Le nageur français Bernard Combet peu après sa contre-performance (1974)
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De Maradona à Zidane, de Jesse Owens à Emil Zatopek, de John McEnroe à Matti Nykänen, toute une constellation de figures historiques du sport, telles des mythologies modernes, nourrissent notre imaginaire social. Autant de portraits – techniciens exemplaires, champions olympiques, vedettes issues des minorités – qui circulent et se (re)construisent dans les espaces ou arènes médiatiques. Toutefois, et bien que ces héros appartiennent à un domaine où l’on magnifie les valeurs cardinales que sont la performance et la réussite, sans parler de son potentiel socialisateur et éducatif, le sport est aussi, et le plus souvent, synonyme d’échec(s). Qu’en est-il en effet des perdants, des surclassés, des anonymes, des vaincus, des déconfits ou des éternels seconds ?

Si les émotions mises en avant dans le sport vont de pair avec la victoire et l’impératif moral de gagner, certains athlètes, victimes du syndrome de l’échec, abandonnent ou lâchent prise volontairement pour ne pas être confrontés à la défaite, en ayant une blessure à un moment stratégique ou en perdant une épreuve qu’ils menaient. De plus, par définition et pour alimenter la dramaturgie sportive, il faut bien qu’il y ait aussi, à côté des gagnants, des « perdants ». Et puis, certaines défaites n’ont-elles pas plus de retentissement que des victoires, construisant ainsi une identité mémorielle et structurante dans le champ sportif et social ? Comment appréhender aujourd’hui les échecs mémorables du coureur Jean Bouin, de l’athlète Michel Jazy, du cycliste Raymond Poulidor ou encore de l’équipe de France de football dans les années 1980 ?

Au-delà de l’échec d’un athlète ou d’une équipe, voire de l’aspect particulier de la performance en compétition, se pose la question de l’échec des organisations sportives. Qu’il s’agisse d’une fédération, d’un club, d’une ville ou d’un événement, les tentatives de diffusion d’une nouvelle pratique, de conquête d’un nouveau marché, de déploiement sur de nouveaux territoires sont nombreuses et pas toujours garantes de succès. Des historiens du sport se sont attachés à étudier ces erreurs de stratégie, ces projets inaboutis, ces pratiques disparues ou oubliées en analysant les causes et en tirant parfois les leçons du passé.

C’est bien à ces questionnements, en contre-point d’un classique héroïsme sportif toujours vanté, que ce colloque organisé dans le cadre des Carrefours d’Histoire du Sport souhaite répondre en priorité.

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