Interview Dominique Cros, VP Recherche à l’Université de Limoges

Dominique Cros a été élu vice-président Commission Recherche lors du Conseil Académique du 18 janvier 2021. Courant jusqu’en 2025, son mandat s’inscrit sous la Présidence d’Isabelle Klock-Fontanille, élue le 5 janvier dernier. Son rôle est de maintenir, au meilleur niveau, la recherche à l’Université de Limoges par la mise en place d’une stratégie qui :

  • Définit les orientations scientifiques ;
  • Stimule les activités de recherche et leur valorisation ;
  • Renforce les liens entre recherche et formation.

 

Quelles sont les premières actions à mettre en œuvre dans la politique recherche de l’établissement ? Et pourquoi vous tiennent-elles tant à cœur ?

A Limoges, la recherche est organisée en secteurs. L’innovation sous toutes ses formes, est de moins en moins au cœur des métiers mais elle est retrouvée dans les thèmes transversaux. Il faut bien sur maintenir une recherche de haut niveau au cœur des métiers mais il faut également favoriser l’ouverture à l’interdisciplinarité. Pour le cœur de métier, ce n’est pas le rôle du VP recherche d’aller dire aux laboratoires sur quels thèmes ils doivent travailler, en revanche, être un animateur et faire en sorte que les chercheurs se rencontrent pour aller vers l’interdisciplinarité, est une des responsabilités du VP. Certains chercheurs sont déjà sensibles à cette ouverture et l’objectif est de proposer des moyens pour augmenter ce nombre de personnes.

 

En quoi vos anciennes fonctions vous sont-elles utiles dans votre rôle de vice-président ?

Côté recherche, j’ai été nommé au comité national du CNRS pour la section 08 qui concerne un large domaine de recherche (micro- et nanotechnologies, micro- et nanosystèmes, photonique, électronique, électromagnétisme, énergie électrique). Ainsi, j’ai pu voir au niveau national les orientations des laboratoires de recherche, l’organisation de la recherche en France et le fonctionnement d’autres laboratoires ressemblant au mien. Ensuite j’ai été directeur du laboratoire  Xlim UMR CNR 7252 pendant 6 ans, et cela  m’a notamment appris à organiser la recherche avec les moyens qui  étaient octroyés au laboratoire.

Côté universitaire, j’ai été directeur de l’école doctorale « Sciences et Ingénierie pour l’Information, Mathématiques », ce n’est pas de la recherche au sens stricte mais cela fut une expérience intéressante et riche puisque j’ai pu travailler avec les doctorants, le collège doctoral de site et les autres établissements de Poitiers et La Rochelle dans le cadre de la COMUE. Par la suite, j’ai été adjoint de la DRRT (délégation régionale de la Recherche et de la Technologie) devenue aujourd’hui la DRARI (Délégations Régionales Académiques à la Recherche et à l’Innovation). Il y a dans cette fonction un lien fort avec l’Université avec notamment la part ETAT Recherche du CPER (Contrat de Plan Etat-Région) et de la part ETAT Innovation avec les centres de transfert. Dans les missions de la DRARI, il y a également toute une partie avec le secteur privé et les entreprises notamment le CIR (Crédit Impôt Recherche), les demandes de label JEI (Jeune Entreprise Innovante) et enfin les demandes et les évaluations de conventions CIFRE.

Dans le cadre de ma fonction à la DRARI, j’ai apprécié le travail avec les centres de ressources technologiques qui sont charnières entre le public et le privé car ils sont en charge du transfert de la recherche issue des laboratoires vers les entreprises. Il y a trois centres de ressources technologiques à Limoges labellisés par le ministère : le C.T.T.C (Centre de transfert de technologies céramiques), CISTEME (Centre d’Ingénierie des Systèmes en Télécommunications en ElectroMagnétisme et Electronique) et le CITRA (Centre d’ingénierie en traitements et revêtements de surfaces avancées). Un quatrième centre, le CVA (Centre de Valorisation des Agroressources), non labélisé par le ministère, existe également à BRIVE et nous avons travaillé ensemble pour la demande de label.

J’ai énormément apprécié cette expérience au sein de la DRARI. J’ai aimé le contact avec les responsables d’entreprise. J’ai découvert un environnement avec des problématiques que je ne connaissais pas.

 

Qu’est-ce qui vous a attiré vers la recherche ? Et pourquoi une carrière à l’Université de Limoges ?

Longue histoire ! Lorsque j’étais étudiant, mon souhait n’était pas de devenir enseignant-chercheur. Je suis arrivé à Limoges car ce c’était l’électronique haute fréquence qui me plaisait. Au moment du DEA, on m’a proposé une thèse sur un sujet qui m’intéressait et il y avait également des besoins d’enseignement à l’IUT. J’ai pris goût à l’enseignement et j’ai candidaté sur un poste de maitre de conférences. La recherche m’intéressait beaucoup mais l’événement déclencheur a été mon passage au comité national du CNRS. J’ai pu en apprendre davantage sur les autres laboratoires et découvrir des personnes très compétentes. Cela m’a beaucoup marqué. La recherche est un travail de longue haleine et il est important de persévérer. Par la suite, j’ai pu collaborer avec des collègues à l’étranger notamment en Pologne et en Australie avec qui j’ai travaillé pendant une vingtaine d’années. Cela m’a fait découvrir une autre approche de la recherche, d’autant plus qu’ils ne travaillaient pas exactement dans le même domaine de recherche que moi mais nos activités étaient très complémentaires.

 

La crise de la covid-19 entrave-t-elle à la réalisation de certains projets de recherche à l’Université de Limoges ?

Je ne crois pas qu’elle les ait entravés mais elle les a fortement ralentis. La crise a imposé des contraintes, notamment sur le nombre de personnes autorisées dans un laboratoire, faisant que les gens ne se rencontrent plus. Et cela a freiné considérablement l’activité de recherche. Toutefois, il faut reconnaître que cette crise nous oblige à utiliser d’autres approches, à changer nos méthodes de travail et ainsi à aborder autrement les projets de recherche. Je ne fais pas l’éloge de la Covid-19, loin de là, mais c’est un biais qui nous a contraint à trouver d’autres méthodes de travail dont certaines vont certainement rester.

 

Que peut-on souhaiter à la recherche à l’Université de Limoges ?

L’Université de Limoges est souvent réduite sous les termes de « petite université » ou « d’université à taille humaine ». L’avantage ici, contrairement à d’autres universités où les gens ne se croisent pas, parce que c’est très grand, c’est que nous nous connaissons tous et que nos échanges sont fructueux. Il y a de la recherche de très haut niveau à l’Université de Limoges qui est méconnue localement du grand public. Par contre, pour les spécialistes nationaux et internationaux de chaque domaine, Limoges est très connue dans ses domaines de prédilection. Petite Université à taille humaine certes, mais université performante et tous les personnels de l’Université peuvent en être très fiers.


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