RÉSILIENCE TEMPORELLE


QU'EST QUE LA RÉSILIENCE TEMPORELLE

La durabilité du bois archéologique dépend de nombreux facteurs, notamment de l’essence de bois, de son environnement de conservation et des traitements qui lui ont été appliqués. Dans les conditions normales, le bois archéologique est sujet à la décomposition biologique, à la pourriture, à l’attaque d’insectes et à d’autres formes de dégradation. Cependant, dans certains cas, le bois peut être préservé pendant de longues périodes en raison de conditions environnementales particulières. Par exemple, le bois immergé dans des environnements anaérobies (sans oxygène) comme les marais, les tourbières ou les fonds marins peut être préservé pendant des siècles voire des millénaires.cLorsque le bois archéologique est récupéré, il est généralement très dégradé et fragile. Pour le préserver, différentes techniques peuvent être utilisées :

  • Consolidation : Des agents de consolidation tels que des résines ou des polymères peuvent être utilisés pour renforcer la structure du bois et éviter qu’il ne se désagrège davantage.
  • Désalinisation : Si le bois a été exposé à des milieux salins, il est important de le désaliniser pour éviter les dommages supplémentaires causés par les sels.
  • Stabilisation chimique : Certains traitements chimiques peuvent être appliqués pour arrêter les processus de décomposition et protéger le bois contre les attaques d’insectes et de champignons.
  • Contrôle de l’environnement : Les conditions environnementales, telles que la température, l’humidité et la lumière, doivent être soigneusement contrôlées dans les espaces de conservation pour préserver le bois archéologique. Des mesures telles que la stabilisation de l’humidité relative et la protection contre les rayons UV peuvent être mises en place.

Il est important de noter que la durabilité du bois archéologique peut varier considérablement en fonction de son état initial, de sa composition chimique et des méthodes de conservation utilisées. La recherche continue dans le domaine de la conservation permet de développer de nouvelles techniques pour préserver le bois archéologique de manière durable.

François BLONDEL

Le bois archéologique face au réchauffement climatique : une durabilité mise à l’épreuve

Les bois archéologiques, et principalement ceux gorgés d’eau, sont fragiles en raison des conditions spécifiques et particulières à leur conservation. Face au réchauffement climatique, quels risques encourent ces vestiges ? Ne sont-ils pas voués à se dégrader et à disparaître au fur et à mesure que le niveau des nappes phréatiques, des cours d’eau, des zones humides se trouve directement impacté par la hausse des températures et la succession des stress hydriques saison après saison.

La durabilité des matériaux ligneux en contexte archéologique n’a jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui. Depuis la découverte des sites palafittiques, comme le site de La Tène par exemple, les archéologues, les spécialistes des bois, les restaurateurs n’ont eu de cesse de développer de nouvelles techniques pour étendre les analyses, riches d’informations, et pour améliorer la conservation de ce matériau archéologique périssable. Qu’en est-il aujourd’hui ? À partir d’exemples de découvertes de bois, cette présentation exposera l’impact des risques et des conséquences du réchauffement climatique sur les bois gorgés d’eau, notamment à partir de l’exemple du puits, qui constituent l’une des structures les plus sensibles face à ces bouleversements.

Christophe CORONA

Les bois archéologiques : des archives climatiques à haute résolution spatiotemporelle, insuffisamment exploitées

Les cernes de croissance des arbres constituent l’ossature de la majorité des reconstructions climatiques à haute résolution développées en Europe. Des reconstructions plurimillénaires de température existent ainsi dans le nord de la Scandinavie, ainsi que dans l’arc alpin, dans les Pyrénées ou les Tatras. Les chronologies composites scandinaves se basent sur des conifères vivants, ayant poussé au cours des derniers siècles, et utilisent des bois morts et subfossiles pour des périodes plus anciennes. Les reconstructions alpines reposent principalement sur des conifères vivants à haute altitude ou piégés dans les glaces.

Alors que ces quelques chronologies composites suffisent pour saisir la variabilité spatiale des températures en Europe, de multiples enregistrements sont nécessaires pour mettre en évidence la variabilité hydroclimatique du continent. Pourtant, jusqu’à présent, seules quelques reconstructions plurimillénaires ont été publiées en Finlande, au sud de l’Angleterre et en Europe centrale.

Les centaines de milliers d’échantillons analysés et datés dans le cadre d’études de bâti ou découverts lors de fouilles sédimentaires ou subaquatiques à travers l’Europe ont le potentiel de pallier cette lacune. Cependant, ce potentiel reste largement sous-exploité en raison de plusieurs contraintes inhérentes à l’utilisation des bois archéologiques en dendroclimatologie. En prenant pour point de départ les bois de construction échantillonnés dans le cadre du programme PCR « du bois pour Limoges », cette présentation exposera les spécificités à prendre en compte et les obstacles à surmonter pour affiner la reconstruction de la variabilité hydroclimatique en Europe à partir des bois archéologiques.