Jessica Makowiak

L’équipe OMIJ / CRIDEAU de Limoges a participé à la 3ème Conférence mondiale des Nations-Unies qui s’est tenue 14 au 18 mars à Sendai, au Japon sur le thème de « La Réduction des Risques de Catastrophe ».

Interview de Jessica Makowiac – Professeur des Universités – Spécialiste du droit de l’environnement – Thèmes de Recherche : Biodiversité (Natura 2000, trame verte et bleue) ; responsabilité ; pollutions-nuisances (installations classées pour la protection de l’environnement, OGM).


Quelle était cette conférence ?
C’était la 3ième conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophes organisée sous l’égide de l’ONU du 14 au 18 mars au Japon.

Qui était présent ?
Environ 1500 diplomates dont 150 chefs d’états et de gouvernement, il y avait également près de 3000 personnes issues de la société civile : ONG, associations, délégations…

Pourquoi le CRIDEAU souhaitait y participer ?
Nous attachons beaucoup d’importance à ce qui se passe à l’international. Le CRIDEAU a par exemple participé aux autres conférences mondiales emblématiques organisées par l’ONU – Rio (1992) et Rio+20 (2012), ainsi qu’au sommet mondial du développement durable à Johannesburg (2002).
Sendaï s’inscrivait aussi parfaitement dans la logique d’un précédent travail de recherche intitulé Cadhom – Catastrophes et droits de l’Homme qui a fait l’objet d’un contrat accordé par l’Agence Nationale de la Recherche 2010/2013. Ce contrat est peu décroché par des projets en sciences humaines, dont les implications pratiques sont plus difficiles à valoriser qu’en sciences dures.

Est-ce compliqué d’y participer ?
Cela représente plus d’un an de travail. Il faut d’abord obtenir une accréditation délivrée par l’ONU que le Centre International de Droit Comparé de l’Environnement (CIDCE) a décroché. Le CRIDEAU est intervenu en tant que membre de cette ONG et, dans ce contexte, a participé à plusieurs réunions préparatoires dont le colloque Droits de l’homme et catastrophes nucléaires à Waseda – Japon. Le CRIDEAU y a fait une déclaration sur le nucléaire et la prévention des risques de catastrophe et a également participé au congrès mondial à Santa Fe – Argentine sur les catastrophes en général durant lequel une de nos déclarations a été remise en main propre à un membre de l’ONU.

De quelle autre façon y avez-vous contribué ?
Trois sujets proposés par le CRIDEAU ont été accrédités par l’ONU et organisés par le CIDCE lors d’évènements parallèles à cette conférence. Il est très difficile de faire accréditer ces thématiques dans le cadre des relations internationales. C’est l’aboutissement d’un long processus argumentaire mené par le CIDCE et le CRIDEAU.
Nous avons aussi participé à d’âpres négociations, assisté aux séances de travail organisées par les Nations-Unies sur la Réduction des Risques de Catastrophes et aux conférences de presse afin de soulever des problèmes jugés importants – au même moment que les négociations interétatiques.

Quelles étaient vos attentes ?
Le CRIDEAU se positionne en tant que voix de la société civile spécialisée sur le droit de l’environnement auprès des diplomates. Nous attendions de leur part une prise en compte de l’intérêt de la protection des droits de l’Homme dans la gestion des catastrophes. Cela se traduit par le fait d’introduire une idée ou influencer les textes. Par exemple lors de Rio+20, Michel Prieur – Professeur émérite de l’Université de Limoges – a introduit l’idée de non régression en matière de droit de l’environnement qui fait maintenant partie intégrante des décisions politiques. Gérard Monédiaire – ancien directeur du CRIDEAU – a d’ailleurs été missionné par Ségolène Royal pour mener un groupe de travail afin de moderniser et apporter des modifications en droit de l’environnement en tenant compte de cette idée !

Que résulte-t-il de ces négociations ?
Un texte intitulé Sendaï Framework for disaster risk reduction 2015-2030, le contenu est assez satisfaisant mais laisse en suspens des questions importantes. Les principaux éléments de l’accord mentionnent la responsabilité de chaque état dans la prévention des risques de catastrophes, l’implication des parties prenantes, l’échange et la diffusion des données ou encore l’élaboration de politiques en cohérence avec les objectifs du développement durable suivant 4 actions : la compréhension des risques, le renforcement de leur gouvernance, l’investissement dans leur réduction et le renforcement de l’état de préparation aux catastrophes pour mieux y répondre.

Quelle sera votre prochaine conférence ?
La COP 21 – Paris Climat 2015, conférence internationale sur le changement climatique organisée par la France en décembre. A cette occasion, le CRIDEAU et le CIDCE ont, de leur propre initiative, formé un groupe de travail qui a rédigé une déclaration sur les droits de l’humanité pour sauvegarder la planète (souhaitée par le Président de la République pour la COP 21 à l’occasion de ses vœux 2015). Cette déclaration a été envoyée au Président de la République et à Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, nommée par François Hollande pour faire des recommandations à ce sujet. La France et notamment le CRIDEAU à Limoges sont vues comme des références en droit de l’environnement – offre de formations, fonds documentaire, travaux de recherche, rayonnement mondial, il y a une vraie carte à jouer pour Limoges dans ce domaine.

> Contact : Jessica Makowiak
> Lire le Reportage du CRIDEAU sur la 3ème Conférence des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe