Youssef Boughlem – Directeur de l’AVRUL

"Nous sommes présents sur toute la chaîne de valorisation ce qui est assez rare en France"
L’AVRUL (Agence pour la Valorisation de la Recherche en Limousin) a été créée par l’Université de Limoges et l’ex Région Limousin il y a 10 ans, afin de transférer au monde socio-économique, les résultats issus de la recherche publique, dans une logique de développement économique.
Rencontre avec Youssef Boughlem, Directeur de l’AVRUL depuis 2016

Quelles sont les missions de l’AVRUL ?

L’AVRUL développe des services pour les enseignant.e.s-chercheur.e.s/ chercheur.e.s de l’Université de Limoges et les entreprises. Elle les accompagne dans toutes les étapes de leurs projets de collaboration de recherche, de transferts technologiques ou de création d’entreprises.
Nous sommes présents sur toute la chaîne de valorisation ce qui est assez rare en France :
  • la détection de projets innovants dans les laboratoires
  • l’identification de partenaires et la gestion des projets collaboratifs (entreprises – université)
  • la maturation de projets innovants
  • l’accompagnement de projets
  • les fonctions supports : juridique, gestion administrative et financière des contrats entre laboratoires et entreprises…

L’Université de Limoges se classe 2ème nationale en ce qui concerne les contrats de recherche signés avec un industriel. Comment montez-vous ces contrats ?

L’Université de Limoges a une longue tradition de travail avec le monde des entreprises. Nous avons neuf laboratoires communs avec de grands groupes ou des PME ce qui pour une université de notre taille est remarquable. Nous gérons le montage de projet de recherche conjoint entre le laboratoire et l’industriel. Nous définissons ensemble un programme de travail et nous construisons une collaboration (volume financier, répartition des droits, etc). Nous sommes là pour fluidifier la relation, négocier au mieux pour le laboratoire et donc pour l’Université de Limoges les conditions de ce partenariat (conditions financières, confidentialité, publications). Nous suivons le dossier de manière à nous assurer que les résultats seront utilisés au mieux par l’industriel mais également par l’université, peut-être dans d’autres thématiques, qui peuvent présenter un intérêt pour le territoire.
Par exemple, suite à une collaboration avec l’entreprise CILAS, des céramiques transparentes appliquées au domaine militaire ont été mises au point. Ce type de céramique a pu être utilisé dans la joaillerie par la start-up Luxéram.

Nous sommes également 2ème pour le nombre de contrats d’exploitation de Propriété Industrielle signés et 5ème rang pour le nombre de brevets délivrés.

Une fois que la recherche a abouti, il faut protéger les résultats. Nous intervenons donc sur la gestion du portefeuille de propriété intellectuelle, principalement des brevets. Nous gérons une centaine de famille de brevets, ce qui est énorme. Sur un périmètre couvrant Orléans, Tours, Poitiers, Limoges, Clermont-Ferrand, le poids de l’Université de Limoges en termes de brevet, représente un tiers du total. Si on ramène ce chiffre à la taille de notre établissement, on comprendra facilement que l’on a une recherche qui est fortement tournée vers le monde industriel.

Ensuite, on va chercher à transférer la technologie mise au point soit vers une entreprise qui existe déjà (80% de nos partenaires sont limousins) ou vers de grands groupes (Thalès, CILAS, Air Liquide, etc), soit vers une start-up via notre incubateur en détectant des porteurs ou porteuses de projet. Notre incubateur a une reconnaissance internationale puisqu’il s’est classé 10 ème au niveau européen, sur plus de 300 incubateurs universitaires (enquête UBI index 2014). Dans le cadre de l’incubation le porteur ou la porteuse va bénéficier de locaux, de formations, de mise en réseaux.

En 2016, 12 start-up ont été créées sur le territoire. Cette même année, dans la catégorie reine des concours de BPI France (« création-développement »), deux entreprises issues de l’incubateur de l’AVRUL ont été primées, pour un total de trois dans l’ensemble de la Région Nouvelle- Aquitaine.

Depuis la création de l’Incubateur en 2000, 74 entreprises ont été créées. Elles ont généré 258 emplois directs cumulés (profil : ingénieur.e.s et docteur.e.s à plus de 80%). Le taux de survie des entreprises sorties de l’Incubateur est de 100% à 3 ans et 82% à 5 ans (50% des entreprises créées disparaissent avant d’atteindre la 6ème année d’existence – source : 1001 startups chiffres 2015 et Maddyness).
Nous bénéficions d’un écosystème favorable avec les pôles de compétitivité, les centres de transfert, les CCI, l’ADI (Agence de Développement et d’Innovation de la Nouvelle-Aquitaine), des grands groupes et des PME. Nous avons su structurer les échanges très tôt et partager le même intérêt : générer de l’activité économique sur le territoire, d’où ces bons résultats.

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