Symposium (labo FrED)



La démocratie sanitaire, au quotidien, dans un EHPAD en Nouvelle Aquitaine : dispositions en temps ordinaires, et ressources en période de COVID. - Salle des Actes
Symposium proposé par Maryan Lemoine (FrED, Université de Limoges) et Sébastien Ponnou (Cirnef, Université de Rouen)

Participants au symposium

  1. David Pala, directeur de la structure
  2. Nadège Bartkowiak, directrice adjointe en charge de l’EHPAD
  3. Deux professionnels (en discussion)
  4. Deux résidents (en discussion)
  5. Antoine Agraz, MCF Sciences de l’éducation (FrED, Université de Limoges)
  6. Fabien Clouse (Doctorant en Sciences de l’éducation et de la formation, CIREL, Université de Lille Nord de France)
  7. Maryan Lemoine MCF Sciences de l’éducation (FrED, Université de Limoges)
  8. Sébastien Ponnou MCF Sciences de l’éducation, Psychanalyste (Cirnef, Université de Rouen)

Présentation du déroulé : argument et déroulé

Ce symposium se propose d’éclairer et d’interroger les manières de mettre en acte et de faire vivre, au quotidien, le souci de démocratie sanitaire au sein d’une structure regroupant un EHPAD, un FO et un FAM au sein desquels des observations croisées, d’inspiration à la fois ethnographique et clinique sont menées depuis 2015 (Lemoine, Ponnou et al. 2015).

Entendu comme une démarche globale, le projet de démocratie sanitaire « vise à associer l’ensemble des acteurs du système de santé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de santé, dans un esprit de dialogue et de concertation » (Arveiller & Tizon, 2016). Ce paradigme, historiquement situé (Tabuteau, 2013), a émergé dans les année 1990 en France, et vise une participation accrue des patients-citoyens à la vie des institutions et au fonctionnement du système de santé, notamment quant aux décisions qui les concernent. Ce qui nécessite de mobiliser des dispositifs institutionnels, et sans doute, des « dispositions actorielles » dans le but d’aider celles-ci et ceux-ci à s’y impliquer.

Inscrit dans une démarche d’accompagnement par la recherche, ce symposium se déclinera en deux séances. Il postule le dialogue entre des résidents, des praticiens, professionnels (travailleurs sanitaires et socio-éducatifs, et cadres) et des chercheurs engagés dans cette démarche, comme le moyen d’une coproduction des savoirs élaborés dans la durée et qui seront, en cette occasion, discutés et approfondis en séances.


1ère séance : le mardi 07 septembre 2021 (15h à 18h).

Lors de la première séance, à l’appui des données issues de plusieurs enquêtes de terrain réalisées dans le cadre de commandes institutionnelles, et fondées sur une démarche partenariale au long cours (Ponnou, Lemoine et al, 2018, Ponnou et Lemoine, 2021), nous donnerons à voir et à comprendre comment, dans cette structure, la démocratisation du champ de la santé se déploie essentiellement selon deux axes principaux : démocratisation du débat sanitaire et démocratisation du colloque singulier (Domin, 2014), en privilégiant des modalités formelles et collectives, scandées par des instances régulières.

Mais au-delà de ces premiers éléments, nous relèverons et exposerons également ce qui s’exprime de manière plus informelle et subjective, pour en faire l’analyse. Des faits discrets – à bas bruit – des modes d’expression plus singuliers qui témoignent de la part des résidents, d’essais de participation plus individuels, spontanés, développés sur des chemins moins balisés et mis au travail de manière plus erratique. Ces éléments disent quelque chose de contributions plus inattendues au projet de démocratie sanitaire, mais aussi de l’attention et de la réception qui sont alors réservés par les professionnels aux apports des résidents.

Cette première séance analysera dès lors comment et dans quelle mesure, tous les acteurs : résidents, professionnels et chercheurs essaient, ensemble de signifier et de valoriser ces modes pluriels de démocratisation en acte, tels qu’ils sont pensés et tels qu’ils agissent en temps ordinaire. A partir de là, nous pourrons ensemble apprécier ce que ces apports plus ou moins institutionnalisés produisent ensemble au bénéfice du fonctionnement, de la participation et de la reconnaissance (Honneth, 2004) des personnes concernées.


2ème séance : le mercredi 8 septembre (14h45 à 17h45)

Comme toutes les institutions et comme tout un chacun, la structure et ses acteurs – résidents comme professionnels – vivent depuis un an au rythme voire sous l’empire des préoccupations sanitaires liées à la pandémie. Des mesures de précaution aux urgences, des préconisations aux directives nationales et régionales provenant des ministères ou de l’ARS, en passant par les choix opérés en interne, l’esprit de responsabilité, la conscience des risques et la nécessité de s’en préserver, ont pour une large part, gouverné et décidé du déroulement de la vie quotidienne, bousculant l’organisation spatiale et temporelle, balayant parfois les fonctionnements ritualisés, amenuisant enfin la volonté d’ouverture de la structure sur son environnement proche. Différentes phases alternant confinement, réouverture ou couvre-feu se sont écoulées, qui ont fortement remanié les modes de vie, les conditions d’échanges et de travail, mais ont aussi réduit l’accès au terrain pour les chercheurs, et donc le compagnonnage vécu jusque-là.

Comment les modalités de participation et les enjeux démocratiques ont-ils été impactés au sein de la structure ? C’est ce que la deuxième séance de ce symposium se proposera de documenter, d’interroger, et enfin de discuter. Préparée par l’étude conjointe de la documentation produite dans la structure, au regard du calendrier national et plus local de la pandémie, et par la réalisation d’entretiens réflexifs et d’explicitation (en cours de recueil), cette séance visera d’abord à dresser un état des lieux de cette période de fortes turbulences en composant à la fois une chronique, à plusieurs voix, de ces mois écoulés, puis en opérant un retour analytique des expériences, des décisions, des mises en ordre et des mises en œuvre. Ce programme permettra notamment de voir comment les choix de maintenir ou de fermer l’accès aux familles ont été élaborés et pris, comment et sur la base de quels processus de discussion les activités ordinaires ont été modulées, modifiées ou suspendues, comment enfin le consentement à la vaccination puis la phase vaccinale ont-ils été préparés puis mis en action ?

Ce faisant, nous essaierons de repérer ce qui a été produit dans le momentum de la crise sanitaire, qui découlerait de celle-ci et de ses contingences, puis nous viserons aussi à distinguer, parmi les réponses et les manières de faire (De Certeau, 1990) les ressources déjà là, en temps ordinaires, et qui ont en quelque sorte été réactivées, ré-agencées en ces temps extraordinaires pour faire face et soutenir l’enjeu de démocratisation. Souvent insus ou insuffisamment conscientisés, souvent ancrés dans des pratiques collectives, des valeurs humanistes et des formes de plasticité organisationnelle et anthropologique (Arnsperger, 2013), elles se dévoilent pourtant à l’étude comme des éléments de robustesse qui permettent à la structure et à ses acteurs de ne pas se résigner, et de penser ensemble le présent et l’avenir.


Bibliographie

Arnsperger, C. (2013) « Postface / Changer d’économie. Expérimentation sociale et plasticité anthropologique », Bruno Frère éd., Résister au quotidien ? Presses de Sciences Po, pp. 257-280.

Arveiller, J. & Tizon, P. (2016). Démocratie sanitaire, qu’est-ce à dire ? Pratiques en santé mentale, 62° année (2), 2-2. doi:10.3917/psm.162.0002.

de Certeau, M. L’invention du quotidien 1. Arts de faire, Paris, UGE, coll. 10×18, 1980.

Domin, J. (2014). De la démocratie sociale à la démocratie sanitaire : une évolution paradigmatique ?. Les Tribunes de la santé, hs 3(5), 21-29. doi:10.3917/seve.hs03.0021

Honneth, A. (2004). La théorie de la reconnaissance: une esquisse. Revue du MAUSS, no 23(1), 133-136. 

Lemoine, M. Ponnou, S. et ali.(2015), Scènes de vie et paroles de résidents à Bourdeilles (24), Recherche-Intervention dans le cadre de la fusion de deux institutions médico-sociales – Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) et Foyer Occupationnel (FO)/Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) ».

Ponnou, S. et Lemoine, M. (2021) De la démocratie sanitaire à la démocratie clinique : le Résident par lui, pour lui, chez lui. Recherche commandée par la structure et co-financée par l’ARS Nouvelle Aquitaine.

Ponnou, S., Lemoine, M., Bartkowiak, N., Fougères, N. & Pala, D. (2018). Récit d’un partenariat institution-université pour produire des connaissances partagées. Le sociographe, 64(4), I-XII. doi:10.3917/graph.064.0122.

Tabuteau, D. (2013). Démocratie sanitaire: les nouveaux défis de la politique de santé. Paris : Odile Jacob.


Notices des participants :

Antoine Agraz est maitre de conférences en sciences de l’éducation à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université de Limoges et membre de l’unité de recherche FrED-Education et Diversité en Espaces francophones (EA 6311).

Ancien éducateur, ses recherches articulent l’étude des dynamiques inclusives et celle des vulnérabilités, par le biais d’observations filmées de pratiques éducatives et formatives en train de se faire, visant par ce type de méthodologie à examiner finement des gestes, les postures, les comportements porteurs de sens en matière d’accessibilité à l’éducation et la formation des publics vulnérables.

Fabien Clouse, Éducateur spécialisé, Formateur en travail social, Doctorant en sciences de l’éducation et de la formation à l’Université de Lille Nord de France, Centre Interuniversitaire de Recherche en Éducation de Lille (CIREL – ÉA 4354).

Ses travaux portent sur la formation en travail social, la clinique en éducation, l’accompagnement des adolescents dans le secteur médico-social.

Maryan Lemoine est maitre de conférences en sciences de l’éducation à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université de Limoges et membre de l’unité de recherche FrED-Education et Diversité en Espaces francophones (EA 6311).

Menées selon des démarches de type ethnographique, ses travaux visent à mettre à jour la singularité, la diversité et la complexité des situations, mais aussi les « manières de faire » des acteurs, qui, au quotidien font face et font avec les publics. Ces démarches proposent notamment d’accompagner les acteurs dans leurs capacités à déconstruire les catégorisations hâtives, mobilisées, comme des « prêt-à-penser » afin d’aider les acteurs à approcher, et apprécier les dynamiques inclusives à l’œuvre, pour recomposer leurs pratiques et les ajuster aux enjeux émergents.

Sébastien Ponnou est psychanalyste et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Rouen Normandie – IUT d’Evreux, Centre Interdisciplinaire de Recherche Normand en Education et Formation (CIRNEF – EA7454), 55 Rue Saint-Germain, 27000 Évreux.

Ses travaux de recherche portent sur les études psychanalytiques (clinique et théorie), les problématiques de santé mentale (notamment TDAH et autisme), ainsi que les pratiques cliniques, les enjeux institutionnels, de formation et de recherche dans le champ médicosocial.

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