Glossaire

Ce glossaire a pour objectif d’expliciter les termes les plus courants du domaine des cartes anciennes. Il regroupe donc à la fois le vocabulaire descriptif de ce genre de document, celui de leur fabrication et des outils employés par les cartographes de l’époque. Par contre, il ne couvrira pas le vocabulaire des cartes actuelles (GPS, courbes de niveau, SIG par exemple), ni celui des notions historiques associées aux cartes (évêché, sénéchaussée…).


Alidade

L’alidade (de l’arabe al-idhâdah, « réglette ») est une règle orientable, qui comporte à chaque extrémité un petit repère vertical, appelé « pinnule ». Attesté avant le XVIIe siècle, il est principalement utilisé pour mesurer des angles. On place l’alidade sur une planche à dessin montée sur trépied. L’alidade pivote alors sur cercle gradué afin de mesurer l’angle entre deux points en les visant successivement à travers les pinnules et en lisant le résultat sur le cercle gradué.

Alidade

Arpentage

C’est l’action de mesurer la superficie des terres (longueur, largeur, angle) à l’aide des outils de l’arpenteur (chaîne d’arpenteur, compas, perche, toise…). Son nom provient de « l’arpent », qui est une ancienne mesure de surface, divisée en 100 perches ou 30 toises carrées et variant suivant les localités.

Extrait du Plan de la ville et faubourgs de Reims par Villain, 1754, Archives départementales de la Marne 2G148, XVIe au XVIIe, © Archives départementales de la Marne

Atlas

Il s’agit d’un recueil de cartes géographiques. Ils existent depuis le XVe siècle mais les premières collections de cartes sont publiées sous d’autres noms. Par exemple Le Théatre du monde d’Ortélius en 1570. Le terme n’apparaît qu’avec l’ouvrage de Mercator à partir de 1569, se fondant sur le nom du géant légendaire portant le monde sur ses épaules. Au XVIIe siècle, il désigne « un livre de géographie universelle qui contient toutes les cartes du monde ». Au XVIIIe siècle, « atlas » ne s’applique plus qu’à des recueils de cartes particulières, comme « Atlas de France ».

Cadastre

Le cadastre français découle de la loi du 15 septembre 1807 qui impose sa réalisation voulu par Napoléon : « Le géomètre, dans ses divers rapports avec les propriétaires, doit leur développer les avantages que procure le cadastre, d’abord en assurant l’égalité de la répartition de la contribution foncière, et la fixité de l’allivrement qui fera la base de leur cotisation; ensuite, en déterminant les limites de leurs propriétés, de manière à prévenir les contestations et les procès qui se renouvelaient sans cesse. » (Article 167, Recueil méthodique des lois et décrets sur le cadastre de la France, 1811). Il s’agit de l’inventaire des parcelles de chaque territoire communal, de leur valeur fiscale et de leur répartition entre les propriétaires fonciers et est établi à partir de 1809.

Carte

C’est une représentation de l’espace géographique. Elle se différencie du plan par son échelle qui est plus petite (le document est donc moins précis).

Cartographie

C’est l’action de réaliser des cartes géographiques avec souvent, pour l’époque moderne, un souci artistique.

Cartouche

Le cartouche est la partie de la carte ou du plan où sont inscrites les informations permettant d’identifier le document : titre, auteur, graveur, lieu, date d’édition, échelle, légendes… Tout comme la carte, son aspect esthétique est également très présent à l’époque moderne : c’est le l’emplacement où le graveur peut exprimer son talent.

Extrait de la Carte des gouvernements de Guyenne, Gascogne, Aunis, Saintonge… par N. de Fer, 1711 , ADHV 1 Fi 1303, © ADHV

Chaîne d’arpenteur

Une chaîne d’arpenteur est un instrument de mesure destiné aux travaux d’arpentage réalisés par un géomètre. Pendant longtemps, elles n’étaient constituées que de maillons métalliques de longueur définie attachés les uns aux autres. La mesure donnée est peu précise, mais permet une estimation rapide d’une distance.

Compas d’arpentage

Cet instrument se compose de deux branches d’un mètre cinquante environ ; leur écartement quand le compas est ouvert, est d’environ 2 mètres (6 pieds). On faisait pivoter alternativement le compas sur chacune de ses branches le long de la ligne à mesurer. Avec ce système, un homme pouvait arpenter seul.

Cosmographie

C’est la science de la description de l’univers. Au Moyen Âge, sons sens est plus large puisqu’il englobe la géologie, la géographie et l’astronomie. Au XVIe siècle, ce terme désigne la description de la Terre puis au XVIIe siècle il s’élargit au monde (ciel et terre).

Cuvette

Trace en creux sur le papier due à l’impression par plaque de gravure.

Echelle

Une échelle est le rapport entre la mesure d’un objet réel (distance sur le terrain) et la mesure de sa représentation sur la carte ou le plan. Par exemple : si une carte possède une échelle de 1:5 000e, cela signifie qu’un centimètre sur la carte représente 5 000 centimètres (50 mètres) sur le terrain.

Extrait de la carte du Limousin par Fayen, 1638, ADHV 1 Fi 209, © ADHV

Géomètre, arpenteur

L’arpenteur est celui qui pratique l’arpentage (étymologiquement, mesure un espace en arpents) et qui s’appellerait aujourd’hui géomètre. Les outils les plus anciens qui ont été utilisés sont la perche (pièce de bois de faible section, souvent de 18, 20 ou 22 pieds, soit environ 6 mètres), la toise (règle de 6 pieds soit environ 2 mètres), le compas de grande taille et la chaîne d’arpenteur. Les termes perche, toise, chaîne désignent à la fois l’outil lui-même et la mesure donnée par cet outil.

Ingénieur-géographe

Il s’agit de topographes chargés de dresser des cartes, à l’origine pour l’armée française. Le terme apparaît en 1696 avec la création du corps des ingénieurs-militaires. Les réalisateurs de la carte Cassini font partie de ce corps.

Enluminure

A l’époque moderne les cartes, et surtout celles de l’école de l’édition cartographique flamande (du XVIe au XVIIe siècle) possèdent un aspect esthétique fort. De ce fait, elles sont souvent enluminées. L’enluminure reste discrète dans les atlas français jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, se bornant à un rôle informatif (soulignement des divisions politiques et administratives, contours de littoral, forêts en vert…). Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’édition cartographique française connaît un essor avec la production d’atlas et un renouveau de l’enluminure, avec des éditeurs comme Dezauche ou Desnos. Les cartes étaient souvent enluminées : on appliquait au pinceau sur l’estampe des couleurs en détrempe avec de la gomme. Cette peinture était souvent faite par les femmes, travaillant à domicile, payées à la pièce. Des hommes également exerçaient ce travail, qui était un véritable métier mais peu considéré, même si des artistes de renom réalisaient parfois des enluminures, par exemple Abraham Ortélius et le peintre Marcus Gheeraerts. L’enluminure des cartes se fait selon trois méthodes : par teintes plates, teintes fondues ou par trait simple. Par teintes plates, le coloriste couvre toute la surface d’un évêché par des couleurs pures et légères ; c’est la manière des éditeurs de Hollande. Par teintes fondues, l’enlumineur pose avec un premier pinceau un trait de couleur, adouci ou affaibli avec un autre pinceau chargé d’eau pure. Le coloris en trait simple consiste à appliquer des couleurs le long des points gravés indiquant les différentes juridictions. Le rôle de l’enluminure a une double fonction, esthétique avec les décors, et de distinction des limites de territoires, des éléments de paysages, des contours de littoral… Les couleurs qui sont attribuées à ces éléments doivent être « aussi proches que possible de la vie ». (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne).

Estampe

Image sur papier ou vélin obtenue par l’impression d’une plaque de cuivre ou de bois gravée en taille douce et imprégnée d’encre spéciale (Source : CNRTL).

Estompage

Méthode employée pour souligner les formes de relief (bâtiments par exemple) et leur perception : l’ombre est représentée comme si le terrain était éclairé par un soleil

Graveur

Personne qui réalise le support gravé qui servira à l’impression de la carte. Cette personne peut être différente du dessinateur ou du topographe qui lève la carte. Dans ce cas, son travail est de reproduire un dessin. Pour certains documents, plusieurs graveurs sont nécessaire : celui qui réalise le dessin en tant que tel et celui qui réalise les écritures. Parfois, des graveurs différents sont même utilisés pour les cours d’eau et les reliefs.

Gravure

La gravure désigne l’ensemble des techniques d’impression d’images produites en plusieurs exemplaires à partir de divers supports : bois (ou xylographie), métal (le plus souvent du cuivre) ou pierre. Réalisé à la main, le support est ensuite encré puis passé sous presse. Le résultat (sur papier essentiellement, mais également sur d’autres supports) est appelé « estampe ».

A la fin du XIVe siècle, la xylographie, appelée aussi « gravure sur bois », se développe en Europe. Dans cette gravure en relief, le graveur creuse autour du motif destiné à être imprimé sur un bloc de bois à l’aide d’outil comme un gouge (ciseaux à bois). Le dessin apparaît ensuite en relief sur le support de bois. Le bois est alors encré et passe à la presse pour être imprimé en plusieurs exemplaires. Cette technique permet une diffusion de la « Géographie » de Ptolémée.

Dans le cadre de la gravure sur métal, le graveur creuse la plaque métallique et verse l’encre dans les creux ainsi formés. Cette technique est appelée « gravure en creux » ou « en taille douce ». Au XVIIe siècle, la technique couramment employée est la gravure sur cuivre, permettant de faire apparaître les détails de la topographie. Le graveur utilise un burin (outil de gravure), ou, de plus en plus, de l’eau-forte (acide), éventuellement couplée d’une pointe sèche. Les procédés de gravure sont ainsi soit directs – le graveur attaque directement le métal à l’aide de différents outils (burin, pointe sèche) -, soit indirects – le graveur après avoir dessiné à la pointe le motif arrose la plaque de métal d’acide. Le choix du cuivre est extrêmement important pour la qualité d’une gravure et sa durée. Le cuivre rouge est meilleur pour la gravure et adhère mieux au burin. Au XVIIe siècle, les grands fournisseurs de cuivre pour la gravure sont les Tardieu, chaudronniers-planeurs. Le papier a également une grande importance dans le tirage des cartes. On use habituellement de papier velin et de papier ordinaire. L’impression est de meilleure qualité sur papier un peu épais, collé se prêtant mieux à l’enluminure. (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne).

Lavis

Procédé de coloriage consistant à teinter un dessin par applications légères et transparentes d’encre de Chine, de sépia, de bistre ou de couleurs étendues d’eau, exécutées en aplat et pouvant être superposées (Source : Littré).

Levée topographique

Opérations qui consistent à recueillir sur le terrain les données (distance, angles…) nécessaires à la réalisation d’une carte. Les documents qui conservent ces informations (textes, opérations de calculs, schémas…) sont les minutes d’une carte.

Lithographie

Technique d’impression inventée par Aloys Senefelder en 1796, qui consiste à utiliser un dessin sur pierre comme support. Cette technique permet donc de se passer de l’étape de la gravure du support en ne conservant que celle du dessin : le lithographe dessine directement sur la pierre à l’aide d’un crayon ou d’une craie grasse ; la pierre est ensuite encrée, l’encre n’adhérant que sur le trait, puis est placée sous la presse lithographique. La pierre peut être réutilisée après l’impression grâce à un polissage.

Mappemonde

Représentation du globe terrestre en 2D ou en 3D.

Minute

Document original, réalisé par levé direct sur le terrain en vue de l’établissement d’une carte (Source : CNRTL).

Niveau de chantier

Instrument topographique permettant de mesurer des hauteurs ou des différences d’altitudes.

Nord géographique

C’est la direction du méridien d’un point vers le pôle nord. Contrairement au nord magnétique (indiqué par la boussole) qui varie dans le temps, le nord géographique est fixe par convention.

Nord magnétique

C’est la direction de la pointe de l’aiguille aimantée de la boussole, c’est à dire du champ magnétique terrestre du moment et du lieu. Il peut varier dans le temps.

Orientation

Actuellement, les cartes sont par convention orientées au Nord. Cependant, ce n’est pas le cas pour les cartes anciennes,  d’où l’importance de la présence de la rose des vents.

Plan

Le plan a une échelle plus grande que les cartes (c’est-à-dire que le document est plus précis).

Plan cavalier

Appelé aussi perspective cavalière ou vue cavalière, il s’agit d’un type de représentions né au début du XVIe siècle afin d’obtenir un portait des villes. L’espace est alors dessiné selon l’angle visuel d’un observateur placé en un point élevé.

Plan de Strasbourg par Braun, 1575, BNUS MCARTE10584, © BNUS

Portulan

Document mis au point par les navigateurs, surtout génois et vénitiens, des XIIIe – XIVe siècles, contenant la description des ports de mer et des côtes, ainsi que tous renseignements utiles à la navigation et à l’accès de ces ports, et pouvant être accompagné d’une carte (Source : CNRTL).

Carte nautique de la partie nord-est de l’Océan Atlantique, de la mer Méditerranée et de la mer Noire, 1511, BNF GE B 2126 (RES), © BnF

Pourtrait

Appelé aussi portrait ou profil, il s’agit de la représentation en élévation d’une ville. Ce genre s’épanouit essentiellement au XVIe et au XVIIe siècles.

Pourtrait de Limoges XVIIIe siècle, ADHV 1 Fi 953, ©ADHV

Profil

Il s’agit d’une vue de côté ou d’une coupe. Elle permet de faire connaître les hauteurs relatives.

Extrait du plan et profil d’une partie du faubourg Saint-Martial de Limoges, Ponts-et-Chaussées, XVIIIe siècle, ADHV C674, © Catherine Xandry

Retombe

Feuille collée par sa lisière sur une partie d’un dessin d’architecture et portant un projet de transformation ou une variante (Source : Larousse)

  

Extrait du plan de la route de Limoges à Boisseuil, Ponts-et-Chaussées, 1777 , ADHV C755/plans, © Catherine Xandry

Rose des vents

La rose des vents est une figure évoquant une fleur indiquant les points cardinaux et les directions intermédiaires comprenant de 4 à 32 directions. Utilisée par les Phéniciens dès l’Antiquité, elle indique à l’origine la direction des quatre puis des huit vents principaux. Son tracé, les lettres ainsi que les symboles indiquant les directions sont variables. Influencé à la Renaissance par les marins italiens, elle porte les lettres correspondant aux vents italiens. Le Nord qui porte la lettre T pour « Tramontana » est généralement surmonté d’un fer de lance. Ce symbole évolue ensuite et devient une fleur de lys. La croix de Malte figure l’Est ou la direction de Jérusalem pour les Européens. Sur les cartes anciennes, on rencontre pour les points cardinaux des synonymes qui sont peu usités aujourd’hui. Souvent abrégés, par une seule ou quelques lettres, ils sont parfois difficilement compréhensibles. Les principaux termes rencontrés sont, pour le Nord : septentrion, tramontane ; pour le Sud : midi, méridional ; pour l’Est : aurore, levant, orient ; pour l’Ouest couchant, occident, ponant. (Sources : Quatre siècles de cartographie en Auvergne)

Rose des vents sur le plan de Limoges dédié aux Trésoriers de France, Jouvin de Rochefort, XVIIe siècle (Source : BFM), © Catherine Xandry

Scripteur

Graveur spécialisé dans les écritures.

Sextant

Un usage courant du sextant est de relever la hauteur angulaire du soleil à midi, ce qui donne la latitude du point de l’observateur. La spécificité du sextant par rapport à l’astrolabe est que les deux directions dont on veut mesurer l’angle sont observées en même temps, rendant la mesure à peu près indépendante des mouvements du navire. Le sextant se tient à hauteur des yeux (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne)

Sextant (source et © : Joaquim Alves Gaspar [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html), CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/) ou CC BY 2.5 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.5)], via Wikimedia Commons)

Tableau d’assemblage

Le tableau d’assemblage est un quadrillage superposé à une zone géographique. Chaque « rectangle » correspond à une carte (appelée feuille). Ces feuilles possèdent la même échelle et les mêmes caractéristiques visuelles que leurs voisines. L’ensemble est réuni sous un titre (appelé carte). (Source : cartothèque de Paris 8).

Tachéomètre

Instrument topographique de mesure d’angles (horizontaux et verticaux) et de distances. Un tachéomètre qui enregistre les données de terrain est une station totale.

Terrier

En droit foncier, un terrier est un registre où sont consignés l’étendue et les revenus des terres, les limites et les droits d’un ou de plusieurs fiefs appartenant à un seigneur. Certains de ces registres contiennent des cartes ou plans.

Théodolite

Le théodolite fut inventé en 1571 par l’Anglais Thomas Digges. Son nom viendrait du grec thea (action de regarder) et d’odelos (circonférence). Le théodolite est un instrument de visée servant à mesurer les angles verticaux et horizontaux. Il est composé d’une lunette montée sur une fourche lui permettant de tourner autour d’un axe horizontal. Il est essentiel lors d’un levé du territoire (levé topographique). Il est utilisé pour réaliser les mesures d’une triangulation (mesure des angles d’un triangle). (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne)

Extrait de la carte de la généralité de Limoges, Cornuau, 1781, ADHV C 5, © ADHV

Topographie

Science qui consiste à mesurer et à représenter les formes et détails visibles sur le terrain. Elle est proche de la géodésie et s’intéresse aux mêmes quantités, mais à une échelle plus réduite (c’est-à-dire de plus près : continent, pays, un champ…) ; elle se différencie également de la cartographie qui est l’art d’établir, de dessiner les cartes, avec souvent un souci artistique. Le mot vient du grec topos (lieu) et graphein (dessiner, écrire). (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne)

Triangulation

La triangulation est une méthode permettant de calculer les distances sur un territoire à l’aide d’un triangle imaginaire. On mesure la position d’un point en mesurant les angles entre ce point et d’autres points de référence dont la position est connue. (Source : Quatre siècles de cartographie en Auvergne)