Recherches autour de la première pièce de théâtre connue donnée à Bazoges-en-Pareds

Alain Rouhaud

Texte

Dans ses Mémoires1 le chanoine de la cathédrale de Luçon Joseph Thibaud raconte ses premières expériences d’imprimerie à la cure de Bazoges-en-Pareds où il fut vicaire de janvier 1889 à fin décembre 1893. A l’occasion d’une distribution des prix à l’école Saint-Joseph2, le dimanche 9 août 1891, on donna un vaudeville en un acte : Le dîner de Pantalon.

Le site http://www.théâtre-documentation.com/ présente cette comédie en un acte, mêlée de couplets, écrite par Marc-Antoine Désaugiers et éditée en 1861. Le livret est consultable sur le site en pdf.

image

Page 11 de ses Mémoires, Joseph Thibaud reproduit le programme de la séance : ouverture par la fanfare, présentation de la pièce comique, air de musique, distribution des prix aux enfants de la petite classe, chansonnette comique avec parlé, distribution aux enfants de la grande classe, naïveté comique (qu’on appellerait sans doute aujourd’hui saynète ou sketch) et final en fanfare. Le vicaire a placé dans son programme imprimé probablement pour être distribué, la distribution des personnages de la pièce et nous trouvons quatre noms de Bazogeais de l’époque : Ernest COUPEY alias COUPET, Joseph BAUDRY, Alphonse SURGET et Jules FONTENEAU.

Ces mentions, uniques pour cette époque à Bazoges, sont suffisamment rares pour qu’on commence une enquête. A l’aide du recoupement de diverses sources, on peut retrouver ces personnes, les identifier et comprendre que le théâtre à Bazoges à la fin du XIXe siècle n’était pas qu’une affaire d’école. Les listes nominatives ou recensements de population, l’état-civil et les registres militaires sont les documents mis en ligne par les services des Archives départementales de la Vendée qui vont nous servir à en établir les preuves.

Ainsi, on apprend que trois des acteurs nommés dans le programme de la pièce de 1891 sont issus de familles bazogeaises.

Il s’agit d’abord de Jules Baptiste Ernest Fonteneau, 21 ans en 1891. Ce jeune sabotier vivait alors avec ses parents et son frère dans le bourg de Bazoges-en-Pareds3. Il y était né le 13 octobre1868 et il y épousa le 04 juillet 1899 Marie Louise Thérèse Bouju4.

On trouve ensuite Jacques Joseph Alphonse Surget, âgé de 21 ans en 1891. Cultivateur dans le bourg de Bazoges, il y vit avec ses parents et ses grands-parents maternels François Annereau, 71 ans et Victoire Artarit5. Il était né à Bazoges le 07 janvier 18706.

Jacques Marie Joseph Baudry, 18 ans en 1891, était alors cordonnier avec son père et sa mère dans le bourg de Bazoges7. Né le 11 juillet 1872 à Bazoges8, il y épousa le 09 mai 1900 Louise Marie Angèle Chevallereau9. Une partie de sa descendance vit toujours à Bazoges et dans les environs10.

Le plus jeune des quatre acteurs n’est quant à lui pas bazogeais. Alexandre Clément Ernest Coupey alias Coupet avait 16 ans en 1891 et il était alors commis marchand épicier chez Henri Perrin, marchand épicier au bourg de Bazoges11. Fils de cultivateurs, il était né le 02 mai 1874 au Puybelliard12. On sait qu’il a résidé à Saint-Mars-des-Prés, commune limitrophe de celle de Bazoges et qu’il était cultivateur au Puybelliard en 1898 au moment de son mariage avec une Bazogeaise Marie Louise Philomène Poirier13.

Ces quatre jeunes avaient donc entre 16 et 22 ans et étaient en activité professionnelle lors de leur passage sur les planches à Bazoges à l’occasion de la fête scolaire de l’école Saint-Joseph. Ils avaient probablement été scolarisés là et, domiciliés dans le bourg, ils avaient été recrutés par le jeune vicaire dynamique qu’était alors Joseph Thibaud.

Alain Rouhaud, le 13.09.2020