Delia Arnaud-Cormos nommée membre junior de l’IUF

Une reconnaissance de ses activités de recherche et de son rayonnement international

Delia Arnaud-Cormos, maître de conférences à l’Université de Limoges, chercheuse à l’Institut XLIM dans l’équipe BioEM et enseignante à l’ENSIL-ENSCI, est nommée membre junior de l’IUF (Institut Universitaire de France) pour une durée de cinq ans à compter du 1er octobre 2018.

Elle fait partie des 70 enseignant.e.s-chercheur.e.s de moins de 40 ans sélectionné.e.s au titre de l’année 2018 pour leur rayonnement scientifique national et international, leur capacité de direction scientifique, leur mobilité géographique et la cohérence et le caractère novateur de leur projet de recherche. Sa candidature a bénéficié de deux recommandations de personnalités scientifiques, dont au moins une exerçant son activité à l’étranger.

L’IUF a pour mission de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l’interdisciplinarité en poursuivant trois objectifs : encourager les établissements et les enseignant.e.s-chercheur.e.s à l’excellence en matière de recherche, avec les conséquences positives que l’on peut en attendre sur l’enseignement, la formation des jeunes chercheur.e.s et plus généralement la diffusion des savoirs, contribuer à la féminisation du secteur de la recherche ; contribuer à une répartition équilibrée de la recherche universitaire dans le pays, et donc à une politique de maillage scientifique du territoire.

Ça fait quoi de devenir membre junior de l’IUF ?

Tout d’abord, la sélection à l’IUF est très rigoureuse, c’est un grand honneur pour moi d’avoir obtenu cette nomination qui me permet d’avoir une position prestigieuse au sein de cet organisme. C’est aussi une grande réalisation professionnelle, car c’est une reconnaissance de mes activités de recherche, de mes publications et de mon rayonnement international grâce à mes collaborations et mes mobilités – j’ai publié plus de 40 articles scientifiques.

Pourquoi avoir candidaté à l’IUF ?

Je souhaitais aller encore plus loin dans mes activités, cette position me permettra de libérer du temps et de développer mon projet de recherche. La recherche, ce n’est jamais fini, plus on en fait, plus on a besoin et envie d’en faire.

Sur quoi portent vos recherches ?

J’étudie l’interaction des ondes électromagnétiques sur les organismes vivants, et plus précisément, le développement de systèmes et d’instrumentations dédiés à l’étude de l’impact de champs électriques particuliers appelés nano-pulses sur des cellules biologiques. Les nano-pulses sont des champs électriques de très courte durée (nanosecondes) et de très forte amplitude (megavolt par mètre). Pour comparaison, un téléphone portable génère des champs du l’ordre du volt par mètre !

Quel est leur caractère novateur ?

Dans les années 80, il a été montré que les cellules réagissaient de manière particulière aux champs électriques, et permettaient une perméabilisation de la membrane de la cellule. Cette technique, appelée électroperméabilisation ou électroporation est utilisée pour l’électrochimiothérapie, qui est une combinaison de l’application de ces champs électriques pulsés de durées microsecondes et intensités de l’ordre de la centaine de kV/m avec l’insertion de médicaments antitumoraux. L’application de ces pulses permet de modifier la membrane plasmique en créant des voies d’entrée pour les médicaments, méthode particulièrement utilisée dans le traitement des cancers type mélanomes.

Cependant, avec ces pulses classiques, la membrane de la cellule se comporte comme une barrière limitant l’intensité, contrairement aux nanopulses qui atteignent également l’intérieur de la cellule. Avec les nanopulses, nous espérons, à terme, qu’ils permettront l’utilisation de l’électrothérapie, dispenseront d’injections de médicaments antitumoraux et entraineront moins d’effets secondaires chez les patient.e.s.

A XLIM, l’association de l’électronique et de l’optique présente une technique originale qui permet de générer des impulsions de quelques nanosecondes. Le cœur de mes recherches porte donc sur le développement de systèmes pour générer et appliquer des nanopulses. A moyen terme, l’idée est d’aller vers des pulses encore plus courts, de durées picosecondes, afin d’en étudier les effets.

Je développe aussi des systèmes d’exposition ou applicateurs qui permettent d’étudier sous microscope les effets des nanopulses sur les cellules. Dans ce domaine, nous sommes reconnus au niveau international pour notre savoir-faire.

Quelles en sont les applications ?

Mes recherches sont pluridisciplinaires, avec des interactions entre l’ingénierie, la biologie et la médecine. Nous avons essentiellement étudié les effets « in vitro » sur des cellules biologiques. Avec nos collègues médecins, nous nous orientons à présent vers l’exploration des effets « in vivo » sur le petit animal et vers les applications cliniques. Les applications potentielles à long terme sont le traitement du cancer du cerveau, du pancréas et du péritoine, mais aussi des applications sur les maladies neurodégénératives comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.

Quel sera votre statut à l’IUF? Quelles sont les missions liées à cette nomination ?

Je suis placée en position de délégation pendant 5 ans tout en restant à Limoges. Je suis déchargée des 2/3 de mes enseignements et je bénéficie de crédits spécifiques pour développer mes recherches – soit 15 k€ par an. J’ai aussi accès aux évènements spécifiques organisés par l’IUF.

Je pourrai donc me consacrer davantage à mon projet de recherche, avec dans l’idée, l’obtention de résultats suffisamment originaux pour permettre le dépôt d’une ERC*. Il faut donc déjà penser à l’après IUF !

Je souhaite aussi promouvoir l’IUF auprès de mes collègues. J’ai envie de leur donner envie de postuler, surtout aux femmes, afin de promouvoir la parité dans mon domaine scientifique. Il faut vraiment oser !

Comment envisagez-vous vos liens avec XLIM et votre équipe sur les 5 années à venir ?

Je ne doute pas que cette délégation sera profitable à mon équipe et à mon institut. Je prévois également de faire quelques courts séjours aux USA et en Europe afin de renforcer les collaborations à l’international, qui j’espère, aboutiront sur des publications.


* ERC : Bouses individuelles « European Research Council » développées par l’UE et dédiées à la recherche exploratoire, dont l’unique critère de sélection est l’excellence scientifique.