : Il n’y avait que des femmes ?

AMP : Non ! (…). En 58, moi, j’étais plus là. Je me suis mariée en 56. On est parti à Poitiers, définitivement ! (…).

MP : Est-ce que tu aurais des traces papier… ?

Note de bas de page 7 :

Programme manuscrit donné par Cécile Ferret lors de son entretien en mai 2018.

AMP : Eh non, j’ai pas de traces, j’ai rien… [MP lit des noms d’acteurs du programme de 19497 concernant la pièce Le Rosaire...]. Charles Ollivier jouait puisqu’il venait me raccompagner…

MP : Charles, pas Martial…

AMP : Non.

MP : Ulysse père ?

AMP : Non !

MP : Jean Guérin ?

AMP : Oui, je sais qu’il jouait.

MP : Paul Joguet, l’instit ?

AMP : Non !

MP : Anne-Marie Plaire ! ! ! [Éclats de rire]

AMP : Mais c’est la seule fois ! Je ne me souviens pas de tous les acteurs… (…).

MP : 1949… Donc ça te faisait 12 ans. Et il y avait un rôle de petite fille, là.

Note de bas de page 8 :

Mariage civil à la Taillée et religieux au Gué en août 1956.

AMP : De petite fille ? Je ne sais pas si c’était pas le rôle d’une servante… J’ai toujours fait plus âgée que mon âge. À 12 ans, j’en paraissais 14. Quand j’ai connu mon mari, j’avais 15 ans et trois mois8.

MP : Qui faisait les répétitions ?

AMP : C’était Mlle Lucas.

MP : Ah, c’est nouveau, je savais pas. C’est elle qui avait choisi la pièce ?

AMP : Je pense. Peut-être avec les autres… Elle en a certainement parlé aux autres. Mais c’était elle, quand même, et comme elle aimait bien commander… [rires]. Elle aimait pas beaucoup qu’on aille contre elle (…).

MP : Comment ça se fait que tu as joué à 12 ans ?

AMP : Ah, je sais pas… C’est Mlle Lucas qui l’a décidé, oui… On obéit ! [rires].

MP : Comment tu l’apprenais ton rôle ? Il était réduit ?

AMP : Oui. C’était réduit, quand même, hein ! Donc, c’était pas difficile à apprendre.

MP : Tu te souviens d’avoir eu un texte qu’il fallait apprendre ?

AMP : Non, je n’avais pas de texte. J’avais seulement quelques phrases à dire (…).

MP : Donc pas de curé à l’horizon ! Les répétitions, c’était deux à trois fois par semaine ?

AMP : Oui, oui.

MP : Quelle était l’ambiance ? Est-ce qu’il y en avait qui jouait au cartes, avant, après… ?

AMP : Oh non !

MP : C’est vrai qu’avec Mlle Lucas, c’était peut-être pas le meilleur moment ! [rires] C’est Jean Rémondeau qui m’a parlé de jeux de cartes.

Note de bas de page 9 :

Cf. l’entretien.

GB : Je te l’ai dit, ça9 !

MP : Exact ! … Est-ce qu’il y avait des maquillages ?

AMP : Oh, très peu.

MP : Mais il y avait quelqu’un qui faisait ça ? C’était Mlle Lucas ?

AMP : Oui, c’était elle, mais très peu, hein ! Très peu. Un peu de poudre sur le visage, comme ça, mais très peu de maquillage.

MP : Et les costumes, qui s’en chargeait ?

Note de bas de page 10 :

Assistante de Mlle Lucas à l’école que MP – cousin - a eu en maternelle. Née Gaignet, épouse Robin.

AMP : Ah, les costumes… Mlle Lucas, puis Mlle Thérèse10 aussi (…).

MP : Ils n’étaient pas loués probablement ?

AMP : Oh, non. Je ne pense pas.

MP : C’était une production locale ?

AMP : Oui. Du temps de Mlle Lucas, toujours.

MP : Qui s’occupait des décors à ce moment-là ? Constant Fillon ?

AMP : Oui, Constant Fillon s’occupait des décors.

Note de bas de page 11 :

Depuis, Jean Rémondeau nous a fourni des programmes conservés par sa mère : 1942, 46, 47, 48, 51, 53, 54, 55, 56.

MP : Est-ce qu’il y avait une pièce l’année d’avant11 ?

AMP : Ben, tous les ans il y avait un théâtre, hein !

MP : Il y avait des pièces avant ?

AMP : Oh, oui, car je suis allée au théâtre plusieurs années.

MP : Dans cette salle-là ?

AMP : Oui.

MP : Avant de jouer, tu avais vu des pièces ? Parce qu’il y en a eu à la cure, au presbytère…

AMP : Ah non, non. C’était dans cette salle-là (…).

MP : Donc il y a dû avoir des pièces en 47-48 dans cette salle-là.

AMP : Peut-être pas beaucoup avant que je joue, mais au moins deux ans, je pense (…). À la cure, je me souviens pas de ça.

MP : Et à la Galipeauderie ?

AMP : Gérard m’en a parlé, mais la Galipeauderie, non, je ne me souviens pas non plus (…).

MP : Sinon, aucune idée des pièces qui ont été jouées en 47-48, ni des gens qui ont joué ?

AMP : Non (…).

MP : Tu as donc vu avant 49, tu as joué en 49. Et après, tu as continué d’aller au théâtre ?

AMP : Ah mais, j’allais voir les pièces de théâtre, oui.

MP : Jusqu’à ce que vous soyez partis, en 56 ?

AMP : Exactement, oui ! Toi [s’adressant à son mari, M. Fabarez], tu n’es jamais venu, tu étais parti faire ton service militaire. Et moi, j’allais voir les pièces de théâtre… Tu es parti en 54 et revenu en 56… En octobre 56, j’étais partie (…).

MP : [Discussion sur la photo donnée par Cécile Ferret, avec Fernande Fillonneau déguisée en bonne sœur] (…)

Note de bas de page 12 :

La fille du boucher, rue du Chéreau, mariée avec Marcel Guilbot, boulanger : cf. entretien..

AMP : Madeleine David12 était formidable.

MP : Madeleine David jouait quoi ?

Note de bas de page 13 :

Elle a habité ensuite au Gué-d’Alleré, à 30 km au sud du Gué de Velluire, en Charente Maritime.

AMP : Elle avait des rôles importants13 (…). Elle était très, très souple… Elle jouait au ballon, mais alors… Il est possible que Madeleine soit de 33.

MP : Elle a joué avant que tu aies joué… ?

AMP : Je pense.

Note de bas de page 14 :

Gérard a fait des recherches et nous sommes bien allés la voir le vendredi après-midi à Saint-Jean de Liversay.

Note de bas de page 15 :

Un groupe de bayadères est annoncé dans le programme du dimanche 4 avril 1948. Le serment de Leilah est un drame qui se passe en Inde.

MP : Si je m’y prends bien, je pourrais presque aller la voir vendredi après-midi14… Cécile Ferret est déguisée en bayadère15 : ça te dit quelque chose ?

AMP : ?

GB : Et là [sur la photo], c’est que des filles.

MP : Est-ce une troupe ? C’est pas sûr du tout. C’est des copines qui sont là… Il y en a deux qui sont en train de jouer probablement. Elle est en train de danser car bayadère c’est une danse indienne…

Note de bas de page 16 :

À 14 km du Gué.

AMP : Elle faisait faire des danses, Mlle Lucas… On a dansé sur des scènes… On est même allé à Sainte-Radégonde des Noyers16Le beau Danube bleu, on dansait. Il y avait Paulette, les Ollivier et tout ça… On avait des belles robes.

MP : Qui étaient faites par ?

AMP : Oh, c’était des robes qu’elles portaient au mariage.

MP : Pas des robes de mariées, des robes de mariage. Et cette photo, c’est quoi ? Monique Fillon m’a dit, c’est Or et argent. C’est pas le beau Danube bleu.

Note de bas de page 17 :

Née en 35.

AMP : Alors, il y a Pierrette Guérin, Bernadette Cantin17, Monique Fillon, Denise Ollivier, Anne Gaignet, Mimi Ferret…

MP : Il y a Anne-Marie Plaire…

AMP : Ben oui, j’suis là ! [rires] Marguerite Ouvrard…

MP : Donc elle, c’est Marguerite Ouvrard ?

GB : Si, la maman de Joël Manceau. Elle est à deux ans de Rémi.

MP : Elle est née en quelle année, Marguerite ?

AMP : Elle est née en 33.

MP : Et ça, ça serait Or et argent.

AMP : C’est possible, oui.

MP : [Présentation de deux photos de ballet]

AMP : Ça, ça serait peut-être Le beau Danube bleu

Note de bas de page 18 :

Née en 38.

MP : Il semblerait que ce soit Or et argent. C’est par rapport aux âges qu’on a déduit ça. Mimi Ferret18 serait trop jeune. Elle aurait 11 ans. Or, ce n’est pas une gamine de 11 ans. (…) Or il y a eu un beau Danube bleu en 56 !

AMP : Mimi n’avait pas 18 ans, car elle était plus jeune que moi. Et moi j’étais là [sur la photo]. Donc c’était pas en 56 ! Ni en 55. C’était bien avant ! C’est pas Mimi. C’est Cécile !

MP : Moi, je dirais que c’est Mimi, mais je ne connais que Mimi.

En haut (de g. à d.) : Denise Ollivier, Marguerite Ouvrart, Anne Gaignet Au milieu (de g. à d.) : Monique Fillon, Bernadette Cantin, Anne-Marie Plaire. En bas (de g. à d.) : Cécile Ferret, Pierrette Guérin. Au plus tard en 1952.

En haut (de g. à d.) : Denise Ollivier, Marguerite Ouvrart, Anne Gaignet Au milieu (de g. à d.) : Monique Fillon, Bernadette Cantin, Anne-Marie Plaire. En bas (de g. à d.) : Cécile Ferret, Pierrette Guérin. Au plus tard en 1952.

AMP : C’est Cécile, c’est pas Mimi, c’est pas possible. Non !

MP : À la place de Marguerite, j’avais noté Germaine !

Note de bas de page 19 :

Née en 39. Vérification faite – car cette demoiselle n’a pas 13 ans sur la photo – il s’agit certainement de sa sœur, Marguerite Ouvrart, née elle en 1933, comme Denise, Cécile, Monique.

AMP : C’est plus Germaine19.

MP : Maintenant, l’année. C’est pas en 49 ?

AMP : Trop jeune(s). Nous [à son mari], on s’est connu en 53. C’est pas en 53, c’est avant.

MP : Alors, ça ne peut guère être que 52, car après, ça commence à faire… 15 ans. C’est pas des filles de 15 ans, là.

AMP : Oui, mais elles sont toutes plus âgées que moi. Pierrette, par contre, on est du même âge.

MP : Donc, ça, c’est 52.

AMP : Oui.

MP : C’est pas dans le cadre de la JAC, ça ? Coupe de la joie…

AMP : Non.

MP : Donc, ça pourrait être Or et argent ?

AMP : Ça pourrait être ça.

MP : Donc, ça, c’est pas à l’Île d’Elle, ni au Gué…

AMP : Je ne vois pas où ça peut être au Gué…

MP : Et ça, qu’est-ce qu’on peut en dire ? Ça peut être quelle année ? Ces deux photos sont presque de la même année ? [ci-dessous la photo la plus explicite - Noms gauche à droite.]

Denise Ollivier, Monique Fillon, Anne Gaignet, Pierrette Guérin, Bernadette Cantin, Madeleine Garreau

Denise Ollivier, Monique Fillon, Anne Gaignet, Pierrette Guérin, Bernadette Cantin, Madeleine Garreau

AMP : Oh, à un an près !

MP : 1956 ? C’est probable ? Madeleine est de 1935, elle m’a dit que sur la photo elle avait 15-16 ans.

AMP : Pierrette Guérin avait 12 ans en 49. C’est pas ça, hein ! C’est pas en 49, ça serait en 56, si c’est Le beau Danube bleu.

GB : Et ça me dit quelque chose, moi, gamin, les filles qui dansaient. C’était un très, très beau ballet. Ça nous a émerveillés, nous les gamins qui étions devant (…).

GB : Quand ils partaient à Sainte-Radégonde (le théâtre), ils y allaient avec la voiture de pépé Pierre Ferret…

AMP : Il emmenait les robes et tout ça, oui… Moi je me souviens être allé danser à Sainte-Radégonde, c’était pour les kermesses, on allait danser sur les planches, là-bas… Nous, on partait à vélo. Et Jules Ferret emportait les robes dans sa voiture. Et il emmenait Mlle Lucas.

MP : Vers quelle date ?

AMP : La fois où je dansais, là, 1952 ? C’était une kermesse paroissiale.

MP : Ce n’était pas directement lié au théâtre.

AMP : Non, non.

MP : Mais ça pouvait être joué pour le théâtre. C’était polyvalent.

AMP : Voilà.

MP : On fait une différence entre le théâtre de patronage et le théâtre des adultes, paroissial. Mais en fait, il y a un chevauchement, puisque des fois, c’est les mêmes responsables, c’est les mêmes acteurs, et parfois, c’est presque les mêmes pièces.

AMP : Nous, justement, on s’est connu à une fête paroissiale qui se trouvait dans le terrain en bas de chez le sacristain Roussies. À Ripe-cul. C’était du patronage. C’était une fête, une kermesse.

[Décision est prise d’aller voir Madeleine David, mariée Guilbot, au Gué d’Alleré.]