Des Araignées en Limousin 2ème Partie Spiders in the Limousin region (2nd part)

Marcel CRUVEILLIER

https://doi.org/10.25965/asl.880

On a pu lire dans la première partie de ce document1 comment ce long travail d’inventaire a débuté et comment, peu à peu, grâce à la participation de naturalistes qui m’ont apporté leur concours, et qui sont cités plus loin, nous sommes parvenus à un degré appréciable dans la connaissance de la présence et de la répartition des araignées en Limousin. L’ensemble des espèces d’araignées répertoriées dans notre région à la date du 31/12/2013 a fait l’objet d’une série de publications successives où elles ont été présentées par famille et par ordre alphabétique. Ce travail est ici repris, incluant les nouveautés jusqu’au 31/12/2014.

Pour la majorité des espèces on pourra lire un commentaire de quelques lignes sur leurs mœurs et leur répartition connue dans les trois départements de notre Région ainsi que la mention des auteurs des citations les concernant, et, pour certaines, quelques indications seront ajoutées sur leur aspect, leur taille, leur phénologie ou, plus rarement, leurs relations avec l’homme.

The first part of the present document showed how this extensive inventory work has begun and how we reached, little by little, an appreciable degree of knowledge regarding the presence and distribution of spiders in Limousin - thanks to the contribution of the helpful naturalists whose names I quote hereafter. All the spider species listed in our region as until December 31st 2013 needed to be addressed in several subsequent publications that would present them by family and alphabetically. This work is actualized to the end of 2014.

For most species, a few lines comment about their habits and their known distribution in the three departments of our Region is available, and the authors of the quotes regarding each one are mentioned. In some cases, a few indications were added concerning their visual aspect, size and phenology or, less frequently, their interactions with humans.

Sommaire

Texte intégral

Les données de la base aranéologique du Limousin présentées ici proviennent essentiellement des récoltes et des déterminations de :

(chacun des cinq ayant constitué sa propre collection de référence)

  • CRUVEILLIER Marcel

  • DUFFEY Eric

  • LAGARDE Frédéric

  • LEBLANC Frédéric

  • LE PERU Bernard

Quelques collaborations occasionnelles de :

  • BARATAUD Michel

  • BOUNIAS-DELACOUR Anne

  • CHEREAU Loïc

  • DUHEM Bernard

  • EMERIT Michel

  • GUERBAA Karim

  • GUILLIEN Henri

  • JACQUET Claire

  • LARCHEVEQUE Nelly

  • LEDOUX Jean-Claude

  • RASTEL Didier

  • TUTELAERS Piet

  • VILLEPOUX Olivier

ont permis d’enrichir la base de quelques citations

Les auteurs des données anciennes sont : Raymond de DALMAS

  • Dr Léon DUNOYER

  • Louis FAGE

  • Henri d’ORBIGNY (voir des indications sur ces auteurs dans la première partie)

Ont participé occasionnellement en tant que collecteurs : BARATAUD Michel

  • CHABROL Laurent

  • CRUVEILLIER Andrée

  • DEJEAN Sylvain

  • DOM Olivier et OLIVIERO Isabelle

  • DUREPAIRE Philippe

  • GUERBAA Karim

  • GUILLIEN Henri et Bernard

  • LABIDOIRE Guy et CHAMARAT Noëlle

  • LAMARSAUDE Michel

  • LASSARRE Béatrice

  • LEFRANÇOIS Maïwenn

  • MOURIOUX Eric

Avant propos.

Au moment de la première publication du document qui avait déjà porté le titre de « Deuxième partie », l’ordre des araignées comptait déjà plus de 42000 espèces répertoriées dans le monde. Il en compte 45143 à la fin de 2014. Ce sont des prédateurs qui jouent un rôle très important dans les équilibres des systèmes écologiques (Wise, 1993) et présentent un grand potentiel de régulation des populations d’arthropodes (Marc et Canard, 1997). Mais bien des erreurs sont encore commises à l’encontre de ces animaux par un grand nombre de ceux qui forment ce qu’on a coutume d’appeler le « grand public ».

Les sentiments très divers, généralement hostiles, qu’ils suscitent, font si peu de place à la raison qu’il est à peu près toujours vain de tenter de guérir l’arachnophobie par des arguments logiques. Et ces sentiments, souvent entretenus par divers intermédiaires peu soucieux de rigueur scientifique, sont suffisamment répandus pour que l’étude de cet ordre d’animaux n’ait pas rencontré le même engouement que celle de certains autres groupes, comme les oiseaux ou les papillons, par exemple. Aussi, le nombre de spécialistes en arachnologie, comme celui d’arachnologistes amateurs de bon niveau, est-il assez réduit. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle les connaissances sur la présence et la répartition des espèces d’araignées dans notre pays présentent encore bien des manques. Le Limousin aura eu la chance de pouvoir compter sur quelques naturalistes qui, en dépit des inévitables lacunes que leur petit nombre n’aura pas permis de combler, auront offert à leur région une somme significative de données fiables dont la collecte s’est étalée sur une trentaine d’années (1984-2014) pour ce qui concerne cette deuxième partie.

Note de bas de page 2 :

226 espèces pour le seul site de Chavagnac, dans la commune de Meuzac en Haute-Vienne, lequel présente, il est vrai, des milieux assez divers et dont l’observation porte sur la période la plus longue.

Quelques sites limousins, peu nombreux, ont fait l’objet d’un véritable protocole d’inventaire. C’est le cas, par exemple, de la Réserve Naturelle Nationale de l’Etang des Landes dans la commune de Lussat en Creuse et d’un projet, hélas aujourd’hui abandonné, de Réserve Naturelle Régionale de l’Etang de Tête de Bœuf dans la même commune. C’est aussi le cas, en Haute-Vienne, de la Réserve Naturelle Nationale de la Tourbière des Dauges, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne, de la Lande du Cluzeau dans la commune de Meuzac et du village de Chavagnac et de ses environs, dans cette même commune. Tous ces inventaires ont dépassé, souvent très largement, la centaine d’espèces d’araignées2.

Cela donne une idée de ce qu’on aurait pu découvrir en des lieux où, faute de temps, on a dû se limiter à une unique sortie dont on n’a rapporté que la mention de quelques espèces, quelques dizaines dans le meilleur des cas.

Un protocole prévoit une étude fine de la mosaïque de micro-habitats qui composent généralement un site et la réalisation sur chacun de ces milieux, au moins une fois par saison dans l’année, de récoltes faisant appel à divers moyens de capture afin d’inventorier toutes les strates de végétation et même, dans certains cas, les cavités du sol, des arbres, des rochers, des murs… Un tel travail, auquel s’ajoute celui des déterminations, suppose un investissement important en hommes et en temps et peut entraîner des frais parfois importants. Les données qui sont ici présentées doitvent donc beaucoup au bénévolat.

Or les arachnologues limousins sont en nombre trop restreint pour pouvoir réaliser une couverture systématique et complète de notre Région. En outre, le lieu de leur résidence entraîne forcément, dans le niveau d’inventaire, un certain déséquilibre entre les sites, les communes et même les départements.

Note de bas de page 3 :

Voir p.309 la liste et p. 324 la carte des communes concernées par des inventaires en Limousin.

Avant de nous décider à faire connaître au public limousin ce que nous connaissions de notre faune aranéologique nous aurions pu, certes, attendre d’en savoir plus. Mais on n’atteint jamais l’exhaustivité. Aussi cette présentation est loin d’y prétendre. Elle est à prendre comme l’état de nos connaissances au moment de sa publication. Il est à peu près certain que d’autres espèces viendront s’ajouter à notre liste au cours de sorties futures. Nos connaissances ne se sont-elles pas déjà enrichies de plusieurs espèces nouvelles au cours de l’année 2014 ? Mais nous avons jugé utile de publier dès à présent ce premier catalogue qui s’appuie tout de même sur l’examen, sur le terrain ou en laboratoire, de plus de soixante mille animaux ayant fait l’objet de près de sept-cents inventaires dans cent-six communes du Limousin, soit trente-cinq en Corrèze, trente-trois en Creuse et trente-huit en Haute-Vienne3.

Note de bas de page 4 :

A la date de la publication initiale de ce qui constituait la 2e partie, ce catalogue en était à la version 12.0 et présentait 42473 espèces pour l’ensemble du monde, et le nombre d’espèces pour la France métropolitaine (France continentale + Corse) était alors de 1672.

Les noms de genre, d’espèce ainsi que l’auteur et la date de description retenus dans cette deuxième partie sont ceux qui figurent, à la date 31/12/20144, dans « The World Spider Catalog » tenu d’abord par Norman I. Platnick, aux USA, et maintenant par WSCA à Berne.

Remerciements complémentaires

Note de bas de page 5 :

M. Cruveillier, Des araignées en Limousin (1ère partie), Annales scientifiques du Limousin , 2010, 21, 59-69

J’avais déjà eu l’occasion de remercier, dans la première partie de cette étude publiée en 20105 ceux qui ont fait partie du Groupe d’Observation Arachnologique du Limousin, le GOAL, qui est un groupe thématique d’études fonctionnant au sein du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin. Je n’oublie pas d’associer également dans ma gratitude tous les collaborateurs occasionnels, dont la liste est rappelée au début de cette deuxième partie, ainsi que ceux qui m’ont ouvert les pages des Annales Scientifiques du Limousin, notamment le Professeur Axel Gesthem, Jean-Pierre Verger et Béatrice Compère.

Je voudrais enfin dire à Andrée, mon épouse, combien m’auront toujours été précieuses sa collaboration, sa patience et sa compréhension pour tout le temps que j’aurai consacré dans ma vie à l’étude, tant sur le terrain qu’au laboratoire ou au bureau, et dont le dévouement va jusqu’à m’accompagner dans mes déplacements, relire mes textes et me laisser croire qu’elle y prend plaisir.

Quelques considérations utiles

Il est évident que les observations rapportées ici ne donnent pas une image exacte de la réalité aranéologique du Limousin, tant en ce qui concerne la répartition réelle des espèces sur l’ensemble du territoire que leur fréquence. Cela tient d’abord, d’une part, à la situation du domicile des prospecteurs par rapport aux lieux prospectés et, d’autre part, au trop petit nombre de naturalistes capables d’identifier les araignées au regard de la surface à prospecter.

Lorsqu’à la fin des années 1990, les botanistes limousins ont décidé de réaliser un atlas de notre flore, ils étaient plus de cent à participer aux inventaires sous la houlette d’Askolds Vilks, lequel apportait dans la corbeille la considérable base de données qu’il avait déjà constituée. En outre, le Limousin disposait de plusieurs études antérieures dont le remarquable herbier de Legendre. Rien de tel en ce qui concerne les araignées comme on a pu le constater dans la première partie de cette étude. Aux deux facteurs de déséquilibre cités plus haut s’ajoutent d’autres causes dont une est parfaitement illustrée par le nombre de données figurant dans notre base arachnologique sur l’espèce Pholcus phalangioides de la famille des Pholcidae. Voici une espèce dont on peut assurer sans risque d’erreur qu’il ne doit pas y avoir de bâtiment (maison, garage, grange, cave), qui ne soit peu ou prou « squatté » par cette araignée dans quelque recoin. Elle aurait donc pu être citée des milliers de fois. Or elle ne figure que dans dix inventaires. Ce n’est point que nos prospecteurs ne l’aient pas vue mais, en raison même de son omniprésence, ils auront considéré qu’il n’était pas utile de signaler ce que tout le monde devait savoir déjà. Un autre facteur de décalage entre la réalité et nos résultats réside dans les modes de capture utilisés en raison d’objectifs particuliers que tel ou tel d’entre nous pouvait poursuivre. Ainsi, par exemple, F. Lagarde, même s’il nous a très aimablement fait bénéficier de ses inventaires, n’avait pas pour but principal d’enrichir notre base mais inscrivait son activité dans un programme visant à comprendre « l’impact des changements environnementaux sur des communautés d’organismes ectothermes ». Cette recherche était strictement centrée sur les tourbières et les landes du Plateau de Millevaches et la très grande majorité des captures était réalisée par du piégeage au sol. De la conjonction de ces deux éléments, géographique et technique, résulte un déséquillibre qu’on ne manquera pas d’observer en faveur des communes concernées du Plateau de Millevaches ainsi que, pour ces communes, des espèces évoluant au sol : Gnaphosidae, Linyphiidae, Lycosidae notamment.

Enfin, s’agissant du regret mainte fois exprimé devant moi de ne pouvoir disposer d’un moyen efficace d’inventorier les araignées sans être très souvent contraint d’en sacrifier, je répondrai que s’il existe des gens qui aiment les araignées et qui sont les premiers à éprouver ce regret ce sont bien les arachnologues. Je n’en connais pas un seul qui ne prenne pas toutes les précautions pour limiter ces sacrifices autant qu’il est possible. Mais outre la nécessité scientifique de conserver en collection dans l’alcool des preuves suffisantes des informations qu’on publie, il faut savoir que dans l’état actuel de la science et des moyens techniques dont elle dispose, une grande majorité des déterminations d’araignées sont impossibles sur un animal vivant. Et pour ce qui est des espèces identifiables à vue sans risque d’erreur, il en existe quelques dizaines en France, les captures n’interviennent qu’en cas de nécessité absolue.

Note de bas de page 6 :

Des 48 familles actuellement (fin 2014) représentées en France, les dix suivantes n’ont pas été rencontrées jusque là en Limousin : Ctenizidae, Filistatidae, Leptonetidae, Mysmenidae, Nemesiidae, Pimoidae, Sicariidae, Synaphridae, Telemidae, Zoropsidae

Catalogue commenté des espèces par famille6

Les Agelenidae

Des quarante-cinq espèces de cette famille présentes en France, quatorze ont été observées en Limousin. A la suite d’une révision, en 2013, par Bolzern, Burckardt et Hänggi, un certain nombre d’araignées qui la composent, dont la plupart avaient autrefois appartenu aux genres Tegenaria ou Malthonica ont fait l’objet, comme on verra, d’un changement de genre. La rédaction initiale de cette deuxième partie en présentait quinze et nous avons décidé de conserver une trace, tout en intégrant la modification intervenue, de celles dont la mise en synonymie récente de Tegenaria duellica et Tegenaria saeva, avec Eratigena atrica, aurait fait disparaître la mémoire.

Les espèces des genres Agelena, Allagelena, Eratigena, Malthonica, Tegenaria et Textrix ont le corps svelte, les pattes assez longues et des filières postérieures très allongées. Beaucoup affectionnent les bâtiments mais certaines se rencontrent dans la nature, dans les milieux herbacés ou boisés. Elles construisent une toile en entonnoir largement ouvert, au bord de laquelle elles se tiennent à l’affût dans un abri conique ou tubulaire. Les Coelotes sensu lato ont un aspect plus trapu et leur toile est beaucoup plus petite et d’apparence plus rudimentaire.

Agelena labyrinthica (Clerck,1757) : cette espèce paléarctique, dont la femelle peut atteindre 14 mm et le mâle jusqu’à 10 mm, et dont la période de maturité va de la fin du printemps au début de l’automne, fréquente les landes, les bordures ensoleillées des bois, les talus à végétation basse à mi-haute et les milieux herbacés. Elle est signalée dans les trois départements du Limousin mais curieusement, alors qu’on pourrait penser qu’elle y est très commune, elle n’a fait l’objet que de hui fiches d’inventaire, notamment par M. Cruveillier dans la commune de Meuzac en Haute-Vienne, d’abord dans la Lande du Cluzeau où il note pour la première fois, le 14/07/1996, un mâle et deux femelles dans des touffes d’Erica vagans, puis, le 06/06/1997, une femelle dans une touffe de callune, au village de Chavagnac, ensuite, le 22/05/1998, deux autres femelles dans la lande de la Roubardie près du hameau des Garabœufs et une autre dans une prairie bordant le ruisseau des Baraques proche du lieudit le Mas Gaudeix, le 14/08/1998. En Corrèze, il note une femelle le 10/08/2000 au belvédère de Puy-d’Arnac, dans une touffe de graminées et, à Feyt, près du village de Veyrières, dans la haute vallée du Chavanon, il observe une autre femelle le 23/07/2002. En 1998, une femelle est notée en Creuse par F. Leblanc, à Pétillat, commune de Saint-Sulpice- les-Champs. La citation la plus récente émane d’E. Duffey qui, le 19/07/2003, observe une femelle dans un talus au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne.

Allagelena gracilens (C.L. Koch, 1841) (ex : Agelena gracilens) : plus petite (8-10 mm pour la femelle) et de maturité un peu plus tardive qu’Agelena labyrinthica, cette espèce fréquente sensiblement les mêmes milieux mais construit généralement sa toile plus haut dans la végétation et semble préférer les petits ligneux comme les Ericacées ou la repousse d’arbustes. Elle est également présente dans nos trois départements mais apparemment sans y être très abondante puisqu’elle n’apparaît que dans neuf fiches d’inventaire. M. Cruveillier mentionne pour la première fois une femelle, le 03/09/1998, en Haute-Vienne, dans la lande de la Roubardie, près du hameau des Garabœufs, à Meuzac, commune où il la note encore à plusieurs reprises, notamment le 18/09/1999, une femelle dans un verger des Fontenelles, proche du village de Chavagnac. Au Cluzeau où il avait conduit, le 28/09/2006, les participants du colloque d’arachnologie qu’il avait organisé à Limoges, l’espèce fut trouvée quatre fois : une femelle capturée par O. Villepoux dans la tourbière de l’ancienne celle de ce village, et, dans la lande, une récoltée par J.-C. Ledoux, une par C. Jacquet et la dernière par M. Cruveillier qui la mentionne également une fois en Corrèze, le 23/07/2002, dans de hautes poacées sèches d’une prairie en friche de la haute-vallée du Chavanon, près du village de Veyrières, dans la commune de Feyt, et une fois en Creuse, le 07/08/2009, dans un talus en lisière de bois près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Coelotes atropos (Walckenaer,1830) : comme tous les Coelotes au sens large, cette espèce et la suivante ont réintégré la famille des Agelenidae après une incursion un peu surprenante de quelques années chez les Amaurobiidae. C. atropos est une araignée d’aspect robuste et dont la femelle peut mesurer jusqu’à 12 mm. On peut rencontrer des adultes, comme pour C. terrestris, à deux saisons, au printemps et de fin août à décembre. Elle vit au sol et se tient la plupart du temps à l’abri sous une pierre, une racine à fleur de terre ou une branche tombée parmi des débris organiques à la surface desquels elle tisse sa toile devant son affût. Ses proies sont des invertébrés du sol, souvent de taille supérieure à la sienne. Elle est mentionnée, mais inégalement, dans nos trois départements où elle a fait l’objet de seize fiches d’inventaire. La première observation date du 12/08/1998, quand M. Cruveillier récolte un mâle et deux femelles parmi des morceaux de bois mort et divers débris accumulés par une crue du ruisseau dans la lande tourbeuse de La Roubardie, au hameau des Garabœufs, à Meuzac, commune de Haute-Vienne où il note, au Cluzeau, un mâle en septembre 2000 sous un caillou, dans un secteur de lande sèche et, le 27/07/2001, en bordure de la tourbière de la celle de ce village, une très grande femelle abritée sous une racine apparente de hêtre devant laquelle elle avait installé sa toile. Et c’est au cours d’un stage organisé en cette même commune de Meuzac que J.-C. Ledoux et N. Larchevêque identifièrent en avril 2001, une femelle capturée le 16/04/2000 par E. Mourioux dans un piège à insectes, dans la vallée de la Gartempe, au viaduc de Rocherolles, commune de Bersac-sur-Rivalier, également en Haute- Vienne. C’est aussi dans ce département, dans la tourbière de Bac à la Cube, commune de Peyrat-le-Château, que F. Lagarde capture un mâle par piégeage au sol en septembre 2006 et y cite à nouveau l’espèce en 2009. Une seule fiche de F. Lagarde mentionne l’espèce en Corrèze en 2009, dans le site dit Roche du Coq-Estang, dans la commune de Viam. La Creuse fait l’objet des huit dernières fiches : d’abord, le 21/09/2000, M. Cruveillier note une femelle, sous un caillou parmi des débris végétaux, en bordure de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, dans la commune de Lussat. Les sept autres mentions, toutes de F. Lagarde et de l’année 2009, concernent divers sites du Plateau de Millevaches, dans les communes de Faux- la-Montagne (tourbière des Avenaux), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud), de Gioux (Tourbière de Puy Chaud), de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Coelotes terrestris (Wider,1834) : également présente dans les trois départements du Limousin et très proche de la précédente par son aspect et par ses mœurs, cette espèce ne s’en distingue guère que par ses organes sexuels et sa taille un peu plus importante. Pour pouvoir les distinguer il y a donc lieu, comme dans la très grande majorité des cas, de récolter des individus à maturité laquelle intervient, comme chez C. atropos, à deux saisons, au printemps et de fin août à décembre. Elle a fait l’objet de dix-sept fiches d’inventaire couvrant nos trois départements. La première mention de C. terrestris dans notre base de données concerne l’observation par M. Cruveillier, le 23/09/1999, d’une femelle dans la commune de Meuzac en Haute-Vienne, dans une dépression de prairie humide où un orage ancien avait rassemblé divers débris. Il la cite ensuite à deux reprises, en août et en octobre 2000 dans le même département, dans la tourbière des Dauges à Saint-Léger-la-Montagne, lorsqu’il identifie des récoltes (uniquement des mâles) par piège Barber, de P. Durepaire. La capture de trois mâles en septembre 2006, par piégeage au sol, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le- Château, par F. Lagarde, est la dernière mention de Haute-Vienne. La majeure partie des données de Corrèze provient des listes que B. Le Péru nous a fait parvenir au début des années 2000. On y relève diverses observations de cette araignée dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, entre 1998 et 2002 : une femelle sous une écorce d’arbre mort , au sol, dans une forêt humide en janvier 1998, un mâle errant au sol en lisière de cette forêt humide en septembre 1998, puis, dans un jardin, un mâle sous un tas de bois en octobre 1998, une femelle également sous un tas de bois en mai 1999, un mâle errant au sol en août 1999, un mâle sous une pierre en mai 2001, ensuite, dans une forêt de chênes et de hêtres, à 650 m d’altitude, un mâle sous une pierre en août 2001 et enfin une femelle dans cette même forêt en avril 2002. La mention la plus récente de Corrèze est un mâle déterminé par M. Cruveillier, à partir d’une récolte du 12/07/2011 par piège Barber, de M. Lefrançois, dans une hêtraie à houx au Puy de Cournoux, commune de Pérols-sur-Vézère, dans un site géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin. En Creuse, cette espèce est mentionnée d’abord par F. Leblanc qui identifie une capture du 19/03/2000, provenant d’un piège à carabes d’E. Mourioux, à La Garrige, dans la commune de Saint-Maurice-la-Souterraine. Les trois dernières mentions pour la Creuse sont de F. Lagarde dont deux aux Ribières de Gladière dans la commune de Royère-de-Vassivière, concernant quatre mâles le 02/08/2006 et quatre autres en 2009, et, également en 2009, une citation dans la tourbière de Puy Marsaly, à Faux- la-Montagne.

Eratigena agrestis (Walckenaer,1802) : (ex : Tegenaria agrestis) cette espèce n’a, jusque là, fait l’objet que de trois observations en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, dans la commune de Meuzac où un mâle fut noté pour la première fois, le 07/07/1996, dans la Lande du Cluzeau, sur les ruines d’une ancienne tuilerie, recouvertes de végétation, puis une femelle, le 22/05/1998, dans un secteur de lande sèche entre le ruisseau de la Roubardie et le hameau des Garabœufs, et une autre femelle, le 23/09/1999, dans un champ de légumes au lieudit Les Fontenelles, près du village de Chavagnac. Cette espèce n’est sans doute pas commune chez nous mais il est prolable qu’elle y est plus largement répartie. En Europe, cette espèce vit dans les friches, les milieux herbacés, les jachères, les landes. Aucune mention de morsure de cette araignée n’y a été signalée mais aux Etats-Unis, où elle a émigré dans les états du nord-ouest (Etat de Washington et Oregon) et où elle est appelée "Hobo spider" ou "Aggressive house spider", elle fréquente les habitations et des cas de tégénarisme (envenimation nécrosante) y ont été rapportés par la presse laquelle n’échappe pas plus qu’ailleurs à la recherche du sensationnel. La présentation qu’elle a faite des risques a été ramenée par des arachnologues américains à des proportions nettement moins alarmantes.

Note de bas de page 7 :

Les dimensions indiquées sont toujours celles du corps, sans les pattes ni les filières.

Eratigena atrica (C. L. Koch, 1843) (ex : Tegenaria atrica) : cette espèce, avec laquelle deux espèces de Tégénaires antérieurement distinctes, Tegenaria duellica et Tegenaria saeva, ont été mises en synonymie, regroupe donc sur son nom les observations attribuées à ces deux dernières. Nous les rappelons néanmoins séparément ci-dessous :
ex Tegenaria duellica Simon, 1875 : (ex Tegenaria gigantea) cette grande araignée pouvant atteindre 15 mm de long7 se rencontre dans les bâtiments, granges, garages, hangars et même les habitations. Il ne doit pas exister beaucoup de granges, d’étables, de remises ou de garages dans notre région, qui ne soient visités et « squattés » par cette espèce. Présente dans nos trois départements, elle n’y est est cependant mentionnée que dans sept fiches d’inventaire. La première mention citée est celle d’une femelle ayant fait sa toile sous un appui de fenêtre d’une maison d’habitation et observée, le 16/08/1995, par M. Cruveillier à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où il citera une autre femelle, le 19/12/2002, dans une grange au village du Theil, à Saint-Gence et, le 16/05/2009, une troisième femelle dans une ancienne grange du Centre Nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. Les deux citations de Corrèze, à la Gare de Savennes, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, émanent de B. Le Péru qui, en septembre 1999, élève une femelle obtenue à partir d’un cocon récolté et, en avril 2001, observe une autre femelle dans un garage. F. Lagarde est l’auteur des deux citations de Creuse, une au Châtain, dans la commune de Saint-Moreil et l’autre dans le site de Combe Lépine à Royère-de-Vassivière.
ex Tegenaria saeva Blackwall,1844 : cette espèce ressemble beaucoup à Tegenaria duellica et fréquente les mêmes milieux. Elle ne s’en distingue que par de menus détails dans les genitalia*. Egalement présente dans les trois départements, elle y a été mentionnée dans huit fiches d’inventaire dont la première est celle de F. Leblanc qui, le 10/05/1998, signale une femelle en Creuse, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs, commune où il notera une autre femelle, le 28/12/1998, au village de Concizat et une troisième à nouveau à Pétillat, le 30/12/1998. La citation d’une femelle par M. Cruveillier, le 07/08/2009, dans un hangar à bateaux à l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, clôt la liste des mentions pour la Creuse. En Haute-Vienne, dans son jardin de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, E. Duffey note une femelle le 15/08/1998 et, dans une grange du village de Chavagnac, à Meuzac, M. Cruveillier cite une autre femelle le 20/05/2001. Enfin, en Corrèze, dans sa maison du Dougnoux, à Altillac, E. Duffey capture deux mâles, le 15/10/2005, et M. Cruveillier observe une femelle, le 08/05/2010, dans les couloirs d’un sous-sol à la station Universitaire de Meymac

Eratigena picta (Simon,1870) (ex Malthonica picta) : cette espèce peut être rencontrée à l’état adulte du début du printemps à la fin de l’automne. Le mâle mesure de 5 à 8 mm et la femelle de 6 à 9 mm. Elle tisse sa toile près du sol, souvent devant une grosse pierre sous laquelle elle s’abrite. Observée pour la première fois par M. Barataud le, 01/09/1990, dans la hêtraie de Lissac, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze, cette espèce très commune en Limousin a fait par la suite l’objet de quarante-sept fiches de citations dont l’énumération détaillée occuperait inutilement de la place. Celles-ci couvrent nos trois départements et représentent plus de deux-cent-quatre-vingt animaux déterminés, et cela dans des milieux assez divers mais généralement herbacés et bien exposés au soleil. L’espèce est citée par un grand nombre d’autres prospecteurs : M. Cruveillier dans 4 inventaires, E. Duffey dans 4 inventaires, F. Lagarde dans 31 fiches du Plateau de Millevaches , J.-C. Ledoux dans 2 fiches, B. Le Péru dans 2 fiches et P. Tutelaers dans une fiche. En Corrèze, elle a été notée dans les communes d’Altillac, Meymac, Peyrelevade, Saint-Etienne-aux-Clos, Sarran, Tarnac et Viam ; en Creuse dans les communes de Faux-la-Montagne, Gentioux-Pigerolles, Gioux, Royère-de-Vassivière, Saint-Oradoux-de-Chirouze, Saint-Pardoux-Morterolles, Saint-Pierre- Bellevue, et, enfin, en Haute-Vienne, à Bussière-Poitevine, Meuzac et Saint-Léger-la- Montagne.

Histopona torpida (C.L. Koch, 1834) : cette espèce d’environ 6 mm, au dessin dorsal bien net et aux filières postérieures très allongées, fréquentant plutôt les milieux boisés, n’a été observée jusque là qu’en Corrèze par B. Le Péru, dans un jardin du village de la Gare de Savennes, commune de Saint-Etienne-aux-Clos. Il cite d’abord un mâle errant au sol en juin 1997, puis une femelle sous un tas de bois en juillet de la même année et un second mâle errant sur un mur en juillet 1999.

Inermocoelotes inermis (L. Koch, 1855) (ex Coelotes inermis et ex Eurocoelotes inermis) : très proche des Coelotes dont elle a longtemps fait partie, mais légèrement plus petite, cette espèce a des mœurs très semblables à celles des deux Coelotes précédentes. Elle est présente également dans nos trois départements et les dates d’observation inclinent à penser qu’elle pourrait être rencontrée à l’état adulte toute l’année. Signalée pour la première fois (un mâle) en septembre 1997 par M. Cruveillier dans la tourbière de Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne puis, dans ce même site en 2000, à diverses reprises en septembre, octobre et novembre, et, en septembre de la même année, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, elle est notée en avril 2001 par D. Rastel dans un verger abandonné de cette commune. B. Le Péru la mentionne, en juin 1997 et en octobre 2000, dans une forêt humide de la haute vallée du Chavanon dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, département où un mâle et plusieurs immatures ont été déterminés en juillet 2011 par M. Cruveillier dans des captures réalisées par M. Lefrançois au Puy de Cournoux, à Pérols- sur-Vézère. Enfin, F. Lagarde la mentionne plusieurs fois dans la tourbière de Bac à la Cube à Peyrat-le-Château en Haute-Vienne et signale la seule observation pour la Creuse, en 2009, aux Prés Neufs, dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Tegenaria domestica (Clerck,1757) : cette espèce, pourtant signalée par Heimer et Nentwig (voir bibliographie) comme très commune dans les maisons, n’est sans doute pas très présente en Limousin puisqu’elle n’y a fait l’objet que de trois citations : une femelle de Lachaud, à Saint-Eloi, en Creuse, par M. Barataud, le 06/01/1986, et deux en Haute-Vienne, par M. Cruveillier : une femelle, le 15/08/1995, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac et, le 03/06/2000, une dernière femelle au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Comme son nom l’indique, elle fréquente plutôt les bâtiments et se distingue des autres Tégénaires des habitations par sa taille nettement plus petite (6 à 7 mm pour la femelle) et ses filières bien plus courtes.

Tegenaria ferruginea (Panzer, 1804) (ex Malthonica ferruginea) : cette araignée, qui a retrouvé en 2013 son identté antérieure, n’a jusque là fait l’objet que d’une seule citation, un mâle, dans une vieille grange aux murs de pierre, le 16/08/1995, par M. Cruveillier, au village de Chavagnac, commune de Meuzac en Haute-Vienne, mais elle est vraisemblablement plus fréquente que cette seule mention le laisserait supposer. Le mâle récolté mesurait 11,5 mm et différents ouvrages de détermination indiquent que la femelle peut atteindre 15 mm.

Tegenaria parietina (Fourcroy,1785) : c’est la plus grande de nos Tégénaires. Elle fréquente surtout les bâtiments, mais peut être rencontrée au dehors, dans des crevasses de vieux arbres ou des fissures de rochers. Comme les autres Tégénaires des maisons, elle est en général peu appréciée des ménagères qui s’en effraient sans doute à tort et rapportent souvent avec exagération ses dimensions, lesquelles peuvent, il est vrai, atteindre les 2 cm chez les deux sexes, La première capture, signalée par M. Cruveillier, est celle d’un mâle, le 16/08/1995, à l’intérieur d’une grange du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où il note une femelle, le 05/10/1997, derrière une porte d’étable au moulin de Teignac, à Saint-Genet-sur-Roselle. Il citera un autre mâle de grande taille, le 07/08/2009, dans une crevasse d’arbre mort en Creuse, à Lussat, commune où F. Leblanc note également un mâle au hameau du Buisson, le 15/08/1998. Enfin E. Duffey signale qu’il avait lui aussi capturé une femelle en Haute-Vienne, dans sa maison de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, le 08/05/2001. A cette date l’espèce n’a pas encore été mentionnée en Corrèze.

Tegenaria silvestris (L. Koch, 1872) (ex Malthonica silvestris) : ressemblant à Eratigena atrica mais deux fois plus petite, cette espèce plutôt forestière, comme son nom l’indique, a été observée dans des milieux boisés des trois départements. Elle se tient souvent à l’affût en bordure de sa toile sous les écailles d’écorce des troncs d’arbres, mais aussi parfois sous les pierres. Un mâle est noté pour la première fois en Haute-Vienne sous les racines apparentes d’un hêtre, en bordure de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne, par M. Cruveillier, le 15/06/1996. Elle a par la suite fait l’objet d’une dizaine de mentions dont sept autres en Haute-Vienne, soit deux autres dans ce même site : une femelle par P. Tutelaers, le 21/05/1999, et un mâle identifié par M. Cruveillier dans une récolte de P. Durepaire d’août 2000, trois à Meuzac : un mâle dans la Lande du Cluzeau par M. Cruveillier, le 30/09/2000, une femelle au Lac de la Basse Roche par J. C. Ledoux, le 24/04/2001, et une autre le 28/04/2001, et, pour clore la liste de ce département, F. Lagarde signale l’espèce à deux reprises, le 25/03/2007 puis en 2009, au Bois de Crosas, près d’Auphelle dans la commune de Peyrat-le-Château. En Corrèze, B. Le Péru note deux femelles en octobre 1997, au sol, dans la mousse d’une forêt humide, à Saint-Etienne-aux-Clos et l’espèce est également mentionnée en 2009, à la Roche du Coq-Estang, à Viam, par F. Lagarde lequel est l’auteur de la seule citation de Creuse, également en 2009, à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles.

Textrix denticulata (Olivier,1789) : seule espèce en Limousin de ce genre, lequel en compte trois en France, cette araignée, présente jusqu’en Scandinavie, se rencontre en divers milieux ensoleillés et secs et parfois dans les maisons. Les deux sexes mesurent de 6 à 8 mm (sans compter les filières postérieures qui sont particulièrement longues), Le mâle est adulte l’été et la femelle vraisemblablement toute l’année. Cette araignée n’est sans doute pas très commune dans notre région puisqu’elle n’y a été observée qu’à trois reprises par F. Leblanc, toutes en Creuse et à chaque fois une femelle, d’abord le 20/10/1998 au village de Pétillat, commune de Saint-Sulpice-les-Champs où il fera une autre observation le 08/08/1999, la troisième ayant eu lieu le 05/04/1999, à Champs, dans la commune de Fransèches. Grâce à son dessin dorsal très caractéristique et ses pattes aux longues et nombreuses épines, l’espèce est assez facilement reconnaissable. Elle construit également une toile en entonnoir mais de taille plutôt réduite par rapport à celles des Tegenaria ou des Agelena. Selon la littérature, elle pourrait être assez commune par endroits et se tiendrait le plus souvent dans les bordures des bois et parfois dans des trous de murs.

Les Amaurobiidae

Cette famille comporte neuf espèces en France réparties très inégalement en deux genres (huit espèces d’Amaurobius et une de Callobius). Seules trois espèces du genre Amaurobius ont été notées en Limousin jusque là.

Les espèces de ces deux genres sont pourvues d’un cribellum* sous l’abdomen, juste à l’avant des filières, et d’un calamistrum* sur le métatarse des pattes postérieures. Elles construisent ainsi une toile de soie cribellée et calamistrée particulièrement efficace et qui déborde du trou de mur ou de l’écaille d’écorce où elles ont aménagé leur cachette.

Amaurobius fenestralis (Ström,1768) : cette espèce, dont la femelle peut mesurer de 7 à 9 mm, est la plus petite des trois Amaurobius observés jusque là chez nous. Elle est présente dans nos trois départements mais n’y est peut-être pas très commune puisqu’elle n’a fait l’objet que de cinq fiches d’inventaires, dans des milieux assez variés : une femelle dans les écailles d’écorce d’un vieux tilleul (M. Cruveillier) le 06/12/1998 à Meuzac (87), dans le bois de Crosas à deux reprises en 2007 et 2009 (F. Lagarde) près d’Auphelle, à Peyrat-le-Château (87), un mâle dans de la mousse sur un rocher (B. Le Péru) en décembre 2001 à Saint-Etienne-aux-Clos (19) et une femelle à Fransèches (23) par F. Leblanc, le 08/05/1998.

Amaurobius ferox (Walckenaer, 1830) : cette espèce robuste, dont la femelle peut atteindre 15 mm, est également présente dans nos trois départements. On la rencontre souvent dans les décombres et dans les caves des maisons, ce qui est le cas de la plupart des observations dont elle a été l’objet. La première inscrite dans la base, un mâle, est notée par M. Cruveillier, le 06/12/1998, de nuit, dans une maison de campagne à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où une femelle sera mentionnée par F. Leblanc le 08/06/1999, sous un pont de pierres de la Glane, à Saint-Gence. B. Le Péru nous adressera plus tard dix fiches d’observations faites à la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze : un mâle dans une cave en janvier 1997, un autre en mars et une femelle en avril et encore un mâle en novembre, puis, au même endroit, une femelle en juillet 1999 et une autre en septembre, un autre mâle en novembre 2000, suivi d’un autre en février 2001, un autre encore le mois suivant, puis une femelle en avril. Enfin F. Lagarde cite l’espèce en Creuse, en 2007, au village du Châtain, à Saint-Moreil, sans autre indication.

Amaurobius similis (Blackwall,1861) : de taille intermédiaire entre les deux précédentes, cette araignée construit une toile irrégulière cribellée prolongée par une retraite tubulaire dans des anfractuosités de murs, des tas de bois, des boiseries de charpente, sous des écailles d’écorce de vieux arbres ou encore sous des pierres. Il n’est pas rare de l’observer aussi dans les maisons mais moins fréquemment que l’espèce précédente. Signalée par la majorité des naturalistes ayant fait des inventaires chez nous, c’est l’espèce de ce genre la plus fréquemment observée en Limousin où elle a fait l’objet de vingt et une fiches d’inventaire couvrant nos trois départements. La première mention saisie dans notre fichier est la capture d’une femelle par M. Cruveillier, le 06/12/1998, dans la rainure d’écoulement d’une huisserie de fenêtre, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Dans ce même village l’observation sera renouvelée à trois reprises, d’abord par lui-même, une femelle, le 21/06/2000, dans un tas de bois en bordure d’un vieux verger abandonné où, au cours d’un stage qu’il avait organisé, N. Larchvêque et B. Duhem trouvaient chacun une femelle, le 26/04/2001. Au cours de ce même stage, G. Montfort avait trouvé deux jours plus tôt une femelle dans un tas de bois recouvert d’une bâche au hameau de gîtes des Mas de France, à Meuzac. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey signale, en mars 2000, une femelle dans une pile de bois au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. M. Barataud observe, le 10/07/2000, une femelle avec son cocon sous une bâche recouvrant un tas de bois au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et M. Cruveillier note un mâle, le 01/06/2001, dans un trou de mur de grange au village du Theil, dans la commune de Saint-Gence. En Corrèze, B. Le Péru cite l’espèce à sept reprises dans une maison, dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, d’abord en 1997, trois mâles en février, deux femelles en mars, trois femelles en avril, puis une femelle en avril 1998 et enfin un mâle en février 2000. Dans cette même commune, sous des écorces d’arbre mort, dans une forêt de hêtres et de chênes, il cite deux femelles en juin 1997 et un mâle en septembre 1998. Deux citations de M. Cruveillier complètent nos données de Corrèze, d’abord la capture d’une femelle, le 15/07/2000, dans une anfractuosité de mur en torchis d’un vieux hangar, à Curemonte, puis une autre femelle, le 09/06/2001, dans une fissure d’un mur du four à pain du Moulin du Cher, propriété du Conservatoire d’espaces Naturels du Limousin, à Sarran. C’est F. Leblanc qui note le premier l’espèce en Creuse, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, d’abord un mâle au village de Concizat, le 28/12/1998, puis un mâle et une femelle sous l’écorce d’un chêne au village de Pétillat. Toujours en Creuse, M. Cruveillier récolte, le 07/08/2009, près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, un très beau spécimen de mâle sous une grosse écaille d’écorce d’un vieux tronc de chêne et F. Lagarde cite l’espèce, en 2009, au village du Châtain, à Saint- Moreil, sans autre indication.

Les Anyphaenidae

Cette famille compte quatre espèces en France, toutes du genre Anyphaena, dont une seule jusque là a été observée en Limousin.

Anyphaena accentuata (Walckenaer, 1802) : cette araignée paléarctique, largement présente dans toute l’Europe, adulte du milieu du printemps au début de l’automne, dont le mâle mesure environ 6 mm et la femelle 8, est assez facilement reconnaissable grâce au dessin dorsal de son abdomen présentant quatre motifs sombres rappelant vaguement des parallélogrammes disposés symétriquement deux à deux par rapport à l’axe du corps et formant ainsi comme des chevrons qui lui ont valu chez certains le nom d’araignée Citroën. Ses yeux médians antérieurs sont ronds et noirs alors que les autres sont nacrés et de forme ovale. Elle ne fait pas de toile piège et chasse, plutôt de nuit, sur les feuillages. Il est rare de ne pas en récolter durant l’été en battant les haies ou les branches basses des arbres au-dessus d’un parapluie japonais. Un mâle est noté pour la première fois, le 14/05/1997, au moulin de Teignac, commune de Saint-Genest-sur-Roselle, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier. Elle a par la suite été mentionnée presque chaque année par la plupart des prospecteurs dans trente-quatre autres fiches d’inventaire, dont vingt et une autres en Haute-Vienne (Bussière-Boffy, 6 à Bussière-Poitevine, Glanges, 4 à Meuzac, Peyrat-le-Château, Saint-Genest-sur-Roselle, Saint-Laurent-sur-Gorre, 4 à Saint-Léger-la-Montagne, Saint-Priest-sous-Aixe, Verneuil-sur- Vienne, Vicq-sur-Breuilh), quatre en Creuse (2 à Lussat et 2 à Sain-Sulpice-les-Champs) et neuf en Corrèze (2 à Ambrugeat, Chasteaux, Feyt, Liginiac, 4 à Saint-Etienne-aux-Clos, Saint-Merd-les-Oussines) attestant qu’elle est bien présente et assez commune dans les trois départements de notre région.

Les Araneidae

Nous entrons ici chez les araignées dites orbitèles parce qu’elles tissent ces belles toiles géométriques qui retiennent le regard du promeneur et du photographe, surtout lorsque la rosée y a déposé ses perles. Beaucoup sont robustes et de bonne taille et leurs pattes sont abondamment pourvues d’épines. Elles sont actives durant le jour. Certaines se tiennent au centre de leur toile, d’autres attendent, cachées en bordure de celle-ci, qu’une proie vienne se prendre dans les mailles de leur filet dont la vibration est transmise par un fil avertisseur tenu au bout d’une patte . La technique de ces araignées pour construire leur toile comme pour emmailloter leur prise est particulièrement éprouvée et spectaculaire. C’est également parmi elles qu’on trouve les espèces les plus richement colorées.

# Aculepeira ceropegia (Walckenaer, 1802) : immédiatement reconnaissable par son folium* remarquablement constant, ce qui permet d’identifier les immatures sans risque d’erreur, cette espèce est sans doute une de nos plus belles araignées. Ce n’est que l’examen hâtif par un œil non exercé qui pourrait la confondre avec Neoscona adianta (voir cette espèce) qui présente un folium* également très riche et un peu semblable. Le mâle mesure environ 8 mm et la femelle peut atteindre jusqu’à 15 mm. L’un et l’autre sont adultes durant l’été et on les rencontre le plus souvent sur leur toile dans les milieux d’herbe plutôt haute, les friches, les landes ou sur de la végétation buissonnante. Observée pour la première fois en Haute-Vienne par M. Cruveillier, une femelle le 06/06/1997, à Chavagnac, commune de Meuzac, elle a par la suite été mentionnée presque chaque année par la plupart des prospecteurs dans trente-six autres fiches d’inventaire, dont quarorze autres en Haute-Vienne (Bersac-sur-Rivalier, 3 à Bussière-Poitevine, 2 autres à Meuzac, 2 à Pageas, 5 à Saint-Léger- la-Montagne, Sauviat-sur-Vige), douze en Creuse (Faux-la-Pontagne, Gentioux-Pigerolles, Gioux, Lussat, 2 à Royère-de-Vassivière, 2 à Saint-Maurice-la-Souterraine, Saint-Oradoux-de-Chirouze, 2 à Saint-Pierre-Bellevue, Saint-Sulpice-les-Champs) et dix fiches en Corrèze (Davignac, 2 à Meymac, 4 à Saint-Etienne-aux-Clos, 3 à Saint-Merd-les Oussines). Elle est donc très présente dans les trois départements du Limousin.

Agalenatea redii (Scopoli,1763) : seule espèce en Europe d’un genre qui n’en compte que deux dans le monde, cette araignée d’aspect courtaud et dont le folium* peut présenter des motifs assez variables mais figurant le plus souvent une fleur de lys stylisée dont la pointe est dirigée vers l’arrière, est l’une des Araneidae les plus précoces. Mature dès le printemps, on la rencontre néanmoins assez souvent jusqu’à l’automne, le plus souvent sur de la végétation buissonnante. Signalée pour la première fois en mai 1997 par M. Barataud à Beauregard, commune de Puy-d’Arnac, en Corrèze, elle a été mentionnée par la plupart des prospecteurs dans vingt-trois fiches d’inventaire dont trois autres en Corrèze (à Benayes par M. Barataud, à Meymac par M. Cruveillier, à Saint-Etienne-aux-Clos par B. Le Péru), deux en Creuse (à Lussat par M. Cruveillier et à Saint-Maurice-la-Souterraine par F. Leblanc) et seize en Haute vienne (à Bersac-sur-Rivalier par K. Guerbaa, 2 à Bussière-Poitevine par E. Duffey, 6 à Meuzac et 1 à Pierre-Buffière par M. Cruveillier, 1 à Sain-Hilaire-Bonneval par H. Guillien, 1 à Saint-Laurent-sur-Gorre par P. Tutelaers, 3 à Saint-Léger-la-Montagne dont 2 par E. Duffey et 1 par P. Tutelaers, et 1 à Vicq-sur-Breuilh par M. Cruveillier). C’est donc une araignée commune de notre région.

Araneus alsine (Walckenaer,1802) : cette très belle araignée à l’abdomen rouge brique semé de taches claires, de forme arrondie chez la femelle et plus allongée chez le mâle, est l’une de celles qu’on peut identifier à l’œil nu. Le mâle ne dépasse guère 8 mm mais la femelle peut en atteindre 15. On peut rencontrer des adultes de fin mai à septembre. Elle est notée dans les trois départements limousins mais elle n’y a été observée qu’à cinq reprises et toujours des femelles : d’abord par M. Barataud, à Lussat, en Creuse, le 27/08/1997, puis à Sauviat-sur-Vige, en Haute-Vienne, le 06/09/1998. Elle est ensuite mentionnée trois fois en Corrèze, d’abord par E. Duffey dans un secteur humide de la lande serpentinique de Bettu, commune de Chenailler-Mascheix, le 13/06/2002, ensuite par B. Le Péru, en mai 2002, dans la vallée du Chavanon, à Saint-Etienne-aux-clos et, tout récemment, le 27/08/2011, dans une touffe de carex de la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, par N. Chamarat et G. Labidoire. Elle semble fréquenter les bordures herbeuses et plutôt humides de zones boisées, mais pas exclusivement. On pourrait la considérer comme rare en Limousin alors qu’elle est signalée comme commune par Heimer & Nentwig. Mais il se peut aussi que l’habitude qui est la sienne de se cacher le plus souvent dans une feuille morte repliée en cornet contribue à la dérober aux yeux des prospecteurs.

Araneus angulatus Clerck, 1757 : cette belle et grosse araignée, adulte de mai à septembre, dont le mâle mesure environ 10 mm mais dont la femelle peut en atteindre 18 et dont le dessin dorsal affiche souvent, dans sa partie antérieure, une belle torsade blanche, construit généralement sa toile sur les arbres en lisière de forêt. Selon Nentwig & al., elle aurait parfois été notée dans des bâtiments. Bien que n’étant pas très souvent observée chez nous, elle a néanmoins été rencontrée dans nos trois départements. Citée pour la première fois en Haute-Vienne, au village de Vallégeas, commune de Sauviat-sur-Vige, par M. Barataud, le 19/08/1987, elle a par la suite fait l’objet de dix autres fiches d’inventaire, notamment en Corrèze à quatre reprises dont trois par B. Le Péru, à Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle en juin et un mâle en juillet 1997 et une autre femelle en mai 2002, puis, par K. Guerbaa, le 03/08/1999, une femelle à Marcy dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. La seule citation de Creuse est une femelle notée par M. Barataud, le 08/05/1999, dans le marais du ruisseau du Chézeau, à Leyrat. Les cinq autres données de Haute-Vienne se partagent entre E. Duffey qui observe au village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine, une femelle en mai 1999 et deux autres le 17/07/2000, puis M. Cruveillier qui note un mâle subadulte à Meuzac, le 06/03/2003, et un mâle capturé dans une tente Malaise par P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, le 23/07/2013, à Saint-Léger-la-Montagne. Enfin, le 02/06/2003, l’espèce avait été citée par P. Tutelaers, sans mention de sexe, à La Côte, dans la commune de Saint- Laurent-sur-Gorre.

Note de bas de page 8 :

« …une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée… » (Colette, La maison de Claudine)

Araneus diadematus Clerck, 1757 : c’est certainement la plus répandue du genre Araneus et l’une des mieux connues du public, ce qui lui a valu l’honneur, rare chez nous, de pouvoir être nommée autrement qu’en latin. C’est l’araignée porte-croix, l’Epeire diadème, l’araignée des jardins8où elle est, il est vrai, très présente dans nos trois départements. Il est rare qu’un inventaire réalisé en été ou en automne dans un lieu comportant de la végétation arbustive ne mentionne pas cette espèce qui peut parfois aussi tisser sa toile dans les maisons. Elle fait partie des quelques araignées identifiables à l’œil nu et dont on note souvent la présence sans récolter l’animal. Il y a lieu pourtant d’être prudent car des observateurs peu avertis pourraient la confondre avec Araneus pallidus (voir cette espèce) laquelle est très rare encore chez nous mais qui y a été cependant observée. Certainement présente dans toutes les communes du Limousin, elle figure dans plus de trente fiches d’inventaire pour près d’une cinquantaine d’animaux identifiés. La première mention, inscrite par M. Cruveillier dans la base, le 16/08/1995, est celle d’une femelle ayant fixé sa toile à hauteur d’homme, entre les murs de deux bâtiments proches, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne.
Celui-ci la citera encore à huit reprises dans les divers sites prospectés de cette commune durant les mois de juillet à octobre. Il la mentionne également le 04/10/1997, au Moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle. Toujours en Haute-Vienne, elle est citée dans deux fiches par E. Duffey au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, puis dans une fiche au parc de Leycuras, à Bussière-Galant, par M. Barataud lequel la mentionne également au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Enfin, P. Tutelaers la cite en mai 1999 à Sauvagnac, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne et au lieudit La Côte, à Saint-Laurent-sur- Gorre. Sa présence en Creuse est attestée dans six fiches concernant la commune de Lussat (1 femelle en 1997 par M. Barataud) , celle de Lioux-les-Monges (3 femelles en juillet 1999 par F. Leblanc), celle de Royère-de-Vassivière, dans la tourbière de La Mazure (une femelle en juillet 2006 et une en 2009 par F. Lagarde) et enfin, par F. Leblanc, une femelle à l’étang de Chignat, à Soubrebost et une autre à l’étang des Mouillères, près de Chasselines, à Saint- Michel-de-Veisse. En Corrèze, la plus ancienne citation est une femelle, notée en août 1995 dans les carnets de M. Barataud, à l’Etang neuf, dans la commune de Clergoux, suivie dans ces mêmes carnets, par une autre femelle, au lieudit Haute-Faye, dans la commune de Benayes, le 08/09/2000. Les six autres fiches concernant ce département se répartissent entre K. Guerbaa pour quatre d’entre elles, une femelle à chaque fois et toujours en juillet-août de 1999 : à la falaise des Rouchilloux à Darnets, au Dolmen d’Espartignac, dans la forêt du Moulin de Blédou à Sérandon et Chez Serre, à Viam. B. Le Péru vient clore cette liste avec une femelle en août 1997 et un couple en septembre 2000, à la Gare de Savennes, dans la commue de Saint-Etienne-aux-Clos.

Araneus marmoreus Clerck, 1757 : bien que Nentwig & al. écrivent que la femelle pourrait atteindre 20,6 mm, les spécimens de cette araignée que nous avons observés sont de taille comparable à celle d’ A.diadematus et ne dépasent pas 15 mm mais présentent un abdomen plus arrondi dont les motifs et les couleurs de la partie dorsale sont assez variables. L’espèce construit sa toile sur les branches basses des arbres ou sur des arbustes, le plus souvent en bordure de bois humides où les deux sexes peuvent être trouvés adultes de juillet à octobre. Bien qu’elle soit notée dans la littérature comme présente dans toute l’Europe et parfois fréquente localement, elle n’a fait l’objet, outre une variété traitée ci-après, que de neuf fiches d’inventaire que se partagent la Corrèze et la Haute-Vienne, département où furent notées pour la première fois, deux femelles, par M. Cruveillier, le 21/09/1996, dans une partie humide et boisée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, site où il observera un mâle le 28/09/2006. Toujours en Haute-Vienne, dans la lande des Tuileries, près de Forgeas, à Saint- Bazile, K. Guerbaa note une femelle en juillet 1997, puis une autre le 04/07/1999, dans la lande de Saint-Laurent, à La-Roche-l’Abeille. En Corrèze, dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, B. Le Péru observe deux femelles en lisière de forêt en août 1997, puis un mâle en octobre de la même année dans une prairie en friche où il notera un autre mâle, en août 2002, et une femelle dans un jardin, en octobre 1999. L’autre citation de Corrèze est une femelle notée le 03/08/1999, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, par K. Guerbaa.

Araneus marmoreus var. pyramidatus Clerck, 1757 : il ne s’agit pas d’une espèce, mais d’une variété de l’espèce Araneus marmoreus dont elle ne se distingue que par la couleur de son abdomen qui est d’un beau jaune avec un folium dont l’extrémité est marron chocolat. En Limousin, cette variété a fait l’objet de trois citations en Haute-Vienne, d’abord à La Tuilerie, commune de Nantiat, où elle fut observée pour la première fois le 28/07/1986, par M. Barataud, puis une femelle à Meuzac, par M. Cruveillier, dans la bordure boisée et humide de la Lande du Cluzeau le 21/07/1996, ainsi qu’une autre dans la végétation de rive du ruisseau de La Roubardie, près du hameau des Garabœufs, le 18/08/1998.

Note de bas de page 9 :

Ce n’est pas le seul cas d’espèce réputée méridionale et qu’on a pu rencontrer dans le sud du Limousin

# Araneus pallidus (Olivier,1789) : un observateur un peu distrait pourrait prendre une femelle de cette grosse araignée pour une d’Araneus diadematus prête à pondre tant la coloration et le dessin dorsal présentent de similitudes. Signalée seulement jusque là en Algérie, Espagne, Portugal, Italie et dans le sud de la France, il n’est pas surprenant qu’elle soit considérée par la plupart des auteurs comme une espèce méridionale. Elle a pourtant fait l’objet de deux observations par M. Cruveillier dans son jardin de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, d’abord, le 28/09/2003, une très grosse femelle qui avait construit sa toile dans une touffe d’asters (détermination confirmée par J.-C. Ledoux) et, le 10/10/2008, une autre femelle en train d’emmailloter un bousier dont le vol s’était sans doute achevé contre sa toile tendue dans les branches basses d’un vieux pin sylvestre9. Il s’est demandé longtemps si, ayant visité en 2003 divers sites de l’Hérault, il n’aurait pas été lui-même le vecteur de l’apparition de cette espèce chez lui, mais il s’est écoulé cinq années entre les deux observations et, même si c’était le cas, cela montrerait que cette araignée supporterait bien le climat du Limousin et pourrait donc y être retrouvée. On pourra lire avec profit la publication de Manfred Grasshoff, du Musée de Senckenberg, sur les mœurs de cette espèce lors de l’accouplement, mais on sera peut-être surpris que le professeur Tobie Nathan ait puisé dans cette étude des similitudes avec des comportements observables en ethnopsychiatrie.

# Araneus quadratus Clerck, 1757 : cette araignée assez grosse, dont la femelle au corps replet, presque sphérique, peut atteindre 15 mm, arbore de magnifiques couleurs pouvant aller du vert amande au rouge brique. Cependant, si la couleur de fond de son abdomen peut varier, les dessins blancs du folium sont pratiquement immuables ce qui en facilite la détermination à l’œil nu. Elle fréquente surtout les milieux ouverts à végétation herbacée mi-haute comme les landes où on peut la rencontrer à l’état adulte durant l’été et l’automne et où elle peut être localement abondante. C’est le cas de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute Vienne, où M. Cruveillier observa, le 24/07/1996, douze femelles et un mâle et ne récolta que ce dernier, puis, dans ce même site, un autre mâle le 14/09/1997, et trois femelles le 24/06/2001. Il a noté également, dans la même commune, dans une prairie dégradée à callune et ajoncs, le long du ruisseau des Baraques, près du hameau du Mas Gaudeix, quinze femelles le 17/08/1998 et, le lendemain, six femelles et un mâle à la lande de La Roubardie, près du hameau des Garaboeufs. Il a observé également une femelle le 19/09/2000, et en a déterminé une autre, capturée le 11/06/2004 par K. Guerbaa, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne où F. Leblanc avait signalé l’observation de dix femelles le 10/10/1999. Toujours en Haute-Vienne, K. Guerbaa cite une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile et une autre le 08/09/2005, dans la tourbière de Chanteribière, à Bersac-sur- Rivalier. Enfin, E. Duffey note une femelle, le 19/07/2003, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. L’espèce n’a été mentionnée qu’à deux reprises en Creuse, une femelle, le 27/08/1997, par M. Barataud, au hameau du Genévrier, à Lussat et une autre le 22/08/1990, à Faux-la-Montagne. En revanche, elle a fait l’objet de huit fiches d’inventaire en Corrèze dont deux par O. Villepoux, d’abord une immature, le 15/07/1998, à Meymac, dans la tourbière du Longeyroux, puis un femelle adulte, le 18/07/1998, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Michel Barataud avait signalé une femelle dans ses carnets, le 01/09/1990, à Saint- Merd-les-Oussines, dans la lande de Marcy où K. Guerbaa en citera une autre, le 01/08/1999. Ce dernier en avait noté également une, le 02/08/01999, au lieudit Chez Serre, à Viam. Enfin, B. Le Péru la mentionne à trois reprises à Saint-Etienne-aux-Clos, trois femelles en septembre 1997, un mâle en septembre 2000 et un autre en août 2002.

Araneus sturmi (Hahn, 1831) (ex Atea sturmi) : bien qu’on puisse lire dans le site de Nentwig & al. que le mâle de cette araignée mesure 4 mm et que la femelle peut atteindre jusqu’à 5,6 mm, les mâles et les femelles de cette espèce, assez semblables par l’aspect, que nous avons pu voir, ne dépassaient pas 3,6 mm de long, ce qui en fait une des plus petites espèces du genre Araneus présentes chez nous. Sans pouvoir affirmer d’emblée qu’on a affaire à cette espèce, on y est généralement incité par les deux taches brunes en forme de feuille de saule qu’elle présente à l’avant de la partie dorsale de l’abdomen. Toutes nos observations se situent entre avril et juin. C’est donc une espèce à maturité assez précoce, qui, pour le moment, n’a pas été observée en Creuse où il y aura lieu de la rechercher. Sa première mention dans notre base de données se rapporte à un mâle qui avait été récolté le 15/06/1996, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, dans les branches basses d’un pin, en bordure de la tourbière des Dauges, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne où E. Duffey citera un couple le 30/05/2003. Ce dernier a, par ailleurs, noté à deux reprises l’espèce, dans les houx d’une haie, au village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine, une femelle le 14/06/1998 et une autre le 29/04/2003. Les deux autres fiches de Haute-Vienne émanent de M. Cruveillier qui observe dans un jardin du village de Chavagnac, à Meuzac, d’abord deux femelles dans un buis le 07/05/2000 et, bien plus tard, un mâle dans les branches basses d’un pin sylvestre, le 27/05/2012. En Corrèze, un mâle est noté par B. Le Péru, en mai 2000, errant au sol dans un jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, et une femelle est observée dans un genévrier de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, par E. Duffey, le 13/05/2003. Dans la plupart des observations la toile se trouvait accrochée aux branches basses d’arbres ou d’arbustes à feuilles persistantes, pin, buis, houx, genévrier, ce qui confirme les données de la littérature et, comme on pourra l’observer plus loin, ce qui est également le cas pour d’autres espèces comme, par exemple, chez Hyptiotes paradoxus de la famille des Uloboridae.

Araneus triguttatus Fabricius, 1775 (ex Atea triguttata) : un peu plus grande qu’Araneus sturmi, cette espèce ne semble pas afficher de préférence pour les semper virens mais partage avec cette dernière d’être mature dès le printemps, de n’avoir pas encore été observée en Creuse et d’avoir été mentionnée dans huit fiches d’inventaire, lesquelles se partagent cette fois équitablement entre la Corrèze et la Haute-Vienne. C’est dans ce dernier département que M. Cruveillier observa d’abord une femelle sur sa toile, le 25/05/1997, sur de la repousse d’aulne, dans la partie très humide de la lande tourbeuse de La Roubardie, à Meuzac. Il déterminera bien plus tard un mâle, dans une récolte de P. Durepaire du 05/06/2013, dans une tente Malaise destinée à piéger des Syrphes, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où E. Duffey avait cité une femelle le 22/05/2000. L’autre observation de Haute-Vienne, le 01/04/2001, émane aussi d’E. Duffey qui note deux mâles au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Les quatre autres observations ont été faites en Corrèze, dont deux par B. Le Péru qui, dans un jardin de la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, cite d’abord un mâle en mai 1997, puis une femelle en juillet 1999. Eric Duffey capture un mâle le 28/04/2007 dans une friche envahie d’herbes au village du Dougnoux, à Altillac et F. Lagarde cite l’espèce en 2009, à la Roche du Coq Mont Gradis, à Viam.

# Araniella cucurbitina (Clerck,1757) : des six espèces de ce genre présentes en France, trois ont été observées en Limousin. S’il est assez facile de distinguer le genre à l’œil nu, même un arachnologue averti ne saurait se prononcer avec certitude sur l’espèce sans placer la bête sous sa loupe binoculaire pour en examiner les genitalia*, tant nos trois Araniella se ressemblent. A. cucurbitina tisse une toile soignée dans les haies, dans les branches basses des arbres et dans la végétation buissonnante où, bien que de taille assez modeste, environ 4 mm pour le mâle et jusqu’à 6,5 pour la femelle, elle est immédiatement dénoncée par la couleur jaune-vert fluo de son abdomen lequel présente une rangée de points noirs latéraux, généralement quatre mais parfois cinq, et une ponctuation rouge à son extrémité. C’est une espèce paléarctique, largement représentée dans tous les pays d’Europe et commune à peu près partout, ce qui est le cas dans notre Région. Elle est notée la première fois le 16/08/1995 en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac où il observa trois femelles et un mâle dans divers arbustes d’un jardin. Il signalera encore l’espèce dans six autres inventaires pour ce département, d’abord un mâle et deux femelles au Moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle, le 18/06/1997, ensuite un mâle au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, le 03/06/2000, puis trois autres mâles, le 22/06/2001, en bordure de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne où F. Leblanc avait déjà noté trois femelles le 10/10/1999. M. Cruveillier cite encore une femelle, le 01/06/2001, au Theil, dans la commune de Saint-Gence, et deux mâles et une femelle, 24/06/2001, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac. Pour clore les inventaires de Haute-Vienne il faut encore citer deux observations d’E. Duffey au village de Chez-Gouillard, à Bussière-Poitevine, une femelle en juillet 1999 et une autre le 17/07/2000, et deux citations de K. Guerbaa, une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile et un mâle le 23/05/1999 au village de Tranchepie, à Verneuil-sur-Vienne. En Corrèze l’espèce figure dans quatorze inventaires, d’abord à Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru, en juin 1997, un mâle errant sur un poteau de jardin « à 1,8 m du sol » et une femelle dans sa toile en lisière de forêt humide, puis un autre mâle dans un jardin en juin 2001. Cette même année, le 9 juin, trois femelles sont notées par M. Cruveillier, dans les arbustes du Moulin du Cher, à Sarran. Il citera l’espèce encore à cinq reprises dans ce département. Cest d’abord un mâle, le 02/06/2002, dans des buis bordant une pelouse calcaire proche du village du Soulier, à Chasteaux, ensuite, à partir de récoltes du 07/05/2011 provenant de M.-L. Bouvier, M. Couffy et S. Fouque en divers secteurs de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, respectivement une immature, deux mâles et une femelle. Toujours en 2011 il détermine un mâle et une femelle récoltés par S. Fouque dans un talus de buissons près du Lac de Sèchemailles, à Ambrugeat et un mâle dans une récolte par piégeage au sol de M. Lefrançois, le 23/06/2011, à La Font Clare, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. Trois citations émanent d’E. Duffey : une femelle, le 18/06/2003, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, un mâle au village du Dougnoux, à Altillac, le 21/05/2005, et une femelle au Puy Turlau, à Végennes, le 18/06/2008. Enfin, pour clore la liste des citations de Corrèze, F. Lagarde avait également noté la présence de l’espèce dans la tourbière de Ribière longue, à Meymac. En Creuse, la première citation émane de F. Leblanc qui note une femelle en juillet 1997, près de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse. Il détermine ensuite un mâle et trois femelles dans des récoltes d’E. Mourioux, du 15/03/2000, à Saint-Maurice-la-Souterraine. Au mois de mai 1999, K. Guerbaa avait cité deux mâles au hameau du Genévrier, à Lussat, commune où en 2009, M. Cruveillier mentionnera, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, une femelle le 18/05 et un mâle le 01/06. Enfin, le 25/05/2007, une femelle est mentionnée par B. Le Péru, près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze et, en 2009, F. Lagarde mentionne l’espèce à la tourbière des Avenaux, à Faux-la-Montagne.

Araniella inconspicua (Simon, 1874) : ressemble beaucoup extérieurement à ses congénères Araniella mais s’en distingue par l’absence des points noirs latéraux de l’abdomen, que l’on observe chez les deux autres espèces. Elle construit sa toile le plus souvent sur des chênes ou des pins mais, comme pour les deux autres, il arrive qu’on la rencontre parfois dans les herbes, surtout les mâles qui se déplacent plus volontiers. Elle n’a fait l’objet que de deux observations : une en Creuse d’abord, où F. Leblanc a capturé un mâle au filet fauchoir, en juin 1999, dans une prairie, au village de Pétillat, commune de Saint-Sulpice-les-Champs, puis, le 15/04/2000, en Haute-Vienne, où M. Cruveillier, observe une femelle dans sa toile sur les branches basses d’un pin sylvestre dans une bordure très ensoleillée de la forêt de Meuzac.

Araniella opisthographa (Kulczyński, 1905) : par son aspect extérieur et par ses mœurs, cette araignée est très semblable à Araniella cucurbitina dont elle fut longtemps considérée comme une variété (Locket & Millidge). Elle a accédé au rang d’espèce mais ne peut être distinguée de cette dernière que par l’examen de ses genitalia*. Elle affiche le plus souvent une rangée de cinq points noirs de chaque côté de l’abdomen, mais dans la mesure où A. cucurbitina en présente parfois cinq, ce critère, qui de toute façon ne pourrait donner un début d’indication que dans le cas où on en observe quatre, n’est pas suffisamment fiable pour s’en tenir à lui seul. Il faut donc en passer par la loupe binoculaire, ce qui n’est pas sans quelque difficulté pour ce qui concerne les mâles, notamment pour placer le pédipalpe dans une position propre à bien montrer les éléments caractéristiques. A. opisthographa est un peu moins commune chez nous que sa congénère A.cucurbitina mais y est tout de même bien présnte puisqu’elle apparaît dans dix-sept fiches d’inventaire représentant une trentaine d’animaux adultes déterminés. La première mention est du 5/05/1998, quand M. Cruveillier recueillit, dans la lisière boisée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, un mâle qui s’était laissé tomber sur le chapeau d’un ornithologue. La chose est si peu rare qu’il récolta deux ans plus tard, le 22/06/2000, en passant sous des chênes, au hameau du Genévrier, commune de Lussat, en Creuse, un autre mâle suspendu à son propre chapeau. Les prospecteurs qui privilégient le piégeage au sol ont peu de chance de recueillir cette espèce, contrairement à ceux qui battent les branches des arbres et les haies vives. Ainsi, sur l’ensemble des citations de notre base, qui couvrent nos trois départements, E. Duffey a-t-il été le pourvoyeur principal, la plupart de ses nombreuses captures ayant été faites en Haute-Vienne dans une haie de sa propriété, dans la commune de Bussière-Poitevine où il mentionne l’espèce à sept reprises : une femelle en mai 1998, six mâles et une femelle le 08/05/2000, un mâle et trois femelles le 28/05/2000, un mâle le 30/05/2002, un autre mâle le 29/04/2003, trois mâles et deux femelles le 07/05/2003 et enfin un mâle le 22/05/2003. Trois autres citations de M. Cruveillier, à raison d’un mâle à chaque fois, viennent clore la liste pour la Haute-Vienne : le 04/06/1998, au filet fauchoir, dans les hautes herbes d’une prairie en friche, le long du ruisseau des Baraques, à Meuzac et, dans cette commune, le 20/05/2001, par battage de banches sur de la repousse de frêne. Il détermine le dernier mâle dans une récolte par tente Malaise du 15/07/2013, effectuée par P. Durepaire dans la hêtraie à houx de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse, outre la capture évoquée plus haut de M. Cruveillier, une seconde mention provient de la détermination, par F. Leblanc, d’un mâle capturé dans un piège à insectes par E. Mourioux, le 19/03/2000, au lieudit La Garrige, à Saint-Maurice-la-Souterraine. Trois des quatre fiches concernant la Corrèze émanent encore d’E. Duffey : deux mâles le 13/06/2002 dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis deux autres mâles au village du Dougnoux, à Altillac, un le 09/05/2006 et l’autre le 01/06/2008. La dernière mention de Corrèze est de F. Lagarde qui signale la présence de l’espèce dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac.

Argiope bruennichi (Scopoli,1772) : c’est une des plus grandes de cette famille et sans doute, avec Araneus diadematus, l’une des plus photographiées et des plus connues du grand public ce qui lui vaut, à elle aussi, d’avoir plusieurs noms vernaculaires dont les plus connus sont Argiope fasciée ou Epeire fasciée. Elle doit aussi celui d’Argiope frelon aux couleurs de son abdomen. Elle fait partie des espèces facilement identifiables à l’œil nu. Le mâle ne mesure guère que de 4,5 à 7 mm alors que la femelle dépasse couramment 15 mm et peut même en atteindre 20. On peut les rencontrer adultes l’un et l’autre durant les trois derniers mois de l’été et parfois jusqu’au début d’octobre. Cette espèce tisse sa toile assez près du sol, à une hauteur de 20 à 50 cm, dans les milieux herbeux ouverts, prairies, landes, bords de routes, et se tient le plus souvent au centre de cette toile laquelle comporte un stabilimentum*, sorte de couture diamétrale en zigzag, dont la fonction n’a pas été clairement élucidée. A l’arrivée de l’automne, la femelle place sa ponte dans un cocon qu’elle accroche à une tige un peu solide. Ce cocon est si particulier que sa seule rencontre permet d’affirmer la présence de l’espèce, c’est un chef d’œuvre d’architecture, dont la construction est magnifiquement décrite par H. Fabre dans ses « Souvenirs entomologiques ». Notée la première fois dans la base de données du Limousin par M. Cruveillier, le 16/08/1995, dans une prairie naturelle où les toiles étaient nombreuses, au village de Chavagnac, commune de Meuzac, en Haute- Vienne, elle a depuis été signalée dans ce type de milieu, souvent en très grand nombre, par tous les prospecteurs dans les trois départements du Limousin où elle a fait l’objet de soixante et une fiches d’inventaire dont treize pour la Corrèze, vingt-trois pour la Creuse et vingt-cinq pour la Haute-Vienne, l’ensemble représentant près de trois cents animaux observés. Les communes concernées par ces inventaires sont au nombre de treize en Corrèze : Benayes, Chasteaux, Clergoux, Feyt, Meymac, Peyrelevade, Saint-Etienne-aux-Clos, Saint-Merd-les- Oussines(2 sites), Tarnac, Viam (3 sites). Les communes concernées en Creuse sont : Faux-la- Montagne (3 sites), Gentioux-Pigerolles (5 sites), Lioux-les-Monges, Lussat (4 sites), Pontarion, Royère-de-Vassivière (3 sites), Soubrebost, Saint-Goussaud, Saint-Michel-de- Veisse, Saint-Pierre-Bellevue, Saint-Sulpice-les-Champs. Pour la Haute-Vienne on relève les communes de Bersac-sur-Rivalier (2 inventaires), Bussière-Poitevine (4 inventaires), Compreignac, Meuzac (8 sites), Pageas (2 inventaires), Peyrat-le-Château (2 inventaires), La- Roche-l’Abeille, Saint-Bazile, Saint-Genest-sur-Roselle, Sauviat-sur-Vige (2 sites). Une énumération plus détaillée de ces différentes mentions n’apporterait pas un éclairage particulier sur la fréquence et la répartition chez nous de cette belle araignée qui peut être très abondante par endroits selon les années et selon la nourriture disponible, surtout les orthoptères qui constituent le plus gros de son menu. Au mois d’août 2002, M. Cruveillier et S. Leduc ont compté pas moins de soixante-dix toiles, dont certaines proches à se toucher, réparties linéairement sur les quelques dizaines de mètres séparant deux poteaux de téléphone, dans les herbes d’un étroit talus bordant une petite route communale à Meuzac.

Cercidia prominens (Westring, 1851) : seule espèce en Europe du genre Cercidia, cette araignée de taille modeste (4 à 5 mm), au corps brun rouge ou rouge orangé, présente à l’avant de l’abdomen, lequel avance au-dessus du céphalothorax, une rangée de soies noires qui permettent à un naturaliste un peu averti de la reconnaître aisément. Une loupe de terrain suffit pour cette détermination. Elle tisse une toile sans moyeu formée de quelques spires lâches, au pied des herbes, très près du sol , souvent dans des bordures herbeuses de chemins ou des talus et parfois dans des clairières de milieux boisés. A l’exception d’une mention en novembre, toutes nos observations ont été faites entre avril et septembre, mais la période de maturité pourrait s’étendre sur toute l’année comme l’affirment Nentwig & al. Observée d’abord le 25/06/1999 par M. Cruveillier dans une prairie dégradée de la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, cette espèce a fait l’objet par la suite d’une douzaine de mentions réparties sur nos trois départements, notamment en Corrèze où elle est mentionnée à quatre reprises par B. Le Péru dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos : un mâle en mai 1998 dans une prairie en friche où il notera une femelle en août 2002, un mâle errant dans un jardin en mai 2000, et un autre en lisière de forêt humide en novembre 2001. Toujours en Corréze, M. Cruveillier cite une femelle, le 27/06/2001, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les- Oussines, puis, le 23/07/2002, une autre qui circulait à la base des herbes en bord de route, près du village de Veyrières, à Feyt. E. Duffey note une femelle le 18/06/2003, à Chenailler- Mascheix, en bordure du chemin d’accès à la lande de Bettu et une autre au Puy Turlau, dans la commune de Végennes, le 18/06/2008. Enfin, F. Lagarde note, en 2009, la présence de deux individus de l’espèce à la Roche du Coq Mont Gradis, à Viam. La Creuse n’a fait l’objet que de deux citations, d’abord par M. Cruveillier qui, le 21/09/2000, note une femelle dans sa toile au ras du sol dans une prairie proche de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat, puis par F. Lagarde qui mentionne l’espèce au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue. Pour ce qui est de la Haute-Vienne, outre la première observation citée plus haut, M. Cruveillier a noté cette espèce dans deux autres sites proches du village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac : une femelle le 25/06/1999 dans une clairière de la colline du Suchaud, et, le 26/04/2001, une autre femelle capturée dans un verger abandonné par B. Duhem, participant d’un stage où intervenaient M. Emerit et J.-C. Ledoux.

Cyclosa conica (Pallas,1772) : cette espèce, dont la femelle mesure entre 5 et 7 mm, le mâle n’atteignant pas 5 mm, doit son nom à la forme de son abdomen qui se termine en un lobe conique très légèrement relevé. Elle tisse sur les plantes buissonnantes où sous les branches basses des arbres une toile très soignée à spires rapprochées et parachève sa construction par un stabilimentum* auquel elle accroche ses proies en chapelet, fournissant ainsi à l’arachnologue des renseignements de première main sur son alimentation selon les saisons. On peut rencontrer des adultes de mars à août mais la forme particulière de son corps permet d’identifier des immatures. Une femelle est citée la première fois par M. Cruveillier, le 16/08/1995, dans une haie de jardin du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, site où il mentionne le seul mâle, le 06/06/1997, et trois autres femelles, le 21/06/2006. Il mentionne également une femelle, le 22/06/2003, sur un arbuste de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy. Une femelle est également citée dans ce département en octobre 1997, au village de Versavaux, dans la commune de Bussière-Galant, par M. Barataud, lequel mentionne deux autres femelles au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, une le 18/09/1998 et une autre le 08/09/2000. Enfin, en mai 1999, E. Duffey avait observé une femelle dans une haie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. L’espèce est mentionnée dans sept fiches d’inventaire en Corrèze, d’abord par B. Le Péru qui note une femelle dans sa toile, « à 1 m du sol », en juillet 1997, en lisière d’une forêt humide, à Saint- Etienne-aux-Clos, puis K. Guerbaa cite, le 31/07/1999, d’abord une femelle à la Falaise des Rouchilloux, dans la commune de Darnets puis une autre dans la forêt du Moulin du Blédou, à Sérandon, et M. Barataud en note une, le 08/09/2000, dans la tourbière du Quart du Roi, à Benayes. Les trois autres fiches concernant la Corrèze émanent de M. Cruveillier qui cite une femelle le 09/06/2001 au Moulin du Cher, à Sarran, une autre, le 16/04/2006, dans un buis bordant une petite pelouse calcaire sèche proche du village du Soulier, à Chasteaux , et enfin une dernière, le 08/05/2011, dans la forêt de la Cubesse à Ambrugeat. C’est à M. Cruveillier que l’ont doit également les deux seules citation de Creuse, toutes les deux dans la commune de Lussat : une femelle, le 22/06/2000, en lisière d’un petit bois près du hameau du Genévrier et une autre, le 01/06/2009, sur un jeune bouleau, au bord de l’étang de Tête de Bœuf.

Cyclosa oculata (Walckenaer,1802) : légèrement plus petite que C. conica, elle s’en distingue extérieurement par deux petites excroissances latérales pointues situées de part et d’autre de l’extrémité centrale effilée de l’abdomen. Nos observations d’adultes vont de mi- avril à fin juin, à l’exception d’une citation de fin septembre, et concernent toutes des toiles situées entre 20 et 50 cm du sol dans des milieux herbacés ou de landes. Elle fut identifiée la première fois chez nous le 18/05/1999, par M. Cruveillier, à partir d’une femelle rapportée du Coteau de la Vacherie, commune de Nespouls, par K. Guerbaa , ce qui constitue la seule mention de Corrèze à cette date. K. Guerbaa observera plus tard, le 13/04/2001, dans la lande de Lavalette, commune de Bessines-sur-Gartempe, en Haute-Vienne, une toile à 40 cm du sol, qui comptait une trentaine d’immatures, et, le 27/08/2002, une autre femelle dans une lande sèche au nord du Puy-la-Breuilhe, près du lac de Saint-Pardoux, dans la commune de Compreignac. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey capture une femelle le 30/04/2000, au filet fauchoir, dans l’herbe, à la base d’une haie vive, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Les deux autres données de Haute-Vienne émanent de M. Cruveillier qui identifie une femelle dans une récolte de S. Déjean, du 28/09/2006, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac et, le 29/05/2008, trois femelles dans une friche de Richebourg, à Pierre- Buffière, site où , en compagnie de H. Guillien, ils revirent cette espèce de nombreuses fois et en grand nombre. Cela nous conduit à penser que, bien que généralement peu commune, cette araignée pourrait être localement assez abondante. Enfin, c’est aussi à M. Cruveillier qu’on doit l’unique donnée de Creuse, une femelle, le 14/06/2003, dans une touffe de bruyère, dans la partie de lande sèche en bordure de la tourbière de La Mazure, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Gibbaranea bituberculata (Walckenaer,1802) : cette espèce, ainsi nommée à cause des deux tubercules disposés comme des épaulettes à l’avant de son abdomen, ressemble un peu à Araneus angulatus mais en beaucoup moins grand. Le mâle mesure environ 5 mm et la femelle entre 6 et 8. On trouve des adultes de mai à août, le plus souvent sur la végétation basse ou buissonnante des milieux ouverts ou sur les branches basses des arbres de lisière. Notée pour la première fois en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 16/08/1995, à Chavagnac, commune de Meuzac, où une femelle avait construit sa toile sur une touffe de repousse de chêne, elle sera mentionnée par ce dernier encore à trois reprises dans cette commune : une femelle le 16/06/1997 aux Fontenelles, sur les branches basses d’un jeune pommier, un couple le 20/05/2001, sur un petit chêne rabougri et une troisième femelle, le 28/09/2006, sur un buisson de prunellier, dans la Lande du Cluzeau. Il mentionne également une femelle, le 03/06/2000, dans les herbes d’une prairie naturelle, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe et déterminera un mâle pris dans une tente Malaise par P. Durepaire, le 29/06/2013, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où un mâle avait été noté le 29/06/2004, par E. Duffey, lequel mentionne encore l’espèce à trois reprises : d’abord, le 29/04/2000, un mâle dans des buissons en bordure d’un étang à Rancon, puis deux fois au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine où il capture au filet fauchoir dans une prairie naturelle, une femelle le 01/04/2001, puis deux mâles et une femelle le 29/04/2003. Après que P. Tutelaers cite l’espèce le 02/06/2003 au lieudit La Côte, dans la commune de Saint-Laurent-sur-Gorre, H. Guillien vient clore la liste de Haute- Vienne par l’observation d’une femelle, le 11/05/2009, sur une tige de plantain lancéolé, dans une prairie de la vallée de la Briance, à Saint-Hilaire-Bonneval. C’est F. Leblanc qui, en premier pour la Creuse, mentionne une femelle, le 11/04/1999, près du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, puis M. Cruveillier cite l’espèce à deux reprises dans la commune de Lussat, d’abord une femelle, le 22/06/2000, par fauchage au filet de la bordure broussailleuse d’une prairie, au hameau du Genévrier puis, le 18/05/2009, une autre femelle qui avait fait sa toile dans un chemin herbeux en bordure de l’étang de Tête de Bœuf. Enfin, dans une tourbière dégradée d’Orladeix, à Royère-de-Vassivière, F. Lagarde note d’abord un mâle et une femelle, le 14/05/2006, puis cite à nouveau l’espèce dans ce site en 2009. En Corrèze, l’espèce a été mentionnée trois fois : tout d’abord par K. Guerbaa qui observe une femelle, le 18/05/1998, dans un buisson de la carrière du Siorrat, à Brive-la-Gaillarde, puis par M. Cruveillier qui, le 23/07/2002, récolte une femelle par battage de branches basses, dans une clairière d’un petit bois proche de Veyrières, dans la commune de Feyt, et enfin par E. Duffey qui récolte deux mâles au filet fauchoir, le 09/05/2006, dans un pré envahi de végétation mi-herbacée mi-buisonnante au village du Dougnoux, à Altillac.

Gibbaranea gibbosa (Walckenaer, 1802) : cette araignée de couleur brun foncé dont les tubercules dorsaux sont à peine marqués et qui n’excède pas 7 mm pour la femelle et très rarement 5 mm pour le mâle, mature tout l’été, construit sa toile sur la végétation buissonnante. E. Duffey a signalé pour la première fois cette espèce en mai 1999 après avoir récolté une femelle au filet fauchoir dans de la végétation de rive d’étang, au village de Chez Gouillard, commune de Bussière Poitevine, en Haute-Vienne, observation qu’il a répétée les années suivantes à quatre reprises, une autre femelle le 08/05/2000, dans une haie vive de chêne, houx et aubépine où il en capture une troisiéme le 28 mai suivant et une quatrième le 19/07/2003. Dans ce même département une femelle a également été observée par B. Duhem, le 23/04/2001, près du lac de la Basse-Roche, contre le mur en crépi blanc d’une maison, à Meuzac, commune où, le 03/05/2003, un superbe mâle est récolté sur les branches basses d’un cerisier au village de Chavagnac par M. Cruveillier qui, le 22/06/2003, cite une femelle dans un prunellier de la butte de Frochet, dans la commune de Bussière-Boffy et un mâle déterminé dans une récolte de H. Guillien, du 29/05/2008, dans une friche du moulin de Richebourg, commune de Pierre-Buffière. Toujours en Haute-Vienne, l’espèce est mentionnée dans la réserve nationale de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, d’abord deux femelles, par P. Tutelaers, le 21/05/1999, puis à deux reprises par M. Cruveillier qui détermine, dans des récoltes par tente Malaise de P. Durepaire, un mâle du 05/06/2013 et un autre mâle du 13/06/20013. En Corrèze, l’espèce est rapportée deux fois par B. Le Péru, à Saint-Etienne-aux-Clos, d’abord deux mâles errant au sol dans un jardin en juin 1998 puis un autre, sur le mur extérieur d’une maison, en juillet 1999, puis, à deux reprises également, par M. Cruveillier qui note une femelle, le 18/05/2002, sur des buissons en bordure d’un chemin de pêcheurs le long du Chavanon, à Feyt, et une autre, dans une récolte de H. Muhlhof, au lac de Sèchemailles, à Ambrugeat, le 09/05/2011. Bien que rien ne s’oppose à sa présence en Creuse, cette araignée n’a pas encore été citée dans ce département où il y a lieu de la rechercher.

Gibbaranea omoeda (Thorell, 1870) : un peu plus grande que la précédente (8 à 9 mm pour la femelle) , elle présente, à l’inverse de celle-ci des tubercules latéraux proéminents à l’avant de l’abdomen marquant le sommet d’une zone bien délimitée formant comme deux épaulettes brunes. Mature elle aussi tout l’été, et même parfois dès la fin du printemps elle est plus difficile à observer que les autres Gibbaranea parce qu’elle construit sa toile beaucoup plus haut, dans les branches des arbres, généralement des conifères semble-t-il. Aussi n’a-t- elle jusque là fait l’objet que de trois observations, par M. Cruveillier, deux dans la forêt de Meuzac, Haute-Vienne : un très bel exemplaire de mâle, sur un sapin de bordure, le 16/09/1987, puis un autre mâle le 27/05/2001, et, tout récemment, le 09/03/2011, un immature qui pendait à son fil des branches d’un Douglas, à Chavagnac, dans la même commune . Il est certain que des prospections forestières dans une strate un peu haute devraient rapporter d’autres observations.

Hypsosinga albovittata (Westring,1851) : les quatre espèces du genre Hypsosinga de la faune de France sont toutes présentes en Limousin. Ce sont des araignées de taille modeste, soit 3 mm environ pour la femelle et 2,5 pour le mâle d’H. albovittata, la plus petite des quatre. Elles construisent leur toile dans l’herbe, près du sol, comme les Cercidia, mais généralement dans des milieux plus humides. Leur abdomen de forme ovale est souvent marqué de larges bandes longitudinales. Elles sont matures tout l’été, parfois dès le milieu du printemps. Hypsosinga albovittata, présente dans nos trois départements mais nulle part commune, a été notée pour la première fois en Haute-Vienne, quand M. Cruveillier trouve une femelle dans sa toile, très près du sol, dans l’herbe mi-haute d’un secteur humide de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où, le 14/08/1998 il en note une autre dans une prairie humide au bord du ruisseau des Baraques près du lieudit Le Mas Gaudeix, puis, le 17/08/1998, une troisième dans une touffe d’Erica cinerea de la lande tourbeuse de La Roubardie, près du hameau des Garabœufs. En Corrèze elle est d’abord citée par B. Le Péru qui, en mai 1997, observe un mâle errant sur le mur d’une maison à la Gare de Savennes, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, puis par E. Duffey qui récolte une femelle au filet fauchoir, le 13/06/2002, sur des bruyères de la lande serpentinique de Bettu, commune de Chenailler-Mascheix, enfin par F. Lagarde qui, en 2009 note deux fois la présence de l’espèce dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, au Ruisseau du Mazet et dans la tourbière du Rebourzeix. La seule mention en Creuse est également rapportée par F. Lagarde, en 2009, aux Fontenelles du Chalard, commune de Gentioux-Pigerolles.

Note de bas de page 10 :

Il s’agit d’une celle monacale, aujourd’hui en ruines, qui était rattachée à l’abbaye de Grandmont. L’étang fournissait en poisson les occupants de la celle. La petite tourbière est également très riche en espèces végétales.

Hypsosinga heri (Hahn,1831) : un peu plus grande que la précédente (4 mm pour la femelle), cette espèce se rencontre le plus souvent dans les herbes des bords de rivières ou d’étangs. Des douze mentions de cette espèce, dix émanent de M. Cruveillier qui a d’abord trouvé une femelle à Meuzac, en Haute-Vienne, le 25/05/1997, dans des herbes surplombant le ruisseau de La Roubardie. Il notera par la suite dans cette même commune, dans la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, au bord du petit ruisseau qui alimente l’étang de la celle10, d’abord une femelle, le 27/07/2001, puis deux mâles dans une récolte d’O. Villepoux, du 29/09/2006. Toujours dans la commune de Meuzac, il mentionne un couple au bord du lac de la Basse Roche, le 26/04/2001, puis une femelle dans la commune de Vicq-su-Breuilh, dans une prairie marécageuse proche du hameau des Vareilles (récolte H. Guillien du 20/06/2008). Dans dans la commune de Sauviat-sur-Vige, au bord de l’étang de Vallégeas, il capture deux femelles le 11/07/2001 et, dans la réserve nationale des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, le 22/08/2001, il récolte six femelles et un mâle au filet fauchoir dans les herbes surplombant le ruisseau de la tourbière. En Corrèze, il trouve un superbe mâle le 09/06/2001, dans des poacées surplombant la Vézère, au Gour Noir, près du Mas Martin, dans la commune d’Uzerche, puis trois femelles au bord du Chavanon, dans sa haute vallée, dans la commune de Feyt, le 23/07/2002. En Creuse, F. Leblanc mentionne une femelle en juillet 1997 et un mâle en mai 1998 à l’étang des Mouillères, commune de Saint-Michel-de-Veisse, et, dans la commune de Lussat, M. Cruveillier trouve une femelle, le 13/06/2009, dans les herbes de la rive de l’étang de Tête de Bœuf.

Hypsosinga pygmaea (Sundewall, 1831) contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer cette espèce est la plus grande de nos quatre Hypsosinga (4,5 mm environ pour la femelle). Son abdomen présente deux bandes longitudinales sombres déterminant trois bandes blanches qui, parmi les nombreux noms que cette araignée a reçus, lui ont aussi valu celui de trifasciata. Mais elle présente parfois, surtout le mâle, un abdomen tout noir. Les deux sexes sont adultes de mai à juillet et fréquentent les milieux ouverts herbeux plutôt humides et ensoleillés. En Limousin, c’est l’espèce d’Hypsosinga qui a été observée le plus fréquemment, dans une assez grande diversité de milieux le plus souvent humides. Elle a fait l’objet de vingt-sept fiches d’inventaire pour cinquante-deux animaux adultes déterminés. C’est une femelle qui a été notée pour la première fois en mai 1998, par E. Duffey, en Haute- Vienne, dans des herbes bordant un étang au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, site où il mentionnera l’espèce encore à trois reprises, une femelle le 22/05/2003, un mâle le 15/06/2003 et un autre mâle le 24/05/2004. Toujours en Haute- Vienne, il la cite dans deux fiches, une femelle le 22/05/2000 et un couple le 30/05/2003, à Saint-Léger-la-Montagne, dans la tourbière des Dauges où P. Tutelaers avait signalé deux mâles et trois femelles le 21/05/1999. L’observation d’une femelle par M. Cruveillier au bord d’une rigole dans une prairie humide de Saint-Priest-sous-Aixe, vient clore la liste des citations de Haute-Vienne. En Creuse, à l’exception d’une femelle citée par B. Le Péru, le 25/05/2007, dans la végétation de bordure de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de Chirouze, les onze autres fiches proviennent de F. Lagarde et concernent les tourbières de la partie creusoise du Plateau de Millevaches, d’abord, le 14/05/2006, dans la commune de Royère-de-Vassivière, deux mâles dans la tourbière du Bois des Pialles, près d’Orladeix et cinq mâles et trois femelles dans la tourbière de la Gane. Les autres fiches, toutes en 2009 ne fournissent pas d’autre indication que la présence de l’espèce et le nombre d’individus déterminés. Elles concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic), de Saint- Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais) et à nouveau de Royère-de-Vassivière dans les deux tourbières déjà citées. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, en juin 2001, trouve un mâle errant au sol dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, puis E. Duffey qui, le 17/05/2006, mentionne une femelle dans les herbes entourant une mare de son jardin, au village du Dougnoux, à Altillac, et, le 20/06/2008, un exemplaire de mâle tout noir dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Les autres citations de Corrèze sont de 2009 et proviennent des fiches de F. Lagarde. Elles concernent les tourbières des communes de Peyrelevade (Negarioux Malsagne), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet), et de Viam (Roche du Coq-Estang).

Hypsosinga sanguinea (C.L. Koch, 1844) : cette araignée à peine plus grande qu’Hypsosinga albovittata, présente sur l’abdomen deux bandes sombres et trois bandes claires longitudinales, comme H. pygmaea mais les bandes sombres sont plus larges et les bandes claires plus étroites et presque blanches, surtout la bande médiane. C’est une espèce des strates basses des milieux herbeux, généralement humides, voire marécageux, mais pas exclusivement. Comme chez les autres Hypsosinga les deux sexes sont adultes au printemps et en été. Présente dans nos trois départements elle n’y a fait l’objet que d’une dizaine de fiches d’inventaire et d’abord en Corrèze, par B. Le Péru qui, dans un jardin de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, cite une première femelle en juin 1997 pui une seconde en juin 2002. E. Duffey la cite deux fois dans ce département, d’abord deux femelles dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, le 18/06/2003, puis une autre le 18/06/2009 au Puy Turlau dans la commune de Végennes. En Creuse, M. Cruveillier trouve une femelle le 18/06/2000, parmi les joncs bordant l’Etang des Landes, près du hameau du Genévrier, à Lussat, et F. Lagarde note à deux reprises l’espèce dans la tourbière de La Gane, à Royère-de-Vassivière, d’abord cinq mâles le 14/05/2006, puis une nouvelle fois en 2009. Enfin en Haute-Vienne, une femelle est notée d’abord par F. Leblanc à Saint-Léger-la-Montagne, le 10/10/1999, date un peu surprenante pour un animal adulte, dans un touradon de Molinie de la tourbière des Dauges, ou E. Duffey identifie un mâle dans une capture de P. Durepaire de juillet 2008, et, dans la même commune, M. Cruveillier détermine une femelle dans une capture du 17/07/2008, par K. Guerbaa et A. Burguet, dans une prairie à genêts des Combes.

Larinioides cornutus (Clerck,1757) : des quatre espèces du genre Larinioides présentes en France, trois ont été observées en Limousin. Extérieurement, elles sont très proches de celles du genre Araneus, et d’ailleurs Clerck, qui est l’auteur du genre Araneus, avait classé dans ce genre nos trois Larinioides qu’il a décrits. Ce sont des araignées dont le dessin dorsal abdominal est assez constant ce qui permet à un arachnologue averti de repérer assez vite l’espèce. Larinioides cornutus est présente dans toute l’Europe mais avec des densités de populations fort diverses. A l’inverse de nos deux autres Larinioides elle est très présente en Limousin. C’est typiquement une espèce des milieux humides et notamment de la végétation de bordure des étangs et des cours d’eau, où elle peut être localement très abondante et où on peut rencontrer des adultes en toute saison. Les trois départements limousins hébergent, dans ce type de milieu, des populations souvent importantes de cette araignée qui a fait l’objet de quarante-deux fiches d’inventaires, dix-neuf en Haute-Vienne, quatorze en Creuse et neuf en Corrèze, l’ensemble représentant cent-vingt-cinq animaux déterminés, l’espèce étant notée par tous les prospecteurs ayant participé à nos inventaires. M. Cruveillier est l’auteur de la première mention, le 20/05/1997, qui fait état de dix-huit femelles et un mâle observés dans les hautes herbes bordant le petit étang de la Celle du Cluzeau à Meuzac, en Haute-Vienne. Cinq jours plus tard il observe dans cette même commune, en longeant un petit ruisseau de la lande de la Roubardie, vingt-huit femelles et deux mâles. Alors qu’il s’apprêtait à filmer l’une des femelles dont la toile était fixée aux herbes des deux bords du très étroit ruisselet, celle-ci se laissa tomber dans l’eau jusqu’au fond où elle resta immergée durant douze minutes avant de remonter dans sa toile par son fil de sécurité qui n’avait donc pas été rompu par le courant pourtant vif à cet endroit. Toujours dans cette commune, il note un couple et un immature le long du ruisseau des Baraques, le 15/09/1998, et, le 25/04/2001, au bord du Lac de la Basse Roche, un mâle est déterminé par J.-C. Ledoux et un couple par D. Rastel. Encore en Haute- Vienne, M. Cruveillier observe un mâle et quatre femelles en juin 1997 au bord de la Roselle au moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle. A Saint-Léger-la-Montagne, le long du ruisseau des Dauges elle est mentionnée dans quatre fiches d’inventaire, d’abord une femelle, par P. Tutelaers le 21/05/1999, puis sept femelles le 10/10/1999 par F. Leblanc, ensuite un mâle le 22/05/2000 par E. Duffey et enfin un mâle déterminé par M. Cruveillier dans une récolte par tente Malaise de P. Durepaire, du 13/05/2013. Dans les carnets de M. Barataud on note, dans la commune de Sauviat-sur-Vige, une femelle au bord de l’étang de Vallégeas le 16/08/1995, et une autre au bord d’une mare, au village de Vallégeas, le 08/09/2000. Sept autres inventaires mentionnent encore l’espèce en Haute-Vienne, d’abord par E. Duffey qui récolte au filet fauchoir, dans la végétation bordant son étang de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, une femelle en avril 1998, une autre le 15/05/2003 puis un mâle le 07/06/2003. ensuite par K. Guerbaa qui note trois femelles en mai 1999 à la lande humide de La Martinie, à Champagnac-la-Rivière, puis F. Leblance qui mentionne trois autres femelles le 06/06/2000, à La-Chapelle-Montbrandeix, ensuite N. Larchevêque qui détermine un mâle dans des récoltes par pièges à insectes d’E. Mourioux, du 16/04/2000, provenant du bord de la Gartempe, au viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles, enfin M. Cruveillier qui, le 10/05/2009, note une femelle au bord d’une rigole dans une prairie très marécageuses du lieudit Les Vareilles, dans la commune de Vicq-sur-Breuilh. Dans le département de la Creuse, c’est d’abord F. Leblanc qui cite un mâle, en juillet 1997, dans la végétation de bordure de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse, ensuite deux femelles, le 02/05/1998, au bord de l’étang de Mafranc, à Saint-Sulpice-les-Champs, puis un autre mâle, le 20/07/1999, dans la mégaphorbiaie des Ecurettes, dans la commune de Chavanat. Il déterminera en outre sept mâles et cinq femelles dans les pièges à insectes d’E. Mourioux, en mars 2000, à La Garrige, dans la commune de Saint-Maurice-la-Souterraine. M. Barataud indique dans ses carnets une femelle au ruisseau du Chézeau, à Leyrat, le 08/05/1999 et une autre, le 27/08/1997, dans la végétation de bordure de l’étang des Landes, près du hameau du Genévrier, où M. Cruveillier notera un couple dans ce même lieu de la commune de Lussat, le 18/06/2000 et, dans cette même commune, deux femelles dans la roselière bordant l’étang de Tête de Bœuf, le 13/06/2009. Il note également, deux autres femelles, le 03/09/2001, au bord d’un bief traversant une mégaphorbiaie marécageuse, dans un espace municipal de Pontarion. Enfin, outre la mention d’un couple au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de- Chirouze, le 25/05/2007, par B. Le Péru, c’est de F. Lagarde que proviennent les quatre autres citations, deux de Saint-Pierre-Bellevue, au Ruisseau de Beauvais (deux femelles en 2006 et deux en 2009), et deux de Royère-de-Vassivière, dans la tourbière du Bois des Pialles, près d’Orladeix (un immature le 14/05/2006 et une citation de l’espèce sans autre indication en 2009). C’est O. Villepoux qui, le 15/07/1998, signale en premier l’espèce, une femelle, en Corrèze, à la tourbière du Longeyroux, à Meymac, lors d’une visite en Limousin du Groupe des Tourbières. Cette observation sera renouvelée par K. Guerbaa le 03/08/1999. Le 18/07/1998, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, un mâle est noté par O. Villepoux dans une butte herbacée, sur un radeau de sphaignes et un autre sur des joncs en bordure de l’étang. Il signale également l’observation d’un immature, le 16/07/1998, dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac, site dans lequel M. Cruveillier notera deux femelles le 29/07/2000. Ce dernier mentionne encore cette espèce dans deux sites corréziens, une femelle au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt, le 23/07/2002, et un couple au bord du lac de Sèchemailles, à Ambrugeat, le 09/05/2011. Enfin K. Guerbaa indique qu’il avait observé une femelle, le 02/08/1999, dans la tourbière de Chez Serre, à Viam.

Larinioides patagiatus (Clerck, 1757) : cette espèce, légèrement plus petite et moins clairement associée à la présence d’eau que la précédente, fréquente plutôt les milieux boisés. Elle est sans doute rare en Limousin car elle n’a jusque là fait l’objet que d’une seule observation , un superbe exemplaire de mâle, le 18/05/2009, par M. Cruveillier, dans des buissons proches de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, en Creuse.

Larinioides sericatus (Clerck,1757) (ex L. sclopetarius) : curieusement cette espèce, également rare, semble plutôt affectionner les constructions humaines : bâtiments, clôtures proches de l’eau et surtout les ponts. Elle est d’ailleurs appelée « Brückenspinne » dans les pays de langue allemande. C’est de loin la plus grande des trois puisque la femelle peut parfois dépasser 16 mm, le mâle pouvant atteindre 8 mm. Elle est présente dans toute l’Europe et, bien que donnée comme localement commune en certains lieux, elle n’a pour le moment été observée qu’une seule fois en Limousin, une femelle, à Chasselines, dans la commune de Saint-Michel-de-Veisse, en Creuse, en juillet 1997, par F. Leblanc.

# Mangora acalypha (Walckenaer,1802) : seule de son genre en Europe, cette petite araignée de 3,5 à 4 mm pour la femelle et un peu moins pour le mâle, adulte de la fin du printemps à la fin de l’été, se reconnaît aisément au motif qui orne l’arrière de la partie dorsale de son abdomen et qui évoque une bouteille aux Français et une batte de cricket au Britanniques. A chacun ses références. Comme elle est seule à arborer ce motif lequel est présent quel que soit son état de développement, elle fait partie des espèces identifiables à l’œil nu, même si on est en présence d’un immature. Elle tisse sur la végétation buissonnante ou les herbes, dans des milieux assez divers, une toile orbiculaire au centre de laquelle elle se tient le plus souvent (voir illustration page 13). Elle est très présente dans nos trois départements où elle a fait l’objet de soixante- huit fiches d’inventaire. Elle a été signalée pour la première fois en Haute-Vienne, au moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, où M. Cruveillier a récolté un mâle le 26/05/1997. Elle a été citée par la suite par la plupart des prospecteurs dans presque toutes les communes visitées à l’exception des milieux urbains. En Corrèze, les communes concernées, par ordre alphabétique, sont : Altillac (1 mâle, le 05/07/2005, au Dougnoux, par E. Duffey), Ambrugeat (1 femelle, le 09/05/2011, à Sèchemailles, par M. Cruveillier), Brive-la-Gaillarde (2 femelles, le 18/05/1999, au Siorat, par K. Guerbaa), Chasteaux (1 femelle, le 03/06/2000, à La Coste, par M. Barataud, 1 femelle, le 02/06/2002, au Soulier, par M. Cruveillier et 1 autre femelle, à La Côte pelée, le 15/04/2006 par M. Cruveillier), Chenailler-Mascheix, dans la lande serpentinique de Bettu, par E. Duffey ( 4 femelles, le 13/06/2002, 2 mâles, 2 femelles et 2 immatures, le 13/06/2003, un couple, le 18/06/2003), Meymac, à la tourbière du Longeyroux (5 mâles et 3 femelles, le 20/06/2008, par E. Duffey, 3 femelles le 07/06/2011, par M. Cruveillier, 2 exemplaires de l’espèce en 2009, par F. Lagarde), Nespouls (3 femelles, le 18/06/1999, au Coteau de La Vacherie, par M. Cruveillier, dans une récolte de K. Guerbaa), Peyrelevade (2 individus en 2009, dans la tourbière de Négarioux Malsagnes, par F. Lagarde), Saint-Cernin-de-Larche (1 femelle, le 02/06/2000, au Cirque de la Roche, par M. Barataud), Saint-Etienne-aux-Clos (1 femelle en juin 1997, à la Gare de Savennes, par B. Le Péru), Végennes (1 couple, le 18/06/2008, dans des herbes sèches au Puy Turlau, par E. Duffey) et enfin Viam (2 exemplaires cités en 2009 à la Roche du Coq-Estang, par F. Lagarde). En Creuse, les Communes citées sont : Blessac (10 femelles observées en bord de route le 14/07/1999, par F. Leblanc), La-Celle-sous-Gouzon (2 femelles, le 15/05/1999, au lieudit La Forêt, par K. Guerbaa), Faux-la-Montagne (1 citation à la tourbière des Avenaux et une à la tourbière de Clamouzat, en 2009, par F. Lagarde), Gentioux-Pigerolles (51 observations à la Ferme de Lachaud et 1 à Pierre Fade, en 2009, par F. Lagarde), Gioux (1 citation à la tourbière de Puy Chaud, en 2009, par F. Lagarde), Lioux- les-Monges (10 femelles, le 19/07/1999, par F. Leblanc), Lussat, au hameau du Genévrier, (1 femelle, en mai 1999, par K. Guerbaa, 3 femelles, le 18/06/2000, par M. Cruveillier), Royère- de-Vassivière (11 mâles et 8 femelles, le 14/05/2006, à Orladeix et 6 mâles, 1 femelle et 1 jeune le même jour, à la tourbière de La Gane, 13 jeunes à la tourbière de La Mazure puis, en 2009, 8 exemplaires à nouveau à la tourbière de La Gane, 1 à la Croix de Fayaud et 27 autres à Orladeix, par F. Lagarde), Saint-Maurice-la-Souterraine (2 femelles, le 19/03/2000, à La Garrige, par F. Leblanc), Saint-Michel-de-Veisse (3 femelles en juillet 1997, à Chasselines, par F. Leblanc), Saint-Pardoux-Morterolles (1 exemplaire en 2009, au Ruisseau du Pic, par F. Lagarde), Saint-Pierre Bellevue ( 1 femelle et 5 immatures, le 14/05/2006, puis à nouveau 6 exemplaires en 2009, au Ruisseau de Beauvais, par F. Lagarde), et enfin à Saint-Sulpice-les- Champs (1 femelle, le 08/05/1998, à Pétillat, par F. Leblanc.). En Haute-Vienne, les communes concernées ont été : Bussière-Poitevine, où E. Duffey a mentionné l’espèce dans quatre fiches (1 femelle en avril 1998, 1 autre femelle le 10/06/2002, 3 mâles et 2 femelles le 15/05/2003 et 1 couple le 22/05/2003), Champagnac-la-Rivière (1 femelle en mai 1999, à la lande de La Martinie, par K. Guerbaa), La-Chapelle-Montbrandeix (4 femelles, le 06/06/2000, à Lardimache, par F. Leblanc), Folles (1 mâle, dans une récolte d’E. Mourioux, le 22/03/2000, au Pont à Loges, par F. Leblanc), Meuzac où cette espèce est notée dans sept fiches d’inventaire (1 mâle et 2 femelles, le 04/06/1998, au Mas gaudeix, par M. Cruveillier, 4 femelles, le 21/06/2000, à Chavagnac, par M. Cruveillier, 1 femelle, le 23/04/2001, à la Basse Roche, par B. Duhem, 1 femelle, le 25/04/2001, à la Basse Roche, par M. Emerit, 1 femelle, le 26/04/2001, à Chavagnac, par M. Emerit, puis 1 mâle ce même jour dans le même site par B. Duhem, et 5 femelles, le 27/05/2001, dans une friche de ce village, par M. Cruveillier), Peyrat-le-Château (1 mâle et 4 femelles, en 2009, dans la tourbière de Bac à la Cube, par F. Lagarde), Pierre-Buffière (5 femelles par M. Cruveillier, dans une récolte de H. Guillien, du 29/05/2008, dans une friche de Richebourg), Rancon (au bord d’un étang, 1 mâle, le 29/04/2000, par E. Duffey), Saint-Genest-sur-Roselle (citation de M. Cruveillier déjà notée plus haut), Saint-Laurent-sur-Gorre (10 femelles, le 06/06/2000, au lieudit La Côte, par F. Leblanc), Saint-Léger-la-Montagne, dans la Réserve naturelle de la tourbière des Dauges ( 1 couple, le 21/05/1999, par P. Tutelaers, 15 jeunes, le 10/10/1999, par F. Leblanc, 3 mâles et 4 femelles, le 22/05/2000, par E. Duffey, 2 mâles et 2 femelles, le 30/05/2003, également par E. Duffey) et enfin Sauviat-sur-Vige (1 femelle, le 22/05/2000, au bord de l’étang de Vallégeas, par M. Cruveillier).

# Neoscona adianta ( Walckenaer,1802) : deux des trois Neoscona présentes en France ont été observées en Limousin. La très belle N. adianta (voir illustration p. 326) est relativement commune dans toute notre région où elle fréquente les milieux plutôt ouverts à végétation buissonnante ou herbacée, comme Aculepeira ceropegia avec laquelle elle est quelquefois confondue par des non initiés. Le mâle mesure entre 4 et 6 mm et la femelle de 5 à 9 mm. Ils sont l’un et l’autre adultes de juin à la mi-septembre. Cette espèce a fait l’objet de seize fiches d’inventaires pour trente-deux exemplaires déterminés, couvrant nos trois départements. Observée pour la première fois, une femelle, en Haute-Vienne, le 16/08/1995, à Chavagnac, commune de Meuzac, par M. Cruveillier, dans son jardin qui hébergea cette année-là de très nombreuses toiles, et où elle fut revue par la suite chaque année notamment en juillet 2005 et en juillet 2011, quoique un peu plus rarement. Il note également, dans cette commune, deux femelles, dans la Lande du Cluzeau, le 17/09/1996, ce qui constitue pour nous l’observation la plus tardive de cette espèce.Toujours en Haute-Vienne, P. Tutelaers mentionne un jeune, le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, K. Guerbaa cite une femelle dans la lande de Chènevières, à Pageas, le 14/07/1999, et, dans la commune de Bussière-Poitevine, au village de Chez Gouillard, E. Duffey note deux mâles dans une prairie, le 10/06/2002. Dans le département de la Creuse, elle n’a été notée que trois fois, d’abord dans la commune de Royère-de-Vassivière, dans la tourbière de La Mazure où F. Lagarde cite deux femelles le 01/08/2006, puis deux autres en 2009. Et, dans la commune de Lussat, dans une zone herbeuse au bord de l’étang de Tête de Bœuf, M. Cruveillier récolte au filet fauchoir deux magnifiques spécimens, un mâle et une femelle, le 07/08/2009. C’est en Corrèze que l’espèce a été le plus souvent citée et d’abord par O. Villepoux qui, le 15/07/1998, note une femelle à Meymac, dans la tourbière du Longeyroux, site où K. Guerbaa mentionnera une autre femelle le 03/08/1999, et E. Duffey y observera un mâle et deux femelles, le 20/06/2008. B. Le Péru, en septembre 1998, avait fait mention d’un mâle à Saint-Etienne-aux- Clos et, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, E. Duffey signale une femelle le 13/06/2002, deux mâles et une femelle le 28/06/2002, et sept mâles et deux femelles le 18/06/2003. Enfin, le 12/07/2005, il note une femelle sur des buissons, au bord d’une prairie naturelle humide proche de la station de pompage du village du Soulier, dans la commune de Chasteaux.

Note de bas de page 11 :

J.-C. Ledoux – « De araneis Galliae II 1-10 » - Revue arachnologique tome 17 fascicule 4 (du 05/04/2008) pages 49 à 53.

# Neoscona byzanthina (Pavesi, 1876) : cette araignée (voir illustration p. 326), également très belle, un peu plus grande que Neoscona adianta dont elle a été considérée comme synonyme par plusieurs auteurs, n’a recouvré sont statut d’espèce à part entière que tout récemment après une publication de notre ami J.-C. Ledoux11. Il n’est pas facile de la distinguer de Neoscona adianta avec laquelle elle partage ses habitats mais sa période de maturité est plus tardive. Elle a été vue et photographiée dans le département de la Dordogne par D. Geystor et n’aura été observée pour le moment en Limousin que par M. Cruveillier qui, de la mi-juillet à la mi-automne 1999, observa cinq toiles dans son jardin au village de Chavagnac dans la commune de Meuzac en Haute-Vienne où l’espèce n’a plus reparu depuis. Elle n’était pas signalée en tant qu’espèce dans le catalogue international de N. Platnick mais figure dans celui qui est maintenant tenu et mis à jour au Muséum de Berne où elle est notée comme présente en France et en Turquie.

Nuctenea umbratica (Clerck,1757) : présente dans toute l’Europe et seule espèce de ce genre en Limousin actuellement, Nuctenea umbratica y est bien représentée. Cette araignée, de couleur sombre et plutôt aplatie, dont la femelle, qui mesure de 11 à 15 mm, peut être rencontrée adulte toute l’anné et le mâle, qui ne dépasse pas 9 mm, n’est adulte que de juin à fin septembre, tisse une toile orbiculaire d’apparence négligée, à spires peu serrées, près des arbres, des vieux murs ou des bâtiments et même des piquets de clôture, à proximité de crevasses ou de fissures dans lesquelles elle se tient à l’affût. Elle est assez commune dans nos trois départements où elle figure dans une vingtaine d’inventaires. La première mention de notre base de données est une femelle conservée parmi plusieurs autres toiles observées par M. Cruveillier, le 16/08/1995, en Haute-Vienne, contre le mur d’une vieille maison en torchis au village de Chavagnac à Meuzac, commune où, le 02/06/1998, il récolte un mâle sous l’écorce d’un piquet de clôture, dans la lande des Garabœufs. Il mentionnera plus tard, le 19/12/2002, une femelle contre un portail de grange au village du Theil, dans la commune de Saint-Gence. Toujours en Haute-Vienne, une femelle est citée par E. Duffey, en mai 1998, dans une cabane de pêche, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. K. Guerbaa note une femelle le 14/07/1999, contre le panneau du Conservatoire d’Espaces naturels du Limousin, dans la lande de Saint-Laurent, à La-Roche-l’abeille, et une autre le 08/09/2005, dans la tourbière de Chanteribière, à Bersac-sur-Rivalier. Dans la commune de Saint-Laurent- sur-Gorre, au lieudit La Côte, P. Tutelaers note un individu de l’espèce le 02/06/2003, et, dans le Bois de Crosas, près d’Auphelle, dans la commune de Peyrat-le-Château, F. Lagarde cite deux femelles, le 25/03/2007, et deux autres en 2009. Trois des quatre fiches de Creuse émanent de F. Leblanc qui, le 23/05/1999, cite une femelle dans la hêtraie-chênaie des Combes, à Chamberaud, puis une autre, le 14/07/1999, à La Borderie, dans la commune de Blessac, et deux autres dans une récolte d’E. Mourioux, du 19/03/2000, provenant de La Garrige, à Saint-Maurice-la-Souterraine. La dernière mention de Creuse est un mâle noté par M. Cruveillier, le 31/07/2009, contre le mur d’une maison, près de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat. L’espèce fait l’objet de sept fiches d’inventaire en Corrèze où c’est d’abord B. Le Péru qui, à Saint-Etienne-aux-Clos, mentionne un mâle en septembre 1997, sur un mur extérieur de maison, puis une femelle en juin 1998, et une autre dans un jardin en septembre 2000. Il cite également une femelle, le 16/03/2007, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines. M. Cruveillier est l’auteur des deux autres fiches de Corrèze : un mâle pendant à son fil du toit du four à pain du moulin du Cher, à Sarran, le 09/06/2001, et une femelle, le 09/05/2011, dans une crevasse d’un vieil arbre, au lac de Sèchemailles, dans la commune d’Ambrugeat.

Singa hamata (Clerck, 1757) : le genre Singa est représenté en France par sept espèces dont deux seulement ont été observées en Limousin. Ce genre se distingue à première vue du genre Hypsosinga par l’ornementation dorsale de l’abdomen qui, chez ce dernier, présente des bandes longitudinales alors que les Singa arborent en plus des bandes transverses. A la loupe de terrain on pourra aussi vérifier que ce sont les yeux médians antérieurs qui sont plus gros que les autres chez les Singa, alors que chez les Hypsosinga ce sont les médians postérieurs. Singa hamata est une araignée à l’abdomen ovoïde, dont la femelle mesure de 5 à 6 mm et le mâle de 3 à 4. Cette espèce, répandue dans toute l’Europe, est présentée comme commune par Heimer et Nentwig lesquels indiquent qu’elle affectionne les herbes des milieux rudéralisés ou les bords de chemin en situation ensoleillée. Elle n’a cependant fait l’objet jusque là que de trois citations en Limousin toutes les trois dans des joncs au bord d’un étang ce qui donnerait plutôt raison à M. J. Roberts qui propose les milieux humides comme habitat le plus courant de cette espèce. La première mention est celle d’une femelle capturée au filet fauchoir, le 07/01/1998, par E. Duffey, dans les joncs bordant son étang, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne. L’animal ayant été noté comme adulte, la date de cette capture mérite peut-être qu’on s’interroge sur la période de maturité généralement retenue et qui est le printemps et l’été La seconde citation est celle d’une autre femelle, capturée le 18/06/2000 par M. Cruveillier, dans les herbes bordant l’étang des Landes, à Lussat, en Creuse. La troisième et dernière fiche, en Corrèze cette fois, relate l’observation, le 25/05/2007, par B. Le Péru, de deux femelles sur un tas de joncs secs au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze.

Singa nitidula C.L. Koch, 1844 : cette araignée est très semblable extérieurement à la précédente, tant par l’aspect que par la taille, et ne peut s’en distinguer que par l’examen des genitalia*. Egalement répandue dans toute l’Europe et présentée aussi comme commune par Heimer et Nentwig, cette espèce, contrairement à la précédente, n’a été jusque là mentionnée qu’en Corrèze par E. Duffey, au village du Dougnoux à Altillac. La première citation est celle de quatre femelles capturées au filet fauchoir dans les herbes d’une friche humide, proche d’une mare, le 27/05/2007, et la seconde est une autre femelle capturée de la même façon au même endroit, le 24/06/2008. La plupart des auteurs s’accordent à noter qu’elle se tient surtout sur la végétation de bordure des cours d’eau. Elle est donc à rechercher en priorité dans ces milieux.

Zilla diodia (Walckenaer, 1802) : n’était sa taille modeste (environ 4 mm pour la femelle et 3 mm pour le mâle), cette araignée a quelque ressemblance avec un Larinioides, sauf que son abdomen s’avance au-dessus du céphalothrax et le couvre presque totalement. C’est une espèce sciaphile* qui tisse une toile orbiculaire au milieu de laquelle elle se tient, et qu’on rencontre le plus souvent dans la végétation buissonnante, bruyères, haies, lisières de bois, bords de chemins, où on peut rencontrer des adultes au printemps et en été. Voilà un cas d’araignée signalée comme rare par Nentwig & al. et qui pourtant a été notée assez souvent chez nous puisqu’elle fait l’objet de vingt-trois fiches d’inventaire dont quatorze pour la seule Haute-Vienne. C’est dans ce département que fut observée la première fois, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, une femelle ayant accroché sa toile contre le torchis dégradé et apparent d’un vieille maison, à l’ombre d’une haie vive, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, puis, dans cette même commune, une autre femelle, le 16/06/1997, dans une haie bordant un chemin creux, aux Fontenelles, une autre encore, le 15/05/1998, dans la Lande du Cluzeau, site où J.-C. Ledoux notait un mâle le 24/04/2001, et enfin un autre dans un vieux verger en friche, à nouveau à Chavagnac, le 26/04/2001. Les autres communes de Haute- Vienne où elle a été signalée sont : Bussière-Boffy (1 femelle dans la butte de Frochet le 22/06/2003, par M. Cruveillier), Bussière-Poitevine (1 mâle , le 30/04/2000, 1 autre le 08/05/2000 et une femelle, le 29/04/2003, au village de Chez Gouillard, par E. Duffey), Rancon (1 mâle, le 29/04/2000, dans la végétation de bordure d’un étang, par E. Duffey), Saint-Bazile (1 femelle en juillet 1997, dans la lande des Tuileries, par K. Guerbaa), Saint- Léger-la-Montagne (1 femelle, par P. Tutelaers, le 21/05/1999, en lisière de la tourbière des Dauges, 2 femelles immatures, le 10/10/1999, par F. Leblanc, 1 femelle, le 22/06/2001, par M. Cruveillier). En Creuse, l’espèce n’est mentionnée que dans trois fiches d’inventaire concernant deux communes : Saint-Sulpice-les-Champs (1 immature le 20/10/1998, au village de Pétillat et 1 femelle le 30/03/1999, par F. Leblanc), et Lussat où M. Cruveillier observe une femelle le 25/05/2001, dans les branches basses d’un saule, au bord de l’étang des Landes au hameau du Genévrier. Cette espèce figure dans six inventaires en Corréze concernant quatre communes : Chasteaux (1 femelle, le 03/06/2000, aux abords du village de La Coste, par M. Barataud), Chenailler-Mascheix (1 femelle, le 13/06/2002 et 1 mâle le 13/05/2003, dans la lande serpentinique de Bettu, par E. Duffey), Feyt (1 femelle, le 18/05/2002, dans des buissons bordant un chemin de pêcheurs, le long du Chavanon, par M. Cruveillier) et Saint- Etienne-aux-aux-Clos (1 femelle dans un jardin, contre un poteau, à 1,5 m du sol,en mai 2001 et 1 mâle, en juin 2002, en lisière d’une forêt humide, par B. Le Péru).

Zygiella x-notata (Clerck,1757) : seule présente en Limousin des deux espèces françaises de ce genre, cette araignée d’environ 6 mm de long pour la femelle et 4 ou 5 mm pour le mâle, affiche une préférence marquée pour les constructions humaines. Elle tisse, souvent au coin des embrasures de fenêtres, soupiraux ou contre des clôtures, une toile orbiculaire avec deux secteurs adjacents vides (ou plutôt un large secteur partagé en deux par le fil avertisseur). On peut rencontrer des adultes du milieu du printemps à la fin de l’automne. Elle est signalée dans la littérature comme assez fréquente localement mais n’a fait l’objet jusque là que de sept citations chez nous, deux en Creuse et cinq en Haute-Vienne où elle est notée d’abord par M. Cruveillier, une femelle dans sa toile dans un coin extérieur de fenêtre, le 16/05/1995 puis le 18/10/2014, au village de Chavagnac, à Meuzac, et enfin, le 05/10/1997, dans des conditions analogues, au moulin de Teignac à Saint-Genest-sur-Roselle. Elle fera l’objet d’une troisième observation par M. Barataud, en Haute-Vienne, une femelle, le 10/07/2000, au parc de Leycuras dans la commune de Bussière-Galant, et une quatrième, une autre femelle, déterminée par M. Cruveillier et capturée en octobre 2014 par B. Lassarre contre une maison de la périphérie de Limoges. Pour la Creuse, F. Leblanc avait récolté, le 20/10/1998 , au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, le seul mâle observé et, dans une récolte de K. Guerbaa du 15/09/2006, dans un tas de bois en bordure de la tourbière de Friaulouse, à Saint-Goussaud, M. Cruveillier détermine une femelle. Seule une prospection insuffisante peut justifier l’absence de mention de cette espèce en Corrèze.

Les Atypidae

Des trois familles d’araignées mygalomorphes vivant en France, la seule représentée en Limousin est celle des Atypidae. Elle ne comporte que trois genres dont seul le genre Atypus est présent en Europe. Deux de ses espèces, A. affinis et A. piceus vivent en France.

Note de bas de page 12 :

En comptant, ici, exceptionnellement, les chélicères qui sont assez longues et dirigées vers l’avant.

# Atypus affinis Eichwald,1830 : beaucoup moins impressionnante que les grosses mygales tropicales, cette espèce dont la femelle mesure environ de 16 à 17 mm et le mâle de 13 à 1512, et dont la toile en forme de chaussette comporte une partie souterraine et une partie aérienne, se rencontre chez nous le plus souvent dans des milieux siliceux, calcaires ou sablonneux à herbe courte. Les Atypus vivent souvent en colonie dans un secteur propice. Les femelles peuvent vivre plusieurs années et A. Canard pense que le cycle peut durer de 5 à 7 ans (communication personnelle). On peut donc rencontrer des femelles adultes en toute saison. Les mâles sont matures en automne. La fécondation aurait lieu en fin d’automne et en hiver et l’éclosion au milieu de l’été suivant. La distinction entre nos deux Atypus n’est pas très simple. J.-C. Ledoux nous a indiqué oralement que la membrane visible à la base de l’articulation des chélicères présente une coloration légèrement violette chez A. affinis, petit détail qui, sans être suffisant, peut orienter la détermination L’espèce est présente dans les trois départements du Limousin où elle est mentionnée dans dix-neuf fiches d’inventaire : cinq en Corrèze, trois en Creuse et onze en Haute-Vienne. Elle est notée d’abord dans ce dernier département par M. Barataud qui observe une femelle, le 06/05/1984, au Puy Doumeau, commune de La-Chapelle-Montbrandeix, puis une autre, le 25/10/1984, à Lavaud, commune de Peyrilhac. Plus tard, le 01/07/1999, M. Cruveillier mentionne un couple dans la lande de La Flotte, à Château-Chervix, commune où il déterminera un mâle rencontré en bordure d’une piste forestière par M. Mas, au lieudit Les Barrières de Briand. Toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier cite cette espèce à quatre reprises dans la commune de Meuzac dont trois dans la lande serpentinique du Cluzeau où une colonie est installée dans une pelouse séche à Fétuque de Léman et où, en 2000, il cite une femelle en juillet, un mâle en septembre et un autre mâle en novembre. Le 22/09/2013 il observera un mâle circulant sur la terrasse d’une maison du village de Chavagnac. Il est également l’auteur des trois dernières citations de Haute-Vienne, d’abord deux mâles provenant de récoltes de P. Durepaire, un en octobre et l’autre en novembre 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne, et le dernier, ramassé mort au bord d’une route, à Pierre-Buffière, par B. Guillien le 10/10/2008. En Corrèze, la première mention émane de B. le Péru qui trouve un mâle errant sur une route forestière en octobre 1999, à Saint-Etienne-aux Clos, puis, M. Cruveillier détermine une femelle ramassée, le 01/05/2000, dans un accotement de route par M. Barataud, à Ségur-le-Château, puis recueille lui-même, le 13/07, un mâle, hélas écrasé par un promeneur mais identifiable, dans la pelouse sèche calcaire de la Côte pelée de Chasteaux. Il déterminera encore deux exemplaires de Corrèze : une femelle capturée en août 2001 par S. Mazaud lors de travaux de terrassement, au village de Biard, dans la commune de Voutezac, et une autre recueillie morte par K. Guerbaa, le 01/08/2002, dans un terrain de camping de Beaulieu-sur- Dordogne. En Creuse, l’espèce a été mentionnée par F. Lagarde à trois reprises, en 2009, sans précision du mois ni indications de sexe, une fois dans la tourbière des Chabannes à Royère- de-Vassivière et, à deux reprises, à Gentioux-Pigerolles, deux individus à la Ferme de Lachaud et un à la tourbière des Salles.

Note de bas de page 13 :

Voir l’historique de cette mention en 1ère partie, page 7.

Atypus piceus (Sulzer, 1776)13 : comme il a été expliqué dans la première partie de cette étude, il n’est pas certain que la mention du Dr Léon Dunoyer dans les Annales Scientifiques du Limousin de 1927, qui faisait état de la présence de « l’Atype de Sulzer » au moulin du Thot dans la commune de Dinsac, en Haute-Vienne, se rapportait réellement à Atypus piceus. Quoi qu’il en soit, cette espèce n’a pas été retrouvée en Limousin, en dépit de prospections dans la zone même où elle avait été signalée. Elle ne figure donc dans notre base qu’en tant qu’observation ancienne non renouvelée.

Les Clubionidae

Après avoir vu beaucoup de ses effectifs ventilés vers d’autres familles, celle des Clubionidae, autrefois nombreuse, ne compte plus que quinze genres dans le monde, et n’est représentée dans tout l’ouest paléarctique que par le genre Clubiona qui fut créé par notre compatriote Latreille en 1804. Trente espèces de ce genre sont répertoriées en France et, pour le moment, dix-sept ont été observées en Limousin. Ce sont des araignées qui ne construisent pas de toile piège et qui, à quelques rares exceptions près, ont peu de dessins bien marqués sur l’abdomen qui permettraient de les reconnaître facilement sur le terrain. Dans la clef du genre Clubiona du site de Nentwig & al. on lit : « Beine kurz un krâftig » (pattes courtes et robustes) et, pour ce même genre, on lit chez S. Almquist, p. 359, : « Legs long » (pattes longues). Ne cherchons pas qui a raison mais sachons au moins que les pattes IV sont plus longues (ou moins courtes) que les autres.

Clubiona brevipes Blackwall, 1841 : cette araignée paléarctique*, dont la longueur n’excède pas 6 mm, et dont l’abdomen beige orangé, semé de petites taches plus claires, est légèrement assombri au niveau de la zone cardiaque, se tient parfois dans des herbes mais plus habituellement dans les haies vives, sur des arbustes, sur les branches basses des arbres et parfois sous des écailles d’écorce comme C. corticalis. Adulte au printemps et en été, elle est surtout récoltée par les prospecteurs qui pratiquent le battage de branches. C’est sûrement ce qui explique qu’elle n’ait fait l’objet jusque là que de dix citations dont huit en Haute-Vienne et une seule en Corrèze et en Creuse et par deux prospecteurs seulement. E. Duffey récolte d’abord une femelle au filet fauchoir, en mai 1998, en Haute-Vienne, à la base d’une haie vive de chêne, houx et aubépine, dans la commune de Bussière-Poitevine, au village de Chez Gouillard où il mentionnera l’espèce encore à cinq reprises : deux mâles le 08/05/2000, six mâles le 28/05/2000, un mâle et deux femelles le 17/07/2000, un mâle le 29/04/2003 et enfin deux mâles et une femelle le 07/05/2003. Certes, on peut en conclure que l’espèce est particulièrement bien représentée dans ce site mais aussi que le mode de capture utilisé et la même régularité de prospection auraient pu donner des résultats comparables en bien d’autres lieux. Les deux autres citations de Haute-Vienne émanent de M. Cruveillier qui trouve un mâle, le 15/04/2000, sur du taillis de chêne en lisière de la forêt de Meuzac et, dans cette même commune, récolte une femelle par battage d’une haie au village de Chavagnac le 14/06/2014. L’unique mention de Corrèze est un mâle capturé au filet fauchoir par E. Duffey, le 13/06/2002, dans la végétation buissonnante bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix. Et la seule citation de Creuse est une femelle, capturée le 15/06/2014, dans des arbustes bordant la Creuse, à Aubusson, et déterminée par M. Cruveillier.

Clubiona caerulescens L. Koch, 1867 : cette araignée paléarctique* à l’abdomen brun clair couvert de fines soies brillantes est assez nettement plus grande que C. brevipes puisque la femelle peut atteindre 10 mm et le mâle 8 mm selon Nentwig & al.. Elle serait aussi plus tardive, sa période de maturité allant, selon la même source, de mai à octobre. Elle est réputée fréquenter la végétation herbacée ou buissonnante en milieu forestier plutôt sec. La première citation, en août 2002, est une femelle observée par B. Le Péru dans une prairie en friche, à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze. La seconde, sans mention de sexe, est citée en 2009 par F. Lagarde, dans une tourbière dégradée de la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles, en Creuse. Seule la troisième observation, le 09/05/2010, à Liginiac, également en Corrèze, par M. Cruveillier, dans le bois de Roc Grand, confirmerait les données de la littérature relatives à son milieu. Vraisemblablement peu commune en Limousin, elle n’a pas encore été vue en Haute-Vienne où elle est à rechercher.

Clubiona comta C.L.Koch,1839 : avec son céphalothorax couleur d’ambre et son dessin abdominal bien marqué présentant une ligne médiane de taches brunes, sur laquelle s’articulent, en feuille de fougère, des chevrons de couleur claire et de taille dégressive vers l’arrière, C. comta est une belle araignée de taille variable, de 3 à 6 mm pour la femelle et un peu moins pour le mâle. L’apophyse tibiale* de ce dernier, longue et terminée en fine faucille très fermée, permet l’identification sur le terrain avec une loupe. On peut rencontrer des adultes durant le printemps et l’été, plutôt sur la végétation ligneuse, parfois sous les écorces des arbres ou dans la mousse, en milieu frais. C’est une espèce assez commune en Limousin puisqu’elle figure dans vingt-sept fiches d’inventaire, seize en Haute-Vienne, six en Corrèze et cinq en Creuse, pour quarante-deux animaux déterminés. La première récolte notée dans notre base est celle d’une femelle, capturée le 06/06/1997 par M. Cruveillier, en battant les branches d’une haie vive de noisetier, frêne, charme, cornouiller sanguin et aubépine au village de Chavagnac, à Meuzac. Elle sera encore notée à trois reprises dans un bosquet proche du lac de la Basse Roche, au cours d’un stage qu’il avait organisé avec J.-C. Ledoux en avril 2001 : un mâle récolté par B. Duhem le 23, puis une femelle le 24 par G. Montfort et une autre le 26 par D. Rastel. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey, qui passait régulièrement le filet fauchoir contre une haie vive de sa propriété de Chez Gouillard à Bussière-Poitevine, y a mentionné l’espèce à cinq reprises : une femelle en mai 1998, un mâle et deux femelles le 30/04/2000, une femelle le 08/05/2000, une autre le 30/05/2002 et trois autres le 29/04/2003. Dans la Réserve nationale des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, c’est lui également qui, le 23/05/2000, récolte une femelle au filet fauchoir sur un genévrier puis un mâle et une femelle dans les branches basses de feuillus au bord du sentier nord-est. Lors d’une campagne de prospection des Syrphidae dans cette réserve par P. Durepaire, à l’aide de tentes Malaise, les araignées capturées ont été identifiées par M. Cruveillier, dont plusieurs individus de cette espèce : un mâle, le 05/06/2013, dans un secteur de lande à genévriers, un mâle et une femelle, le 13/06/2013, dans le même secteur, et, le même jour, deux mâles et une femelle dans une hêtraie à houx. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, mentionne un mâle observé en mai 2001, au sol, dans la mousse d’une forêt humide puis, le mois suivant, une femelle dans une prairie en friche, également dans de la mousse au sol. En bordure de clairière d’un bosquet proche du village de Veyrières, dans la commune de Feyt, M. Cruveillier récolte une femelle par battage de branches basses, le 23/07/2002, puis, le 18/06/2003, E. Duffey capture une autre femelle au filet fauchoir dans la végétation d’herbes et de buissons bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, dans la commune de Chenailler-Mascheix, et en récolte une autre de la même façon, le 18/06/2008, au Puy Turlau, dans la commune de Végennes. Enfin, dans la forêt mixte de La Cubesse, à Ambrugeat, M. Cruveillier détermine une femelle dans une récolte à l’aspirateur thermique d’A. Plichon, du 14/05/2013. Les cinq mentions de Creuse émanent de F. Lagarde qui signale la présence de l’espèce en 2009 à Gentioux-Pigerolles (3 à la Ferme de Lachaud, 1 à Pierre Fade et 1 aux Prés Neufs), à Royère-de-Vassivière (1 à Combe Lépine) et à Sain-Pierre- Bellevue (5 au Ruisseau de Beauvais).

Clubiona corticalis (Walckenaer, 1802) : cette espèce assez grande (10-11 mm pour la femelle) dont l’abdomen tire sur le gris, présente souvent une tache cardiaque sombre assez marquée entourée d’une zone plus claire en forme de feuille de fougère. Elle se tient très souvent, comme son nom l’indique, sous les écailles d’écorce des vieux arbres ou dans des débris organiques au sol. Il lui arriverait de pénétrer aussi dans les maisons. Elle est l’une des espèces ayant fait l’objet d’expérimentations pour la lutte biologique dans des vergers de pommiers. A l’évidence, nous n’avons pas suffisamment prospecté les écailles d’écorce sur les troncs des arbres car cette espèce n’a été observée qu’une fois à cette date, une femelle, par M. Cruveillier, dans des débris de bois sur le sol d’un hangar, le 06/06/1997, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne.

Clubiona diversa O. P. Cambridge,1862 : espèce paléarctique* deux fois plus petite que C. corticalis, cette araignée dont l’abdomen clair est marqué d’une très fine ligne médiane orangée terminée par une large tache de même couleur, est répandue dans toute l’Europe et se tient sur la végétation basse, parfois dans la litière de feuilles ou la mousse, où on peut la rencontrer adulte de fin février à début novembre. Un mâle adulte avait été observé en mars 1921 par Louis Fage, à Lussac-les-Eglises, en Haute-Vienne (cf. Les Arachnides de France, Tomme VI, d’E. Simon, p. 967). Une femelle fut retrouvée dans ce département, 74 ans plus tard, par M. Cruveillier, le 16/08/1995, sur de la repousse courte de callune au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. Elle a par la suite été mentionnée à treize reprises dans les deux autres départements, le plus souvent dans des milieux tourbeux. En Creuse, après que F. Leblanc a noté une femelle, près du village de Pétillat à Saint-Sulpice-les- Champs, le 30/03/1999, F. Lagarde cite la présence de l’espèce en 2009 dans six tourbières, celle de Puy Marsaly et celle des Tourailles dans la commune de Gentioux-Pigerolles et les tourbières de la Croix de Fayaud, de Combe Lépine, de La Mazure et du Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière. La situation est comparable en Corrèze où, après une citation par E. Duffey, le 12/06/2005, au village du Dougnoux à Altillac, F. Lagarde note la présence de cette espèce en 2009 à Meymac (tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix) et à Viam (tourbière de la Roche du Coq Mont Gradis).

Clubiona lutescens Westring, 1851 : est une espèce holarctique* à l’abdomen gris brun semé de petites taches claires, dont la femelle mesure de 6 à 9 mm et le mâle environ 5 mm. Araignée du groupe de C. terrestris, dont elle a l’aspect et la taille, elle est adulte de mai à septembre et se tient dans les zones herbacées des milieux humides, voire marécageux, où elle a l’habitude de se construire un abri tubulaire dans des feuilles enroulées. Elle n’a jusque là fait l’objet que de deux citations : la première , un mâle, en Corrèze par B. Le Péru, en juin 2002, en bordure d’une forêt humide, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos et la suivante, deux femelles, le 13/06/2009, par M. Cruveillier, dans des herbes surplombantes en bordure de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, en Creuse. Bien que ce ne soit sans doute pas une espèce commune en Limousin, rien ne s’oppose à ce qu’elle puisse également se trouver en Haute-Vienne où il y a lieu de la rechercher.

Clubiona neglecta O. P.- Cambridge, 1862 : cette araignée à l’abdomen roux présentant un tache cardiaque brune, de taille comparable à la précedente, serait, selon Heimer et Nentwig, censée fréquenter plutôt les milieux humides. Bien que nos observations confirment en partie cette indication il semblerait qu’elle soit moins exigeante que C. lutescens quant à ses milieux de prédilection et on pourrait, selon M. Roberts, la trouver au sol sous les pierres, sur les arbres sous des écorces ou dans de la litière. Les deux sexes peuvent être rencontrés adultes de mai à septembre. Notée d’abord par M. Cruveillier qui, le 01/07/1999, récolte une femelle au filet fauchoir, dans un secteur humide à Molinia caerulea et Erica tetralix de la lande de La Flotte, dans la commune de Château-Chervix, en Haute-Vienne, elle a été citée à neuf reprises par la suite dans les deux autres départements. En Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note d’abord une femelle en juin 1997, dans une prairie en friche, puis une autre dans le même site en mai 2002 et F. Lagarde mentionne la présence de cette espèce, en 2009, à Meymac (tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux) et à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, les Communaux). En Creuse, c’est également F. Lagarde qui mentionne d’abord un mâle, le 26/07/2006, aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière où il notera à nouveau l’espèce en 2009 ainsi qu’à Faux-la-Montagne, dans la tourbière de Puy Marsaly.

Clubiona pallidula (Clerck, 1757) : cette araignée holarctique*, qui doit sans doute son nom aux fines soies claires recouvrant son abdomen, lequel est de coloration plutôt brune, est une des plus grandes de nos Clubiona. La femelle peut atteindre 12,5 mm, le mâle mesurant de 6 à 8,5 mm. Comme C. lutescens et quelques autres, elle a l’habitude de construire un abri dans des feuilles enroulées et de passer la mauvaise saison sous les écailles d’écorce des vieux arbres. Les deux sexes peuvent être rencontrés à l’état adulte d’avril à fin septembre sur des arbres ou des buissons. La première mention remonte au 15/06/1996 et concerne un mâle capturé en Haute-Vienne, dans de la repousse d’aulne de la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, par M. Cruveillier lequel trouvera, le 18/06/2000, une femelle au hameau du Genévrier, dans la commune de Lussat, en Creuse. Les six autres mentions, toutes de Haute-Vienne, émanent d’E. Duffey qui, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, note une femelle dans une barque au bord d’un étang en mai 1999 puis capture au filet fauchoir, au pied d’une haie vive, un mâle le 30/04/2000, une femelle le 08/05/2000, une autre le 30/05/2002, deux autres le 29/04/2003 et une dernière le 27/05/2003. Cette espèce n’a donc pas été observée à cette date en Corrèze où rien, sauf une prospection insuffisante, ne justifie cette absence.

Note de bas de page 14 :

Spinnen Mitteleuropas (voir l’adresse internet dans la bibliographie, page 308)

Clubiona phragmitis C.L.Koch,1843 : également d’une bonne taille, de 8 à 11 mm pour la femelle et de 6 à 10 pour le mâle, cette araignée à l’abdomen gris-brun et soyeux et aux chélicères presque noires, est largement répandue dans toute l’Europe. Elle fréquente, comme le suggère son nom, la végétation herbacée des milieux humides et des rives de cours d’eau et d’étangs. En Suède, selon S. Almquist, son cycle biologique s’étalerait sur deux ans. Elle passerait ainsi le premier hiver à l’état juvénile et le second à l’état adulte. Elle a été mentionnée à sept reprises, dont une en Creuse et six en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui signale d’abord une femelle, le 13/06/1996, en bordure d’une mare permanente de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, et, dans cette même commune, le 08/05/1998, une autre femelle près de son cocon jaune clair, à 30 cm du sol, au bord du ruisseau de la Roubardie, puis une autre un mois plus tard au bord du Ruisseau des Baraques, près du hameau du Mas Gaudeix et, le 26/04/2001, deux mâles et quatre femelles dans la végétation bordant une île du lac de La Roche, puis, le 22/06/2001, quatre mâles le long du ruisseau des Dauges à Saint-Léger-la Montagne, enfin, le 11/07/2001, une femelle au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur- Vige. Il ne l’a notée qu’une seule fois en Creuse, une femelle, au bord de l’étang des Landes dans la commune de Lussat, le 18/06/2000. Toutes ces observations se situent entre avril et juillet. Nous n’avons donc pas pu vérifier si, comme l’indiquent Nentwig & al. dans leur base sur internet14, on peut rencontrer des adultes de cette espèce toute l’année.

Clubiona reclusa O. P.-Cambridge,1863 : pour les commodités de la détermination, lorsque les espèces d’un même genre sont nombreuses, les arachnologues ont l’habitude de constituer des groupes d’espèces présentant des analogies sur différents critères, et notamment dans leurs genitalia*. Les Clubiona s’y prêtent parfaitement. Comme il existe, par exemple, un groupe C. pallidula, auquel appartient C. phragmitis, il en existe plusieurs autres dont le groupe C. reclusa auquel appartiennent, entre autres, C. stagnatilis et C. subsultans. Celles-ci ont en commun, pour les femelles, une épigyne pas très lisible en forme d’éventail montrant des rayons ouverts et des demi-cercles concenriques diffus et, pour les mâles, une apophyse tibiale portant une longue pointe en forme de harpon. C. reclusa est une espèce paléarctique* à l’abdomen roux marqué d’une tache cardiaque brune et recouvert d’une pubescence claire. La femelle mesure de 5 à 9 mm et le mâle de 4 à 6. Selon S. Almquist, on peut rencontrer des mâles adultes au printemps et en été, et des femelles en toute saison. Mais toutes nos récoltes se sont situées entre fin avril et fin juin, tant mâles que femelles, dans des milieux le plus souvent humides, dans des herbes où les femelles, comme d’autres Clubiona, s’enferment avec leur cocon dans des feuilles enroulées. La toute première mention enregistrée est celle d’une femelle, le 26/05/1996, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, dans des Typha, au bord d’une mare permanente de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où, le 08/05/1998, il note une autre femelle dans un fond de prairie humide pâturée par des bovins, au hameau des Garabœufs. Il déterminera plus tard encore une femelle, dans une récolte de H. Guillien, du 29/05/2008, dans une friche de Richebourg, au bord de la Briance, dans la commune de Pierre-Buffière. Trois autres citations de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui récolte au filet fauchoir, le 29/04/2000, un mâle et une femelle dans les herbes et les buissons bordant un étang à Rancon, puis, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, dans une haie proche d’un étang, un mâle le 30/04/2000 et une femelle le 30/05/2002. La dernière de ce département est une femelle déterminée lors d’un stage par J.-C. Ledoux, qui provenait d’une capture du 05/05/2000, par E. Mourioux, au Pont-Romain de Saint-Léger-la-Montagne. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans une prairie en friche de la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, signale une femelle en juin 1998 puis une autre en juin 2002. L’autre mention de Corrèze émane de F. Lagarde qui note la présence de l’espèce en 2009, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. En Creuse, c’est d’abord B. Le Péru qui, le 25/05/2007, récolte un mâle à Saint-Oradoux-de-Chirouze dans la végétation bordant l’étang de Méouze, puis, en 2009, F. Lagarde citera la présence de l’espèce à Gentioux-Pigerolles (3 à la Ferme de Lachaud et 1 à Pierre Fade), à Royère-de-Vassivière (1 au Bois des Pialles), à Saint- Pardoux-Morterolles (2 au Ruisseau du Pic) et à Saint-Pierre-Bellevue (1 au Ruisseau de Beauvais).

Clubiona similis L. Koch, 1867 : il s’est produit en 1995, pour cette espèce et pour Clubiona frisia, le même événement qui, cinq ans plus tard, advint à Pardosa lugubris et à Pardosa saltans (voir ces deux espèces dans les Lycosidae). Dans les deux cas il a pu se produire qu’à l’époque où seule la première des deux espèces de chaque binôme était connue, des animaux déterminés comme lui appartenant soient ultérieurement identifiés comme étant de la seconde. En Grande-Bretagne, par exemple, seule Clubiona similis était répertoriée, comme l’attestent l’ouvrage de Locket, Millidge et Merrett (voir bibliographie, volume III, pages 12 et 14) ainsi que celui de M. Roberts en trois volumes, aux pages 84 et 85. Et voilà qu’en 1995, Wunderlich et Schütt distinguent une autre espèce qu’ils nomment Clubiona frisia qui se juxtapose à C. similis mais dont on s’avise que c’était la seule des deux qui était présente en Grande-Bretagne, comme d’ailleurs en Suède. Des deux espèces, seule C. frisia serait présente aux Pays-Bas, mais les deux sont présentées dans la version néerlandaise du guide de M. Roberts (voir la bibliographie) aux pages 136 et 137. Là encore, la distinction entre les deux espèces d’après les dessins n’est pas d’une évidence aveuglante. C’est ici l’occasion d’attirer l’attention du lecteur sur la vigilance qui doit être la sienne quant à la date des publications. Ainsi, dans une note de P. J. van Helsdingen sur les Clubionidae, publiée en 1979 (cf. la bibliographie), soit seize ans avant que C. frisia ne soit décrite, il indique que les dessins de Wiehle (1965, fig. 66) qui montrent des orifices de copulation de forme circulaire dans l’épigyne de C. similis, sont erronés car, écrit-il, ils sont en réalité « slit-like », c’est à dire en fente. Or, si on observe le dessin de l’épigyne de C. similis retenu actuellement comme valide dans la version néerlandaise de l’ouvrage de Roberts évoqué plus haut, ces orifices sont d’assez grande taille, bien ouverts et pratiquement circulaires On aurait pu en conclure que van Helsdingen n’avait pas sous les yeux l’espèce qui correspond aujourd’hui à C. similis mais peut-être une C. frisia. Cependant les orifices de copulation figurés dans le dessin concernant cette dernière espèce sont certes plus petits mais sont plutôt ouverts et donc pas vraiment « slit-like ». Pour le moment, seule l’espèce C. similis figure dans la liste de référence des Clubiona présentes en France. Cette espèce paléarctique* dont le mâle, qui mesure de 3 à 4 mm, est deux fois plus petit que la femelle, est une araignée à l’abdomen gris brun couvert de fines soies claires, qui préfère également les milieux humides, où elle se tient plutôt dans la végétation basse, et qui n’est sans doute pas très commune en Limousin où elle n’a été mentionnée que pour trois femelles jusque là. La première notée dans notre base fut observée par M. Cruveillier, le 16/06/1997, et se trouvait dans de la mousse humide près d’une mare, dans une pâture dite « Les Fontenelles », près du village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. La seconde, en juin 1999, fut notée par E. Duffey dans une prairie de fauche, près d’un étang, à Bussière-Poitevine, dans ce même département. La troisième fut récoltée dans une prairie proche de l’étang des Landes, dans la commune de Lussat, en Creuse, par M. Cruveillier, le 18/06/2000. Si les informations données par Nentwig & al. sont exactes, le temps relativement court, mai et juin, pendant lequel des individus adultes de cette espèce pourraient être rencontrés n’est peut-être pas totalement étranger au fait qu’elle soit si rarement mentionnée. Ce serait en tous cas une différence notable avec l’espèce C. frisia dont, selon S. Almquist, on pourrait trouver des adultes toute l’année.

Clubiona stagnatilis Kulczyński, 1897 : cette araignée du groupe de C. reclusa est très semblable à cette denière tant par la couleur que par la taille et il faut s’attacher à de fins détails des genitalia* pour les distinguer l’une de l’autre. Chez la femelle de C. reclusa, le bord inférieur de l’épigyne a la forme d’une large accolade ouverte vers l’avant et dont la pointe médiane vers l’arrière est bien marquée et les orifices de copulation sont peu ou pas visibles, alors que chez C. stagnatilis, il n’y a pas cette accolade à l’arrière de l’épigyne mais une plage ovale plus claire avec deux orifices bien visibles de part et d’autre. Chez les mâles, c’est l’observation méticuleuse de la forme de l’apophyse tibiale ainsi que de la courbe des fins canaux qui sillonnent le bulbe qui permettra de décider « avec une certitude raisonnable » pour reprendre une expression coutumière de J.-C. ledoux avec lequel nous avons travaillé sur les Clubionidae de 2001 à 2007. A la date de cette publication cette Clubiona des milieux très humides, à répartition paléarctique*, dont les deux sexes pourraient être rencontrés adultes de mai à fin octobre, n'a été observée que quatre fois en Limousin, d’abord une femelle à Meuzac, en Haute-Vienne, le 04/06/1998, par M. Cruveillier, dans une prairie marécageuse bordant le ruisseau des Baraques, puis une en Corrèze, par O. Villepoux, le 15/07/1998, dans des feuilles de Menyanthes, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, puis à nouveau en Haute-Vienne, le seul mâle capturé, le 11/07/2001, par M. Cruveillier, dans un secteur également très marécageux de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et enfin, le 22/05/2003, une femelle capturée au filet fauchoir par E. Duffey dans les herbes bordant son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine.

Clubiona subsultans Thorell, 1875 : la présence de cette espèce paléarctique* en Corrèze avait été notée par E. Simon (p. 963, voir Bibliographie) qui signale la capture d’un mâle à Eygurande par de Dalmas, en septembre 1916. Bien qu’appartenant également au groupe de C. reclusa, elle est un peu plus facile à déterminer que les autres grâce à un dessin dorsal voisin de celui de C. corticalis, quoique moins net. Les deux sexes sont sensiblement de même taille, de 5 à 7 mm, et l’épigyne de la femelle montre deux plages claires symétriques assez distinctes. Susceptible de fréquenter des milieux assez divers et se tenant sous des écorces ou sous des pierres, dans la mousse ou dans la litière, cette espèce n’a fait l’objet que d’une seule mention postérieure à 1916, par F. Lagarde qui a récolté un mâle, le 11/07/2008, dans la bordure boisée d’une lande dégradée à callune, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse.

Clubiona subtilis L.Koch, 1867 : cette araignée paléarctique* mesurant en moyenne 2,5 mm pour le mâle et 4 mm pour la femelle, affiche une coloration quelque peu variable. L’abdomen est le plus souvent roussâtre et le céphalothorax est généralement d’un brun assez foncé. Sa petite taille, à laquelle elle doit son nom, constitue une première indication utile pour sa détermination. Elle est assez bien représentée dans nos trois départements où on peut la rencontrer adulte d’avril à septembre, dans la mousse ou la végétation basse des milieux frais à humides. Le premier exemplaire observé, le 20/05/1997, par M. Cruveillier, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, était une femelle qui ne mesurait que 3 mm. Dans un secteur humide de la lande de ce même village, le 28/09/2006, un mâle fut récolté par C. Jacquet et, toujours en Haute Vienne, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, F. Lagarde récolte une femelle en septembre 2006 et y mentionne nouveau l’espèce en 2009. En Corrèze, cette araignée a d’abord été notée par B. Le Péru qui mentionne un mâle, le 06/04/2007, en bordure de forêt du Longeyroux, à Meymac, commune où F. Lagarde citera cette espèce en 2009, dans la tourbière du même nom et dans celle de Ribière longue, ainsi que dans la tourbière de Marcy, à Saint-Merd-les-Oussines et dans celle de l’étang de Chabannes, à Tarnac. En Creuse, c’est encore B. Le Péru qui note un mâle, le 25/05/2007, près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, suivi au cours de 2009 par F. Lagarde qui cite la présence de l’espèce dans trois tourbières de la commune de Gentioux-Pigerolles, à la tourbière des Salles, aux Prés Neufs et à Pierre Fade.

Clubiona terrestris Westring,1851 : est une araignée européenne qui, comme cela a été rappelé plus haut, est d’un aspect très semblable à celui de C. lutecens, tant par la couleur que par la taille. Pour ce qui est des mœurs, elle se rapprocherait plutôt de C. subsultans qui peut fréquenter des milieux assez divers, sur les arbres, sous des écorces ou dans des endroits herbeux, dans la mousse ou dans la litière ou encore sous des pierres. Nos observations d’adultes vont d’avril à octobre ce qui confirme la fourchette indiquée par M. Roberts mais Nentwig & al., comme S. Almquist, proposent toute l’année. Elle a fait l’objet de douze fiches de citations réparties inégalement entre les trois départements du Limousin, une en Corrèze, deux en Creuse et neuf en Haute-Vienne où M. Cruveillier note, le 26/05/1996, une première femelle à Meuzac, dans la Lande du Cluzeau, site où elle sera citée encore à deux reprises, le 24/04/2001, une femelle par B. Duhem et une autre par D. Rastel. Toujours en Haute-Vienne, elle avait déjà été observée à Meuzac, le 08/05/1998, dans la lande tourbeuse de La Roubardie, par M. Cruveillier lequel cite également, le 03/05/2001, une autre femelle à Saint-Léger-la-Montagne, dans la tourbière des Dauges où P. Tutelaers en avait mentionné deux, le 21/05/1999. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey capture une femelle en mai 1999 dans une pile de bois, puis deux autres, le 30/05/2002, par battage de branches d’une haie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. La dernière mention de Haute-Vienne, le seul mâle collecté, déterminé par M. Cruveillier, provenait d’une capture dans une tente Malaise, aux Dauges, le 05/06/2013, par P. Durepaire. En Creuse, F. Leblanc identifia, en 2003, une araignée qu’il avait capturée le 10/07/1997, aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, puis, en 2009, F. Lagarde signale la présence de l’espèce dans la tourbière des Chabannes à Royère-de-Vassivière. L’unique observation de Corrèze provient de B. Le Péru qui, en octobre 1997, avait capturé une femelle dans une maison, à la Gare de Savennes, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos.

Note de bas de page 15 :

Voir la première partie page 8.

Clubiona trivialis C.L.Koch,1843 : présente dans toute l’Europe à l’exception, semble- t-il, de la péninsule ibérique et de quelques autres pays méditerranéens comme la Grèce ou la Turquie, cette espèce holarctique* à l’abdomen beige clair sans motifs si ce n’est une tache cardiaque un peu plus rousse, est de taille assez modeste, de 4 à 4,5 mm pour la femelle et de 3,5 à 4 mm pour le mâle. Evoluant plutôt dans une strate de végétation basse, elle est assez peu exigeante en terme de milieu et on peut rencontrer des adultes du printemps à l’automne. Elle a été notée à quatorze reprises en Limousin. Sa première mention remonte à 1921 quand Louis Fage avait signalé sa présence à Lussac-les-Eglises en Haute-Vienne15. Elle fut retrouvée dans ce département, une femelle, le dimanche 02/06/1996, dans la commune de Meuzac, dans de la repousse courte de bruyère, dans la Lande du Cluzeau, par M. Cruveillier qui captura une autre femelle dans ce même site, en juillet 2000, au pied d’une touffe d’Erica vagans. Les deux autre mentions de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui détermina une femelle provenant d’une récolte par piègeage de P. Durepaire, de juin 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et qui en capturera lui-même une autre dans ce site le 30/05/2003. Toutes les autres mentions sont de F. Lagarde et de 2009, les plus nombreuses venant de Creuse, dans les communes de Gentioux-Pigerolles (3 à Pierre Fade, 1 aux Prés Neufs, 1 à la tourbière des Salles), et de Royère-de-Vassivière (2 à la Croix de Fayaud, 3 à la tourière de La Mazure, 2 femelles puis 2 mâles au Bois des Pialles). Les deux citations de Corrèze, également de F. Lagarde et de 2009, mentionnent un individu de la tourbière de Ribière longue, à Meymac et deux autres de celle de Négarioux Malsagnes, à Peyrelevade.

Note de bas de page 16 :

Clubiona leucaspis est une des rares Clubiona qu’on pourrait identifier à l’œil nu sur le terrain. Elle n’a pas encore été observée en Limousin à la date de cette publication.

Note de bas de page 17 :

Clubiona leucaspis est une des rares Clubiona qu’on pourrait identifier à l’œil nu sur le terrain. Elle n’a pas encore été observée en Limousin à la date de cette publication.

Clubiona vegeta Simon, 1918 : l’histoire de « l’état civil » de cette araignée nous fournit l’occasion, une fois n’est pas coutume, de faire une petite incursion dans les tâtonnements16 qui illustrent bien l’adage selon lequel la science est une série d’erreurs corrigées. Elle fut décrite en premier sous le nom de Cubiona parvula par Lucas en 1846, et renommée en 1918 Clubiona vegeta par Simon au motif que le nom C. parvula était déjà employé par Sundevall en 1833, lequel avait décrit sous ce nom une araignée dont on ne s’avisera que plus tard qu’il ne s’agissait pas d’une Clubiona mais de Dictyna arundinacea. Ce qui explique qu’il existe aujourd’hui à nouveau une araignée du Japon du nom redevenu libre de Clubiona parvula, espèce que son auteur, Saito, avait d’ailleurs décrite dans le genre Steatoda en 1933, erreur qui ne fut corrigée par Yoshida qu’en 2001. Et il n’est pas assuré que notre C. vegeta puisse maintenant se reposer sur son identité puisque certaines publications la placent dans le genre Microclubiona (Sthergiu, 1985) ou Porrhoclubiona (Wunderlich, 1995). Cette araignée, présente de l’Europe à l’Asie centrale, n’a été récoltée qu’une seule fois dans notre région par N. Larchevêque, le 24/04/2001, au cours d’un stage organisé à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, auquel J.-C. Ledoux et M. Emerit avait bien voulu prêter leur concours pour l’encadrement. C’était une femelle avec son cocon, sous un caillou, dans la Lande du Cluzeau. L’identification ne fut finalement confirmée par J.-C. Ledoux et M. Cruveillier qu’au cours de l’année 2002, après qu’ils eurent étudié longuement le groupe de C. comta auquel on peut la rattacher. Eugène Simon (voir bibliographie) écrit que cette espèce a des mœurs comparables à celles de Clubiona leucaspis17 laquelle, en dehors de l’ouvrage de Simon, est décrite dans l'édition hollandaise du guide de M. J. Roberts en page 140. Il nous semblerait pourtant que Clubiona vegeta soit plus une araignée du sol que C. leucaspis qu’on trouve aussi sur les arbres, sous l’écorce. J.-C. Ledoux possède dans sa collection des adultes récoltés en mai, en juillet et en octobre. En l’absence de données de la littérature et compte tenu de la date de capture en Limousin, on pourrait avancer que la maturité pour cette espèce se situe, comme pour C. trivialis, du printemps à l’automne.

Les Cybaeidae

Note de bas de page 18 :

Parmi ces onze espèces quatre ont été observées en Limousin : Argyroneta aquatica (Clerck, 1757), Trochosa spinipalpis (F.O.P.-Cambridge, 1895), Pirata uliginosus (Thorell, 1856), Pardosa bifasciata (C.L.Koch, 1834).

Argyroneta aquatica (Clerck, 1757) : seule espèce connue dans le monde du genre Argyroneta et antérieurement rangée dans la famille des Argyronetidae aujourd’hui abandonnée, cette espèce paléarctique mérite une mention particulière, ne serait-ce que pour avoir inventé la cloche à plongeur. Elle passe en effet une bonne partie de sa vie dans l’eau, dans une retraite de soie en forme de cloche qu’elle fixe à de la végétation immergée et dans laquelle elle emprisonne des bulles d’air. Elle se nourrit de petits invertébrés qu'elle chasse sous l'eau dans les herbes aquatiques. C’est une araignée robuste, dont la femelle peut mesurer jusqu’à 17 mm, et qui n’a été observée en Limousin qu’en mai 2002 par M. Cruveillier à deux reprises (le 18 et le 25), une femelle dont la retraite était accrochée à une tige de rubanier dans une anse du ruisseau de La Roubardie, à l’aplomb du hameau des Garabœufs, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. En dépit de visites assez fréquentes du site elle n’y a pas été revue les années suivantes. C’est une des onze espèces d’araignées déterminantes retenues en 2009 par le ministère en charge de l’environnement dans le cadre de son programme dit SCAP (Stratégie de création des Aires Protégées)18.

Les Dictynidae

Note de bas de page 19 :

Voir ce mot dans le glossaire page 300. Une autre espèce française non cribellate, Chorizomma subterraneum Simon, 1872, non présente en Limousin, a également été rangée dans les Dictynidae,

La France compte tente-huit espèces de Dictynidae réparties en quinze genres. Six genres et treize espèces ont jusque là fait l’objet d’observations dans notre Région. Nos Dictynidae limousines, à l’exception notable de Cicurina cicur, sont cribellates*19.

Altella lucida (Simon, 1874) : les naturalistes sont souvent réticents devant l’emploi du terme « rareté » tant il est difficile à définir. Nous croyons néanmoins que quels que soient les critères que l’on décide d’intégrer dans son appréciation le terme s’applique à Altella lucida. Déjà Locket et Millidge écrivaient en 1951 dans le volume de leur ouvrage « British spiders », que la mention de la présence en Grande Bretagne de cette araignée reposait sur la récolte unique d’un exemplaire mâle. Nous avons en Limousin une femelle pour faire le couple. C’est notre seule observation faite le 24/04/2001 lorsqu’un des participants (L. Chéreau) à un stage que M. Cruveillier avait organisé en Haute-Vienne, à Meuzac, captura dans cette commune, dans la Lande du Cluzeau, en retournant un caillou dans une pelouse écorchée sur serpentine, une femelle qui fut ensuite identifiée en laboratoire par J.-C. Ledoux et M. Cruveillier. C’est une très petite espèce n’excédant pas 1,3 mm pour le mâle et 1,5 mm pour la femelle et qui peut facilement passer inaperçue. Il est intéressant de noter que deux autres spécimens ont été trouvés plus tard au Royaume Uni dans des terrains militaires où le sol avait été perturbé jusqu’à disparition de la végétation en certains endroits, mais que l’espèce n’y a pas été revue depuis 1972. Les quelques informations données par le site internet « srs.british spiders », qui recoupent notre propre observation, pourraient permettre de retenir que c’est une espèce des zones caillouteuses et sablonneuses des landes sèches et qu’elle serait adulte en avril-mai. Toutefois, notre ami J. F. Cornic, qui prospecte depuis de nombreuses années et de manière systématique dans le sud-est de la France, y a récolté un nombre significatif d’individus mâles et femelles de cette araignée et, si ses observations confirment la nature de son habitat, en revanche elles permettent d’élargir la fourchette de maturité qui irait d’octobre au milieu du printemps suivant. Il s’agit en tous cas d’une espèce à laquelle il y a lieu de s’intéresser tout particulièrement.

Argenna subnigra (O. P.- Cambridge, 1861) : un peu plus grande que la précédente (2 à 2,5 mm) cette araignée, adulte du printemps au début de l’hiver, dans des endroits plutôt ensoleillés, le plus souvent au sol dans des tapis de feuilles mortes ou de lichens ou encore sous des pierres, bien que répandue dans presque toute l’Europe, n’est fréquente nulle part. Elle n’a été notée que quatre fois en Limousin et d’abord en Haute-Vienne, par M. Cruveillier dans un talus bien exposé où, le 20/07/1998, une femelle avait ancré sa petite toile contre la mousse du sol juste au bord d’un caillou sous lequel elle se tenait, à la lisière d’un petit taillis de chênes proche du village de Chavagnac, à Meuzac. Le 28/05/2000, E. Duffey récoltait au filet fauchoir une autre femelle au pied d’une haie vive, à Bussière-Poitevine, et, toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier a déterminé un mâle dans une récolte de P. Durepaire, par tente Malaise, du 13/05/2013, dans une prairie, au bord d’une hêtraie à houx jouxtant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. La seule mention de Creuse est un mâle capturé par F. Lagarde, le 16/06/2008, dans une pelouse dégradée de la ferme de Lachaud , dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Cicurina cicur (Fabricius, 1793) : le genre Cicurina est surtout présent en Amérique du Nord. Les USA en comptent à eux seuls plus de 110 espèces. Il n’est représenté en France que par l’unique espèce Cicurina cicur laquelle, dans une classification antérieure, était rangée dans la famille des Agelenidae. C’est une araignée dont les deux sexes sont semblables, de 5 à 7 mm de long, à l’abdomen ovoïde gris-beige un peu cendré sans motifs apparents. Le nom de Drassus cinereus a été d’ailleurs l’un des nombreux alias de son histoire taxinomique. Elle construit une petite toile en milieu plutôt humide, la plupart du temps sous des pierres ou des morceaux de bois au sol ou encore dans des creux de vieilles souches. Il n’est pas rare de la rencontrer également dans des caves et on peut trouver des adultes toute l’année. Elle apparaît dans une douzaine de fiches de citations en Limousin. D’abord enregistrée dans notre base de données en Haute-Vienne en mai 2000 par M. Cruveillier qui capture une femelle au village de Chavagnac, à Meuzac, sous un tas de vieilles poutres en décomposition, elle est encore citée par lui à quatre reprises dans cette commune, dont trois fois près du village de Chavagnac, dans plusieurs de ces tas de cailloux que les paysans retiraient de leurs champs et rangeaient en bordure, une femelle le 21/06/2000, une autre récoltée au cours d’un stage par B. Duhem, le 26/04/2001, et une troisième récoltée le 28/04/2001 par D. Rastel lequel récolte une autre femelle, le 29/04/2001, au cours du même stage, dans une pile de bois à la Basse Roche. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey capture quatre mâles, le 20/01/2002, dans des pièges Barber, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, B. Le Péru nous apprendra qu’il avait déjà observé quatre fois cette espèce, dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, d’abord une femelle sous des écorces d’arbre mort, au sol, dans une forêt de hêtres et de chênes, en avril 1997, puis une autre sous un tas de bois, dans un jardin, en février 1998, une troisième sous une pierre, en lisière de forêt, en avril 2002 et une quatrième, en juin 2002, au sol dans un jardin. En Creuse, une femelle est déterminée par F. Leblanc dans une récolte par piège à insectes d’E. Mourioux, du 19/03/2000, au lieudit La Garrige, à Saint- Maurice-la-Souterraine, et, en 2009, F. Lagarde cite la présence de l’espèce dans la tourbière des Chabannes, à Royère-de-Vassivière.

Dictyna arundinacea (Linné, 1758) : des huit espèces de Dictyna présentes en France, cinq ont été observées en Limousin. Les mâles adultes de ce genre se reconnaissent aisément sous la loupe grâce à la languette pointue en tire-bouchon présente à la base du bulbe. Dictyna arundinacea est une espèce holarctique* réputée la plus commune en Europe où elle est présente dans tous les pays. C’est une petite araignée au dessin abdominal assez constant, de 3,5 mm pour la femelle et 2,3 mm pour le mâle, qui tisse sa toile au sommet des touffes d’herbes sèches ou de bruyère, surtout dans les landes. Elle doit néanmoins circuler au sol suffisamment pour y être assez souvent capturée dans des pièges de type Barber. On peut observer des adultes au printemps et en été. Elle est présente dans nos trois départements où la première observation, un mâle et une femelle, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, dans une touffe de callune, au village de Chavagnac à Meuzac, remonte au 16/08/1995. Il notera dans la même commune, dans la Lande du Cluzeau, une autre femelle le 15/05/1996, et plus tard, au cours d’un stage qu’il y avait organisé, deux mâles et une femelle récoltés par B. Duhem, le 23/04/2001, dans un enchevêtrement de fils le long de tiges d’ajonc, puis un mâle et deux femelles récoltés dans de l’herbe rase par D. Rastel le 25/04/2001, ces deux dernières identifications ayant été confirmées par J.-C. Ledoux qui intervenait dans le stage. Toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier recueille une femelle le 03/06/2000, en secouant sur une nappe une poignée d’herbes sèches restées au fond du filet fauchoir, dans une praire naturelle du village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Enfin l’espèce a été notée également à trois reprises dans la tourbière des Dauges, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne, d’abord quatre mâles et rois femelles par P. Tutelaers, le 21/05/1999, puis par E. Duffey qui, le 23/05/2000, note un mâle et une femelle dans un secteur à Eriophorum vaginatum, puis une autre femelle dans de la litière de feuilles, dans le secteur de lande de la réserve. En Corrèze elle avait été notée par B. Le Péru à trois reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux- Clos, une femelle en avril 1997, sur une inflorescence de jonc desséché, une autre en juin 1998 sur un conifère, dans un jardin, et une troisième en juin 1999, dans une prairie en friche, sur une tige sèche d’apiacée. L’autre citation de Corrèze est une femelle notée le 28/03/2000, sur un buisson bas de prunellier, sur la Côte pelée de Chasteaux, par M. Cruveillier lequel la mentionne pour la première fois en Creuse, une femelle capturée au filet fauchoir dans une prairie proche de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, dans la commune de Lussat, le 22/06/2000. Les deux autres mentions de Creuse émanent de F. Lagarde qui, le 14/05/2006, capture 5 femelles et 3 mâles au filet fauchoir au Bois des Pialles à Orladeix, commune de Royère-de-Vassivière, site où il note à nouveau la présence de l’espèce en 2009.

Dictyna civica (Lucas, 1849) : cette araignée holarctique*, dont les deux sexes mesurent environ 3 mm de long et dont la maturité se situe du milieu du printemps au milieu de l’été, rappelle quelque peu D. arundinacea par son apparence. « Selten gefunden » (rarement trouvée), écrivent Nentwig & al. à propos de cette espèce qui peut parfois se rencontrer en colonie et qui est typiquement une araignée des parois rocheuses et des murs bien exposés où elle accroche aux aspérités une minuscule toile cribellée*. De fait, les quatre observations dont elle a été l’objet en Limousin ont été faites sur un mur ensoleillé. La première, une femelle, notée par M. Cruveillier contre le mur d’une grange, le 06/06/1997, au village de Chavagnac, commune de Meuzac, en Haute-Vienne, constitue la seule mention pour ce département. Les trois autres concernent la Corrèze où, en juillet 1997, trois femelles et un mâle sont observés par B. Le Péru contre le mur d’une maison de Saint-Etienne-aux- Clos, « à 1,8 m du sol » précise-t-il, observation qui se répète dans les mêmes conditions, mais avec une seule femelle cette fois, en mai 1998. Enfin, M. Cruveillier observera une femelle contre un mur d’église, le 06/06/2000, au Belvédère de Puy-d’Arnac. Aucune observation pour le moment n’a été signalée pour la Creuse qui est pourtant aussi bien pourvue que les autres départements en murs ensoleillés.

Dictyna latens (Fabricius, 1775) : cette araignée d’environ 3 mm de long, de couleur beaucoup plus sombre que les deux précédentes, fréquente sensiblement les mêmes milieux que D. aundinacea. Les deux sexes présentent des lignes parallèles longitudinales de soies claires sur le céphalothorax. On peut rencontrer des adultes du milieu du printemps au milieu de l’été. Comme l’espèce précédente, elle est notée comme « rarement trouvée », ce qui est très vraisemblable. Elle n’a été mentionnée que sept fois en Limousin jusque là, toujours sur de la végétation basse, d’abord une femelle, en Haute Vienne, le 15/05/1996, sur une touffe de callune, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, par Marcel Cruveillier qui en signale une autre le 03/06/2000, dans une prairie mésophile du village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Autre mention pour ce département, E. Duffey capture une femelle au filet fauchoir, à Saint- Léger-la-Montagne, le 23/05/2000, dans un secteur à Eriophorum vaginatum de la tourbière des Dauges où M. Cruveillier déterminera un mâle en très mauvais état provenant d’une capture par tente Malaise du 23/07/2013, de P. Durepaire. En corrèze, E. Duffey capture une femelle au filet fauchoir, le 13/06/2002, dans la végétation herbacée bordant le chemin d’accés à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, lieu où il capturera un mâle le 18/06/2003. En Creuse, F. Lagarde la cite en 2009 dans la tourbière de Puy Marsaly à Faux-la-Montagne.

Dictyna pusilla Thorell, 1856 : c’est, comme son nom l’indique, une petite araignée dépassant rarement 2 mm de long, de coloration variable mais assez facile à déterminer du fait de sa taille et grâce à des genitalia* très caractéristiques, notamment, chez le mâle, l’apophyse tibale en forme de dent pointue. Adulte dès le début du printemps et jusqu’à la fin de l’été, elle est censée fréquenter des milieux bien exposés, aussi bien dans des herbes que sur des buissons ou sur les branches basses des arbres. Nentwig & al. et M. Roberts ne sont pas complètement d’accord sur sa fréquence. Les premiers la donnent comme fréquente (häufig) et le second indique qu’elle est « assez peu commune en Europe mais peut-être plus fréquente dans le nord ». Nos observations donnent plutôt raison à M. Roberts puisque cette espèce n’a été observée jusque là que deux fois en Limousin par M. Cruveillier, les deux fois sur un ligneux mort, d’abord une femelle, le 15/05/1996, sur un genêt à balai sec, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne et la seconde fois, le 26/03/2000, une autre femelle sur un petit arbrisseau mort de la Côte pelée de Chasteaux, en Corrèze.

Dictyna uncinata Thorell, 1856 : cette espèce, légèrement plus grande que la précédente (de 2,5 à 3,5 mm), a une période de maturité un peu plus courte, de mars à juillet. Elle ressemble assez, à première vue, à D. arundinacea dont elle partage les habitats. Le mâle est relativement facile à identifier grâce à ses deux apophyses tibiales, l’une latéro-ventrale, large et obtuse, proche de l’articulation avec le tarse et l’autre, dorsale, en longue pointe bifide et près de l’articulation avec la patella. L’épigyne, en revanche, est souvent difficile à lire car souvent recouverte d’une dense pilosité. Répandue dans toute l’Europe où elle semble assez commune, elle a fait l’objet de seize fiches d’observation en Limousin, inégalement réparties, treize en Haute-Vienne et trois en Corrèze. Une femelle est notée d’abord dans une touffe haute de callune sèche, le 06/06/1997, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute- Vienne, par M. Cruveillier, lequel mentionne deux autres femelles dans cette commune, dans une prairie sèche dégradée, près du Lac de la Roche, le 02/06/2001, et qui recueille une autre femelle, tombée d’elle-même sur une nappe de pique-nique tendue sous un bouleau, le 03/06/2000, dans une prairie naturelle, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe et, le 20/07/2000, un mâle et une femelle dans des herbes bordant un sentier sous des conifères près de l’étang de Vallégeas, dans la commune de Sauviat-sur-Vige. Les autres mentions de Haute-Vienne proviennent d’E. Duffey qui signale la présence de l’espèce à six reprises, au village de Chez Gouillard dans la commune de Bussière-Poitevine, par battage de branches ou filet fauchoir sur une haie vive : d’abord une femelle en mai 1999, un mâle et une femelle le 08/05/2000, trois femelles le 28/05/2000, un mâle et quatre femelles le 30/05/2002, un mâle et deux femelles le 29/04/2003, et enfin deux mâles et trois femelles le 07/05/2003. Il mentionne aussi à trois reprises cette espèce dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, une femelle dans un secteur à Eriophorum vaginatum le 23/05/2000, une autre, le 19/07/2000, dans une prairie tourbeuse à joncs et Molinie, et cinq autres au filet fauchoir dans le même secteur, le 30/05/2003. Les trois observations de Corrèze ont été faites par B. Le Péru, en lisière d’une forêt humide, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle en juillet 1999, une autre en mai 2000 et une troisième en juin 2000. L’absence de cette espèce en Creuse ne peut être attribuée qu’à une insuffisance de prospection.

Lathys humilis Blackwall, 1855 : est une petite araignée d’environ 2 mm de long, de couleur terreuse avec un dessin dorsal sombre et assez net malgré une couverture dense de fines soies claires, lesquelles rendent certains éléments difficiles à observer, notamment le cribellum chez le mâle. En revanche le calamistrum sur le métatarse de la patte arrière est bien visible. Comme son nom l’indique, elle vit prés du sol et tisse une petite toile cardée sur des plantes basses et coriaces comme les ajoncs et les bruyères, ou parfois directement sur le sol. La première observation, un mâle, remonte au 25/05/1996, sur de la repouse de poirier sauvage de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier lequel notera une femelle dans la même commune, le 16/06/1997, dans un roncier rampant d’un verger abandonné, au village de Chavagnac. E. Duffey la mentionne trois fois dans ce département au pied d’une haie de houx et d’aubépine, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : quatre mâles le 20/04/2000, un mâle et une femelle le 08/05/2000 et cinq femelles, au filet fauchoir, le 30/05/2002. La seule mention de Creuse, par M. Cruveillier, est une femelle, le 21/07/2009, dans une haie vive de houx, chênes et saules bordant la chaussée de l’étang de Tête de Bœuf à Lussat.

Lathys sexpustulata (Simon, 1878) : citée de Haute-Vienne en 1914 par Eugène Simon (B. Le Péru, 2007) cette espèce n’a pas encore été revue en Limousin et figure toujours dans notre base de données avec la mention « OA » (observation ancienne non renouvelée).

Nigma flavescens (Walckenaer, 1830) : cette petite araignée de 2 à 2,5 mm pour le mâle et de 3 à 4 mm pour la femelle, à l’abdomen d’un roux clair vermiculé de petites taches jaunâtres comme le suggère son nom, n’est pas d’une détermination très simple. La forme du calus qui se trouve sur la partie basale avant des chélicères du mâle, notée par Simon, a été reprise par Heimer et Nentwig et par d’autres mais il peut arriver qu’il ne soit pas très marqué au point qu’on peut se demander s’il s’agit d’un caractère distinctif obligatoire. Considérée comme rare par Heimer & Nentwig comme par M. Roberts, elle est donnée pour méridionale par Sauer et Wunderlich alors que Simon écrit "Toute la France, sauf peut-être dans le midi". J.-C. Ledoux qui a beaucoup prospecté dans le midi a déclaré à M. Cruveillier ne pas l'y avoir récoltée. Elle figure pourtant dans les inventaires nationaux de pays du nord comme l’Allemagne, la Belgique, la Pologne mais aussi du sud comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce. Cela souligne combien il faut accueillir avec circonspection certaines indications concernant la présence et la rareté, qui souvent reposent sur un nombre insuffisant de données qui leur confèreraient une valeur statistique. Quoi qu’il en soit, cette Nigma, qui est adulte d’avril à juin et qui se tient généralement sur les feuilles des branches basses des arbres, n’est sans doute pas plus abondante en Limousin qu’ailleurs puisqu’elle n’y a été observée qu’à deux reprises, d’abord en Corrèze par M. Cruveillier qui, le 06/06/2000, récolte un mâle sur un chêne rabougri dans un milieu très ensoleillé et très sec, en lisière boisée de la pelouse du belvédère de Puy-d’Arnac, puis en Haute-Vienne, le 07/05/2003, par E. Duffey qui captura au filet fauchoir cinq mâles, le 07/05/2003, dans les feuillages d’une haie vive au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine.

# Nigma puella (Simon, 1870) : cette belle petite araignée d’environ 2,5 mm pour le mâle et jusqu’à 3 mm pour la femelle, adulte au printemps et en été, vit sur la végétation buissonnante. La femelle arbore un abdomen d’un beau vert clair marqué à l’avant de la partie dorsale d’une tache rouge médiane qui permet de la reconnaître assez facilement. Le mâle peut avoir une coloration voisine mais il peut aussi être brun rouge ou jaune clair. Il présente à la partie apicale des chélicères des dents très prononcées. L’espèce est notée comme « rarement trouvée » par Nentwig & al. et « très localisée » par M. Roberts. Elle a cependant été citée dans quinze fiches d’inventaire en Limousin, très inégalement réparties il est vrai, et par deux observateurs seulement, d’abord le 25/06/1999, par M. Cruveillier qui captura un très beau spécimen de mâle en Haute-Vienne, sur un houx, au lieudit Le Suchaud, près du Village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera l’espèce encore deux fois, dont deux autres mâles, au filet fauchoir, dans de hautes bruyères, au hameau du Mas Gaudeix, le 04/06/1998, et un autre mâle, le 24/06/2001, sur Frangula dodonei, dans la Lande du Cluzeau. Il mentionne également un mâle, le 22/06/2001, dans la bordure boisée de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne et un autre, le 16/05/2009, à la ferme de l’Echo, au Centre Nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. Les autres citations pour la Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui mentionne l’espèce à huit reprises, dans une haie vive de houx, chêne et aubépine, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, soit un mâle le 08/05/2000, un mâle et trois femelles le 17/07/2000, cinq mâles et cinq femelles, au filet fauchoir, le 30/05/2002, un mâle et une femelle le 29/04/2003, trois mâles et deux femelles le 07/05/2003, un mâle le 15/05/2003 et enfin trois mâles le 19/07/2003, ce qui totalise vingt-six individus identifiés et permet d’affirmer que cette espèce peut être localement commune. Les deux mentions de Corrèze proviennent, pour la première de M. Cruveillier qui récolte une femelle le 23/07/2002, sur des buissons, en bordure d’une clairière, près du village de Veyrières, dans la commune de Feyt, et, pour la seconde, d’E. Duffey qui capture un mâle, le 13/05/2003, en battant des buissons de la lande de Bettu à Chenailler-Mascheix.

Nigma walckenaeri (Roewer, 1951) : c’est la plus grande de nos Nigma puisque le mâle mesure entre 3,5 à 4 mm et que la femelle peut atteindre 5 mm. La couleur verte qui est à l'origine de sa première appellation (viridissima), n’est visible que sur l’animal vivant et disparaît au bout de quelques jours de séjour dans l'alcool. Adulte en été et en automne, elle fréquente les feuillages des branches basses des arbres, surtout en lisière des bois ou les haies vives des parcs et jardins. Bien que signalée comme fréquente par Nentwig & al. elle n’a été observée que trois fois en Limousin, dont deux fois en Haute-Vienne, d’abord à Meuzac, par M. Cruveillier qui récolte une femelle, le 16/08/1995, dans les branches basses d’un charme, dans un jardin arboré du village de Chavagnac, puis, en juillet 1999, une autre femelle est notée par E. Duffey, dans une haie vive à houx et aubépine du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. La seule mention de Creuse, par M. Cruveillier, est une femelle récoltée le 24/07/2000, dans une touffe de Scirpus sylvaticus sous un bouquet de saules en bordure de l’étang des Landes au hameau du Genévrier, commune de Lussat.

Les Dysderidae

Nous abordons ici une famille représentée en France par sept genres et trente-huit espèces d’araignées haplogynes*, à six yeux. Jusque là, le Limousin ne connaît que deux espèces de Dysdera sur les dix-sept que ce genre compte dans notre pays et une seule espèce du genre Harpactea sur les huit présentes en France. Ce sont des animaux aux mœurs nocturnes qui ne construisent pas de toile piège mais seulement une retraite de soie sous les pierres ou dans des anfractuosités proches du sol. Nos Dysderidae, dont certaines peuvent vivre plusieurs années et atteindre 15 mm, ont des chélicères proclives et fortes qui leur permettent de s’attaquer à des proies assez cuirassées comme les cloportes, les punaises des bois, comme une espèce invasive de Leptoglossum, ou certains coléoptères. La détermination des femelles, comme pour de nombreuses espèces haplogynes, n’est pas toujours simple et, lorsqu’on n’est pas parvenu à réunir un faisceau de caractères distinctifs convergents, il faut parfois recourir à une petite opération de dissection pour pouvoir observer la vulve.

Dysdera crocata C. L. Koch,1838 : est une araignée robuste qui doit son nom à la couleur de safran de son céphalothorax et qui ne se distingue guère extérieurement de la suivante que par la taille et, selon M. Roberts, par la présence d’épines dorsales sur le fémur IV. L’examen de la vulve et du bulbe permet d’identifier les deux sexes avec certitude. C’est la plus grande de nos Dysdera, la femelle pouvant atteindre 15 mm. Elle est adulte toute l’année et fréquente des lieux où peuvent prospérer ses proies de prédilection comme les cloportes. Cette espèce n’a été observée que trois fois en Limousin, d’abord une femelle, le 18/06/1996, à la base d’un rocher de la Lande du Cluzeau à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier lequel trouvera une autre femelle sous un petit tas de pierres, sur la Côte pelée de Chasteaux, en Corrèze, le 15/04/2006. Elle est citée de Creuse en 2009, dans la tourbière du Grand Puy, à Royère-de-Vassivière par F. Lagarde. Elle est donc présente, mais a minima, dans chacun de nos trois départements.

Dysdera erythrina ( Walckenaer,1802) : semblable extérieurement à la précédente mais plus petite comme cela vient d’être dit, et partageant avec elle la période de maturité, les mœurs et les habitats, elle ne sera identifiée avec certitude que par l’examen des genitalia*, l’absence d’épine dorsale au fémur IV étant un critère à ne pas négliger. Elle est beaucoup plus présente en Limousin où elle a fait l’objet de vingt fiches d’observation dont quatre en Corrèze, six en Creuse et dix en Haute-Vienne. Sa première mention, par M. Cruveillier, qui remonte au 16/08/1995, est une femelle capturée dans un éboulis de vieux mur dans le village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne. Elle sera citée sept fois par la suite en différents lieux de cette même commune dont cinq par lui-même, une femelle, le 18/06/1996, à la base d’un chaos rocheux, dans la Lande du Cluzeau, une autre, le 06/06/1998, dans une pente pierreuse à Scilla verna de la lande de La Roubardie, une autre sous un tas de cailloux en bordure d’une friche au lieudit les Reclaudous, à Chavagnac, le 21/06/2000, et, dans ce même site, une autre le 26/04/2001 et une dernière récoltée par D. Rastel le 28/04/2001. Et c’est dans la mousse, presque sous une pierre que B. Duhem avait récolté un mâle et une femelle le 23/04/2001, à la basse Roche. Toujours en Haute-Vienne, A. Bounias-Delacour récoltait une femelle, le 28/09/2006, dans la Lande du Cluzeau, à l’occasion du colloque d’arachnologie de Limoges. Les deux autres citations de Haute-Vienne proviennent d’E. Duffey qui, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, avait disposé six pièges Barber dans une prairie naturelle, à 5 m du bord d’un étang, et avait noté un mâle dans sa récolte du 21/05/2004 et un autre dans celle du 29/05/2004. En Creuse, c’est F. Leblanc qui, au village de Pétillat à Saint- Sulpice-les-Champs, note d’abord une femelle le 10/07/1997, puis une autre le 08/03/1999. Les quatre autres citations de Creuse émanent de F. Lagarde qui mentionne la présence de l’espèce en 2009 à Faux-la-Montagne (tourbière de Puy Marsaly) et à Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Bois des Pialles). En Corrèze, B. Le Péru la cite à trois reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle dans un tas de bois en septembre 2001, un autre en mai 2002, sous les pierres d’un éboulis calcaire et un troisième au sol, dans un jardin, en septembre 2002. C’est E. Duffey qui mentionne le quatrième mâle pris dans un piège Barber le 11/04/2007, dans son jardin au village du Dougnoux, à Altillac.

Harpactea hombergi (Scopoli,1763) : la découverte, en 2014, de l’espèce H. rubicunda en Picardie, par S. Legris et E. Vidal, a porté à neuf le nombre d’espèces de ce genre connues en France dont, pour le moment, H. hombergi est la seule observée en Limousin. C’est une araignée de 5 à 6 mm, très semblable à une Dysdera mais avec des chélicères un peu moins spectaculaires, qui se tient le plus souvent sous les pierres ou sous les écorces et parfois dans les bâtiments. Selon la littérature, l’espèce pourrait être rencontrée adulte toute l’année. En Limousin, où elle est présente dans les trois départements, les observations couvrent une période allant de février à mi-août. Un mâle et une femelle ont d’abord été observés en Haute- Vienne par M. Cruveillier, le 06/06/1997, sous les écailles d’écorce d’un vieux tilleul abattu, au village de Chavagnac, à Meuzac où l’espèce sera encore mentionnée à cinq reprises dont deux par lui-même, toujours sous des pierres, soit un mâle le 16/05/1998, dans la Lande du Cluzeau, puis un couple le 17/08/1998, dans la lande de la Roubardie, au hameau des Garabœufs. Les trois autres mentions de cette commune eurent lieu à l’occasion d’un stage d’arachnologie qu’il y avait organisé et où furent observés, le 24/04/2001, deux mâles dans la Lande du Cluzeau, un par B. Duhem et un par D. Rastel lequel récoltera, le 26/04/2001, un mâle et une femelle sous un tas de cailloux, au bord d’une friche, à Chavagnac. L’autre mention de Haute-Vienne est une femelle capturée par E. Duffey en mars 2000 à l’intérieur de bâtiments, à Bussière-Poitevine. F. Leblanc l’a notée en Creuse à deux reprises, deux femelles le 10/05/1998, puis un mâle le 08/03/1999, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs. En Corrèze où elle a fait l’objet de neuf mentions, elle est d’abord citée huit fois à Saint- Etienne-aux-Clos par B. Le Péru, soit un immature dans une maison en février 1997, un mâle dans un tas de bois de jardin puis une femelle dans une maison en avril 1999, un mâle dans une maison en juin 2000, un immature dans une maison en mars 2001, un mâle sous des pierres dans une forêt sur coteau calcaire à 620 m d’altitude puis un autre en mars 2002, et enfin un autre dans une maison en avril 2002. La dernière mention de Corrèze est une femelle observée le 23/07/2002, sous des lambeaux d’écorce d’un aulne mort au bord du Chavanon, à Feyt, par M. Cruveillier.

Les Eresidae

Note de bas de page 20 :

Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel

# Eresus kollari Rossi, 1846 : (ex Eresus cinnaberinus, ex Eresus niger) cette très belle araignée, seule de son genre en Limousin, devrait y faire l’objet d’une mesure de protection. La femelle de couleur anthracite, qui peut atteindre 17 mm de long et peut vivre plusieurs années, reste la plupart du temps dans l’abri qu’elle aménage dans un trou du sol, à l’entrée duquel elle construit une petite toile en forme de bavette. Les élytres colorés des petits coléoptères dont elle a fait son repas sont d’ailleurs, pour l’arachnologue, un bon moyen pour la repérer. Le mâle, plus petit mais dont l’abdomen rouge ponctué de noir ne peut passer inaperçu, est plus souvent observé parce qu’il circule plus volontiers, notamment quand il est à la recherche de femelle. Cette espèce n’a été observée pour le moment qu’à deux endroits, dans la commune de Chasteaux, en Corrèze. Le 17 avril 2002, I. Oliviéro et O. Dom, qui étaient à l’époque salariés du CEN du Limousin, observent dans une petite pelouse calcaire en forte pente, sèche et caillouteuse, proche de la station de pompage du Soulier, une araignée très colorée dont ils font devant M. Cruveillier une description si précise que ce dernier reconnaît tout de suite un mâle d’Eresus kollari, identification confirmée par la capture en ce même lieu, le 15 avril 2006, par A. Cruveillier, d’une femelle laissée sur place après détermination par M. Cruveillier. Enfin un mâle fut observé par M. Cruveillier sur la Côte pelée de Chasteaux, le samedi 19 avril 2008. Cette espèce figure dans une liste de quatre espèces d’araignées proposées en 2011 au ministère de l’environnement par le CSRPN20 du Limousin pour constituer, avec trois espèces de la liste nationale présentes chez nous, une liste de sept espèces qui seraient prises en compte pour le programme SCAP en Limousin.

Les Eutichuridae

Ce n’est qu’en 2014 qu’a été élevée au rang de famille par Ramirez cette sous-famille initialement créée par Lehtinen en 1967. Elle est, avec les Phrurolithidae et les Trachelidae, l’une des trois nouvelles familles dont va s’enrichir la liste de référence des araignées de France. Elle accueille chez nous le genre Cheiracanthium, reconnaissable à l’absence de fovea*, antérieurement classé dans la famille des Miturgidae. Cette dernière famille ne disparaît pas pour autant des familles françaises puisqu’elle reçoit le genre Zora dont la famille antérieure, les Zoridae, disparaît du catalogue.

Note de bas de page 21 :

La femelle de Cheiracanthium, au moment de la ponte, emprisonne son cocon dans une loge de soie qu’elle construit le plus souvent autour d’un épi replié de poacée et dans laquelle elle s’enferme. Les rares cas de morsure connus sont généralement intervenus au cours d’une manipulation sans précaution d’une de ces loges.

De la douzaine de genres de cette famille dans le monde, seul le genre Cheiracanthium est représenté en France. Il était classé naguère dans la famille des Clubionidae où il faut le chercher encore dans les ouvrages édités avant qu’il ne soit rangé, en 1997, dans celle des Miturgidae créée en 1886 par Eugène Simon. Une quinzaine d’espèces de ce genre ont été répertoriées en France, dont quatre seulement ont été jusque là mentionnées dans notre base de données du Limousin. Le nombre de données saisies pour chacune de ces trois espèces paraît très inférieur aux observations visuelles oralement rapportées et tout se passe, comme c’est d’ailleurs le cas pour nombre d’espèces communes, comme si on ne jugeait pas nécessaire d’engranger des données dont on juge qu’elles sont évidentes et connues de tous. A moins que n’intervienne également, dans le cas des Cheiracanthium, une certaine réticence à manipuler sur le terrain ces animaux aux chélicères développées et souvent divergentes, sachant que c’est l’un des rares genres, en France, dont l’effet de la morsure21, qui est assez douloureuse, peut perdurer un ou deux jours, au moins pour ce qui concerne C. punctorium et C. mildei. Les mâles présentent un éperon à la base du cymbium* (éperon cymbial) en forme de lame longue et pointue, plus ou moins courbée selon l’espèce et dirigée vers l’arrière.

Cheiracanthium erraticum (Walckenaer, 1802) : cette araignée présente une coloration assez variable mais généralement brune sur le céphalothorax et d’un gris verdâtre sur les flancs de l’abdomen au-dessus duquel se distingue une ligne médiane sombre flanquée de deux bandes jaunâtres assez larges. Avec 7 mm environ pour la femelle et 5 mm pour le mâle, c’est le plus petit Cheiracanthium des quatre observés chez nous. L’espèce se tient dans des milieux ouverts à végétation herbacée ou buissonnante, où on rencontre des mâles adultes du printemps au milieu de l’été, et jusqu’au milieu de l’automne pour les femelles. Le faible nombre de mentions dont elle fait l’objet, huit pour les trois départements, pour douze individus identifiés, est sans doute, au moins en partie, dû aux raisons invoquées plus haut. La première est une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 08/05/1996, dans une zone à Brachypode de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où K. Guerbaa cite une femelle, le 04/07/1999, dans la lande serpentinique de Saint-Laurent, à La-Roche- l’Abeille et où F. Leblanc capture cinq femelles au filet fauchoir, le 10/10/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Corrèze, c’est également K. Guerbaa qui note une femelle, le 02/08/1999, dans une prairie tourbeuse à l’est de Chez Serre, dans la commune de Viam, et une autre le lendemain dans les landes de Marcy, à Saint-Merd-les- Oussines, commune où une autre femelle est capturée le 27/06/2001 par M. Cruveillier, dans une prairie proche de la Hêtraie de Lissac. En 2009, F. Lagarde mentionne la présence d’un individu de l’espèce à la Roche du Coq-Estang, dans la commune de Viam. La seule donnée de Creuse est également une femelle capturée par M. Cruveillier dans une prairie proche de l’étang des Landes au lieudit Le Genévrier, à Lussat, le 22/06/2000. C’est la seule espèce de nos quatre Cheiracanthium à avoir été citée jusque là dans nos trois départements.

Cheiracanthium pennyi O. P.-Cambridge, 1873 : comme la plupart des espèces de ce genre, cette araignée au corps svelte présente un abdomen marqué au niveau cardiaque par une bande médiane brune, irrégulièrement dentée, flanquée de deux bandes plus larges et de couleur jaune clair. Le céphalothorax est brun orangé et les pattes jaune verdâtre. Les auteurs divergent sur la taille de cette espèce. M. Roberts (1995) indique de 5 à 6 mm pour le mâle et de 6 à 7 mm pour la femelle, Nentwig & al. donnent de 9,3 à 9,5 mm pour les deux sexes et S. Almquist (2006) popose de 4,1 à 5 mm pour le mâle et de 4,6 à 5,9 mm pour la femelle. L’unique mention de cette espèce en Limousin vient de la détermination par M. Cruveillier de deux femelles, lesquelles mesuraient respectivement 5,5 et 6 mm, capturées par tente Malaise, le 29/06/2013, par P. Durepaire, dans un secteur de lande sèche du Puy long, près d’un houx, dans la réserve nationale des Dauges, à Saint Léger-la-Montagne.

Note de bas de page 22 :

Charles-Joseph de Villers, naturaliste français né à Rennes en 1724, mort en 1810.

Cheiracanthium punctorium (Villers, 1789) : cette araignée, à la suite de quelques morsures douloureuses rapportées, pourtant rares et sans complication grave, doit à la petite célébrité qui en est résultée dans des forums, où on se permet parfois des libertés, les noms de Chiracanthe ponctué ou Araignée de Villers22, noms qui ne semblent pas avoir été adoptés unanimement par la communauté des arachnologues. Il est nettement plus grand que les trois autres, la femelle pouvant atteindre 15 mm et le mâle 12 mm. Il fréquente des milieux analogues à ceux du précédent mais avec une relative humidité. On rencontre des adultes à partir de juillet, jusqu’en septembre pour les mâles et encore un mois plus tard pour les femelles. Il n’a été mentionné que six fois chez nous dont cinq en Haute-Vienne où la première citation fut une très grande femelle, capturée dans sa loge, le 14/08/1998, dans une prairie humide bordant le Ruisseau des Baraques, non loin du hameau du Mas Gaudeix, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel récolta dans cette même commune une autre femelle, le 23/09/1998, dans la lande tourbeuse de La Roubardie et une troisième dans la prairie humide des Fontenelles, proche du village de Chavagnac, le 10/09/1999. Il déterminera également une autre femelle dans une récolte de K. Guerbaa du 17/07/2008, par battage de branches dans une prairie dégradée à genêts des Combes, à Saint-Léger-la-Montagne. E. Duffey, de son côté, avait signalé la capture précoce d’un mâle au filet fauchoir, le 30/05/2002, dans une prairie de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. La seule mention de Creuse est un très beau spécimen de mâle, récolté le 09/07/2009 par M. Cruveillier, dans une zone herbeuse à poacées, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Cheiracanthium virescens (Sundevall, 1833) : également variable dans sa coloration, cette araignée doit sans doute son nom à son abdomen fréquemment vert mais qui peut évoluer, surtout chez les mâles, vers un rouge brun. De taille légèrement supérieure à C. erraticum elle fréquente les mêmes milieux et se trouve adulte à la même saison. Elle n’est citée qu’à cinq reprises dans notre région, d’abord en Haute-Vienne, où M. Cruveillier la mentionne trois fois dans la commune de Meuzac : un mâle le 15/05/1998, dans une touffe d’Erica vagans, dans la Lande du Cluzeau, un autre mâle, le 02/06/2007, par battage des branches basses d’une haie mixte de feuillus au village de Chavagnac et, le 11/07/2011, dans ce même village, une femelle sur un pied de laitue dans un potager siliceux plutôt sec. En Creuse, F. Lagarde récolte un mâle au filet fauchoir dans de l’herbe mi-haute de la tourbière de La Mazure, le 01/08/2006, et cite à nouveau l’espèce dans ce même site en 2009. Comme la précédente, cette araignée n’a donc pas été observée en Corrèze jusqu’à cette date et, les conditions de leur présence y étant largement remplies, l’absence de mention de ces deux espèces dans ce département est pour nous une surprise et ne peut trouver d’autre explication que dans l’insuffisance de prospection aux bons endroits, selon des techiques appropriées

Les Gnaphosidae

Cette famille nombreuse qui, à la fin de 2014, compte cent-quatre-vingt-quatre espèces en France, est représentée en Limousin par quarante-trois d’entre elles. Il s’agit d’araignées aux mœurs nocturnes, à l’exception des genres Aphantaulax, Callilepis, Micaria, Phaeocedus, Poecilochroa, et qui ne construisent pas de toile piège. La plupart d’entre elles, quand elles ne sont pas en chasse, se tiennent le plus souvent dans un abri de soie sous les pierres ou sous des mottes de terre. Les diurnes, presque toutes tachetées de blanc sur un abdomen gris-noir, se rencontrent assez souvent sur la végétation ou courant sur le sol.

Aphantaulax cincta (L. Koch,1866) : Les Aphantaulax sont des araignées plutôt méridionales, ce qui explique sans doute en grande partie la rareté de leur observation en Limousin. Leur identification n’est pas sans difficulté. Elles ont parfois, comme A. cincta, six taches blanches distinctes sur leur abdomen noir mais il arrive que les deux taches de l’avant soient jointes et forment un arc récurvé. En outre les dessins d’épigyne disponibles dans la littérature présentent de telles différences qu’ils sont insuffisants pour parvenir à une certitude sans le secours d’autres caractères comme, par exemple, le nombre d’épines sur le tibia de la patte antérieure. Aphantaulax cincta, observable à l’état adulte de mai à septembre et réputée fréquenter des milieux plutôt secs, n’a été vue qu’une seule fois jusque là en Limousin, le 07/05/2000, par M. Cruveillier, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Il s’agissait d’une femelle de 6 mm qui se tenait immobile au soleil sur une feuille de cornouiller sanguin à la base d’une haie vive.

Aphantaulax trifasciata (O. P.- Cambridge, 1872) (ex A. seminigra (Simon, 1878)) : assez semblable à la précédente mais nettement plus grande et censée fréquenter des milieux moins secs, cette espèce n’a été mentionnée qu’à deux reprises en Limousin, dans sa partie méridionale, d’abord à Meuzac, en Haute-Vienne, le 07/05/2000 sur un tas de feuilles mortes en décomposition, par M. Cruveillier qui a observé que « cette femelle, qui mesurait 9 mm, avait les tibias ainsi que le dessous des hanches des pattes III et IV de couleur orange », puis en Corrèze, à Chenailler-Mascheix, par Eric Duffey qui récolte un mâle au filet fauchoir dans des branches basses d’arbustes, dans la lande serpentinique de Bettu, le 18/06/2003.

Aphantaulax trifasciata trimaculata Simon,1878 (ex A. seminigra trimaculata) présente dans le sud de la France, en Italie et en Grèce, cette espèce est sans doute la plus méridionale des trois Aphantaulax. Elle n’a été mentionnée qu’une fois, le 06/06/1997, à Meuzac, au sud de la Haute-Vienne, en un lieu très ensoleillé et très sec, au pied de cette même haie où sera observée trois ans plus tard A. cincta, par M. Cruveillier qui était parvenu à ce que Heimer et Nentwig nommaient à l’époque A. seminigra, et qui se demande encore s’il doit maintenir la mention de cette sous-espèce qu’il avait identifiée avec les indications très lapidaires que donne E. Simon à la page 181 de son tome VI des « Arachnides de France », notamment concernant la couleur noirâtre des pattes et surtout à cause de la mention des « trois grosses taches blanches », alors qu’il en attribuait cinq à A. seminigra.

Callilepis nocturna (Linné, 1758) : on reconnaît les Callilepis à leurs yeux médians postérieurs qui sont de petites fentes transversales étroites. Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, cette araignée de 3 à 5 mm de long pour le mâle et de 4 à 6 mm pour la femelle, a une activité diurne. Comme d’autres diurnes de la famille elle présente sur le dessus d’un abdomen gris noir des macules de soies claires, cinq le plus souvent, et ressemble assez à un Aphantaulax. Elle s’est spécialisée dans la chasse des fourmis dont elle imite l’attitude lorsqu’elle se déplace au sol. Adulte au printemps et en été, elle fréquente les milieux ouverts ensoleillés à végétation clairsemée et se réfugie la nuit dans une loge de soie sous une pierre ou du bois tombé au sol. Présente dans nos trois départements, elle n’y a été observée qu’à six reprises et par un seul prospecteur, M. Cruveillier, qui la note trois fois en Haute-Vienne, dans la commune de Meuzac, d’abord une femelle, le 06/06/1997, au village de Chavagnac au pied d’une haie de noisetiers, puis un mâle dans un sentier de pinède, dans la forêt de Meuzac, le 15/04/2000, et, le 24/06/2000, un mâle dans la Lande du Cluzeau. Il mentionne un mâle et une femelle en Corrèze, le 21/08/2000, en lisière d’un bois de résineux bordant la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Et, en Creuse, il récolte un mâle et une femelle à la base d’un touradon de Molinie, le 14/06/2003, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, et enfin, le 07/08/2009, il capture un très bel exemplaire de femelle sur un lit d’aiguilles d’épicéa, près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Callilepis schuszteri (Herman, 1879) : assez difficile à distinguer sur le terrain de la précédente dont elle a sensiblement la taille, cette araignée est à la fois moins largement répartie, plus méridionale et plus rare qu’elle. Selon Nentwig & al. elle se tiendrait plutôt dans des prairies sèches et bien exposées ou des steppes rocheuses. Elle n’a fait l’objet que de deux mentions en Limousin, d’abord en Creuse en 1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs, par F. Leblanc une femelle (qu’il avait d’abord identifiée comme C. nocturna et dont il a corrigé la détermination en avril 2001 sur l’avis de J.-C. Ledoux), ensuite en Corrèze, par M. Cruveillier, le 24/06/2004, un mâle, parmi des cailloux et des feuilles mortes d’un chemin sec à herbes courtes et éparses, au bord de l’étang de Chabannes, à Tarnac.

Civizelotes civicus (Simon, 1878) (ex Zelotes civicus) : à cette date, la seule donnée limousine de cette espèce et de ce genre, créé en 2012 par Senglet, est une femelle capturée par M. Cruveillier, le 24/06/2004, sur le chemin de sable et d’herbes éparses de la digue de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, en Corrèze.

Drassodes cupreus (Blackwall, 1834) : des dix-sept espèces du genre Drassodes qui sont actuellement répertoriées en France, trois seulement ont été rencontrées jusque là en Limousin. Ce sont des araignées nocturnes qui passent la journée dans leur retraite sous les pierres. Au sein de la famille des Gnaphosidae, le genre Drassodes se repère par la présence d’une échancrure à l’articulation du trochanter vu par dessous, caractère qui n’est pas, il faut s’en souvenir, propre à la seule famille des Gnaphosidae. Dans leur ouvrage « Spinnen Mitteleuropas » (1991), Heimer et Nentwig ne distinguaient pas D. cupreus de D. lapidosus et ne présentaient que cette dernière. Il est vrai que les deux espèces ont strictement le même aspect extérieur, la même taille pouvant atteindre 18 mm, fréquentent les mêmes milieux extrêmement variés et qu’on peut en rencontrer à l’état adulte presque toute l’année. Les mâles sont un peu plus faciles à séparer par la disposition des dents sur les chélicères. Pour les femelles, il y a lieu de comparer la position et la taille des deux paires de spermathèques* visibles par transparence en observant l’épigyne. Signalée d’abord en Haute- Vienne, le 21/03/1998, par M. Cruveillier qui récolte une femelle sous un tas de vieilles poutres en décomposition au village de Chavagnac, à Meuzac où il cite une autre femelle, le 27/07/2000, dans la Lande du Cluzeau, cette espèce est largement répandue dans les trois départements du Limousin où elle a fait l’objet de trois-cent-quarante-huit déterminations apparaissant dans quarante et une fiches d’inventaire, dont trente et une sur le Plateau de Millevaches, par F. Lagarde. Cette araignée évoluant au sol, celui-ci en trouvait en grand nombre dans ses pièges Barber, et d’abord dans six commmunes de Creuse, notamment celle de Royère-de-Vassivière où il récolte d’abord trois mâles, le 14/05/2006, au Bois des Pialles, un autre le 26/07/2006 aux Ribières de Gladière où, le 02/08/2006, il récolte deux femelles, et, pour les mentions comportant une date précise, cinq femelles dans la tourbière de La Mazure, le 01/08/2006. Toutes les autres mentions proviennent de récoltes de 2009 dont seule la présence de l’espèce nous était communiquée ainsi que le nombre d’individus déterminés, soit, à nouveau dans la commune de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine et encore aux Ribières de Gladière, au bois des Pialles et à la tourbière de La Mazure), puis, toujours en 2009, dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud), celle de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic), et celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, il la cite dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), dans la commune de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), dans celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet), dans celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et dans celle de Viam (Roche du Coq Mont Gradis). En Haute-Vienne, il récolte deux mâles et une femelle en septembre 2006 dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château où il cite à nouveau l’espèce en 2009. Dans ce dernier département, elle est encore signalée à Saint-Léger-la-Montagne, dans la tourbière des Dauges en 2000, un mâle en août par M. Cruveillier et une femelle en juillet par E. Duffey lequel la mentionne dans quatre fiches, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, soit un mâle en mai 2001, deux femelles le 19/04/2003, trois mâles et deux femelles le 01/06/2003 et deux mâles le 29/05/2004. Les dates de ces observations, au moins pour celles qui nous sont communiquées avec précsion, s’échelonnent de mars à novembre, ce qui nous semble traduire plutôt une absence d’inventaires durant l’hiver qu’un manque d’activité d’araignées adultes pendant cette saison.

Drassodes lapidosus (Walckenaer,1802) : assez souvent confondue avec la précédente, pour les raisons indiquées plus haut, cette araignée peut se rencontrer à toutes les altitudes, aussi bien dans des milieux très secs que dans des marais et même dans les maisons, ce que nous avons plusieurs fois vérifié. Présente dans les trois départements du Limousin, elle y est certainement moins commune que D. cupreus. Elle a toutefois été mentionnée dans une quinzaine d’inventaires dont deux en Corrèze, quatre en Creuse et neuf en Haute-Vienne où une femelle fut récoltée pour la première fois, le 16/08/1995, prisonnière dans une baignoire, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel en observera une autre, très grosse, dans la même maison, le 07/05/2000 puis, dans la même commune, à deux reprises, dans la Lande du Cluzeau, une femelle le 18/06/1996, sous un caillou au pied d’un chaos rocheux et, le 03/07/2000, un mâle dans les graviers d’une pelouse sèche écorchée. Il note également une femelle le 01/06/2001, à la base d’un mur de pierres sèches, au village du Theil, dans la commune de Saint-Gence. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey l’identifie à deux reprises, dans des captures par piégeage de P. Durepaire dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, d’abord trois femelles dans les récoltes de juin 2000, puis un mâle et une femelle dans celles de juillet. Il capture également par piège Barber, dans une prairie naturelle mésophile, un mâle le 25/04/2004 et un autre le 01/05/2004, au village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine. Les deux mentions de Corrèze proviennent de B. Le Péru qui a observé, les deux fois dans une maison, à Saint-Etienne-aux-Clos, d’abord une femelle en juin 1999 puis une autre en septembre 2000. En Creuse M. Cruveillier capture, le 18/05/2009, un mâle au pied du mur d’une petite maison en bordure de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, et une femelle, le 07/08/2009, sous un caillou d’un secteur très humide du même site. La même année, F. Lagarde mentionne une capture de l’espèce dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière et une autre aux Fontenelles du Chalard, à Gentioux-Pigerolles.

Drassodes pubescens (Thorell, 1856) : cette araignée est nettement plus petite que les deux précédentes, le mâle mesurant de 4,5 à 7 mm et la femelle de 5 à 9 mm. C’est un premier critère indicatif, quoiqu’insuffisant, pour la détermination de l’espèce. Sous la loupe, on reconnaîtra le mâle à l’apophyse tibiale* légèrement bifide, ce qui n’est pas le cas des deux autres, et à l’apophyse tégulaire* distale qui recouvre partiellement l’extrémité de l’embolus*. C’est un peu plus facile pour la femelle si on observe bien la forme et la direction des spermathèques* supérieures ainsi que la plage claire nettement aplatie, à l’avant du pli épigastrique*. Fréquentant, comme les deux espèces précédentes des milieux très divers aussi bien secs qu’humides, à l’exception peut-être des maisons où nous ne l’avons pas trouvée, cette araignée, dont les deux sexes sont adultes d’avril à octobbre, évolue surtout dans des herbes ou de la litière très près du sol ce qui explique le nombre important de captures par piège Barber. Elle est très présente dans nos trois départements où cent-cinquante-trois animaux ont été identifiés, figurant dans quarante-cinq fiches d’inventaire assez équitablement réparties : seize en Corrèze, dix-huit en Creuse et onze en Haute-Vienne où une femelle a été notée pour la première fois le 06/06/1997 dans de la litière de feuilles de cerisier au pied d’un mur, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel la note par la suite à trois reprises en divers endroits de cette commune, dont deux dans ce même village, dans un verger abandonné, soit un mâle le 21/06/2000 et une femelle, récoltée le 26/04/2001 par M. Emerit, la quatrième mention pour cette commune étant la capture de trois mâles, le 03/07/2000, dans une placette de mousse fraîche de la Lande du Cluzeau. Toujours en Haute- Vienne, deux femelles sont notées par F. Lagarde, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château et E. Duffey détermine d’abord un mâle dans une récolte de P. Durepaire, de juin 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne et, entre 2003 et 2004, il signale cinq fois l’espèce dans des pièges Barber disposés dans une prairie naturelle, à Bussière-Poitevine : deux mâles et deux femelles le 26/04/2003, deux mâles le 11/05/2003, un mâle le 18/05/2003, un autre le 01/06/2003 et enfin un dernier le 05/06/2004. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui mentionne une femelle errant au sol en juillet 1998, puis une autre sous un tas de bois dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos. Suivent, dans ce département, dix fiches dans lesquelles F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce, souvent en grand nombre, durant l’année 2009, dans les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), de Viam (Roche du Coq Mont Gradis) et de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix). Dans cette dernière commune, Marcel Cruveillier détermine plusieurs individus provenant de récoltes par piège Barber de M. Lefrançois, dans le site de La Font Clare : un mâle dans un secteur de lande sèche le 23/06/2011, et, le même jour un autre mâle, dans la tourbière attenante, puis cinq autres dans cette même tourbière le 07/07/2011. Dans des récoltes de la même personne il détermine également un autre mâle, le 27/06/2011, dans un prairie acide d’Ars, à Pérols-sur- Vézère. Pour ce qui concerne la Creuse, à l’exception de la capture d’un couple dans des débris organiques (feuilles et brindilles) accumulés par les pluies, le 07/08/2009, à l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat par M. Cruveillier, toutes les autres observations de ce département proviennent de F. Lagarde qui, après un mâle aux Ribières de Gladière, le 25/07/2006, et cinq mâles et une femelle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, dans la commune de Royère-de-Vassivière, citera la présence de l’espèce en 2009, notamment dans cette dernière commune (Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), mais aussi dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), de Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et de Saint-Pardoux-Morterolles.(Ruisseau du Pic).

Drassodex hypocrita (Simon, 1878) : (ex Drassodes hypocrita) : lorsque J.A. Murphy a créé le genre Drassodex en 2007, il a pris cette espèce comme type. C’est une araignée dont le mâle mesure de 7 à 10 mm et la femelle de 9 à 13, dont les genitalia* sont bien distincts de ceux du genre Drassodes et qui est plus sélective dans le choix de son milieu. On la trouve le plus souvent dans des clairières ou des pelouses sèches. Il y a divergence entre les auteurs pour ce qui est de sa phénologie. M. Roberts, dans la version hollandaise de son guide « Spiders of Britain and Northern Europe » indique qu’elle est adulte au printemps et en été. J.-C. Ledoux et M. Emerit, dans le supplément qu’ils ont ajouté à la version française du guide de D. Jones sur les « Araignées et Opilions d’Europe », donnent le mois d’Octobre pour les mâles et de l’automne au printemps pour les femelles, mais font précéder leur avis d’un point d’interrogation, et Nentwig & al. indiquent de début mai à fin octobre ce qui correspond assez exactement à nos observations mais, malheureusement, l’espèce n’a été observée en Limousin que cinq fois dont quatre en Haute-Vienne et d’abord un très bel exemplaire de femelle, le 21/06/2000, par M. Cruveillier, dans un tas de pierres, au bord d’un vieux verger en friche du village de Chavagnac, à Meuzac, site où B. Duhem capturera une autre femelle le 26/04/2001, identifiée par J. C. Ledoux et où, au bord d’un chemein d’un secteur boisé, un mâle sera récolté par M. Cruveillier, le 03/11/2006. La quatriéme citation de Haute-Vienne revient à F. Lagarde qui cite la présence de trois individus de l’espèce en 2009 dans le Bois de Crosas, près du village d’Auphelle, à Peyrat-le-Château. La seule observation de Corrèze est un autre très beau spécimen de femelle capturée par M. Cruveillier, le 15/07/2000, dans un accotement d’herbe rase, au pied des remparts de Curemonte.

Drassodex lesserti (Schenkel, 1936) (ex Drassodes hispanus lesserti) : dans notre publication de 2011, cette espèce était présentée comme Drassodex hispanus. Renseignement pris auprès de C. Hervé, lequel est justement celui qui a fait de nouveaux dessins, aussi bien pour D. hispanus que pour D. lesserti, il s’est avéré que les descriptions et les dessins de Simon, puis de Heimer et Nentwig, étaient attribués à Drassodes hispanus pas erreur et se rapportent à Drassodes lesserti (aujourd’hui Drassodex lesserti). Deux femelles, l’une de 9 mm et l’autre de 10,5 mm, d’abord identifiées comme Drassodex hispanus par F. Lagarde, erreur qui ne lui incombe donc pas, ont été capturées par lui, sous des pierres, le 25/03/2007, dans le bois de Crosas, près du village d’Auphelle, dans la commune de Peyrat-le-Château, en Haute-Vienne, ce qui constitue encore l’unique mention de cette araignée en Limousin à l’heure actuelle.

Drassyllus lutetianus (L. Koch, 1866) : (ex Zelotes lutetianus) : le genre Drassyllus ne fut créé par Chamberlin qu’en 1922 et ne pouvait donc pas avoir été attribué à cette araignée par L. Koch lequel la nomma Melanophora lutetiana, mais, après quelques hésitations de Simon en 1914, et depuis Reimoser (1937) elle s’est appelée Zelotes lutetianus pendant soixante-dix ans, jusqu’à la parution, en 2006 (voir bibliographie), du 2e tome de l’ouvrage de S. Almquist lequel divise les Gnaphosidae en deux sous-familles, les Gnaphosinae et les Micariinae et donne comme caractère distinctif des Drassyllus, la présence sur les métatarses III et IV d’un « preening comb of bristles », textuellement « peigne de soies à lisser », et que certains arachnologues en France nomment abusivement « peigne tarsal ». Mais le critère avancé par Almquist, s’il est bien exact, n’est pas du tout distinctif du genre Drassyllus, ce qui souligne la prudence avec laquelle il faut utiliser certaines clefs. Ainsi J. Murphy, dans son ouvrage « Gnaphosid genera of the world », donne ce caractère comme commun au groupe des Zelotes au sens large. Quatre des cinq Drassyllus présents en France ont été observés en Limousin. Seul Drassyllus pumilus (C. L. Koch, 1839), dont l’état civil a connu une histoire comparable, et qui est un habitué des milieux secs, n’a pas encore été rencontré dans notre région bien que rien n’y justifierait son absence. Comme les Drassodes, les Drassyllus ont une activité nocturne et passent la journée sous des pierres, des mottes de terre ou autres abris semblables. D. lutetianus dont le mâle et la femelle ont sensiblement la même taille, de 4 à 6 mm, a une préférence marquée pour les milieux humides où on peut observer des adultes au printemps et en été. La première observation chez nous émane d’E. Duffey qui captura un mâle en mai 2001 dans une prairie naturelle humide, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, site où il en observera par la suite en grand nombre, huit mâles et quatre femelles le 29/05/2004 puis douze mâles et trois femelles le 05/06/2000. La dernière mention de Haute- Vienne est une femelle notée par M. Cruveillier, le 06/06/2004, dans des débris de feuilles, près de la rive d’un étang, à la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. En Corrèze, c’est d’abord lui qui mentionne un mâle, le 02/06/2002, dans une petite plage herbeuse de sable et de galets au bord du ruisseau du Soulier, à Chasteaux, et un autre mâle dans le chemin qui longe la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, le 24/06/2004, et F. Lagarde signale en 2009, sans autre indication, une capture au bord du Ruisseau du Mazet, à Saint-Merd-les- Oussines. En Creuse, M. Cruveillier capture un couple, le 14/06/2003, dans de la mousse humide au bord du ruisseau qui traverse la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, puis fait deux observations à Lussat, dans une zone boueuse d’un chemin, à l’est de l’étang de Tête de Bœuf, un couple le 31/07/2009 et un mâle le 07/08/2009. Enfin F. Lagarde note trois observations de l’espèce dans ce département, deux à Gentioux-Pigerolles (à la Ferme de Lachaud et aux Fontenelles du Chalard) et une à Royère-de-Vassivière (à Orladeix).

Drassyllus praeficus (L. Koch, 1866) : (ex Zelotes praeficus) : sensiblement de la même taille que la précédente, cette espèce s’en distingue par sa teinte noire à l’exception de ses plaques pulmonaires d’un jaune orangé, comme d’ailleurs chez beaucoup d’autres gnaphosidae, surtout les Zelotes, et ses tarses également d’un ocre orangé. Elle fréquente de préférence les lieux secs, endroits sableux ou rocailleux, prairies ou pelouses sèches, où on peut rencontrer des adultes de fin avril à début septembre. Il est arrivé cependant qu’elle soit capturée par piégeage au sol dans des sites appelés tourbières mais c’est parce que ces pièges étaient disposés dans des bordures de lande comme il en existe dans presque toutes les tourbières. Largement répandue dans toute l’Europe, elle y est considérée par Nentwig & al. comme peu fréquente. En Limousin elle a été mentionnée dans dix-huit inventaires dont cinq en Corrèze, sept en Creuse et six en Haute-Vienne où une première femelle a été notée dans la commune de Meuzac, par M. Cruveillier, le 06/06/1997, dans une pelouse sèche à orchidées, au village de Chavagnac, où il en capturera une autre bien plus tard, à l’aspirateur thermique, le 14/06/2014. Il avait entre temps récolté un mâle dans cette même commune, dans une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, le 03/07/2000. Dans la commune d’Aixe-sur- Vienne, lors d’une sortie botanique, F. Leblanc avait capturé un mâle, le 29/05/1999, dans l’accotement d’un chemin près de la chapelle d’Arliquet, et enfin, E. Duffey détermine un mâle dans une récolte de juin 2000, de P. Durepaire, dans la réserve des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, puis une femelle dans une prairie naturelle de Bussière-Poitevine, le 05/05/2004. En Corrèze elle est d’abord mentionnée à deux reprises par B. Le Péru, une femelle en juin 1997 et une autre en juillet 1998, errant au sol dans un jardin à Saint-Etienne- aux-Clos, puis, le 10/08/2000, M. Cruveillier capture une femelle dans une pente herbeuse ensoleillée du belvédère de Puy-d’Arnac, et enfin en 2009, dans la commune de Saint-Merd- les-Oussines, F. Lagarde mentionne la présence de deux individus de l’espèce à la Tourbière de Marcy et de quatre autres au Ruisseau du Mazet. Les observations de Creuse ont toutes été faites au cours de l’année 2009. Elles proviennent essentiellement de piégeages au sol réalisés par F. Lagarde et concernent les communes de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes et tourbière du Grand Puy) et de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, tourbière des Salles, Les Prés Neufs, Fontenelles du Chalard). Enfin M. Cruveillier récolte, le 31/07/2009, une femelle sur un chemein de cailloux et d’herbes éparses, aux abords de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat.

Drassyllus pusillus (C. L. Koch,1833) : (ex Zelotes pusillus) : cette araignée brun noir de 3 à 5 mm, adulte au printemps et en été, fréquente des milieux divers, assez souvent secs comme des landes à bruyère mais aussi humides comme les rives des cours d’eau ou les tourbières. C’est l’espèce de Drassyllus de loin le plus souvent mentionnée en Limousin puisque cent individus ont été déterminés, faisant l’objet de trente-six fiches d’inventaire, neuf pour la Corrèze, quinze pour la Creuse et douze pour la Haute-Vienne où un très bel exemplaire de femelle est noté pour la première fois, par M. Cruveillier, le 06/06/1997, sous l’écorce d’une bûche de pommier au sol, dans un jardin de Chavagnac, à Meuzac, commune où il récolte un mâle dans un secteur sec de la lande du Cluzeau, le 03/07/2000, puis un autre, à nouveau à Chavagnac, contre le mur d’une maison, le 27/05/2001. Dans deux récoltes dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en 2000, par P. Durepaire, deux mâles sont identifiés, l’un dans celle d’août par M. Cruveillier, l’autre de juin par E. Duffey lequel mentionne l’espèce à sept reprises, entre 2003 et 2004, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, où il avait disposé six pièges Barber dans une prairie naturelle, « à 2 m de la zone marécageuse et à 5 m du bord de l’eau d’un étang » et avait récolté trois mâles le 25/04/2003, un mâle le 03/05/2003, deux mâles le 11/05/2003, deux autres le 18/05/2003, quatre autres le 21/05/2004, cinq mâles et l’unique femelle le 29/05/2004 et enfin un dernier mâle le 05/06/2004. En Corrèze un mâle est capturé le 02/06/2002 par M. Cruveillier sur une murette de pierres sèches bordant le chemin d’accès à la station de pompage du Soulier, à Chasteaux puis, dans le courant de l’année 2009, la présence de l’espèce est mentionnée par F. Lagarde dans les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, et 14 au Ruisseau du Mazet), de Tarnac (4 à la tourbière de l’étang de Chabannes) et de Viam (Roche du Coq-Estang). En Creuse enfin, à part la femelle capturée le 11/07/1997 au village de Concizat, à Saint-Sulpice-les-Champs, par F. Leblanc, toutes les autres mentions sont de F. Lagarde, d’abord une femelle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, où lors de sa campagne de piègeage de 2009, il mentionne à nouveau l’espèce à deux reprises ainsi qu’à la Croix de Fayaud, à Combe Lépine, aux Ribières de Gladière, et au Bois des Pialles, de même que dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), dans celle de Gentioux-Pigerolles (Fontanelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles) et dans celle de Saint-Pardoux-Morterolles, au Ruisseau du Pic.

Drassyllus villicus (Thorell, 1875) (ex Zelotes villicus) : extérieurement assez semblable à D. lutetianus, mais une peu plus petit, de 5 à 6 mm pour la femelle et environ 5 pour le mâle, ce Drassyllus est adulte au printemps et en été et, selon la littérature, se rencontrerait plutôt en milieu sec, sous les pierres ou dans des débris organiques. Le mâle, que nous avons pu observer hors du Limousin, se distingue assez facilement des autres Drassyllus par son apophyse tibiale bifide. Cette espèce n’a été observée que trois fois dans notre Région, d’abord une première femelle, le 01/06/2009, au pied du mur d’une maisonnette près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, en Creuse, par M.Cruveillier qui récoltera une autre femelle, le 27/05/2012, derrière un volet d’une maison, côté sud-ouest, au Village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Dans ses propections de l’année 2009, F. Lagarde signale une autre présence de l’espèce en Creuse, sans indication plus précise, au Chalard, dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Gnaphosa bicolor (Hahn, 1831) : créé par notre compatriote Latreille en 1804, le genre Gnaphosa se distingue des autres Gnaphosidae par la ligne des yeux postérieurs dont les médians sont très rapprochés, qui est récurvée vue de dessus et beaucoup plus longue que celle des yeux antérieurs. Ce genre est représenté en France par vingt-six espèces dont six seulement ont été rencontrées en Limousin à cette date. Ce sont des araignées à mœurs nocturnes, de coloration sombre, presque noire qui passent la journée au sol, sous des pierres, des mottes de terre ou encore des morceaux de bois ou tout bloc analogue pouvant constituer un abri. Adulte pendant une période assez courte, de mai à début août, Gnaphosa bicolor, qui doit son nom au contraste entre son abdomen brun noir et le reste beaucoup plus clair, n’a pas encore été observée en Haute-Vienne. La première mention a été la découverte sous un caillou calcaire, le 02/06/2002, par M. Cruveillier, d’un mâle de 6 mm, dans une clairière des collines boisées qui surplombent la station de pompage du Soulier, dans la commune de Chasteaux, en Corrèze. Les dix autres mentions émanent de F. Lagarde et proviennent de ses prospections de 2009 dans le Plateau de Millevaches, ce qui confirmerait la préférence de cette espèce pour les zones accidentées ou montagneuses comme l’indiquent Nentwig & al. dans leur site internet. Ces dernières mentions concernent, pour la Corrèze, les communes de Meymac (tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes)), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix) et Viam (Roche du Coq-Estang) et, pour la Creuse, de Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et de Gentioux-Pigerolles (tourbière des Salles).

Gnaphosa leporina (C.L.Koch, 1866) : cette espèce, adulte de mai à novembre, dont la femelle mesure de 5 à 8 mm et le mâle de 5 à 7 mm, n’a fait l’objet jusque là que d’une seule observation, en Corrèze, par M. Cruveillier, le 21/08/2000, une femelle de 8 mm, dans une touffe de sphaignes au bord d’une « gouille », dans un endroit particulièrement humide de la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Les nombreuses prospections intervenues par la suite dans cette tourbière n’ont pas permis de renouveler cette observation.

Gnaphosa lucifuga (Walckenaer, 1802) : cette grande araignée dont la femelle, d’un brun fauve assez foncé, atteint jusqu’à 18 mm, peut se rencontrer à l’état adulte de la mi-avril à fin octobre. Elle passe sa journée sous des pierres dans des pelouses sèches et rases et n’a été observée jusque là que par M. Cruveillier et seulement dans le Causse Corrézien où elle lui a semblé localement commune, d’abord une femelle, le 13/07/2000, sur la Côte pelée de Chasteaux, puis un mâle le 10 août de la même année au Belvédère de Puy-d’Arnac, enfin un mâle et deux femelles qu’il a récoltés le 15/04/2006, dans une clairière caillouteuse en pente, près de la station de pompage du Soulier, à Chasteaux, site que cette espèce partage donc avec G. bicolor observée en ce lieu quatre ans plus tôt.

Gnaphosa lugubris (C. L. Koch, 1839) : bien qu’ayant été notée dans les trois départements du Limousin, cette espèce, plus petite que la précédente (12 mm environ) dont certains exemplaires peuvent être également très sombres mais d’autres plus clairs avec un abdomen de couleur anthracite et un céphalothorax brun ambré, n’est vraisemblablement pas très commune chez nous. Elle semble opter pour un choix plus large de milieux puisqu’elle a été observée en lande sèche comme en tourbière et, selon Nentwig & al., on pourrait trouver des adultes de début avril à début novembre, ce que la rareté de nos observations ne nous permet pas de confirmer. M. Cruveillier a d’abord récolté un mâle, le 15/05/1998, dans un secteur très sec de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, et, le 13/06/2002 , une femelle est récoltée par E. Duffey dans la lande serpentinique de Bettu à Chenailler-Mascheix, en Corrèze. Les deux autres mentions de cette espèce proviennent des inventaires réalisés en 2009 par F. Lagarde sur le Plateau de Millevaches et concernent, en Corrèze, la tourbière de Ribière longue, à Meymac et, en Creuse, la tourbière des Salles, à Gentioux-Pigerolles.

Gnaphosa nigerrima L. Koch, 1878 : la présence de cette espèce, adulte d’avril à octobre, de taille moyenne (8-9 mm pour la femelle et 6-7 mm pour le mâle, de couleur très foncée comme le suggère son nom, n’a été signalée en France qu’à la fin du XXe siècle, et est notée comme « assez rare » par Nentwig & al. dans leur site internet. Notre expérience montre qu’elle peut être très commune localement. C’est typiquement une espèce de tourbière qui n’a été observée en Limousin, toujours récoltée par piège Barber, que par F. Lagarde lequel a déterminé dans les trois départements, 297 individus de cette espèce, uniquement dans des tourbières du Plateau de Millevaches, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la proximité des observations faites antérieurement en Auvergne et dont on peut prendre connaissance aux pages 20 et 21 du tome 15, fascicule 2, de la Revue arachnologique, dans un article de 2004 d’O. Villepoux et B. Duhem. La première mention qui nous a été transmise est la capture de sept mâles, cinq femelles et un immature, le 14/05/2006, dans la tourbière d’Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière, en Creuse, puis un mâle dans la même commune, dans la tourbière de Ribières de Gladière, le 02/08/2006. Il observera à nouveau l’espèce dans ces sites en 2009 mais également, dans la même commune, dans la tourbière de La Mazure et dans celle du Grand Puy. Toujours en Creuse il signale sa présence à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). En Corrèze, les communes concernées sont celle de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes où elle est de loin la plus abondante) et de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). En Haute-Vienne, la seule tourbière où l’espèce a été notée est celle de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, où dix mâles et trois femelles furent notés en septembre 2006, puis dix mentions de l’espèce en 2009. Cette araignée figure dans une liste de quatre espèces d’araignées proposées en 2011 au ministère de l’environnement par le CSRPN du Limousin pour constituer, avec trois espèces de la liste nationale du programme de création d’aires protégées (SCAP), une liste de 7 espèces qui seront prises en compte dans notre région.

Gnaphosa occidentalis Simon, 1878 : Eugène Simon, qui avait décrit cette espèce déjà sous ce nom en 1878, s’était ravisé en 1914 pour en faire une sous-espèce de Gnaphosa lugubris. Et c’est finalement Locket et Millidge qui la rétablirent au rang d’espèce en 1957. Il semble qu’elle soit rarement observée. La seule donnée limousine provient d’E. Duffey, une femelle, capturée le 18/08/2003, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, en Corrèze.

Haplodrassus dalmatensis (L. Koch, 1866) : pour distinguer le genre Haplodrassus du genre Scotophaeus, il faut bien observer la zone oculaire vue par dessus. Chez Haplodrassus, les yeux antérieurs sont tous de même taille, alors que chez Scotophaeus les yeux médians antérieurs sont netteent plus gros que les latéraux. H. dalmatensis est une espèce de couleur brun clair assez uniforme mais avec une ligne de chevrons plus clairs à l’arrière de la partie dorsale de l’abdomen (un peu comme chez Clubiona comta), mature entre fin mars et début août, peut-être aussi en fin d’automne pour les femelles dont la taille varie de 5 à 7,5 mm, le mâle dépassant rarement 5,5 mm. On la rencontre dans des milieux xérophiles, dunes, pelouses sèches, landes sableuses. Elle n’a fait l’objet jusque là que de quatre mentions en Limousin, se rapportant seulement à des femelles. D’abord, en 1997, à deux reprises, l’une sur un mur en mai et deux autres errant dans une allée de jardin en juin, à la Gare de Savennes, commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, par B. Le Péru lequel observera une autre femelle au sol, dans le même lieu, en juin 2000. Une femelle avait également été notée par Eric Duffey, le 14/06/1998, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière- Poitevine, en Haute-Vienne. Bien qu’il ne s’agisse certainement pas d’une araignée commune en Limousin, rien ne justifie son absence de Creuse sinon une prospection insuffisante.

Haplodrassus signifer (C. L. Koch,1839) : on peut se demander quelles marques ou empreintes pouvait bien porter la femelle décrite par C. L. Koch pour qu’il lui attribuât ce nom de signifer car ce n’est justement pas facile d’en déceler sur le corps de cette araignée, sauf, chez certains exemplaires, deux lignes longitudinales peu perceptibles de très fins pointillés clairs sur un abdomen brun foncé. Cette espèce est bien plus grande que la précédente puisque le mâle peut atteindre 8 mm et la femelle en dépasser 10. Nos obervations s’échelonnent d’avril à septembre, ce qui confirmerait la fourchette proposée par M. Roberts, mais Nentwigg & al. indiquent « jusqu’à la fin de l’année ». On peut la rencontrer dans des milieux secs et dans des milieux humides, toujours très près du sol, ce qui, ajouté aux mœurs nocturnes de cette araignée, explique le nombre souvent important de récoltes dans des pièges Barber par rapport aux autres modes de capture. Elle est commune en Limousin où elle a fait l’objet de cent-quarante-quatre déterminations réparties dans quarante-trois fiches. Un mâle est récolté pour la première fois, le 29/04/1998, par L. Chabrol, dans un piège à insectes, dans la lande de Cinturat, commune de Cieux, en Haute-Vienne, et déterminé par F. Leblanc lequel identifiera le même jour un mâle et une femelle dans la lande de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy. Les quatre autres mentions de Haute-Vienne sont d’E. Duffey qui a récolté par piégeage au sol dans une prairie naturelle mésophile du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, un mâle le 26/04/2003, un autre le 03/05/2003, un autre et une femelle le 18/05/2003 et enfin un dernier mâle le 29/05/2004. Parmi les dix-neuf fiches concernant la Creuse, seules deux d’entre elles donnent une date plus précise et mentionnent le sexe, c’est d’abord F. Leblanc pour une femelle, en juin 1999, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs, puis la capture d’une femelle aux Ribières de Gladière, le 02/08/2006, dans la commune de Royère-de-Vassivière, par F. Lagarde dont le projet scientifique déjà évoqué le conduit à réaliser des inventaires dans les landes et les tourbières du Plateau de Millevaches, et qui mentionne en 2009 la présence de l’espèce dans ce département non seulement à nouveau dans ce même site mais également, toujours dans la même commune, à la Croix de Fayaud, à la tourbière du Grand Puy, à Combe Lépine, à la tourbière de La Mazure et au Bois des Pialles, ainsi que dans les autres communes creusoises de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), dans celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et enfin celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui observe une femelle errant sur un mur en mai 1998, à Saint-Etienne-au-Clos. Puis, dans un piège posé dans la pelouse non fauchée de son jardin du Dougnoux, à Altillac, E. Duffey capture un mâle le 13/04/2006 et un autre le 16/04/2007. Interviennent ensuite, en 2009, onze citations par F. Lagarde de présence de l’espèce, allant de un à dix individus, dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), dans celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), dans celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), dans celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et dans celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, lors d’un inventaire d’araignées sur les sites d’Ars et du Pont Tord, gérés par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, M. Cruveillier détermina, dans les récoltes de M. Lefrançois, un mâle du 27/06/2011 et un autre du 12/07/2011 provenant d’une lande sèche d’Ars, à Pérols-sur- Vézère, ainsi que deux mâles et une femelle du 23/06/2011 et trois mâles du 07/07/2011, provenant de la tourbière de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines, ce qui confirme la liberté de l’espèce en ce qui concerne son habitat.

Haplodrassus silvestris (Blackwall, 1833) : la très grande majorité des araignées requièrent, entre autres examens, celui, très minutieux, des genitalia*. Les Haplodrassus n’y font pas exception et posent même souvent des difficultés. Bien qu’elle soit de taille et d’aspect assez semblable à la précédente, ce ne sera pas le cas pour distinguer cette espèce de sa congènère H. signifer car l’apophyse tibiale des mâles et l’épigyne des femelles excluent tout risque de confusion. Comme son nom l’indique, elle affectionne plus particulièrement les milieux boisés où on peut trouver des adultes d’avril à novembre. Bien que présente dans nos trois départements cette espèce n’y a été notée qu’à sept reprises dont une première fois par M. Cruveillier, le 15/04/2000, un très beau spécimen de mâle, au sol, sous un tas d’écorces de hêtre, dans un chemin obscur de la forêt de Meuzac, en Haute-Vienne. Les autres mentions émanent de F. Lagarde au cours de l’année 2009, dans les communes de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade) et Royère-de-Vassivière (Ribière de Gladière, Bois des Pialles) pour ce qui concerne la Creuse et celles de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes) et Viam (Roche du Coq mont Gradis) pour la Corrèze. Selon la littérature, cette araignée se tiendrait le plus fréquemment dans la litière de feuilles des bois. Le déficit d’observations la concernant pourrait provenir d’une insuffisance de prospection dans ce type de milieu.

Micaria albovittata (Lucas, 1846) (ex Micaria romana, ex Micaria scintillans) : des dix-neuf espèces du genre Micaria actuellement répertoriées en France, seules quatre d’entre elles ont été observées jusque là en Limousin. Ce sont des araignées de taille modeste, aux mœurs diurnes, très proches dans leur aspect, avec les fémurs noirs aux pattes avant et l’abdomen recouvert de fines soies brillantes gris noir et barré par une ceinture blanche plus ou moins accentuée à laquelle notre Micaria albovittata doit son nom. Cette araignée dont la femelle mesure de 4 à 6 mm (4,5-8 pour le site Spinnen Europas) et le mâle de 3,5 à 4,5 mm, est signalée dans la littérature comme peu fréquente, ce que semble confirmer le très faible nombre d’observations faites en Limousin, même si celles-ci touchent nos trois départements. Notée pour la première fois le 13/07/2000, en Corrèze, par M. Cruveillier qui récolte trois mâles dans une pente rocheuse, en bordure d’une pelouse sèche calcaire, sur la Côte pelée de Chasteaux, elle a été observée dans ce même département par E. Duffey qui capture un mâle le 24/05/2004, en bordure de route, près du château de Castelnau dans la commune de Beaulieu-sur-Dordogne, et, en 2009, elle est citée par F. Lagarde aux Communaux, à Saint- Merd-les-Oussines. Ce dernier l’a également signalée la même année en Creuse, aux Avenaux, dans la commune de Faux-la Montagne. Pour la Haute-Vienne, l’unique observation remonte au 24/06/2001, lorsque M. Cruveillier note un mâle courant dans des gravillons d'érosion sur une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac.

Micaria formicaria (Sundevall, 1831) : il s’agit d’une des plus grandes de nos Micaria, la femelle pouvant dépasser 7 mm. Bien qu’elle soit celle qui a reçu le nom de formicaria elle partage avec la plupart de ses congénères et quelques autres Gnaphosidae diurnes la particularité d’adopter souvent, dans les déplacements, une attitude et une démarche proches de celles des fourmis sans pour autant faire de ces insectes une proie de prédilection. Adulte sans doute durant tout l’été, il semble qu’elle soit repérée le plus souvent lorsqu’elle se déplace en plein soleil sur des sols nus ou d’herbe rare, notamment dans des chemins de sable ou de gravillons. Elle a été observée dans nos trois départements mais ne doit pas y être très abondante. La première mention, par M. Cruveillier, remonte au 20/05/1995 où il put observer longuement un mâle errant sur le sol sablonneux, avec quelque herbes éparses, d’un chemin qui longe l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne. En juin 1997, B. Le Péru observe un autre mâle sur le sol nu d’une allée de jardin, au village de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze. Les deux autres citations sont de F. Lagarde qui note l’espèce en 2009 près de l’étang de Chabannes, à Tarnac, également en Corrèze, et au lieudit les Prés Neufs, à Gentioux-Pigerolles, en Creuse.

Micaria fulgens (Walckenaer, 1802) : la seule mention concernant cette espèce consiste en la capture par M. Cruveillier, le mercredi 20 juin 1996, d’une femelle dans de la pierraille au fond d’une petite et très ancienne carrière de serpentinite, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne. C’était une femelle de 5 mm, de couleur assez terne, dont les plages claires de l’abdomen étaient plutôt jaunâtres et beaucoup moins brillantes que chez les autres Micaria observées. Son épigyne requiert une observation très attentive car elle ne se distingue que par de menus détails de celle de M. formicaria. Si, comme l’affirment Nentwig & al., cette espèce n’est « pas rare », c’est que nous n’avons pas dû prospecter de la bonne manière ou aux bons endroits.

Micaria pulicaria (Sundevall, 1831) : contrairement à la précédente, cette espèce est très présente dans les trois départements du Limousin où elle fait l’objet d’une cinquantaine de éterminations, grâce auxquelles nous avons pu examiner des adultes de mars à novembre, et qui figurent dans trente fiches d’inventaire, huit en Corrèze, quatorze en Creuse et huit en Haute-Vienne. C’est une araignée de taille assez modeste, de 3 à 3,5 mm pour le mâle et jusqu’à 4,5 mm pour la femelle, au céphalothorax brun et à l’abdomen noir marqué assez nettement de fines soies blanches formant une ceinture ainsi qu’une ligne médiane de pontillés. Comme les autres espèces de ce genre on peut souvent l’observer courant sur le sol nu par temps ensoleillé. Elle fréquente des milieux assez divers et se retrouve aussi bien dans des lieux sableux ou caillouteux que dans des pelouses d’herbe rase ou dans des débris organiques ou de la litière. La première mention enregistrée est celle d’un mâle, récolté par M. Cruveillier le 21/03/1998, dans un secteur d’herbe rase et de sable, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Un autre mâle y sera observé par D. Rastel le 26/04/2001. Toujours en Haute-Vienne, une femelle est citée, le 21/05/1999, par P. Tutelaers, aux Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, où un mâle sera noté en juin 2000 par E. Duffey lequel avait signalé une femelle au pied d’un mur, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, le 30/11/1999. En septembre 2006, F. Lagarde récolte deux femelles, par piégeage au sol, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, site où il cite encore l’espèce en 2009. Enfin M. Cruveillier détermine un très bel exemplaire de femelle, dans une récolte de M. Lamarsaude, du 22/04/2010, dans son jardin de Saint-Gilles-les-Forêts. Les citations de Creuse émanent toutes de F. Lagarde lequel, après la mention de deux mâles et d’une femelle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, notera encore cinq fois cette espèce en 2009 dans divers sites de cette commune (Croix de Fayaud, tourbière de Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure à nouveau, Bois des Pialles), le reste se répartissant entre les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade, Les Prés Neufs), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Pour ce qui concerne la Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui la cite trois fois dans un jardin, à Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle errant sur un sol sableux en mai 1997, un autre sur un mur en avril 1999 et un troisième au sol en mai 1999. M. Cruveillier capture un mâle dans de la mousse sèche en bordure de la tourbière de La Ferrière, à Davignac, le 29/07/2000, et F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce en 2009 dans la tourbière de Négarioux Malsagnes, au Ruisseau du Mazet, dans la tourbière de l’étang de Chabannes et à la Roche du Coq-Mont Gradis, respectivement dans les communes de Peyrelevade, St-Merd-les-Oussines, Tarnac et Viam.

Phaeocedus braccatus (L. Koch, 1866) : c’est la seule espèce limousine du genre Phaeocedus lequel n’en comporte qu’une dizaine dans le monde dont deux en France (en comptant la sous-espèce P. b. jugorum Simon, 1914, qui n’a pas été vue en Limousin). Comme beaucoup d’autres Gnaphosidae diurnes, cette araignée adopte fréquemment, quand elle se déplace, une allure et un port qui la font ressembler à une fourmi. Le mâle mesure environ 5 mm et la femelle peut atteindre 7 mm. Cette dernière construit une retraite de soie où a lieu l’accouplement et où elle installe son cocon. Les deux sexes présentent six taches claires sur un abdomen gris brun, presque noir, et peuvent être rencontrés à l’état adulte du printemps à l’automne. Mais ces rencontres ont été rares chez nous et, bien que couvrant nos trois départements, elles n’ont été jusque là qu’au nombre de six. La première inscrite au fichier fut une femelle, identifiée par M. Cruveillier, et provenant d’une capture par piégeage au sol de P. Durepaire, en août 2000, dans un secteur de lande sèche de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne. Plus tard, B. Le Péru indiqua qu’il avait observé cette espèce à quatre reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, dont un immature en décembre 1998 dans de la mousse en lisière de forêt, un autre errant sur un mur de jardin en mai 1999, un mâle dans une maison en juin 1999 et un autre mâle au sol, dans un jardin, en juin 2001. La citation de Creuse émane de F. Lagarde, en 2009, au Bois des Pialles, à Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Poecilochroa variana (C. L. Koch, 1839) : dernière, alphabétiquement, de nos Gnaphosidae diurnes, cette espèce en est aussi la plus grande puisque la femelle peut atteindre 9 mm. Elle présente, comme Aphantaulax trifasciata, des pattes claires aux fémurs sombres mais son abdomen compte davantage de taches blanches et son cephalothorax est brun clair avec la zone oculaire sombre. Comme la plupart des araignées de son groupe, elle affectionne les lieux secs, pelouses rases sur socle rocheux apparent, sols pierreux, chemins ou allées de sable ou de gravier où quelques débris organiques lui offrent des refuges. Selon les ouvrages elle serait adulte d’avril à octobre. En Limousin, où seuls deux observateurs l’ont signalée, elle a surtout été notée de juin à fin septembre dans nos trois départements. La première mention concerne la capture par M. Cruveillier d’un mâle, le 25/06/1999, dans de la litière de bruyère parmi les cailloux et le sable d’un sentier de lande séche au lieudit Le Suchaud, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. C’est dans des milieux très semblables qu’il notera dans la même commune deux femelles dans la Lande du Cluzeau, le 28/09/2006. Il récoltera également un mâle en Corrèze, le 24/09/2004, dans un chemin longeant l’étang de Chabannes, à Tarnac, et un autre mâle en Creuse, à Lussat, le 09/07/2009, sur le chemin empierré de la digue de l’étang de Tête de Bœuf. De son côté, F. Lagarde, a communiqué une douzaine de citations de l’espèce provenant de ses piégeages sur le Plateau de Millevaches durant l’année 2009, sans indication de sexe ni de micromilieu, en Corrèze à Négarioux Malsagnes, commune de Peyrelevade, aux Communaux et au Ruisseau du Mazet, commune de Saint- Merd-les-Oussines et à la Roche du Coq-Estang dans la commune de Viam. Pour la Creuse, ses observations se répartissent entre les communes de Faux-la-Montagne (Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre-Fade, Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud) et enfin de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Scotophaeus blackwalli (Thorell, 1873) : des onze espèces de Scotophaeus que compte la France, trois seulement ont fait l’objet de très rares observations chez nous et seulement en Haute-Vienne à cette date. Ce sont des araignées d’assez bonne taille, qu’on pourrait, à première vue, confondre avec d’autres Gnaphosidae également actives la nuit et ne présentant pas de dessin sur le corps. Leurs yeux médians antérieurs, nettement plus gros que les autres, permettent de les en distinguer. S. blackwalli est la plus petite de nos trois espèces. La femelle, qui peut atteindre 12 mm, pourrait, selon la littérature, être rencontrée adulte toute l’année alors que la période de maturité du mâle ne couvrirait que l’été et le début de l’automne. Dans le nord de l’Europe on ne trouve guère cette espèce que dans les bâtiments ou à leurs abords, mais, plus au sud, elle peut être rencontrée sous des écailles d’écorce. C’est le cas pour l’unique mention, une femelle, capturée par M. Cruveillier, le 18/06/1997, sous l’écorce d’une très vieille souche de pommier, dans un jardin du moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle.

Scotophaeus quadripunctatus (Linné, 1758) : semblable à la précédente par l’aspect général mais assez nettement plus grande (jusqu’à 15 mm pour la femelle), cette espèce, qui partage avec les deux autres la période de maturité et l’habitat, n’a, elle aussi, été observée qu’une seule fois, le 16/08/1995, un très beau spécimen de mâle prisonnier dans un évier de cuisine au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, par M. Cruveillier qui ne put bien distinguer les quatre points sombres de l’abdomen auxquels l’espèce doit son nom.

Scotophaeus scutulatus (L. Koch, 1866) : la plus grande de nos espèces de ce genre (jusqu’à 16 mm pour la femelle) a été aussi le moins rarement notée, soit six fois, toujours en Haute-Vienne, d’abord par M. Cruveillier le 16/08/1995, une femelle dans un tas de vieilles souches de charme au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, puis, dans le même site, le 06/06/1997, une autre femelle dans des copeaux de bois sous un établi d’atelier. E. Duffey signale un femelle en mars 2000, dans un bâtiment, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, et la capture d’une femelle réalisée par H. Guillien, sur un bord de route, le 21/01/2010, près du lieudit La Cipière, dans la commune de Saint-Jean-Ligoure, est identifiée par M. Cruveillier, lequel déterminera également deux mâles récoltés dans une maison ancienne de Limoges par B. Lassarre, en août et octobre 2014.(voir l’épigyne page 329).

Trachyzelotes pedestris (C. L. Koch, 1837) (ex : Zelotes pedestris) : comme pour les espèces de Drassyllus précédemment traitées, cette espèce se trouvait classée jusqu’en 1984 parmi les Zelotes, genre dans lequel certains auteurs ont continué de la ranger. C’est une araignée d’environ 7 à 8 mm de long, qu’on peut rencontrer adulte du milieu du printemps au milieu de l’été, dont les mœurs sont plutôt nocturnes mais qu’on peut parfois observer de jour dans des endroits ensoleillés, sur des sols sableux ou caillouteux nus ou à faible couverture herbacée. Elle se distingue par son abdomen noir et la coloration de ses pattes dont tous les segments, de la patella au tarse, sont clairs alors que le reste est sombre. Elle est assez bien représentée dans les trois départements du Limousin. La première mention remonte au 15/05/1998, en Haute-Vienne, alors que M. Cruveillier observe trois femelles dans une coulée de cailloux sur le versant sud de la lande serpentinique du Cluzeau, à Meuzac, commune où il notera, le 27/05/2001, une autre femelle dans une allée empierrée du village de Chavagnac et une troisième qui avait pénétré dans un sac à provisions posé un instant dans cette même allée, le 04/08/2012. En Corrèze où elle a été le plus fréquemment observée, elle fait l’objet de dix mentions dont six, trois femelles et trois mâles, trois observations en mai, deux en juin et une en octobre, entre 1997 et 2002, par B. Le Péru, dans des allées de jardin et même sur un mur, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos. E. Duffey note une femelle dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix le 13/05/2003, et M. Cruveillier identifie deux mâles et une femelle, le 24/06/2004, dans un chemin longeant l’étang de Chabannes, à Tarnac, site où l’espèce sera à nouveau notée en 2009 par F. Lagarde qui la mentionnera la même année au Ruisseau du Mazet, à Saint-Merd-les-Oussines. Enfin cette espèce fait l’objet de quatre fiches d’inventaire en Creuse dont trois par M. Cruveillier, d’abord un mâle dans le chemin d’accès à la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, le 14/06/2003, puis un mâle le 9 et une femelle le 31/07/2009, dans le chemin empierré de la digue de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. F. Lagarde signale également la présence de l’espèce en 2009 à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles.

# Urozelotes rusticus (L. Koch,1872) (ex : Zelotes rusticus) : le genre Urozelotes créé par Mello-Leitão en 1938 ne comporte que quatre espèces dans le monde dont trois en Europe, E. rusticus, la plus répandue des quatre, étant la seule actuellement représentée en France. Longtemps classée dans le genre Zelotes, elle s’en distingue à première vue par sa coloration brun orangé. Cette araignée d’environ 6 à 8 mm de long est peu observée en Limousin où elle ne fait l’objet que de cinq citations, toutes des femelles, dont quatre en Haute-Vienne où elle fut observée pour la première fois par M. Cruveillier, le 06/06/1997, dans la commune de Meuzac, prisonnière dans l’évier de sa cuisine où elle avait dû être portée avec des légumes du jardin, à Chavagnac où il notera à nouveau une femelle, contre un mur de maison, le 04/08/2012 (voir l’épigyne page 329). Il observe également, le 03/06/2000, une autre femelle au pied d’un mur au village de Chez Roger dans la commne de Saint-Priest- sous-Aixe. Et, le 15/06/1999, F. Leblanc l’avait observée dans un chemin sableux proche du village des Ribières dans la commune de Sereilhac. La seule mention de Creuse est du 07/08/2009, par M. Cruveillier, sur la digue de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Zelotes apricorum (L. Koch, 1876) : des trente-sept espèces de Zelotes actuellement répertoriées en France, neuf seulement ont été observées en Limousin à cette date. Ce sont des araignées à mœurs nocturnes dont on reconnaît assez aisément le genre grâce à leur abdomen étroit et allongé, surtout chez les mâles, d’un brun-noir soyeux, et à leurs plaques pulmonaires d’une belle couleur orange. Elles se tiennent sous les pierres où les femelles accrochent leurs cocons aplatis et frangés ayant l’aspect de minuscules raviolis. Chez toutes les espèces de ce genre, la partie des pattes allant de la hanche à l’extrémité du fémur est noire et le nombre des autres segments présentant une coloration claire peut aider les naturalistes un peu chevronnés à orienter leur détermination. Les espèces du groupe apricorum sont parfois difficiles à distinguer entre elles tant les genitalia* peuvent présenter de similitudes. Zelotes apricorum, dont la femelle mesure de 6 à 9 mm et le mâle de 5 à 6 mm, est une espèce qu’on peut rencontrer adulte pendant une longue période allant de mars à novembre. Elle a fait l’objet d’une quinzaine de fiches d’inventaire couvrant nos trois départements de façon assez inégale. La première mention, une femelle, sous un éclat de bois devant la chapelle en ruines du Mont Gargan, dans la commune de Saint-Gilles-les-Forêts, en Haute-Vienne, a été notée le 13/08/2000 par M. Cruveillier lequel fera la seule autre observation pour ce département le 28/04/2001, une autre femelle, dans un vieux verger abandonné de la commune de Meuzac. C’est en Creuse que l’espèce est le plus fréquemment notée dont une fois, le 07/08/2009, par M. Cruveillier, un mâle, dans des débris organiques secs en bordure d’un chemin près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, et neuf fois par F. Lagarde, d’abord le 14/05/2006, un mâle au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière, puis, au cours de l’année 2009, une nouvelle fois dans ce site et, dans cette même commune, à la Croix de Fayaud, à Combe Lépine et dans la tourbière de La Mazure, enfin, dans la tourbière des Avenaux à Faux-la-Montagne, dans la tourbière du Puy Chaud à Gioux et aux Prés Neufs à Gentioux- Pigerolles. Les quatre mentions de Corrèze proviennent également de F. Lagarde dont trois dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines ( aux Communaux, au Ruisseau du Mazet et à la tourbière du Rebourzeix) et une dans la commune de Viam, à la Roche du Coq Mont Gradis. Il est important de rappeler que toutes les observations faites en Creuse et en Corrèze proviennent de pièges de type « Barber » qui sont les plus grands pourvoyeurs d’informations pour les espèces évoluant au sol et particulièrement les Gnaphosidae et les Lycosidae ainsi qu’un assez grand nombre de Linyphiidae.

Zelotes atrocaeruleus (Simon, 1878) : la seule donnée actuelle de cette espèce en Limousin est un mâle capturé par M. Cruveillier, le 13/07/2000, parmi de menus cailloux dans une pelouse sèche et rase de la Côte pelée de Chasteaux, en Corrèze. L’exemplaire observé, qui mesurait 7 mm, avait l’abdomen noir, le cephalothorax brun noir, les pattes noires à l’exception des deux deniers segments d’un gris ocré, et les plaques pulmonaires étaient de couleur plutôt grisâtre.

Zelotes electus (C. L. Koch, 1839) : c’est F. Leblanc qui, en juin 1999, signale le premier la présence de cette espèce, une femelle, dans de la litière d’une prairie abandonnée du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse, département où F. Lagarde l’observera également en 2009 à Combe Lépine dans la commune de Royère-de-Vassivière. De son côté M. Cruveillier mentionne une femelle, le 03/06/2000, dans un chemin de ferme au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, en Haute-Vienne et, plus tard, un mâle en Corrèze, le 24/06/2004, dans un chemin sableux près de l’étang de Chabannes, à Tarnac, le même jour et au même endroit qu’une femelle de Civizelotes civicus (voir plus haut). Ainsi, bien que très rarement rencontrée, cette espèce se trouve dans nos trois départements où la confirmation de sa présence devra être recherchée.

Note de bas de page 23 :

il s’agit d’une espèce ayant fait l’objet d’une observation ancienne (voir la première partie page 11).

Zelotes erebeus (Thorell, 1871)23 : cette espèce, d’un noir lustré et de taille assez variable, de 5 à 10 mm pour les femelles, fréquente les milieux ouverts secs à végétation courte. Elle n’a pas été notée en Corrèze pour le moment. La première observation, un mâle et une femelle, remonte au 24/07/2000, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat, en Creuse, par M. Cruveillier lequel l’observera à deux reprises en Haute-Vienne, d’abord une femelle, le 03/07/2000, dans une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, et en août dans un secteur de lande sèche, aux Dauges, dans la commune de Saint-Léger-Léger-la- Montagne où un mâle et une femelle avaient été identifiés en juillet de la même année, dans une récolte de Ph. Durepaire, par E. Duffey.

Note de bas de page 24 :

cette remarque n’a d’autre but que d’attirer l’attention du lecteur sur le fait que beaucoup de notions trouvées

Zelotes latreillei (Simon,1878) : M. J. Roberts limite la taille de cette espèce à 8 mm et sa période de maturité au printemps-été, mais, d’après Nentwig & al., elle pourrait être rencontrée à l’état adulte toute l’année et atteindre 10 mm. Les dates des observations en Limousin, pour celles qui ont été communiquées, s’échelonnent entre le 3 avril et le 15 octobre, ce qui élargirait un peu l’estimation de Roberts, et M. Cruveillier a examiné plusieurs spécimens de Z. latreillei mesurant 10 mm et donnerait raison sur ce second point à Nentwig & al.24. C’est une araignée assez aisée à identifier, ses pattes noires avec le seul tarse de couleur fauve étant une bonne orientation de départ. Elle est beaucoup moins exigeante dans ses choix d’habitat que la plupart des autres Zelotes et, si on la rencontre le plus souvent dans des milieux secs comme les landes, il n’est pas rare de la trouver dans les tourbières. C’est l’espèce de Zelotes la plus commune en Limousin puisqu’elle a fait l’objet de trois-cent soixanre-huit déterminations ventilées dans cinquante-quatre fiches d’inventaire, dix-huit pour la Corrèze, vingt-trois pour la Creuse, et treize pour la Haute-Vienne où un couple fut noté pour la première fois par M. Cruveillier, le 06/06/1997, dans une allée empierrée avec des herbes éparses, dans la commune de Meuzac, au village de Chavagnac, où il cite un mâle dans un vieux verger, le 26/04/2001. Dans cette même commune il mentionne l’espèce encore à trois reprises, d’abord un mâle et une femelle, le 03/07/2000, dans la Lande du Cluzeau, puis, dans ce même site, une femelle le 28/09/2006 et une autre, récoltée le lendemain dans un chemin de la Celle du Cluzeau par O. Villepoux. Toujours en Haute-Vienne, F. Leblanc avait cité dans les landes de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy, une femelle capturée dans un piège à carabes par L. Chabrol, le 29/04/1998, en même temps qu’un mâle d’abord identifié par F. Leblanc comme Z. oblongus, et qui devint Z. latreillei le 28/04/2001, après l’examen de l’animal par J.-C. Ledoux. En juillet 1999, E. Duffey capture une femelle près de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine où, le 09/05/2004, il récolte une autre femelle dans un piège Barber, dans une prairie mésophile. Il détermine deux mâles et une femelle dans une récolte de P. Durepaire, de juin 2000, dans la réserve naturelle des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne où M. Cruveillier détermine un mâle dans une récolte d’août 2000. Ce dernier récolte une femelle dans les landes des Pierres du Mas, à La-Porcherie, le 15/10/2006 et, pour en terminer avec la Haute-Vienne, F. Lagarde signale la capture par piégeage de cinq mâles et deux femelles, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans un jardin de la commune de Saint-Etienne- aux-Clos, mentionne deux femelles sous un caillou en juillet 1997 et une autre errant sur un mur en mai 1998. Plus tard, le 29/07/2000, M. Cruveillier cite une femelle à la base d’un tas de bois, au bord de la tourbière de La Ferrière, à Davignac et, le 24/06/2004, il récolte un mâle et trois femelles dans un chemin bordant l’étang de Chabannes, à Tarnac, site où la présence de l’espèce sera à nouveau signalée par F. Lagarde en 2009. Figurent encore pour la Corrèze les trois inventaires par piège Barber d’E. Duffey, dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac, soit trois mâles et deux femelles le 13/04/2006, un mâle le 03/04/2008, et deux femelles le 01/06/2008. Les dix autres fiches de Corrèze sont des mentions de présence de l’espèce provenant des données de 2009 de F. Lagarde et concernent les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruiseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les- Oussines (Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), et de Viam, (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Pour ce qui concerne la Creuse, où les mentions sont les plus nombreuses, seules deux fiches d’inventaire émanent de M. Cruveillier, un mâle, le 24/07/2000, entre deux pierres d’un chemin bordant l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat et une femelle, le 14/06/2003, sous un caillou, dans le chemin d’accès à la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière. Deux autres données ont été signalées avant 2009 par F. Lagarde, un mâle et une femelle, le 26/07/2006, dans la tourbière de La Mazure et deux mâles, trois femelles et un immature aux Ribières de Gladière, dans la même commune. Les autres fiches de Creuse sont des mentions de présence de l’espèce provenant des données de F. Lagarde issues de ses récoltes de 2009 et concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbières des Avenaux, de Clamouzat, de Puy Marsaly et des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Fontenelles du Chalard, Les Prés Neufs, Pierre Fade, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Royère-de- Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles et tourbière de La Mazure à nouveau), de Saint- Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). .

Zelotes longipes (L. Koch, 1866) (ex Zelotes serotinus) : à cette date, la seule donnée de cette espèce en Limousin est une femelle de 6,5 mm, d’un brun presque noir, capturée par M. Cruveillier, le 15/05/1998, dans une touffe en repousse d’Erica cinerea, sur un substrat sec et caillouteux, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Note de bas de page 25 :

Ce déséquilibre, qui est dû au mode de capture privilégié par certains prospecteurs, concerne exclusivement les espèces évoluant au sol (Gnaphosidae, Lycosidae, beaucoup de Linyphiidae…). On pourra donc parfois observer un déséquilibre inverse pour des espèces évoluant dans des strates plus élevées et qui échappent ainsi au piégeage au sol.

Zelotes petrensis ( C. L. Koch, 1839) : cette espèce est assez semblable à première vue à Zelotes latreillei et il faut absolument recourir à l’examen des genitalia* pour les distinguer. On observera chez la femelle que la plaque génitale est plus large à l’avant qu’à l’arrière chez Z. latreillei alors que c’est l’inverse chez Z. petrensis. Chez le mâle, on observera l’apophyse tibiale recourbée vers le haut chez Z. latreillei et plus droite chez Z. petrensis. Cette araignée fréquente les milieux ouverts plutôt secs, mais pas exclusivement comme nos observations le montrent, et on peut la renconter adulte, du printemps à la mi-automne, sous les pierres ou dans des débris organiques ou de la litière. C’est, après Z. Latreillei, l’espèce de Zelotes la plus communément observée dans notre région puisqu’elle y fait l’objet de trente-deux fiches de citations dont douze pour la Corrèze, quinze pour la Creuse et cinq pour la Haute-Vienne. La première mention en Limousin de cette espèce est du 16/08/1995, quand M. Cruveillier capture un mâle en Haute-Vienne dans une pelouse sèche de Chavagnac, à Meuzac, commune où suivront trois autres observations, d’abord une femelle, par M. Cruveillier, le 15/05/1998, dans une litière de faible épaisseur sur de la roche nue, dans la Lande du Cluzeau, où, le 24/04/2001, J.-C. Ledoux identifiera une autre femelle capturée par G. Montfort lors d’un stage, et, le 26/04/2001, une femelle dans une récolte réalisée par N. Larchevêque dans un verger abandonné du village de Chavagnac. L’autre mention de Haute-Vienne est une femelle identifiée par M. Cruveillier dans une récolte d’août 2000, de P. Durepaire, dans un secteur de lande sèche de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Pour ce qui concerne la Creuse, à l’exception de deux mâles notés par M. Cruveillier, le 14/06/2003, dans un secteur de lande sèche bordant la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, toutes les autres citations proviennent de F. Lagarde, notamment dans ce même site, un mâle et une femelle, le 01/08/2006, puis des mentions de présence de l’espèce, au cours de l’année 2009 dans cette même commune (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine), ainsi que dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et de Saint-Pierre- Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, les observations se partagent entre F. Lagarde et B. Le Péru. Ce dernier mentionne l’espèce à quatre reprises dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, dont une femelle, en avril 2001, au sol dans une prairie en friche où il récoltera un mâle en mars 2002, une femelle, en avril 2001 sous une haie de résineux dans un jardin où il note une autre femelle en mai 2001, errant sur un sol sablonneux. F. Lagarde la cite huit fois dont deux à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), trois à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), une à Tarnac (étang de Chabannes) et deux à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Pour mieux interpréter l’apparent déséquilibre25 entre ces départements il est utile de savoir que la grande majorité des citations proviennent de pièges au sol de type Barber et que ce mode de capture a été privilégié par l’un d’entre nous pour répondre aux exigences d’un projet scientifique du CNRS auquel il participe.

Zelotes subterraneus (C. L. Koch, 1833) : cette espèce entièrement noire, avec seulement le métatarse et le tarse brun foncé, présente beaucoup de similitudes avec sa congénère Z. apricorum avec laquelle elle serait parfois confondue. On peut trouver des adultes à la même période. Elle requiert donc pour sa détermination une attention particulière. Nentwig & al. indiquent qu’elle fréquente aussi bien les milieux secs que très humides, ce que les six observations faites en Limousin n’ont pas permis de vérifier puisqu’elles ne concernent que des milieux secs, pas plus d’ailleurs que l’étendue assez large de la période de maturité qui s’étalerait de début mars à fin octobre. On ne peut au contraire que marquer son étonnement devant l’absence complète de captures lors des campagnes de piégeage au sol par F. Lagarde, dans les tourbières et les landes, du Plateau de Millevaches. La première observation fut un mâle de 6mm récolté par piégeage, le 16/08/1995, par M. Cruveillier, dans une prairie sèche dégradée de Haute-Vienne, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il note une femelle dans un secteur sec de la Lande du Cluzeau le 08/07/2000. C’est de cette même date qu’E. Duffey identifiait une femelle provenant de captures par P. Durepaire dans une lande périphérique de la tourbière des Dauges à Saint-Léger-la-Montagne également en Haute-Vienne. M. Cruveillier signale la seule donnée de Creuse, une femelle, dans un bord herbeux de chemin, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat, le 24/07/2000. Les deux mentions de Corrèze émanent l’une de M. Cruveillier, un mâle, le 24/06/2004, dans des débris de feuilles mortes d’un chemin sableux longeant l’étang de Chabannes, à Tarnac, et l’autre, une femelle, le 02/05/2007, d’E. Duffey, dans son jardin du village du Dougnoux, à Altillac.

Les Hahniidae

Note de bas de page 26 :

J.-C Ledoux : Les Hahniidae de la faune française , Revue arachnologique Série 2 n°1, mai 2014, p. 29-40.

Le Limousin ne compte actuellement que quatre genres de cette famille qui en comporte sept en France : Antistea, Cryphoeca, Dirksia, Hahnia, Hahniharmia, Iberina et Tuberta. Les genres Dirksia, Iberina et Tuberta n’avaient naguère chacun que deux espèces au niveau mondial, mais Iberina vient d’en accueillir récemment aux dépens de Hahnia. Antistea en a trois dont deux en France. La famille des Hahniidae a connu beaucoup de changements dans sa composition dont la pérennité ne semble pas encore assurée. Elle regroupe des araignées de petite taille, de 1,5 à 3,5 mm, qui construisent de petites toiles au-dessus desquelles elles chassent, comme le font les Agelenidae et contrairement aux Linyphiidae, par exemple, qui se tiennent toujours en dessous. La disposition en ligne des filières ainsi que la taille et la forme de ces dernières sont des critères immédiats de l’appartenance à cette famille. Et notre ami Jean-Claude Ledoux, qui est justement à l’origine de modifications récentes, pense qu’il faudrait exclure de cette famille les genres Cryphoeca, Dirksia et Tuberta qui ne présentent pas ce dernier caractère et devraient selon lui retourner chez les Agelenidae26.

Antistea elegans (Blackwall, 1841) : cette espèce est considérée comme typique des habitats humides et surtout des milieux tourbeux. C’est pourquoi elle figure dans une liste de quatre espèces proposées en 2011 au ministère de l’environnement par le CSRPN du Limousin pour constituer, avec trois espèces de la liste nationale du programme de « création d’aires protégées », un groupe de sept espèces qui seraient prises en compte dans notre région pour ce programme. C’est une belle araignée d’environ 3 mm de long (jusqu’à 3,5 mm pour certaines femelles), à l’abdomen brun marqué de chevrons clairs, le céphalothorax et les pattes étant de couleur orangée, qu’on peut rencontrer adulte presque toute l’année, sauf peut- être au tout début de l’hiver. Dans les sites où elle est notée, elle figure parfois en relative abondance puisque les trente-trois fiches d’inventaire qui la mentionnent représentent cent- soixante-deux individus identifiés. Elle est présente dans nos trois départements, presque exclusivement dans des prairies humides et des tourbières à l’exception surprenante de la tourbière des Dauges, en Haute-Vienne, où elle n’est toujours pas signalée et où elle est à rechercher. La primeur de sa mention chez nous revient à E. Duffey qui récolta une femelle au filet fauchoir en juillet 1999 dans la végétation de rive de son étang, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, site où il la note encore deux fois, dix femelles le 20/01/2002, et une autre le 18/04/2002. Au cours de deux longs inventaires en 2006 et en 2009 F. Lagarde notera plus de soixante-dix individus dans la tourbière de Bac à la Cube à Peyrat-le-Château, ce qui complète les données pour ce département. La Creuse totalise seize fiches de citations lesquelles, à l’exception de deux mentions de M. Cruveillier dans la commune de Lussat, une femelle le 22/06/2000 au bord de l’étang des Landes et, le 18/05/2009, un immature au bord de l’étang de Tête de Bœuf, émanent toutes de F. Lagarde entre 2006 et 2009 et concernent les communes de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, Tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et Royère-de-Vassivière (tourbière de La Mazure, Ribières-de- Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles). Les dix mentions de Corrèze se répartissent entre les communes d’Altillac, au Dougnoux, où E. Duffey capture une femelle près d’une mare le 18/04/2007, de Davignac, dans la tourbière de la Ferrière où M. Cruveillier capture également une femelle le 29/07/2000, de Meymac, dans la tourbière de Ribière longue, par F. Lagarde en 2009 et dans la tourbière du Longeyroux, d’abord en 2009 par F. Lagarde, puis un mâle par M. Cruveillier, le 07/05/2011, de Saint-Merd-les-Oussines par F. Lagarde, au Ruisseau du Mazet en 2009, de Tarnac, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, par M. Cruveillier qui y cite deux mâles, le 24/06/2004, et par F. Lagarde qui y signale la présence de l’espèce en 2009, ainsi que dans la commune de Viam, à la Roche du Coq Mont Gradis. Les dernières citations de Corrèze proviennent de récoltes effectuées par M. Lefrançois au début de juillet 2011, dans une prairie humide et dans le tremblant de La Gane, à Pérols-sur-Vézère, où M. Cruveillier déterminera deux femelles dans la première récolte et un mâle et deux femelles dans la seconde.

Cryphoeca silvicola (C. L. Koch, 1834) : comme cela a été rappelé plus haut, certains arachnologues contestent le classement parmi les Hahniidae du genre Cryphoeca lequel était antérieurement classé dans les Agelenidae. Il est vrai que plusieurs critères, comme la disposition des filières par exemple, peu visibles chez la femelle, l’en distinguent et il ne serait pas surprenant qu’une révision future lui trouve une famille où il aurait mieux sa place. L’espèce Cryphoeca silvicola serait plutôt forestière et il y a divergence sur sa période de maturité. Selon M. Roberts, la femelle peut être rencontrée à l’état adulte toute l’année et le mâle du printemps à l’automne, alors que Nentwig & al. optent pour toute l’année sauf les mois d’été pour les deux sexes. S. Almquist, qui classe cette espèce dans les Dictynidae, écrit que les deux sexes peuvent être rencontrés adultes toute l’année et sont actifs sous la neige. Les dates de nos captures, comme on va voir, ont lieu dans des plages communes aux trois propositions et ne permettent donc pas de choisir entre elles. L’espèce a été observée à six reprises en Limousin, d’abord deux femelles en octobre puis deux mâles en novembre 1997 par B. Le Péru dans de la mousse en bordure d’une forêt humide de la commue de Saint- Etienne-aux-Clos, en Corrèze, site où il note à nouveau une femelle en avril 2001. Une qutrième observation a été faite en Corrèze, le 14/05/2013, quand une femelle récoltée à l’aspirateur thermique par un stagiaire, A. Plichon, dans la forêt mixte de la Cubesse, à Ambrugeat, lors d’un stage d’arachnologie, fut identifiée par M. Cruveillier, qui animait le stage avec J.-C. Ledoux. F. Lagarde, de son côté, la signale à deux reprises dans le bois de Crosas, près d’Auphelle, dans la commune de Peyrat-le-Château, en Haute-Vienne, d’abord une femelle, le 25/03/2007, puis quatre individus de l’espèce en 2009. L’absence de citation en Creuse ne peut s’attribuer qu’à une prospection insuffisante.

Hahnia helveola Simon, 1875 : le genre Hahnia comporte de nombreuses espèces dans le monde et, alors qu’il en comptait encore neuf en France jusqu’à mai 2014, il ne lui en reste plus que cinq à la suite d’une révision récente, par J.-C. Ledoux, de la famille des Hahniidae de France, trois étant passées dans le genre Iberina et une dans le genre Hahniharmia. Quatre du genre Hahnia ont été observées en Limousin. Les mâles d’Hahnia présentent, lorsqu’ils sont adultes, une apophyse tibiale recourbée en faucille vers le haut, avec la pointe dirigée vers l’arrière, ainsi qu’une apophyse sur la patella. Pouvant atteindre jusqu’à 3 mm de long, H. helveola est la plus grande, ou plus exactement la moins petite, des cinq espèces limousines de ce genre. Les cinq fiches de citations pour H. helveola concernent la capture de treize individus par piégeage au sol au cours de l’année 2009 par F. Lagarde lequel la signale d’abord en Creuse dans la tourbière des Chabannes, à Royère-de-Vassivière, puis dans la même commune à la Croix de Fayaud et dans la commune de Gentioux-Pigerolles, au lieudit Les Prés Neufs. Il la cite également deux fois de Corrèze en 2009, dans la commune de Saint- Merd-les-Oussines, au Ruisseau du Mazet, et dans la commune de Viam à la Roche du Coq- Estang. Elle n’a pas été observée en Haute-Vienne à cette date.

Hahnia nava (Blackwall, 1841) : présente dans les trois départements du Limousin où elle est citée dans vingt-deux inventaires pour deux-cent-dix-huit animaux identifiés, cette petite araignée sombre de 1,5 à 2 mm, adulte du printemps à la fin de l’automne, semble préférer les milieux ouverts, prairies, landes, même les tourbières, où elle se tient à la base de la végétation herbacée basse et parfois dans les anfractuosités du sol. La première mention est celle de deux femelles capturées au filet fauchoir par M. Cruveillier, le 16/06/1997, dans une prairie naturelle dégradée proche du village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Elle a, par la suite, été mentionnée à quinze reprises dans ce département par E. Duffey, dont un mâle dans une zone de lande des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, dans une récolte de juin 2000, de P. Durepaire, et toutes les autres, qui totalisent cent-quatre- vingt-six individus, presque exclusivement des mâles, entre 2000 et 2004, durant les mois d’avril et mai, dans une prairie naturelle mésophile du village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine. Durant l’année 2009, F. Lagarde la mentionne une fois en Corrèze dans la commune de Viam (Roche du Coq-Estang) et cinq fois en Creuse, dont une à Faux-la- Montagne (tourbière de Clamouzat), trois à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Les Prés Neufs, tourbière des Salles) et une à Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud). Là encore il y a lieu de noter qu’à l’exception de la capture du 16/06/1997, au filet fauchoir, toutes les autres proviennent de piégeages au sol.

Hahnia ononidum Simon, 1875 : c’est une araignée d’environ 2 mm de long censée préférer les milieux humides et qu’on peut trouver dans le feuillage des plantes basses, dans la litière des bois humides ou dans la mousse. Sa période de maturité est différemment appréciée, d’un côté par M. J. Roberts qui donne « toute l’année » pour la femelle et le printemps et l’été pour le mâle, et de l’autre par Nentwig & al. lesquels indiquent les mois d’hiver pour les deux sexes. A l’exception de la première et unique citation pour la Haute- Vienne de cette espèce par M. Cruveillier, qui donne raison à Roberts puisqu’il s’agit de la capture, le 13/07/2000, au filet fauchoir, d’une femelle dans de la repousse d’Aulne glutineux en bordure d’une mare de la forêt de Meuzac, les six autres mentions, pour dix-sept animaux identifiés, sont toutes de Creuse et proviennent de piègeages au sol effectués durant l’année 2009, mais sans plus de précision de date, par F. Lagarde, dans les communes de Faux-la- Montagne (tourbière des Avenaux), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, tourbière des Salles) et de Royère-de-Vassivière (Combe Lépine, Bois des Pialles, tourbière du Grand Puy).

Hahnia pusilla C. L. Koch, 1841 : avec une taille comprise entre 1,2 et 1,6 mm pour les deux sexes c’est, comme le souligne son nom, la plus petite de nos Hahnia. Elle fréquente les mêmes milieux que la précédente et peut vraisemblablement être rencontrée à l’état adulte toute l’année quoique plus fréquemment d’avril à octobre. Elle a fait l’objet de trois citations en Haute-Vienne, d’abord une femelle le 20/07/2000, par M. Cruveillier, dans de la litière de sous-bois, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, puis, le 19/09/2000, dans de la mousse fraiche d’une lande à callune de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. E. Duffey mentionne un mâle dans une prairie naturelle, le 16/05/2001, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Les trois autres observations résultent des captures de 2009 par F. Lagarde, deux en Creuse, à Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat) et à Gentioux- Pigerolles (tourbière des Salles), et une en Corrèze, à Tarnac, dans la tourbière de l’étang de Chabannes.

Iberina montana (Blackwall,1841) (ex Hahnia montana) : cette araignée était classée dans le genre Hahnia depuis 1873 et ce n’est que très récemment, à la suite d’un article évoqué plus haut de notre ami J.-C. Ledoux (Revue Arachnologique, série 2, numéro 1 de mai 2014), que cette espèce se trouve dans le genre Iberina. C’est une petite araignée dont l’adomen est recouvert d’une fine pubescence et dont les deux sexes, qui mesurent entre 1,4 et 2 mm, et qu’on peut rencontrer adultes toute l’année, se tiennent dans la mousse ou la litière des milieux boisés humides. Un mâle est noté pour la première fois par M. Cruveillier, le 20/05/1997, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, ensuite par E. Duffey qui en cite un autre en mai 2001, dans une prairie humide de Bussière-Poitevine et qui en identifie encore un autre dans une récolte de P. Durepaire, du 29/06/2001, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Enfin, toujours en Haute-Vienne, elle est mentionnée en septembre 2006, trois mâles et trois femelles, puis en 2009, cinq individus, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le Château, par F. Lagarde dont la campagne de piégeage sur le plateau de Millevaches entre 2006 et 2009 produira toutes les autres citations, soit trois en Corrèze, dont une à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et deux à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis), et neuf en Creuse dont deux à Faux-la- Montagne (tourbière des Tourailles, tourbière de Puy Marsaly), six à Royère-de-Vassivière (Combe Lépine, Bois des Pialles, tourbière des Chabannes, tourbière du Grand Puy, tourbière de la Mazure), et une dans la commune de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Linyphiidae

Cette famille vient en seconde position, après les Salticidae, pour son nombre d’espèces dans le monde. En France ce rang est inversé. Les Linyphiidae construisent une toile en nappe soutenue parfois par un réseau de fils. Les Allemands les appellent d’ailleurs, pour cette raison, « Baldachinspinnen ». On les subdivise ordinairement en deux sous-familles, les Erigoninae et les Linyphiinae.

La sous-famille des Erigoninae

Cette sous-famille regroupe de toutes petites espèces qui peuvent mesurer moins d’un millimètre et dépassent rarement trois millimètres. Leur petite taille leur a valu le nom de « money spiders » chez les Anglophones et de « Zwergspinnen » (araignées naines) dans les pays de langue allemande. Elles font une petite toile en nappe dont le réseau de fixation est peu apparent. Leur identification peut être assez compliquée ou parfois, au contraire, relativement facile lorsqu’elles présentent des caractères morphologiques qu’un arachnologue un peu expérimenté retient facilement, comme les formes particulièrement spectaculaires du prosoma* de certains mâles. Dans beaucoup de cas il faut avoir recours à des clés indispensables comme celles que Michael J. Roberts donne au début du tome II de son ouvrage « The Spiders of Great Britain and Ireland » (voir Bibliographie), ou, hélas pour les seules femelles, la « Clé de détermination des femelles d’Erigonidae » de Jacques Denis. Le site internet de Nentwig & al. propose également une assistance à la détermination des Linyphiidae établie par Anna Stäubli mais dont l’utilisation requiert une bonne connaissance de l’allemand ou de l’anglais. Enfin, notre ami J.-C. Ledoux, qui était non seulement un arachnologue chevronné mais aussi bon informaticien, avait réalisé un programme auquel il avait bien voulu m’associer et qui donne des pistes intéressantes, mais qui n’avait pas été diffusé. Ces outils font appel, entre autres critères, à l’examen de la présence, du nombre et de la position sur divers segments des pattes, des épines et des trichobothries*. A cette date, cent-une espèces appartenant à cette sous-famille ont été observées en Limousin mais, comme on verra, certaines sont fréquemment rencontrées et d’autres, au contraire, n’ont été que rarement mentionnées, parfois même une seule fois.

Araeoncus crassiceps (Westring, 1861) : cette espèce, dont les deux sexes atteignent rarement 2 mm, est présente dans toute l’Europe mais jamais en abondance. Elle serait mature du printemps au début de l’été et, si l’on s’en tient aux observations limousines, elle semble préférer les milieux ouverts et humides. Une première femelle est trouvée le 15/07/1998, dans la tourbière du Longeyroux, dans la commune de Meymac, en Corrèze, par O. Villepoux, et sera à nouveau notée dans ce site en 2009, puis dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy et Ruisseau du Mazet) par F. Lagarde lequel la mentionne également en Creuse, toujours en 2009, aux Prés Neufs, dans la commune de Gentioux-Pigerolles. Elle n’a pas été vue en Haute-Vienne à cette date. Cette espèce plutôt nordique est peut-être, chez nous, limitée aux altitudes dépassant 700 m.

Araeoncus humilis (Blackwall, 1841) : est une araignée encore plus petite que la précédente. Le 20/05/1997, M. Cruveillier note deux femelles dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où elle sera mentionnée encore deux fois, et d’abord par F. Leblanc, un mâle le 10/10/1999, dans la tourbière des Dauges à Saint-Léger- la Montagne et, le 20/01/2002, un autre par E. Duffey, dans une prairie humide de Bussière- Poitevine. Ce dernier cite une femelle en Corrèze, le 18/06/2003, dans la partie basse de la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix et F. Lagarde note l’espèce en 2009 en Creuse, au Bois des Pialles, près d’Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Baryphyma pratense (Blackwall, 1861) : cette araignée d’environ 2 mm de long à l’abdomen gris noir, mature dès le début du printemps et sans doute jusque vers la fin de l’été, vit, selon le site de Nentwig & al., dans des milieux très humides. Le seul exemplaire observé à cette date en Limousin provient effectivement d’une prairie humide paratourbeuse du Pont Tord, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, en Corrèze. Il s’agissait d’une femelle identifiée par M. Cruveillier à partir d’une récolte par piège Barber de M. Lefrançois, du 27/06/2011.

# Ceratinella brevipes (Westring, 1851) : (voir illustration page 332). Les quatre espèces du genre Ceratinella présentes en France ont été notées en Limousin. C. brevipes est une espèce d’un gris brun foncé, mesurant environ 1,5 mm de long, qu’on peut rencontrer à l’état adulte toute l’année et qui se tient dans la litière ou la mousse, dans des milieux assez divers mais plutôt humides si on en juge par nos propres observations. Alors que la femelle ne présente pas de scutum* celui-ci recouvre pratiquement toute la partie supérieure de l’abdomen chez le mâle. Mentionnée la première fois par M. Cruveillier, le 29/07/2000, dans un tapis de sphaignes de la tourbière de La Ferrière, à Davignac, en Corrèze, elle est notée quatre autres fois en 2009 dans ce département par F. Lagarde : à Meymac dans la tourbière du Longeyroux, à Saint-Merd-les-Oussines au Ruisseau du Mazet et dans la tourbière du Rebourzeix, et, à Tarnac, dans la tourbière de l’étang de Chabannes. Elle est signalée sept fois en Creuse, d’abord une femelle, par M. Cruveillier, le 18/05/2009, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, puis dans le courant de la même année par F. Lagarde à Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud où il récolte 13 individus, tourbière des Salles), à Royère-de-Vassivière (Bois des Pialles) et à Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). La seule mention pour la Haute-Vienne émane d’E. Duffey qui observe cinq femelles le 01/04/2001, au bord de son étang de Chez Gouillard, dans la comune de Bussière-Poitevine.

Note de bas de page 27 :

Bien qu’antérieure à l’observation d’E. Duffey, cette date n’a pu être retenue comme première mention dans la mesure où elle n’a été communiquée au responsable de la base de données que bien après mars 2000.

Ceratinella brevis (Wider, 1834) : cette araignée, un peu plus grande que la précédente, répandue et fréquente dans toute l’Europe, est sûrement l’une des plus abondantes des Erigoninae du Limousin où elle est présente dans les trois départements et où elle fait l’objet de mentions dans soixante et une fiches d’inventaire. On peut la rencontrer adulte toute l’année aussi bien dans des habitats très humides qu’en des lieux secs. Signalée la première fois le 04/03/2000 par E. Duffey, une femelle dans un secteur de prairie humide à Bussière- Poitevine en Haute-Vienne, elle y sera revue en très grand nombre par ce même arachnologue à treize reprises entre 2000 et 2007. Toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier récolte un couple en terrain sec le 21/06/2000 dans un vieux verger abandonné du village de Chavagnac, à Meuzac site où l’espèce sera revue le 25/04/2001 par B. Duhem. Elle est enfin observée à deux reprises par M. Cruveillier et M. Emerit, ce même jour, au Lac de La Roche dans cette même commune. Les 22 fiches qui la mentionnent en Creuse se répartissent entre B. Le Péru qui l’observe les 16, 18 et 25/04/2007 dans une prairie marécageuse en bordure d’une forêt mixte à La Nouaille, dans la commune de Flayat, et F. Lagarde pour 19 citations entre 2007 et 2009 dans de nombreuses communes du Plateau de Millevaches : Faux-la-Montagne (les Avenaux, Clamouzat, Puy Marsaly, les Tourailles), Gentioux-Pigerolles (le Chalard, Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, les Salles), Gioux (Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (les Chabannes, Croix de Fayaud, Grand Puy, Combe Lépine, La Mazure à deux reprises). La Corrèze totalise 21 mentions dont une le 18/06/2003 par E. Duffey dans la lande serpentinique de Bettu à Chenailler-Mascheix. B. Le Péru et F. Lagarde se partagent les autres soit, pour le premier, une dans la hêtraie de Lissac à Saint-Merd-les-Oussines le 16/03/2007, une observation dans la forêt du Longeyroux à Meymac, le 06/04/2007, et huit entre 199727 et 2002 à Saint-Etienne-aux-Clos et, pour le second, deux à Meymac (tourbière du Longeyroux, Ribière longue), deux à Peyrelevade ( Ruisseau de Chambloux, tourbière de Négarioux Malsagnes), cinq à Saint-Merd-les-Oussines (Hêtraie de Lissac, Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), une à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et une à Viam (Roche du Coq-Estang).

Ceratinella scabrosa (O. P.-Cambridge, 1871) : longue d’environ 2 mm et adulte du milieu du printemps au milieu de l’été, cette espèce au corps presque noir est assez difficile à distinguer de C. wideri. Elle vit essentiellement dans la litière des milieux humides, y compris forestiers. Les dix-sept fiches d’observation dont elle a fait l’objet émanent toutes de captures par piège Barber par F. Lagarde qui cite la première fois un mâle, le 14/05/2006, au Bois des Pialles, à Royère-de-Vassivière, commune de Creuse où il la notera au cours de 2009 dans ce même site ainsi qu’à la tourbière de La Mazure et à celles du Grand Puy, de Ribières de Gladière et de Combe Lépine. Ses autres observations de Creuse se situent dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat et tourbière des Tourailles), dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Fontenelles du Chalard), et dans celles de Gioux et de Saint-Pierre-Bellevue, respectivement dans la tourbière de Puy Chaud et au Ruisseau de Beauvais. Elle n’a pas été notée en Haute-Vienne à cette date et seulement trois fois en Corrèze : dans la tourbière de Marcy et dans celle du Rebourzeix à Saint-Merd-les- Oussines, et à Tarnac dans la tourbière de l’étang de Chabannes.

Ceratinella wideri (Thorell, 1871) : un naturaliste néerlandais, P. Tutelaers, a publié sur internet un inventaire réalisé le 21/05/1999 dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne, en Haute-Vienne, dans lequel il indique la capture d’un mâle de cette espèce. Celle-ci est réputée assez rare et son aspect, surtout pour ce qui concerne le mâle, est très proche de celui de C. scabrosa. Les nombreuses prospections qui ont eu lieu postérieuement sur ce site par E. Duffey et M. Cruveillier n’ont pas permis de nouvelle observation.

Cnephalocotes obscurus (Blackwall, 1834) : cette espèce holarctique* est une « grosse » érigonide puisque la femelle comme le mâle peuvent atteindre, et même dépasser légèrement, 3 mm. Ce dernier se reconnaît assez aisément sous la loupe binoculaire grace à son cymbium* dont la partie supérieure, vue de profil, est rectiligne et fortement serrulée, et à son stylus* très long et non enroulé. On peut trouver les deux sexes à l’état adulte toute l’année en des lieux ouverts et humides ou parfois mésophiles comme ce fut le cas pour une capture par E. Duffey qui fut le premier à signaler la présence d’une femelle, en mars 2000, dans une prairie à foin où il avait installé des pièges à 20 m de son étang, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, en Haute-Vienne, site où il l’observera encore à 6 reprises entre 2002 et 2004, souvent en assez grand nombre, cinq mâles et deux femelles le 19/03/2002, quatre mâles le 19/04/2003, un mâle le 26/04/2003, cinq mâles le 03/05/2003, deux mâles le 18/05/2003, un mâle et deux femelles le 25/04/2004. La dernière mention de Haute-Vienne est un mâle pris dans une tente Malaise, aux Dauges, par P. Durepaire, le 29/06/2013, et qui sera détermné par M. Cruveillier. C’est également E. Duffey qui la note deux fois, quatre mâles le 13/04/2006, dans une pelouse non fauchée et un autre dans une prairie en friche, le 01/04/2007, au village du Dougnoux, à Altillac, au sud de la Corrèze, département où F. Lagarde mentionnera la présence de l’espèce dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Elle fait aussi l’objet de trois observations en Creuse, d’abord une femelle, le 18/06/2000, entre marécage et prairie, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat, par M. Cruveillier, puis par F. Lagarde qui mentionne l’espèce en 2009 aux Fontenelles du Chalard, dans la commune de Gentioux- Pigerolles et au Ruisseau de Beauvais, dans celle de Saint-Pierre-Bellevue.

Collinsia inerrans (O. P.-Cambridge, 1885) : des quatre espèces de Collinsia présentes en France, seule C. inerrans a fait l’objet d’une unique observation en Limousin. Les deux sexes de cette espèce mesurent de 2 à 2,6 mm et présentent un abdomen très noir. Ils sont réputés adultes du milieu du printemps au milieu de l’été et se rencontreraient plutôt, selon la littérature, en des lieux humides, voire marécageux. Le seul mâle récolté chez nous a été signalé par F. Lagarde, le 20/06/2008, dans une prairie mésophile pâturée, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse.

Dicymbium nigrum (Blackwall, 1834) : ce genre compte trois espèces en France dont deux sont présentes en Limousin. Le mâle de D. nigrum, espèce assez commune, se reconnaît à son apophyse tibiale assez développée et se terminant en hameçon recourbé vers l’extérieur. Il peut mesurer jusqu’à 2,4 mm et sa femelle jusqu’à 2,6. Cette araignée fréquente les pelouses et les prairies ou les lisières à herbe courte à mi-haute et, selon nos observations, peut se rencontrer à l’état adulte de février à novembre. La première mention fut une femelle observée le 27/04/1996 dans une touffe de Mibora minima, dans une pelouse de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui note deux autres femelles dans cette commune, le 21/03/1998, à Chavagnac, dans de l’herbe rase au pied d’une haie bien exposée. E. Duffey complète les sept fiches de ce département par quatre mentions, entre 1998 et 2003, dont une femelle le 12/12/1998, sept mâles le 19/03/2002, une femelle le 18/04/2002 et une autre le 01/06/2003, dans une prairie de fauche de Bussière-Poitevine, au lieudit Chez Gouillard et, le 29/05/2004, une dernière femelle observée aux Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne. L’espèce est mentionnée trois fois en 2009 par F. Lagarde en Creuse, dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud et tourbière des Salles). C’est en Corrèze que cette espèce a été le plus souvent notée puisqu’elle y fait l’objet de dix-huit mentions, dont douze, pour trente individus identifiés, entre 1997 et 2002, par B. Le Péru, à Saint-Etienne-aux-Clos, à diverses époques de l’année, pour la plupart dans de la mousse en bordure de forêt mais aussi dans la litière d’une forêt de hêtres, voire dans une allée de jardin. E. Duffey la signale à trois reprises dans un prairie au village du Dougnoux dans la commune d’Altillac, un mâle le 02/05/2007 ainsi que le 03/04/2008, et deux femelles le 01/06/2008. Les trois autres observations dans ce département, toutes en 2009, émanent de F. Lagarde, dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux) et celle de Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet, tourbière de Marcy).

Note de bas de page 28 :

cité sans indication de date par E. Simon dans le tome VI des « Arachnides de France » page 503

Dicymbium tibiale (Blackwall, 1836) : comme on a pu lire dans la première partie de cette étude, cette espèce, d’une longueur de 2,8 à 3,1 mm, avait été observée en Haute-Vienne à Saint-Just-le-Martel28 par H. d’Orbigny. Elle fut retrouvée d’abord par Eric Duffey qui captura deux femelles au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, le 20/01/2002, puis par F. Lagarde qui note sa présence en 2009 à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse. Voilà qui est loin de confirmer sa réputation de « commune » indiquée par Heimer & Nentwig (voir Bibliographie).

Diplocephalus cristatus (Blackwall, 1833) : sur les dix-neuf espèces de ce genre répertoriées en France, seules quatre d’entre elles ont été jusque là observées en Limousin. Diplocephalus cristatus est une espèce holarctique*, la plus grande des quatre, la femelle pouvant atteindre 2,4 mm. Bien que considérée comme commune, l’espèce n’a fait l’objet jusque là que de trois observations dans notre région, d’abord une femelle, le 16/08/1999, dans la mousse et l’herbe rase d’un vieux verger abandonné à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, par M . Cruveillier qui note également, le 27/06/2001, un mâle et deux femelles, en bordure de la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze, département où, le 14/03/2007, B. Le Péru mentionne une femelle en lisière d’un bois mixte près d’une rivière à Eygerols, dans la commune d’Eygurande. Cette espèce n’a donc pas fait l’objet de mention en Creuse à cette date.

Diplocephalus latifrons (O. P.-Cambridge, 1863) : le mâle et la femelle de cette espèce ont le corps de couleur anthracite et sont de taille identique (entre 1,5 et 2 mm). Selon le site « Spinnen Europas », les deux pourraient être rencontrés à l’état adulte toute l’année et fréquenteraient des milieux assez divers à l’exception des lieux secs. La seule mention de cette espèce en Limousin à l’heure actuelle est un mâle observé en février 2002 par B. Le Péru, dans la litière d’une hêtraie de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze.

Diplocephalus permixtus (O. P.-Cambridge, 1871) : assez semblable à la précédente pour ce qui concerne la couleur et la taille, cette espèce serait un peu plus liée aux milieux humides et serait rencontrée à l’état adulte, selon le site « Spinnen Europas » de Nentwig & al., durant l’automne et l’hiver. Le mâle a la particularité de présenter trois « griffes » à l’extrémité de l’apophyse tibiale. Des six citations de la base limousine cinq proviennent des piégeages au sol de F. Lagarde qui a récolté neuf exemplaires de cette espèce en 2009 dans trois communes de Creuse : à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Fontenelles du Chalard), à Royère-de- Vassivière (tourbière du Grand Puy, Combe Lépine) et à Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). L’unique donnée de Corrèze est une femelle, identifiée par M. Cruveillier, et qui avait été également récoltée par piégeage par M. Lefrançois dans une hêtraie à houx au Puy de Cournoux, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. Cette dernière capture ayant eu lieu dans la pemière quinzaine de juillet 2011, on est en droit de penser que la période de maturité de cette espèce commence un peu plus tôt que la fourchette indiquée plus haut.

Diplocephalus picinus (Blackwall, 1841) : si on avait rappelé l’histoire taxinomique de chacune des araignées traitées dans cet ouvrage, son volume en serait plus que doublé. Mais voici un cas où nous avons pensé que celle qui concerne cette espèce pourrait rompre la monotonie d’une lecture qu’il n’est pas aisé de rendre attrayante. Voici donc ce qui figure pour cette espèce, à la rubrique « Observations », dans la base de M. Cruveillier : « Parmi les surprises de la littérature arachnologique, on découvre que Bertkau avait créé en 1883 le genre Diplocephalus et que Simon créa, en 1884, le genre Plaesiocraerus pour y ranger bon nombre d'espèces. Ce dernier genre hébergera longtemps Plaesiocraerus picinus que Blackwall, en la décrivant 40 ans plus tôt, et ne disposant donc d'aucun de ces deux genres, avait classée comme "Walckenaera" (1), un des genres un peu fourre-tout de la première moitié du XIXe siècle. A l'évidence, Simon ne savait pas que Bertkau avait décrit, un an plus tôt que lui, le même genre mais sous le nom de Diplocephalus. Rien que de très habituel dira- t-on, surtout à une époque où les nouvelles se diffusaient moins vite que par internet. Lorsque la synonymie sera mise en évidence on rendra justice à Bertkau, vu son antériorité d'un an, et tout ce qui était Plaesiocraerus - il y avait pléthore - deviendra Diplocephalus. Mais où l'histoire se complique c'est que Simon crée aussi en cette même année 1884 le genre Entelecara où il rangera, entre autres espèces, une E. meticulosa dont on découvrira plus tard qu'elle n'est autre que Plaesiocraerus picinus alias Diplocephalus picinus. Simon avait une telle renommée que Wiehle, pourtant un autre géant de l'arachnologie, retenait encore le nom d'Entelecara meticulosa au début de 1960. Ne soyons donc pas surpris de trouver dans le fameux tome VI du Simon deux descriptions sous des noms différents (Plaesiocraerus picinus et Entelecara meticulosa), pour une seule et même espèce, Diplocephalus picinus. Et je vous passe la bonne douzaine d'autres alias par lesquels est passé l'état civil de cette pauvre araignée depuis sa première existence officielle, il y a plus de cent-soixante-dix ans. Comment une bestiole de 1,5 mm de long a-t-elle pu faire autant parler d'elle ? J'espère bien qu'on lui a enfin octroyé sa carte d'identité définitive. [MRC 30/11/2013] (1) devenue par la suite Walkenaeria ». Cette espèce à l’abdomen d’un gris presque noir et aux pattes orange, dont le mâle mesure entre 1,2 et 2 mm et la femelle de 1,5 à 2,5 mm, est notée comme commune par Nentwig & al. Son éthologie et sa phénologie semblent pourtant assez mal connues. Elle fréquenterait plutôt les bois de feuillus. Elle n’a été observée en Limousin qu’à trois reprises, d’abord le 10 mai 1998 par F. Leblanc qui, par battage de branches, récolte vingt mâles et quatre femelles dans les environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse, département où un individu sera noté en 2009 par F. Lagarde, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles. E. Duffey est l’auteur de l’unique mention de Corrèze, un mâle, dans un jardin du village du Dugnoux, à Altillac, le 02/05/2007.

Dismodicus bifrons (Blackwall, 1841) : cette araignée doit son nom à la forme de la partie céphalique du mâle dont le haut, très surélevé, est divisé en deux « hémisphères » d’autant plus remarquables que leur couleur claire tranche avec le reste brun foncé du céphalothorax. Il y a lieu de distinguer cette apparente « bicéphalie », laquelle est perceptible en regardant l’animal de face, de celle qui est à l’origine du nom du genre précédent, Diplocephalus, lequel s’observe en le regardant de profil. D. bifrons est une espèce dont le mâle peut atteindre 2 mm et la femelle 2,5 mm, et qui se tient dans des habitats assez variés. Elle n’a pour le moment été observée qu’en Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru, toujours en mai, d’abord un mâle errant au sol dans un jardin en 2000, observation qui se répètera l’année suivante, et une femelle en 2002, dans une prairie en friche. Ces trois observations ont été faites au sol mais cela n’infirme pas forcément, vu leur petit nombre, que le micro-milieu habituel de cette espèce puisse être la végétation buissonnante comme l’indiquent Nentwig & al.

Dismodicus elevatus (C. L. Koch, 1838) : un peu plus grande que la précédente (la femelle peut atteindre 3 mm), cette espèce doit également son nom à la zone céphalique très surélevée du mâle mais qui se distingue de D. bifrons par l’absence de la dépression axiale que présente cette dernière et qui sépare cette zone en deux parties. Elle n’a fait l’objet que de quatre fiches d’inventaire, mais souvent avec un nombre important d’individus. La première mention du 16/06/1997 par M. Cruveillier, fait état de six femelles et trois mâles capturés par battage sur parapluie des branches basses d’une rangée de Douglas à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où E. Duffey capture au filet fauchoir, le 23/05/2000, deux mâles et dix-neuf femelles dans un bois de pins sylvestres et de genévriers, aux Dauges, dans la commune de Saint-léger-la-Montagne. Les deux mentions de Corrèze émanent de B. Le Péru qui observe dans un jardin, à Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle sur un poteau , à 1,6 m du sol, en mai 1997, et une femelle en juin 2002, au pied d’une haie de résineux. Toutes les captures ont eu lieu en mai ou juin et la plupart confirment la prédilection de cette espèce pour les branches basses des arbres, notamment des conifères. Elle est à rechercher en Creuse où rien ne semble s’opposer à sa présence.

Entelecara acuminata (Wider, 1834 : le genre Entelecara est représenté en France par onze espèces, dont cinq seulement ont fait l’objet de mentions en Limousin à cette date, et qui ont la particularité surprenante de n’avoir été vues qu’une fois chacune, toutes en Haute- Vienne. Cette petite araignée dont le mâle mesure de 1,8 à 2 mm et la femelle de 2 à 2,2 mm se rencontre adulte de mai à septembre dans les broussailles et les branches basses des arbres. Le mâle présente une zone oculaire très surélevée, plus haute que large. Bien que notée comme fréquente par Nentwig & al., seul un mâle de cette espèce est capturé, le 10/05/2013, par M. Cruveillier, sur les branches basses d’un cerisier de son jardin, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne.

Entelecara aestiva Simon, 1918 : Un mâle d’Entelecara aestiva a été signalé au lieudit La Côte dans la commune de Saint-Laurent-sur-Gorre le 02/06/2003, par P. Tutelaers, dans une liste dont il avait signalé la mise en ligne sur internet à M. Cruveillier.

Entelecara congenera (O. P.- Cambridge, 1879) : une femelle a été signalée dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne le 21/05/1999, par P. Tutelaers, dans une liste dont il avait indiqué la mise en ligne sur internet à M. Cruveillier. En dépit de récoltes systématiques durant plusieurs années dans ce site, cette observation n’a pu être renouvelée.

Entelecara erythropus (Westring, 1851) : à la page 511 du tome 6 de son ouvrage « Les arachnides de France », Eugène Simon indique que Louis Fage avait observé cette espèce en Haute-Vienne, sans indication de lieu ni de date. Il s’agit donc d’une mention antérieure à 1924, année du décès de Simon. Parmi les vingt-quatre espèces dont la présence en Limousin avait été mentionnée dans la littérature à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe, elle figurait jusqu’à la fin de 2013, parmi les espèces non retrouvées. Or un mâle a été capturé par M. Cruveillier, le 14/06/2014, dans l’herbe rase et la mousse, au pied d’un arbre d’un jardin, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Entelecara flavipes (Blackwall, 1834) : une femelle, a été signalée le long du ruisseau de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, le 21/05/1999, par P. Tutelaers, dans une liste dont il avait indiqué la mise en ligne sur internet à M. Cruveillier. En dépit de récoltes systématiques durant plusieurs années dans ce site, cette observation n’a pu être renouvelée.

Erigone atra Blackwall, 1833 : le genre Erigone, qui a donné son nom à la sous- famille, est représenté par quinze espèces en France, en comptant les sous-espèces, dont deux seulement, à cette date, ont été observées en Limousin. Les mâles présentent, au pédipalpe, une grande apophyse distale sous la patella et une série de dents sur le fémur, tous appendices dont la taille, la direction et la disposition sont prises en compte, entre autres critères, pour la détermination de l’espèce. Erigone atra est une espèce holarctique* dont la fourchette de taille évolue entre 2 et 2,8 mm et qui peut se rencontrer à l’état adulte toute l’année, la plupart du temps au sol, dans des habitats divers, à l’exception des milieux très secs. Elle est présente dans nos trois départements où elle figure dans dix-sept inventaires et où un mâle fut noté pour la première fois par M. Cruveillier, le 06/06/1997 dans de la litère de feuilles et de gazon coupé, à exposition ombragée, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où elle sera observée à trois reprises par E. Duffey dans une prairie de la commune de Bussière-Poitevine, au lieudit Chez Gouillard, d’abord un mâle le 12/02/1998, puis une femelle le 20/01/2002 et un autre mâle le 06/07/2003. Cette espèce a été mentionnée en Corrèze dans huit fiches d’inventaire, d’abord par O. Villepoux qui récolta un couple, le 15/07/1998, dans une zone de lande tourbeuse à sphaignes et Erica tetralix au Longeyroux, commune de Meymac, site où elle sera à nouveau notée en 2009 par F. Lagarde. B. Le Péru, de son côté, signale trois observations dans la commune de Saint-Etienne-aux- Clos, deux mâles en janvier 1999 et un autre en septembre 2001, courant au sol dans un jardin, puis un autre mâle en janvier 2002 dans une prairie en friche. Toujours en Corrèze, une une femelle est notée par E. Duffey, le 13/06/2002, dans la lande de Bettu, à Chenailler- Mascheix. M. Cruveillier récolte, le 24/06/2004, dans de la mousse fraîche, un très beau spécimen de mâle, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac et, dans la commune d’Ambrugeat, un autre mâle dans une prairie dégradée bordant le lac de Sèchemailles, le 09/05/2011. Quant à F. Lagarde, il avait signalé la présence de deux individus de l’espèce au Ruisseau du Mazet, à Saint-Merd-les-Oussines, en 2009. Les quatre mentions concernant la Creuse se partagent entre F. Leblanc qui note un mâle, dans un bois de hêtres, au village de Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, le 11/04/1999, puis M. Cruveillier qui, dans la commune de Lussat, mentionne d’abord un couple au hameau du Genévrier pès de l’étang des Landes, le 22/06/2000, et, le 07/08/2009, un mâle, dans un secteur herbeux proche de l’étang de Tête de Bœuf, et enfin F. Lagarde qui signale l’observation de neuf animaux de l’espèce à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles, en 2009.

Erigone dentipalpis (Wider, 1834) : très commune partout en Europe où elle peut être vue à l’état adulte toute l’année dans des milieux très divers, cette araignée de 2 à 2,5 mm est de loin l’Erigone la plus observée en Limousin. Elle figure, souvent en nombre important, dans quarante-deux fiches d’inventaire dont dix-neuf en Corrèze, neuf en Creuse et quatorze en Haute-Vienne où eut lieu la première observation, un très beau spécimen de mâle, capturé au pied d’une haie, côté est, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. Celui-ci notera également dans cette commune, le 04/06/1998, un couple dans de la repousse courte de callune, au lieudit le Mas Gaudeix et, le 25/06/1999, un autre couple dans une touffe de fétuque, sur un talus de chemin. Toujours en Haute-Vienne, elle est mentionnée à huit reprises par E. Duffey, entre 1998 et 2004, cinq mâles et trois femelles, dans les mois de janvier, avril, mai et juin, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, et, le 23/05/2000, un mâle au filet fauchoir, dans une zone à Eriophorum de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où, dans une récolte par piège Barber de P. Durepaire, de juin 2000, il trouvera dix-neuf mâles, et où, dans une récolte par tente Malaise du 29/06/2013, M. Cruveillier déterminera un autre mâle. A l’exception d’un mâle, récolté le 18/05/2009 par M. Cruveillier, dans une clairière moussue au bord de l’étang de Tête de Bœuf dans la commune de Lussat, les autres observations de Creuse se partagent entre F. Leblanc qui, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, récolte un mâle à Pétillat, le 10/07/1997, et un autre à Concizat le 28/12/1998), et F. Lagarde qui note d’abord un mâle, le 02/08/2006 aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière où il notera encore l’espèce en 2009 ainsi qu’au Bois des Pialles et, toujours en 2009, dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs). En Corréze, l’espèce fut d’abord notée par O. Villepoux qui récolta une femelle sur de la tourbe nue dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac, le 16/07/1998 et, le surlendemain, une autre femelle sur un radeau de sphaignes et de buttes herbacées, dans la tourbière de l’étang de Chabannes à Tarnac. M. Cruveillier récolte un couple, le 02/06/2002, à la base de poacées courtes au bord d’une pelouse proche de la station de pompage du Soulier, dans la commune de Chasteaux. E. Duffey la note à trois reprises, toujours en juin, en 2002 et 2003, dans la lande serpentinique de Bettu à Chenailler-Mascheix et, le 18/06/2008 au Puy Turlau dans la commune de Végennes. B. Le Péru la cite à sept reprises entre 1998 et 2001, errant au sol dans un jardin de la Gare de Savennes, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos. Les autre mentions de Corrèze, toutes de 2009, sont de F. Lagarde et concernent les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy) et de Viam (Roche du Coq Mont Gradis).

Erigonella hiemalis (Blackwall, 1841) : bien que notée comme très commune dans le site internet de Nentwig & al., cette petite araignée de 1,5 à 1,9 mm, qu’on peut observer adulte en toute saison dans la litière des milieux humides, n’a été mentionnée chez nous que quatre fois et seulement en Corrèze. B. Le Péru note la récolte d’une femelle en avril 2001, dans la mousse d’une prairie en friche à Saint-Etienne aux-Clos, observation répétée en avril de l’année suivante. M. Cruveillier fait une observation analogue, le 18/05/2002, près du village de Veyrières dans la commune de Feyt et F. Lagarde la signale dans la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les-Oussines, en 2009.

Erigonella ignobilis (O. P.-Cambridge, 1871) : cette petite espèce de 1,5 mm fréquente les milieux très humides. E. Duffey identifie une femelle dans une récolte de P. Durepaire, du 29/05/2004, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne. L’espèce sera mentionnée en Creuse, en 2009, à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles, par F. Lagarde lequel la signale la même année dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, en Corrèze, département où M. Cruveillier identifie une femelle récoltée par piégeage au sol, le 05/07/2011, par M. Lefrançois, dans un radeau à trèfle d’eau au lieudit La Gane, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. Cette dernière observation est d’autant plus intéressante que les mois de juin et juillet n’ont pas été retenus par certains auteurs, dont Nentwig & al., pour la période de maturité de l’espèce.

Gnathonarium dentatum (Wider, 1834) : ce genre ne compte que sept espèces dans le monde, sous-espèce comprise, dont G. dentatum est la seule en Europe. Cette araignée paléarctique au céphalothorax couleur d’ambre et à l’abdomen gris presque noir, ainsi nommée à cause d’une protubérance en forme de dent acérée sur les chélicères, mesure de 2,2 à 2,8 mm et fréquente les lieux humides, particulièrement les bords de rivière ou d’étang. Elle est présente dans nos trois départements où elle figure dans dix-neuf fiches d’inventaire. La première mention est de Haute-Vienne et remonte au 20/05/1997, quand M. Cruveillier récolte une femelle dans une petite touffe de poacées surplombant la rive de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, observation qu’il répète le 24/06/2000, puis, le 26/04/2001, il cite une autre femelle dans une récolte de L. Chéreau, dans une prairie bordant le ruisseau de La Roubardie, près du hameau des Garabœufs. Il note par la suite dans cette même commune, ce même jour, dix mâles et trois femelles en battant les herbes surplombantes du bord du lac de La Roche, au-dessus d’une cuvette à demi immergée. Encore en Haute-Vienne, il signale un mâle, le 22/05/2000, puis un mâle et deux femelles, le 11/07/2001, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, ainsi qu’une femelle, le 28/06/2001, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et, le 28/08/2001, un mâle et une femelle au bord de la Roselle, au moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle. Les deux autres mentions pour ce département émanent d’E. Duffey qui capture une femelle au filet fauchoir en juillet 1999, puis un couple par piégeage au sol le 20/01/2002, au bord de son étang, au lieudit Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, l’espèce est notée quatre fois par M. Cruveillier, d’abord un mâle, le 29/07/2000, dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac, puis deux mâles et deux femelles le 18/05/2002 et une femelle le 23/07/2002 au bord du Chavanon, près du village de Veyrières, dans la commune de Feyt. E. Duffey note un mâle, le 20/06/2008, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac et F. Lagarde mentionne une présence de l’espèce en 2009 dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Enfin, M. Cruveillier identifie deux femelles et deux mâles, capturés le 05/07/2011, par piégeage au sol, par M. Lefrançois, dans un radeau à trèfle d’eau au lieudit La Gane, à Pérols-sur-Vézère, ce qui complète les citations concernant ce département. Les trois mentions pour la Creuse émanent de M. Cruveillier qui cite d’abord une femelle, le 18/06/2000, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, puis un couple, le 03/09/2001, au bord du Taurion, à Pontarion et enfin à nouveau à Lussat, un autre couple, au bord de l’étang de Tête de bœuf, le 13/06/2009. On remarquera le nombre important d’observations d’animaux adultes durant les mois d’été alors que, comme pour l’espèce précédente, ce sont ceux qui n’ont pas été retenus par certains auteurs pour la période de maturité de l’espèce, dont le site internet de Nentwig & al. « Spinnen Europas ».

Gonatium rubellum (Blackwall, 1841) : des neuf espèces du genre Gonatium répertoriées en France, deux seulement sont notées en Limousin. Nos deux Gonatium sont parmi nos plus grandes Erigoninae puisque les femelles peuvent atteindre 3,4 mm, les mâles étant un peu plus petits. On peut les rencontrer surtout dans les bois, dans la litière ou au pied de la végétation basse. Gonatium rubellum, est une espèce de couleur brun orangé qui peut être observée adulte toute l’année. Elle n’a pas encore été signalée en Haute-Vienne. Sa première mention est une femelle récoltée en novembre 2001 par B. Le Péru dans de la mousse, sur des rochers, en lisière d’une forêt très humide de la commune de Saint-Etienne- aux-Clos, en Corrèze, département où M. Cruveillier récolte également une femelle dans de la litière prélevée le 18/05/2002, dans un bois humide au bord du Chavanon dans la commune de Feyt. De son côté F. Lagarde apporte les trois autres citations de Corrèze, toutes en 2009, à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet) et à Viam (Roche du Coq Mont Gradis). En Creuse, B. Le Péru signale une femelle, le 25/04/2007, dans un site de forêt mixte avec prairie marécageuse à La Nouaille, dans la commune de Flayat, les trois dernières mentions, toutes de 2009, émanant de F. Lagarde dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud et tourbière des Salles) et à Royère- de-Vassivière (tourbière du Grand Puy).

Gonatium rubens (Blackwall, 1833) : cette espèce est d’apparence très semblable à la précédente sauf pour certains exemplaires dont l’abdomen peut être presque noir. L’épigyne permettra aisément de déterminer les femelles mais, pour les mâles, outre les genitalia* on devra, pour les distinguer, porter l’attention sur la patella et le femur du pédipalpe. Nentwig & al., dans leur site internet, indiquent une période de maturité allant de fin mai à début septembre mais nous avons de bonnes raisons de penser, compte tenu de nos observations et de celles de collègues de l’Association Française d’Arachnologie, que cette espèce peut être rencontrée adulte toute l’année, comme l’espèce précédente. Assez bien représentée en Limousin cette espèce y figure dans vingt-quatre fiches d’inventaire pour plus de quarante exemplaires déterminés. La première mention, en Haute-Vienne, date d’ailleurs de décembre 2000, quand M. Cruveillier identifie deux femelles capturées par piégeage par P. Durepaire dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Il identifiera plus tard un mâle capturé le 28/09/2006, par S. Déjean, dans de la repousse de bruyère de la lande du Cluzeau, dans la commune de Meuzac. B. Le Péru est l’auteur de neuf citations sur les onze qui concernent la Corrèze, dont huit dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle dans de la mousse au sol, dans une forêt humide en octobre 1997, une femelle errant au sol dans un jardin en avril 1999, deux femelles dans une prairie en fiche en février 2001, trois femelles dans une prairie à 700 m d’altitude en août 2001, deux femelles dans la même prairie en septembre 2001 puis une autre femelle en octobre et une autre en novembre de la même année, puis un mâle et deux femelles dans la prairie en friche déjà citée, en août 2002. Sa dernière citation de Corrèze est une femelle, capturée le 16/03/2007, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines. Les deux autres données pour ce département proviennent des inventaires de F. Lagarde qui, en 2009, signale la présence de l’espèce dans cette dernière commune à la tourbière du Rebourzeix et, dans la commune de Tarnac, dans la tourbière de l’étang de Chabannes. Pour la Creuse, à l’exception d’une femelle notée par B. Le Péru, le 25/04/2007, dans un site comportant une forêt mixte et une prairie marécageuse à La Nouaille dans la commune de Flayat, les dix autres citations, dont une femelle, le 14/06/2006, au Bois des Pialles, à Royère-de-Vassivière et toutes les autres de 2009, sont de F. Lagarde et concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), de Gentioux- Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade), de Royère-de-Vassivière à nouveau (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure), et enfin de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Gongylidiellum latebricola (O. P.-Cambridge, 1871) : cette petite araignée de 1,5 mm de long fréquenterait, selon Nentwig & al., surtout les bois humides, où on peut la rencontrer adulte d’avril à septembre, dans la litière et la mousse. Nos observations, si elles confirment la saison de maturité, et, dans plusieurs cas, sa présence en milieu boisé, attestent qu’on peut aussi la renconter dans des milieux ouverts et pas forcément humides. La Corrèze et la Creuse se partagent dix-sept des dix-huit fiches de citations de cette espèce en Limousin. B. Le Péru observe pour la première fois un mâle au pied d’une haie de résineux dans un jardin, en mai 2000, et deux mâles en ce même lieu en avril 2002, une femelle dans la mousse humide d’une prairie en friche en avril 2001, et une autre en août 2002, dans une forêt humide, tout cela dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze. Dans ce département, F. Lagarde signale cette espèce dans la tourbière du Longeyroux à Meymac, au Ruisseau de Chamboux à Peyrevade et au Ruisseau du Mazet à Saint-Merd-les-Oussines, commune où M. Cruveillier identifie deux mâles capturés par piégeage par M. Lefrançois à la Font Clare, l’un le 23/06/2011 dans une tourbière haute et l’autre le 07/07/2011 dans une lande à Callune proche. Il identifie également un autre mâle, capturé le 12/07/2011, dans une prairie paratourbeuse à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. Les sept citations de Creuse proviennent des inventaires de F. Lagarde qui note d’abord un mâle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, commune où il l’observe à nouveau en 2009, dans cette même tourbière ainsi qu’au bois des Pialles, à la Croix de Fayaud et dans la tourbière des Chabannes. Il la note également à la Ferme de Lachaud et aux Fontenelles du Chalard, dans la commune de Gentioux-Pigerolles. L’unique mention de Haute-Vienne est une femelle trouvée par M. Cruveillier, le 17/06/2013, dans de la litière de mousse et de feuilles mortes d’un bosquet ombragé, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac.

Gongylidiellum vivum (O. P.-Cambridge, 1875) : assez semblable à la précédente par la taille et les mœurs, cette araignée a fait l’objet d’une quinzaine de fiches d’observation en Limousin. Nentwig & al. écartent les mois de juin, juillet et août de la période où l’espèce pourrait être rencontrée adulte. Or plusieurs de nos observations d’animaux parfaitement adultes ont eu lieu en juin et juillet, à commencer par la première femelle qui est de juillet 1999, dans la partie humide d’une prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey, auteur des dix fiches de Haute-Vienne dont neuf dans ce même site, de mars à juillet, entre 2000 et 2004 représentant seize mâles et deux femelles. Sa dixième mention pour la Haute-Vienne est une femelle « ramassée à la main dans des sphaignes », le 29/05/2001, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. La première citation de Creuse date du 18/06/2000, quand M. Cruveillier récolte une femelle par tamisage de débris prélevés dans un sentier d'herbe rase et humide au bord de l’étang des Landes, à Lussat. La deuxième observation de ce département émane de F. Lagarde, en 2009, à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles. Il signale également en 2009 la présence de l’espèce dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, en Corrèze, département où M. Cruveillier la note à deux reprises dans la commune de Pérols-sur-Vézère, à partir de récoltes par des piégeages au sol de M. Lefrançois, d’abord un mâle du 05/07/2011, dans une prairie acide, à La Gane, puis un autre du 12/07/2011, dans une prairie paratourbeuse à Ars.

Gongylidium rufipes (Linné, 1758) : cette araignée au céphalothrax brun foncé et à l’abdomen gris anthracite, est l’une des plus grandes de la sous-famille des Erigoninae puisque la femelle atteint parfois 3,8 mm. Elle est présente dans nos trois départements mais n’y est sans doute pas commune puisqu’elle n’a été notée qu’à quatre reprises en tout, à chaque fois un mâle. La seule mention pour la Haute-Vienne figure dans la mise en ligne sur internet d’un inventaire, réalisé le 21/05/1999, par P. Tutelaers, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la Montagne. Un autre mâle, récolté le 13/06/2009, par M. Cruveillier, dans de la mousse humide au pied d’un chêne au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, est aussi l’unique observation pour la Creuse. B. Le Péru est l’auteur des deux citations de Corrèze, à Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle en mai 2000, dans une prairie humide puis un autre en juillet 2002, dans des herbes, à la lisière d’une forêt également humide. Ces quelques observations, si elles confirment le choix des lieux humides par cette espèce, montrent qu’il faut accueillir les indications de fréquence et de phénologie avec prudence car elles sont liées, la plupart du temps, à des contextes géographiques et climatiques qui diffèrent souvent de ceux d’où proviennent vos propres données. A titre d’exemple, cette espèce est indiquée comme fréquente (häufig) dans le site internet « Spinnen Europas » et les mois de juin, juillet et août y sont écartés, comme les mois d’hiver, des périodes de maturité de l’espèce.

Note de bas de page 29 :

On consultera avec profit les notes et les dessins de Jacques Denis sur le gentre Trichoncus, qui figurent dans sa publication de 1965 citée dans la bibliographie ainsi que la publication de J. Wunderlich. Je remercie au passage mon ami Jean-Claude Ledoux qui dispose d’une bibliothèque aussi riche que sa mémoire et à qui je dois d’avoir pu prendre connaissance de ces notes.

Heterotrichoncus pusillus (Miller, 1958) (ex Trichoncus pusillus) : cette petite araignée, seule représentante de son genre, doit à son excès de confiance de figurer dans la base arachnologique du Limousin. En effet, si la femelle qui se trouvait sur un fil de soie tendu entre deux brins de fétuque, le 20/06/2010, sur la pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, y était restée immobile, elle aurait à coup sûr échappé au regard de M. Cruveillier. Mais elle commit l’erreur de se déplacer. Sa taille modeste (1,3 mm) et sa couleur générale sombre, à l’exception de ses pattes, lui auraient assuré un bon camouflage sur le fond de gravillons de serpentine au-dessus duquel elle se tenait. Et, bien que l’objet de ce travail ne soit pas la détermination des espèces, ce cas mérite une petite exception dans la mesure où il n’est pas simple et où il illustre assez bien la situation devant laquelle on peut souvent se trouver. Cette espèce n’étant pas présente en Grande-Bretagne, on ne la trouve pas dans les clés de M. J. Roberts. Elle figure dans la clé des Linyphiidae d’Anna Stäubli incluse dans le site internet « Spinnen Europas » mais il faut avoir une assez bonne connaissance de l’anglais ou de l’allemand pour y recourir. Reste donc, pour ceux qui n’ont pas cette chance, et à condition qu’il s’agisse d’une femelle, la clé de détermination de Jacques Denis où il ne faudra pas rechercher le genre Heterotrichoncus puisque la dernière révision de sa clé est de 1950 date à laquelle ce genre n’était pas encore connu et que l’espèce ne sera décrite par Miller, en Tchécoslovaquie, que huit ans plus tard et sous le nom de Trichoncus pusillus. C’est donc d’abord à la clé de ce dernier genre qu’il faut s’intéresser. Bref, lorsqu’on a constaté qu’il n’y a pas de trichobothrie* sur le métatarse IV, que les tibias des pattes antérieures ont une seule épine supère et que cette épine est assez nettement plus longue que le double du diamètre de ce tibia on s’oriente vers les Trichoncus (sensu lato). Il reste alors à comparer ce qu’on observe avec les dessins qui figurent dans le site internet cité plus haut, à condition de savoir qu’une révision de 1970 par J. Wunderlich a sorti l’espèce pusillus du genre Trichoncus29 pour en faire l’espèce type du nouveau genre Heterotrichoncus qu’il a créé pour l’occasion. Tout cela pour conclure que certaines déterminations peuvent prendre beaucoup de temps, que cette bête est certainement rare et qu’elle aime sans doute les milieux secs à herbe rase. L’observation citée a eu lieu dans la commune de Meuzac, en Haute- Vienne, et représente la seule mention en Limousin à cette date.

Hylyphantes graminicola (Sundevall, 1829) : les deux espèces de ce genre présentes en France ont été observées en Limousin. Cette araignée à l‘abdomen noir et au céphalothorax brun orangé, qui dépasse rarement 3 mm, occupe la même niche écologique que Gnathonarium dentatum. Deux femelles sont observées pour la première fois par E. Duffey dans la végétation de bordure d’un étang, à Rancon, en Haute-Vienne, le 29/04/2000, et un mâle est noté le 24/06/2000, dans ce même département, au bord du ruisseau de la Celle du Cluzeau, dans la commune de Meuzac, par M. Cruveillier qui avait signalé une femelle deux jours plus tôt, sur le bord de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, commune de Lussat, en Creuse. Une femelle est mentionnée dans ce dernier département, le 25/06/2007, sur un arbuste, à 1,5 m du sol, au bord de l’étang de Méouze, par B. Le Péru, à Saint-Oradoux-de- Chirouze, et enfin, le 13/06/2009, M. Cruveillier récolte un très beau spécimen de f emelle au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. Cette espèce est donc à rechercher en Corrèze où elle n’a pas encore été observée.

Hylyphantes nigritus (Simon, 1881) : cette araignée se distingue de la précédente, dont elle partage l’habitat, par son céphalothorax noir, comme son abdomen, d’où elle tient son nom. Un mâle a été observé pour la première fois le 23/07/2002, par M. Cruveillier, dans les herbes bordant le Chavanon dans sa haute vallée, dans la commune de Feyt en Corrèze, département où trois femelles sont capturées au filet fauchoir, le 18/06/2003, au bord d’un chemin d’accès à la lande de Bettu, dans la commune de Chenailler-Mascheix, par E. Duffey lequel notera l’espèce à deux reprises, cinq femelles et trois mâles le 30/05/2003, dans une récolte par piège Barber, et un mâle le 29/06/2004, dans la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, puis à nouveau en Corrèze, le 12/07/2005, une femelle dans une prairie humide au bord du ruisseau du Soulier, dans la commune de Chasteaux. Cette espèce est donc à rechercher en Creuse où elle n’a pas encore été vue.

Note de bas de page 30 :

Ne pas confondre cette station qui est un bois tourbeux de la commune de Royère-de-Vassivière en Creuse avec une station homonyme de la commune de Pérols-sur-Vézère en Corrèze

Hypomma bituberculatum (Wider, 1834) : si on se limite à une observation frontale un peu hâtive du mâle de cette araignée à l’abdomen noir et au céphalothorax brun orangé, on est frappé par sa ressemblance avec Dismodicus bifrons dont il présente à la fois l’élévation et la division en deux lobes du haut de la partie céphalique. Une observation plus attentive permet de noter que, chez H. bituberculatum, les deux lobes sont moins larges et plus allongés et le sillon longitudinal qui les sépare plus profond. La disposition oculaire est également bien différente surtout en ce qui concerne les yeux médians postérieurs nettement plus écartés l’un de l’autre que les médians antérieurs et plus rapprochés de ces derniers que chez D. bifrons. De toute façon, l’examen des genitalia*, toujours indispensable, permet de dissiper les doutes. Cette espèce, dont la femelle peut atteindre 3 mm (2,5 mm pour le mâle) se rencontre adulte au printemps et en été et montre une préférence pour la végétation de bordure des eaux. Bien que son auteur ne l’ait signalée qu’en septembre 2001, on peut considérer que la première observation est celle d’une femelle, par F. Leblanc, en mai 1998, au bord de l’étang des Mouillères, au lieudit Chasselines, dans la commune de Saint-Michel-de-Veisse, en Creuse, département où elle fera l’objet de cinq autres mentions, d’abord par M. Cruveillier, le 03/09/2001, une femelle, au bord d’un petit bief longeant le Taurion, à Pontarion, puis le 14/05/2006 par F. Lagarde, trois femelles dans un bois tourbeux de La Gane30, dans la commune de Royère-de-Vassivière, site où il répètera l’observation en 2009. Toujours en Creuse, B. Le Péru note une femelle, le 10/04/2007, dans une prairie marécageuse de Saint- Merd-la-Breuille et, le 13/06/2009, une autre femelle est récoltée au bord de l’étang de tête de Bœuf, à Lussat, par M. Cruveillier. Ce dernier est l’auteur des trois observations pour la Corrèze, d’abord un couple, le 23/07/2002, dans des herbes surplombant le Chavanon dans sa haute vallée près du village de Veyrières, dans la commune de Feyt, puis deux mâles dans la commune de Meymac, l’un le 07/05/2011, dans la tourbière du Longeyroux et l’autre, le surlendemain, au bord du Lac de Sèchemailles. En Haute-Vienne, P. Tutelaers signale, dans un inventaire du 21/05/1999, mis en ligne sur internet et déjà évoqué précédemment, une femelle capturée le long du ruisseau des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où, le 22/06/2001, un mâle et trois femelles seront récoltés en bordure de ce même petit ruisseau par M. Cruveillier à qui on doit les deux autres observations de Haute-Vienne, le 26/04/2001, trois femelles et deux mâles récoltés au-dessus d’une cuvette partiellement immergée, par battage des herbes surplombant la rive du lac de La Roche, à Meuzac et, le 11/07/2001, un couple capturé par une méthode analogue au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige.

Note de bas de page 31 :

La clé de Jacques Denis, évoquée plus haut, est une clé des genres. Cette espèce ayant connu de très nombreuses révisions, elle a été classée un temps dans le genre Enidia qui est celui retenu par J. Denis pour Hypomma.

Note de bas de page 32 :

Rappelons que les pattes des araignées sont numérotées de I à IV, de l’avant vers l’arrière

Hypomma cornutum (Blackwall, 1833)31 : assez semblable à la précédente mais un peu plus petite et présentant un céphalothorax gris brun foncé et, chez le mâle, des lobes céphaliques moins rapprochés, cette espèce se distingue des autres du genre Hypomma par l’absence de trichobothrie* sur le métatarse de la patte IV32, caractère qui n’est perceptible que sous un grossissement d’au moins trente à quarante fois. On peut la rencontrer adulte à la fin du printemps et durant les premiers mois d’été sur la végétation buissonnante ou les branches basses des arbres. F. Leblanc nous a signalé en septembre 2001 l’observation d’une femelle, datant du 08/05/1998, à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse, département où M. Cruveillier a récolté également une femelle, le 24/07/2000, dans une bordure herbeuse de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat. L’espèce n’a pas été observée en Corrèze à cette date et les trois observations de Haute-Vienne, toutes des femelles récoltées par filet fauchoir dans une haie bordant une prairie, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, en juillet 1999 puis le 30/04/2000 et le 07/05/2003, proviennent d’E. Duffey.

Jacksonella falconeri (Jackson, 1908) : en dépit des apparences, Jackson n’a pas dérogé à l’usage qui veut qu’on ne donne pas son propre nom au taxon qu’on décrit. Il avait décrit cette espèce en 1908 dans le genre Maro et c’est Millidge qui, en 1951, en fit l’espèce type du genre Jacksonella qu’il créa en son honneur. C’est une toute petite araignée d’un millimètre, au corps brun clair qu’on peut récolter adulte peut-être toute l’année principalement dans des milieux secs. En Limousin, elle a fait l’objet de huit fiches d’inventaire, toutes en 2009, et n’a été récoltée que par piégeage au sol par F. Lagarde sur des pelouses à nard, des buttes à Ericacées, des landes à ajonc nain. A l’exception d’une observation en Corrèze, au Longeyroux, dans la commune de Meymac, toutes les autres proviennent de sites creusois et concernent les communes de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard où 24 individus sont récoltés, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs avec onze individus, les Salles avec vingt-deux individus) et de Royère-de-Vassivière (le Grand Puy, La Mazure). Selon F. Lagarde, dans un même site, l’espèce semble concentrée sur de petites placettes où elle peut être relativement abondante alors qu'elle est absente ailleurs sur le site.

Lessertia dentichelis (Simon, 1884) : cette araignée au corps brun clair, présente dans de nombreuses contrées du monde, assez grande pour une Erigonide puisque la femelle peut mesurer 3,5 mm, n’a fait l’objet que d’une seule fiche d’inventaire par M. Cruveillier qui récolta deux femelles en triant des débris organiques rapportés le 24/06/2004 de la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, en Corrèze. Bien que J.-C. Ledoux, qui a examiné les animaux penche également pour L. dentichelis, M. Cruveillier indique que ces deux femelles étaient subadultes et qu’il ne peut absolument confirmer sa détermination dans la mesure où certains caractères importants pour parvenir à une certitude n’étaient pas perceptibles. C’est donc une espèce à rechercher dans les lieux humides qu’elle affectionne et particulièrement dans le site de Chabannes d’où proviennent les deux femelles récoltées.

Lophomma punctatum (Blackwall, 1841) est une araignée d’environ 2,5 mm de long, au céphalothorax brun et l’abdomen gris, qui fréquente également les milieux humides. Elle a fait l’objet de quatre citations en 2009 par F. Lagarde, sans plus de précision sur le mois ni mention du sexe, dont une en Corrèze dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, et trois en Creuse, deux dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard et Ferme de Lachaud) et une dans la commune de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud).

Maso gallicus Simon, 1894 : cette petite araignée de 1,5 mm, au prosoma* brun et à l’abdomen gris-brun, fréquente les milieux humides, voire marécageux. Sa réputation de rareté indiquée par Nentwig & al. est largement justifiée en Limousin puisqu’elle n’y a été mentionnée que deux fois, d’abord une femelle qui se trouvait dans de la mousse humide prélevée le 22/06/2000 par M. Cruveillier au bord de l’étang des Landes, dans la commune de Lussat, en Creuse, puis un couple récolté par filet fauchoir, le 13/06/2002, par E. Duffey, au bord d’un chemin d’accès à la lande de Bettu, dans la commune de Chenailler-Mascheix, en Corrèze.

Maso sundevalli (Westring, 1851) : peut-être très légèrement plus grande que la précédente mais d’aspect semblable, cette espèce holarctique* fréquente également les milieux humides où elle pourrait être rencontrée adulte en toute saison. Largement répartie en Europe elle y est considérée comme fréquente. En Limousin, elle ne fait pourtant pas un meilleur score que la précédente. Le 25/05/1997, M. Cruveillier récolte une femelle dans de la mousse humide et de l’herbe prélevée sous des saules en bordure du ruisseau de la lande tourbeuse de la Roubardie, près du hameau des Garabœufs, à Meuzac, en Haute-Vienne. La deuxième mention est de F. Lagarde qui récolte un exemplaire par piégeage au sol en 2009 aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière, en Creuse.

Mermessus trilobatus (Emerton, 1882) (ex Eperigone trilobata) est une espèce dont les deux sexes mesurent entre 1,5 et 2 mm, qui fréquente des milieux assez divers et pourrait être rencontrée adulte toute l’année. Originaire d’Amérique du Nord, sa présence en Europe a d’abord été signalée en Allemagne, en 1982, et en Grande-Bretagne, puis en Suisse en 1990, en Italie et enfin en France où elle aurait été déjà observée en Anjou et en Auvergne. En Limousin, les sept exemplaires, tous sexes confondus, récoltés par F. Lagarde ont été capturés par piégeage au sol entre 2007 et 2009, en Creuse, dans le seul site de la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles. Un huitième, un bel exemplaire de mâle, capturé dans une tente Malaise, le 14/08/2013, par P. Durepaire, lors d’une campagne d’étude sur les Syrphidés dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, a été identifié et mis en collection par Cruveillier.

Note de bas de page 33 :

Observation ancienne renouvelée. (Voir première partie de cet ouvrage, page 9).

Metopobactrus prominulus (O. P.-Cambridge, 1872)33 : cette petite araignée holarctique* au céphalothorax brun noir et à l’abdomen grisâtre, d'environ 1,5 mm pour le mâle et jusqu’à 1,8 mm pour la femelle, évolue au ras du sol dans les milieux ouverts et se rencontre adulte durant les mois d’été. Notée comme « rarement rencontrée » dans le site internet Spinnen Europas de Nentwig & al., elle semble cependant bien représentée en Limousin où elle apparaît dans vingt-deux fiches d’inventaire pour plus de cent-cinquante individus examinés, tous récoltés par piégeage au sol et par F. Lagarde, à l’exception d’une seule récolte. La détermination de la femelle n’est pas toujours très évidente car son épigyne, bien que très particulière, est le plus souvent recouverte de fines soies et la présence conjointe d’un mâle permet souvent de conforter le diagnostic. Ce dernier présente en effet une surélévation conique accentuée et caractéristique de la zone céphalique. La première mention remonte au 26/07/2006 quand F. Lagarde récolta cinq femelles et deux mâles aux Ribières de Gladière dans la commune de Royère-de-Vassivière en Creuse, site où des observations se renouvelleront le 02/08/2006 (un mâle et quatre femelles) puis entre 2007 et 2009 (vingt individus). Il la rencontre également dans cinq autres sites prospectés de cette même commune, dans la tourbière des Chabannes, celle du Grand Puy, celle de La Mazure, à la Croix de Fayaud et à Combe Lépine. Toujours en Creuse, il la note dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, cette espèce est observée à six reprises, d’abord par F. Lagarde, entre 2007 et 2009 dans les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), de Saint- Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et par M. Cruveillier qui identifie un mâle capturé le 27/06/2011 par M. Lefrançois dans une lande à Erica cinerea et Ulex minor à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. Enfin, cette espèce, seule représentante en Limousin du genre Metopobactrus, lequel en compte quatre en France, n’a fait l’objet que d’une seule mention en Haute-Vienne à cette date, trois femelles, en septembre 2006, par F. Lagarde, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château.

Micrargus apertus (O. P.-Cambridge, 1871) : dire que cette espèce, qui mesure environ 2 mm et dont la biologie est mal connue, est difficile à distinguer de la suivante, Micrargus herbigradus, tient de l’euphémisme. « Si vous acceptiez de me dire comment vous arrivez à distinguer un mâle de Micrargus apertus d’un mâle de Micrargus herbigradus, vous rendriez un grand service à mes yeux fatigués » a écrit un jour votre serviteur à quelques amis, tous arachnologues chevronnés, mais dont les rares réponses n’ont guère fait avancer le problème. Malgré cette difficulté, F. Lagarde a pu mentionner cette espèce à huit reprises, d’abord en Creuse, le 01/08/2006, où il capture deux mâles et une femelle dans la tourbière de La Mazure à Royère-de-Vassivière, site où il mentionne l’espèce à nouveau en 2009, et, entre 2007 et 2009, il la note à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud) et à Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). Il la signale également en Corrèze dans cette même période à Meymac (tourbière de Ribière longue) et à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux et tourbière de Négarioux Malsagnes).

Micrargus herbigradus (Blackwall, 1854) : le lecteur se demandera peut-être pourquoi on peut être à peu près certain d’avoir déterminé un M. herbigradus plutôt qu’un M. apertus si, comme il est dit plus haut, ils sont si difficiles à distinguer. Les arachnologues ne sont pas plus infaillibles que les autres scientifiques et il leur arrive de faire des choix sur des critères qui ne sont pas tous visibles sur l’animal et qui font intervenir ce qu’ils savent de sa répartition, de sa fréquence, de sa biologie, de sa phénologie etc. Or les mœurs de Micrargus herbigradus, très présent dans toute l’Europe sans exception, sont abondamment décrites dans la littérature où il est partout mentionné comme commun. La première citation fut la récolte par E. Duffey, d’un mâle, le 23/05/2000, dans de la litière d’une lande à callune et myrtilles, avec quelques arbres, en périphérie de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, site où il déterminera un mâle, le mois suivant, dans une récolte par piège Barber de P. Durepaire. Il capturera un autre mâle le 04/04/2008, dans une prairie d’herbe mi- haute, au village du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze, département où B. Le Péru mentionne l’espèce à quatre reprises, d’abord dans de la mousse en lisière d’une forêt humide de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle en mai 2000, un mâle et deux femelles en mars 2002 et un autre mâle en août de la même année et, le 06/04/2007, un couple dans la forêt du Longeyroux, à Meymac. F. Lagarde, de son côté, la mentionne à cinq reprises dans ce département entre 2007 et 2009, à Meymac (tourbière du Longeyroux), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), à Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq Mont Gradis). En Creuse enfin, B. Le Péru récolte un mâle, le 10/04/2007, dans la litère d’une chênaie-hêtraie, à Saint-Merd- la-Breuille, et F. Lagarde mentionne l’espèce dans quatre sites entre 2007 et 2009, : à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud) et à Royère-de-Vassivière (tourbière de La Mazure).

Minicia marginella (Wider, 1834) : cette petite araignée se reconnaît assez facilement à sa couleur très claire, souvent presque blanche, sur laquelle se détachent en noir la zone oculaire et, chez les femelles, l’épigyne. Le mâle présente une surélévation presque sphérique de la partie céphalique recouverte de petites soies dressées. Ils sont tous les deux de forme générale un peu allongée, mesurent environ 1,5 mm de long et on peut les rencontrer à l’état adulte toute l’année, dans des zones de hautes herbes. Une femelle a été observée pour la première fois par M. Cruveillier, le 15/05/1998, dans une litière peu épaisse de mousse et de brins de fétuque dans la Lande du Cluzeau, commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Nentwig & al. affirment dans leur site internet qu’elle est rarement rencontrée et préfère les milieux chauds, indications que nos observations ne confirment qu’en ce qui concerne le milieu car plus de deux-cent-trente animaux de cette espèce ont été déterminés en Limousin, faisant l’objet de trente-huit fiches d’inventaire et qu’elle est donc bien présente dans nos trois départements. Effectivement, elle a pu être notée dans des milieux ensoleillés et même relativement secs comme au Cluzeau où une femelle fut revue le 24/04/2001 par J.-C. Ledoux et F. Leblanc, et, dans cette même commune, dans une prairie rase et ensoleillée, au pied d'une haie de noisetiers, un autre très bel exemplaire de femelle, noté par M. Cruveillier, le 05/12/2011. Mais l’essentiel des observations provient de piégeages réalisés dans des tourbières ou dans les landes qui leur sont souvent associées. C’est le cas de toutes les autres mentions notamment celles d’E. Duffey, le 23/05/2000 et le 30/05/2003, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne (récoltes P. Durepaire) et de F. Lagarde qui la note à deux reprises dans la tourbière de Bac à la Cube dans la commune de Peyrat-le-Château, pour rester en Haute-Vienne. Toutes les autres citations, soit plus d’une trentaine, émanent de ce dernier et proviennent de piégeages au sol, entre 2006 et 2009, dans la plupart des tourbières ou landes du Plateau de Millevaches. Cinq communes et dix sites sont concernés en Corrèze, dont Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), Saint-Merd-les-Oussines ( Les Communaux, lande de Marcy, Ruisseau de Chamboux, tourbière du Rebourzeix), Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), Viam (Roche du Coq-Estang). C’est en Creuse que les mentions sont de loin les plus nombreuses bien que pour le même nombre de communes dont : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, Combe Lépine, tourbière de La Mazure en 2006 et 2009, Bois des Pialles en 2006 et 2009, La Gane en 2006 et 2009), Saint- Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic), et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 34 :

c’est la seule mention qui confirmerait le milieu habituel de cette espèce (dans la mousse des bois de conifères) tel qu’il est indiqué dans le site de Nentwig & al. mentionné plus haut.

Minyriolus pusillus (Wider, 1834) : cette très petite araignée dont la taille évolue, pour les deux sexes, entre 1 et 1,3 mm, bien que signalée comme fréquente par Nentwig & al., n’a pas été observée en Haute-Vienne à l’heure actuelle. Les vingt et une fiches de citations dont elle a tout de même fait l’objet se partagent également entre la Creuse et la Corrèze, département où B. Le Péru récolta, en février 1999, le premier couple dans la mousse humide d’une prairie en friche à Saint-Etienne-aux-Clos, site où l’observation s’est répétée quatre fois, en décembre 2000 puis en mars, avril et mai 2001, pour un total de quinze individus auxquels il faut ajouter un mâle noté par ce même naturaliste dans la forêt du Longeyroux34, à Meymac, le 06/04/2007. Quatre autres mentions de Corrèze, toutes datées de 2009 concernent trois communes dont Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes) et Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix) et proviennent de F. Lagarde. Enfin, M. Cruveillier a déterminé, toujours dans ce département, quatre mâles provenant d’une récolte effectuée par M. Lefrançois dans une lande à Erica cinerea et Ulex minor du secteur d’Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, le 27/06/2001. Les dix citations de la Creuse en 2009, dans les communes de Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et de Royère-de-Vassivière (Bois des Pialles - une première fois le 14/05/2006 - puis en 2009, Croix de Fayaud, tourbière des Chabannes, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure), sont à mettre au crédit de F. Lagarde.

Moebelia penicillata (Westring, 1851) : seule espèce du genre Moebelia en France, cette petite araignée de 1,5 mm de long, qu’on peut trouver adulte au printemps et en été, semble limiter ses évolutions aux écorces des troncs d’arbres. Il faut donc croire que nous n’avons pas assez gratté les écailles d’écorce car elle est signalée comme très fréquente par Heimer & Nentwig et n’a pourtant été notée qu’une seule fois en Limousin à ce jour. Au cours d’un stage d’arachnologie organisé à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, un mâle fut capturé sous l’écorce d’un vieux cerisier le 26/04/2001, au village de Chavagnac, par B. Duhem qui assistait au stage. La détermination fut confirmée par J.-C. Ledoux, l’un des intervenants du stage.

Monocephalus castaneipes (Simon, 1884) : mesurant environ 1,7 mm pour le mâle et jusqu’à 2,2 mm pour la femelle, cette petite espèce est plutôt montagnarde et seul un mâle a été noté jusque là, dans de la mousse humide, par F. Lagarde, le 21/05/2009, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse.

Monocephalus fuscipes (Blackwall, 1836) : assez semblable à la précédente et un peu plus petite, cette espèce est légèrement mieux représentée chez nous que cette dernière. Sans être liée à un habitat particulier elle évolue surtout dans la mousse et la litière où on peut la rencontrer adulte toute l’année. Elle a été mentionnée quatre fois, d’abord en Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru qui trouva une femelle dans la mousse d’une prairie en friche, en octobre 1998, puis, en mars 2002, une autre femelle au sol dans une forêt humide, et enfin un couple, en mars 2007, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les- Oussines. L’espèce n’a pas encore été vue en Creuse et n’a été notée qu’une seule fois en Haute-Vienne par M. Cruveillier qui a récolté une femelle, le 16/03/2003, dans la mousse d’une prairie dégradée, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac.

Notioscopus sarcinatus (O. P.-Cambridge, 1872) : cette espèce au céphalothorax brun clair, un peu fumé, et à l’abdomen gris noir, dont le mâle n’atteint même pas 2 mm et dont la femelle peut les dépasser légèrement, affectionne les milieux très humides où elle peut sans doute être rencontrée adulte en toute saison bien que certains auteurs, comme Nentwig & al., en excluent le plein été. Comme elle évolue au ras du sol dans la mousse et les herbes, ce sont les naturalistes utilisant des pièges de type Barber qui ont le plus de chances d’en récolter, et elle est peut-être moins rare qu’il n’y paraît. Une femelle a été récoltée pour la première fois, par piégeage, par E. Duffey, dans un secteur humide de prairie, près d’un étang, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, département où M. Cruveillier a récolté une autre femelle, le 22/05/2000, dans une touffe de sphaignes, dans la bordure tourbeuse de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. L’espèce n’a pas encore été observée en Corrèze mais a fait l’objet de six fiches d’inventaire en Creuse, en premier lieu par M. Cruveillier qui, le 21/09/2000, récolte une femelle en bordure de l’étang des Landes, à Lussat, puis par F. Lagarde qui, en cinq inventaires, observe dix-sept animaux dans quatre communes dont Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), Gentioux-Pigerolles (Les Prés Neufs), Royère-de-Vassivière (tourbière de La Mazure, le 01/08/2006, puis en 2009) et Saint- Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Oedothorax agrestis (Blackwall, 1853) : des sept espèces du genre Oedothorax présentes en France, cinq ont été observées en Limousin. Ce sont des Erigonides d’assez grande taille puisque les femelles dépassent fréquemment les 3 mm. Le céphalothorax des mâles présente chez plusieurs espèces un « relief » tourmenté. Quant aux épigynes des femelles, on ne saurait en évoquer l’image mieux que cette fillette qui, devant le tome 2 de l’ouvrage de M. J. Roberts , « The Spiders of Great Britain and Ireland », ouvert à la page 59, avait demandé à l’auteur de ces lignes : « c’est quoi tous ces pots de chambre avec leurs grandes oreilles ? ». La comparaison est à retenir car elle est juste. On aura compris que la large « plage » centrale de l’épigyne constitue le corps du pot et que les spermathèques vues par transparence en sont les anses symétriques, les « oreilles ». On peut rencontrer Oedothorax agrestis à l’état adulte en toute saison dans les milieux ouverts humides. C’est E. Duffey qui, le premier, signala la capture d’une femelle au filet fauchoir, le 30/04/2000, dans de la végétation buissonnante en bordure de prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, ce qui resta longtemps la seule mention de Haute-Vienne, jusqu’en 2013 où, au cours d’un inventaire des Syrphidae par tente Malaise, par P. Durepaire, M. Cruveillier put identifier une femelle dans la récolte du 31 juillet et une autre dans celle du 14 août. L’espèce et notée deux fois en Creuse par M. Cruveillier, d’abord une femelle, au filet fauchoir, le 21/09/2000, dans les herbes de la bordure marécageuse de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, à Lussat et, le 03/09/2001, une autre femelle, également au filet fauchoir, dans une prairie très humide au bord du Taurion, à Pontarion. En Corrèze, une femelle est capturée par M. Cruveillier, le 09/06/2001, dans la prairie du Moulin du Cher, à Sarran, puis une autre femelle, le 27/06/2001, dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines. Ensuite, F. Lagarde récolte sept individus par piégeage entre 2007 et 2009 dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Enfin, M. Cruveillier identifie une femelle dans une récolte par piège Barber de M. Lefrançois, du 20/06/2001, sur une prairie à jonc acutiflore du site de La Gane, géré par le CEN du Limousin, dans la commune de Pérols-sur-Vézère.

Note de bas de page 35 :

L’adjectif apicatus décrivait celui qui portait un bonnet de flamen (prêtre romain). Bien souvent, le descripteur d’une espèce fait un choix relatif à un aspect particulier de l’animal. C’est ici un bon exemple de l’aide non négligeable à la détermination, que peuvent apporter au naturaliste de bonnes connaissances en latin. (C’est également vrai du grec).

Oedothorax apicatus35 (Blackwall, 1850) : cette espèce, dont la femelle peut atteindre trois millimètres alors que le mâle en dépasse rarement deux, tire son nom de la forme particulière de la partie céphalique du mâle dont le sommet surélevé évoque une tête légèrement penchée vers l’avant et coiffée d’un bonnet. Heimer et Nentwig (voir Bibliographie) écrivent que cette espèce est commune et qu'on la rencontre en milieu ouvert et humide, sa période de maturité étant l'été et l'arrière automne. Nous disposons de trop peu d’observations pour corriger ces indications mais cependant E. Duffey a récolté une femelle adulte dans un milieu herbeux sec le 03/05/2003 au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, département où le, 28/09/2006, M. Cruveillier récoltait un très beau spécimen de femelle dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. L’espèce n’a pas encore été observée en Corrèze et F. Lagarde est l’auteur de la seule mention de Creuse, le 14/05/2006, dans une aulnaie de rive, au lieudit Malvergne, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Oedothorax fuscus (Blackwall, 1834) : on pourra s’étonner de ce nom de fuscus, qui signfie sombre, pour une araignée qui ne l’est pas plus que certaines autres de son genre, comme O. retusus, par exemple. C’est que le genre Oedothorax n’a été créé par Bertkau qu’en 1883 alors que cette araignée avait été décrite par Blackwall un demi-siècle plus tôt, mais forcément dans un autre genre, Neriene en l’occurrence, où elle pouvait sans doute y être distinguée par sa coloration plus foncée. Sensiblement de la même taille que la précédente, elle justifie un peu mieux que cette dernière, au moins en Limousin, la réputation de commune qui lui est faite dans la littérature puisque elle figure chez nous dans treize fiches d’inventaire pour trente-huit animaux observés. La période de maturité indiquée dans le site de Nentwig & al. va de fin avril à fin octobre. Certaines de nos observations d’animaux adultes en janvier et février plaident en faveur d’un élargissement de cette fourchette. La première mention, par exemple, émanant d’E. Duffey, relate la capture d’une femelle par piège barber le 12/02/1998, dans un secteur humide de prairie, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Boitevine, en Haute-Vienne. Dans ce même site il notera un mâle et six femelles, le 20/01/2002, puis cinq femelles le 18/04/2002, une femelle le 22/05/2003 et cinq autres le 25/04/2004. Toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier avait capturé une femelle au filet fauchoir, le 04/06/1998, dans les herbes bordant le ruisseau des Baraques près du lieudit le Mas Gaudeix, à Meuzac et, dans cette même commune, trois femelles le 26/04/2001 dans la lande tourbeuse de La Roubardie, proche du hameau des Garabœufs. En Creuse il capture un mâle, également au filet fauchoir, le 22/06/2000, dans une prairie bordant l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat et, le 14/06/2003, trois mâles et une femelle dans des sphaignes au bord du ruisseau de la tourbière de La Mazure, à Royère-de Vassivière, commune où l’espèce sera notée en 2009, au Bois des Pialles, par F. Lagarde. En Corrèze, M. Cruveillier note deux femelles, le 23/07/2002, dans les herbes d’une clairière jouxtant la rive droite du Chavanon, dans la commune de Feyt, et le 24/06/2004, trois mâles et une femelle en bordure de la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Enfin, F. Lagarde signalera en 2009 la présence de l’espèce au Ruisseau du Mazet, dans la commue de Saint-Merd-les-Oussines.

Oedothorax gibbosus (Blackwall, 1841) : aurions nous l’esprit de contradiction ? Voilà que l’espèce O. apicatus, évoquée plus haut est signalée comme commune par Nentwig & al. alors qu’elle est très rarement observée chez nous et que Oedothorax gibbosus, le seul de nos Oedothorax signalé comme peu fréquent par ces auteurs, est chez nous le plus commun. « Vérité en deçà, erreur au delà », dit le proverbe. De fait, cette espèce, tout aussi sombre que la précédente, dont le mâle mesure environ 2 mm et la femelle jusqu’à 3 mm, ainsi nommée à cause de la bosse que présente le mâle, non pas au niveau céphalique mais plus en arrière vers la partie thoracique, a fait l’objet de vingt-trois fiches d’inventaire pour soixante-sept animaux identifiés. Le 19/07/2000 E. Duffey récolte deux mâles et six femelles dans des sphaignes détrempées de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, site où il mentionne encore deux femelles le 29/06/2001 et une autre le 29/06/2004, toujours dans des conditions semblables. En Creuse, mises à part deux mentions, une de M. Cruveillier, le 03/09/2001, d’une femelle dans un secteur très marécageux de l’Espace Pêche Nature de Pontarion, et une autre de B. Le Péru, le 10/04/2007, dans une prairie marécageuse de Saint- Merd-la-Breuille, toutes les autres citations émanent de F. Lagarde qui, le 01/08/2006, récolte trois mâles, ce qui se répètera en 2009, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de- Vassivière, commune où il note également l’espèce à Combe Lépine. Ses autres observations creusoises concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs), et de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). Pour ce qui est de la Corrèze, cette espèce est mentionnée dans neuf fiches d’inventaire, une femelle par M. Cruveillier, le 27/06/2001, dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, puis par B. Le Péru qui cite d’abord un mâle, en mai 2001, et un couple, en mai 2002, dans la mousse d’une prairie très humide de Saint-Etienne-aux-Clos, puis par F. Lagarde qui mentionne l’espèce en 2009 dans les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et de Viam (Roche du Coq Mont Gradis). Enfin M. Cruveillier identifie un mâle capturé par M. Lefrançois, le 20/06/2011, dans une prairie paratourbeuse à jonc acutiflore du site de La Gane, géré par le CEN du Limousin, dans la commune de Pérols-sur-Vézère.

Oedothorax retusus (Westring, 1851) : la première mention de cette espèce dans notre base de données est une femelle capurée par piégeage, en juillet 1999, par E. Duffey, dans un secteur de prairie humide, en bordure d’étang, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, observation qui s’est répétée le 29/05/2004. Semblable par la taille à O. agrestis, cette araignée presque noire aux pattes claires, dont le mâle mesure environ 2 mm et la femelle jusqu’à 3mm, qu’on peut observer adulte du milieu du printemps au milieu de l’automne, semble effectivement affectionner les milieux herbeux ouverts à proximité de l’eau, mais pas exclusivement puisque la troisième mention de Haute- Vienne est un couple capturé le 26/04/2001, par F. Leblanc (détermination confirmée par J.-C. Ledoux) sur les branches basses d’un arbre dans un vieux verger, loin de toute pièce d’eau, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. En Corrèze, B. Le Péru récolte d’abord une femelle en mars 2001, errant au sol dans un jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, commune où il note un mâle en juin 2002, puis une femelle en août, en bordure d’une forêt humide de la haute vallée du Chavanon, site à l’amont duquel une femelle sera mentionnée par M. Cruveillier, dans des herbes surplombant cette rivière, le 23/07/2002, dans la commune de Feyt. F. Lagarde, de son côté, signale la présence de l’espèce en 2009 dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux) et celle de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy). Enfin, toujours en Corrèze, M. Cruveillier identifiera une femelle dans une récolte de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une prairie tourbeuse d’Ars, à Pérols-sur- Vézère. Pour ce qui est de la Creuse, à l’exception de l’observation, par M. Cruveillier, d’une femelle, le 24/07/2000, dans la bordure herbeuse de l’étang des Landes près du Genévrier, dans la commune de Lussat, les quatre autres mentions émanent de F. Lagarde et concernent la commune de Gentioux-Pigerolles en 2009 (Ferme de Lachaud) et celle de Royère-de- Vassivière (Ribières de Gladière le 02/08/2006 puis en 2009 et tourbière de La Mazure en 2009).

Ostearius melanopygius (O. P.-Cambridge, 1879) : cette araignée holarctique* (Erigoninae pour certains, Linyphiinae pour Lockett & Millidge), dont le genre ne compte que deux espèces dans le monde, en est la seule représentante en Europe. Son abdomen beige rosé terminé, comme son nom le laisse entendre, par une zone noire, rend son identification assez facile à l’aide d’une loupe de terrain. Elle construit une toile en nappe, souvent d’assez grande dimension, étalée le plus souvent sur un tas de compost, de fumier ou de décombres. Il arrive fréquemment que les toiles de plusieurs de ces animaux soient juxtaposées, recouvrant ainsi d’importantes surfaces. Leur présence est un indice de rudéralisation du milieu. L’espèce n’a, pour le moment, été rencontrée qu’à trois reprises dans notre région, et d’abord une femelle de 2,2 mm, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, sur le compost d’un jardin, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, puis, le 12/06/2006, par E. Duffey, un mâle errant à l’intérieur d’une maison au village du Dougnoux, commune d’Altillac, en Corrèze. La dernière observation, en octobre 2010, par M. Cruveillier, est une femelle remise par un promeneur intrigué, et provenant d’un très grand tas de fumier presque entièrement recouvert de toiles par les très nombreux individus qui s’y trouvaient, dans un champ cultivé de la commune d’Ambazac, en Haute-Vienne.

Panamomops sulcifrons (Wider, 1834) : cette très petite espèce, de 1,2 à 1,5 mm pour les deux sexes, doit son nom à la forme nettement proclive* du bandeau*, évoquant le soc d’une araire, surtout chez le mâle, lequel présente, sur le haut et à l’avant de la partie céphalique, deux petites « cornes » qui permettent de l’identifier rapidement. Le 01/04/2007, au village du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze, E. Duffey a capturé un mâle dans un piège placé dans la pelouse de son jardin, à proximité d’une petite mare, observation qui confirme les indications de la littérature pour laquelle cette espèce, adulte au printemps, est censée préférer la proximité de l’eau. Plus tard, une femelle sera déterminée par M. Cruveillier dans une récolte par piégeage, du 23/06/2011, réalisée par M. Lefrançois dans une tourbière haute dégradée à Molinie, au site de la Font Clare, dans la commune de Pérols-sur Vézère. Et en Creuse, F. Lagarde a signalé sa présence en 2009 à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Parapelecopsis nemoralis (Blackwall, 1841) : voilà un contre-exemple de l’aide que la connaissance du latin peut parfois apporter pour orienter une détermination. Le mot nemoralis laisse entendre qu’il s’agit d’une araignée des bois. Or cette espèce, rare et qui peut être observée adulte en toute saison, n’est pas spécialement liée aux milieux forestiers. Blackwall, dont la description de 1841 était pourtant celle d’un mâle, a manqué d’inspiration car la tête du mâle, avec le haut de la partie céphalique, posé comme une sphère qu’on aurait rajoutée, aurait pu lui suggérer un choix plus approprié. Seule espèce limousine d’un genre qui en compte trois en France, cette araignée n’a été mentionnée que deux fois chez nous, en 2009, par F. Lagarde, d’abord dans la tourbière de Marcy à Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze, et au Ruisseau de Beauvais, dans la commune de Saint-Pierre-Bellevue, en Creuse.

Pelecopsis mengei (Simon, 1884) : sur les onze espèces du genre Pelecopsis que la France compte actuellement, trois ont été jusque là observées en Limousin, dont le niveau de présence est très inégal. Les mâles de nos Pelecopsis ont en commun une importante surélévation de la partie céphalique, mais avec quelques variantes dans la forme. Celui de Pelecopsis mengei mesurerait, selon Nentwig & al., de 1,6 à 2 mm. Lors d’un stage d’initiation à l’arachnologie animé par M. Cruveillier à la Station Universitaire du Limousin, S. Fouque, un stagiaire, récolta, le 07/05/2011, dans une partie très marécageuse de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, en Corrèze, une femelle de 2 mm, qui reste le seul exemplaire actuellement observé dans notre région de cette espèce holarctique*.

Pelecopsis parallela (Wider, 1834) : cette espèce paléarctique* est assez commune en Limousin où elle est mentionnée dans vingt-neuf fiches d’inventaire concernant soixante- quinze individus et couvrant les trois départements. Evoluant surtout au sol, dans des milieux herbeux humides, mais pas exclusivement, elle a été capturée presque toujours dans des pièges de type Barber. C’est ainsi que les douze fiches relatives à la Haute-Vienne, entre 1998 et 2004, émanent d’E. Duffey et se situent toutes dans la commune de Bussière-Poitevine où il a prospecté par ce moyen dans une prairie naturelle lui appartenant. Dans le site internet de Nentwig & al., il est indiqué que cette espèce pourrait avoir deux saisons de maturité, le printemps et l’automne. Les dates de capture indiquées par E. Duffey nous inclinent à penser qu’elle pourrait bien être rencontrée adulte, selon les zones géographiques, en toute saison, puisque la première est une femelle récoltée le 12/02/1998 et qu’il en a également capturé en janvier et durant les mois du plein été. Elle peut être abondante parfois (21 mâles et 2 femelles le 01/06/2003). C’est également E. Duffey qui signale la première capture de Corrèze le 27/05/2007, un couple dans une friche au village du Dougnoux, à Altillac. Quatre autres fiches de ce département proviennent de captures par F. Lagarde entre 2007 et 2009 dans les communes de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). Et, toujours en Corrèze, trois fiches concernant deux mâles et une femelle proviennent de déterminations par M. Cruveillier de captures réalisées en juin et juillet 2011 par M. Lefrançois, dans un grand alvéole où se côtoient des landes atlantiques et des milieux tourbeux formant le site dit d’Ars et du Pont Tord, un ensemble géré par le CEN du Limousin, à cheval sur les communes de Pérols-sur-Vézère et de Saint-Merd-les-Oussines. Pour la Creuse, la première observation revient à F. Leblanc qui détermina en 2003 une femelle qu’il avait capturée le 10/07/1997 dans de la litière de sous-bois au village de Pétillat à Saint- Sulpice-les-Champs. Les huit autres fiches d’observation de ce département, dont cinq dans la commune de Royère-de-Vassivière (aux Ribières de Gladière le 26/07/2006 ainsi qu’en 2009, dans la tourbière de La Mazure le 01/08/2006 et en 2009, et au Bois des Pialles en 2009), deux dans la commune de Gentioux-Pigerolles en 2009 (Fontenelles du Chalard et Ferme de Lachaud) et une dans la commune de Gioux (tourbière de Puy Chaud) également en 2009, proviennent de F. Lagarde.

Pelecopsis radicicola (L. Koch, 1872) : cette espèce, assez largement répartie en Europe mais rare partout, sans être attachée à un habitat particulier préférerait une certaine humidité selon la littérature. Le mâle, qui mesure environ 1,3 mm, présente lui aussi une surélévation importante de la partie céphalique. La femelle d’environ 1,6 mm de long serait adulte toute l’année. L’un comme l’autre ont la partie supérieure de l’abdomen recouverte d’un scutum* plus sombre, au centre duquel on peut distinguer assez nettement quatre points noirs délimitant un trapèze isocèle. Nos très rares observations ne nous ont pas permis de vérifier les indications phénologiques que nous avons pu lire ici et là. Tout au plus pourrions nous suggérer qu’il y aurait lieu d’élargir la fouchette proposée par Nentwig & al., qui limiterait à mai et juin la période de maturité du mâle, dans la mesure où les deux observations de Corrèze par B. Le Péru se sont produites en avril, une femelle en 2000 et un mâle en 2002. Les deux ont eu lieu au sol, dans la mousse d’une prairie en friche, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos. F. Lagarde est l’auteur de la seule mention pour la Creuse où il signale en 2009, hélas sans précision du sexe ni du mois, trois araignées de cette espèce à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Peponocranium ludicrum (O. P.- Cambridge, 1861) : O. Pickard-Cambridge avait décrit cette espèce dans le genre Walckenaera, devenu depuis Walckenaeria. Il lui avait donné le nom d’espèce ludicra qui signifie amusante, drôle. Le genre Peponocranium, qui signifie textuellement crâne de melon ou encore tête de pastèque, et dans lequel E. Simon, qui le créa en 1884, rangea cette espèce, est nettement plus descriptif de l’aspect du mâle, lequel présente effectivement une surélévation volumineuse de la partie céphalique. Ce dernier n’atteint pas 2 mm de long et la femelle peut les dépasser très légèrement. On les rencontre, adultes de fin février à fin juin, dans des milieux ouverts humides à végétation peu élevée. Sans être très abondante, cette espèce a quand même fait l’objet de quarante-six déterminations réparties dans dix-neuf fiches d’inventaire. C’est en Haute-Vienne qu’a eu lieu, le 23/05/2000, la première capture par E. Duffey d’une femelle, au filet fauchoir, dans un secteur marécageux à Linaigrettes de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où il déterminera un mâle un mois plus tard dans une récolte de P. Durepaire, ce qui constitue les deux seules mentions pour ce département. La première mention de Corrèze est une femelle capturée par M. Cruveillier, le 27/06/2001, en bordure de la mégaphorbiaie de Lissac, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. Les autres mentions concernant cette espèce proviennent des piégeages effectués entre 2007 et 2009 par F. Lagarde dans les landes et tourbières du Plateau de Millevaches dans le cadre d’un projet du CNRS. Elles concernent, pour la Corrèze, les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux), de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et de Viam (Roche du Coq-Estang). Pour la Creuse, les communes concernées sont celles de Faux-la--Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, tourbière des Salles), et enfin de Royère-de- Vassivière (tourbière des Chabannes, Bois des Pialles, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière).

Pocadicnemis juncea Locket & Millidge, 1953 : des trois espèces de ce genre répertoriées en France, deux sont très présentes en Limousin. Ces deux araignées au corps brun foncé sont très proches par l’aspect extérieur et par la taille (de 1,7 à 1,9 mm pour le mâle et jusqu’à 2,2 mm pour la femelle). L’examen des épigynes permet sans trop de difficulté de déterminer les femelles mais la distinction des mâles, qui porte essentiellement sur des détails comme la forme et l’orientation de la pointe de l’embolus*ou d’une apophyse du bulbe, est plus délicate. C’est majoritairement dans les milieux ouverts humides, mais pas exclusivement, que P. juncea, très commune chez nous, peut y être rencontrée adulte au printemps et en été. Plus de deux cent-cinquante individus de cette espèce ont été identifiés dans notre région, faisant l’objet de quarante-quatre fiches d’inventaire. En Haute-Vienne, le 23/05/2000, E. Duffey captura le premier exemplaire, au filet fauchoir, une femelle, dans une zone à Linaigrettes de la tourbière des Dauges à Saint-Léger-la-Montagne, site où, un mois plus tard il déterminait un mâle dans une récolte par piégeage de P. Durepaire. Le 20/07/2000 M. Cruveillier note une femelle dans un secteur marécageux au bord de l’étang de Vallégeas à Sauviat-sur-Vige, et, le 26/04/2001, B. Duhem capture deux mâles dans une friche, au village de Chavagnac, à Meuzac. Toujours en Haute-Vienne, dans une prairie avec étang de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, E. Duffey mentionnera l’espèce à quatre reprises, un mâle le 01/06/2003, une femelle le 21/05/2004, dix mâles le 29/05/2004 et quatre mâles le 05/06/2004. C’est également lui qui signalera, le 01/04/2007, la première capture d’un mâle pris dans un piège près d’une mare au village du Dougnoux, dans la commune d’Altillac, en Corrèze. En juin et juillet 2011, un petit programme de piégeage fut réalisé par M. Lefrançois sur un site du Conservatoire des Espaces Naturels du Limousin, dit « Ars et Pont Tord », et qui est une alternance de milieux tourbeux et de landes, à cheval sur les communes corréziennes de Pérols-sur-Vézère et de Saint-Merd-les-Oussines. M. Cruveillier identifia six mâles dans les récoltes du 23/06/2011 et deux mâles dans celles du 07/07/2011, dans la tourbière haute de la Font Clare, ainsi que trois mâles et une femelle dans la lande subatlantique proche et un dernier mâle dans une prairie acide à jonc acutiflore du site de La Gane. Toutes les autres mentions pour ce département et pour la Creuse proviennent des piégeages effectués entre 2007 et 2009 par F. Lagarde sur le Plateau de Millevaches dans le cadre du projet de recherche du CNRS de Chizé évoqué plus haut. En Corrèze, ses observations de la période 2007-2009 concernent les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et de Viam (Roche du Coq-Estang et Roche du Coq Mont Gradis). En Creuse, les fiches d’observations ont été les plus nombreuses et concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 36 :

Cela survient souvent lorsqu’une araignée a été décrite dans un autre genre et que son nom d’espèce lui a été donné par comparaison avec les autres espèces de ce même genre, connues de l’auteur au moment de sa description. Cette comparaison, notamment lorsqu’elle concerne la taille ou l’aspect clair ou sombre, peut être ultérieurement trompeuse.

Pocadicnemis pumila (Blackwall, 1841) : on pourrait presque reprendre pour cette espèce ce qui a été dit pour la précédente sauf en ce qui concerne la période de maturité. Si on se réfère aux dates de nos observations, lorsqu’elles sont données par leurs auteurs, celles-ci concordent assez bien avec celles qui sont indiquées par Nentwig & al. dans leur site internet pour P. juncea. En revanche, les dates de capture en Limousin de P. pumila permettraient de penser que cette espèce peut être rencontrée adulte toute l’année puisque seul le mois de décembre n’y a pas fait l’objet de mention. Le mot pumila, qui signifie petite ou naine36, est ici trompeur car nos deux Pocadicnemis sont sensiblement de la même taille. Ces deux espèces fréquentent les mêmes milieux avec, pour P. pumila, la possibilité d’être rencontrée parfois en milieu boisé. Encore plus largement répandue en Europe que la précédente, cette araignée est présente dans nos trois départements où plus de cent- cinquante individus ont été identifiés, qui ont fait l’objet de trente-six fiches d’inventaire. La première mention revient à P. Tutelaers qui signala la présence d’une femelle dans des captures réalisées le 21/05/1999 dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, site où E. Duffey identifia au cours des mois de mai, juin et juillet 2000, deux femelles dans de la litière et quatorze mâles, récoltés par piègeage au sol par P. Durepaire. En Corrèze, neuf fiches d’inventaire de B. Le Péru, sur les mois de janvier, avril, mai, juin, octobre et novembre, totalisant vingt-quatre exemplaires, (seize femelles et huit mâles), rapportent des captures faites au sol dans de la mousse soit dans une prairie en friche soit en bordure d’une forêt humide, à Saint-Etienne aux-Clos. Il signalera également, le 05/04/2007, la capture d’une femelle dans la bordure forestière de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, commune où l’espèce sera mentionnée en 2009 dans la tourbière de Ribière longue par F. Lagarde, lequel la note également dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet). Au sud de la Corrèze, E. Duffey capture trois mâles et une femelle, le 20/05/2007, près d’une mare de son jardin du Dougnoux, à Altillac. C’est dans la zone creusoise du Plateau de Millevaches que les données sont les plus nombreuses et émanent toutes des inventaires de F. Lagarde. Les premières mentions concernent la commune de Royère-de- Vassivière où, le 14/05/2006, il capture quatre mâles au Bois des Pialles et une femelle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, sites où au cours des années 2007-2009 il notera à nouveau l’espèce ainsi que dans la tourbière des Chabannes, celle du Grand Puy, Ribières de Gladière et Combe Lépine dans la même commune. Viennent ensuite, toujours dans la période 2007-2009, la commune de Faux-la-Montagne (Tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et enfin la commune de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic).

Prinerigone vagans (Savigny in Audouin, 1825) (ex Erigone vagans) : proche du genre Erigone dans lequel elle a été classée jusqu’en 1988, cette araignée, au céphalothorax brun foncé et à l’abdomen gris, dont la taille peut évoluer entre 1,6 et 2,8 mm pour les deux sexes, fréquente surtout les milieux ouverts humides où on peut la rencontrer adulte sans doute toute l’année. Elle est certainement assez rare en Limousin dans la mesure où les milieux humides y ont fait l’objet de prospections nombreuses et qu’elle n’y a été observée qu’à quatre reprises. M. Cruveillier captura d’abord un mâle au filet fauchoir, en Haute- Vienne, dans la commune de Meuzac, le 10/06/1999, au bord d’une mare formée dans une excavation où les tuiliers du Cluzeau extrayaient l’argile. Et en juillet de cette même année, E. Duffey captura, également au filet fauchoir, une femelle au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. La troisième mention de Haute-Vienne est un mâle, récolté au début décembre 2000 par P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne, et identifié par M. Cruveillier. Enfin ce dernier captura un autre mâle, le 22/06/2000, dans les joncs et les scirpes bordant l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat, en Creuse.

Note de bas de page 37 :

F. Lagarde, O. Lourdais : Biodiversité des landes et tourbières limousines, octobre 2010 ; Publication du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé.

Note de bas de page 38 :

ce site, géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin qui en est le propriétaire, abrite de nombreuses espèces, tant animales que végétales, à fort enjeu de conservation .

Satilatlas britteni (Jackson, 1913) : décrit d’abord sous le nom de Maso brittenii par Jackson, lequel, en 1932, le nomma Perimones britteni, (corrigeant pour l’occasion, par la suppression du dernier « i », une faute de latin souvent commise), cet arachnide doit sa dernière révision, en 1981, à A. F. Millidge. Unique espèce en France d’un genre qui n’en compte que neuf dans le monde, cette petite araignée de 1,8 mm pour le mâle à 2,2 mm pour la femelle, inféodée aux milieux humides, particulièrement aux tourbières, et qui serait adulte au printemps, mérite une mention spéciale. Bien qu’elle n’ait été signalée jusque là qu’une seule fois en Limousin, le 05/05/2007, son importance sur le plan écologique et sa valeur d’exemple d’une biodiversité « cryptique » nous ont semblé justifier qu’une place particulière lui soit consacrée. F. Lagarde, qui est l’auteur de son observation, écrit ceci37 : « rarissime tant au niveau national que régional, notée dans deux départements par Le Péru et observée au cours de nos inventaires uniquement dans la tourbière de l’étang de Chabannes,38grâce à la capture d’un individu mâle, […] cette espèce occupe les tourbières actives à sphaignes mais aussi les marais salants dans les zones côtières. [Elle] pourrait être proposée comme prioritaire d’un point de vue conservatoire étant données ses spécificités écologiques, sa rareté nationale et régionale ». Nous souscrivons complètement au souhait exprimé ci- dessus. La difficulté, récurrente en ce qui concerne les araignées, est que très peu de naturalistes sont en mesure de les identifier, et que le problème est encore plus compliqué quand il s’agit, comme c’est le cas ici, d’animaux de très petite taille exigeant non seulement les connaissances nécessaires et une abondante documentation mais également un matériel adapté pour en examiner les caractères distinctifs. Dans la mesure où, depuis plusieurs années, F. Lagarde a entrepris, dans le cadre du programme « Ectothermes des tourbières limousines » auquel il participe, un inventaire systématique des araignées des tourbières du Plateau de Millevaches, il est instructif de constater que parmi les dizaines de milliers d’individus examinés, un seul d’entre eux soit un Satilatlas et que la tourbière où il est trouvé soit justement celle qui abrite déjà d’autres raretés dont certaines sont des reliques. Il n’est peut-être pas illusoire de penser qu’une étude approfondie de la nature géologique de cette zone, associée à celle de son climat et de son évolution géographique et humaine, puisse permettre d’en identifier des particularités qui, de ce fait, se verraient elles aussi conférer une considérable valeur de conservation. Nous pensons qu’il y aurait là un bon sujet à creuser, car le site de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, en Corrèze, dont une partie peut se classer dans les tourbières tremblantes acidiclines à Carex rostrata (code Corine 54.531), héberge également une orchidée protégée devenue rarissime et, comme on verra plus loin, elle est aussi le seul site actuellement connu du Limousin à abriter une autre espèce d’araignée rare en France, Pardosa sphagnicola, laquelle y est assez bien représentée. Il nous semblerait indiqué que les membres du Conseil scientifique du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, en collaboration avec les chargés de mission qui assurent le suivi du site, poursuivent une réflexion sur ces convergences et puissent formuler des conseils concernant les pratiques de gestion de cette tourbière incluant la prise en compte des araignées, étant entendu que la non intervention ne serait pas exclue a priori de ces pratiques. C’est peut-être enfin l’occasion de signaler que l’Université de Limoges organise chaque année, dans sa Station Universitaire de Meymac, en Corrèze, un stage de quatre ou cinq jours d’initiation à la détermination des araignées, notamment pour ceux qui souhaiteraient intégrer ce groupe d’arthropodes dans leurs préoccupations de gestion des milieux.

Silometopus ambiguus (O. P.-Cambridge, 1905) : cette petire araignée européenne, dont la taille évolue entre 1,3 et 1,5 mm et qui est réputée fréquenter plutôt les zones côtières, n’a fait l’objet que d’une unique mention, une femelle, le 25/05/2007, par B. Le Péru, au bord de l’étang de Méouze, dans la commune de Saint-Oradoux-de-Chirouze, dans le sud-est de la Creuse.

Silometopus elegans (O. P.-Cambridge, 1872) : le mâle de cette araignée paléarctique, qui présente également une zone céphalique surélévée, excède rarement le millimètre, la femelle pouvant atteindre 1,5 mm. Les deux sexes ont le céphalothorax brun foncé et l’abdomen gris noir. Adultes au moins de la fin de l’hiver à la fin de l’été, cette espèce fréquente les milieux humides où elle n’est pas très commune. Pas citée encore de Haute- Vienne, elle a été notée la première fois, le 13/06/2009, par M. Cruveillier qui récolte un couple au bord de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, en Creuse, département où F. Lagarde capture plusieurs individus, la même année, à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles. Il la cite également en 2009 en Corrèze dans les communes de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), de Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). Enfin, toujours en Corrèze, M. Cruveillier détermine une femelle capturée par piégeage par M. Lefrançois le 20/06/2011, dans un radeau à trèfle d’eau, au lieudit La Gane, et une autre femelle capturée le 27/06/2011, dans une prairie paratourbeuse à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère.

Note de bas de page 39 :

Cité sans mention de date ni de lieu précis par Eugène Simon à la page 488 du tome VI de son ouvrage sur « Les arachnides de France ». Voir également, dans la première partie de cette étude, quelques lignes sur Louis Fage et à la dernière page de cet ouvrage, les photos de ces deux arachnologues extraites de «Bibliographia araneorum» de Pierre Bonnet.

Silometopus reussi (Thorell, 1871) : cette espèce, de coloration semblable à la précédente et un peu plus grande qu’elle, et qu’on pourrait rencontrer adulte toute l’année dans des milieux ouverts et humides, est notée comme peu fréquente par Heimer et Nentwig (voir Bibliographie), indication confirmée par nos trois seules observations limousines. Elle avait été trouvée en Haute-Vienne par Louis Fage39. Le mâle récolté dans ce même département, par M. Cruveillier, le 29/05/2004, dans une touffe de sphaignes de la lande tourbeuse de La Roubardie, à Meuzac, constitue donc une « retrouvaille ». La deuxième citation, en 2009, dans la tourbiére de Clamouzat, à Faux-la-Montagne, en Creuse, émane de F. Lagarde. Enfin en Corrèze, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, M. Cruveillier détermine une femelle capturée par piégeage par M. Lefrançois, le 27/06/2011, dans une prairie paratourbeuse du site d’Ars géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin.

Styloctetor romanus (O. P.-Cambridge, 1872) (ex Ceratinopsis romana) : en juillet 1999, une femelle aéronaute de cette espèce a été capturée par E. Duffey, sur une clôture, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, au nord de la Haute- Vienne. C’est toujours la seule observation faite en Limousin de cette araignée dont nous savons peu de chose concernant la biologie, la phénologie et les mœurs.

Styloctetor stativus (Simon, 1881) : (ex Ceratinopsis stativa) cette espèce holarctique* à l’abdomen très noir, dont le mâle mesure environ 2 mm et la femelle de 2 à 2,5 mm, se trouverait exclusivement dans des milieux très humides, voire marécageux, et, selon les auteurs, serait adulte au printemps et en automne. Elle est présente dans presque toute l’Europe et en Amérique du Nord mais ne serait nulle part très commune. En Limousin elle n’a fait l’objet jusque là que de deux citations en Corrèze pour quatre individus pris au piège par F. Lagarde en 2009, un au Ruisseau de Chamboux, à Peyrelevade et trois dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac.

Tapinocyba mitis (O. P.- Cambridge, 1882) : cette petite araignée, au céphalothorax brun orangé et à l’abdomen gris clair, dont les deux sexes mesurent de 1,5 à 1,7 mm et sont adultes du milieu de l’été au milieu du printemps suivant, est censée fréquenter, d’après Nentwig & al., des milieux ouverts et humides. Pour notre ami le regretté Serge Braud qui l’a observée en Maine-et-Loire, ce serait une araignée forestière. M.J. Roberts, qui insiste sur la rareté de l’espèce, propose les milieux herbeux ou la litière des bois de conifères. Nous disposons de trop peu d’observations pour nous autoriser un arbitrage car, bien que mentionnée dans nos trois départements, elle ne figure que dans quatre fiches d’inventaire pour six individus récoltés. E. Duffey capture d’abord une femelle le 14/04/2000, dans une prairie à foin, dans un piège disposé assez loin de son étang et, le 25/04/2004, il capture trois mâles dans la même prairie au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière- Poitevine, en Haute-Vienne. De son côté, M. Cruveillier récolte une femelle, le 21/09/2000, dans de l’herbe à moitié immergée dans une bordure très marécageuse de l’étang des Landes, avec çà et là quelques aulnes, à Lussat, en Creuse et, le 27/02/2001, il capture une autre femelle en bordure d’une hêtraie dévastée par la tempête de décembre 1999, dans la mégaphorbiaie de Lissac à Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze.

Tapinocyba pallens (O. P.-Cambridge, 1872) : pour reconnaître cette espèce, à peu près de la même taille que la précédente, au céphalothorax brun clair et l’abdomen gris fumée, il est loin d’être suffisant de s’en tenir à la pâleur de ses couleurs, dont elle tient son nom. Car si, en effet, elle présente assez souvent une teinte délavée, ce n’est pas toujours le cas. Nentwig & al., qui excluent les mois de juin, juillet et août de sa période de maturité, la situent dans la litière des bois et la mentionnent comme « relativement fréquente ». Les cinq observations réalisées en Limousin confirment la prédilection de cette araignée pour la litière et la mousse mais ne la limitent pas au seul milieu boisé. En effet, les deux premières observations, par B. Le Péru, eurent lieu dans la mousse d’une prairie en friche, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, d’abord un couple en mai 2001, puis une femelle en août de la même année, date qui permettrait de penser que l’espèce pourrait être rencontrée adulte sur une période large. Il notera le 14/03/2007, dans ce même département, la présence d’une femelle dans la litière d’un bois mixte au bord d’une rivière, à Eygerols, dans la commune d’Eygurande. F. Lagarde, est l’auteur des deux autres fiches d’inventaire qui mentionnent cette araignée, d’abord en Creuse où il capture trois mâles, le 14/05/2006, au Bois des Pialles, près d’Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière, puis en Haute- Vienne, où il signale la présence de l’espèce, en 2009, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château.

Tapinocyba praecox (O. P.-Cambridge, 1873) : cette araignée, dont le mâle mesure environ 1,2 mm et la femelle jusqu’à 1,5, est donc un peu plus petite que la précédente mais assez proche d’elle par son apparence. Cette espèce, sans être commune en Limousin, y est la plus citée du genre alors qu’elle est notée comme « relativement peu fréquente » par Heimer et Nentwig. On peut la rencontrer adulte toute l’année dans des milieux ouverts à végétation basse, landes, prairies, tourbières. Les vingt-et-un exemplaires déterminés sont ventilés dans treize fiches d’inventaire que se partagent les deux d’entre nous ayant eu le plus souvent recours au piégeage au sol. Ainsi, les neuf fiches de Haute-Vienne proviennent d’E. Duffey qui, dans une prairie de Bussière-Poitevine, avait installé cinq pièges Barber assez près d’un étang, et qui y signale en premier, le 20/02/2000, la capture d’une femelle. Il récoltera de la sorte encore trois femelles et sept mâles dans sept inventaires ultérieurs, toujours dans ce même site, entre 2001 et 2004 et sur les mois de mars, avril, mai et juin. F. Lagarde, de son côté, mentionne une fois la présence de l’espèce en Corrèze en 2009, dans la tourbière de Ribière longue, à Meymac, et dans quatre fiches en Creuse, toujours en 2009, dans les communes de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud), de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et de Royère-de-Vassivière (tourbière de La Mazure, Bois des Pialles).

Tapinocyboides pygmaeus (Menge, 1869) : cette araignée au céphalothorax brun clair et à l’abdomen gris beige, présente des yeux antérieurs petits et très rapprochés et une ligne nettement procurvée des yeux postérieurs. Le mâle mesure de 1,2 à 1,4 mm et la femelle de 1,3 à 1,6 mm. Menge avait rangé cette araignée dans le genre Microneta qu’il venait de créer et où il avait classé M. quisquiliarum devenue depuis Microneta viaria. Or cette dernière peut mesurer jusqu’à 2,5 mm. D’où ce choix, aujourd’hui trompeur, de pygmaeus. Elle est considérée comme rare par les auteurs anglais (4 sites seulement en Grande-Bretagne) mais Nentwig & al. la signalent comme « pas rare », et indiquent qu’on rencontrerait des adultes de septembre à juin de l’année suivante, et plus particulièrement dans des milieux secs. Jusqu’en 1998, cette espèce n’avait été observée qu’une seule fois en France, dans le Maine-et-Loire, par S. Braud qui avait récolté deux femelles, le 15/03/1998, ce qui avait permis de l’ajouter à la liste de référence des araignées de France. En Limousin, à l’exception d’une mention en Creuse en 2009, par F. Lagarde, aux Fontenelles du Chalard, dans la commune de Gentioux- Pigerolles, toutes les autres proviennent de captures par piège Barber, par E. Duffey, et du même site, un milieu herbeux sec, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne. La première capture fut une femelle, le 03/04/2000, puis suivirent neuf inventaires sur les mois de mars à juin, de 2000 à 2004, au cours desquels une autre femelle et trente-deux mâles furent identifiés.

Thyreostenius parasiticus (Westring, 1851) : cette petite araignée de 1,4 à 1,9 mm, à l’abdomen gris clair, adulte en toute saison, n’a été mentionnée que par B. Le Péru qui a capturé un mâle dans une maison à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, en novembre 1998, et une femelle en Creuse, à Saint-Merd-la-Breuille, dans une chênaie-hêtraie, le 10/04/2007.

Tiso vagans (Blackwall, 1834) : seule représentante en Limousin du genre Tiso, qui en compte deux en France et à peine une dizaine dans le monde, cette araignée d’environ 1,8 à 1,9 mm, fréquente les milieux ouverts frais à humides où on peut la rencontrer adulte en toute saison dans la mousse ou la litière. La première observation, le 25/04/2001 est un mâle récolté au Lac de la Roche, à Meuzac, en Haute-Vienne, en triturant sur un tamis des débris végétaux recueillis par M. Emerit, dans une prairie humide, identifié par M. Cruveillier, lequel récolte un autre mâle par le même procédé, le 25/05/2001, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, en Creuse, département où F. Lagarde capture, entre 2007 et 2009, dix-neuf de ces animaux à la Ferme de Lachaud et un autre aux Fontenelles du Chalard, à Gentioux-Pigerolles. L’espèce est également mentionnée deux fois en Corrèze, une femelle par E. Duffey, le 13/06/2002, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et, en 2009, par F. Lagarde, à la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac.

Note de bas de page 40 :

Wider avait décrit cette espèce sous le nom de Theridion cristatus. (Le genre Theridion n’appartient pas à la famille des Linyphiidae mais à celle des Theridiidae.)

Trematocephalus cristatus (Wider, 1834) : comme de nombreux Erigonides, cette araignée au céphalothorax brun et à l’abdomen presque noir, doit le nom actuel40 de son genre à la forme particulière du céphalothorax du mâle présentant une longue excroissance qui s’avance jusqu’au-dessus de la zone oculaire, laquelle est assez nettement assombrie, et à laquelle elle semble soudée par la pointe, ce qui crée comme une fenêtre elliptique à l’arrière des yeux et explique pourquoi cette espèce s’est aussi appelée perforatus ou perforata suivant les nombreux alias de son histoire taxinomique. Le mâle, ne mesure guère plus de 2 mm et ne présente pas de difficulté à identifier. C’est plus difficile pour la femelle laquelle peut légèrement dépasser 2,5 mm. C’est une espèce paléarctique*, généralement peu commune, qui se rencontre le plus souvent à bonne exposition sur la végétation buissonnante et les branches basses des arbres mais pas exclusivement puisque nous en avons récolté dans l’herbe. C’est justement le cas de la première femelle capturée, en Haute-Vienne, dans une prairie proche du ruisseau de la Roubardie, à Meuzac, le 26/04/2001, au cours d’un stage, par un participant, dont la détermination erronée ne fut corrigée que plus tard par M. Cruveillier qui avait organisé le stage. Il la détermina comme Trematocephalus cristatus, mais cette femelle présentait une épigyne assez floue et il envoya l’animal à son ami E. Duffey qui, également dubitatif, l’adressa à P. Merrett lequel confirma T. cristatus, tout cela n’étant rappelé que pour souligner que certaines identifications requièrent parfois la collaboration de plusieurs arachnologues. Un autre spécimen de femelle fut capturé dans une haie de noisetiers, au village de Chavagnac, dans la même commune, par M. Cruveillier, le 20/05/2001. Outre ces deux mentions de Haute-Vienne, l’espèce à été notée trois fois en Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru, dont deux mâles en lisière de forêt humide, dans le feuillage d’un arbuste à 1,7 m du sol, en mai 1998, puis un autre mâle errant au sol dans un jardin, en mars 2001, et enfin, en mai 2002, un autre mâle dans une prairie en friche. En Creuse, l’espèce est notée deux fois au lieudit La Gane, à Royère-de-Vassivière, d’abord un mâle, au filet fauchoir, le 14/05/2006, par F. Lagarde qui cite à nouveau sa présence dans ce site en 2009. Heimer et Nentwig donnent l’été comme saison de maturité de l’espèce. Nos observations plaident en faveur d’une extension de cette période au printemps.

Note de bas de page 41 :

Heimer et Nentwig indiquent 2,2 mm pour le mâle et de 2,4 à 2,5 mm pour la femelle. Roberts donne de 1,7 à 2 mm pour les deux sexes

Trichoncus affinis Kulczyński, 1894 : des treize espèces que compte en France le genre Trichoncus, deux seulement ont été observées en Limousin et en très petit nombre. Trichonsus affinis est une araignée au céphalothorax brun foncé et à l’abdomen noir, dont la taille, pour les individus que nous avons examinés, allait de 1,9 à 2,1 mm, mais qui, selon la littérature, semble assez variable41. Selon Nentwig & al., on peut la rencontrer adulte du milieu du printemps au milieu de l’été dans des endroits secs à végétation courte comme les landes ou les pelouses. Le nom d’affinis donné à quelques araignées, pour souligner leur proximité d’apparence avec d’autres, est souvent le signe de quelques difficultés pour leur détermination, et, de fait, l’apparence de celle-ci est très semblable à celle de T. saxicola. L’espèce n’a jusque là été observée chez nous qu’à trois reprises et seulement en Haute- Vienne. D’abord, le 06/06/1997, M. Cruveillier capture un mâle dans une prairie sèche à herbe rase au village de Chavagnac à Meuzac, commune où il récolte un autre mâle en juillet 2000 dans une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau. La troisième mention est un autre mâle déterminé par E. Duffey dans une récolte par piégeage de P. Durepaire, de juin 2000, dans un secteur de lande sèche jouxtant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne.

Trichoncus saxicola (O. P.- Cambridge, 1861) : presque aussi rare que la précédente et très proche d’elle comme il est dit plus haut, cette araignée ne peut en être distinguée que par un examen attentif des genitalia*. On la rencontrerait adulte durant les mois d’été, dans la mousse, au pied des herbes ou parfois dans la litière, ce qui ne justifie guère le nom d’espèce qui lui a été attribué. Elle n’a fait l’objet que de six mentions pour le moment. B. Le Péru est le premier à observer la présence d’une femelle errant au sol dans un jardin en avril 1999, à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, département ou Eric Duffey note deux femelles dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, le 13/06/2002, et où M. Cruveillier détermine deux mâles capturés par M. Lefrançois, le 27/06/2011, dans une lande sèche d’Ars, à Pérols-sur-Vézère, puis une femelle, capturée le 07/07/2011, dans une tourbière dégradée de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines. De son côté F. Lagarde mentionne la capture en 2009 de deux araignées de cette espèce en Creuse, aux Fontenelles du Chalard, à Gentioux- Pigerolles. Enfin, le 16/07/2013, M. Cruveillier récolte un très bel exemplaire de mâle dans la mousse d’un talus herbeux, au village de Chavagnac, à Meuzac, ce qui constitue l’unique observation actuelle de cette espèce en Haute-Vienne.

Note de bas de page 42 :

En ce qui concerne les mentions issues de ce programme, il arrive que des données importantes de 2009, comme le sexe, le mois de capture, le micro-milieu ne nous aient pas été transmises.

Trichopterna cito (O. P.-Cambridge, 1872) : seule des deux Trichopterna de France signalée en Limousin, cette petite araignée d’environ 1,5 mm, au céphalothorax brun foncé et à l’abdomen presque noir, dont le mâle présente une zone céphalique surélevée en dôme, est présentée par Nentwig & al. comme une espèce rare qu’on peut trouver adulte toute l’année dans des milieux secs et peu ombragés. M. J. Roberts écrit que cette espèce n’a été trouvée en Grande-Bretagne que dans des zones de sable ou de galets et confirme sa rareté. Elle n’a été mentionnée chez nous que par F. Lagarde, en 2009, dans les captures par piége au sol qu’il réalise sur les landes et tourbières du Plateau de Millevaches dans le cadre d’un projet du CNRS relatif à l’influence des changements climatiques sur les animaux dits « à sang froid »42. Les récoltes ont eu lieu à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Marcy) et à Tarnac (étang de Chabannes), en Corrèze. Ces trois seuls individus confirment au moins la rareté de cette araignée et laissent supposer, pour n’avoir été récoltés qu’à laide de pièges Barber, qu’elle évolue près du sol.

Trichopternoides thorelli (Westring, 1861) (ex Trichopterna thorelli) : décrite d’abord par erreur en 1838 par C. L. Koch comme Micryphantes acuminatus, puis par Westring, en 1861, sous le nom d’Erigone thorellii, cette araignée a changé huit fois de nom avant que J. Denis lui octroie en 1949 celui de Trichopterna thorelli qu’elle a conservé jusqu’en 2008, date à laquelle fut créé par J. Wunderlich le genre Trichopternoides dont elle constitue le type et la seule représentante dans le monde jusqu’à cette date. C’est une araignée dont les deux sexes peuvent atteindre 2,3 mm et qui n’évolue guère que dans des milieux très humides où on pourrait la rencontrer adulte durant l’été. Bien qu’elle soit présente dans la plupart des pays d’Europe, les auteurs s’accordent pour souligner sa rareté, ce que nous ne pouvons que confirmer en ce qui concerne le nombre de stations où elle a été trouvée, car l’espèce n’a été mentionnée que dans quatre fiches d’inventaire par F. Lagarde, et dans le même contexte d’étude que l’espèce précédente. Toutefois on observe qu’elle peut être relativement commune aux rares endroits où elle est observée. Les quatre fiches faisant état de sa présence concernent, pour la Corrèze, la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux) et celle de Tarnac où quatorze individus sont capturés dans la tourbière de l’étang de Chabannes. En Creuse, elle a été notée dans deux communes, celle de Faux-la-Montagne, où cinq animaux sont récoltés dans la tourbière des Avenaux, et celle de Gentioux-Pigerolles où on en relève huit aux Prés Neufs, soit vingt-huit animaux pour les deux départements.

Troxochrus scabriculus (Westring, 1851) : cette araignée, dont les deux sexes mesurent entre 1,6 et 2 mm, est une espèce paléarctique* qui, selon la littérature, pourrait être rencontrée adulte en toute saison, au niveau du sol, dans des milieux ouverts secs à modérément humides. L’unique exemplaire observé jusque là en Limousin est un mâle récolté par E. Duffey, le 03/04/2008, dans un piège Barber disposé dans une prairie au village du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze.

Walckenaeria acuminata Blackwall, 1833 : le genre Walckenaeria comporte actuellement cent-quatre-vingt-dix-sept espèces dans le monde. Vingt-huit de ces espèces sont répertoriées en France dont quatorze ont été observées jusque là en Limousin. Le prosoma* des mâles de la plupart de ces araignées présente des particularités de forme qui en facilite souvent la détermination. C’est justement le cas de W. acuminata dont la zone oculaire se situe sur une longue excroissance dressée comme un périscope. Cette espèce est l’une des plus grandes de nos Erigonides puisque la femelle peut approcher les 4 mm, le mâle étant assez nettement plus petit. Les deux sexes peuvent être trouvés adultes toute l’année aussi bien dans la litière et la mousse des bois que dans des milieux herbacés. L’espèce est assez présente en Limousin où elle est mentionnée dans vingt et une fiches d’inventaire pour vingt-cinq exemplaires observés, assez équitablement répartis entre nos trois départements. La première citation émane de M. Cruveillier qui récolta, le 05/11/1997, une très belle femelle après avoir placé dans un appareil de Berlèse une touffe de mousse recueillie dans une petite dépression dans les bois de Chavagnac à Meuzac, en Haute-Vienne, site où, le 06/12/1998, il récolta un mâle. Toujours dans cette commune il récolte dans la Lande du Cluzeau un très beau spécimen de mâle le 03/11/2000, puis note, le 26/04/2001, une femelle récoltée par B. Duhem dans le bois des Reclaudous proche du village de Chavagnac et enfin, le 28/09/2006, une autre femelle récoltée par J.-C. Ledoux dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. Encore en Haute- Vienne, il identifie un mâle dans une récolte de P. Durepaire, de décembre 2000, dans la tourbière des Dauges, au village de Sauvagnac, à Saint-Léger-la-Montagne. Enfin E. Duffey récolte dans une prairie du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, d’abord une femelle le 16/05/2001, puis trois mâles le 20/01/2002. Pour la Corrèze, six fiches d’inventaire, sur la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, émanent de B. Le Péru dont cinq notent chacune la capture d’une femelle dans la mousse d’une prairie en friche en mars 1997, décembre 1998, février et mars 2001, mars 2002 , la sixième signalant un mâle en janvier 2002 sous une haie de conifères dans un jardin. La dernière mention corrézienne se situe dans la tourbière de l’étang de Chabannes dans la commune de Tarnac et émane de F. Lagarde, lequel est l’auteur de toutes les citations de Creuse où il observe d’abord une femelle le 14/05/2006 dans un milieu d’herbe mi-haute au Ruisseau de Beauvais dans la commune de SaintPierre-Bellevue. Il renouvellera l’observation dans cette commune au cours de l’année 2009 et citera aussi l’espèce cette année-là à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade), à Gioux (tourbière de Puy Chaud) et à Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière).

Note de bas de page 43 :

Ce mode de capture, qui m’a été suggéré par J.-C. Ledoux, est extrêmement productif et à recommander toutes les fois qu’un milieu à prospecter comporte des rives à végétation surplombante, qu’il s’agisse d’eau courante ou non

Walckenaeria alticeps (Denis, 1952) : cette espèce est très difficile à distinguer de la suivante avec laquelle elle a été longtemps confondue car les deux ont la même taille ( de 2 à 2,7 mm pour les femelles et un peu moins pour les mâles) et sensiblement la même apparence. Le nom d’alticeps (tête en hauteur, tête surélevée) qui lui a été donné par Denis n’est pas d’un grand secours tant le céphalothorax des mâles des deux espèces présente une forme similaire et tant les épigynes des femelles sont proches. Il y a donc lieu d’être très attentif à des détails comme la « nuque » des mâles et la forme des spermathèques chez les femelles. Outre cela, la connaissance du milieu de capture, sans être un critère absolu, est une aide non négligeable car ces deux espèces sont censées fréquenter des habitats bien différents. Walckenaeria alticeps vit dans des milieux ombragés et humides où nous l’avons rencontrée adulte au printemps et en été. Elle a été signalée dans seize fiches d’inventaire pour trente individus déterminés couvrant les trois départements du Limousin. M. Cruveillier identifia la première femelle, capturée le 26/04/2001 par J.-C. Ledoux, en battant, au-dessus d’une cuvette à demi immergée, les herbes surplombantes du bord ombragé d’aulnes du Lac de la Basse Roche dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. C’est également M. Cruveillier qui note les deux autres observations de Haute-Vienne, un mâle le 11/07/2001, capturé de la même façon au bord de l’étang de Vallégeas à Sauviat-sur-Vige et, le 06/06/2004, toujours par le même procédé43, un couple dans la végétation de rive de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. C’est encore par ce moyen qu’il capture, le 24/06/2004, le premier couple en Corrèze, en bordure de la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac, site ou trois individus de l’espèce seront capturés en 2009 et un autre dans la tourbière du Rebourzeix à Saint-Merd-les-Oussines, par F. Lagarde. Ce dernier note également plusieurs récoltes en Creuse, d’abord deux femelles, le 14/05/2006, au Bois des Pialles près d’Orladeix, à Royère- de-Vassivière, commune où, le 01/08/2006, il capture une autre femelle dans la tourbière de La Mazure. Il renouvellera l’observation de l’espèce pour ces deux stations en 2009 et y ajoutera, pour Royère, une mention à Combe Lépine. Il notera également à Gentioux- Pigerolles trois captures dans la tourbière des Salles, une aux Prés Neufs et quatre à la Ferme de Lachaud et, à Gioux, une capture dans la tourbière de Puy Chaud. Enfin M. Cruveillier récolte un couple, le 13/06/2009, dans un secteur herbeux humide proche de la rive ouest de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 44 :

On sera peut-être surpris de voir qu’un certain nombre de sites où cette espèce, plutôt xérophile est mentionnée sont des tourbières. Ce serait ignorer que beaucoup de sites de tourbières comportent aussi des landes sèches, de taille souvent importante, sur des monticules ou des bordures relevées.

Walckenaeria antica (Wider, 1834) : F. Wider avait décrit la femelle de cette espèce sous le nom de Theridion anticum alors que le genre Walckenaeria avait été créé l’année précédente par Blackwall. O. P.-Cambridge est le premier à l’avoir nommée Walckenaeria antica, en 1879, nom qui ne lui sera attribué par l’ensemble des arachnologues que plus tardivement. On peut s’interroger sur le choix de l’adjectif antica (de antiquus) qui n’a pas le sens d’antique comme on pourrait croire mais signifie « qui vient avant » ou encore « tourné vers le midi ». Comme il est dit plus haut, la distinction d’avec l’espèce précédente est un peu délicate. Pour le mâle on notera la « nuque » rentrante alors qu’elle est fuyante vers l’arrière chez W. alticeps dont la boucle circulaire que forme l’embolus* au bout du pédipalpe est de diamètre plus grand que chez W. antica. Autre différence importante, cette dernière fréquente bien souvent des milieux ouverts et secs44 où nous l’avons rencontrée adulte de janvier à septembre, plus fréquemment d’avril à juin. La première mention au fichier du Limousin revient à E. Duffey qui capture un mâle, le 21/04/2000, dans une prairie naturelle bien ensolleillée au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, en Haute- Vienne, observation qui se reproduira dans ce même site à trois reprises, une femelle le 18/04/2002, un mâle le 03/05/2003 et quatre mâles le 25/04/2004. Deux autres mentions proviennent de F. Lagarde, en septembre 2006 et en 2009, à Bac à la Cube, dans la commune de Peyrat-le-Château, ce qui fait de la Haute-Vienne avec six fiches d’inventaire sur trente- trois, le département où l’espèce a été le moins fréquemment observée. En Corrèze, où elle totalise quatorze fiches, une femelle est d’abord notée par B. Le Péru, en janvier 2001, dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, puis une autre en avril 2002, dans une friche herbacée de la même commune. Le 02/05/2007, E. Duffey capture un mâle dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac et, entre 2007 et 2009, F. Lagarde mentionne l’espèce dans dix inventaires réalisés sur cinq communes dont Meymac (Longeyroux, Ribière longue), Peyrelevade (Chamboux, Négarioux Malsagnes), Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux Marcy, le Rebourzeix), Tarnac (étang de Chabannes) et Viam (Roche du Coq-Estang et Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, M. Cruveillier détermine un mâle capturé par piégeage, le 12/07/2001 à la lisière d’une hêtraie à houx, par M. Lefrançois, au Puy de Cournoux, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. En Creuse, à part la capture par M. Cruveillier de deux femelles, le 13/06/2009, dans un milieu herbeux très ensolleillé proche de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, les douze autres mentions de l’espèce dans ce département émanent de F.Lagarde et concernent cinq communes : Faux-la-Montagne (Clamouzat), Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Prés Neufs), Gioux (Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (La Mazure dont une première femelle le 01/08/2006 puis à nouveau en 2009, Croix de Fayaud, Bois des Pialles, Ribières de Gladière) et Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic).

Walckenaeria atrotibialis (O. P.-Cambridge, 1878) : sensiblement de la même taille que les deux précédentes, cette espèce holarctique* aux tibias sombres, comme son nom l’indique, avait été citée en 1927 dans la revue Scientifique du Limousin par le Dr Dunoyer qui l’avait observée au Moulin du Thot dans la commune de Dinsac, au nord de la Haute- Vienne. Heimer et Nentwig écrivent qu’on la « rencontre relativement rarement », ce qui semble être moins vrai en Limousin puisqu’elle y apparaît dans vint-huit fiches d’inventaire pour quatre-vingt-sept individus déterminés. C’est aussi en Haute-Vienne qu’elle fut retrouvée pour la première fois, le 29/06/2004, par E. Duffey qui récolta un mâle en triant une touffe de menus végétaux et de mousse pris dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne. Plus tard, M. Cruveillier récolte une femelle, le 07/08/2009, dans un piège disposé dans un milieu herbeux humide au bord de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, en Creuse, département où F. Lagarde la mentionne de nombreuses fois au cours de la même année dans cinq autres communes, à Faux-la-Montagne (tourbières des Avenaux, de Clamouzat, des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Bois des Pialles) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Il cite également l’espèce dans cinq communes de Corrèze, à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, le Rebourzeix), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin les déterminations par M. Cruveillier des récoltes de M. Lefrançois dans des sites gérés par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, permettent d’ajouter à ce dernier département, une femelle, le 23/06/2011, dans une tourbière de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines, un mâle, le 27/06/2011, dans la lande d’Ars, à Pérols-sur-Vézère et un autre mâle, le 12/07/2011, au Puy de Cournoux, dans la même commune.

Note de bas de page 45 :

En effet, on peut rencontrer aussi en France Walckenaeria cuspidata, W. kochi, W. monoceros, W. unicornis etc. dont les mâles présentent tous une excroissance pouvant évoquer une corne dont le bout est plus ou moins arrondi.

Note de bas de page 46 :

Nentwig & al., dans leur site internet, excluent les mois de mars, avril et mai de cette période.

# Walckenaeria corniculans (O. P.-Cambridge, 1875) : les araignées du genre Walckenaeria qui ont une excroissance frontale pouvant évoquer une corne sont assez nombreuses et ce nom de corniculans n’est donc pas d’un grand secours45, d’autant qu’il est ici assez improprement employé puisque « corniculans » évoque un croissant de lune et que ce n’est pas vraiment la forme de la protubérance légèrement projetée vers le haut et surmontée d’une touffe de soies que présente le mâle de cette espèce, lequel mesure environ 2,5 mm et sa femelle 3 mm. Cette araignée au prosoma* brun foncé, à l’abdomen noir et aux pattes orangées, est signalée comme adulte de juin à la fin de l’hiver par Nentwig & al. qui la disent fréquente. Elle n’a cependant fait l’objet que de sept mentions jusque là en Limousin dont aucune en Corrèze. C’est F. Leblanc qui récolta le premier mâle, le 08/03/1999, aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse, département où F. Lagarde capturera cinq spécimens de l’espèce entre 2007 et 2009 dans la commune de Gentioux- Pigerolles (Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs) et celle de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière des Chabannes). En Haute-Vienne, M. Cruveillier capture un mâle, le 21/06/2000, dans de la mousse fraîche et de la litière de bruyère en bordure d’un bois de feuillus, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac puis un autre mâle l’année suivante, le 26/04/2001, dans le même secteur, dans de la mousse humide au pied d’une végétation herbacée, citation qui plaiderait en faveur d’une période de maturité de l’espèce s’étendant sur toute l’année46.

Walckenaeria cucullata (C. L. Koch, 1836) : on a vu que beaucoup de Walckenaeria doivent leur nom d’espèce à la forme originale de la partie céphalique du mâle. C’est aussi le cas de cette araignée dont la « tête » du mâle, lequel mesure entre 2 et 2,4 mm, se présente en deux lobes inégaux dont le plus élevé et le plus arrondi, qui évoque effectivement un capuchon, porte les deux yeux médians postérieurs. La femelle peut atteindre 2,8 mm. Les deux sexes, dont le prosoma* est brun et l’abdomen grisâtre, peuvent être trouvés adultes toute l’année aussi bien dans la litière et la mousse des bois que dans des milieux herbacés comme c’est le cas pour W. acuminata. C’est en Haute-Vienne que M. Cruveillier récolta par piégeage, le 16/08/1995, la première femelle dans de la mousse et de l’herbe de sous-bois près du village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il captura une autre femelle dans la Lande du Cluzeau, le 19/07/2000. La troisième et dernière mention pour ce département est encore une femelle qui fut identifiée par E. Duffey dans un piégeage réalisé, également en juillet 2000, par P. Durepaire, dans une bordure de lande jouxtant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. C’est aussi dans de la litière de lande que F. Leblanc récolta le premier mâle de la Creuse, le 17/03/1999, au village de Mergoux, dans la commune de Saint- Marc-à-Frongier. Deux autres mentions en 2009 pour ce département, l’une dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles) et l’autre à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud) émanent de F. Lagarde lequel est également l’auteur de l’unique citation de Corrèze, à la Roche du Coq Mont Gradis, dans la commune de Viam.

Walckenaeria cuspidata Blackwall, 1833 : le mâle de cette araignée n’a pas la partie céphalique surélevée comme les espèces précédentes de son genre mais présente à l’avant de celle-ci une petite protubérance assez pointue pour avoir valu à son espèce le nom de cuspidata (en forme de pointe). Il mesure entre 2,4 et 2,6 mm de long et sa femelle jusqu’à 2,8 mm, et les deux peuvent être rencontrés adultes toute l’année dans la litière et la mousse fraîche à humide, assez souvent dans les bois. Curieusement, l’espèce n’a pas encore été observée en Haute-Vienne alors qu’elle y est certainement présente et qu’elle est relativement commune dans les deux autres départements du Limousin où soixante-treize animaux ont été identifiés, figurant dans quinze fiches pour la Creuse et onze pour la Corrèze où la première donnée est un mâle récolté par B. Le Péru dans la mousse d’une forêt humide, en octobre 1997, à Saint-Etienne-aux-Clos, site où il mentionnera l’espèce encore à six reprises, quatre femelles et deux mâles, entre 2001 et 2002, durant les mois de février, avril, juillet et novembre. Il note enfin une femelle le 16/03/2007 dans la hêtraie de Lissac à Saint-Merd-les-Oussines, commune où F. Lagarde cite l’espèce en 2009 au Ruisseau du Mazet et la note également dans la commune de Viam, à la Roche du Coq Mont Gradis. La première mention en Creuse revient à F. Leblanc qui note une femelle, le 28/02/1999, à la lisière d’une forêt de feuillus dans la commune de Fransèches. B. Le Péru récolte une femelle, le 16/04/2007, puis une autre le 18, dans une prairie marécageuse en friche bordant une forêt, à La Nouaille, dans la commune de Flayat, puis une autre femelle, le 25/05/2007, dans la mousse d’une zone humide entre prairie et bois mixte près de l’étang de Méouze à Saint-Oradoux-de-Chirouze. Les autres citations creusoises émanent de F. Lagarde qui signale une femelle le 01/08/2006 dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière où il citera à nouveau l’espèce en 2009 ainsi que dans quatre autres sites de cette commune (tourbière des Chabannes, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine), de même qu’à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs) et à Gioux (tourbière de Puy Chaud). L’absence d’observations en Haute-Vienne ne peut être attribuée qu’à une insuffisance de prospection, dans ce département, des habitats fréquentés par cette espèce, notamment dans les milieux boisés.

Walckenaeria dysderoides (Wider, 1834) : ce nom de dysderoides, qui signifie « semblable à une Dysdera », lui vient à la fois de sa forme plutôt allongée et de sa couleur rouge-orange mais certainement pas de sa taille puisque le mâle comme la femelle ne dépassent pas 2 mm. L’épigyne de cette dernière présente un scape* qui permet de la distinguer aisément. C’est également une espèce de la litière et de la mousse, à répartition paléarctique* comme la précédente, et, comme celle-ci, elle n’a pas été observée en Haute- Vienne mais seulement dans les deux autres départements, au cours des récoltes réalisées, de 2007 à 2009, dans le cadre du projet de recherche déjà évoqué auquel participe F. Lagarde sur le Plateau de Millevaches, l’ensemble représentant douze individus identifiés. En Corrèze l’espèce est citée dans la commune de Meymac (tourbière de Ribière longue), dans celle de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix) et à Viam (Roche du Coq-Estang). Elle est citée également dans trois communes de Creuse : à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud) et à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, tourbière du Grand Puy).

Walckenaeria furcillata (Menge, 1869) : il s’agit ici d’une observation ancienne renouvelée car cette espèce avait été observée au début du siècle dernier par Louis Fage en Haute-Vienne (sans indication de lieu ni de date . Voir E. Simon, p. 507 du tome VI des « Arachnides de France »,). La femelle peut mesurer 3 mm et le mâle 2,5 mm. Malgré sa taille, ce dernier pourrait presque être identifié avec une loupe de terrain tant la forme de son céphalothorax est caractéristique. En effet une protubérance ayant grossièrement la forme, vue de profil, d’une tête de canard très allongée, prenant naissance vers le milieu du prosoma* et portant les yeux médians postérieurs, s’avance jusqu’à l’aplomb de la zone frontale. Vue de dessus cette protubérance se termine en une fourche dont l’espèce tire son nom. Elle est signalée comme « plutôt rare » par Heimer et Nentwig, ce que la dizaine de mentions limousines tendrait à confirmer. Elle a été retrouvée le 21 mars 1996 dans le département de la Haute-Vienne par M. Cruveillier dans une pelouse sèche récemment fauchée, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il récoltera un couple en juillet 2000, dans un secteur de lande sèche, au village du Cluzeau. Il identifie en août de la même année une femelle provenant d’un piégeage par P. Durepaire, dans un secteur de lande jouxtant la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, site où E. Duffey avait lui-même identifié un mâle en juin 2000 et, le 17/07/2000, une femelle ramassée dans de la litière de callune et de fougère. Il avait également noté en juillet 2000 une femelle capturée par piégeage dans une prairie naturelle de son village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. L’espèce n’a pas été signalée en Corrèze à cette date mais elle a fait l’objet de quatre mentions en Creuse au cours de l’année 2009 de la part de F. Lagarde, sur le Plateau de Millevaches, dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (tourbière des Salles), celle de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes) et dans celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Walckenaeria monoceros (Wider, 1834) : cette araignée au prosoma* brun foncé et à l’abdomen gris noir, dont le mâle, reconnaissable à sa petite protubérance frontale en forme de plumet, mesure entre 2 et 2,4 mm et la femelle jusqu’à 2,8 mm, n’a été observée jusque là qu’une seule fois en Limousin. Il s’agit d’un mâle capturé par piégeage par M. Cruveillier, dans une prairie naturelle sèche, le 05/12/2011, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute- Vienne. Nentwig & al. écrivent que l’espèce est peu fréquente et qu’elle est adulte en hiver. Il y a cependant, dans la collection hors Limousin de M. Cruveillier, un mâle adulte de cette espèce capturé en octobre 2010 par P. Guéguen, dans le département de la Sarthe.

Walckenaeria nodosa O. P.-Cambridge, 1873 : de coloration semblable à celle de l’espèce précédente mais un peu plus petite qu’elle, cette araignée fréquente les milieux très humides. Le mâle a la partie céphalique très surélevée et le bandeau* nettement proclive* contrairement à W. monoceros, mais partage avec cette dernière la particularité d’être rare et de n’avoir fait l’objet jusque là que d’une seule observation en Limousin. Il s’agit de la capture d’une femelle au filet fauchoir par E. Duffey, le 30/05/2003, dans la tourbière des Dauges à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne. Nentwig & al. écrivent là aussi qu’elle est peu fréquente et qu’elle est adulte en hiver. Si la rareté est nettement confirmée, il semble qu’il y aurait lieu d’élargir la fourchette de la période de maturité de l’espèce.

Walckenaeria nudipalpis (Westring, 1851) : les dimensions proposées dans la littérature ou les sites internet pour cette araignée sont assez variables et même parfois sans doute fausses (un forum indique 6,2 mm pour la femelle). Les mâles et les femelles que nous avons pu voir mesuraient entre 2,5 et 3 mm. L’excroissance céphalique du mâle exceptée, cette espèce est assez semblable à W. acuminata par son apparence comme par certains aspects de l’épigyne de la femelle. Espèce des milieux humides voire marécageux, tant ouverts que boisés, elle peut vraisemblablement y être rencontrée adulte en toute saison puisque Nentwig & al. retiennent le printemps et l’automne et que certains d’entre nous ont pu en observer en hiver et en été. Donnée comme peu commune dans la littérature, elle a cependant été citée chez nous dans une douzaine de fiches d’inventaire pour seize individus identifiés, couvrant les trois départements du Limousin. La première observation remonte au 20/05/1997, lorsque M. Cruveillier capture une femelle dans la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où E. Duffey récoltera quatre mâles par piégeage, le 20/01/2002, au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine. En Corrèze, B. Le Péru cite à quatre reprises une femelle, en février 2000, juin et juillet 2001 et mars 2002, dans la mousse d’une forêt très humide de la commune de Saint- Etienne-aux-Clos. Enfin l’espèce est mentionnée en 2009 dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, par F. Lagarde. Ce dernier est l’auteur des cinq fiches relatives à la Creuse, d’abord dans la commune de Royère-de-Vassivière, une femelle le 26/07/2006, aux Ribières de Gladière, puis une autre, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure. L’observation de l’espèce sera renouvelée en 2009 dans ces deux stations et deux autres exemplaires seront observés dans la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles.

Walckenaeria obtusa Blackwall, 1836 : les arachnologues regroupent souvent, au sein d'un même genre, les espèces présentant entre elles des analogies, notamment dans les épigynes. On pourrait rapprocher cette espèce avec W. nudipalpis, W. nodosa, W. acuminata, par exemple, et pour s’en tenir à des espèces limousines. W. obtusa est une grande Erigonide puisque le mâle peut mesurer de 2,5 à 3,6 mm et la femelle dépasser légèrement les 4 mm. Ils pourraient être trouvés toute l’année à l’état adulte dans les milieux humides mais, bien que l’espèce soit notée comme fréquente par certains auteurs, elle n’a été observée chez nous qu’à deux occasions, d’abord en novembre 2001, une femelle dans une prairie en friche de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, par B. Le Péru, puis, en 2009, un exemplaire de l’espèce dans la tourbière de Puy Chaud, dans la commune de Gioux, en Creuse, par F. Lagarde.

Walckenaeria vigilax (Blackwall, 1853) : cette petite araignée à l’abdomen gris anthracite et aux pattes orange, dont le mâle mesure entre 2 et 2,2 mm, la femelle pouvant atteindre 2,6 mm, est une espèce des milieux humides. Heimer et Nentwig lui attribuent la période de mars à mai pour la rencontrer adulte. Nos observations, bien que peu nombreuses, permettent d’étirer cette fourchette jusqu’en juillet. C’est en effet en juillet 1999 qu’E. Duffey captura la première femelle près de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine en Haute-Vienne, la deuxième mention pour ce département étant une autre femelle, récoltée le 23/05/2000 par M. Cruveillier, dans une touffe détrempée de sphaignes, dans une bordure très marécageuses de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. En Creuse, M. Cruveillier récolte une autre femelle, le 18/06/2000, dans de la mousse humide au bord de l’étang des Landes, à Lussat. Enfin, pour la Corrèze, il détermine deux femelles récoltées par M. Lefrançois le 23/06/2011, à la Font Clare, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, l’une dans une tourbière dégradée à Molinie, l’autre, qui fait exception à la règle, dans une bordure de lande jouxtant cette tourbière.

Note de bas de page 47 :

On peut lire une bonne description à la fois du genre Wiehlea et de l’espèce calcarifera dans le volume III de British Spiders par Locket, Millidge et Merrett, pages 95 et 96 (voir bibiographie).

Wiehlea calcarifera (Simon, 1884) : seule espèce du genre Wiehlea dans le monde, cette très petite araignée de couleur pâle, brun très clair pour le céphalothorax et jaune ou légèrement gris jaunâtre pour l’abdomen, au yeux cerclés de noir, dont les deux sexes mesurent de 1 à 1,5 mm, est assez mal connue47. Elle ne serait actuellement signalée que dans quatre pays d’Europe de l’ouest : Allemagne, Belgique, France et Grande-Bretagne. Eugène Simon décrivit le mâle en 1884 sous le nom de Gongylidiellum calcariferum à partir d’un seul exemplaire trouvé près de Clamart, dans cette partie de l’ancien département de Seine-et-Oise qui forme depuis 1968 celui des Hauts-de-Seine. La femelle ne fut décrite par Rudolf Braun, sous le nom de Wiehlea huetheri, qu’en 1959, et ce n’est qu’en 1963 qu’elle fut reconnue par P. Merrett comme la femelle du mâle décrit par E. Simon en 1884. Et, compte tenu du très petit nombre d’observations dont elle est l’objet, il n’est pas surprenant que les différents auteurs puissent s’accorder sur sa rareté et sur le fait qu’on connaît bien peu de chose de sa biologie et de ses mœurs et même de sa phénologie. A partir de quelques informations recueillies oralement auprès des rares collègues de l’Association Française d’Arachnologie ayant récolté cette espèce on peut affirmer qu’elle évolue au niveau du sol, comme la grande majorité des Erigoninae, et proposer, pour sa période de maturité, une fourchette allant de novembre à mai avec un pic dans les mois de plein hiver. Seule une femelle de cette espèce a été observée jusque là en Limousin, récoltée en Creuse dans un piège Barber par F. Lagarde, le 27/04/2010, dans une prairie pâturée dégradée évoluant en lande à genêt, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse. (voir fig.1 ci-dessous).

Figure 1

Figure 1

La sous-famille des Linyphiinae

Cette sous-famille est actuellement représentée en Limousin par soixante-douze espèces, ce qui correspond à un total de cent-soixante-treize espèces pour l’ensemble de la famille des Linyphiidae dans notre région.

Agyneta affinis (Kulczyński, 1898) (ex Meioneta affinis) : des dix-huit espèces du genre Agyneta présentes en France, treize était antérieurement classées dans le genre Meioneta et cinq seulement dans le genre Agyneta. Huit espèces ont été observées en Limousin, et, bien qu’assez inégalement, dans les trois départements. A. affinis est une petite araignée de couleur brune dont le céphalothorax peut être presque noir et dont le mâle comme la femelle mesurent entre 1,5 et 2 mm. Nos observations ne nous permettent pas de souscrire complètement aux indications données par Nentwig & al. qui limitent aux mois de juin et juillet la saison de maturité, présentent l’espèce comme « rarement trouvée » et la situent dans des milieux « plus ou moins secs ». Or, l’espèce semble assez commune en Limousin puisqu’elle y figure dans une trentaine d’inventaires pour deux-cent-trente individus identifiés et les observations proviennent en grande majorité de milieux humides. En outre, les dates, lorsqu’elles nous ont été indiquées, élargissent la période de maturité d’avril à août. C’est en Haute-Vienne, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, qu’E. Duffey récolte par piégeage, d’abord trois femelles en juin 2000, puis deux mâles en juillet. Il récolte en outre dans ce département une femelle, le 18/05/2003 , dans une prairie naturelle de fauche au village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine. En Corrèze les onze fiches d’observations se partagent entre F. Lagarde et B. Le Péru. Ce dernier récolte deux mâles en avril 2001 et deux autres en avril 2002 dans une prairie en friche, à Saint-Etienne-aux-Clos. F. Lagarde, dans sa campagne de piégeage de 2009 sur le Plateau de Millevaches, cite l’espèce, souvent en très grand nombre, dans quatre communes de ce département : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), et à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). En Creuse, à l’exception de l’observation par B. Le Péru d’une femelle, le 25/05/2007, dans les herbes bordant l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, F. Lagarde est l’auteur de toutes les autres citations de ce département, les plus nombreuses et qui se répartissent sur cinq communes : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles dans cinq sites (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Royère-de- Vassivière (tourbière de La Mazure où il capture d’abord trois mâles le 01/08/2006 puis note huit individus en 2009 sans indication de sexe, Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine), enfin à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Agyneta cauta (O. P.-Cambridge, 1902) : nous écrivions en 2012 : « le genre Agyneta est suffisamment proche du genre Meioneta pour que certains auteurs aient envisagé de les mettre en synonymie. Ils restent actuellement séparés. On reconnaît assez vite les mâles du genre Agyneta à la forme de leur cymbium* lequel, vue de profil, évoque grossièrement une équerre ».Nous avons vu plus haut ce qu’il en est aujourd’hui. Nous devons au travail réalisé par F. Lagarde et son équipe, dans le cadre du projet du CNRS déjà évoqué, la connaissance de la plus grande partie des espèces vivant dans les strates basses des tourbières et des landes du Plateau de Millevaches, et, en particulier, la totalité des citations de cette espèce. L’auteur de ces lignes se souvient très bien de l’exemplaire que notre ami avait porté au laboratoire du colloque d’arachnologie de Limoges, pour confirmation, en septembre 2006. Car il venait de récolter deux femelles de cette espèce dans un piège Barber, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, en Creuse. L’observation s’est renouvelée au cours des années suivantes dans ce site ainsi que, dans la même commune, à Combe Lépine, à la Croix de Fayaud et dans la tourbière du Grand Puy. Toujours en Creuse, il note l’espèce à Faux-la-Montagne (tourbière de Puy Marsaly), à Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade) et à Gioux (tourbière de Puy Chaud). En Corrèze, il cite l’espèce dans la commune de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), dans celle de Saint-Merd-les- Oussines (tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix), dans celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), et enfin celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Au total, trente-six animaux de cette espèce auront été identifiés et les informations recueillies grâce à ce projet nous permettent de considérer que cette petite araignée au céphalothorax brun et l’abdomen noir, mesurant environ 2,3 mm, est une des espèces typiques de nos tourbières.

Note de bas de page 48 :

Cette espèce est présentée sous le nomen dubium de Meioneta tenera Menge, par Heimer et Nentwig, p. 210 de leur ouvrage «Spinnen Mitteleuropas», 1991, erreur qui a été corrigée dans le site internet de Nentwig & al. qui avait un temps porté ce nom.

Agyneta mollis48 (O. P.- Cambridge, 1871) (ex Meioneta mollis) : sensiblement de la même taille que la précédente et sans doute moins commune chez nous, cette espèce peut être rencontrée adulte en toute saison et fréquente des milieux assez divers, le plus souvent humides, tant herbeux que boisés. Elle figure en Limousin, pour vingt-quatre individus identifiés, dans dix-sept inventaires dont dix en Haute-Vienne où elle est signalée d’abord par E. Duffey qui récolte un mâle par piégeage le 07/11/1998, dans une zone de prairie humide au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Il la note par la suite en ce même site à sept reprises dans les mois d’avril et mai, de 2002 à 2004. M. Cruveillier récolte un mâle, le 06/12/1998, dans de la mousse humide prélevée au bord d’une mare, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, et identifie un autre mâle dans une récolte de P. Durepaire, d’octobre 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse, il récolte une femelle, le 18/06/2000, en passant un filet fauchoir sur de tout jeunes saules bordant l’étang des Landes, à Lussat, et F. Lagarde signale l’espèce au cours de 2009 dans trois sites de la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, tourbière des Salles). Enfin, en Corrèze, E. Duffey, après avoir observé une femelle, le 18/06/2003, dans un secteur herbeux humide de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, récoltera un mâle, le 03/04/2008, dans de l’herbe bordant une mare, au village du Dougnoux, à Altillac.

Agyneta ramosa Jackson, 1912 : assez semblable à la précédente par son aspect et sa taille, cette espèce des lieux humides, bien que notée comme commune par Heimer et Nentwig n’a été mentionnée que dans quatre inventaires en Limousin, par F. Lagarde, dans la période 2006-2009, pour onze individus identifiés. La Corrèze n’y est que pour une seule fiche concernant la tourbière de Négarioux Malsagnes à Peyrelevade. En Creuse, après la capture de quatre femelles, le 01/08/2006, à Royère-de-Vassivière, dans la tourbière de La Mazure la même opération y sera renouvelée en 2009 et deux autres individus seront notés dans la tourbière de Puy Chaud, à Gioux.

Agyneta rurestris (C. L. Koch, 1836) (ex Meioneta rurestris) : très légèrement plus grande que les deux précédentes, 1,6 à 2,3 mm pour le mâle et jusqu’à 3 mm pour la femelle, cette araignée de couleur très sombre, répandue dans toute l’Europe, peut être observée à l’état adulte toute l’année dans des milieux très divers et à toutes les altitudes. Nentwig & al. écrivent que c’est l’espèce la plus fréquente du genre. Elle est effectivement assez commune en Limousin puisqu’elle figure dans vingt-quatre fiches d’inventaire pour trente-trois individus observés répartis sur les trois départements. La première mention, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, le 16/08/1995, est une femelle capturée alors qu’elle pendait par son fil de sécurité aux branches basses d’un bouleau à Meuzac, commune où l’espèce est citée par la suite dans quatre inventaires, d’abord dans la Lande du Cluzeau où M. Cruveillier observe une femelle, le 15/05/1998, sous une petite toile tendue entre le bord d’un caillou et la mousse du sol, puis sur ce même site, le 24/04/2001, au cours d’un stage de détermination organisé par lui, N. Larchevêque et L. Chéreau capturent chacun une femelle, sur de la callune et sous un caillou, puis, au cours du même stage, B. Duhem récolte une autre femelle au pied du mur d’un bâtiment proche du lac de la Basse Roche. Encore dans ce département, E. Duffey avait capturé une femelle, le 14/06/1998, par filet fauchoir, dans une haie, à Bussière-Poitevine, puis identifié quatre mâles et deux femelles, récoltés par piége Barber, par P. Durepaire, en juin 2000, dans un secteur de prairie tourbeuse, aux Dauges, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne. Enfin M. Cruveillier note un mâle dans ce même site, capturé au filet fauchoir, en août 2000, sur les branches basses d’un hêtre et, dernière mention pour la Haute- Vienne, il récolte une femelle, le 03/06/2000, en battant les branches d’une haie au village de Chez Roger, dans la commune de Saint-Priest-sous-Aixe. En Creuse, il capture un couple au filet fauchoir, le 22/06/2000, dans la bordure buissonnante d’une prairie proche de l’étang des Landes, à Lussat, commune où il récoltera un mâle dans la mousse et l’herbe courte d’un bord de sentier, à l’étang de Tête de Bœuf, le 07/08/2009. F. Lagarde capture une femelle, le 26/07/2006, aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière, site où il note à nouveau l’espèce en 2009 ainsi que dans la tourbière des Avenaux, à Faux-la- Montagne et à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles. En Corrèze, l’espèce est citée dans neuf inventaires dont cinq par B. Le Péru, au sol dans un jardin, à Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle en octobre 1997, une autre en juin 2001, un mâle en juillet 2001, trois femelles en août 2001 et un mâle en juillet 2002. Les quatre autres mentions corréziennes se répartissent entre E. Duffey qui note une femelle, le 13/06/2002, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix et un mâle dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, dans la commune d’Altillac, M. Cruveillier qui récolte une femelle, le 24/06/2004, à la base d’un buisson près de l’étang de Chabannes, à Tarnac, et enfin F. Lagarde qui cite l’espèce en 2009, au Ruisseau de Chamboux, à Peyrelevade.

Note de bas de page 49 :

il est rappelé que les arachnogues numérotent les pattes des araignées de I à IV, de l’avant vers l’arrière.

Agyneta saxatilis (Blackwall, 1844) (ex Meioneta saxatilis) : cette espèce dont les deux sexes mesurent de 1,8 à 2,3 mm, est assez semblable d’aspect à la précédente. Le mâle s’en distingue aisément sous la loupe binoculaire par la présence de deux « dents » très visibles sur le paracymbium*. Pour la femelle, de légères différences dans l’épigyne et la présence d’une épine rétrolatérale sur les tibias des pattes I et II49, absente chez A. rurestris, permettent de la distinguer de cette dernière. On rencontre cette araignée dans des milieux assez divers à végétation basse, prairies, landes ou tourbières. Les dates de nos observations, lorsqu’elles sont communiquées, vont du 19 mars au 12 juillet ce qui premettrait d’élargir la saison de maturité indiquée par Nentwig & al. qui la limitent à mai-juin. L’espèce figure dans vingt inventaires de notre base de données pour quarante animaux observés. Les deux premières mentions, en Haute-Vienne, émanent d’E. Duffey qui capture une femelle le 23/05/2000, dans une zone à Eriophorum de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, puis une autre par piégeage, le 19/03/2002, dans une prairie de Bussière-Poitevine. M. Cruveillier rajoute deux citations à la Haute-Vienne par la capture, le 11/07/2011, d’un mâle dans un talus d’herbe sèche et de bruyère, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il capture une femelle, le 30/06/2013, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. L’espèce est citée en Creuse, en 2009, dans huit inventaires de F. Lagarde répartis sur trois communes : à Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Bois des Pialles) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze il la note la même année dans trois communes : à Meymac (tourbière de Ribière longue), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et à Viam (Roche du Coq-Estang). Enfin, dans des récoltes de M. Lefrançois, M. Cruveillier identifie six mâles capturés le 27/06/2011 et un autre le 12/07/2011 dans une lande sèche atlantique à Ulex minor, à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, ainsi que deux autres mâles, capturés le 07/07/2011, dans une lande de même type à la Font Clare, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines.

Agyneta subtilis (O. P.-Cambridge, 1863) : plus grande que les deux précédentes puisque les deux sexes mesurent entre 2,5 et 3 mm, cette araignée, très largement répartie en Europe, est censée fréquenter les milieux humides, voire marécageux et Nentwig & al., qui la disent commune, indiquent les mois de juin et juillet comme dates de maturité. Or, si on peut considérer que la femelle récoltée par B. Le Péru, le 25/05/2007, en Creuse, près de l’étang de Méouze, dans la commune de Saint-Oradoux-de-Chirouze, en Creuse, repecte bien les indications de phénologie et d’habitat qu’on lui attribue, elle n’en constitue pas moins l’unique observation connue à ce jour en Limousin et ne confirme guère la réputation de « commune » qui lui est faite.

Aphileta misera (O. P.-Cambridge, 1882) : cette araignée au prosoma brun verdâtre et à l’abdomen plutôt gris, de 2 à 2,5 mm pour les deux sexes, vit dans la mousse, dans des milieux humides où elle peut être rencontrée à l’état adulte toute l’année et où, Selon Nentwig & al., elle pourrait être commune par endroits. Elle n’apparaît pourtant que dans trois inventaires jusque là en Limousin pour cinq individus identifiés. C’est d’abord une femelle ramassée dans des sphaignes très humides, le 19/07/2000, par E. Duffey, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne en Haute-Vienne, puis une citation en 2009 de F. Lagarde dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac en Corrèze, et plus récemment, dans ce même département, M. Cruveillier a déterminé trois mâles provenant d’une récolte par piège Barber de M. Lefrançois, du 07/07/2011, dans la tourbière de la Font Clare, à Saint-Merd-les- Oussines

Bathyphantes approximatus (O. P.-Cambridge, 1871) : quatre des six espèces de Bathyphantes présentes en France ont été observées en Limousin. Ce genre, décrit par Menge en 1866, se distingue des Lepthyphantes (sensu lato) par l’absence d’épines sur les métatarses. Tous nos Bathyphantes ayant été décrits initialement dans le genre Linyphia, c’est par rapport à ce genre qu’il y a lieu d’apprécier l’adjectif choisi par l’auteur pour le nom de l’espèce, lorsque cet adjectif est descriptif de l’animal. B. approximatus, dont les deux sexes ont une taille pouvant évoluer entre 2 et 3,2 mm, fréquente des habitats très humides et ombragés où l’espèce pourrait être trouvée adulte en toute saison. Elle n’a été signalée jusque là qu’une seule fois, en 2009, par F. Lagarde, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux- Pigerolles, en Creuse.

Bathyphantes gracilis (Blackwall, 1841) : mesurant entre 1,5 et 2 mm pour le mâle et de 2 à 2,5 pour la femelle, cette espèce holarctique* fréquente, selon la littérature, des habitats assez variés, milieux ouverts ou un peu boisés frais, y compris les zones cultivées, et peut être observée adulte toute l’année sur de la végétation basse. En Limousin elle a été répertoriée dans les trois départements et apparaît dans treize inventaires pour trente-deux animaux identifiés. La première mention concerne une très belle femelle récoltée en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 18/06/1997, dans une bande herbeuse d’un verger, sur Dianthus armeria, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il renouvelle l’observation dans un jardin, dans une touffe d’Heuchera, le 20/05/2001. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey la mentionne dans quatre inventaires d’une prairie naturelle au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine : une femelle aéronaute en juillet 1999, deux femelles capturées au filet fauchoir le 17/07/2000, deux autres femelles et seize mâles récoltés par piégeage au sol, le 20/01/2002, et une dernière femelle au filet fauchoir, le 22/05/2003. En Creuse, M. Cruveillier capture un mâle au filet fauchoir le 22/06/2000, dans une prairie bordant l’étang des Landes au lieudit Le Genévrier, à Lussat, commune où, le 07/08/2009, il capture dans un secteur d’herbe courte un autre mâle au bord de l’étang de Tête de Bœuf. La même année, F. Lagarde mentionne l’espèce à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles. Enfin en Corrèze, M. Cruveillier récolte une femelle dans de la litière entre la mégaphorbiaie et la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines et B. Le Péru cite l’espèce dans trois inventaires de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos : une femelle circulant au sol dans un jardin en janvier 2001, un mâle en avril 2002 sur de la mousse fraîche au bord d’un ruisseau, et un autre mâle en octobre 2002, à nouveau dans le jardin cité.

Bathyphantes nigrinus (Westring, 1851) : mesurant entre 2,5 et 3 mm, pour le mâle comme pour la femelle, cette espèce est la plus grande de nos quatre Bathyphantes. Elle se cantonne dans les milieux humides et, comme les trois autres, elle peut être rencontrée à l’état adulte à chaque saison. Contrairement à ce que pourrait évoquer son nom cette araignée n’est pas vraiment noire mais son abdomen est gris avec des motifs perceptibles clairs dans la partie dorsale. La première rencontre en Limousin revient à B. Le Péru qui captura deux mâles en Corrèze, en février 1999, dans une prairie humide en friche proche de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, commune où il cite encore l’espèce dans quatre autres inventaires dans le même site, d’abord en septembre, octobre et novembre 2001 où il observe un mâle à chaque fois et, en février 2002, dans la litière d’une forêt de hêtres où il récolte deux mâles et trois femelles. La dernière mention de Corrèze, le 23/07/2002, est un mâle capturé dans la litière de la végétation herbacée, par M. Cruveillier, au bord du Chavanon, dans sa haute vallée, dans la commune de Feyt. En Creuse, B. Le Péru récolte une femelle, le 25/04/2007, dans une prairie marécageuse de La Nouaille, dans la commune de Flayat et, dans ses inventaires de 2009, F. Lagarde cite l’espèce dans la tourbière des Avenaux dans la commune de Faux-la-Montagne et au Ruisseau du Pic dans celle de Saint-Pardoux-Morterolles.

Bathyphantes parvulus (Westring, 1851) : mâle et femelle de cette espèce mesurent de 2 à 2,3 mm. C’est une araignée à l’abdomen anthracite et aux pattes jaune pâle, légèrement rembrunies à l’endroit des articulations, qu’on trouve dans des milieux humides, dans la litière ou dans les débris végétaux rassemblés par les pluies. Douze animaux de cette espèce ont été identifiés en Limousin, ventilés dans sept fiches d’inventaire que se partagent la Creuse et la Corrèze, département d’où provient la première mention, un mâle, trouvé le 24/06/2004, par M. Cruveillier, en triant justement de menus débris végétaux récoltés dans une touffe d’herbe courte qui les avait retenus dans un chemin bordant la tourbière de l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac. L’autre mention de Corrèze est de F. Lagarde qui cite l’espèce en 2009, au Ruisseau du Mazet, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. En Creuse, l’espèce est d’abord notée par B. Le Péru qui récolte un mâle, le 25/05/2007, au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. Par la suite, dans ses inventaires de l’année 2009, F. Lagarde signalera la présence de l’espèce dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs) et dans celle de Royère-de- Vassivière (tourbière de La Mazure).

Centromerita bicolor (Blackwall, 1833) : les deux espèces de ce genre répertoriées en France sont représentées, quoique bien modestement encore, dans notre région, mais, pour le moment, dans le seul département de la Haute-Vienne. Mâle et femelle de Centromerita bicolor mesurent entre 3 et 3,5 mm. Le tibia du pédipalpe du mâle présente une touffe de soies et l’épigyne de la femelle est densément couverte de soies assez longues, ce qui peut être une aide pour l’identification du premier mais plutôt une gêne pour la lecture de la seconde. Les deux seuls inventaires où se trouve citée chez nous cette espèce émanent d’E. Duffey lequel captura d’abord une femelle au filet fauchoir le 27/10/1999 dans les herbes bordant son étang, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière- Poitevine, et qui disposa à cet endroit, du 13 au 20/01/2002, quelques pièges Barber dans lesquels il récolta vingt-deux mâles et treize femelles. Nentwig & al. écrivent que la période de maturité est l’hiver et que l’espèce vit « souvent dans la litière et la mousse des bois pas trop humides » où elle « n’est pas rare ». Bien que nous ne disposions que de ces deux fiches de données, nous aimerions avancer, avec la prudence d’usage, que cette araignée ne peut être dite « assez commune » sans préciser que c’est localement, qu’elle peut fréquenter également des milieux ouverts et qu’elle peut aussi être adulte en automne.

Centromerita concinna (Thorell, 1875) : à condition de réduire les mesures d’un millimètre, on pourrait presque reproduire pour cette araignée le texte rédigé pour la précédente dont elle a été considérée un temps comme une sous-espèce. Il faut croire qu’elle avait particulièrement plu à Thorell pour l’avoir qualifiée de concinna qui signifie belle, charmante. Comme la précédente, selon la littérature, elle est largement répartie en Europe et se trouve dans la litère des bois où on peut la rencontrer adulte en hiver. Les deux seules femelles identifiées en Haute-Vienne l’ont été, le 07/11/1998 par E. Duffey pour la première, à Bussière-Poitevine, dans le site même où il récoltera par la suite Centromerita bicolor, et par M. Cruveillier pour la seconde dans une récolte de P. Durepaire réalisée en décembre 2000, en bordure de la tourbière des Dauges, au village de Sauvagnac, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne.

Centromerus albidus Simon, 1929 : des vingt-sept araignées du genre Centromerus présentes en France, huit ont été trouvées en Limousin mais très inégalement selon les espèces. Centromerus albidus, ainsi nommé à cause de sa pâleur, est une toute petite araignée dont le mâle comme la femelle mesurent entre 1 mm et 1,5 mm, taille qui, associée à sa couleur très claire, peut laisser croire qu’on a affaire à un animal immature. Et, comme l’épigyne de la femelle n’est pas très marquée, on comprendra que ce n’est pas une des espèces les plus faciles à déterminer. Sa phénologie semble assez mal connue et, selon la littérature, l’espèce est rare et se tient ordinairement dans la litière de feuilles, voire dans des grottes. La seule mention limousine actuellement disponible est une femelle capturée le 28/04/2001, par D. Rastel, au sol sous un pommier, dans un vieux verger du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, à l’occasion d’un stage animé par M. Cruveillier, et dont l’identification fut confirmée par lui et par J.-C. Ledoux qui était l’un des intervenants.

Centromerus capucinus (Simon, 1884) : selon Nentwig & al., cette espèce, dont les deux sexes mesurent entre 2 et 2,5 mm, est rare et se tient dans la végétation basse des bordures forestières où elle peut être rencontrée adulte de décembre à juin. L’unique observation dont nous disposons a au moins le mérite de s’inscrire exactement dans ce cadre puisqu’il s’agit d’un mâle, capturé le 13/06/2009 par M. Cruveillier, dans un piège placé sur le bord herbeux d’un chemin longeant une zone boisée qui jouxte l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, en Creuse.

Note de bas de page 50 :

si on trouvait encore une référence à Rhabdoria diluta en 2008 sous la plume de Marusik et Koponen, c’était pour rappeler, dans un hommage post mortem, les travaux de l’arachnologue finlandais M. Saaristo, décédé cette année-là.

Centromerus dilutus (O. P.- Cambridge, 1875) : il se pourrait que ce nom de dilutus, qui signifie délayé, ait été attribué à cette espèce en référence aux couleurs assez diverses des différentes parties du corps de cette araignée d’abord décrite dans le genre Erigone. En effet, le céphalothorax est brun clair, les pattes jaunâtres, le sternum plutôt jaune avec des traces sombres et l’abdomen pratiquement noir. Saaristo avait exhumé pour elle en 1975 le genre oublié Rhabdoria50 qui n’a pas été retenu. C’est une araignée dont le mâle et la femelle mesurent entre 2 et 2,5 mm. L’épigyne de cette dernière présente un scape* particulièrement long et effilé atteignant la moitié de l’abdomen. On rencontre cette espèce dans la mousse ou la litière, en des lieux humides. Nentwig & al. écrivent qu’elle est plutôt rare et qu’on peut la rencontrer adulte presque toute l’année, à l’exception des mois chauds de l’été. Si nos observations confirment bien la période de maturité, en revanche ce n’est pas le cas pour sa fréquence puisque c’est l’espèce de Centromerus la plus souvent citée chez nous où elle figure dans dix-neuf fiches d’inventaire pour trente-deux exemplaires identifiés. B. Le Péru est le premier à avoir signalé sa présence en Corrèze par la capture, en décembre 1998, de deux mâles et deux femelles dans la mousse, au sol, en bordure d’une forêt humide, à Saint- Etienne-aux-Clos, commune où il mentionne l’espèce dans huit autres fiches, une femelle dans le même secteur en décembre 2000, deux autres au sol, dans un jardin, en janvier 2001, quatre autres dans un jardin sous une haie de résineux en avril 2001, trois autres dans une prairie en friche en mars 2001, deux au même endroit en avril 2001, plus une en novembre 2001, un mâle dans la mousse de rocher très humide en forêt en janvier 2002, et enfin un autre mâle, au sol, dans une prairie en friche en mars 2002. Il signalera également la capture de deux femelles, le 06/04/2007, dans la forêt du Longeyroux, à Meymac. Toujours en Corrèze, un mâle est récolté, le 27/06/2001, par M. Cruveillier, à la lisière de la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, et F. Lagarde signale l’espèce dans la tourbière de Négarioux Malsagnes, à Peyrelevade, et à la Roche du Coq-Estang, dans la commune de Viam. En Haute-Vienne, E. Duffey récolte deux femelles, le 23/05/2000, dans la litière de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne et, le 26/04/2001, un couple est récolté par B. Duhem dans la mousse fraîche d’un vieux verger abandonné, à Meuzac. Enfin en Creuse, l’espèce a fait l’objet de quatre citations, d’abord par B. Le Péru, le 10/04/2007, une femelle dans une prairie marécageuse de Saint-Merd-la-Breuille, puis une autre femelle le 16/04/2007 dans un site semblable, au village de La Nouaille, dans la commune de Flayat. De son côté F. Lagarde mentionne sa présence en 2009 dans la tourbière des Salles et dans celle de Puy Chaud respectivement dans les communes de Gentioux-Pigerolles et de Gioux.

Centromerus incilium (L. Koch, 1881) : Heimer et Nentwig, qui se fondent il est vrai sur des observations d’Europe centrale, indiquent la mousse des bois comme milieu habituel et la fin de l'automne comme date de maturité de cette espèce. Or F. Lagarde a capturé en Creuse une femelle adulte le 24/06/2008, et une autre le 06/05/2009, dans une pelouse acidiphile dégradée évoluant en lande à genêts, à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, ce qui constitue à cette date les deux seules mentions de cette petite araignée à l’abdomen presque noir et n’excédant guère 2 mm de long. Le milieu, ainsi que les dates, de ces captures montrent combien certaines informations de la littérature sont à prendre comme des indications liées à des cas examinés et non comme des assertions valables en tous lieux.

Centromerus levitarsis (Simon, 1884) : cette araignée à l’abdomen presque noir et fréquentant des lieux très humides mesure environ deux millimètres de long. L’épigyne de la femelle présente un scape* effilé et très long. L’espèce n’a été récoltée chez nous que par piégeage au sol entre 2007 et 2009 par F. Lagarde qui signale sa présence dans quatorze fiches également partagées entre la Creuse et la Corrèze et représentant l’examen de vingt- neuf individus. Cinq communes sont citées en Corrèze : Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix), Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). En Creuse les observations se répartissent sur deux communes seulement : Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles) et Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière de La Mazure).

Centromerus pabulator (O. P.-Cambridge, 1875) : cette araignée au céphalothorax brun clair et à l’abdomen gris foncé, a une fourchette de taille assez large puisqu’elle peut évoluer, pour les deux sexes, entre 2,5 et 4 mm. Elle se tiendrait plutôt en milieu sec, sur la mousse où, selon le site « Spinnen Europas », on rencontrerait des adultes toute l’année sauf l’été. C’est à l’occasion d’un stage d’identification organisé à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, que les deux seules femelles de cette espèce observées jusque là ont été capturées par des stagiaires, le 24/04/2001, dans la même pelouse sèche écorchée de la lande serpentinique du Cluzeau, l’une par B. Duhem dans de la mousse et des lichens, sur un rocher, et l’autre par D. Rastel, au sol, dans une végétation courte de fétuque ovine. L’identification fut dans les deux cas confirmée par J.-C. Ledoux qui intervenait dans le stage.

Centromerus serratus (O. P.-Cambridge, 1875) : les deux sexes de cette petite araignée mesurent de 1,2 à 1,8 mm et peuvent être rencontrés adultes toute l’année en des lieux plutôt humides et boisés, tant dans la litière que dans les branches basses des arbres. Le nom de l’espèce est dû au bord inférieur en dents de scie du paracymbium* du mâle. La première mention est une femelle, récoltée le 05/11/1997, dans les branches basses d’un Aulne glutineux, au bord d’un ruisselet, dans les bois de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier lequel capture une autre femelle, le 15/04/2000, dans la même commune, dans une touffe de jeunes saules au bord d’un chemin forestier marécageux. En Creuse, l’espèce est également signalée deux fois, d’abord par F. Leblanc, le 08/03/1999, une femelle, dans la mousse et la litière d’un bois de hêtres proche du village de Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, puis une autre, récoltée par M. Cruveillier, le 22/06/2000, dans un bosquet de saules au bord de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, dans la commune de Lussat. En Corrèze, à part la mention par M. Cruveillier d’une femelle, le 27/06/2001, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, les quatre autres fiches proviennent de B. Le Péru qui récolte dans une forêt humide et ses abords, à Saint-Etienne- aux-Clos, une femelle en février 2001, un mâle en novembre de la même année, un couple au début de mars 2002, puis un mâle un peu plus tard dans le même mois.

Centromerus sylvaticus (Blackwall, 1841) : est une espèce holarctique*. Elle est assez proche par sa couleur et sa taille de Centromerus pabulator mais, à l’inverse de cette dernière, elle se rencontre plutôt en milieu humide ou frais. Nentwig & al. indiquent qu’on la trouve dans la litière des bois humides et limitent sa période de maturité aux mois d’hiver. Nos observations montrent qu’on peut la rencontrer adulte vraisemblablement toute l’année et qu’elle n’est pas liée au seul milieu forestier. Elle est présente dans nos trois départements où elle est citée dans quinze fiches d’inventaire pour dix-huit individus identifiés. La première mention de notre base est tout à fait conforme aux données de la littérature puisqu’il s’agit d’une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 06/12/1998, dans la litière d’un fossé de sous- bois, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. E. Duffey ajoute trois observations à ce département par des captures par piège Barber dans une prairie mésophile à humide de la commune de Bussière-Poitevine : une femelle en mars 2000, un mâle le 14/04/2000 et trois mâles le 20/01/2002. En Creuse, F. Leblanc nous signale en 2002 qu’il avait ramassé, le 15/10/1999, une femelle avec des chanterelles dans la litière d’un bois, à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-champs, et F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce en 2009, à Gentioux-Pigerolles, par la récolte de deux individus à la Ferme de Lachaud et un aux Prés Neufs. C’est en Corrèze que cette araignée est le plus souvent citée puisque B. Le Péru la mentionne dans huit fiches d’inventaire dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle sur un poteau de jardin à 1,8 m du sol en octobre 1997, une femelle dans de la mousse, au sol, en lisière de forêt humide en mars 1998, une autre dans ce même lieu en mai 1998, et une autre encore dans ce site en décembre 1998, une autre dans la mousse d’une prairie humide en septembre 2000, une autre au sol, dans un jardin, sous une haie de résineux en janvier 2001, une autre en ce même lieu en avril 2001 et une dernière en août 2001 dans de la mousse, au sol, en lisière de foêt humide.

Diplostyla concolor (Wider, 1834) : seule de son genre dans le monde, cette araignée holarctique* au prosoma* brun avec deux motifs transverses plus foncés et un abdomen gris noir, dont les deux sexes mesurent entre 2,5 et 3 mm et dont la femelle présente un scape* très long et mince, peut être trouvée adulte toute l’année. Sans être très abondante, elle est présente dans nos trois départements où elle a été signalée dans dix fiches d’inventaire, pour dix femelles et un seul mâle, dans des milieux assez divers dont les seuls points communs semblent être l’ombre et la fraîcheur voire l’humidité. La première mention est une femelle trouvée le 16/06/1997, par M. Cruveillier, en Haute-Vienne, sur un vieux billot de bouleau abandonné dans de l’herbe humide à l’ombre d’une haie, aux Fontenelles de Chavagnac, à Meuzac, commune où, à l’occasion d’un stage qu’il y avait organisé, une autre femelle fut capturée par B. Duhem, le 23/04/2001, en soulevant le couvercle d’un regard, au pied du mur d’une maison. Toujours en Haute-Vienne, il récolte une femelle dans de la litière de feuilles, le 22/05/2000, au pied d’un noisetier, à Vallégeas, dans la commune de Sauviat-sur-Vige, et, le 19/09/2000, une autre femelle dans un secteur boisé de la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne. E. Duffey avait, de son côté, capturé une femelle par piégeage, en juillet 1999, au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. M. Cruveillier cite une femelle en Corrèze, le 23/07/2002, au bord du Chavanon dans la commune de Feyt, et, par un piégeage près d’une mare de son jardin du Dougnoux, à Altillac, E. Duffey capture d’abord deux femelles, le 11/04/2007, et l’unique mâle le 01/06/2008. Les deux mentions de Creuse, toutes les deux dans la commune de Lussat, émanent de M. Cruveillier, dont une femelle, le 22/06/2000, dans un sous-bois de saules au bord de l’étang des Landes près du lieudit Le Genévrier, et une autre femelle, le 07/08/2009, dans le bord herbeux humide de l’étang de Tête de Bœuf. Il est un peu surprenant de constater que cette espèce n’a pas été capturée dans les très nombreux piégeages au sol réalisés sur le Plateau de Millevaches lequel présente pourtant un certain nombre de secteurs ombragés, frais ou humides.

Drapetisca socialis (Sundevall, 1832) : largement répandue en Europe, cette araignée est la seule représentante paléarctique* d’un genre qui ne compte que cinq espèces dans le monde. Le mâle comme la femelle mesurent de 3,5 à 4 mm et se rencontrent la plupart du temps sur les troncs d’arbres avec, semble-t-il, une prédilection pour les hêtres et les frênes où il est assez difficile de les voir s’ils restent immobiles. C’est un animal élégant, avec de longues pattes annelées et une coloration mouchetée qui contribue à son mimétisme, ce qui lui vaut outre-manche le nom d’« araignée invisible ». Le mâle présente, à l’arrière du cymbium*, une petite excroissance réniforme et l’épigyne de la femelle un large scape* saillant vers l’avant comme une langue tirée. C’est sans doute pour des raisons de prospection insuffisante des troncs d’arbres, comme pour Moebelia penicillata, que nous l’avons assez peu rencontrée. En effet, alors que l’espèce est réputée assez commune, elle n’apparaît chez nous que dans six fiches d’inventaire pour douze individus examinés. La première mention fait état de la capture, le 16/08/1995, de deux femelles sur un frêne et un mâle sur un jeune pin sylvestre près du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, lequel y récolte une autre femelle le 10/09/1999, et, dans une bordure de taillis proche du moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, trois femelles le 18/06/1997. Les trois mentions de Creuse, toutes dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, émanent de F. Leblanc qui signale l’observation de deux femelles, le 10/07/1997, au village de Pétillat, puis une autre femelle, le 28/12/1998, au village de Concizat et enfin quatre autres à nouveau à Pétillat le 08/03/1999. En Corrèze, l’espèce est observée à deux reprises par B. Le Péru sur des troncs d’arbres, dans une chênaie-hêtraie de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle en septembre 2000, puis un autre en août 2002, ce qui permet de s’interroger sur ce qui pourrait justifier que l’espèce ne soit plus mentionnée chez nous depuis douze ans.

Floronia bucculenta (Clerck, 1757) : seule espèce européenne d’un genre qui n’en compte que six dans le monde, Floronia bucculenta est une belle araignée dont le céphalothorax brun a la partie céphalique surélevée et dont l’abdomen un peu bossu présente sur un fond d’un beau beige orangé deux rangées de plaques polygonales blanches. Un naturaliste un peu expérimenté pourrait la reconnaître à l’œil nu. Le mâle comme la femelle mesurent environ 4,5 à 5 mm et on les rencontre à l’état adulte durant tout l’été et même jusqu’en octobre, sur la végétation basse, dans des milieux généralement très humides. Bien que présente dans nos trois départements elle n’a été mentionnée que dans six fiches d’inventaire. La première observation, et la seule pour la Haute-Vienne, est une femelle récoltée le 04/09/1999 par M. Cruveillier dans un fossé humide au pied d’une touffe de Lythrum salicaria, aux Fontenelles de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. B. Le Péru récolte, en octobre 2001, une première femelle à 600 m d’altitude dans une prairie humide en friche, et une autre au bord d’une forêt humide à 650 m, dans la commune de Saint-Etienne- aux-Clos en Corrèze, département où F. Lagarde signale la présence de l’espèce en 2009 à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes) et à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy). Il est également l’auteur des deux mentions de Creuse, à Gentioux-Pigerolles (Les Prés Neufs) et à Royère-de-Vassivière ( tourbière de La Mazure).

Note de bas de page 51 :

Frontinellina dearmata ne serait connue actuellement que dans l’île portugaise de Madère.

Frontinellina frutetorum (C. L. Koch, 1834) : le genre Frontinellina ne compte plus que trois espèces dans le monde dont deux espèces européennes51, F. frutetorum étant la seule répandue dans toute l’Europe. Elle fait partie du groupe que les arachnologues nomment les grands Linyphiides, appellation qui prend en compte surtout la taille mais n’a pas de limites systématiques bien précises et qui peut englober notamment, outre Frontinellina, les genres Labulla, Linyphia, Neriene, Pityohyphantes, etc. F. frutetorum est une araignée à l’abdomen noir et blanc et au céphalothorax brun, dont le mâle et la femelle mesurent entre 5 et 6 mm. Sa toile comporte deux nappes soutenues par un réseau de fils et l’araignée se tIent sous la nappe inférieure. Elle se rencontre à l’état adulte au printemps et au début de l’été dans la végétation buissonnante des milieux ouverts. Elle n’est pas très commune en Limousin où elle a cependant été mentionnée dans quatorze inventaires couvrant nos trois départements. C’est en Haute-Vienne que M. Cruveillier récolte d’abord un couple, le 06/06/1997, dans une haie de buis et de symphorine qui comportait de nombreuses toiles, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il note une femelle sur de la repousse de saule dans la Lande du Cluzeau, le 15/05/1998 et, le 20/06/1998, une autre dans de hautes herbes, le long d’une clôture à moutons, au lieudit le Mas Gaudeix. Il note également une femelle, le 22/06/2001, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où P. Tutelaers avait signalé l’observation, le 21/05/1999, de dix individus, trois mâles et sept femelles, et où E. Duffey mentionne un mâle le 30/05/2003. Enfin, toujours en Haute-Vienne, H. Guillien observe une femelle, le 25/05/2009, dans une friche à hautes herbes, au lieudit Chez Fringant, dans la commune de Saint-Hilaire-Bonneval. La première observation de Corrèze est une femelle, notée le 09/06/2001 par M. Cruveillier, au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran, et les cinq autres citations, toutes dans la commune de Chenailler-Mascheix, sont d’E. Duffey, soit dans le chemin d’accès à la lande serpentinique de Bettu, une femelle le 13/06/2002 et une autre le 18/06/2003, soit dans la lande elle-même, trois mâles et deux femelles le 13/06/2002, une femelle le 28/06/2002 et un mâle le 13/05/2003. L’unique mention de Creuse est une femelle récoltée en juillet 2009 à l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, par M. Cruveillier.

Kaestneria dorsalis (Wider, 1834) : seule espèce des deux Kaestneria de France actuellement observée en Limousin, K. dorsalis est une araignée de 2,5 à 3 mm de long, qui fréquente les milieux humides et ombragés, surtout en lisière de bois ou au bords de rivières ou d’étangs. Le prosoma* est sombre et les pattes, très fragiles, sont jaune orangé. L’abdomen est de couleur variable, parfois gris clair avec des chevrons légèrement apparents, parfois gris anthracite. Le mâle présente un paracymbium* de taille importante et assez écarté latéralement. Bien que notée comme commune par Heimer et Nentwig, l’espèce n’a été mentionnée que dans six inventaires en Limousin pour une dizaine d’individus dont sept proviennent d’un même site. Lors d’un stage organisé en avril 2001 à Meuzac, en Haute- Vienne, par M. Cruveillier, cinq femelles furent capturées (trois le 23 et deux le 25) au bord du lac de la Basse Roche par des stagiaires (B. Duhem, F. Leblanc, D. Rastel), dont les déterminations furent confirmées par J.-C. Ledoux et M. Cruveillier. Ce dernier identifia deux autres femelles capturées le 28 par S. Braud dans un bois très humide proche de ce lac. Un peu plus tard, M. Cruveillier cite également une capture du 25/05/2001, au bord de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, en Creuse, département où une autre femelle est récoltée par B. Le Péru le 25/05/2007, sur un arbuste, à 1,5 m du sol, à la lisière d’un bois mixte proche de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. L’espèce n’a pas encore été observée en Corrèze.

Labulla thoracica (Wider, 1834) : cette araignée de 5 à 5,5 mm, qui peut être rencontrée adulte toute l’année, tisse dans des lieux boisés, au pied des arbres, souvent entre deux racines, ou dans des buissons ou encore dans des tas de bois, une petite toile en nappe à la lisière de laquelle elle se tient. Elle a de longues pattes annelées et la partie céphalique un peu surélevée, surtout chez le mâle. La coloration de son abdomen est assez variable mais présente souvent des taches claires et parfois une assez large à l’avant avec un motif sombre en forme de croix pouvant aider à reconnaître un immature. Bien que signalée comme fréquente dans la littérature, elle n’apparaît chez nous que dans huit inventaires. La première mention, par M. Cruveillier, est une femelle observée le 05/11/1997, dans sa toile tendue dans la mousse au pied d’un chêne, dans les bois de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne. L’autre citation pour ce département est un immature signalé par P. Tutelaers, le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. L’espèce est notée quatre fois en Corrèze par B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, dont une femelle en octobre 1997, puis une autre femelle et un mâle en octobre 1998, justement dans un tas de bois, une femelle en juin 1998 dans un jardin et une autre en décembre 2001 dans la mousse humide d’un rocher, en forêt mixte. Pour la Creuse, M. Cruveillier cite, le 21/09/2000, une femelle sous des chênes proches de l’étang des Landes, à Lussat, et B. Le Péru mentionne une autre femelle, le 25/04/2007, dans une forêt mixte de La Nouaille, à Flayat.

Lepthyphantes leprosus (Ohlert, 1865) : est une espèce holarctique* qu’on peut trouver adulte toute l’année et qui se tient assez souvent dans les bâtiments mais parfois dans la nature. Le mâle mesure de 2,5 à 3,5 mm, la femelle pouvant atteindre 4 mm. L’espèce présente sur l’adomen des motifs foncés sur fond clair, variables et qui ne sont pas suffisants pour l’identifier avec certitude. Bien que signalée dans nos trois départements elle n’y semble pas commune puis qu’elle ne figure que dans cinq inventaires. La première citation date du 06/06/1997, par M. Cruveillier qui observa une femelle ayant tissé sa toile dans un vieux bouquet sec remisé dans un garage, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute- Vienne, département où, le 03/06/2000, il récolte un mâle au pied d’un bouleau près d’une maison, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Les deux mentions de Creuse émanent de F. Leblanc qui récolte d’abord un mâle, le 20/10/1998, puis une femelle en juin 1999, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs. Enfin, unique citation pour la Corrèze, M. Cruveillier identifie une femelle capturée par M. Lefrançois, le 12/07/2011, dans une prairie d’Ars, à Pérols-sur-Vézère.

Lepthyphantes minutus (Blackwall, 1833) : sensiblement de la même taille que la précédente et, comme elle, rarement observée chez nous, cette araignée est susceptible d’être rencontrée adulte en toute saison. Plutôt forestière, elle construit une toile insignifiante parmi des herbes et des feuilles au sol, souvent au pied d'un arbre. Selon Nentwig & al., elle fréquenterait de préférence les bois de résineux ce qui a été vérifié à trois reprises sur les cinq citations dont elle a fait l’objet à cette date en Limousin. D’abord, M. Cruveillier trouve une femelle dans une poignée de litière, le 05/11/1997, dans un bois de pins à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où il identifiera un mâle, issu d’une capture de P. Durepaire, du 30/10/2013, par tente Malaise , dans une bordure boisée de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. L’espèce n’est pas citée en Creuse, mais figure dans trois inventaires en Corrèze dont deux en 1997, par B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un mâle dans un tas de bois en septembre, dans un jardin, et un autre en forêt, sous l’écorce d’un arbre mort, à 1,5 m du sol, en octobre. La dernière mention pour ce département émane de M. Cruveillier qui récolte une femelle, le 23/07/2002, dans un petit bosquet de résineux de la haute vallée du Chavanon, dans la commune de Feyt.

Note de bas de page 52 :

dont trois mâles et six femelles dans un tapis de Mercurialis perennis, ce qui confirmerait des observations faites par d’autres arachnologues concernant une éventuelle prédilection pour cette plante de la part de cette araignée.

Note de bas de page 53 :

animal peut-être immature, compte tenu de la date, et donc vraisemblablement identifié d’après l’habitus.

Linyphia hortensis Sundevall, 1830 : des quatre Linyphia répertoriées en France, trois ont été observées en Limousin. Les Linyphia, comme les Neriene, présentent sur l’abdomen un motif foncé sur fond blanc, dont la forme est assez constante chez chaque espèce pour orienter utilement la détermination, sans pour autant pouvoir se dispenser de vérifier les genitalia*. L. hortensis, dont le mâle comme la femelle oscillent entre 4 et 5 mm, est la plus petite des trois et la plus précoce puisqu’on peut la rencontrer adulte dès le mois d’avril et jusqu’au milieu de l’été, dans la végétation buissonnante et les friches à herbes assez hautes. Présente dans nos trois départements elle y est mentionnée dans dix-huit inventaires pour quarante et un individus identifiés52. La première citation, le 16/08/1995, en Haute-Vienne, fait état d’un mâle et deux femelles observés par M. Cruveillier, dans les hautes herbes d’un verger abandonné de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera six mâles et huit femelles dans la mégaphorbiaie de la Celle du Cluzeau au cours du mois de mai 1997, puis deux femelles, en juin 1998, dans une friche au lieudit le Mas Gaudeix, et un mâle, le 23/04/2001, contre la façade blanche d’une maison à la Basse Roche. Toujours en Haute-Vienne, il note deux mâles et quatre femelles au cours de l’été 1997 dans des prairies bordant la Roselle près du moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest sur-Roselle et, le 15/06/2013, il observera une femelle dans les herbes hautes d’une prairie, au bord de la petite Briance, près du moulin de Briansolles, à Glanges. Enfin, pour clore la liste des mentions de Haute-Vienne, E. Duffey récolte, le 23/05/2000, deux femelles au filet fauchoir sur des branches basses au bord de la tourbière des Dauges à Saint-Léger-la-Montagne. L’espèce est mentionnée dans cinq inventaires en Creuse, d’abord par F. Leblanc qui signale une femelle, le 28/12/199853, au village de Concizat, à Saint-Sulpice-les-Champs, et une autre, le 30/03/1999, à Pétillat, dans la même commune. M. Cruveillier observe deux femelles, le 25/05/2001, dans de hautes herbes au bord de l’étang des Landes, à Lussat, puis B. Le Péru en note deux autres, le 25/05/2007, prés de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. Enfin F. Lagarde signale la présence de l’espèce en 2009 dans la tourbière des Avenaux, à Faux-la-Montagne. En Corrèze, B. Le Péru la mentionne à quatre reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle dans une forêt humide en mai 1997, un mâle errant sur un mur de jardin en juin 1999, une femelle dans une forêt humide en juillet 2001 et une autre dans une prairie humide en mai 2002. M. Cruveillier observe une femelle, le 10/05/2010, dans les buissons d’un talus de la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, et, le 08/05/2011, une autre femelle avec une proie, dans une station de Mercurialis perennis de la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat.

Linyphia tenuipalpis Simon, 1884 : nettement plus grande que la précédente, puisque le mâle comme la femelle peuvent atteindre 7,5 mm, cette espèce est adulte sensiblement à la même saison et fréquente les mêmes milieux quoique peut-être un peu plus ensoleillés. Elle n’est peut-être pas commune en limousin car elle n’y a été mentionnée que deux fois à cette date. La première citation émane de M. Cruveillier qui a capturé, le 16/08/1995, au village de Chavagnac , dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, « un très bel exemplaire de femelle qui avait fait sa toile dans une touffe de vieille callune, à 1 m du sol ». La deuxième et dernière mention provient de K. Guerbaa qui observe une autre femelle, le 31/07/1999, à la falaise des Rouchilloux, dans la commune de Darnets, en Corrèze.

# Linyphia triangularis (Clerck, 1757) : la plus répandue et la plus fréquente du genre dans toute la zone paléarctique*, cette araignée, qui a même émigré vers les Etats Unis, est aussi la plus tardivement adulte de nos trois Linyphia, sa période de maturité s’étalant du milieu de mai à novembre. La femelle, qui mesure entre 5 et 6,8 mm, a un dessin dorsal assez constant. C’est moins le cas chez le mâle qui ne dépase pas 6 mm et se distingue de la femelle par un abdomen plus cylindrique, présentant parfois une légère dépression vers le milieu. On rencontre cette espèce dans divers habitats sur les herbes ou la végétation buissonnante. Chez nous, elle figure dans vingt-sept inventaires pour une trentaine d’individus identifiés répartis sur les trois départements. La première mention au fichier, en Haute-Vienne, fait état de plusieurs toiles sur des plantes arbustives d’un jardin, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, par M. Cruveillier qui ne préleva qu’une femelle, le 16/08/1995. Il note une autre femelle dans ce même site, le 27/05/2001, puis, dans la même commune, une femelle dans les hautes herbes de la Celle du Cluzeau, le 28/09/2006, et une autre récoltée par O. Villepoux. Le même jour il mentionne une autre femelle récoltée par S. Déjean dans la Lande du Cluzeau, site où C. Jacquet et J.-C. Ledoux observent également chacun une femelle. Et, encore dans la commune de Meuzac, M. Cruveillier récolte, le 16/07/2013, un très bel exemplaire de mâle dans une rangée de Fuchsia, dans un jardin, à Chavagnac. Toujours en Haute-Vienne, F. Leblanc a récolté un mâle, le 10/10/1999, dans un touradon de Molinie de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Les quatre autres mentions pour ce département émanent de M. Cruveillier qui cite une femelle, le 22/06/2003, dans la lande de la butte de Frochet, à Bussière-Boffy, un mâle, le 17/07/2008, dans une prairie dégradée à genêts, identifié dans une récolte de K. Guerbaa, aux Combes, à Saint-Léger-la-Montagne, un autre mâle, qu’il détermine dans une capture par tente Malaise, de P. Durepaire, aux Dauges, dans cette même commune, le 06/09/2013, et enfin un couple qu’il observe, le 16/05/2009, dans une toile sur Erica cinerea au centre La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. La première donnée de Corrèze est une femelle observée dans sa toile, dans une prairie en friche, à 0,50 m du sol, en septembre 1997, par B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos où il cite un mâle errant au sol dans un jardin en septembre 2000, deux femelles dans une forêt humide à la même date et une autre femelle dans une prairie en friche en lisière de forêt, à 700m d’altitude, en août 2001. K. Guerbaa note une femelle, le 31/07/1999, à la falaise des Rouchilloux, à Darnets, et une autre, le 03/08/1999, au Longeyroux, à Meymac. Enfin, le 09/06/2001, M. Cruveillier récolte un très bel exemplaire de femelle dans une friche du Moulin du Cher, à Sarran. En Creuse, l’espèce est citée trois fois par F. Lagarde, d’abord le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, citation qu’il renouvelle en 2009, puis, la même année, au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue. Les quatre autres citations pour la Creuse émanent de M. Cruveillier qui mentionne une femelle, dans une prairie bordant l’étang des Landes, à Lussat, le 25/05/2001, et une autre dans la même commune, le 18/05/2009, à l’étang de Tête de Bœuf, une autre dans une mégaphorbiaie de l’espace Pêche-Nature de Pontarion, le 03/09/2001, et une autre déterminée dans une récolte de K. Guerbaa, du 15/09/2006, dans la tourbière de Friaulouse, à Saint-Goussaud.

# Macrargus rufus (Wider, 1834) : cette petite araignée à l’abdomen noir anthracite, dont le mâle mesure entre 3 et 4,2 mm el la femelle de 3 à 5,8 mm, n’est peut-être pas rare mais elle vit dans la litière ou la mousse des bois, milieux que nous avons sûrement moins prospectés. Ainsi elle n’a fait l’objet que de quatre citations. La première observation, le 05/11/1997, par M. Cruveillier, fut une femelle qui s’était réfugiée dans le pied creux d’une trompette des morts (Craterellus cornucopioides), dans les bois de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, site où il récoltera un mâle le 03/11/2006. En octobre 1998, B. Le Péru trouve une femelle dans une chênaie-hêtraie de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze. Enfin, en 2009, F. Lagarde signale l’espèce en Creuse, dans la tourbière des Chabannes, à Royère-de-Vassivière. Nos trois départements abritent donc cette espèce laquelle y est certainement bien plus présente que ces quelques mentions ne le laissent présager.

Mansuphantes mansuetus (Thorell, 1875) (ex Lepthyphantes mansuetus) : cette araignée au prosoma* jaune verdâtre et à l’abdomen gris foncé, décrite comme Linyphia mansueta, s’est ensuite appelée Lepthyphantes mansuetus pendant plus d’un siècle. C’est en 1996 que Saaristo et Tanasevitch l’ont prise comme type du nouveau genre Mansuphantes qu’ils venaient de créer. Ce genre compte cinq espèces en France et, M. mansuetus est la seule espèce observée en Limousin à cette date. Il se pourrait que cette petite araignée de 1,6 mm à 2,4 mm et qui peut vraisemblablement être trouvée adulte toute l’année, sauf peut-être en plein été, ne se rencontre qu’à une certaine altitude car les douze fiches d’observation dont elle fait l’objet, toutes en Corrèze, émanent du même arachnologue, B. Le Péru, et la situent au-dessus de 700 m d’altitude, onze d’entre elles étant dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos où vingt et un individus, neuf mâles et douze femelles, ont été récoltés entre 1999 et 2002, presque tous dans la mousse d’une prairie en friche et sur tous les mois de l’année à l’exclusion justement du plein été. Sa dernière mention est un couple récolté dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, le 16/03/2007, dans un milieu herbeux bordant la hêtraie de Lissac, à 900 m d’altitude. Cette tendance nous a été confirmée par notre ami J.-C. Ledoux dont toutes les captures de cette espèce ont eu lieu en altitude, en Haute-Loire et dans les Pyrénées orientales.

Maro minutus O. P.-Cambridge, 1906 : cette très petite araignée paléarctique*, de 1 à 1,4 mm, peut être observée à l’état adulte toute l’année dans la litière ou la mousse des milieux boisés humides ou des marais. Elle ne figure en Limousin que dans six inventaires pour huit animaux identifiés. La première observation, et la seule pour la Haute-Vienne, est un mâle récolté par M. Cruveillier, le 10/07/2001, en triant de la litière d’une clairière marécageuse des bois de Chavagnac, à Meuzac. La Corrèze n’a également qu’une citation de F. Lagarde en 2009, dans la tourbière de Marcy, à Saint-Merd-les-Oussines. Les quatre mentions de Creuse émanent également de F. Lagarde et concernent la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs) et celle de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes).

Megalepthyphantes nebulosus (Sundevall, 1830) : cette espèce holarctique* mesurant de 3,5 à 4,5 mm pour le mâle et jusqu’à 6,5 mm pour la femelle, et dont la période de maturité s’étale sur toute l’année, se trouve assez fréquemment autour des maisons, voire à l’intérieur, dans les jardins et parfois dans les ordures ménagères et les détritus végétaux. L’unique mention de cette araignée en Limousin à cette date est une femelle capturée au filet fauchoir par E. Duffey, le 01/04/2001, dans une zone herbeuse jouxtant sa maison, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne.

Microlinyphia impigra (O. P.-Cambridge, 1871) (ex Linyphia impigra) : les deux espèces françaises du genre Microlinyphia ont été observées en Limousin mais M. impigra, espèce holarctique* au prosoma* brun et à l’abdomen gris semé de taches claires, aux pattes annelées, vivant dans des milieux humides à végétation dense, et notée comme fréquente par Nentwig & al., n’apparaît pourtant que dans deux fiches de M. Cruveillier lequel, après avoir identifié une femelle capturée en Creuse par K. Guerbaa, le 15/09/2006, dans un secteur de prairie tourbeuse à Friaulouse, dans la commune de Saint-Goussaud, récoltera lui-même une autre femelle, le 07/05/2011, à Meymac, en Corrèze, dans la tourbière du Longeyroux. Les deux femelles mesuraient 4,8 mm, taille qui, selon des auteurs, pourrait être légèrement dépassée.

Microlinyphia pusilla Sundevall, 1830 (ex Linyphia pusilla) : cette espèce holarctique* est légèrement plus petite que la précédente et présente un certain dimorphisme sexuel. Le mâle, plus petit que la femelle, a un abdomen plus étroit et cylindrique avec deux taches blanches à l’avant de la partie supérieure, taches qui manquent chez le mâle de M. impigra. Cette araignée est bien plus commune que la précédente et fréquente la végétation basse des milieux ouverts, le plus souvent dans des zones humides. Elle est citée dans quatorze inventaires en Limousin pour vingt-six individus identifiés. La première capture remonte à juillet 1997 quand F. Leblanc capture une femelle au bord de l’étang des Mouillères, dans la commune de Saint-Michel-de-Veisse, en Creuse. Il identifie également un couple capturé par E. Mourioux, le 19/03/2000, à La Garrige, dans la commune de Saint-Maurice-La- Souterraine. M. Cruveillier récolte une femelle, le 18/06/2000, au filet fauchoir, dans les joncs d’une bordure marécageuse de l’étang des Landes, à Lussat et, toujours en Creuse, F. Lagarde signale la présence de l’espèce en 2009 aux Fontenelles du Chalard et à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles. L’espèce est citée cinq fois en Corrèze dont deux par O. Villepoux qui, au cours d’une visite du Groupe d’Etude des Tourbières, captura d’abord un mâle, le 15/07/1998, dans un secteur de lande tourbeuse à sphaignes et à Bruyère quaternée, au Longeyroux, dans la commune de Meymac, puis trois mâles et trois femelles dans un radeau de sphaignes avec des buttes herbacées, le 18/07/1998, à l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac. Les trois dernières mentions corréziennes émanent de M. Cruveillier, dont deux à Ambrugeat, dans une prairie bordant le lac de Sèchemailles, une femelle le 09/05/2011 et un mâle et deux femelles le 13/05/2011, et enfin un autre mâle dans une récolte de T. Taillez, le 16/05/2013, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. En Haute-Vienne l’espèce apparaît dans quatre inventaires, et d’abord à Bussière-Poitevine, par E. Duffey qui récolte une femelle, le 31/07/1998, dans l’herbe au bord d’un étang, puis à Château-Chervix où M. Cruveillier capture également une femelle au filet fauchoir, le 10/06/1999, au bord d’une mare proche du lieudit Condamines, et enfin à Saint-Léger-la- Montagne, dans la tourbière des Dauges où P. Tutelaers signale cinq femelles le 21/05/1999 et E. Duffey un mâle le 19/07/2000.

Microneta viaria (Blackwall, 1841) : seule de son genre en France, cette araignée, au prosoma* brun et à l’abdomen gris noir, est une espèce holarctique* dont la femelle et le mâle, lequel présente un pinceau de longues soies sur la patella du pédipalpe, sont de même apparence et mesurent entre 2,5 et 3 mm. Elle peut être trouvée adulte en toute saison, principalement dans la litière des bois frais à humides. Présente dans nos trois départements, elle figure dans treize inventaires pour vingt-cinq individus identifiés. C’est F. Leblanc qui, le premier, récolte un couple en Creuse, le 10/05/1998, dans un secteur de buissons au village de Pétillat à Saint-Sulpice-les-Champs, site où, le 08/03/1999, il signale encore deux mâles et cinq femelles. Ce département est concerné par cinq autres inventaires où figure cette espèce, d’abord, le 21/09/2000, dans la commune de Lussat où M. Cruveillier cite une femelle dans un bois de saules au bord de l’étang des Landes, ensuite dans celle de Royère-de- Vassivière où F. Lagarde récolte un couple, le 14/05/2006, au Bois des Pialles et un mâle et trois femelles, le 27/03/2007, en triant de la litière de la tourbière des Chabannes, puis dans la commune de Flayat où B. Le Péru note une femelle, le 25/04/2007, dans la litière d’une forêt humide à La Nouaille, enfin dans celle de Faux-la-Montagne où F. Lagarde notera l’espèce en 2009 dans la tourbière des Avenaux. B. Le Péru est l’auteur des quatres citations de Corrèze, d’abord dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos où il note une femelle en mars 2002 et une autre en mai de la même année dans une forêt très humide, puis dans la commune d’Eygurande où il capture une femelle, le 14/03/2007, dans un bois mixte à Eygerols, enfin dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines où il récolte un couple, le 16/03/2007, dans la litière de la hêtraie de Lissac. En Haute-Vienne l’espèce n’est citée que deux fois, d’abord le 23/04/2001, lors d’un stage organisé par M. Cruveillier dans la commune de Meuzac, une femelle récoltée dans un regard au pied d’une maison de la Basse Roche par B. Duhem, puis dans la commune de Peyrat-le-Château où elle est citée en 2009 par F. Lagarde au Bois de Crosas près d’Auphelle.

Midia midas (Simon, 1884) (ex Lepthyphantes midas) : cette araignée, au prosoma* brun jaunâtre et à l’abdomen gris avec des taches plus pâles, a gardé plus d’un siècle le nom originel de Lepthyphantes midas que lui avait donné son descripteur, Eugène Simon, lequel n’avait décrit que la femelle à partir d’un exemplaire unique provenant de la forêt de Fontainebleau. Le mâle ne fut décrit que plus tard, en 1913, par Jackson, sous le nom de Lepthyphantes carrii, renommé L. carri en 1953 par Locket & Millidge, qui devaient mieux connaître le génitif latin que Jackson, et qui proposèrent des dessins, comme le fit plus tard M. Roberts. Ce n’est que récemment, en 1995, que Saaristo et Wunderlich ont pris cette espèce comme type pour créer le genre Midia lequel ne compte à l’heure actuelle que cette seule espèce dans le monde. On sait fort peu de chose encore de nos jours sur la biologie, la phénologie et les mœurs de cette araignée dont le mâle mesure entre 2,3 et 2,8 mm, la femelle pouvant atteindre 4,8 mm, selon Nentwig & al. lesquels indiquent qu’elle se tient sur les arbres et aurait été parfois trouvée dans des nids d’oiseaux. L’unique mention limousine de l’espèce est une femelle capturée par E. Duffey en mai 1999, par battage des branches d’une haie, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, dans le nord de la Haute-Vienne.

Note de bas de page 54 :

les différences notées par M. J. Roberts dans son ouvrage “Spiders of Britain and Northern Europe”, Ed. Collins Field Guide, concernant le folium des deux genres, peuvent aider mais ne constituent pas un critère suffisant.

Neriene clathrata Sundevall, 1829-1830 : il n’est pas aisé de distinguer le genre Linyphia du genre Neriene54 et les habitués déterminent la plupart du temps l’espèce avant le genre. Des sept espèces du genre Neriene répertoriées en France, six ont été observées en Limousin. N. clathrata est une espèce holarctique* largement répandue. Le mâle, qui a deux taches blanches à l'avant de l'abdomen comme celui de N. furtiva, mesure de 3,5 à 4,6 mm et la femelle peut atteindre 5,3 mm. L’un et l’autre peuvent être rencontrés à l’état adulte en toute saison dans les buissons ou la végétation herbacée basse à mi-haute. L’espèce est commune en Limousin où elle figure dans trente-trois inventaires répartis sur les trois départements. La première mention au fichier est une femelle capturée en Haute-Vienne, au filet fauchoir, le 07/11/1998, par E. Duffey, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, site où il notera un mâle le 18/04/2002. Sept autres inventaires de Haute-Vienne mentionnent l’espèce et concernent tous la commune de Meuzac : un mâle, le 21/06/2000, dans une friche à Chavagnac, par M. Cruveillier, puis, au cours d’un stage qu’il animait avec J.-C. Ledoux et M. Emerit, une femelle, le 24/04/2001, sur un tas de bois, sous une bâche, aux Mas de France, récoltée par G. Montfort, et un mâle en ce même lieu le 25, récolté par F. Leblanc, puis trois mâles et trois femelles le 26, à nouveau à Chavagnac, récoltés par B. Duhem, enfin M. Cruveillier note une femelle, le 02/06/2001, près du lac de la Basse Roche et un mâle, le 28/09/2006, dans la mégaphorbiaie de la Celle du Cluzeau. La première citation de Creuse est un mâle capturé par F. Lagarde, le 14/05/2006, au Ruisseau de Beauvais, dans la commune de Saint-Pierre-Bellevue. Deux femelles provenant d’une récolte de K. Guerbaa, du 15/09/2006, dans la tourbière de Friaulouse à Saint- Goussaud, sont déterminées par M. Cruveillier lequel, le 31/07/2009, observe une autre femelle ayant fait sa toile sur un génévrier, en zone boisée bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. B. Le Péru récolte une femelle, le 25/04/2007, dans la litière d’un bois de hêtres à Flayat. Les neuf autres mentions de Creuse proviennent de F. Lagarde qui au cours de l’année 2009 cite l’espèce dans cinq communes : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs), à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Bois des Pialles), à Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais où il avait déjà signalé la capture d’un mâle en 2006). Des onze inventaires citant l’espèce en Corrèze, sept émanent de B. Le Péru dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos. Sa première récolte est un mâle errant au sol dans un jardin en juin 1997, observation qui se répètera en mai 2001. Les autres récoltes ont lieu dans une prairie en friche en lisière de forêt, un mâle en septembre 1999, deux mâles et quatre femelles en octobre 2001, un mâle en novembre 2001. Un peu plus au nord dans la haute vallée du Chavanon, M. Cruveillier note une femelle, le 23/07/2002, dans les buissons d’une clairière, dans la commune de Feyt, et F. Lagarde cite l’espèce en 2009 à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet) et à Viam (Roche du Coq Mont Gradis).

Neriene emphana (Walckenaer, 1841) : cette espèce dont le mâle mesure entre 3,5 et 4,5 mm alors que la femelle peut atteindre 6,5 mm, se trouve presque exclusivement en milieu boisé et fixe sa toile sur des arbrisseaux ou aux branches basses des arbres, la plupart du temps à hauteur d’homme. On peut la rencontrer adulte, selon Heimer et Nentwig en juin, juillet et août, ce que nos observations confirment strictement. Bien que largement répandue en Europe, elle n’est sans doute pas très commune en Limousin puisqu’elle n’y est signalée qu’à six reprises pour huit animaux déterminés. La première mention est une femelle notée par F. Leblanc, le 10/07/1997, au village de Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice-les- Champs et qui est jusque là la seule mention de Creuse. M. Cruveillier est l’auteur des deux citations de Haute-Vienne, deux femelles, toutes les deux sur des houx, la première à Meuzac, le 20/07/1998, dans les bois de Chavagnac, à propos de laquelle il observe qu’elle semble « relativement abondante à hauteur d'homme à cet endroit sur les houx et les chênes », et la seconde, le 20/06/2001, en bordure de forêt, à Sauvagnac, dans la commune de Saint-Léger- la-Montagne. Les trois mentions de Corrèze émanent de B. Le Péru et se situent en lisière de forêt mixte, à Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle en juillet 2001, deux mâles et une femelle en juillet 2002 et un mâle en août 2002.

Neriene furtiva O. P.-Cambridge, 1871 : le 22/06/2001 M. Cruveillier a capturé un mâle de cette espèce dans une touffe d’herbes et de repousse de chêne, dans un talus sec, au bord d’un chemin qui longe la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Ce mâle, qui mesurait 4 mm, avait le prosoma* brun assez foncé et montrait un resserrement latéral, comme une ceinture, vers le milieu de l’abdomen, lequel présentait bien les deux taches blanches à l'avant comme chez le mâle de N. clathrata. Cette observation resta pendant douze ans la seule mention de cette araignée en Limousin, jusqu’à ce que M. Cruveillier récolte, le 16/07/2013, un très bel exemplaire de femelle de 5 mm en battant une touffe de haute callune, en bordure de bois, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac.

Neriene montana (Clerck, 1757) : cette espèce holarctique* est la plus grande de nos Linyphiidae puisque le mâle mesure entre 6 et 7 mm et que la femelle peut atteindre 8,5 mm. Les arachnologues habitués à cette famille identifient les Neriene assez vite au seul vu de leur folium*, même si parfois il peut présenter de légères variations, ce qui ne les dispense pas de vérifier par l’examen des genitalia*. Neriene montana est l’une des plus constantes dans l’aspect du folium. Elle est un peu plus précoce que N. emphana et nos récoltes confirment très exactement la période de maturité suggérée par Nentwig & al., qui va de mars à juillet. Elle installe sa toile sur la végétation buissonnante ou les branches basses dans des milieux très divers. Curieusement, alors qu’elle est notée comme fréquente par Nentwig & al., elle n’est mentionnée en Limousin que dans quatre inventaires et seulement par M. Cruveillier. La première citation est une femelle récoltée au cours d’un stage par G. Montfort, sur un tas de bois, sous une bâche, le 24/04/2001, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où il identifie une autre femelle dans une récolte, effectuée le 17/07/2008, par K. Guerbaa, dans une prairie dégradée à genêts, au lieudit Les Combes, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse, M. Cruveillier citera deux fois l’espèce, au cours d’une année de prospection à l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, dont une femelle de très grande taille, le 18/05/2009, et une autre un peu plus petite, le 01/06/2009, toutes les deux sur des branches basses de chêne en bordure d’une zone boisée. L’espèce n’est pas encore citée de Corrèze pour l’instant alors que rien ne s’oppose à sa présence.

Neriene peltata ( Wider, 1834) : de mœurs semblables à celles N. montana et fréquentant les mêmes milieux, cette araignée est, au contraire de cette dernière, la plus petite de nos Neriene, le mâle évoluant entre 2,2 et 3,6 mm et la femelle pouvant atteindre 4,5 mm. Elle est signalée comme adulte de fin mars au milieu de l’été par Nentwig & al., ce que confirment toutes nos observations. Elle est bien présente en Limousin où elle figure dans dix- huit fiches d’inventaire pour trente-deux individus identifiés. La première mention est un couple observé, le 17/05/1997, dans la même toile, sur un prunellier en lisière de taillis, par M. Cruveillier au moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle, en Haute-Vienne, département où elle sera notée encore à quatre reprises, d’abord par une communication de P. Tutelaers qui signale l’observation, le 21/05/1999, de trois mâles et deux femelles sur des buissons, aux Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où F. Leblanc note un mâle immature le 10/10/1999, puis à nouveau par M. Cruveillier qui mentionne une femelle, le 20/07/2000, dans une touffe de saules au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat- sur-Vige et enfin par N. Larchevêque qui capture une femelle dans un roncier, à la Basse Roche, à Meuzac, le 25/04/2001. Quatre inventaires concernent la Creuse dont trois émanent de F. Leblanc lequel mentionne une femelle, le 08/05/1998, au lieudit Le Faux, à Fransèches, puis au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, un couple le 10/058/1998 et plus tard une femelle, le 08/03/1999. B. Le Péru est l’auteur de la quatrième mention creusoise, le 25/05/2007, une femelle, dans un bois mixte, sur arbuste, à 1,5 m du sol, près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de Chirouze. En Corrèze l’espèce est citée dans neuf inventaires dont deux dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru : un mâle et trois femelles en mai 1997 en lisière d’une forêt humide, sur des toiles à 0,5 m du sol, et un mâle en juin 2002. Les sept autres fiches de Corrèze émanent de M. Cruveillier qui signale d’abord, le 02/06/2002, une femelle sur sa toile à 0,4 m du sol dans une touffe de poacées et buisson bas proche du village du Soulier, à Chasteaux, puis, le 09/05/2010, deux femelles, chacune sur sa toile, sur des branches basses de hêtres, dans les bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac. Les cinq autres inventaires proviennent de récoltes du 08/05/2011, dans la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat, toutes sur des branches basses de hêtres ou de quelques résineux, et qui totalisent huit femelles et un mâle. Ces dernières captures ont été réalisées par cinq des participants à un stage d’arachnologie organisé annuellement par l’Université de Limoges et animé par M. Cruveillier.

Neriene radiata (Walckenaer, 1841) : longtemps cette araignée s’est appelée Linyphia marginata, nom que beaucoup d’auteurs lui avaient conservé de longues années après que Walckenaer lui avait déjà donné le nom spécifique de radiata en 1841. C’est aussi une espèce holarctique* à large répartition en Europe et qui fait partie de celles que de nombreux arachnologues identifient à vue, surtout si elle est dans sa toile dont la nappe, sous laquelle elle se tient, a la particularité d’être convexe vers le haut, contrairement à d’autres Neriene et Linyphia. Le mâle comme la femelle mesurent entre 3,5 et 6,5 mm et sont surtout actifs au mois de mai, raison sans doute pour laquelle Heimer et Nentwig n’ont retenu que ce mois comme période de maturité. En fait, on peut rencontrer des adultes jusqu’en août. C’est d’ailleurs le 16/08/1995 que la première mention de cette espèce a été inscrite dans sa base de données arachnologiques du Limousin, par M. Cruveillier, lequel note dans ses carnets : « j’observe depuis le mois de mai 1995 une très belle femelle de Neriene radiata qui a construit sa toile dans un buis du jardin, côté nord. Elle semble ne capturer que de petits diptères dont elle néglige la plupart. Les délaissés font le régal des Panorpes qui viennent de temps en temps faire le ménage dans sa toile sans que cela ne semble gêner la propriétaire, pourtant présente et qui observe leur manège. Sachant bien qu’elle ne tardera pas à disparaître, je finirai par la capturer, un peu à regret, le 16 aôut, non sans l’avoir photographiée sur sa toile auparavant ». Cela se passait en Haute-Vienne, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac où le même auteur cite l’espèce dans sept autres inventaires : d’abord dans la Lande du Cluzeau, un mâle et deux femelles, le 01/07/1996, puis deux mâles et cinq femelles le 24/06/2001, ensuite dans la lande de La Roubardie, trois femelles et un mâle le 06/05/1998, sur des saules le long du ruisseau, puis une observation similaire le même jour au Mas Gaudeix, et puis une femelle à la Basse-Roche, le 28/04/2001, et enfin deux immatures dans la mégaphorbiaie de la Celle du Cluzeau, le 28 et le 29/09/2006. Il avait également observé, le 22/06/2001, une femelle ayant fait sa toile entre de hautes herbes et des fils de clôture aux Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où P. Tutelaers avait mentionné une femelle, le 21/05/1999, et E. Duffey avait noté un mâle, le 23/05/2000, dans les basses branches d’arbres bordant un sentier. Enfin, pour en terminer avec la Haute-Vienne, P. Tutelaers cite l’espèce, le 02/06/2003, « dans un jardin avec arbres » au lieudit La Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre et M. Cruveillier mentionne trois femelles et un mâle, le 01/07/2001, dans la lande de La Flotte, à Château-Chervix et, le 16/05/2009, un couple sur la même toile, dans une touffe haute de bruyère, au Centre Nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. C’est également M. Cruveillier qui note la première observation de Corrèze, le 09/06/2001, une femelle sur des buissons, au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran, et il citera, le 23/07/2002, une autre femelle dans des conditions analogues au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt. A Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note une femelle en lisière de forêt mixte, en juillet 2001, et un mâle, au sol dans un jardin, en juin 2002. Enfin E. Duffey capture un couple, le 28/06/2002, dans de hautes herbes sèches au Puy Turlau, à Végennes et, le 18/06/2008, une femelle dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix. Bien que le total des individus de cette espèce inventoriés dans notre région soit d’une quarantaine, l’unique mention pour la Creuse est une femelle, récoltée le 18/05/2009, par M. Cruveillier, dans de hautes poacées, au bord d’un sentier proche de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 55 :

La sous-espèce O. o. dilutior (Simon , 1929), citée pour la France et la Slovaquie, n’a pas été observée en Limousin.

Obscuriphantes obscurus (Blackwall, 1841) (ex Lepthyphantes obscurus) : des exemplaires de cette araignée figurent dans une partie de nos collections sous le nom de Lepthyphantes obscurus qui est l’espèce type du genre Obscuriphantes créé en 2000 par Saaristo et Tanasevitch et dont elle est la seule représentante en Limousin55. C’est une araignée au prosoma* brun foncé, aux pattes jaunes et à l’abdomen gris brun sombre marqué de taches claires. Les deux sexes, dont les genitalia* sont très caractéristiques, ont à peu près la même taille, entre 1,8 et 2,4 mm, et peuvent être trouvés adultes chez nous du milieu du printemps à la fin de l’été dans des habitats assez divers, aussi bien dans la litière des bois que dans la mousse de milieux herbacés. Heimer et Nentwig indiquent une préférence pour les bois de résineux de moyenne altitude, ce que nos quelques observations n’ont que très rarement vérifié. La première citation est un mâle récolté en Haute-Vienne, le 04/06/1998, dans la mousse d’une prairie dégradée au bord du ruisseau des Baraques près du hameau du Mas Gaudeix, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel cite un autre mâle, capturé le 20/07/2000, dans la litière d’un bois de résineux, près de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Toujours en Haute-Vienne, N. Larchevêque détermine au cours d’un stage à Meuzac, un mâle capturé par E. Mourioux, le 16/04/2000, dans une prairie de la vallée de la Gartempe, près du viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles. E. Duffey cite un mâle, le 23/05/2000, sous un genévrier, dans un milieu boisé bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne et un autre mâle dans une prairie de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, le 22/05/2003. Les trois citations de Creuse émanent de F. Leblanc qui récolte un mâle à Fransèches, le 06/06/1999, puis, quelques jours plus tard, un couple dans la litière d’une prairie abandonnée, à Saint-Sulpice-les-Champs, au village de Pétillat, où il notera une femelle dans de la litière de sous-bois, le 08/08/1999.

Oryphantes angulatus (O. P.-Cambridge, 1881) (ex Lepthyphantes angulatus) : cette espèce dont les deux sexes mesurent entre 1,8 et 2,5 mm, à l’adomen presque noir, fréquente des milieux très humides où on peut la rencontrer adulte, comme la précédente, du milieu du printemps à la fin de l’été, selon le site internet « Spinnen Europas ». Elle n’a été observée en Limousin qu’en altitude, sur le seul Plateau de Millevaches, et seulement par F. Lagarde, qui a systématiquement prospecté cette zone. La totalité de ses mentions, quinze inventaires pour trente-huit individus déterminés, figure dans les notes de 2009 qu’il nous a remises et qui, hélas, ne comportaient pas de précisions de mois ni de sexe. Les sites de capture permettent néanmoins de considérer l’espèce comme une indicatrice des tourbières en Limousin. En Corrèze il cite l’espèce dans la seule commune de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix). En Creuse, cinq communes sont concernées : celle de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud), celle de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Bois des Pialles), et celle de Saint-Pardoux-Morterolles (tourbière du Ruisseau du Pic). L’espèce n’a donc pas été observée en Haute-Vienne à cette date.

Palliduphantes alutacius (Simon, 1884) (ex Lepthyphantes alutacius) : cette araignée de 1,6 à 2,4 mm de long, à l’abdomen gris, peut se trouver à l’état adulte en toute saison en des endroits assez divers, bois frais, cavernes, sous des pierres ou dans des trous ou des galeries de petits mammifères. C’est justement dans ce dernier milieu que B. Duhem captura, en Haute-Vienne, le premier exemplaire, une femelle, le 26/04/2001, dans un trou creusé par un petit animal sous un tas de cailloux, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, site où deux jours plus tard D. Rastel capturait un mâle. La troisième et dernière citation de cette espèce en Limousin est un autre mâle capturé par piégeage par E. Duffey, le 16/04/2007, dans son jardin du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze. Cette araignée n’a pas encore été citée en Creuse.

Palliduphantes ericaeus (Blackwall, 1853) (ex Lepthyphantes ericaeus) : il s’agit là d’une observation ancienne renouvelée puisque cette espèce avait déjà été citée par Louis Fage, à Lussac-les-Eglises, en Haute-Vienne, en mars 1921 (E. Simon. Les Arachnides de France tome VI). C’est une petite araignée, dont le mâle peut mesurer entre 1,4 et 1,8 mm, et la femelle jusqu’à 2,2 mm, qu’on peut rencontrer adulte en toute saison dans des milieux assez divers mais, d’après nos observations, plutôt humides. Elle est représentée dans nos trois départements où elle a fait l’objet de dix-sept fiches d’inventaire pour vingt-cinq animaux identifiés. Elle a été retrouvée pour la première fois par E. Duffey qui récolta une femelle aéronaute sur une clôture, le 30/11/1999, dans son village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, en Haute-Vienne, site où il capturera par piégeage dans un secteur de prairie humide, d’abord un mâle le 20/01/2002, puis une femelle, le 03/05/2003. B. Le Péru est l’auteur des trois mentions de Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, d’abord un couple, en novembre 2001, puis un autre en mai 2002, dans de la mousse, au sol, en lisière d’une forêt très humide et également, en mai 2002, une femelle dans une prairie humide. C’est en Creuse que les données, qui émanent toutes de F. Lagarde, sont les plus nombreuses. Il y signale l’espèce dans onze inventaires, d’abord dans la commune de Royère-de- Vassivière, en 2006 : un mâle le 14/05 au Bois des Pialles, quatre mâles le 01/08 dans la tourbière de La Mazure et un mâle le 02/08 aux Ribières de Gladière, trois stations où il mentionnera à nouveau l’espèce en 2009 ainsi qu’à la Croix de Fayaud dans cette même commune. Les autres communes de Creuse citées cette année-là sont : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux) et Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade).

Palliduphantes insignis (O. P.-Cambridge, 1913) (ex Lepthyphantes insignis) : cette petite araignée de couleur claire, mesurant entre 1,6 et 2,5 mm et fréquentant des milieux assez divers, n’a été observée qu’à trois reprises en Limousin, d’abord en Haute-Vienne, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey qui capture un mâle par piégeage, le 20/01/2002, dans une prairie humide, puis un autre au même endroit, le 01/06/2003. En Corrèze, M. Cruveillier identifie deux mâles dans un récolte de M. Lefrançois, effectuée le 12/07/2011, dans une hêtraie à houx au Puy de Cournoux, dans la commune de Pérols-sur-Vézère.

Palliduphantes pallidus (O. P.-Cambridge, 1871) (ex Lepthyphantes pallidus) : cette araignée au prosoma* jaune ainsi que les pattes et dont l’abdomen gris pâle comporte une zone centrale plus claire avec quelques motifs, et dont la femelle mesure entre 1,6 et 2,4 mm de long, le mâle étant légèrement plus petit, peut être trouvée à l’état adulte en toute saison dans des milieux humides, boisés ou non. C’est celle dont Saaristo et Tanasevitch ont fait l’espèce type du genre Palliduphantes qu’ils ont créé en 2001. Elle est répandue dans toute l’Europe mais ne semble pas très commune en Limousin puisqu’à l’heure actuelle elle n’a pas été mentionnée en Creuse et n’est citée que d’un seul site en Haute-Vienne et deux en Corrèze où B. Le Péru note d’abord la capture d’un mâle dans la mousse humide d’une prairie en friche, à Saint-Etienne-aux-Clos, en décembre 1998. La deuxième mention pour ce département est une femelle capturée par M. Cruveillier, le 27/06/2001, à la mégaphorbiaie de Lissac, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. En Haute-Vienne les trois observations d’E. Duffey proviennent de pièges installés dans une zone marécageuse de prairie, proche d’un étang, à Bussière-Poitevine, et se répartissent ainsi : deux femelles le 18/04/2002, deux mâles et une femelle le 15/05/2004 et une femelle le 29/05/2004.

Note de bas de page 56 :

phrygianus signifie «brodé d’or» et non, comme on pourrait croire, «Phrygien» (de l’actuelle Turquie).

Note de bas de page 57 :

B. Derepas, nous signale l’observation d’une autre femelle en forêt corrézienne, à Chavanac, le 09/04/2012.

Pityohyphantes phrygianus (C. L. Koch, 1836) : est la seule espèce de ce genre, lequel en compte deux en France, à avoir été observée en Limousin. Mesurant entre 4 et 6 mm cette araignée ressemble assez à une Linyphia. Elle est aisément identifiée grâce à son magnifique folium* auquel elle doit certainement son nom56 et vit surtout en moyenne montagne, plutôt en lisière des forêts de résineux où on la trouve adulte au printemps et en été. Elle ne justifie pas en Limousin la réputation de fréquente que lui font Heimer et Nentwig puisqu’elle n’y a été mentionnée qu’à quatre57 reprises dont une femelle par F. Lagarde, le 03/05/2007, au Grand Puy, à Royère-de-Vassivière, en Creuse, une femelle, le 07/05/2011, par battage des branches basses d’un épicea, en lisière de la forêt du Longeyroux, à Meymac, en Corrèze, par M. Cruveillier lequel citera deux fois l’espèce en Haute-Vienne, une femelle, le 06/09/2013, dans la partie plantée de résineux de la forêt de Meuzac et la détermination d’une femelle provenant d’une récolte de P. Durepaire, de septembre 2013, par tente Malaise, dans une lande sèche avec pins sylvestres et genévriers, jouxtant la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne.

Porrhomma convexum (Westring, 1851) : le genre Porrhomma est représenté en France par dix espèces dont trois seulement ont été observées, et très rarement, en Limousin. P. convexum, la plus grande des trois, a le prosoma* brun et l’abdomen gris et mesure entre 2,2 et 3,2 mm. Selon Nentwig & al., elle fréquenterait aussi bien les grottes, les cavernes et autres souterrains, que les rives des ruisseaux. C’est effectivement dans un piège disposé au bord du ruisselet sortant de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, en Creuse, que M. Cruveillier a capturé, le 13/06/2009, l’unique femelle observée jusque là dans notre région.

Porrhomma microphthalmum (O. P.-Cambridge, 1871) : mesurant 1 mm de moins que la précédente, cette araignée à l’abdomen anthracite est la plus petite de nos trois Porrhomma. Selon Nentwig & al., on la trouverait le plus souvent dans des zones cultivées. Comme P. convexum, elle n’a été observée chez nous qu’une seule fois à cette date, une femelle, capturée dans un piège Barber le 20/01/2002, par E. Duffey, dans une prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne.

Porrhomma pygmaeum (Blackwall, 1834) : largement répandue dans tous les pays d’Europe, cette araignée dont le nom est trompeur car elle est légèrement plus grande que la précédente, fréquente les lieux humides et les rives des eaux. La première mention en Limousin date du 20/05/1997, quand une femelle est capturée par M. Cruveillier dans de la repousse d’aulne au bord de l’étang de la Celle du Cluzeau à Meuzac, en Haute-Vienne. Le 14/05/2006, F. Lagarde capture un mâle en Creuse, dans la commune de Royère-de- Vassivière, dans le bois tourbeux de La Gane où il notera à nouveau l’espèce en 2009.

Saaristoa abnormis (Blackwall, 1841) : lorsque Blackwall, décrivant cette araignée en 1841, lui attribua ce qualificatif d’abnormis, il indiquait clairement qu’elle ne respectait pas les critères habituels du genre Neriene dans lequel il venait de la ranger. Cette particularité lui a valu d’être l’une des espèces dont l’histoire taxinomique a connu le plus d’alias car elle a été rangée, selon les auteurs, dans une bonne dizaine de genres successifs jusqu’à ce qu’en 1978 Millidge crée pour elle le genre Saaristoa où elle paraît moins « anormale » bien que condamnée à conserver ce nom de baptême. C’est une araignée de couleur assez variable, qui mesure de 3 à 4 mm, et qui fréquente surtout, mais pas exclusivement, les lieux humides, boisés ou non, où on peut en rencontrer à l’état adulte toute l’année, dans la mousse ou la litière. La première mention est un couple capturé en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 06/06/1997, au bord d’un ancien lavoir, aujourd’hui abandonné, dans un bois frais, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il note un mâle, le 14/07/2000, dans un secteur de lande humide au Cluzeau. Il cite un autre mâle, le 20/07/2000, dans la litière d’un bois mixte au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey identifie un mâle et deux femelles, en juin 2000, puis un autre mâle en juillet, dans une récolte de P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. M. Cruveillier récolte une femelle, le 24/07/2000, dans la litière d’un bosquet de saules au lieudit Le Genévrier, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, en Creuse, département où F. Lagarde cite l’espèce en 2009 dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux) et dans celle de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade). B. Le Péru capture un mâle, en mai 2001, dans la mousse d’une forêt humide de chênes et de hêtres, à 620 m d’altitude, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, où, le 23/07/2002, dans la commune voisine de Feyt, et dans un milieu semblable, une femelle est récoltée dans la litière par M. Cruveillier, lequel déterminera un mâle et une femelle dans une récolte de M. Lefrançois, du 07/07/2011, dans une tourbière haute dégradée de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines.

Saaristoa firma (O. P.-Cambridge, 1905) : cette petite araignée de 1,5 à 2 mm de long, à l’abdomen noirâtre, plutôt montagnarde, est réputée affectionner les milieux humides où elle pourrait être rencontrée mature toute l’année. Nous souscrivons complètement à l’étiquette de rareté que lui attribuent Heimer et Nentwig, cette espèce n’ayant fait l’objet en Limousin que de l’unique observation d’une femelle, en Creuse, le 16/03/1999, au lieudit Combredet, dans la commune de Saint-Avit-le-Pauvre, par F. Leblanc qui est ainsi le premier, et jusque là le seul, à avoir vu cet animal chez nous.

Sintula corniger (Blackwall, 1856) : des trois espèces du genre Sintula présentes en France, S. corniger est la seule à avoir été observée en Limousin à cette date. C’est une petite araignée de couleur brun grisâtre, de 1,4 à 2 mm de long, dont les genitalia*, aussi bien du mâle que de la femelle, présentent un aspect très particulier permettant d’éviter toute confusion avec une autre espèce. Elle vit dans la mousse et la litière de milieux herbacés. Selon Nentwig & al., elle se rencontrerait dans des endroits marécageux non ombragés, ce qui est assez souvent vérifié par nos observations, mais il est arrivé de la récolter dans des milieux mésophiles. Elle est assez bien représentée en Limousin puisqu’elle apparaît dans trente et une fiches d’inventaire pour soixante-neuf individus identifiés. C’est B. Le Péru qui la signale en premier, en Corrèze, dans la mousse d’une prairie en friche de la commune de Saint- Etienne-aux Clos où il la cite à huit reprises : trois femelles en décembre 1998, trois autres en mai 1999, une en septembre 2000, un mâle et quatre femelles en décembre 2000, ce qu’il renouvelle en février 2001, une femelle en novembre 2001, cinq mâles en mars 2002 et enfin un mâle en novembre 2002. Toujours en Corrèze, F. Lagarde mentionne l’espèce en 2009 dans quatre autres communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint- Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy), et à Viam (Roche du Coq- Estang). Enfin, M. Cruveillier a déterminé une femelle dans une récolte du 07/07/2011, réalisée par piégeage par M. Lefrançois, dans une tourbière haute de buttes à buissons nains, à la Font Clare, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, puis, le 14/05/2013, il récolte une autre femelle dans une clairière herbeuse de la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat. Toutes les mentions de Creuse émanent de F. Lagarde en 2009 et concernent les communes de Faux- la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Royère-de- Vassivière (Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, Combe Lépine, tourbière de La Mazure), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Haute-Vienne, les deux observations citées par M. Cruveillier sont deux femelles récoltées au sol, lors d’un stage où il intervenait, par B. Duhem et D. Rastel, en avril 2001, dans la mousse d’un verger abandonné de la commune de Meuzac.

Stemonyphantes lineatus (Linné, 1758) : seule espèce de son genre présente en France, cette araignée l’est aussi dans les trois départements du Limousin sans y être vraiment commune. C’est une assez grande Linyphiide puisque la femelle peut atteindre 6 mm, le mâle étant de 2 mm plus petit, et qui n’est pas trop difficile à reconnaître, avec un peu d’habitude, car c’est une belle araignée que l’auteur de ces lignes a coutume d’évoquer avec un vocabulaire de pâtissier : « céphalothorax couleur de miel, marqué d’une bande centrale longitudinale marron chocolat, son folium* présentant également un motif arborescent chocolat sur fond de couleur crème ». Elle peut vraisemblablement, comme le pensent Nentwig & al., être trouvée à l’état adulte en toute saison, dans des milieux assez divers, mais nos observations, lorsque les dates nous ont été communiquées, ont eu lieu surtout de la fin de l’automne au début du printemps, concrètement de novembre à avril. L’espèce a fait l’objet de treize fiches d’inventaire pour seize animaux identifiés. La première mention en Limousin est un mâle capturé le 11/04/1996, par M. Cruveillier, dans la Lande du Cluzeau à Meuzac, en Haute-Vienne, dans de hautes herbes recouvrant une ancienne fosse d’extraction d’argile et ayant servi longtemps de décharge sauvage. Cette observation confirme une propension de l’espèce à fréquenter des milieux rudéralisés, comme le signalent Heimer et Nentwig. Les deux autres mentions de ce département émanent d’E. Duffey qui capture par piégeage une femelle en mars 2000 et deux mâles le 20/01/2002 dans une prairie naturelle de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, à l’exception d’une mention par F. Lagarde en 2009, à la Roche du Coq Montgradis, dans la commune de Viam, les autres citations proviennent de B. Le Péru et se répartissent sur deux sites de la commune de Saint-Etienne- aux-Clos : d’abord dans une prairie en friche en lisière de forêt où il note un mâle en novembre 1997, un autre en décembre 2000 et une femelle en février 2001, ensuite dans un jardin, au sol, sous une haie de résineux où il capture une femelle en décembre 2001, un mâle en janvier 2002 et un autre en février de la même année. Les trois fiches de Creuse émanent de F. Lagarde qui cite l’espèce en 2009 dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud) et dans celle de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière des Chabannes).

Syedra gracilis (Menge, 1869) : cette petite araignée dont les deux sexes, de semblable apparence, mesurent de 1,2 à 1,5 mm, se trouve dans des habitats assez divers, dans la mousse, la litière, les débris végétaux de toutes sortes. Selon Heimer et Nentvig elle serait adulte durant l’été mais nos observations, sans doute pour des raisons climatiques, se situent au printemps. Elle est donnée comme rare par tous les auteurs, ce que nous ne pouvons que confirmer car elle n’a fait l’objet chez nous que de trois citations à cette date et uniquement des mâles. Le premier, en Haute-Vienne, est récolté par M. Cruveillier, le 03/06/2000, au sol, sous un bouleau, dans un jardin, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Les suivants sont récoltés en Corrèze par E. Duffey dans son jardin, au village, du Dougnoux, à Altillac, en 2007, deux le 1er avril et un troisième le 16.

Tallusia experta (O. P.-Cambridge, 1871) : cette espèce mesurant entre 2,5 et 3,5 mm, au céphalothorax couleur d’ambre et à l’abdomen presque noir, dépourvu de motifs distinctifs, fréquente des habitats assez divers, souvent très humides, lisières de bois, prairies, où on peut la trouver adulte, dans la litière ou la mousse, presque toute l’année, à l’exception peut-être des mois chauds de l’été. Dans les faunes pas trop récentes, et même dans celle de Heimer et Nentwig de 1991, elle est à chercher sous le nom de Centromerus expertus qu’elle a longtemps porté. Elle est signalée comme commune, aussi bien par Nentwig & al. que par M. Roberts, ce qui n’est sans doute vrai que localement, au moins en Limousin où elle n’est mentionnée que dans une douzaine d’inventaires. Sept d’entre eux émanent d’E. Duffey lequel la récolte, parfois en nombre important, dans des pièges disposés d’abord dans la partie humide d’une prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine, en Haute-Vienne. Il est ainsi le premier à signaler la capture d’une femelle, le 07/11/1998, cinq mâles et douze femelles le 20/01/2002, cinq femelles le 19/03/2002, une femelle le 18/04/2002, puis, dans un secteur plus sec de la même prairie, un mâle le 25/04/2004, deux femelles le 01/05/2004 et une autre le 09/05/2004. Toujours en Haute-Vienne, F. Leblanc note un mâle, le 25/04/2001, dans une touffe de Molinie, au bord du lac de la Basse Roche, à Meuzac, commune où deux femelles sont mentionnées par M. Cruveillier, le 28/09/2006, dans la mégaphorbiaie de la Celle du Cluzeau. L’unique mention de Corrèze est une femelle récoltée le 27/06/2001, à Saint-Merd-les-Oussines, dans la mégaphorbiaie de Lissac, par M. Cruveillier, lequel cite une autre femelle, dans une zone très marécageuse, au bord de l’étang des Landes, le 21/09/2000, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, en Creuse, département où l’espèce est également notée en 2009 par F. Lagarde, dans le site des Prés Neufs, à Gentioux-Pigerolles.

Tapinopa longidens (Wider, 1834) : cette araignée, ainsi nommée à cause des longues dents qui se trouvent sur les marges de ses chélicères, présente suffisamment de caractères bien discernables pour éviter toute confusion avec une autre espèce malgré une fourchette de taille plutôt large, pouvant évoluer de 2,8 à 5,2 mm pour les deux sexes. Le prosoma* est brun avec des bandes latérales plus sombres et l’abdomen gris avec trois paires de taches sombres. Elle tisse une petite toile en nappe très brillante dans l’herbe rase ou au-dessus de petits creux du sol et peut se trouver adulte à la fin de l’été et en automne pour les mâles et, semble-t-il, jusqu’en plein hiver pour les femelles. Le mâle adulte présente à l’arrière du cymbium* un éperon fourchu permettant de le distinguer sans erreur. L’épigyne de la femelle est également bien caractéristique. L’espèce est largement répandue dans toute l’Europe où Nentwig & al. écrivent qu’elle est « fréquente au sol dans les lisières ensoleillées des bois » et Roberts la dit « localement abondante dans une diversité d’habitats ». Le Limousin semble échapper à cette abondance car, bien qu’ayant réussi à se signaler dans les trois départements, elle n’y a été mentionnée qu’à cinq reprises pour treize animaux identifiés. La première citation est tout à fait dans l’orthodoxie de la littérature puisque c’est une femelle, capturée le 05/11/1997, par M. Cruveillier, dans l’herbe rase d’un talus ensoleillé le long d’un chemin forestier de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où deux mâles seront capturés en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube à Peyrat-le-Château, par F. Lagarde, lequel est aussi l’auteur des trois autres mentions, toutes en 2009, dont deux en Creuse, à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud) et une en Corrèze, à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes).

Taranucnus setosus (O. P.-Cambridge, 1863) : la femelle de cette araignée mesure entre 2,6 et 3,5 mm, le mâle, dont la région oculaire est un peu surélevée, étant légèrement plus petit. L’espèce vit sur les plantes basses dans les marais et les tourbières où on peut la trouver adulte en toute saison. Bien que signalée comme peu fréquente par Heimer et Nentwig, elle est mentionnée chez nous dans dix-sept fiches d’inventaire, dont une seule en Haute-Vienne, une femelle capturée par M. Cruveillier, le 30/06/2013, dans un secteur très marécageux de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. Pour la Corrèze, à l’exception d’une citation de B. Le Péru qui signale la capture de deux mâles, le 16/03/2007, dans la mégaphorbaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, toutes les autres données émanent de captures par piégeage de F. Lagarde et ne sont que des mentions de présence de l’espèce en 2009, avec l’indication du nombre d’individus déterminés ainsi que de la commune et du site de capture. Il cite, pour la commune de Meymac (1 à la tourbière du Longeyroux et 1 à celle de Ribière longue), et pour celle de Peyrelevade (1 à la tourbière de Négarioux Malsagnes). En Creuse, les communes concernées sont : Faux-la-Montagne (1 à la tourbière du Puy Marsaly), Gentioux-Pigerolles (2 aux Fontenelles du Chalard, 2 à la Ferme de Lachaud, 1 à Pierre Fade et 1 aux Prés Neufs), Gioux (1 à la tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (1 à la Croix de Fayaud, 4 à la tourbière du Grand Puy, 1 à Combe Lépine et 1 à la tourbière de La Mazure), Saint-Pardoux-Morterolles (1 au Ruisseau du Pic) et Saint-Pierre-Bellevue (2 au Ruisseau de Beauvais).

Tenuiphantes alacris (Blackwall,1853) (ex Lepthyphantes alacris) : tous les anciens Lepthyphantes du groupe L. tenuis, ont été rangés dans le nouveau genre Tenuiphantes créé en 1996 par Saaristo et Tanasevitch. T. alacris est une araignée de 2,5 à 3,5 mm pour les deux sexes, plutôt montagnarde et forestière, au céphalothorax brun foncé, aux pattes sans anneaux, et dont l’abdomen présente un dessin dorsal relativement constant. D. Jones écrit qu’elle est adulte de l’automne au printemps et Heimer et Nentwig lui attribuent la période de mai à décembre. Selon les régions, il serait donc vraisemblablement possible de rencontrer des adultes en toute saison. Elle n’est représentée pour le moment en Limousin que par l’unique capture au filet fauchoir d’un mâle, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, dans une touffe de Festuca rubra, en sous-bois, sur une hauteur, à environ 500 m d’altitude, près du village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne.

Note de bas de page 58 :

On trouve dans le 3e volume de l’ouvrage de M. J. Roberts, The spiders of Great Britain and Ireland, pages 227-229, de bons dessins montrant la partie dorsale de plusieurs Lepthyphantes. (édition de 1985 donc avant la révision du genre.)

Tenuiphantes cristatus (Menge, 1866) (ex Lepthyphantes cristatus) : cette araignée dont les deux sexes mesurent de 2 à 2,8 mm et dont le dessin dorsal58 de l’abdomen est un peu semblable à celui de T. tenuis, se rencontre dans une grande diversité d’habitats, boisés ou non, le plus souvent dans la mousse, la litière de feuilles ou l’herbe. Largement répandue dans toute l’Europe, cette espèce est mentionnée dans vingt-et-un inventaires en Limousin pour trente-huit individus identifiés. Les dates de capture, pour celles qui nous sont communiquées, couvrent les mois de septembre à mai. La première citation enregistrée est un mâle identifié par M. Cruveillier, dans une récolte effectuée en décembre 2000, par P. Durepaire, dans un seteur de lande sèche bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, mention qui reste pour le moment la seule en Haute-Vienne. Pour la Corrèze, B. Le Péru nous adressera plus tard neuf inventaires réalisés dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos entre 1999 et 2002, et concernant une prairie en friche : deux mâles en novembre 1997, une femelle en février 2001, un couple en septembre 2001, une femelle et deux mâles en octobre 2001, et un secteur forestier : trois mâles en novembre 1999, une femelle en septembre 2001, trois mâles en octobre2001 et un autre en février 2002. Il signalera la récolte d’un couple dans la forêt du Longeyroux à Meymac, le 06/04/2007, et, le 16/03/2007, celle d’une femelle dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, commune où F. Lagarde mentionnera l’espèce en 2009 au Ruisseau du Mazet et dans la tourbière du Rebourzeix. Pour la Creuse, à l’exception de la récolte d’une femelle, le 18/04/2007, par B. Le Péru, dans une prairie marécageuse en friche en bordure de bois, au lieudit La Nouaille, dans la commune de Flayat, les autres mentions pour ce département émanent de F. Lagarde qui signale l’espèce, d’abord le 14/05/2006, à Royère-de-Vassivière (Malvergne), puis en 2009, dans cette même commune (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud), ainsi que dans celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud), celle de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade) et celle de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic).

Tenuiphantes flavipes (Blackwall, 1854) (ex Lepthyphantes flavipes) : d’une longueur de 1,8 à 2,2 mm pour le mâle, la femelle pouvant atteindre 2,6 mm, cette petite araignée aux pattes jaune clair, comme son nom l’indique, peut être trouvée adulte en toute saison et dans la même diversité de situations que T. cristatus. Elle est présente dans tout le Limousin où elle apparaît dans vingt-six inventaires pour vingt-huit individus identifiés. La première donnée de notre base est une femelle capturée en Haute-Vienne, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, dans de la mousse et des débris végétaux, dans une prairie sèche de Chavagnac, à Meuzac, où il récoltera un mâle, le 12/07/2000, dans une pelouse sèche de la Lande du Cluzeau, site où, au cours d’un stage, deux femelles seront observées en avril 2001, respectivement l’une le 23 par B. Duhem et l’aure le 25 par D. Rastel. Enfin, toujours en Haute-Vienne, E. Duffey détermine une femelle dans une récolte effectuée par piégeage en juin 2000, par P. Durepaire, dans un secteur de lande sèche de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et une femelle est déerminée par M. Cruveillier dans une récolte d’A. Bounias-Delacour, du 29/09/2006, dans la pelouse de l’ancienne Ecole Normale de Limoges, aujourd’hui Centre CHEOPS, durant le premier colloque de l’Association Française d’Arachnologie. En Corrèze, E. Duffey signale la récolte d’un couple au filet fauchoir, le 13/06/2002, dans le chemin d’accès à la lande de Bettu, et d’un mâle sur la lande, le même jour, dans la commune de Chenailler- Mascheix. Puis B. Le Péru nous adresse un état de ses récoltes effectuées entre 1998 et 2002 dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, réparties sur trois sites : d’abord une prairie en friche où nous relevons, une femelle en octobre 1998, une autre en septembre 2001 et une autre en mars 2002, puis une lisière de forêt, à 700 m d’altitude, où il note une femelle en décembre 1998, deux femelles en août 2001 et un couple en novembre 2001, enfin, dans un jardin, il récolte au sol un mâle en mai 2001 et un autre en février 2002. Toujours en Corrèze, l’espèce est signalée en 2009 par F. Lagarde à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux), et M. Cruveillier identifie deux mâles provenant de récoltes de M. Lefrançois sur le site d’Ars, à Pérols-sur-Vézère, l’un du 27/06/2011, dans une lande sèche atlantique et l’autre, du 12/07/2011, dans une prairie paratourbeuse. Pour la Creuse, la première citation provient de F. Leblanc qui récolte trois femelles dans les environs de Fransèches, le 06/06/1999. Les données suivantes pour ce département sont des mentions de présence de l’espèce en 2009 émanant de F. Lagarde et concernant la commune de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et celle de Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, Combe Lépine).

Tenuiphantes mengei (Kulczyński, 1887) (ex Lepthyphantes mengei) : il s’agit là encore d’une observation ancienne renouvelée, car l’espèce avait été citée par de Dalmas à Eygurande, en Corrèze, en septembre 1916 et par L. Fage à Lussac-les-églises, en Haute- Vienne en 1918. Cette araignée, de 1,8 à 2,5 mm, largement répartie dans toute l’Europe, peut se rencontrer adulte toute l’année, aussi bien sur du feuillage que dans la mousse, la litière ou sous une pierre. C’est le Tenuiphantes de loin le plus commun en Limousin puisqu’il est mentionné dans quarante-sept inventaires pour cent-quarante-six individus identifiés, ce qui indique qu’il peut être localement assez abondant. C’est F. Leblanc qui le premier redécouvre une femelle, le 30/03/1999, aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse, département où le 22/06/2000, une autre femelle est récoltée par M. Cruveillier, par battage de branches dans la saulaie bordant l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat. F. Lagarde a récolté l’espèce dans presque tous les sites qu’il a prospectés en Creuse : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, de Clamouzat, de Puy Marsaly, des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Royère-de-Vassivière, où il avait déjà noté l’espèce à Malvergne le 14/05/2006 et, le 01/08/2006, trois femelles à la tourbière de La Mazure où il la cite à nouveau en 2009 ainsi que dans les autres sites de cette commune (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles), et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Enfin, toujours en Creuse, B. Le Péru récolte deux mâles et une femelle, le 25/04/2007, dans une prairie marécageuse de la Nouaille, à Flayat, et, le 25/05/2007, un mâle à l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. En Corrèze, il nous communique cinq fiches pour la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, d’abord dans un jardin où il note un mâle et deux femelles en octobre 1999, puis un autre mâle en juin 2001, ensuite dans une prairie en friche où il mentionne un mâle et quatre femelles en novembre 2000, et, en octobre 2001, d’abord quatre femelles puis deux mâles et cinq femelles. Il cite également l’observation d’une femelle au Longeyroux, à Meymac, le 05/04/2007. Au cours de 2009, F. Lagarde mentionnera l’espèce également à Meymac dans ce même site et dans la tourbière de Ribière longue, ainsi que dans les communes de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et de Viam (Roche du Coq-Estang). Enfin pour clore les données de Corrèze, M. Cruveillier, après avoir capturé une femelle au filet fauchoir le 23/07/2002, dans les poacées d’une clairière au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt, identifiera un mâle provenant d’une récolte de M. Lefrançois, du 12/07/2001, dans une prairie paratourbeuse du site d’Ars, à Pérols-sur-Vézère. L’espèce est moins souvent citée en Haute-Vienne où, le 10/09/1999, M. Cruveillier récolte une femelle dans une petite touffe d’herbe et de mousse, dans un verger abandonné de Chavagnac, à Meuzac. Une autre femelle est capturée au filet fauchoir, au début de juillet 2000, dans une prairie de Bussière-Poitevine par E. Duffey qui trouve une autre femelle, le 19/07/2000, en triant de la litière de lande, puis une autre dans la litière sous des pins, le 29/06/2004, aux Dauges, dans la commune de Saint- Léger-la-Montagne. Enfin, en septembre 2006, F. Lagarde récolte une femelle à Peyrat-le- Château, dans la tourbière de Bac à la Cube, site où il cite à nouveau l’espèce en 2009.

Tenuiphantes tenebricola (Wider, 1834) (ex Lepthyphantes tenebricola) : cette araignée de 2,3 à 2,9 mm pour les deux sexes, est très légèrement plus grande que T. mengei et, comme beaucoup d’espèces de ce genre elle se tient le plus fréquemment dans la litière, assez souvent sous des arbres, où elle peut être rencontrée adulte toute l’année. Elle aussi est largement répandue en Europe mais pourrait être un peu moins abondante en Limousin que la précédente puisqu’elle n’y est mentionnée que dans dix-neuf inventaires pour vingt-trois individus identifiés. F. Leblanc est encore le premier à avoir signalé l’espèce en Creuse, aux environs du village de Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs où il récolte d’abord une femelle, le 08/03/1999, puis deux autres en juin et un mâle le 08 août de la même année. Toujours en Creuse, B. Le Péru récolte un mâle, le 25/05/2007, dans la mousse d’une zone entre prairie et bois mixte, proche de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de Chirouze, et F. Lagarde cite un mâle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure et un autre, le 02/08/2006, aux Ribières de Gladière, deux sites de la commune de Royère-de-Vassivière où il mentionnera à nouveau la présence de l’espèce en 2009, ainsi que dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux) et la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Prés Neufs). En Corrèze, l’espèce est citée à cinq reprises dont quatre par B. Le Péru, à Saint-Etienne-aux-Clos, dans deux sites, l’un étant une prairie où il récolte dans la mousse, au sol, une femelle en août 2001 et un mâle en septembre, l’autre site étant une lisière de forêt humide où il capture également dans la mousse, un mâle en avril 2000 et une femelle en avril 2002. Dans la commune voisine de Feyt, M. Cruveillier trouve une femelle, le 23/07/2002, sous des feuilles, dans un sentier de pêcheurs au bord du Chavanon. En Haute-Vienne, ce dernier récolte une femelle, le 20/07/2000, dans la litière d’un bois mixte, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et E. Duffey cite une femelle, trouvée le 23/05/2000, dans de la litière de feuilles mortes et de callune, aux Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne puis, le 15/05/2004, une autre femelle prise dans un piège Barber, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine.

Tenuiphantes tenuis (Blackwall, 1852) (ex Lepthyphantes tenuis,) : cette araignée, qui est le type du genre, au céphalothorax brun clair et l’abdomen blanchâtre marqué d’un motif assez constant de tâches polygonales sombres, mesure de 2 à 2,8 mm pour le mâle et jusqu’à 3,2 mm pour la femelle. On peut la trouver adulte toute l’année dans une grande diversité de milieux, y compris au voisinage de l’homme, mais la plupart du temps sur de la végétation basse, dans l’herbe ou dans la litière. L’espèce est assez commune en Limousin où elle apparaît dans quarante inventaires pour soixante-dix-huit individus déterminés. La première mention, citée par M. Cruveillier, le 06/06/1997, est un mâle pendant à son fil de sécurité des branches basses d’un tilleul, en Haute-Vienne, dans la commune de Meuzac, au village de Chavagnac, localité où il récoltera un deuxième mâle, le 26/04/2001, dans un vieux verger. E. Duffey note l’espèce à huit reprises, entre 1998 et 2004 au village de Chez Gouillard à Bussière-Poitevine, pour des captures effectuées tantôt dans une prairie naturelle (une femelle le 07/11/1998, un mâle en août 2000, un couple le 20/01/2002, une femelle le 10/06/2002, un mâle le 25/04/2004 et une femelle le 05/06/2004), tantôt dans des branches de haie vive (un mâle le 03/05/2000 et une femelle le 17/07/2000). Il détermine également un mâle dans une récolte de juin 2000, de P. Durepaire, dans une zone de prairie tourbeuse des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne. Dans ce dernier site, M. Cruveillier note l’espèce à cinq reprises en 2013, dans des récoltes par tente Malaise de P. Durepaire, soit un mâle du 15/07, une femelle du 14/08, quatre mâles du 29/06 en milieu de lande, une femelle du même jour en bordure de bois et enfin une dernière femelle le 30/10. Toujours en Haute-Vienne, une femelle est capturée, le 29/09/2006, par A. Bounias-Delacour, dans les plantes buissonnantes du jardin du Centre CHEOPS, à Limoges, et F. Lagarde signale l’espèce dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château (trois femelles en septembre 2006 et huit individus, sans précision de sexe en 2009). En Creuse, elle est d’abord signalée par F. Leblanc qui récolte un mâle, en juin 1999, dans de la litière d’un pré abandonné, au Village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs. M. Cruveillier la cite à trois reprises dans la commune de Lussat, d’abord une femelle, capturée le 22/06/2000, au filet fauchoir, dans une prairie proche de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, puis, à l’étang de Tête de Bœuf, d’abord une femelle, le 13/06/2009, dans la mousse de sous-bois, suivie d’un mâle, le 09/07/2009, dans de l’herbe courte du chemin de digue. Les autres citations pour la Creuse émanent de F. Lagarde qui signale d’abord une femelle le 26/07/2006 et quatre mâles le 02/08/2006, aux Ribières de Gladière, et quatre autres mâles le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, deux sites situés dans la commune de Royère-de-Vassivière où il citera à nouveau l’espèce en 2009, ainsi que dans la tourbière des Chabannes, celle du Grand Puy et de Combe Lépine. Il mentionne également la présence de l’espèce à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs) et à Gioux (tourbière de Puy Chaud). En Corrèze, où l’espèce est moins citée, les six inventaires se partagent entre B. Le Péru lequel cite, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, la capture de trois femelles au sol, sous une haie de résineux, l’une en janvier 1999, l’autre en février 2001 et la troisième en juin 2001, et F. Lagarde qui mentionne la présence de l’espèce en 2009, à Peyrelevade (deux dans la tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint- Merd-les-Oussines (cinq au Ruisseau du Mazet) et enfin, dans la commune de Tarnac, (une dans la tourbière de l’étang de Chabannes).

Tenuiphantes zimmermanni (Bertkau, 1890) (ex Lepthyphantes zimmermanni) cette espèce, elle aussi observable à l’état adulte en toute saison, est très proche de T. tenuis tant par sa taille que par son aspect et ses mœurs. Avec un peu d’habitude on arrive à les distinguer avec une quasi certitude par l’observation du motif dorsal de l’abdomen mais cette pré- détermination ne doit pas dispenser de l’examen des genitalia* dont les différences avec celles de l’espèce précédente ne sont pas discernables avec une loupe de terrain. Bien que présente dans nos trois départements, cette araignée y semble moins fréquente que T. tenuis et moins encore que T. mengei. Elle apparaît dans quatorze fiches d’inventaire pour dix-sept individus déterminés. Sa première mention revient à F. Leblanc qui, dans les années 90, s’était fait une spécialité dans la récolte des Lepthyphantes s.l. en Creuse, et qui avait capturé deux femelles, le 30/03/1999, dans les environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, commune où, le 15/10/1999, il trouve une femelle sur des chanterelles dans de la litière de sous-bois, à Concizat. Toujours en Creuse, M. Cruveillier récolte un couple dans des débris végétaux ramassés le 25/05/2001 au bord de l’étang des Landes, à Lussat et B. Le Péru cite un mâle, le 18/04/2007, dans une prairie humide en bordure de bois, à La Nouaille, dans la commune de Flayat. F. Lagarde, en 2009, cite l’espèce à Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles) et à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes). En Corrèze, nous trouvons quatre mentions dans les liste reçues de B. le Péru, toutes de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, dont un mâle dans un jardin en octobre 1998, et trois femelles en forêt, respectivement en janvier 1998 sous une pierre, en août 2001 dans de la mousse, et en janvier 2002 dans la mousse humide d’un rocher. L’autre mention de Corrèze est un mâle trouvé par M. Cruveillier, le 23/07/2002, avec un T. tenebricola, dans des feuilles ramassées dans un sentier de pêcheurs, au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt. En Haute-Vienne, F. Leblanc récolte une femelle au filet fauchoir, le 10/10/1999, dans un touradon de Molinie de la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, et un mâle, le 25/04/2001, dans une prairie de la Basse Roche, à Meuzac. Enfin, M. Cruveillier mentionne une femelle dans de la litière de bois mixte, récoltée le 20/07/2000, près de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige.

Les Liocranidae

Incluses autrefois dans une « superfamille » des Clubionidae, qui ne comporte plus chez nous que le genre Clubiona, les Liocranidae s’en distinguent par plusieurs caractères, notamment les lignes oculaires plus étroites. En outre, la plupart présentent des motifs relativement nets sur l’abdomen, contrairement à beaucoup de Clubiona. Cette famille est représentée en France par vingt-quatre espèces réparties dans neuf genres dont cinq seulement ont été jusque là observés en Limousin, représentant les dix espèces rencontrées.

Agroeca brunnea (Blackwall, 1833) : quatre des six espèces d’Agroeca répertoriées en France ont été observées en Limousin, mais très inégalement comme on verra. Ce sont des araignées actives la nuit et dont on peut rencontrer des individus adultes en toute saison dans des milieux extrêmement variés, boisés ou non, humides ou secs et même dans des bâtiments à la campagne. Les femelles protègent leur ponte par des cocons de forme très caractéristique qu’elles fixent à des supports divers par un pédoncule de soie (voir fig. 2). Le mâle d’Agroeca brunnea mesure de 5,5 à 7 mm et la femelle atteint 8 mm. C’est une espèce de coloration brun foncé, très commune chez nous puisqu’elle est mentionnée dans quarante-cinq inventaires pour deux cents animaux identifiés. Elle apparaît pour la première fois dans notre base de données le 21/03/1998, en Haute-Vienne, quand M. Cruveillier capture un mâle sur le carreau d’une salle de bains, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il la note encore à deux reprises : une femelle dans un secteur sec de la Lande du Cluzeau en juillet 2000 et une autre dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, le 28/09/2006. Il capture, le 01/06/2001, un autre mâle dans un bâtiment s’ouvrant sur un jardin au village du Theil, à Saint-Gence et détermine, dans des récoltes de l’année 2000 de P. Durepaire, une femelle dans un secteur de lande sèche en août et un mâle dans une prairie tourbeuse en octobre, aux Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, là où E. Duffey avait déterminé deux femelles dans une récolte de juin. F. Lagarde complète les données de Haute-Vienne, d’abord par une femelle, le 01/08/2006, puis une autre en 2009, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le- Château. La première donnée de Creuse est une femelle, capturée le 22/06/2000 par M. Cruveillier, au filet fauchoir, dans la végétation herbacée de la saulaie bordant l’étang des Landes, au Genévrier, dans la commune de Lussat. Les autres mentions de ce département, très nombreuses, proviennent de F. Lagarde qui, après avoir capturé trois femelles le 01/08/2006 dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, mentionnera à nouveau l’espèce en 2009 dans ce site, mais aussi dans divers autres de cette même commune (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles), ainsi que dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, de Clamouzat, de Puy Marsaly, des Tourailles), dans celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, les Prés Neufs, tourbière des Salles), dans celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud), celle de Saint-Pardoux-Morterolles ( Ruisseau du Pic) et dans celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Pour la Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui nous adresse ses listes de captures dans sa commune de Saint-Etienne- aux-Clos : une femelle en novembre 1998 sous une pierre dans une forêt de chênes, une autre en février 2001, au sol, dans une prairie en friche et un mâle en juin 2002, sous un tas de bois dans un jardin. Le 13/04/2006, dans un piège placé dans une pelouse non fauchée de son jardin, E. Duffey capture trois mâles au Dougnoux, dans la commune d’Altillac. F. Lagarde mentionne l’espèce dans quatre communes de ce département en 2009 : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin M. Cruveillier identifie trois femelles dans une récolte effectuée par M. Lefrançois, le 23/06/2011, à la Font Clare, dans la commune de Saint-Merd- les-Oussines, dont une dans une tourbière dégradée et deux dans une tourbière haute à buissons nains.

Figure 2 : cocon d’Agroeca brunnea

Figure 2 : cocon d’Agroeca brunnea

Agroeca cuprea Menge, 1873 : cette araignée brune, marquée sur l’abdomen de dessins diffus en forme de chevrons, dont le mâle mesure entre 3 et 4 mm, et la femelle pouvant atteindre 5 mm, vivrait plutôt dans des milieux secs , zones rocheuses, landes, prairies, taillis, où on pourrait rencontrer des adultes en toute saison. Evoquée parfois sous le nom d’Agroeca pullata, elle est présentée par Nentwig & al. comme largement répandue dans toute l’Europe mais ne figure nulle part comme commune dans la littérature. Il n’est donc peut-être pas surprenant que la seule mention que nous ayons à cette date en Limousin soit une femelle, capturée par M. Cruveillier le 15/04/2000, dans l’herbe rase de l’accotement sableux d’un layon coupe-feu de la forêt de Meuzac, en Haute-Vienne.

Note de bas de page 59 :

elle est également présente en Grande-Bretagne mais seulement au sud de l’Angleterre selon M. J. Roberts

Agroeca inopina O. P.-Cambridge, 1886 : d’une taille pouvant évoluer de 3,5 à 4,5 mm pour le mâle et de 5 à 8 mm pour la femelle, cette araignée brune aux dessins flous, également adulte en toute saison, présente au sud ouest de l’Europe59, n’a été mentionnée que deux fois en Limousin, dans le seul site de la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, en Haute- Vienne, où F. Lagarde capture deux femelles en septembre 2006 et y signale à nouveau une autre présence de l’espèce en 2009.

Note de bas de page 60 :

l’observation des épigynes des Agroeca est fréquemment rendue difficile par une exsudation qui en masque les détails.

Agroeca proxima (O. P.-Cambridge, 1871) : cette araignée à l’abdomen gris brun, présentant dans une grande tache ovale claire un motif plus foncé de chevrons bien nets échelonnés sur une bande médiane assez large de même couleur, est assez facilement reconnaissable. La taille du mâle évolue entre 4 et 5 mm, celle de la femelle entre 5 et 8. On peut en rencontrer à l’état adulte toute l’année, le plus souvent dans des landes sèches ou des prairies mais parfois dans des marais ou des tourbières. Elle est tout aussi commune en Limousin qu’A. brunnea mais peut être plus localisée. Ainsi, bien qu’elle apparaisse dans un nombre inférieur d’inventaires, vingt-six, le nombre d’individus déterminés est de deux-cent- cinquante-sept, donc bien supérieur. Il faut noter ici le poids particulier, dans ce décompte, de la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, en Haute-Vienne, la seule où A. inopina a été également observée, qui totalise à elle seule la plus grande partie des déterminations, 108 en septembre 2006 dont 94 mâles, et 91 en 2009. La première mention de notre base est une femelle avec une très belle épigyne60, capturée par M. Cruveillier, le 12/07/1996, en Haute- Vienne, à Meuzac, dans une touffe de bruyère cendrée de la Lande du Cluzeau, site où il note deux mâles en septembre 2000 et où A. Bounias-Delacour capture une femelle en septembre 2006. Dans la même commune M. Cruveillier observe, le 17/08/1998, dans la lande tourbeuse de La Roubardie, une femelle en train de mettre du sable sur son cocon. Il identifie également l’espèce à cinq reprises dans des récoltes par piégeage de P. Durepaire, dans la réserve nationale des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne : un mâle en août, six mâles en octobre et six mâles et une femelle en novembre de l’année 2000, dans un secteur de lande sèche, et, dans un secteur de prairie tourbeuse, toujours en 2000, un mâle en novembre et deux femelles en décembre, mentions qui complètent les données de Haute-Vienne. Dans les deux autres départements, toutes les mentions proviennent du programme de F. Lagarde et concernent donc des sites du Plateau de Millevaches exclusivement. D’abord en Creuse il capture trois mâles et deux femelles, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure et trois mâles et une femelle, le 02/08/2006, aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière. Il mentionnera l’espèce en 2009 non seulement dans cette commune, à nouveau dans ces deux sites et dans la tourbière du Grand Puy, mais également dans la commune de Faux-la- Montagne (tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), et celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud). Il cite également l’espèce dans trois communes de Corrèze : à Meymac (tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes) et à Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet).

Apostenus fuscus Westring, 1851 : cette araignée de 3 à 4 mm, est assez facile à reconnaître grâce au dessin dorsal de son abdomen qui présente deux lignes de taches circulaires claires sur fond brun. Selon Heimer et Nentwig on pourrait la rencontrer adulte de février à novembre dans les bois clairs, les landes, les éboulis. Espèce aux mœurs nocturnes, elle n’est repérable que par piègeage ou en soulevant les abris sous lesquels elle se réfugie durant le jour, le plus souvent des pierres. C’est sans doute ce qui explique en partie que la seule mention actuelle de cette espèce chez nous soit une femelle, capturée sous une pierre, par B. Le Péru, en mars 2002, dans un éboulis, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze.

Liocranoeca striata (Kulczyński, 1882) (ex Agraecina striata et ex Agroeca striata) : cette araignée dont le mâle mesure de 3 à 4 mm, la femelle pouvant atteindre 5,5 mm, présente un dessin dorsal assez constant facilitant la détermination. Elle serait mature de janvier à septembre, fréquente les milieux très humides voire marécageux et n’est commune nulle part. Comme d’autres Liocranidae elle est active la nuit et se réfugie sous les pierres ou des morceaux de bois durant le jour. Elle apparaît dans trois inventaires, un par département, émanant tous de M. Cruveillier qui a capturé trois mâles, un en Haute-Vienne, le 24/06/2000, sous une pierre, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, un autre en Corrèze, le 24/06/2004, dans des conditions analogues, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, et le troisième en Creuse, le 13/06/2009, dans un piège disposé dans un milieu très marécageux, à la queue de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Liocranum rupicola (Walckenaer, 1830) : assez facile à reconnaître par le dessin dorsal de son abdomen, cette araignée dont le mâle mesure entre 5 et 7 mm, la femelle pouvant en atteindre 9, peut être trouvée à l’état adulte toute l’année. Elle fréquente les endroits plutôt secs et se tient assez souvent sur des rochers, d’où son nom, mais aussi sous l’écorce des arbres et dans les bâtiments. Sa strate d’évolution fait qu’elle n’apparaît presque jamais dans les piégeages au sol et la récolte à vue de jour est peu productive du fait de ses mœurs nocturnes. Elle est très vraisemblablement plus commune en Limousin que les vingt-deux fiches où elle apparaît ne le laissent supposer, mais, depuis longtemps, l’auteur de ces lignes ne récolte plus cette araignée, qui lui est devenue familière et qu’il détermine à vue, lorsqu’il la rencontre dans des sites où elle a déjà été mentionnée, ce qui est très fréquent. La première mention est une femelle capturée en Haute-Vienne, le 16/08/1995, sous l’écorce d’un châtaignier mort, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier qui la citera encore sept fois dans cette commune dont une dans sa maison où, le 06/06/1997, il récolte deux femelles sur les murs et un mâle dans une baignoire, puis un mâle, le 15/05/1998, dans un tas de pierres de la Lande du Cluzeau, où seront récoltés deux mâles au cours d’un stage qu’il avait organisé en avril 2001, l’un par D. Rastelet, l’autre par B. Duhem. Il récolte également, toujours à Chavagnac, une femelle le 21/06/2000 dans un de ces tas de pierres que les agriculteurs rassemblaient autrefois en bordure des champs, et où, au cours du stage cité, une autre femelle sera récoltée par B. Duhem, le 26/04/2001. C’est également au cours de ce stage que sera déterminée par N. Larchevêque, une femelle, capturée à Folles, le 16/04/2000, dans un piège à carabes d’E. Mourioux, dans la vallée de la Gartempe, au viaduc de Rocherolles. Enfin, toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier a mentionné l’espèce dans trois autres communes, d’abord à Saint-Genest-sur-Roselle, une femelle sur un tronc d’arbre mort, au moulin de Teignac, le 16/06/1997, puis à Saint-Gence, le 08/02/2002, un mâle prisonnier dans un évier, au village du Theil, et, le 15/10/2006, une femelle dans l’anfractuosité moussue d’une roche serpentinique de la lande des Pierres du Mas, à La Porcherie. En Creuse, l’espèce est d’abord citée par F. Leblanc, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, une femelle, le 12/07/1998, et une autre, le 11/04/1999, sur un vieux châtaignier. Il cite également une femelle à Fransèches, le 06/06/1999. La citation d’une femelle par M. Cruveillier, le 18/05/2009, dans une encoignure de mur, à l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, complète les mentions de L. rupicola pour ce département. Elle apparaît dans cinq inventaires en Corrèze dont un d’E. Duffey qui capture un mâle, le 02/11/2008, dans sa maison du Dougnoux, à Altillac. Les quatre autres mentions émanent de M. Cruveillier et concernent d’abord la commune de Chasteaux où il capture deux mâles, le 13/07/2000, dans le long mur de pierres sèches bordant le chemin qui conduit à la Côte Pelée, puis la commune de Sarran où, le 09/06/2001, il capture une femelle au Moulin du Cher, dans le coin cheminée de la maison du meunier, et enfin la commune de Meymac où il récolte, dans les bâtiments de la station unversitaire, où il anime annuellement un stage, une femelle, le 08/05/2010, et une autre le 06/05/2011.

Scotina celans (Blackwall, 1841) : les trois espèces du genre Scotina présentes en France ont été observées en Limousin mais très rarement. Elles se distinguent des autres araignées de la famille par les épines présentes sous le tibia de la patte avant, dont le nombre est au moins égal à six. Elles vivent au sol dans la litière, la mousse ou à la base des plantes herbacées. S. celans, est la plus grande des trois, la femelle mesurant entre 4 et 5 mm et le mâle environ 3 mm. On peut rencontrer des adultes toute l’année mais l’espèce serait moins active l’hiver. Cette espèce, présente dans la plus grande partie de l’Europe, fréquente les prairies sèches, les lisières des bois, et parfois des milieux plus humides. Elle n’a fait l’objet chez nous que de deux observations, d’abord en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui trouve une femelle dans des débris végétaux rapportés chez lui avec des champignons récoltés le 05/11/1997, dans les bois de Chavagnac, à Meuzac, puis en Corrèze où B. Le Péru signale une autre femelle récoltée en mars 2002 sous une pierre, dans un éboulis calcaire, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos.

Scotina gracilipes (Blackwall, 1859) : la femelle de cette espèce mesure de 3 à 4 mm et le mâle environ 2,5 mm. Plus sombre que la précédente et sans dessins dorsaux très marqués l’espèce est un peu plus difficile à identifier. Sa période de maturité serait un peu plus étroite, allant de fin mars à début novembre. Elle fréquente sensiblement les mêmes milieux que cette dernière, et, comme elle, a été peu citée en Limousin, avec seulement des femelles. La première est récoltée en Haute-Vienne, le 12/07/1996, sur la pelouse sèche de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, par M. Cruveillier, lequel capture la seconde, le 22/05/1998, dans la même commune, dans une lande sèche à callune proche du hameau des Garabœufs. En Corrèze, c’est E. Duffey qui cite la capture de trois femelles, le 13/05/2003, dans la lande serpentinique de Bettu, dans la commune de Chenailler-Mascheix.

Scotina palliardii (L. Koch, 1881) : on sait assez peu de choses sur cette espèce si ce n’est qu’elle mesurerait de 2,5 à 3,5 mm, qu’elle fréquenterait à peu près les mêmes habitats que ses congénères et que sa période de maturité serait comparable à celle de S. gracilipes. F. Lagarde rattrape le score de la Creuse pour les Scotina, seul département où il mentionne en 2009 la présence de quatre individus de S. palliardii au Bois des Pialles près d’Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière et un autre aux Prés Neufs dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Les Lycosidae

Note de bas de page 61 :

dans la deuxième version en anglais de son livre Spiders of Britain and Northern Europe, Collins Field Guide Ed.

Note de bas de page 62 :

au moment où nous écrivions ces lignes, nous apprenions le décès, le 16/04/2012, de Frank Millidge, qui a été un des très grands arachnologues britanniques et dont la disparition, qui laisse un grand vide, est vivement ressentie par tous.

Note de bas de page 63 :

une correction a été faite dans l’édition française de l’ouvrage (Ed. Delachaux et Niestlé, 2009 et suivantes).

C’est elles qu’on appelle « les araignées loups ». Dans la liste des araignées de France diffusée à ses membres par l’Association Française d’Arachnologie (AsFrA) à la fin de 2013, figuraient cent-dix-huit espèces de Lycosidae réparties en dix-sept genres. En dépit de quelques révisions, ces chiffres se sont pratiquement maintenus. C’est donc une de nos familles nombreuses. Quarante-six de ces espèces, représentant onze genres, ont fait l’objet d’observations en Limousin à cette date, ce qui en fait, en nombre d’espèces répertoriées chez nous, la troisième famille après les Linyphiidae (173) et les Theridiidae (48). C’est la disposition oculaire et la taille relative des yeux qui constitue le critère le plus marquant garantissant l’homogénéité de la famille. Beaucoup de ces araignées pratiquent une chasse errante de jour et les femelles portent leurs œufs dans un cocon sphérique, plus ou moins aplati selon les espèces, accroché à leurs filières. Quelques unes creusent un petit trou dans le sol qu’elles tapissent de soie, où elles installent et surveillent leur cocon. Une seule, parmi les espèces françaises, Aulonia albimana, construit une petite toile piège en nappe très près du sol. Après l’éclosion de leurs petits, les femelles les portent un certain temps sur le dos, à la manière de certains oiseaux d’eau comme les Grèbes. Il y aurait quelques feuilletons à écrire dans l’histoire européenne de cette famille, notamment celui d’Alopecosa accentuata /Alopecosa barbipes et celui de Pardosa lugbris/Pardosa saltans. S’agissant des premières, que l’ordre alphabétique a opportunément rapprochées, M. J. Roberts écrit61 qu’Alopecosa barbipes « a été confondue fréquemment avec Alopecosa accentuata », confusion qu’il avoue implicitement avoir lui-même commise puisqu’Alopecosa accentuata figurait comme présente en Grande-Bretagne dans la première version de son ouvrage et qu’elle a totalement disparu dans la seconde au profit d’A. barbipes. Les différences morphologiques sont indiquées par Roberts dans la version néerlandaise de son livre "Spinnen Gids" (voir bibliographie). Or les deux espèces existent en France. Le problème est qu'à la suite de F. Dahl (1906), ces deux Alopecosa ont été longtemps considérées comme une seule et même espèce, comme l'indiquent Locket, Millidge62 et Merrett (dans leur "British Spiders" tome III, page 36) et que, selon les auteurs, on a utilisé l’un ou l’autre nom, celui de barbipes étant parfois préféré à accentuata au prétexte que la description de Sundevall aurait été plus précise que celle de Latreille. C'est en se fondant sur une publication de D. Cordes et O. von Helversen (1990) que les deux espèces ont été distinguées. La description que donne Simon d'A. accentuata nous semblerait correspondre à A. barbipes et celle qu'il donne d'A. accentuata oreophila serait, selon toute apparence, la vraie A. accentuata. Si c'était bien le cas, ce que l’auteur de ces lignes ne peut garantir, la sous-espèce A. accentuata oreophila n'aurait plus lieu d'être retenue. Elle subsiste cependant, sous ce nom, dans une liste des araignées de France actuellement diffusée par l’AsFrA et apparaît sous le nom d’Alopecosa barbipes oreophila dans le catalogue international de Norman Platnick. Le fait que dans les caractères qui pourraient permettre de distinguer ces deux espèces interviennent des éléments de couleur, lesquels disparaissent après un séjour dans l’alcool, rend peu fiable le résultat d’un réexamen des femelles en collection. Il reste, comme critère possible, la présence chez les mâles d’ A. barbipes d’une « brosse » de soies sous la face ventrale du tibia de la patte I (patte avant). Tout cela pour expliquer que nous sommes obligés d’accepter qu’un doute subsiste sur les femelles capturées avant 2003, date à laquelle l’attention des membres du Groupe d’Observation Arachnologique du Limousin (GOAL) avait été attirée sur cette question par une note de M. Cruveillier. Ce qui est arrivé pour Pardosa lugubris et Pardosa saltans est assez semblable à la seule différence qu’il n’y avait pas, au départ, deux appellations concurrentes mais que seule Pardosa lugubris était mentionnée et qu’après une publication de Töpfer-Hofmann, Cordes et Von Helversen (2000), une différence était établie qui distinguait cette espèce d’une nouvelle : Pardosa saltans. Ici, la difficulté est que les dessins des genitalia*, surtout des femelles, sont si proches que beaucoup de naturalistes confessent qu’ils ne parviennent pas à les distinguer. S’y ajoute qu’il est nécessaire d’être très au courant des publications pour éviter de commettre des erreurs de bonne foi. Ainsi, par exemple, si on utilise la version anglaise du livre de M. Roberts cité à la page précédente on trouvera les dessins permettant d’identifier Pardosa lugubris, alors que ce sont ceux qui sont repris dans l’édition néerlandaise pour déterminer Pardosa saltans63. Les naturalistes du Limousin ayant participé à nos inventaires ont été invités à revoir leurs collections de Pardosa lugubris et une seule correction a été opérée, mais la difficulté de séparer les deux espèces n’a pas disparu pour autant.

Alopecosa accentuata (Latreille, 1817) : cette araignée dont la partie dorsale de l’abdomen présente un dessin assez constant, se rencontre dans des milieux secs. Le mâle mesure de 8 à 9 mm, la femelle atteint jusqu’à 12 mm. On rencontre des individus adultes surtout au printemps mais également plus tardivement en automne. La première mention au fichier est un mâle récolté par M. Cruveillier, le 14/06/1996, dans les gravillons et les herbes éparses d’une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où E. Duffey récolte une femelle dans une prairie sèche, le 01/05/2004, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, l’espèce est notée à deux reprises dans un jardin, à la Gare de Savennes, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru lequel capture d’abord un couple errant au sol dans un jardin, en octobre 1997 puis une femelle dans les mêmes conditions, en juin 1999. De son côté M. Cruveillier récolte deux mâles et une femelle, le 15/04/2006, sur la Côte pelée de Chasteaux, dans le Causse Corrézien. Enfin, F. Lagarde, au cours de ses prospections de 2009, signale la présence de l’espèce dans deux autres communes de Corrèze, à Peyrelevade (Négarioux Malsagnes) et dans quatre sites de la commune de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Marcy, Le Mazet, Le Rebourzeix). Il est également l’auteur de la seule mention de Creuse, aux Fontenelles du Chalard, dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Alopecosa aculeata (Clerck, 1757) : le mâle de cette araignée est difficile à distinguer de celui d’A. trabalis si ce n’est par la plage centrale claire en forme de feuille de houx que présente ce dernier et qui est absente chez A. aculeata. Nentwig & al. indiquent d’avril à début septembre pour la période de maturité de cette espèce qu’ils disent fréquente localement dans la mousse humide et la litière des bois ensoleillés. Un mâle de 8,5 mm, a été récolté, le 14/06/2014, par M. Cruveillier, dans l’herbe et la mousse humide d’une lisière de bois, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute Vienne. Après avoir longtemps hésité entre A. trabalis et A. aculeata et avoir interrogé plusieurs collègues sur l’éventualité de trouver des A. trabalis qui auraient pu présenter un sternum unicolore, il finit par opter pour A. aculeata à cause de l’absence de la plage centrale claire du sternum qui semble toujours présente chez A. trabalis.

Alopecosa barbipes (Sundevall, 1833) : très semblable à A. accentuata par son aspect, comme cela a été dit, cette araignée pourrait également fréquenter les mêmes milieux. Initialement identifié comme A. accentuata, un mâle capturé par M. Cruveillier, le 18/05/2002, dans un chemin sablonneux du bord du Chavanon, dans la commune de Feyt, en Corrèze, a été redéterminé par lui comme A. barbipes grâce à la présence de soies plus denses et plus robustes à la partie inférieure du tibia de la patte I. Il est le seul représentant actuel en Limousin de l’espèce A. barbipes.

Note de bas de page 64 :

au cours de l’année 2009, F. Lagarde a identifié 428 individus de cette espèce à la Ferme de Lachaud à Gentioux-Pigerolles.

Alopecosa cuneata (Clerck, 1757) : bien que le motif lancéolé qu’elle présente au niveau de la tache cardiaque soit commun à beaucoup d’Alopecosa, cette espèce, contrairement aux trois précédentes, ne pose pas de problème d’identification. Le tibia de la patte I du mâle, court et nettement renflé, permet même son identification sur le terrain. Les deux sexes mesurent de 6 à 8 mm et se rencontrent adultes du début du printemps au milieu de l’été dans des habitats ouverts à végétation basse ou dans les lisières des bois. Mentionnée dans trente-cinq fiches d’inventaire pour cinq-cent-quatre-vingt individus identifiés, cette araignée est très présente en Limousin où elle peut être localement très abondante64. La première mention est une femelle capturée à la main par M. Cruveillier, le 16/06/1997, dans un vieux verger, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Mais c’est évidemment les naturalistes qui doivent utiliser le piégeage au sol, qui récoltent le plus souvent cette espèce, comme c’est d’ailleurs le cas pour la très grande majorité des Lycosidae qui sont des animaux évoluant à terre. C’est ainsi que les treize autres fiches de ce département émanent d’E. Duffey lequel à réalisé douze inventaires, dont dix par piégeage, entre avril et mai, de 1998 à 2004, dans une prairie en grande partie mésophile du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine où il a récolté quarante-sept individus, tant mâles que femelles. Il a également récolté deux femelles, le 19/07/2000, dans un secteur humide à Narthécie de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. La totalité des mentions pour la Creuse, toutes de 2009, émanent de F. Lagarde et concernent quatre communes : Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud) et Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure). En ce qui concerne le département de la Corrèze, et toujours en 2009, F. Lagarde mentionne l’espèce dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), dans celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix). C’est dans cette dernière commune que M. Cruveillier a déterminé une femelle, dans une récolte effectuée le 23/06/2011, dans une lande sèche subatlantique à genêt et callune de la Font Clare, par M. Lefrançois. Il avait également identifié une femelle capturée au cours d’un stage, le 09/05/2010, au bord d’une allée forestière du Bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac.

Alopecosa fabrilis (Clerck, 1757) : mesurant de 10 à 12 mm pour le mâle et jusqu’à 16 pour la femelle, cette araignée est, avec A. trabalis et A. inquilina, une des plus grandes de nos Alopecosa. Le dessin abdominal est assez constant et la présence, chez les deux sexes, de deux petites taches circulaires sombres de part et d’autre de la tache cardiaque à l’avant et deux autres vers le milieu constitue un bon indice supplémentaire pour la détermination. L’espèce, qui peut être rencontrée adulte durant une période assez large mais surtout au printemps, fréquente plutôt les milieux ouverts et sablonneux à végétation courte. Notée seulement à trois reprises en Limousin à cette date, elle y est très probablement peu commune. M. Cruveillier récolte d’abord une femelle en Haute-Vienne, le 06/06/1997, au pied d’une haie, en bordure d’une prairie sèche, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il capture une autre femelle, le 24/06/2001, à la base d’une touffe d’Erica cinerea, dans une pelouse sèche écorchée de la Lande du Cluzeau. F. Lagarde, de son côté, mentionne l’espèce en Creuse en 2009 en bordure de la tourbière des Chabannes, à Royère-de-Vassivière. Aucune observation de Corrèze ne nous a été signalée à cette date.

Alopecosa inquilina (Clerck, 1757) : espèce dont la femelle peut atteindre 18 mm, cette araignée fréquenterait, selon Heimer & Nentwig, "les bois ensoleillés d'altitude jusqu'à 1500m", où elle pourrait être trouvée adulte de mars à juillet, ce qui est exactement confirmé par la récolte en Corrèze par B. Le Péru, le 16/03/2007, d’un mâle de cette espèce à 900 m d’altitude, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, commune où F. Lagarde mentionne en 2009 la présence de l’espèce dans la tourbière de Marcy. Il est aussi l’auteur de la seule citation de Creuse, également en 2009, à la tourbière de La Mazure dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Alopecosa pulverulenta (Clerck, 1757) : bien que cette araignée soit assez semblable, par la taille et l’aspect, à A. cuneata, il est assez facile d’en distinguer le mâle par le tibia I qui ne présente pas de renflement et la femelle par son épigyne. On peut rencontrer des femelles adultes dès la fin de l’hiver et jusqu’en octobre et les mâles du printemps au milieu de l’été. Cette espèce paléarctique* est répandue et commune partout et fréquente des milieux assez divers, jardins, champs cultivés, prairies, bois clairs, landes, là où le sol est assez dégagé. C’est, avec quelques Pardosa, comme P. pullata par exemple, l’une des Lycosidae les plus communes en Limousin où elle figure dans soixante-dix inventaires totalisant plusieurs miliers d’individus identifiés dont l’énumération détaillée allongerait inutilement notre propos. Retenons que sa première mention remonte au 06/06/1997, quand M.Cruveillier captura en Haute-Vienne un mâle, au sol, sous un pin sylvestre de son jardin, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera l’espèce dans huit inventaires entre 1997 et 2001 dans les mois d’avril, mai, juin et juillet. Il cite également l’espèce en août et en octobre 2000 dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, où elle avait été également mentionnée en mai 1999 par P. Tutelaers et en juin et juillet 2000 par E. Duffey. Ce dernier mentionne des captures à huit reprises, dans les mois d’avril, mai et juin, entre 1998 et 2004, dans son jardin et dans une prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Enfin, pour clore la Haute-Vienne, F. Leblanc avait signalé la capture de deux mâles dans la lande de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy, le 23/04/1998. C’est également lui qui récolte le premier couple de Creuse, le 02/05/1998, à l’étang de Mafranc, dans la commune de Saint- Sulpice-les-Champs, puis une femelle, le 23/05/1999, dans la chênaie-hêtraie des Combes, à Chamberaud. Suivront dans ce département la capture d’une femelle, le 22/06/2000, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, par M. Cruveillier, et vingt et une fiches d’inventaire de F. Lagarde, entre 2006 et 2009 concernant les communes de Faux-la-Montagne (Les Avenaux, Clamouzat, Puy Marsaly, les Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et enfin de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Le département de la Corrèze n’est pas en reste avec vingt-deux fiches d’inventaire dont les six premières nous viennent de B. Le Péru qui, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, prospecte d’abord dans une prairie en friche où il récolte trois femelles en mai 1998, une autre en juin 1998, une troisième en octobre 2000 (avec cocon) et un mâle en avril 2001, puis dans son jardin où il note, errant au sol, un mâle en mai 1999 et une femelle en mai 2000. Suivent quatre fiches d’E. Duffey lequel a disposé des pièges Barber dans son jardin du Dougnoux, à Altillac où il récolte huit mâles et six femelles le 01/04/2007, un mâle le 11/04/2007, six mâles et deux femelles le 03/04/2008 et vingt-huit mâles et quatre femelles le 01/06/2008. Viennent ensuite les mentions de l’espèce en 2009 par F. Lagarde et qui concernent les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, à l’occasion d’un stage qu’il anime chaque année, M. Cruveillier identifie une femelle, capturée le 09/05/2010, dans les bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac.

Note de bas de page 65 :

Le motif cunéiforme occupant la tache cardiaque pourrait être à l’origine du nom trabalis, donné par Clerck, et qui pourrait faire référence au clou permettant de fixer une poutre. (mais ce n’est là qu’une suggestion).

Alopecosa trabalis (Clerck, 1757) : mesurant entre 10 et 14 mm pour la femelle, et de 8 à 10 pour le mâle, cette grande Alopecosa, présentant un dessin dorsal très net65, est une espèce paléarctique* qu’on peut rencontrer adulte au printemps et en été dans des milieux relativement divers, selon la littérature, mais qui auraient en commun une végétation basse et une exposition ensoleillée. Elle a d’abord été rencontrée dans le département de la Corrèze, par B. Le Péru qui cite l’espèce à six reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, soit errant au sol dans un jardin (un mâle en mai 1997 et une femelle en septembre 2000), soit dans une prairie en friche (un mâle en août 1997, deux femelles en juin 1998, un mâle en mai 2000 et un autre en mai 2002). Plus tard, lors d’un stage d’initiation à l’étude des araignées, M. Cruveillier identifie une femelle capturée par B. Compère, le 09/05/2010, dans l’herbe rase du bas-côté d’une route forestière, au Bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac. La première et unique citation de Haute-Vienne est un mâle, récolté par M. Cruveillier, dans une clairière de taillis, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac. Ce mâle présentait bien la tache claire du sternum propre à l’espèce. (Voir plus haut A. aculeata)

Arctosa cinerea (Fabricius, 1777) : cinq espèces seulement du genre Arctosa, parmi les quinze présentes en France, ont été observées en Limousin, et, sauf pour l’une d’entre elles, jamais en grand nombre. A. cinerea est une assez grande araignée dont le mâle mesure entre 12 et 14 mm, la femelle pouvant en atteindre 18. Si on observe les dates de maturité indiquées ici et là dans la littérature, on peut en induire qu’il est possible de trouver des adultes en toute saison. Contrairement à d’autres Lycosidae, elle est surtout active la nuit et passe sa journée dans un abri qu’elle aménage sous une pierre. Elle est réputée fréquenter de préférence des endroits où se sont rassemblés des cailloux, des gravillons et du sable, à proximité des rives de cours d’eau ou d’étangs. C’est en tous cas ce que confirment nos observations en Limousin où elle est vraisemblablement rare car elle n’y a été notée qu’à quatre reprises et seulement par M. Cruveillier qui récolte d’abord, le 07/05/1998, en Haute-Vienne, un mâle dans une petite plage de galets au bord du ruisseau des Baraques, près du lieudit Le Mas Gaudeix, à Meuzac, commune où, en septembre 1999, il récolte une femelle, dans des conditions similaires, près d’un ruisselet alimentant une mare. Toujours en Haute-Vienne, il capture une femelle le 22/05/2000, sous une pierre au bord d’une mare du village de Vallégeas, dans la commune de Sauviat-sur-Vige. Enfin, il récolte en Creuse, le 18/06/2000, une femelle, également sous une pierre, au bord de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat.

Note de bas de page 66 :

Henri d'Orbigny (1845-1915), ne doit pas être confondu avec Alcide d'Orbigny, son père (1802-1857), ni avec le frère de ce dernier Charles Henry d'Orbigny (1806-1876)

Arctosa figurata (Simon, 1876) : à la page 1139 du tome VI des « Arachnides de France », Eugène Simon rapporte l’observation de cette espèce en Haute-Vienne, à Saint-Just- le-Martel, par H. d’Orbigny66, sans indication de date laquelle ne peut être postérieure à 1915. Réputée fréquenter des milieux secs et sablonneux, elle est citée comme rare par Heimer et Nentwig, ce que nous ne saurions démentir car cette araignée n’a pas été revue en Limousin jusque là et figure donc toujours dans notre base de données comme une « observation ancienne non renouvelée ».

Arctosa leopardus (Sundevall, 1833) : cette araignée d’environ 8mm, vivant dans la mousse ou la litière de milieux humides, souvent à proximité de l’eau, où on peut rencontrer des adultes au printemps et en été, est la plus commune des Arctosa en Limousin où elle apparaît dans trente-quatre inventaires pour cent-vingt-six individus identifiés. Elle est citée d’abord en Haute-Vienne par M. Cruveillier qui récolte un mâle et une femelle, le 20/05/1997, dans un piège disposé au bord d’un ruisselet qui traverse la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. Il capturera en ce même lieu une très belle femelle, le 27/07/2001, de même qu’un couple, le 10/06/1999, dans des débris végétaux au bord d’une mare de la commune de Château-Chervix, près du village de La Chapelle. Il récolte une femelle, le 22/05/2000, dans la partie tourbeuse de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et identifie une autre femelle provenant d’un piégeage d’août 2000, par P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne. Dans ce dernier site, P. Tutelaers avait signalé un couple le long du ruisseau des Dauges, le 21/05/1999, et E. Duffey, après avoir identifié un mâle dans une récolte de P. Durepaire, de juin 2000, y récoltera lui-même deux femelles au filet fauchoir, le 29/06/2000, et une autre le 19/07/2000. Dans des pièges disposés dans une prairie au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, il récoltera une femelle en avril 1998, un mâle le 13/04/2003, un autre le 15/15/2003, un troisième le 29/05/2004 et une femelle le 05/05/2004. Enfin, pour terminer avec la Haute-Vienne, F. Lagarde capture une femelle à Peyrat-le-Château, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube où il signalera à nouveau la présence de l’espèce en 2009. En Creuse, F. Leblanc cite la capture d’une femelle en juillet 1997, à l’étang des Mouillères, près de Chasselines, dans la commune de Saint- Michel-de-Veisse et M. Cruveillier mentionne celle d’un couple, le 18/06/2000, au bord de l’étang des Landes, à Lussat. Les autres mentions de Creuse, de 2009, sont de F. Lagarde et concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), de Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs) et Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, Bois des Pialles). C’est O. Villepoux qui mentionne le premier la présence de l’espèce en Corrèze, dans le radeau de sphaignes de l’étang de Chabannes, à Tarnac, le 18/07/1998, suivi, dix ans plus tard, par E. Duffey qui, le 01/06/2008, capture une femelle au Dougnoux, dans la commune d’Altillac. F. Lagarde mentionnera à nouveau l’espèce en 2009 à l’étang de Chabannes ainsi que dans les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet) et de Viam (Roche du Coq-Estang).

Arctosa lutetiana (Simon, 1876) : le mâle et la femelle mesurent entre 5 et 8 mm. Ils sont assez semblables et la tache claire du dessin dorsal en forme de flèche, à l’avant de l’abdomen, de même que les chevrons qui lui font suite vers l’arrière, sont assez constants . La rareté des données limousines pour cette espèce nous oblige à nous en tenir aux indications de la littérature. Heimer et Nentwig disent qu’elle affectionne les milieux chauds et Roberts écrit qu’on la trouve « dans les débris et les plantes basses des milieux sablonneux ». Ils s’accordent à peu près pour ce qui est de la période de maturité de l’espèce qui irait du milieu du printemps au milieu de l’automne. Elle est certainement rare en Limousin puis qu’elle n’y est citée que trois fois. E. Duffey, qui a fourni des indications précises, signale l’identification d’un mâle dans une récolte par piégeage de juillet 2000, par P. Durepaire, dans un milieu de lande sèche bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne. Les deux autres mentions de 2009 émanent de F. Lagarde qui signale la présence de l’espèce aux Communaux et au Ruisseau de Mazet dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines, en Corrèze.

Arctosa perita (Latreille, 1799) : bien que sa coloration générale puisse varier, cette araignée est l’une des Arctosa que les naturalistes expérimentés identifient assez facilement sur le terrain grâce aux taches claires ovales que les deux sexes présentent sur l’abdomen, de part et d’autre de la tache cardiaque. Ils mesurent l’un et l’autre de 6 à 9 mm et peuvent être rencontrés adultes du printemps à l’automne. Cette espèce holarctique* est dans plusieurs pays la plus fréquente des Arctosa. Elle se rencontre surtout dans des milieux sablonneux à herbe courte ou parfois nus, notamment dans des zones côtières mais également à l’intérieur des terres où elle fréquente souvent ce type de milieu à proximité des eaux ou dans certaines landes. Elle n’est sans doute pas très commune en Limousin où elle n’a fait l’objet que de neuf citations, très inégalement réparties dans les départements mais confirmant toutes le milieu sablonneux de prédilection de l’espèce. La capture d’un couple dans un chemin de sable et de cailloux, par M. Cruveillier, le 20/05/1997, en bordure de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, constitue la première mention mais aussi la seule, pour le département de la Haute-Vienne, de cette araignée laquelle n’a pas encore été observée en Creuse. Ses huit autres mentions concernent donc la Corrèze où B. Le Péru la cite à six reprises dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, dont une fois dans une lande sablonneuse plantée de pins (un mâle en septembre 1998), et cinq fois sur le sol sablonneux d’un jardin de la Gare de Savennes (un mâle en octobre 1997, un autre en mars 1998, un couple en mai 1999, une femelle en janvier 2000 et une autre en septembre 2000). Deux mentions de M. Cruveillier viennent compléter les données de Corrèze, d’abord la capture de deux femelles dans un sentier de galets et de sable au bord du Chavanon, le 18/05/2002, dans la commune de Feyt et, le 02/06/2002, celle d’un mâle dans une petite plage de sable et de galets formée, en bordure d’une prairie, par une crue de ruisseau près de la station de pompage du Soulier, dans la commune de Chasteaux.

Note de bas de page 67 :

mais d'autres Lycosidae, notamment tropicales, tissent des toiles-pièges

Aulonia albimana (Walckenaer, 1805) : dans l’ensemble de nos Lycosidae, cette araignée constitue un cas assez particulier, d’abord parce que le genre Aulonia ne compte que deux espèces dans le monde, A. albimana étant la seule présente en France et dans la plus grande partie de l’Europe. Cette araignée est aussi la seule des Lycosidae européennes, à tisser, au ras du sol, une petite toile-piège67 en nappe, difficilement visible, avec, à sa périphérie, un petit abri tubulaire. Elle est aussi de celles qu’on identifie facilement, même les immatures. Les deux sexes sont semblables. Le corps est sombre et la patella du pédipalpe tranche par sa couleur très claire avec les autres articles, qui sont noirs, comme le fémur de la patte I, lequel contraste également avec la couleur claire des autres articles des pattes, d’où elle tient son nom. Elle est réputée fréquenter des milieux plutôt secs à végétation basse. Et si elle est fréquemment citée en Limousin dans des sites tourbeux, il ne faut pas oublier que les tourbières limousines se trouvent pratiquement toutes dans des alvéoles dont les bords relevés sont occupés par des landes sèches. Les captures des mois de mars ont toujours concerné des animaux immatures et celles d’animaux adultes s’étalent d’avril à septembre, ce qui confirme les données de la littérature. Il s’agit d’une espèce très commune dans notre région où elle est mentionnée dans soixante-dix inventaires, souvent en très grand nombre puisque l’ensemble des animaux déterminés est de mille-trois-cent-vingt, dont l’énumération détaillée ne ferait qu’allonger sans grande utilité notre propos. Sa première mention remonte au 06/06/1997, lorsque M.Cruveillier capture un mâle, en Haute-Vienne, dans l’herbe, entre les dalles d’un jardin, et un autre dans une pelouse sèche à Anacamptis morio, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il mentionnera à nouveau l’espèce dans sept autres inventaires, notamment dans la Lande du Cluzeau, entre 1997 et 2001 sur les mois d’avril à juillet. L’espèce est également notée dans sept fiches d’inventaire dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en 1999 par P. Tutelaers et en 2000 par M. Cruveillier et E. Duffey, lesquels identifient dix-huit mâles et neuf femelles dans des récoltes de P. Durepaire, surtout dans les secteurs de lande, dans les mois de juin, juillet et août. E. Duffey cite également l’espèce à trois reprises, en mai et juin 2003 où il capture six mâles par piégeage dans une prairie mésophile de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Enfin pour clore les mentions de Haute-Vienne, F. Lagarde récolte deux mâles et dix-huit femelles, en septembre 2006, à Peyrat-le-Château, dans la tourbière de Bac à la Cube où il cite à nouveau la présence de dix- neuf individus de l’espèce en 2009. En Creuse, F. Leblanc est le premier à mentionner la capture d’un couple d’animaux subadultes, le 17/03/1999, à Mergoux, dans la commune de Saint-Marc-à-Frongier. Toutes les autres données de ce département émanent de F. Lagarde, lequel cite d’abord l’espèce en 2006, dans les mois de mai, juillet et août, aux Ribières de Gladière, au Bois des Pialles et dans la tourbière de La Mazure, dans la commune de Royère- de-Vassivière, où il mentionnera à nouveau l’espèce, en 2009, dans ces mêmes sites mais également dans ceux de Combe Lépine, Croix de Fayaud, tourbière des Chabannes et tourbière du Grand Puy. Il la cite également dans d’autres communes de Creuse, à Faux-la- Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, Croix de Fayaud, tourbière de Puy Marsaly), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, les premiers inventaires émanent de B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne- aux-Clos, trois en 1997 (trois femelles dans un jardin en mai, juin et septembre), puis deux en 2001 (une femelle dans ce même jardin en août et un mâle dans de la mousse en forêt en octobre). Il mentionnera également la récolte de deux immatures, le 14/03/2007, dans une pelouse à Eygerols, dans la commune d’Eygurande. Le 02/06/2002, M. Cruveillier récolte un mâle dans un milieu de cailloux et d’herbe courte près de la station de pompage du Soulier, à Chasteaux, et, le 02/05/2007, E. Duffey trouve un mâle dans son jardin du Dougnoux, à Altillac. Les données de 2009 proviennent de F. Lagarde et concernent les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, dans les déterminations faites par M. Cruveillier à partir des récoltes réalisées en juin et juillet 2011 par M. Lefrançois, tant dans les parties tourbeuses que dans les secteurs de lande sèche du site d’Ars et Pont Tord, à cheval sur les communes de Saint-Merd-les- Oussines et de Pérols-sur-Vézère, on dénombre soixante-trois mâles et dix femelles.

# Hogna radiata (Latreille, 1817) : est la plus grande de nos Lycosidae du Limousin. Le mâle peut atteindre 18 mm et la femelle 25. Cette araignée se tient souvent sous les pierres dans des milieux herbeux. Elle ne construit pas de terrier mais, au moment de la ponte, elle peut utiliser un terrier abandonné ou s'abriter dans une anfractuosité. Espèce du sud de l’Europe, elle ne se trouve vraisemblablement en Limousin que dans le Causse du sud de la Corrèze, où elle n’a été observée qu’à deux reprises. Marcel Cruveillier identifie d’abord une belle femelle récoltée le 15/09/1999 par K. Guerbaa dans une carrière à l’ouest de La Bleynie, dans la commune de Turenne. Il observera lui-même en septembre 2003, sous une pierre, sur la Côte pelée de Chasteaux, une autre femelle de grande taille, avec ses petits sur son dos, qui sera laissée sur place après une facile identification. (voir une photo page 331)

Hygrolycosa rubrofasciata (Ohlert, 1865) : cette araignée vivant dans la mousse des milieux humides, voire marécageux, généralement boisés, est relativement aisée à identifier, en dépit d’une lecture de l’épigyne rendue difficile par l’abondance de soies claires dont elle est recouverte. Les deux sexes mesurent de 5 à 6 mm de long et sont assez semblables. Certains caractères facilement observables permettent de bien orienter la détermination : d’abord le céphalothorax de couleur ocrée avec des bandes latérales brunes interrompues et fines et une bande centrale claire lancéolée flanquée de part et d’autre de deux bandes brunes assez larges, ensuite le sternum, bordé de chaque côté par trois taches circulaires noires, enfin, pour le mâle, le tibia très renflé du pédipalpe et, pour la femelle, généralement de couleur un peu plus claire, les pattes parsemées de macules foncées. Pour Heimer et Nentwig, on peut rencontrer des adultes du début du printemps à la fin de l’automne et, pour Roberts, seulement durant l’été. Nous n’avons que trois mentions de l’espèce, une par département, dont deux à la fin du printemps et l’autre au tout début de l’automne. Toutes confirment la préférence de l’espèce pour un habitat très humide. Seul M. Cruveillier a eu jusque là, la chance de la rencontrer. Il capture d’abord, le 24/06/2004, un très beau spécimen de mâle, dans une zone comportant quelques arbres de la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, en Corrèze. Il récolte ensuite, le 28/09/2006, un autre mâle sur des sphaignes, dans un secteur détrempé à Narthécie, ombragé d’aulnes et de bouleaux, dans la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne. Sa citation de Creuse provient d’une capture par piège Barber, placé le 06/06/2009 et relevé le 13/06/2009, dans un endroit boisé très marécageux du bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 68 :

groupe auquel appartient justement Pardosa agrestis

Pardosa agrestis (Westring, 1861) : le genre Pardosa compte de très nombreuses espèces dans le monde, dont quarante-six en France et, jusque là, dix-sept en Limousin où leur représentation est très inégale. Au sein de plusieurs genres, les arachnologues ont l’habitude de regrouper des caractères qui sont communs à plusieurs espèces, et notamment la forme des apophyses du bulbe des mâles et la forme générale de l’épigyne des femelles. C’est en particulier le cas pour le genre Pardosa où on parle du groupe P. monticola68, du groupe P. pullata etc. Cette pratique, qui permet de s’intéresser plus précisément aux détails qui distinguent les espèces d’un même groupe, est très utile à ceux qui veulent s’investir dans la détermination des espèces, car ce sont justement les similitudes qu’elles peuvent présenter qui sont à l’origine des difficultés et peuvent parfois être la cause d’erreurs d’identification. La description du céphalothorax de l’espèce précédente pourrait convenir à P. agrestis, sauf que la bande médiane est beaucoup plus étroite et n’est pas lancéolée et les bandes brunes qui lui sont juxtaposées sont beaucoup plus larges. Cela n’est hélas pas suffisant pour distinguer avec certitude cette araignée des autres de son groupe, notamment de la sous-espèce Pardosa agrestis purbeckensis. Pardosa agrestis est une espèce paléarctique* dont on peut lire qu’elle fréquente plutôt les zones côtières, du printemps à la fin de l’été, et plus rarement l’intérieur des terres où elle semble marquer une préférence pour les milieux ouverts à végétation basse, surtout des milieux dégradés de landes, de prairies ou de tourbières. Elle est citée six fois dans notre base de données mais il existe un doute sur la première mention qui nous fut signalée, une femelle capturée le 10/10/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne, en Haute-Vienne, dans la mesure où l’auteur, interrogé pour confirmation de cette identification un peu tardive, ne retrouve plus cette récolte dans sa collection. F. Lagarde cite cinq captures en Creuse dont une femelle, le 11/06/2007, dans une zone de buttes à buissons nains et callune prostrée, au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière, et trois mâles à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles, dont deux dans une lande dégradée à callune, respectivement les 19 et 20 mai 2009, et un, le 22/05/2009, dans une prairie de fauche. En Corrèze, il note une femelle, le 11/06/2007, dans une tourbière dégradée à Molinie, au Rebourzeix, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines. Les trois dernières données de Corrèze proviennent de récoltes réalisées par M. Lefrançois et déterminées par M. Cruveillier, dans divers milieux du site d’Ars, à Pérols-sur-Vézère, où on trouve un mâle dans une lande sèche et une femelle dans une prairie paratourbeuse jouxtant cette dernière le 27/06/2011, et, le 12/07/2011, une autre femelle en bordure d’une hêtraie à houx, au Puy de Cournoux.

Pardosa agricola (Thorell, 1856) : présente dans presque tous les pays d’Europe, cette araignée appartient au même groupe que la précédente dont elle partage parfois l’habitat côtier de dunes et de grèves de galets, mais est plus présente qu’elle à l’intérieur des terres, notamment sur les berges de sable et de cailloux des cours d’eau ou des lacs, ce qui lui a valu, au cours du temps et selon les auteurs, les noms d’arenicola, de fluviatilis ou de maritima. Cette espèce est citée chez nous dans neuf inventaires, inégalement répartis sur les trois départements. La première mention est la capture par M. Cruveillier de deux femelles, le 23/05/1997, dans une allée de sable et d’herbe rase d’un petit potager au bord de la Roselle, au Moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, en Haute-Vienne, département où il récolte un mâle, le 24/06/2000, sur la rive de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. L’espèce a été plus souvent notée en Creuse où F. Leblanc mentionne une femelle le 10/07/1997, puis cinq mâles le 10/05/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, puis, le 28/02/1999, une femelle dans une prairie à la lisière d’un tailis de Fransèches. Il identifie également une femelle, capturée par E. Mourioux le 19/03/2000, à La Garrige dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine. Toujours en Creuse, M. Cruveillier capture une femelle errant au sol sur les graviers de la rive de l’étang des Landes à Lussat, le 22/06/2000, et F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce en 2009 à la Ferme de Lachaud, à Gentioux- Pigerolles. Il cite également la capture de deux individus aux Communaux de Saint-Merd-les- Oussines, en Corrèze.

Note de bas de page 69 :

271 individus identifiés par F. Lagarde à la Ferme de Lachaud, au cours de son programme 2007-2009

Pardosa amentata (Clerck, 1757) : notée dans vingt-deux fiches d’inventaire, pour trois-cent-quatre-vingt-huit animaux identifiés, cette araignée est commune en Limousin, où elle peut être très abondante par endroits69. D’une longueur de 6 à 8 mm pour la femelle et de 5 à 6,5 pour le mâle dont le tibia et le tarse du pédipalpe sont densément recouverts de soies noires, cette espèce peut se rencontrer dans des habitats assez divers. Et s’il est vrai, comme l’écrivent Heimer & Nentwig, qu’elle fréquente des lieux humides, nous observons que c’est loin d’être exclusif et que des secteurs où elle a été citée chez nous en abondance sont des prairies mésophiles. Sa période de maturité peut s’étendre de fin février à début octobre. C’est E. Duffey qui signale la première capture, une femelle, en mars 1998, dans une prairie naturelle mésophile du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, suivi par M. Cruveillier qui récolte une autre femelle, avec déjà son cocon gris, le 18/04/1998, dans un fond de prairie pâturée, près du hameau des Garabœufs, à Meuzac, commune où il cite encore l’espèce dans quatre autres inventaires : un mâle le 10/06/1998, dans une prairie naturelle au Mas Gaudeix, un autre mâle le 25/04/2001, au bord du lac de la Basse-Roche, un couple le 26/04/2001, dans la végétation surplombante bordant une petite île de ce même lac, et, ce même jour, un mâle et deux femelle dans le site déjà cité des Garabœufs. L’observation d’un mâle et de trois femelles, le 21/05/1999, par P. Tutelaers , le long du Ruisseau des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, vient clore les citations pour la Haute-Vienne. Les premières citations de Creuse viennent de F. Leblanc qui récolte un couple, le 02/05/1998, au Puy du Chalard, dans la commune de Saint-Georges-la-Pouge, puis un mâle, le 08/05/1998, au lieudit Le Faux, dans la commune de Fransèches, et neuf mâles et trois femelles, aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, le 10/05/1998, dans un site herbeux ouvert, et enfin une femelle, le 11/04/1999, au sol, dans une hêtraie. F. Lagarde capture un mâle et cinq femelles, le 14/05/2006, dans un secteur herbeux humide près du Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue, où il mentionnera à nouveau l’espèce en 2009 ainsi que dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Tourailles), et de Gentioux- Pigerolles (en abondance à la Ferme de Lachaud et à Pierre Fade). Enfin, dernière donnée de Creuse pour cette espèce, M. Cruveillier récolte un mâle le 13/06/2009 dans un milieu herbeux frais bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui capture une femelle avec cocon en mai 2000, dans une prairie en friche, puis une autre en juin 2002, en lisière de forêt, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos. Les trois autres citations de Corrèze émanent de F. Lagarde qui, en 2009, mentionne la présence de l’espèce à Meymac (tourbière du Longeyroux), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux) et à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes).

Pardosa bifasciata (C. L. Koch, 1834) : cette araignée figure dans une liste de onze espèces retenues en 2009 par le ministère en charge de l’environnement et le MNHN pour l’application du programme dit de Stratégie de Création d’Aires Protégées (SCAP), qui est la mise en œuvre d’une résolution du Grenelle de l’environnement. Cela renforce l’enjeu de conservation qui est le sien et souligne l’intérêt dont elle doit être l’objet pour tous les gestionnaires de pelouses sèches. Elle mesure de 5 à 6,5 mm et la saturation de sa coloration générale est assez variable. Elle fréquente les milieux secs et sablonneux d’herbe courte où elle peut être rencontrée adulte d’avril à octobre. Les pelouses sèches étant devenues rares en Limousin, cette araignée n’y a été observée qu’à six reprises, dont cinq par M. Cruveillier qui récolte la première, une femelle, le 06/06/1997, dans un chemin de servitude traversant une prairie sèche dégradée au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute- Vienne, département où, le 22/05/2000, il récolte une autre femelle dans l’accotement d’une petite route de campagne à Vallégeas, dans la commune de Sauviat-sur-Vige, et une troisième le 03/06/2000, dans une prairie sèche du village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. L’autre citation de Haute-Vienne est également une femelle, capturée par piégeage en juillet 1999, dans une prairie de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey. Enfin, une autre femelle est récoltée par M. Cruveillier, le 24/07/2000, dans une bordure de sable et d’herbe rase à l’étang des Landes, à Lussat, en Creuse, puis, le 10/05/2010, une dernière, en Corrèze cette fois, dans le bas côté de la petite route qui longe la hêtraie de Lissac, à Saint- Merd-les-Oussines.

Pardosa cribrata Simon, 1876 : présente seulement dans une dizaine de pays du sud de l’Europe, cette araignée des rives humides de cours d’eau, et parfois de milieux salins, n’a jusque là été observée qu’une seule fois en Limousin, une femelle, le lundi 01/09/1997, dans un secteur de sphaignes, de droseras et de trèfle d’eau bordant le petit ruisseau qui alimente l’étang de la Celle du Cluzeau à Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui hésita très longemps avant d’arrêter sa détermination laquelle fut confirmée par J.-C. Ledoux en avril 2001, lors d’un stage où ils intervenaient l’un et l’autre. Elle na pas été retrouvée dans ce site en dépit de plusieurs inventaires au cours des années suivantes.

Pardosa hortensis (Thorell, 1872) : cette araignée de taille modeste, de 3 à 4,5 mm pour le mâle et de 4 à 6 mm pour la femelle, fréquente des milieux assez variés, généralement ouverts, jardins, clairières, bords de chemins. On la rencontre adulte au printemps et en été. Sans être très abondante en Limousin elle y est assez commune et apparaît dans vingt fiches d’inventaire pour quatre-vingt-dix-sept individus identifiés. La première citation saisie est un couple capturé en Haute-Vienne, dans de l’herbe rase et des gravillons, par M. Cruveillier, le 03/05/2000, au pied d’une maison d’habitation du village de Chavagnac, à Meuzac, site où il mentionnera, le 26/04/2001, une femelle capturée dans un tas de pierres en bordure d’une friche. Il cite en outre, le 22/05/2000, deux mâles dans l’accotement d’une petite route, au Village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, puis une femelle, le 03/06/2000, dans l’herbe courte et le gravier d’un chemin rural, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, et enfin, le 22/06/2001, une femelle sur des débris de feuilles mortes, dans le chemin du lavoir de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse, il capture d’abord une femelle, le 14/06/2003, dans une pelouse en pente dominant la tourbière de La Mazure, à Royère-de- Vassivière, et notera deux fois l’espèce à Lussat, une femelle le 09/07/2009 et un mâle le 31/07/2009, sur le large chemin de cailloux et d’herbe courte de la digue de l’étang de Tête de Bœuf. Les autres données de Creuse émanent de F. Lagarde qui, en 2009, mentionne la présence de l’espèce dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud où les captures sont nombreuses), Royère-de-Vassivière (Combe Lépine et à nouveau la tourbière de La Mazure) et enfin de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic). En Corrèze, B. Le Péru nous signale en 2002 des captures dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos : quatre femelles, dont trois avec cocon et un mâle, errant au sol dans un secteur sableux en mai 1997, un mâle en lisière de forêt et une femelle sous des pierres dans un éboulis calcaire en avril 2002. Le 01/04/2007, E. Duffey capture un mâle et une femelle par piégeage dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac et M. Cruveillier note une femelle, le 02/06/2002, dans une pelouse caillouteuse du Soulier, à Chasteaux, et deux femelles, le 09/05/2010, dans l’herbe rase d’un accotement de chemin forestier au bois de Roc Grand, à Liginiac

Note de bas de page 70 :

Pardosa alacris, qui figure comme présente en France dans le site internet de Nentwig & al., n’a pas fait l’objet de mention en Limousin et n’a été retenue que récemment dans la liste de référence de l’AsFrA pour notre pays.

Note de bas de page 71 :

M. Cruveillier et E. Duffey (pas d’informations de B. Le Péru sur ce point).

Note de bas de page 72 :

Elle peut même être très abondante localement : plusieurs centaines d’individus déterminés par F. Lagarde à la Ferme de Lachaud dans la commune de Gentioux-Pigerolles, en Creuse, durant la campagne 2007-2009.

Pardosa lugubris (Walckenaer, 1802) : il y a lieu de se reporter, pour ce qui concerne cette araignée, à ce qui a été rappelé au début de ce chapitre sur les Lycosidae concernant la difficulté éprouvée par plusieurs naturalistes pour la distinguer de Pardosa saltans. En réalité trois espèces de ce groupe, Pardosa lugubris, P. saltans et P. alacris70, sont suffisamment voisines pour que certaines déterminations puissent laisser subsister quelques doutes. Pour ceux qui n’ont pas suivi l’historique de l’apparition de Pardosa saltans, le problème se complique par le fait que des dessins antérieurs à la description de cette dernière et attribués à P. lugubris, peuvent se rapporter aujourd’hui à P. saltans mais pourraient figurer encore à la rubrique de P. lugubris dans des sites non mis à jour. Ces précautions étant prises, et sachant que seuls deux d’entre nous71 ont revu leur collection pour séparer P. lugubris de P. saltans, il résulte des données figurant dans la base du Limousin que P. lugubris fréquente des milieux assez divers, surtout des lisières de bois ou des clairières mais aussi des milieux ouverts et qui peut même s’aventurer dans des bâtiments situés en pleine nature. On peut la rencontrer à l’état adulte durant une longue période allant de fin février à octobre. Nentwig & al. écrivent que c’est l’espèce de Pardosa la plus fréquente en Europe. Et effectivement, elle est très commune dans notre région puisqu’elle apparaît dans quarante-deux inventaires pour mille- vingt-cinq individus identifiés72. La première mention au fichier est une femelle, capturée en Haute-Vienne, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, devant la porte d’une maison de campagne, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il la mentionnera encore à six reprises : un mâle dans le jardin de cette même maison, le 21/03/1998, puis une femelle le 28/04/2001, et un mâle le 13/05/2003, dans l’herbe rase d’un verger abandonné près de ce même village de Chavagnac. Il la cite aussi en avril 2001, dans un parc communal arboré de la Basse Roche : deux mâles et trois femelles le 23, un mâle le 24 et un autre le 29. Il observe également dans la commune de Sauviat-sur-Vige, le 22/05/2000, une femelle dans l’accotement d’une route, au village de Vallégeas, et une autre à la lisière d’un bois de conifères près de l’étang de cette localité. Il cite encore, le 03/06/2000, une femelle avec cocon dans un chemin sableux à herbe courte au village de Chez Roger, dans la commune de Saint-Priest-sous-Aixe. Et, la citatton, par P. Tutelaers, de l’observation de trois femelles le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, vient clore les données de Haute-Vienne pour cette espèce. En Corrèze, elle est d’abord citée à six reprises par B. Le Péru, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, dont cinq fois dans une prairie en friche en bordure d’une forêt : trois femelles en juin 1997, une en juin 1998, deux en septembre 2000 et deux en octobre de cette même année, puis une en septembre 2002, année où il avait mentionné une autre femelle sous une pierre dans un éboulis calcaire. A Sarran, une femelle est notée, le 09/06/2001, dans le talus du chemin creux qui conduit au moulin du Cher, par M. Cruveillier lequel identifiera trois femelles et un mâle capturés par des stagiaires, le 09/05/2010, au Bois de Roc Grand dans la commune de Liginiac. Les autres mentions de Corrèze proviennent des piégeages effectués de 2007 à 2009 sur le Plateau de Millevaches par F. Lagarde et concernent les communes de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix) et de Viam (Roche du Coq- Estang). C’est F. Leblanc qui, le 10/05/1998, signale la première observation de Creuse par la capture d’un mâle aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs. B. Le Péru récolte un mâle et deux femelles, le 25/04/2007, dans un bois de hêtres de la commune de Flayat et, le 13/06/2009, M. Cruveillier capture une femelle dans une clairière près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. Les autres mentions creusoises émanent de F. Lagarde qui, après avoir cité la capture d’une femelle, le 01/08/2006, puis une autre en 2009, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, mentionnera la présence de l’espèce cette année-là, souvent en grand nombre, à nouveau dans cette même commune (Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Bois des Pialles), ainsi que dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre- Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Pardosa monticola (Clerck, 1757) : cette espèce appartient au groupe de Pardosa agrestis, P. agricola ou P. palustris. Plus petite que les deux premières, mâle et femelle ne dépassant pas 5 mm, elle fréquente des milieux plutôt ouverts, secs ou humides, à végétation le plus souvent peu dense, où on peut la rencontrer adulte du début du printemps à la fin de l’été. Réputée fréquente dans toute l’Europe par Nentwig& al., elle n’a pourtant fait l’objet jusque là en Limousin que de dix-huit déterminations relevées dans quatre fiches d’inventaire. La première concerne un très beau spécimen de femelle récoltée par M. Cruveillier dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, le 20/05/1997. La citation de Corrèze est un mâle, capturé le 28/04/2007, par E. Duffey dans une friche du village du Dougnoux, à Altillac. En Creuse, B. Le Péru récolte un mâle et trois femelles, le 25/05/2007, au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, et, au cours de son programme de 2007-2009, F. Lagarde cite douze individus de cette espèce à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles.

Pardosa nigriceps (Thorell, 1856) : la zone oculaire noire qui lui a valu son nom, ainsi que ses genitalia* très caractéristiques, rendent assez aisée la détermination de cette araignée dont le mâle mesure de 4 à 5 mm et la femelle jusqu’à 7 mm. Elle peut être rencontrée adulte d’avril à août dans des milieux ouverts comme les landes, les tourbières ou les friches. C’est une des Pardosa que l’on peut capturer non seulement par piégeage au sol mais aussi au filet fauchoir car elle chasse souvent de jour dans la végétation. Comme dans presque toute l’Europe elle est très commune en Limousin où elle apparaît dans cinquante-sept inventaires pour plusieurs miliers d’individus identifiés. La première observation est du 15/04/1996, quand M. Cruveillier récolte trois femelles dans une touffe d’Erica cinerea, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne. Il citera à nouveau l’espèce à cinq reprises dans cette commune : une femelle, le 06/06/1997, puis deux autres, le 26/04/2001, dans une friche du village de Chavagnac, deux femelles, le 15/05/1998, dans la lande sèche de la Roubardie, au hameau des Garabœufs, une femelle, le 06/07/2000, puis un mâle et deux femelles, le 24/04/2001, (récolte F. Leblanc) dans la Lande du Cluzeau précédemment citée. Il mentionne également la récolte d’une femelle, le 03/06/2000, dans un chemin d’herbe et de cailloux au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, et, le 22/06/2003, une femelle dans la lande de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy. P. Tutelaers avait signalé la capture d’un mâle et quatre femelles, le 21/05/1999, à Saint-Léger-la-Montagne, dans la tourbière des Dauges, site où trois femelles seront identifiées dans une récolte (Durepaire) de juin 2000 par E. Duffey lequel citera à trois reprises des captures par piégeage dans une prairie de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mars 2000, un mâle le 19/04/2003, et une femelle le 25/04/2004. Enfin, pour clore les données de Haute-Vienne, F. Lagarde signale la capture par piège Barber, en septembre 2006, de neuf femelles dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château. En Corrèze, la première mention, par M. Cruveillier, est une femelle capturée le 18/05/2002, dans un sentier de pêcheurs, au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt. Plus tard, il capture un mâle, le 15/04/2006, dans une pelouse calcaire en pente proche du village du Soulier, dans la commune de Chasteaux. De très nombreuses citations de l’espèce proviennent de la campagne d’inventaires 2007-2009 de F. Lagarde, sur le Plateau de Millevaches, et concernent cinq communes dont celle de Meymac (tourbière du Longeyroux, Ribière longue), celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), celle de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix, Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet), celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, en 2011, Marcel Cruveillier identifie trente-six individus dans des récoltes de M. Lefrançois sur six zones d’un site géré par le Conservatoire d’ Espaces Naturels du Limousin et situés pour partie sur la commune de Saint-Merd-les-Oussines, à la Font Clare : trois femelles le 21/06 et cinq autres le 7/07 dans une tourbière dégradée, sept femelles et un mâle le 23/06 et trois femelles le 07/07 dans une lande sèche subatlantique à genêt et callune, un mâle et une femelle le 07/07 dans une tourbière haute à buissons nains, et le reste sur la commune de Pérols-sur-Vézère : sept mâles le 20/06 et deux femelles le 05/07 dans une prairie à jonc acutiflore de La Gane, deux femelles le 27/06 et trois autres le 12/07 dans une lande sèche subatlantique à bruyère et ajonc nain à Ars, et enfin deux mâles le 12/07 dans une tourbière haute du Pont Tord. En Creuse, où les identifications sont les plus nombreuses, à l’exception de la capture de deux mâles, le 13/06/2009, par M. Cruveillier dans une clairière, à l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, toutes les autres citations émanent de F. Lagarde. Trois de ces citations de 2006 sont plus précises : le 14/05, un mâle et cinq femelles au Ruisseau de Beauvais à Saint-Pierre-Bellevue et cinq mâles au Bois des Pialles à Royère-de-Vassivière et, le 01/08, deux mâles et dix-sept femelles dans la tourbière de La Mazure dans cette dernière commune. Les autres citations, toutes de 2009, ne mentionnent que la présence de l’espèce et le nombre d’individus examinés, lequel dépasse parfois la centaine. Elles concernent six communes et dix-neuf sites : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, de Clamouzat, de Puy Marsaly, des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière ( tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 73 :

M.-J. Roberts suppose qu’elle pourrait être trouvée adulte toute l’année (Spiders of Britain & Northern Europe, Collins)

Pardosa paludicola (Clerck, 1757) : est une assez grande Pardosa dont la femelle peut atteindre 9 mm et le mâle 7 mm. Comme son nom l’indique, elle fréquente les milieux plutôt marécageux, les rives des eaux, les prairies très humides, où on peut la rencontrer adulte du printemps à l’automne73. Réputée peu fréquente dans la littérature elle a cependant été citée en Limousin dans seize inventaires, dont la moitié en Haute-Vienne, pour cinquante et un individus identifiés. C’est dans ce département que M. Cruveillier observe d’abord, trois femelles, le 20/05/1997, au bord de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, commune où il cite, le 25/05/1997, deux autres femelles au bord d’un ruisselet traversant la lande tourbeuse de la Roubardie, proche du hameau des Garabœufs, et un couple au bord du Ruisseau des Baraques, le 07/06/1998, non loin du hameau du Mas Gaudeix. Il note également une femelle, le 20/07/2000, dans de la mousse humide, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et déterminera une autre femelle avec cocon, récoltée le 10/05/2009, dans une prairie tourbeuse du hameau des Vareilles, à Vicq-sur-Breuilh, par H. Guillien lequel indique qu’il n’a « capturé qu’un exemplaire parmi plusieurs autres semblables ». Toujours en Haute- Vienne, F. Leblanc cite deux femelles, le 10/10/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et E. Duffey récolte par piégeage d’abord une femelle en juillet 1999 puis deux femelles le 05/06/2004, au bord de son étang de Chez-Gouillard, à Bussière-Poitevine. Il est l’auteur des cinq inventaires de Corrèze réalisés par piégeage au bord d’une mare au village du Dougnoux, à Altillac : quinze mâles et deux femelles le 01/04/2007, six mâles le 11/04/2007, deux mâles le 02/05/2007, six mâles et une femelle le 03/04/2008 et enfin une femelle le 01/06/2008. Les trois citations de Creuse émanent, dans l’ordre, de F. Leblanc qui a identifié une femelle provenant d’un piège à carabes d’E. Mourioux, récoltée le 15/03/2000, au Dognon, à Saint-Maurice-La-Souterraine, puis de M. Cruveillier qui, le 24/07/2000, récolte une femelle dans la bordure herbeuse de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, et enfin de F. Lagarde qui cite en 2009 la présence de deux individus de l’espèce au Bois des Pialles près d’Orladeix, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Note de bas de page 74 :

jusqu’au début de l’été pour les mâles selon M.-J. Roberts (même source), ce que confirment celles de nos observations dont les dates précises ont été communiquées.

Note de bas de page 75 :

Au cours de sa campagne d’inventaires 2007-2009, F. Lagarde a identifié plusieurs centaines d’individus de cette espèce dans le site de la Ferme de Lachaud, et 108 dans un autre, à Gentioux-Pigerolles, en Creuse.

Pardosa palustris (Linné, 1758) : contrairement à ce que son nom peut laisser supposer, cette araignée de 4 à 6 mm, d’aspect assez proche de P. monticola, se rencontre assez rarement en milieu humide et beaucoup plus fréquemment en milieu ouvert plutôt sec, landes ou prairies, où on peut la trouver à l’état adulte du printemps à l’automne74. Elle apparaît dans seize fiches d’inventaire en Limousin où elle semble assez localisée mais où elle peut être, par endroits, très abondante75. C’est en Haute-Vienne que la première mention est enregistrée, le 06/06/1996, par M. Cruveillier qui capture un mâle dans une pelouse sèche à Festuca lemani de la Lande du Cluzeau, à Meuzac. Puis, le 10/10/1999, F. Leblanc récolte une femelle dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne. Toutes les autres citations de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui mentionne l’espèce dans cinq fiches dans une prairie du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 1998, un mâle le 11/05/2003, un autre le 18/05/2003, deux autres le 29/05/2003 et enfin deux autres le 01/06/2003. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui cite une femelle errant au sol dans un jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, puis, en 2009, F. Lagarde cite l’espèce à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy) et à Meymac, dans la tourbière du Longeyroux où M. Cruveillier déterminera deux mâles, le 07/05/2011, dans un secteur périphérique de lande sèche. Pour la Creuse,Toutes les citations proviennent de F. Lagarde qui mentionne la présence de l’espèce dans la seule commune de Gentioux- Pigerolles (aux Fontenelles du Chalard, aux Prés Neufs et, en très grand nombre, à la Ferme de Lachaud).

Pardosa prativaga (L. Koch, 1870) : cette araignée fait partie du groupe de P. pullata. Elle mesure de 4 à 6 mm de long et fréquente surtout des milieux humides, marais, tourbières, prairies, rives d’étangs ou de cours d’eau, où on peut rencontrer des adultes de mars à août pour les mâles et jusqu’en octobre pour les femelles. Présente dans toute l’Europe elle a été rencontrée, sans y être très commune, dans les trois départements du Limousin où elle apparaît dans vingt inventaires pour trente-cinq individus identifiés. La première mention est une femelle capturée par M. Cruveillier, le 20/05/1997, dans des sphaignes de la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, département où il cite encore l’espèce à trois reprises : une femelle qu’il capture au filet fauchoir, le 13/05/2001, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, un mâle et une femelle qu’il détermine dans une récolte de K. Guerbaa, dans ce même site, le 11/06/2004, et une autre femelle qu’il identifie dans une récolte d’H. Guillien, du 29/05/2008, dans une friche du bord de la Briance, au lieudit Richebourg, à Pierre-Buffière. Toujours en Haute-Vienne, P. Tutelaers avait signalé la capture d’un mâle aux Dauges, le 21/05/1999 et E. Duffey cite l’espèce à cinq reprises dans un secteur de prairie humide proche d’un étang, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine : une femelle en juillet 1999, un mâle le 15/05/2004 et, la même année, un mâle et une femelle le 21/05, quatre mâles et deux femelles le 29/05 et un mâle le 05/06. L’espèce n’est mentionnée en Corrèze que dans trois inventaires, d’abord deux femelles, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, par M. Cruveillier, le 24/06/2004, puis un mâle, par E. Duffey, le 02/05/2007, au bord d’une mare du village du Dougnoux, à Altillac. Enfin, M. Cruveillier identifie un mâle dans une récolte effectuée par M. Lefrançois le 29/06/2011, dans une tourbière haute à buissons nains, au Pont Tord, dans la commune de Pérols-sur- Vézère. En Creuse la première mention est un mâle, capturé le 24/07/2000, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, par M. Cruveillier qui récoltera un couple, le 07/08/2009, dans la même commune, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, et qui avait également cité l’observation de trois mâles, le 14/06/2003, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière. Enfin, en 2009, F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce dans cette dernière commune, au Bois des Pialles, ainsi que dans la commune de Gentioux-Pigerolles, aux Fontenelles du Chalard, et à la Ferme de Lachaud.

Pardosa proxima (C. L. Koch, 1847) : c’est dans les milieux herbeux ouverts, plutôt humides, que se tient de préférence cette araignée dont on peut rencontrer des mâles adultes de mars à juillet et des femelles jusqu’en septembre. Les premiers mesurent environ 5 mm et les suivantes entre 7 et 8. L’espèce est présente dans nos trois départements où elle semble un peu plus commune que la précédente puisqu’elle figure dans trente-cinq inventaires pour trois-cent-cinquante-quatre individus déterminés. C’est le 16/06/1997 que la première femelle est citée, en Haute-Vienne, dans l’herbe d’un verger, aux Fontenelles, près de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier qui la mentionnera encore à quatre reprises dans cette commune : un mâle, le 25/04/2001, (récolte F. Leblanc), au bord du lac de la Basse Roche, une femelle ce même jour (récolte D. Rastel), dans une zone de prairie des Mas de France, une femelle le 26/04/2001 dans la lande tourbeuse de La Roubardie et, le 06/06/2004, un mâle dans un sentier herbeux bordant la tourbière de la Celle du Cluzeau. Il détermine également trois femelles dans une récolte de K. Guerbaa, du 11/06/2004, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Les autres citations de Haute-Vienne proviennent d’E. Duffey qui mentionne l’espèce à quatorze reprises, entre 1998 et 2004, sur les quatre mois de mars à juin, dans une prairie du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine où il capture par piégeage une trentaine d’individus, en grande majorité des mâles. En Corrèze, il capture par piégeage dans une prairie bordant une mare, au village du Dougnoux, à Altillac, d’abord dix-sept mâles et quatre femelles le 03/04/2008, puis, le 01/06/2008, deux mâles et une femelle. Dans l’année 2009, F. Lagarde cite la présence de l’espèce dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac ainsi qu’à la tourbière de Marcy, à Saint-Merd-les-Oussines. Enfin M. Cruveillier récolte une femelle, le 09/05/2010, dans l’accotement herbeux d’une piste forestière du Bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac. Il est l’auteur de la première mention de Creuse, un mâle, le 18/06/2000, dans une prairie mésophile proche de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, dans la commune de Lussat où il capturera un couple, le 13/06/2009, au bord de l’étang de Tête de Bœuf. Il avait également récolté un autre couple dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, le 14/06/2003. De son côté, B. le Péru a récolté deux femelles, le 25/05/2007, au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, et, en 2009, F. Lagarde cite la présence de l’espèce dans trois sites de la commune de Gentioux- Pigerolles : les Fontenelles du Chalard, la Ferme de Lachaud et Les Prés Neufs, ainsi que dans deux autres sites de la commune de Royère-de-Vassivière : Ribières de Gladière et Bois des Pialles.

Pardosa pullata (Clerck, 1757) : cette araignée dont le mâle mesure de 4 à 5 mm et la femelle jusqu’à 6, adulte du début du printemps à la mi-automne, fréquente des milieux si divers qu’elle est de loin l’espèce la plus répandue et la plus commune dans notre région. Elle figure, souvent en très grand nombre, dans tous les inventaires ayant bénéficié d’un certain suivi, et l’énumération des milliers d’observations dont elle a fait l’objet, figurant dans une centaine de fiches, n’apporterait pas d’information utile tant il serait possible d’affirmer sans grand risque d’erreur qu’il ne doit pas exister de commune en Limousin d’où elle serait absente. Notons seulement, pour respecter une habitude maintenant prise dans cet ouvrage, que la première mention de notre base est un mâle, récolté par L. Chabrol le 29/04/1998, dans un piège à carabes, dans la lande de Cinturat, dans la commune de Cieux, en Haute-Vienne, et déterminé par F. Leblanc à qui il l’avait remis.

Note de bas de page 76 :

M.J. Roberts lui-même reconnaît cette difficulté dans l’édition néerlandaise, p. 233, de son « Spinnen Gids » lorsqu’il écrit au sujet de P. saltans, et par comparaison avec P. lugubris et P. alacris : "sommige epigynes zijn niet te onderscheiden van de twee andere soorten" (quelques épigynes ne peuvent pas être distinguées des deux autres espèces)

Pardosa saltans Töpfer-Hofmann & Von Helversen, 2000 : extérieurement, cette araignée est la copie conforme de Pardos lugubris. Le mâle mesure de 4,5 à 6 mm et la femelle peut atteindre 7 mm. C’est une espèce surtout forestière, ce qui peut être, bien que ce ne soit pas suffisant, une première indication pour sa détermination, pour autant qu’on en connaisse la provenance. S’agissant de la difficulté76 éprouvée par certains naturalistes pour la distinguer de Pardosa lugubris, il est recommandé de se reporter à ce qui a été rappelé au début du chapitre sur les Lycosidae ainsi qu’au paragraphe concernant cette dernière espèce. Pour les mâles, la longueur et la forme du cymbium* ainsi que la position des apophyses tégulaires* sont des critères qui devraient permettre une détermination. La difficulté est plus grande en ce qui concerne les femelles, même si, ce qui est très fréquemment nécessaire, on procède à une petite opération permettant d’ouvrir l’épigyne afin d’en mieux percevoir différents organes de l’intérieur. Mais, même ainsi, M. Roberts, qui est l’auteur des dessins ayant paru dans l’édition néerlandaise de son quide des araignées, confesse que certains cas restent très problématiques. Lorsqu’on a sous sa binoculaire l’épigyne représentée ci-après en fig.3, qui est la reproduction du dessin original de description de l’espèce P. saltans, on a beaucoup de chance, mais ce n’est pas, hélas, le cas le plus fréquent et les critères retenus comme distinctifs sont rarement aussi nettement apparents. Compte tenu de tout ce qui a été dit, on ne sera pas surpris d’apprendre que l’espèce n’apparaît à cette date que dans douze inventaires en Limousin pour trente-cinq individus identifiés. La première citation est une femelle, identifiée à l’époque comme P. lugubris, capturée le 22/06/2001 par M. Cruveillier, dans un chemin forestier menant à la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, département où il observera un mâle, le 16/05/2009, au pied d’une haie, au Centre Nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne, puis, le 04/08/2012, une très belle femelle qui grimpait contre le mur d’une maison adossée à une forêt, au village de Chavagnac, à Meuzac. En Corrèze, E. Duffey cite la capture par piégeage de deux mâles, le 02/05/2007, et de quatre mâles et une femelle, le 01/06/2008, en bordure de son jardin du Dougnoux, à Altillac. Les autres données de Corrèze émanent de M. Cruveillier qui, lors de sorties avec des stagiaires, détermine deux femelles et un mâle, le 09/05/2010, au Bois de Roc Grand, à Liginiac, deux femelles, le 10/05/2010, dans la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, trois mâles et sept femelles, le 08/05/2011, dans la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat, et une femelle, le 09/05/2011, dans la bordure boisée de la prairie bordant le lac de Sèchemailles, dans cette même commune. Enfin, toujours pour la Corrèze, il déterminera dans des récoltes de M. Lefrançois, sur la commune de Pérols-sur-Vézère, une femelle, du 27/06/2011, dans une prairie d’Ars, et huit femelles, du 12/07/2011, dans la hêtraie à houx du Puy de Cournoux. C’est également M. Cruveillier qui mentionne l’unique donnée de Creuse, une femelle, le 01/06/2009, dans un chemin d’un bois bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. On notera qu’à l’exception des pièges relevés le 12/07, toutes les citations sont de mai ou juin et qu’une très grande majorité se situe en milieu forestier, ce qui confirme l’indication donnée dans le site internet de Nentwig & al..

Figure 3 (copie du dessin original de Töpfer-Hofmann & Von Helversen, 2000)

Figure 3 (copie du dessin original de Töpfer-Hofmann & Von Helversen, 2000)

Note de bas de page 77 :

se reporter, à ce sujet, au paragraphe consacré plus haut à Satilatlas britteni.

Note de bas de page 78 :

c’est également lui qui, quelques temps auparavant, avait découvert la présence en France de cette espèce dans une tourbière d’Auvergne.

Note de bas de page 79 :

ce site est aujourd’hui la propriété du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin qui en assure la gestion.

Pardosa sphagnicola (F. Dahl, 1908) : inféodée aux milieux tourbeux où elle est adulte d’avril à septembre, cette araignée du groupe de P. pullata figure dans une liste de quatre espèces à fort enjeu de conservation proposées en 2011 au ministère de l’environnement par le CSRPN du Limousin pour constituer, avec trois autres de la liste nationale du programme de « création d’aires protégées » présentes chez nous, une liste de sept espèces qui seraient prises en compte dans notre région pour ce programme. Ce statut donne à P. sphagnicola une place à part dans notre faune77. C’est notre collègue et ami O. Villepoux78 qui, le premier, alors qu’il visitait les tourbières limousines avec un groupe de spécialistes de ces milieux, récolta plusieurs femelles, dont trois avec cocon, le 18/07/1998, dans le radeau flottant de sphaignes et de buttes herbacées de l’étang de Chabannes79, dans la commune de Tarnac, en Corrèze. L’espèce fut à nouveau observée, dix ans plus tard, par F. Lagarde lequel la cite régulièrement et en nombre très significatif dans ce site à chaque visite. Mais, en dépit d’inventaires systématiques dans les tourbières limousines, celle de l’étang de Chabannes reste actuellement la seule connue abritant cette espèce dans notre région.

Pardosa tatarica (Thorell, 1875) : est une espèce méridionale qui, suivant divers témoignages recueillis, fréquenterait plutôt les bords des cours d’eau. Nous n’avons qu’une citation dans la base du Limousin. Il s'agit d'un mâle qui avait été capturé par un collègue entomologiste, E. Mourioux, dans un piége à carabes, le 29/04/1998, dans une lande atlantique dite de la Butte de Frochet, dans la commune de Bussière-Boffy, en Haute-Vienne. F. Leblanc, à qui cette araignée avait été remise, l'avait identifiée comme Pardosa tatarica. Il l'avait apportée à Meuzac en avril 2001 au stage organisé par M. Cruveillier, et dans lequel intervenait J.-C. Ledoux qui avait confirmé la détermination. L'espèce n'a pas été signalée depuis dans notre région.

Note de bas de page 80 :

Il y avait, jusqu’en septembre 2011, sept espèces du genre Pirata en France, toutes présentes en Limousin. Or, sans faire une révision générale de ce genre, M. Omelko, Y. Marusik et S. Koponen, dans une étude (voir bibliographie) portant sur les Lycosidae de l’Est de la Russie, ont réhabilité le genre Piratula Roewer, 1960, dans lequel se retrouvent trois de nos Pirata : P. hygrophilus, P. Knorri et P. latitans. L’un des critères retenus par eux pour distinguer les deux genres est la présence chez les femelles de Piratula d’une épine prolatérale sur le tibia I, épine qui est absente chez les Pirata. Mais il existe d’autres espèces actuellement encore classées dans le genre Pirata, mais non observées dans l’Est de la Russie, et qui présentent cette épine, notamment, chez nous, Pirata uliginosus qui devrait sans doute devenir Piratula uliginosa si une révision complète du genre Pirata était effectuée.

Note de bas de page 81 :

L’aspect frontal est proche de celui des Pardosa mais les yeux latéraux sont situés nettement moins au bord du céphalothorax que chez ces dernières.

Pirata piraticus (Clerck, 1757) : les Pirata (sensu lato)80, sont des araignées des milieux humides et se reconnaissent assez aisémént à leur disposition oculaire81, et surtout par les deux bandes sombres du céphalothorax, qui, d’abord parallèles, se rejoignent vers l’arrière pour former un dessin ayant la forme d’un diapason. Les quatre espèces françaises du genre Pirata ont toutes été observées en Limousin. P. piraticus est assez grande puisque la femelle peut mesurer de 5 à 9 mm. Le mâle est un peu plus petit et dépasse rarement 6 mm. Les deux sexes présentent une tache cardiaque* d’un ocre clair, très nette et bordée d’une fine rangée de soies blanches. Elle fréquente les milieux humides à végétation basse, assez souvent en bordure de mares ou d’étangs, et on peut la rencontrer adulte du printemps à l’automne. Sans être très abondante, elle est présente dans nos trois départements où elle est citée dans dix-huit inventaires pour trente-trois individus identifiés. C’est F. Leblanc qui, le premier, a récolté un mâle et une femelle, le 10/07/1997, dans les environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse. Il signale également l’identification d’une femelle dans cette même commune, à Concizat, le 28/12/1998, date assez surprenante dans la mesure où toutes les autres citations se situent dans la période de mai à septembre. Les trois autres mentions pour ce département se répartissent entre M. Cruveillier qui récolte une femelle, dans une bordure marécageuse de l’étang des Landes, le 18/06/2000, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, puis, dans cette même commune, un mâle, le 13/06/2009, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, et F. Lagarde qui, en 2009, mentionne la présence de deux individus de l’espèce aux Prés Neufs, à Gentioux-Pigerolles. Pour la Corrèze, beaucoup de citations émanent d’O. Villepoux qui, en juillet 1998, lors de sa visite dans les tourbières du Plateau de Millevaches, observa le 15 une femelle dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, le 17 une autre femelle au bord de l’étang de La Gane, à Peyrols-sur-Vèzère et, le 18, cinq femelles dans le radeau de sphaignes de l’étang de Chabannes, à Tarnac. En 2009, F. Lagarde confirme la présence de l’espèce (deux exemplaires) dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Puis, dans des récoltes effectuées par piégeage en juin et juillet 2011 par M. Lefrançois, au lieudit La Gane, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, M. Cruveillier déterminera quatre mâles et deux femelles dans un radeau de sphaignes et un autre mâle dans une prairie tourbeuse. En Haute- Vienne, c’est d’abord E. Duffey qui capture une femelle, le 14/06/1998, près de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Ensuite, M. Cruveillier récolte un mâle et une femelle, le 22/05/2000, puis une femelle, le 11/07/2001, à l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et, le 22/06/2002, une femelle au lac de La Roche, à Meuzac. Enfin, F. Lagarde récolte trois femelles, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, site où il confirmera la présence de l’espèce pour deux exemplaires en 2009.

Pirata piscatorius (Clerck, 1757) : cette araignée très mobile à l’abdomen presque noir, se complaît dans les bords des mares et des étangs où on peut la voir souvent fuir devant soi, n’hésitant pas à se déplacer sur l’eau pour gagner des herbes partiellement immergées. C’est la plus grande de nos Pirata, la femelle atteignant jusqu’à 9,5 mm et le mâle 8,5 mm. Elle est adulte du milieu du printemps au milieu de l’été. Présente dans nos trois départements, elle n’y a cependant été mentionnée que dans neuf fiches d’inventaire pour seize exemplaires déterminés. La première saisie dans la base concernait un mâle et une femelle, récoltés le 10/06/1999, par M. Cruveillier, au bord d’une mare permanente ayant occupé une ancienne carrière d’argile creusée par des tuiliers de La Chapelle, dans la commune de Château- Chervix, en Haute-Vienne, département où E. Duffey capture une femelle, en juillet 2000, carrément à la surface de l’eau, dans son étang de Chez-Gouillard, à Bussière-Poitevine. Nous n’apprendrons que plus tard qu’en fait, la première observation avait eu lieu le 15/07/1998, quand O. Villepoux, lors d’une visite en Limousin déjà évoquée, avait capturé une femelle, dans une zone de sphaignes avec de petits trous d’eau libre, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, en Corrèze, puis deux autres, le 17/07/1998, dans le radeau de sphaignes de l’étang de Chabannes, à Tarnac, également en Corrèze. C’est d’ailleurs dans ce département que l’espèce est le plus souvent mentionnée puisqu’en 2009 F. Lagarde citera à nouveau la présence de l’espèce à l’étang de Chabannes ainsi que dans la commune de Saint-Merd-les- Oussines, au Ruisseau du Mazet. Enfin, M. Cruveillier identifiera un mâle et une femelle dans une récolte effectuée par M. Lefrançois, le 27/06/2011, dans une prairie tourbeuse d’Ars, à Pérols-sur-Vézère. En Creuse, la présence de l’espèce est citée par F. Lagarde, en 2009, dans la tourbière de Clamouzat, à Faux-la-Montagne et au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Pirata tenuitarsis Simon, 1876 : est une araignée très voisine de P. piraticus, tant par son aspect général que par ses genitalia* et son identification requiert une bonne attention, la finesse du tarse évoquée par son nom n’étant pas un critère suffisant pour distinguer les deux espèces. On peut la trouver adulte d’avril à septembre dans des milieux marécageux. Elle est présente dans nos trois départements où elle a été mentionnée dans dix-neuf inventaires pour quarante-huit individus identifiés. La première mention est une femelle capturée en Haute- Vienne, le 20/05/1997, dans la partie la plus marécageuse de la petite tourbière de la Celle du

Cluzeau, à Meuzac, par M. Cruveillier, lequel cite une autre femelle dans la lande tourbeuse de La Roubardie, dans cette même commune, le 26/04/2001, et en identifie une autre, récoltée le 11/06/2004 par K. Guerbaa, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où E. Duffey avait identifié un mâle et deux femelles le 29/05/2001. En Corrèze, l’espèce est d’abord mentionnée par O. Villepoux qui cite deux femelles, le 18/07/1998, dans le radeau de sphaignes de l’étang de Chabannes, à Tarnac, site dans lequel, le 24/06/2004, deux mâles et une femelle étaient identifiés par M. Cruveillier. Puis F. Lagarde note, en 2009, la présence de l’espèce dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac et au Ruisseau du Mazet, à Saint-Merd- les-Oussines. Enfin, dans des récoltes effectuées en 2011 par M. Lefrançois, au lieudit La Gane, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, M. Cruveillier identifiera, dans un radeau à trèfle d’eau, trois mâles et deux femelles dans la récolte du 20/06, puis six mâles et quatre femelles dans la récolte du 05/07, et, dans une prairie humide, six mâles et une femelle dans la récolte de ce même jour. En Creuse, F. Leblanc identifia en 2003 un mâle dont la capture, aux environs du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, remontait au 10/07/1997. Et toujours en Creuse, M. Cruveillier note une femelle, le 24/07/2000, sur une rive marécageuse de l’étang des Landes, à Lussat, commune où, dans une zone très boueuse de l’étang de Tête de Bœuf, il identifiera une femelle le 13/06/2009 et un mâle le 07/08/2009. Il avait auparavant récolté une femelle, le 14/06/2003, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, commune où, en 2009, F. Lagarde mentionnera la présence de l’espèce au Bois des Pialles ainsi que dans les communes de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard) et de Saint- Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 82 :

uliginosus (de uligo = humidité) : gorgé d’humidité, marécageux.

Pirata uliginosus (Thorell, 1856) : cette araignée, qui selon J.-C. Ledoux présenterait des caractères du genre Piratula, figure dans une liste de onze espèces retenues en 2009 par le ministère en charge de l’environnement, pour l’application du programme dit de Stratégie de Création d’Aires Protégées (SCAP), lequel est la mise en œuvre d’une résolution du Grenelle de l’environnement. Le mâle mesure environ 4,5 mm et la femelle 5,5 mm. Comme l’ensemble des Pirata et Piratula elle fréquente les milieux humides mais, en dépit de son nom82, cette dépendance semble parfois moins prononcée. On peut la rencontrer adulte au printemps et en été. C’est l’espèce de Pirata la plus commune en Limousin où elle figure dans quarante-cinq fiches d’inventaire pour cinq-cent-cinquante-deux individus déterminés. La Haute-Vienne, où l’espèce fut citée en premier, le 19/07/2000, quand Eric Duffey récolta deux femelles au filet fauchoir dans les joncs et la Molinie d’une prairie tourbeuse des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, n’a qu’une autre mention, la capture par piège Barber de neuf femelles, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, par F. Lagarde. C’est à ce dernier qu’on doit la totalité des observations faites en Creuse, d’abord en 2006 sur la commune de Royère-de-Vassivière : le 14/05 au Bois des Pialles, le 26/07 et le 02/08 aux Ribières de Gladière et le 01/08 dans la tourbière de La Mazure. En 2009, il mentionnera la présence de l’espèce, parfois en assez grand nombre, dans cette même commune, à nouveau dans ces trois sites, mais aussi à la Croix de Fayaud, dans la tourbière des Chabannes et celle du Grand Puy. Il la cite également dans les tourbières de Faux-la-Montagne (des Avenaux, de Clamouzat, de Puy Marsaly, des Tourailles), dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), dans celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud) et enfin celle de Saint- Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, les vingt-deux fiches d’inventaire se partagent entre M. Cruveillier et F. Lagarde. Ce dernier mentionne l’espèce en 2009 dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), celle de Saint- Merd-les Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), et celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin en 2011, à partir de récoltes de juin et juillet de M. Lefrançois, M. Cruveilllier déterminera quatre-vingt-quatre mâles et huit femelles, répartis entre la commune de Saint-Merd-les-Oussines (tourbière haute de buttes à buissons nains et tourbière dégradée de la Font Clare) et la commune de Pérols-sur-Vézère (tourbière haute du Pont Tord, radeau de La Gane, prairie humide d’Ars).

Piratula hygrophila (Thorell, 1872) (ex Pirata hygrophilus) : c’est en 2011 que cette araignée fut replacée dans le genre Piratula par M. Omelko, Y. Marusic, et S. Koponen. Dès 1955, Roewer en avait fait l’espèce type de ce genre dont il ne devait publier la description que cinq ans plus tard. Son corps presque noir mesure environ 5 mm pour le mâle et 6 mm pour la femelle. Elle fréquente les milieux très humides et le plus souvent ombragés où on peut la rencontrer adulte surtout au printemps et en été, mais également, d’après nos observations, parfois en automne. Sans être très commune elle est présente dans les trois départements du Limousin où elle apparaît dans vingt-huit inventaires pour quarante-cinq aminaux identifiés. La première inscription au fichier mentionne un mâle et une femelle circulant sur des herbes à demi immergées en bordure du petit ruisselet alimentant l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, observés le 20/05/1997 par M. Cruveillier qui cite encore l’espèce à quatre reprises dans cette même commune : un couple au bord du ruisseau de La Roubardie, le 25/05/1997, une femelle dans une partie très humide de la Lande du Cluzeau, le 05/05/1998, une autre au bord de la mare des Fontenelles, près de Chavagnac, le 16/06/1997, et deux femelles à nouveau, le 29/07/2006, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. Il récolte un mâle et une femelle, le 10/06/1999, au bord d’une mare permanente ayant occupé une ancienne carrière d’argile creusée par des tuiliers près de La Chapelle, dans la commune de Château-Chervix, et, le 22/05/2000, fait la même obervation sur -l’herbe partiellement immergée du bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Il détermine également une femelle adulte dans un flacon envoyé par P. Durepaire, portant la date bien tardive de décembre 2000 (erreur d’étiquette ?), dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où E. Duffey avait déjà identifié un mâle en juin 2000 et récolté une femelle sur des sphaignes le 29/05/2001. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru, qui cite un mâle capturé en mai 1998 dans la mousse humide d’une lisière de prairie et de forêt, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, où il renouvellera les observations à quatre reprises : un autre mâle en juin 1998, un autre en mai 2001, une femelle en août 2001 et enfin un couple en novembre 2001. Toujours en Corrèze, le 24/06/2004, M. Cruveillier récolte une femelle dans un secteur très marécageux du bord de l’étang de Chabannes, à Tarnac, et, dans ses fiches de 2009, F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce dans deux sites de Saint-Merd-les- Oussines (Les Communaux et la tourbière du Rebourzeix). Enfin M. Cruveillier détermine, dans une récolte par piégeage de M. Lefrançois, dix mâles du 20/06/2011 dans une prairie humide à Molinie et trois mâles du 05/07/2001 dans un radeau à trèfle d’eau, à La Gane, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, et, du 07/07/2011, huit mâles et une femelle dans une tourbière haute de La Font Clare à Saint-Merd-les-Oussines. En Creuse, c’est également lui qui, le 18/06/2000, note une certaine abondance de cette araignée à la limite de l’eau, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, et en prélève un couple. Dans la même commune, et dans une zone boisée et détrempée, il récoltera trois femelles, le 01/06/2009, et deux mâles le 13, au bord de l’étang de Tête de Bœuf. Les autres mentions de Creuse proviennent de F. Lagarde qui, après avoir récolté deux femelles, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, mentionnera en 2009 la présence de l’espèce à nouveau dans ce site mais également, dans cette même commune, à la tourbière du Grand Puy et au Bois des Pialles, ainsi que dans la commune de Faux-la-Montagne (tournière des Avenaux), celle de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade, Les Prés Neufs) et celle de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic).

Piratula knorri (Scopoli, 1763) (ex Pirata knorri) : cette araignée est assez grande puisque la première citation de cette espèce, restée longtemps seule dans notre base, est une femelle de 8 mm, capturée par M. Cruveillier, le 18/05/2002, dans un secteur très détrempé de ripisilve du haut Chavanon, à l’intérieur d’un coude de la rivière où s’était formée une petite plage de galets et où poussait un peu d’herbe, non loin du village de Veyrières, dans la commune de Feyt, en Corrèze. La tache claire lancéolée de la partie médiane du sternum est d’un bon secours pour l’identification. Il a fallu attendre neuf ans pour qu’à nouveau, et encore en Corrèze, dans les récoltes par piégeage de M. Lefrançois, du 05/07/2011, dans le site de La Gane, à Pérols-sur-Vézère, et déterminées par M. Cruveillier, apparaissent neuf mâles dont sept dans une prairie très humide et deux dans un radeau à trèfle d’eau.

Piratula latitans (Blackwall, 1841) (ex Pirata latitans) : est une de nos plus petites Piratula, le mâle mesurant de 3 à 4 mm, la femelle pouvant atteindre 5 mm. Habituée des marais et des tourbières où on peut la rencontrer adulte au printemps et en été dans des secteurs plutôt ensoleillés, elle est l’espèce la plus souvent citée de son genre dans notre région puisqu’elle apparaît dans cinquante-six inventaires pour quatre-cent-vingt-trois animaux identifiés. La première mention au fichier est une femelle récoltée en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 25/05/1997, dans un superbe secteur à Drosera rotundifolia et Spiranthes aestivalis de la lande tourbeuse de La Roubardie, à Meuzac, commune où il la mentionne encore à deux reprises, d’abord un mâle et une femelle, le 16/06/1997, au bord de la mare des Fontenelles, près du village de Chavagnac, puis, le 27/07/2001, une femelle courant sur les sphaignes dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. Il avait également récolté une femelle, le 10/06/1999, dans la mousse et les débris humides au bord d’une mare proche de la ferme de Condamines, dans la commune de Château-Chervix, puis, le 22/05/2000, deux mâles et une femelle dans les sphaignes de la petite tourbière bordant l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Il détermine enfin trois femelles dans une récolte effectuée par K. Guerbaa, le 11/06/2004, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où P. Tutelaers avait noté six mâles, le 21/05/1999, le long du ruisseau et où E. Duffey récoltera une femelle à chacune de ses visites les 23/05/2000, 29/06/2001 et 29/06/2004. Ce dernier cite également la récolte par piégeage, dans une prairie humide de son village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, d’une femelle en juin 1999, d’une autre le 07/06/2003, et de onze mâles et une femelle, le 05/06/2004. Des mentions de présence de l’espèce en nombre important, en 2006 et 2009, par F. Lagarde, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, viennent compléter les inventaires de la Haute-Vienne. C’est O. Villepoux qui note la première observation de Corrèze, trois femelles dont une avec cocon, le 15/07/1998, au bord d’une gouille, dans un tapis de sphaignes, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Deux ans plus tard, M. Cruveillier récolte une femelle, le 29/07/2000, dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac et, le 24/06/2004, une autre femelle dans la tourbière de l’étang de Chabannes à Tarnac. De nombreuses mentions de Corrèze émanent de F. Lagarde qui, en 2009, cite la présence de l’espèce dans cinq communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), à Tarnac (étang de Chabannes) et à Viam ( Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Pour clore les inventaires de Corrèze, dans des récoltes par piégeage effectuées en juin et juillet 2011 par M. Lefrançois, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, et identifiées par M. Cruveillier, on note, sur le site de La Gane, une femelle le 20/06 et dix-neuf mâles le 05/07 dans une prairie tourbeuse, sept mâles le 20/06 et trois autres le 05/07 dans un radeau à trèfle d’ean, ainsi que, le 27/06, deux femelles et quinze mâles dans la prairie tourbeuse d’Ars dont un dans la lande attenante, et enfin cinq mâles et une femelle le 29/06 dans la tourbière haute à buissons nains du site du Pont Tord. En Creuse, c’est encore O. Villepoux qui, le premier, récolte quatre femelles dont trois avec cocon, le 17/07/1998, près d’une « gouille dans un vallon tourbeux évolué », aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière. Puis, dans la commune de Lussat, M. Cruveillier capture un mâle et une femelle, le 18/06/2000, dans une bordure très marécageuse de l’étang des Landes. Les autres données de Creuse proviennent de F. Lagarde, d’abord en 2006 à Royère-de-Vassivière : un mâle et trois femelles le 26/07 et six femelles le 02/08 aux Ribières de Gladière et, le 01/08, quatre mâles et seize femelles dans la tourbière de La Mazure, puis, en 2009, dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), de Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), de Gioux (tourbière de Puy Chaud), de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 83 :

La cinquième, Trochosa hispanica Simon, 1870, est une espèce méridionale

Trochosa robusta (Simon, 1876) : les Trochosa sont des araignées d’assez grande taille, de mœurs plutôt nocturnes qui fréquentent en général les milieux humides mais avec quelques exceptions. Des cinq espèces de ce genre présentes en France quatre ont été observées en Limousin83. Elles peuvent être rencontrées à l’état adulte en toute saison et sont assez difficiles à distinguer les unes des autres à cause de la grande similitude de leurs genitalia* et l’on doit souvent s’aider de caractères tels que la position et le nombre des dents sur les chélicères ou encore la forme et la couleur de la bande médiane du cephalothorax ou de la tache cardiaque, ou encore leur taille lorsque celle-ci peut permettre de procéder par élimination. Espèce paléarctique*, Trochosa robusta, dont le mâle mesure de 10 à 18 mm, la femelle pouvant atteindre 2 cm, est la plus grande des quatre et semblerait privilégier les lieux ensoleillés. Elle peut se rencontrer adulte toute l’année et a été observée dans nos trois départements mais ne doit pas y être très commune puisqu’elle ne figure que dans six fiches d’inventaire pour six animaux identifiés. C’est d’abord F. Leblanc qui cite une femelle, récoltée le 08/03/1999, aux abords du village de Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice- les-Champs, en Creuse, département où F. Lagarde note une autre femelle, aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière, le 26/07/2006. Ce dernier mentionnera la présence de l’espèce en 2009 au Ruisseau de Beauvais dans la commune de Saint-Pierre- Bellevue, et, à nouveau, aux Ribières de Gladière. L’unique mention de Haute-Vienne émane de M. Cruveillier qui détermine une femelle dans une récolte de P. Durepaire, de novembre 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Il détermine également la seule capture de Corrèze, dans une récolte du 07/07/2011, de M. Lefrançois, dans une lande à genêt et callune bordant une prairie tourbeuse de La Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines.

Trochosa ruricola (De Geer, 1778) : est une espèce holarctique*, plus petite que la précédente (10 à 14 mm pour la femelle et 8 mm environ pour le mâle) et fréquentant des milieux plus humides mais non ombragés. Comme elle, elle est adulte toute l’année et, sans être très abondante, elle est sans doute un peu plus fréquente qu’elle dans notre région puisqu’elle y figure dans quinze inventaires pour trente-deux animaux identifiés. La première mention revient à E. Duffey qui captura une femelle, en juillet 1999, dans un secteur humide de prairie, proche d’un étang, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière- Poitevine, en Haute-Vienne. C’est dans ce même site qu’il récolte un mâle, le 01/06/2003, et un autre, le 05/06/2004. Dans des conditions un peu semblables, mais cette fois en Corrèze, au bord d’une mare du Dougnoux, à Altillac, il récolte deux femelles, le 16/04/2007, deux mâles, le 03/04/2008, et un autre, le 01/06/2008. F. Lagarde signale la présence de l’espèce en 2009 dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac et dans celle de Marcy, à Saint- Merd-les-Oussines, commune où M. Cruveillier déterminera deux mâles capturés par piége Barber par M. Lefrançois, le 23/06/2011, à La Font Clare. Deux autres mâles capturés de façon analogue, le 20/06/2011, dans une prairie humide de La Gane, à Pérols-sur-Vézère et, dans cette même commune, une femelle, le 12/07/2011, en lisière de la hétraie à houx du Puy de Cournoux, seront identifiés par M. Cruveillier. La première mention de Creuse est un mâle récolté par lui, le 18/06/2000, sous une pierre, dans un chemin bordant l’étang des Landes, à Lussat. Les trois autres fiches de Creuse émanent de F. Lagarde qui cite la présence de l’espèce, en 2009, dans la commune de Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, Bois des Pialles) et dans celle de Gentioux-Pigerolles, à la Ferme de Lachaud où treize individus sont identifiés.

Note de bas de page 84 :

projet de recherche du CNRS, auquel participe F. Lagarde, sur l’influence des changements climatiques sur les animaux ectothermes.

Trochosa spinipalpis (F. O. P.-Cambridge, 1895) : nettement plus petite que T. robusta mais avec des genitalia* très proches, et semblable également par son aspect à T. ruricola, cette araignée, notamment la femelle, est délicate à déterminer. S’il s’agit d’un mâle on regardera le bout du cymbium qui présente une griffe chez les deux premières espèces et pas chez T. spinipalpis, ni d’ailleurs chez la suivante. On observera également le groupe d’épines apparaissant sur la face ventrale du tibia du pédipalpe de T. spinipalpis qui lui doit son nom. Elle figure dans une liste de onze espèces d’araignées retenues en 2009 par le ministère en charge de l’environnement pour l’application du programme dit de Stratégie de Création d’Aires Protégées (SCAP), lequel est la mise en œuvre d’une résolution du Grenelle de l’environnement. Si on observe la carte de répartition en Europe de cette espèce paléarctique*, on constate qu’elle est absente de la plupart des pays méditerranéens. Cela est à rapprocher des observations faites dans notre région, lesquelles se situent, à une seule exception près, sur le Plateau de Millevaches, c’est à dire à une altitude évoluant entre 700 et 900 m dont le climat est plus proche de celui des pays nordiques. Par ailleurs, et comme cela a déjà été évoqué, les tourbières de notre région ont fait l’objet d’un programme de recherche84 qui portait notamment sur les araignées. Comme l’essentiel des récoltes de ce programme s’est fait par piégeage Barber qui produit un nombre très important de captures par rapport à la récolte à vue, il y a lieu d’intégrer cette information dans l’appréciation que l’on pourrait porter sur la représentation de cette araignée en Limousin. Cela est vrai aussi de toutes les espèces évoluant au sol ou dans des strates basses, Lycosidae, Gnaphosidae notamment et beaucoup de Linyphiidae, et qui sont donc susceptibles d’être capturées par ce moyen. Cela étant rappelé, l’espèce figure dans trente-deux inventaires de notre base pour six-cent-dix-sept exemplaires déterminés. La première mention, qui constitue l’exception évoquée plus haut et qui est la seule pour la Haute-Vienne, est une femelle, capturée le 15/05/1998, à 450 m d’altitude, par M. Cruveillier, dans un secteur très marécageux de la Lande du Cluzeau à Meuzac. Parmi les autres données comportant des précisions de date et de sexe, on note la récolte, le 16/03/2007, par B. Le Péru, d’une femelle dans un secteur tourbeux de la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, en Corréze, et, dans ce département, les récoltes par piégeage effectuées en 2011 par M. Lefrançois, dans la commune de Pérols-sur- Vézère, et identifiées par M. Cruveillier, où on relève un mâle, le 27/06, dans une prairie tourbeuse d’Ars, un autre mâle, le 05/07, dans une prairie humide de La Gane, et deux femelles, le 12/07, dans la tourbière haute à buissons nains du site du Pont Tord. Toutes les autres mentions ont été signalées en 2009 par F. Lagarde et ne comportent que la localisation des sites et le nombre d’individus identifiés, nombre qui peut aller de quelques unités à plusieurs dizaines. Les communes concernées du Plateau de Millevaches sont : celle Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). La Creuse, qui totalise dix-sept fiches d’inventaire, est concernée par la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs), celle de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), celle de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

#Trochosa terricola Thorell, 1856 : cette espèce holarctique* dont le mâle mesure environ 8 mm, la femelle pouvant en atteindre 14, montre une préférence pour les milieux humides ombragés, mais il n’est pas rare d’en rencontrer également, surtout des mâles, dans des milieux plus secs situés à proximité. C’est de loin la Trochosa la plus abondante en Limousin puisqu’elle apparaît dans soixante-quinze inventaires partagés assez équitablement entre les trois départements et représentant près de mille-trois-cents animaux identifiés. La première citation est un mâle, capturé par M. Cruveillier le 06/06/1997, en Haute-Vienne, dans la bordure très marécageuse d’un ancien lavoir, au fond d’une prairie humide proche du village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera encore l’espèce à trois reprises dont un couple, en juillet 2000, et un mâle, le 24/04/2001, dans une partie très humide de la Lande du Cluzeau, et une femelle, le 26/04/2001, aux Fontenelles de Chavagnac. Il capture également une femelle, le 20/07/2000, dans la tourbière de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et détermine trois femelles et quatre mâles, puis trois mâles et trois femelles, dans des récoltes que P. Durepaire avaient réalisées, respectivement en août et octobre 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Dans ce dernier site, P. Tutelaers avait signalé la capture de onze femelles, le 21/05/1999, et E. Duffey y captura neuf femelles et un mâle en juin 2000, quatre femelles en juillet 2000, et une femelle le 30/05/2003. Ce dernier cite également l’espèce dans sept fiches dans une prairie comportant un étang au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en avril 1998, huit mâles le 19/03/2002, un mâle le 26/04/2003, une femelle le 07/06/2003, un mâle le 25/04/2004, un couple le 01/05/2004 et un mâle le 09/05/2004. Pour clore les mentions de Haute-Vienne il faut y adjoindre le mâle capturé le 29/04/1998, dans la lande de Cinturat, à Cieux, par F. Leblanc, lequel a déterminé sept mâles et deux femelles, récoltés ce même jour par L. Chabrol, dans des pièges à carabes, dans la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy, puis la citation, par F. Lagarde, de deux mâles, en septembre 2006, et de deux autres en 2009, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le- Château, et enfin une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 16/06/2013, sur un chemin de pêcheurs le long de la Petite Briance, près du moulin de Briansolles, à Glanges. F. Leblanc cite en premier l’espèce en Creuse, d’abord dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, une femelle, le 02/05/1998, au bord de l’étang de Mafranc, puis deux mâles, près du village de Pétillat, le 10/05/1998. Le 05/04/1999, il observe un autre mâle dans une prairie humide du village de Champs, à Fransèches. Puis c’est M. Cruveillier qui récolte une femelle dans des débris végétaux sur la rive de l’étang des Landes, à Lussat, le 21/09/2000, et, le 14/06/2003, un mâle dans un secteur très marécageux de la tourbière de La Mazure, à Royère-de- Vassivière, site où, le 01/08/2006, deux autres mâles seront récoltés par F. Lagarde, lequel avait capturé par piégeage huit mâles et cinq femelles dans la même commune, au Bois des Pialles, le 14/05/2006. Les autres mentions de présence de l’espèce en Creuse, sans précision de sexe ni de mois, qui proviennent toutes de F. Lagarde et de la période 2007-2009, ont eu lieu dans six communes : celle de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), celle de Gioux (tourbière de Puy Chaud), celle de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), celle de Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, les premières observations sont de B. Le Péru qui, dans son jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne- aux-Clos, en mai 1997, est témoin de l’attaque par un Pompile d’une femelle de T. terricola . Il mentionne, en ce même lieu, une femelle sous un tas d’herbe en mars 1998, deux femelles avec cocon sous des pierres en mai 1998, un mâle errant au sol et une femelle avec cocon sous un tas de bois en mai 1999, une femelle sur de la mousse humide en avril 2001. Il ajoute à ces mentions une femelle capturée dans une prairie en friche en mai 1998. Dans la tourbière du ruisseau de La Gane, à Pérols-sur-Vézère, le 17/07/1998, O. Villepoux avait récolté une femelle. Ensuite, le 29/07/2000, M. Cruveillier récolte une femelle dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac, puis un mâle, le 24/06/2004, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac, et détermine une femelle provenant d’une récolte de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une prairie paratourbeuse d’Ars, à Pérols-sur-Vézère. Dans la commune d’Altillac, au village du Dougnoux, dans une petite prairie comportant une mare, E. Duffey capture cinq mâles le 03/04/2008, et un couple le 01/06/2008. Les mentions de présence de l’espèce sur la période 2007-2009 par F. Lagarde concernent la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). (voir l’épigyne de cette espèce page 331).

Xerolycosa miniata (C. L. Koch, 1834) : le genre Xerolycosa ne comporte actuellement que quatre espèces dans le monde, dont deux sont présentes en France et ont été observées en Limousin. En dépit d’une certaine similitude d’aspect avec une Pardosa du groupe lugubris, l’une et l’autre sont relativement faciles à identifier par l’examen des genitalia*. X. miniata, la plus petite des deux, mesure environ 5 mm pour le mâle et 6 mm pour la femelle. Elle se tient dans des milieux sableux à herbe rase où on peut la rencontrer adulte de mi-juin à mi-août. Elle est sans doute rare chez nous où elle n’a été observée qu’à quatre reprises dont une seule en Haute-Vienne où M. Cruveillier récolte pour la première fois, le 16/08/1995, une femelle dans une pelouse sèche, au pied d’une haie, au village de Chavagnac, à Meuzac. Il récoltera une autre femelle, le 24/06/2004, dans le large chemin sableux et en pente qui descend vers la digue de l’étang de Chabannes, à Tarnac, en Corrèze, département où B. Le Péru avait récolté également une femelle en juin 1998, errant dans une allée de jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos. Enfin F. Lagarde signale la détermination en 2009 d’un exemplaire de l’espèce au Longeyroux, dans la commune de Meymac. L’espèce n’a donc pas été vue en Creuse à cette date.

Xerolycosa nemoralis (Westring, 1861) : dépassant d’environ 1 mm les dimensions de la précédente, cette araignée, comme son nom le suggère, ne fuit pas les habitats boisés, sans pour autant en faire son milieu strict de prédilection. C’est plutôt une araignée de lisières, de clairières et souvent de landes, où elle peut être rencontrée adulte de fin mars à fin septembre. Sans être très commune elle est plus présente en Limousin que sa congénère puisqu’elle figure dans dix-huit inventaires pour quarante-sept animaux déterminés. La première rencontre, le 06/06/1997, fut un mâle récolté en Haute-Vienne par M. Cruveillier dans un vieux chemin de pierres, un peu herbeux, du village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il récolta une femelle, le 25/06/1999, errant sur un passage d’animaux sur la colline boisée du Suchaud, puis, en juillet 2000, deux mâles et deux femelles dans un secteur à genévriers de la Lande du Cluzeau. Dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, où P. Tutelaers avait signalé un mâle le 21/06/1999, E. Duffey détermina, dans des récoltes réalisées en 2000, dans un secteur de lande sèche, par P. Durepaire, six mâles et sept femelles dans celles de juin et sept mâles et deux femelles dans celles de juillet. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui mentionne à cinq reprises l’espèce, errant sur le sol sablonneux d’un jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos : une femelle en juillet 1997, un mâle en juin 1998, un couple en juillet 1998, un mâle en mars 1999 et un autre en juillet 2001. M. Barataud cite la présence d’un individu, le 08/09/2000, dans une clairière des bois du Quart du Roi, dans la commune de Benayes et F. Lagarde en mentionne deux en 2009 à la tourbière de Ribière longue, à Meymac. Enfin après la capture d’une femelle, le 13/07/2000, à la Côte pelée de Chasteaux et d’un mâle, le 27/06/2001, dans un chemin forestier de la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, M. Cruveillier déterminera dans une récolte de M. Lefrançois, relevée le 07/07/2011, un mâle et une femelle dans une lande sèche subatlantique à callune de la Font Clare, dans cette dernière commune. La citation de six exemplaires par F. Lagarde en 2009, au Bois des Pialles, à Royère-de-Vassivière, constitue l’unique mention de Creuse.

Les Mimetidae

La famille des Mimetidae est représentée en France par une seule espèce du genre Mimetus et cinq espèces du genre Ero. Trois espèces de ce dernier genre ont été observées en Limousin à cette date. Les Ero sont de petites araignées atteignant rarement 4 mm, à l’abdomen plus haut que long, et qui ont la particularité de se nourrir d’autres araignées proches de leur taille, qu’elles viennent capturer sur leur toile selon une technique ingénieuse et efficace. Outre l’examen des genitalia*, de la taille, du nombre de petits tubercules portés par l’abdomen, on pourra s’aider utilement de l’observation du sternum dont le motif clair sur fond sombre diffère selon les espèces. Ces araignées évoluent dans une strate suffisamment proche du sol pour que leur capture provienne assez souvent de piège Barber.

Ero cambridgei Kulczyński, 1911 : cette araignée est l’une de celles qui présentent deux tubercules à l’abdomen. Le mâle mesure environ 2,5 mm et la femelle jusqu’à 3,5 mm. Adulte de la fin de l’hiver à la fin de l’été, l’espèce limite ses terrains de chasse aux milieux humides à végétation basse, herbacée ou buissonnante, parfois sur les branches basses des arbres. Son observation par Louis Fage, en 1921, à Lussac-les-Eglises, dans le nord de la Haute-Vienne, est notée par Eugène Simon à la page 777 du tome VI de son ouvrage sur « Les arachnides de France ». Elle a été retrouvée pour la première fois par F. Lagarde qui a récolté deux femelles dans un piège Barber, en septembre 2006, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, en Haute-Vienne. Il renouvellera en 2009 la citation de deux exemplaires de l’espèce dans ce site, et en mentionnera deux autres en Creuse, un dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière et un au Ruisseau de Beauvais, à Saint- Pierre-Bellevue. Enfin, il note sa présence en Corrèze, dans la tourbière de Négarioux Malsagnes, à Peyrelevade et reste donc jusqu’à présent le seul à avoir mentionné, après Louis Fage, cette araignée en Limousin.

Ero furcata (Villers, 1789) : adulte sensiblement aux mêmes périodes et fréquentant les mêmes milieux que l’espèce E. cambridgei, E. furcata offre un aspect assez semblable à celle- ci, quoique légèrement plus petite, et présente comme elle deux tubercules à l’abdomen. L’examen de ses genitalia* permet néanmoins de l’en distinguer assez aisément. Selon Nentwig & al. elle serait la plus répandue et la plus fréquente du genre mais serait très difficile à observer, remarque à laquelle nous ne pouvons que souscrire dans la mesure où elle n’a été citée que cinq fois en Limousin à cette date et dans deux communes seulement. C’est B. Le Péru qui la mentionne d’abord en Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos : un mâle en octobre 2001 dans une prairie en friche, puis un autre dans ce même site en août 2002, et, en décembre 2001, un autre mâle dans un jardin sous une haie de résineux. Les deux mentions de Creuse émanent de F. Lagarde qui cite en 2009 la présence d’un exemplaire de l’espèce dans la tourbière de La Mazure et d’un autre au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière.

Note de bas de page 85 :

Ero aphana (Walckenaer, 1802), présente en France, a également deux paires de tubercules à l’abdomen mais n’a pas été observée en Limousin à cette date

Ero tuberculata (De Geer, 1778) : des trois espèces du genre observées chez nous, c’est celle dont la femelle peut atteindre 4 mm et la seule des trois présentant quatre tubercules85 à l’abdomen. Elle est aussi peut être la plus rare puisqu’elle n’a été récoltée que trois fois dont deux dans le département de la Haute-Vienne, les deux fois par battage de branches. C’est d’abord M. Cruveillier qui capture une femelle, le 04/07/2000, dans des branches basses d’aulne, dans un secteur assez humide de la forêt de Meuzac, puis E. Duffey récolte une autre femelle, le 12/04/2001, en battant des ronces, en bordure de prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Lors du stage de juin 2014, à la station universitaire de Meymac, animé par M. Cruveillier assisté de M. Esnault, M. Cruveillier a déterminé une femelle, capturée le 18/06/2014 par un stagiaire, à la lisière de la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat, en Corrèze.

Les Miturgidae

Avant 2014, cette famille accueillait le seul genre Cheiracanthium pour ce qui concerne la France. On a vu plus haut que ce genre a été transféré dans la famille des Eutichuridae en 2014 par Ramirez lequel est justement celui qui avait sorti ce genre de la famille des Clubionidae en 1997 pour le ranger dans les Miturgidae. De cette famille recomposée des Miturgidae, qui compte en 2014 trente-trois genres et cent-cinquante-huit espèces dans le monde, seul le genre Zora (rangé antérieurement dans la famille des Zoridae qui ainsi disparaît) est représenté en France par sept espèces dont six ont été observées en Limousin. Ce sont des araignées que les débutants prennent assez souvent pour des Lycosidae à cause d’une forme générale et d’une disposition oculaire proche. Elles s’en distinguent pourtant aisément par divers caractères très facilement observables et notamment la taille identique des huit yeux, le céphalothorax très resserré à l’avant et la couleur nettement plus claire du tégument sur lequel les dessins sont plutôt lie de vin. Un examen à la loupe permet en outre de voir que, contrairement aux Lycosidae, elles n’ont que deux griffes au bout des tarses et que ces derniers sont pourvus d’un fascicule unguéal*. Les espèces de ce genre ne construisent pas de toile piège et leurs mœurs sont semblables à celles des Pardosa, chassant de jour au sol ou dans une strate proche, à la base des herbes. Cette particularité leur vaut de figurer assez souvent avec ces dernières dans les pièges de type Barber. Les femelles ne portent pas leur cocon aux filières mais l’accrochent à un support, généralement une tige d’herbe, parfois une pierre, et le surveillent comme le font, par exemple, les Oxyopidae ou les Thomisidae. S’il est assez facile de distinguer le genre Zora à la loupe de terrain, et même parfois à l’œil nu, il n’en va pas de même des espèces qui requièrent absolument l’examen très attentif, au moyen d’une loupe binoculaire, des genitalia*, qui sont de petite taille par rapport à l’animal, et il y aura lieu de réunir dans la plupart des cas un faisceau d’observations où entreront notamment les épines des pattes, les soies plus ou moins présentes sous la hanche IV ou sous la filière postérieure. Les mâles sont semblables aux femelles mais légèrement plus petits et plus sveltes. L’arachnologue suédois Sven Almquist signale un caractère rarement indiqué par ailleurs et qui concerne, chez les mâles, la base de l’apophyse tibiale, laquelle dit-il, occupe une implantation qui peut être distale comme chez Zora armillata ou une position non distale comme chez Z. nemoralis, Z. silvestris ou encore Z. spinimana.

Note de bas de page 86 :

dans son ouvrage « Spiders of Britain and Northern Europe » (voir la bibliographie), M. J. Roberts indique que l’absence de la touffe de soies sous la hanche IV du mâle permet de le distinguer du mâle de Z. spinimana. Or, s’il est vrai que ces soies sont denses au point de former un véritable pinceau chez Z. spinimana, comme chez Z. manicata, par exemple, elles ne sont pas toujours complètement absentes chez certains mâles d’autres Zora, notamment chez Z. armillata et chez Z. silvestris, chez lesquels ces soies sont, il est vrai, beaucoup plus clairsemées et plus fines.

Zora armillata Simon, 1878 : assez semblable extérieurement à Z. spinimana, cette araignée largement répandue en Europe, de la Grèce à la Scandinavie, présente un tégument de couleur crème avec des lignes de ponctuations brun rouge. La femelle peut mesurer de 4,5 à 6 mm et le mâle86 de 3,2 à 3,8 mm. C’est une espèce des milieux humides, tourbières, marais, prairies et landes humides, rives d’étangs et de cours d’eau, où on peut trouver des adultes de début mai à fin octobre. Bien que citée dans les trois départements du Limousin, cette espèce n’y est vraisemblablement pas très commune puisque cinq exemplaires seulement y ont été identifiés à cette date. La première citation, par E. Duffey, est une femelle capturée par piégeage, en mai 1999, dans l’herbe humide du bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne. En Creuse, une autre femelle est capturée dans de la litière de feuilles et de mousse, par M. Cruveillier, le 21/09/2000, au bord de l’étang des Landes, près du hameau du Genévrier, à Lussat. En Corrèze, dans des piégeages au sol réalisés par M. Lefrançois dans des prairies tourbeuses d’Ars, dans la commune de Pérols-sur- Vézère, M. Cruveillier identifiera un mâle de cette espèce dans la récolte du 05/07/2011 et deux autres dans la récolte du 12/07/2011.

Note de bas de page 87 :

mais ne se terminent pas en pointe comme c’est le cas chez Z. nemoralis chez laquelle ces bandes brunes sont également très larges dans leur zone médiane.

Zora manicata Simon, 1878 : comme toutes les espèces du genre Zora, cette araignée présente, sur le céphalothorax, une bande claire flanquée de deux bandes brunes. Ces dernières sont, chez Z. manicata, beaucoup plus larges que chez les autres Zora87. La touffe de soies, particulièrement dense sous les hanches IV du mâle, ainsi que celle située sous ses filières postérieures, constituent également des caractères importants de détermination. Absente de l’Europe du nord et beaucoup moins répandue que la précédente, cette espèce est aussi notée comme rare par Heimer et Nentwig. Elle apparaît pourtant en Limousin dans quinze fiches d’inventaire pour trente et un animaux identifiés, tous récoltés par piégeage dans des tourbières. C’est d’abord en Haute-Vienne qu’E. Duffey détermine une femelle dans une récolte de juin 2000, de P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne. La presque totalité des autres données sont des citations, sans précision de date ni de sexe, provenant de la campagne d’inventaires réalisée en 2009 par F. Lagarde sur le Plateau de Millevaches. En Creuse, quatre communes et sept stations sont concernées : Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure) et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Pour ce qui est de la Corrèze, les données de F. Lagarde portent sur deux communes et six stations : Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes) et Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix). Enfin, dans une récolte réalisée par M. Lefrançois, le 23/06/2011, dans une lande à callune de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines, M. Cruveillier identifiera une femelle de cette espèce.

Zora nemoralis (Blackwall, 1861) : comme Z. armillata, cette araignée est voisine de Zora spinimana mais s’en distingue extérieurement par les deux bandes brunes situées de part et d’autre de la zone médiane claire du céphalothorax. Celles-ci sont très larges dans leur partie moyenne mais s’amenuisent brusquement vers l’arrière pour se terminer en pointe. Cette espèce paléarctique dont le mâle, adulte du milieu du printemps jusqu’en août, mesure de 3 à 3,8 mm, et la femelle, adulte sans doute toute l’année, mesure de 3,5 à 5,8 mm, est présente dans toute l’Europe où elle est considérée comme commune. Cela semble le cas au moins pour la Creuse et la Corrèze qui sont les deux seuls départements où elle a été notée en Limousin et où elle apparaît dans vingt-deux sites pour quatre-vingt-dix-huit animaux identifiés, tous capturés dans des pièges Barber dans les tourbières du Plateau de Millevaches. La encore, la presque totalité des données sont des citations, sans précision de date ni de sexe, provenant de la campagne d’inventaires faite en 2009 par F. Lagarde. En Creuse, cinq communes et douze stations sont concernées : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine) et Saint-Pierre- Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Corrèze, les données de F. Lagarde portent sur quatre communes et neuf stations : Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), Saint-Merd-les- Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et Viam (Roche du Coq-Estang). Enfin, toujours en Corrèze, dans des récoltes par piégeage au sol réalisées par M. Lefrançois dans une tourbière haute de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines, M. Cruveillier identifiera trois mâles de cette espèce dans la récolte du 23/06/2011 et un autre dans celle du 07/07/2011.

Zora parallela Simon,1878 : observée dans une dizaine de pays de l’Ouest de l’Europe ainsi qu’en Finlande et en Suède, cette araignée est absente de Grande-Bretagne ainsi que de l’Europe de l’Est. C’est la seule espèce de Zora que l’on pourrait identifier à vue grâce à son dessin abdominal composé des trois lignes brunes presque parallèles auxquelles elle doit son nom. En France, elle semble marquer une préférence pour les hautes herbes denses de milieux plutôt chauds et secs, où on peut rencontrer des adultes du printemps à l’automne. En Scandinavie elle est signalée dans la litière sous les genévriers, dans les clairières à bruyère des forêts peu denses et même dans les sphaignes des oseraies. En Limousin elle n’a fait l’objet jusque là que d’une seule observation, une femelle, capturée le 13/07/2000 par M. Cruveillier, dans les hautes herbes, essentiellement du Brachypodium, d’une lisière de taillis, sur la Côte pelée de Chasteaux, dans de sud corrézien.

Zora silvestris Kulczyński, 1897 : comme chez la plupart des autres Zora, la femelle de cette araignée présente sept paires d’épines ventrales au tibia I, mais, contrairement aux autres qui ont trois paires d’épines sous le métatarse I, Z. silvestris n’en a que deux paires. C’est l’un des critères qui, avec les genitalia*, permettront de la distinguer, et notamment de Z. spinimana dont elle a l’aspect externe. Les deux sexes sont assez semblables et mesurent l’un et l’autre de 3,5 à 4 mm. La période de maturité du mâle va de mai à fin juillet et jusqu’à fin septembre pour la femelle. Cette espèce est présente dans la plupart des pays d’Europe mais ne semble commune nulle part. C’est le cas en Limousin où, comme Z. nemoralis, elle n’est pas citée de Haute-vienne et où, comme cette dernière, elle n’a été récoltée que par piége Barber sur le Plateau de Millevaches et encore rarement puisqu’elle n’apparaît que dans six fiches d’inventaire pour neuf animaux identifiés. Dans les inventaires de 2009 de F. Lagarde elle est citée dans trois communes de Creuse : à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard), à Gioux (tourbière de Puy Chaud) et à Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy). En Corrèze, F. Lagarde la cite en 2009 dans la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les-Oussines. Enfin, dans une récolte de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une lande atlantique bordant une prairie tourbeuse à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, un mâle de cette espèce sera identifié par M. Cruveillier.

Note de bas de page 88 :

On aurait donc pu l’appeler la grande Zora si l’expression ne souffrait pas d’une fâcheuse évocation.

Note de bas de page 89 :

Association Française d’Arachnologie

Zora spinimana (Sundevall,1833) : le mâle de cette araignée mesure environ 5 mm et la femelle peut en dépasser 7,588. Elle présente, sur le céphalothorax, de part et d’autre d’une bande médiane claire, deux bandes brun rouge qui partent des yeux latéraux postérieurs et qui trouvent leur prolongement sur l’abdomen dont la tache cardiaque claire est frangée d’un fin liséré diffus de couleur lie de vin. Le tibia des pattes est rembruni, surtout celui des pattes avant, et le dessus du fémur marqué d’une fine ligne brune. Cette espèce paléarctique, dont les deux sexes peuvent être rencontrés adultes en toute saison, est assez ubiquiste. Elle est active même par temps de neige et supporterait mal les très fortes chaleurs (Almquist, 1970). Présente dans les trois départements du Limousin, elle est sans conteste la plus commune de nos Zora puisqu’elle apparaît dans soixante-huit fiches d’inventaire pour six-cent-quatorze animaux identifiés. La première citée au fichier est une femelle récoltée en Haute Vienne par M. Cruveillier, le 14/06/1996, dans de la mousse humide de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il note encore l’espèce à neuf reprises : deux mâles récoltés par piégeage, le 06/06/1997, dans la litière d’une châtaigneraie, au village de Chavagnac, une femelle, le 12/08/1998, dans des herbes courtes et des débris végétaux laissés par une crue du ruisseau de La Roubardie, dans la lande tourbeuse du même nom, une femelle, le 21/06/2000, dans les herbes d’un vieux verger abandonné, à Chavagnac où deux autres femelles seront récoltées le 26/04/2001, trois mâles, en juillet 2000, dans un secteur à Erica vagans de la Lande du Cluzeau, une femelle, le 23/04/2001, et une autre le lendemain dans une prairie dégradée proche de l’étang de La Basse Roche, et enfin, à l’occasion d’une visite des membres de l’AsFrA89, à la Lande du Cluzeau, le 28/09/2006, un mâle récolté par C. Jacquet et une femelle capturée par A. Bounias-Delacour. L’espèce est également bien représentée dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne où P. Tutelaers avait déjà signalé trois mâles et trois femelles, le 21/05/1999, et où, dans des récoltes par pièges Barber réalisées par P. Durepaire en 2000, E. Duffey identifia quatre mâles en juin dans la tourbière et huit mâles dans la lande, puis une femelle en juillet dans ce même secteur de lande où M. Cruveillier identifia une femelle en août. Enfin, pour clore les citations de Haute-Vienne, F. Lagarde récolta par piégeage deux mâles et trois femelles dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat- le-Château, en septembre 2006. Pour la Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, cite l’espèce à six reprises : un mâle en février 1997 dans un jardin puis une femelle dans une maison en octobre de la même année, un autre mâle au sol, en décembre 1998, dans de la mousse à la lisière d’une forêt humide, un mâle en décembre 2000, dans une prairie en friche où il récolte une femelle en août 2001, enfin, en mai 2002, une dernière femelle dans une prairie très humide. Plus tard, en 2007, il notera un mâle, le 14/03, dans une clairière de bois mixte au bord d’une rivière près d’Eygerols, à Eygurande, puis une femelle, le 16/03, dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les- Oussines et, le 06/04, un mâle dans un secteur herbeux de la forêt du Longeyroux, à Meymac. Cette même année, le 1er avril, E. Duffey capture un mâle dans un piège Barber dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac. Dans sa campagne d’inventaires corréziens de 2009, F. Lagarde identifiera cent-trente-six animaux de cette espèce répartis sur onze stations et cinq communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les- Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, toujours en Corrèze, M. Cruveillier identifie une femelle capturée par une stagiaire, le 09/05/2011, dans un talus d’herbe sèche et de fougère aigle bordant une route, au lac de Sèchemailles, à Ambrugeat et, dans les récoltes par piégeage au sol réalisées par M. Lefrançois, entre le 27/06 et le 05/07/2011, dans les tourbières d’Ars et du Pont tord, à Pérols sur Vézère, il identifie quatre mâles de cette espèce. Il en identifie six autres dans des récoltes analogues, du 23/06/2011, provenant de la tourbière de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines. Pour ce qui concerne la Creuse, toutes les citations, qui totalisent quatre-cent-dix-sept animaux déterminés, proviennent des inventaires par piégeage au sol de F. Lagarde, et d’abord en 2006 où, le 14 mai, il récolte deux mâles au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue et un couple au Bois des Pialles, près d’Orladeix, à Royère-de- Vassivière, commune où il récolte un mâle, le 20 juillet, aux Ribières de Gladière et onze mâles, cinq femelles et un immature, le 1er août, dans la tourbière de La Mazure. Les autres données résultent de ses inventaires de 2009 et concernent dix-huit sites répartis sur six communes : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de- Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic) et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Les Nesticidae

Note de bas de page 90 :

Nesticus eremita Simon, 1879, également présent en France, n’a pas été observé en Limousin

# Nesticus cellulanus (Clerck, 1757) : des deux espèces de Nesticus présentes en France, cette araignée est la seule observée jusque là en Limousin90. Elle ressemble beaucoup à certaines Theridiidae, d’autant qu’elle présente, comme les espèces de cette famille, de fausses griffes au tarse IV. Elle s’en distingue notamment par une première paire de pattes très longues et, pour ce qui concerne le mâle, par un pédipalpe assez singulier au paracymbium* dressé (voir illustration page 330). La femelle porte son cocon fixé aux filières comme le font les Lycosidae. Cette espèce, dont le mâle mesure environ 4 mm et la femelle 5,5 mm, peut être rencontrée adulte toute l’année dans des milieux assez divers, le plus fréquemment dans des endroits abrités et humides, cavernes, caves, ponts, vieux murs, éboulis, bois sombres, où elle construit une petite toile fine. Elle est mentionnée dans dix inventaires également partagés entre la Creuse et la Haute-Vienne. C’est M. Barataud qui récolte la première femelle, le 31/12/1985, dans un souterrain du lieudit Les Courrières, dans la commune d’Isle, en Haute-Vienne, département où, le 10/07/1999, F. Leblanc récolte une autre femelle sous un pont de la Loue, à Saint-Yrieix-la-Perche, et où M. Cruveillier rapporte trois mentions de l’espèce en avril 2001, à l’occasion d’un stage qu’il avait organisé dans la commune de Meuzac : une femelle récoltée par N. Larchevêque dans un regard, au pied d’un mur, à l’entrée d’un tuyau, un mâle récolté par F. Leblanc au bord du Lac de La Roche, sous la passerelle du ruisseau de La Roubardie, un autre mâle récolté par B. Duhem au village de Chavagnac, dans un amas de vieilles pierres, ces trois dernières déterminations ayant été d’abord réalisées par les récolteurs et confirmées par J.-C. Ledoux qui intervenait dans le stage. En Creuse M. Barataud cite le premier, le 06/01/1986, la découverte d’une femelle dans un autre souterrain, à La Chenaud, dans la commune de Saint-Eloi. Les autres données de ce département émanent de F. Lagarde qui capture deux femelles, le 15/02/2007, au lieudit Le Montingout, puis une autre au Châtain, dans la commune de Saint-Moreil, et qui cite la présence de l’espèce, en 2009, à la Croix de Fayaud et aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière. Une fois encore cette espèce n’est pas citée en Corrèze où elle est certainement présente et où il y aura lieu de la rechercher.

Les Oecobiidae

Uroctea durandi (Latreille,1809) : cette araignée partage avec le genre Oecobius la particularité de présenter un important tubercule anal environné de longues soies mais s’en distingue par sa taille plus grande et par l’absence de cribellum. Classée naguère dans la famille des Urocteidae elle a été rangée dans la famille des Oecobiidae, cette intégration ayant été facilitée par l’abandon de la prise en compte de la présence d’un cribellum comme critère dans la classification des araignées. C’est un animal dont l’abdomen noir anthracite portant cinq macules jaunes ( plus claires chez les mâles) rend très facile son identification à vue. La femelle, qui peut être rencontrée adulte toute l’année, mesure entre 9 et 13 mm. Le mâle, dont la période de maturité est mal connue, atteint à peine 10 mm. L’espèce fréquente les lieux secs, surtout les vieux murs, ou les amoncellements de pierres, parfois les grosses écailles d’écorce de vieux arbres. Elle construit dans son refuge une loge de soie solide en forme de dôme, fixée par divers ancrages en étoile, et sous laquelle elle se tient. C’est une espèce qu’on peut continuer de considérér comme plutôt méridionale même si, aux cours des dix dernières années, quelques individus ont pu être rencontrés dans le Massif Central (en Haute-Loire, à 850 m d’altitude, par B Duhem et J.-C. Ledoux, et dans le Puy de Dôme, sur le site de Gergovie, par L. Picard) et en Limouisn, le 15/07/2000, par M. Cruveillier, deux femelles dont une seule fut prélevée, dans une vieille muraille de Curemonte, en Corrèze.

Les Oonopidae

Oonops domesticus Dalmas, 1916 : des sept espèces du genre Oonops répertoriées en France, O. domesticus est la seule observée en Limousin à cette date. Adulte toute l’année, cette petite araignée haplogyne* de 1,6 à 2 mm de long, dont on dit qu’elle se déplace par une succession de marches lentes et d’accélérations subites et dont la femelle fait plusieurs cocons de deux œufs chacun, est active la nuit. Les six individus identifiés en Limousin, uniquement des femelles, ont tous été récoltés à l’intérieur de bâtiments, ce qui semble être son milieu habituel sauf peut-être dans le midi où on la trouverait aussi à l’extérieur. La première mention enregistrée, et d’ailleurs la seule pour la Haute-Vienne, est une femelle observée par M. Cruveillier, le 23/05/1997, sur des gravats, au vieux moulin de Teignac, à Saint-Genest- sur-Roselle. Les quatre citations de Corrèze, de B. Le Péru, proviennent aussi de l’intérieur d’une maison, à Saint-Etienne-aux-Clos, respectivement en février 1997, en octobre 1997, en décembre 1998 et en septembre 2000. La seule donnée de Creuse est de F. Leblanc, le 08/03/1999, au village de Pétillat à Saint-Sulpice-les-Champs.

Les Oxyopidae

Cette famille n’est représentée en France que par quatre espèces du genre Oxyopes dont trois ont été observées en Limousin. Ce sont des araignées, parfois appelées araignées-lynx, qui chassent durant la journée, à la billebaude, dans les plantes basses des prairies, landes ou talus, ou dans la végétation buissonnante. Leurs dessins dorsaux bien marqués et assez constants, leurs pattes pourvues de fortes épines, leur disposition oculaire, avec des yeux médians antérieurs très petits et rapprochés et les yeux postérieurs en ligne très fortement procurvée*, ainsi que la forme de leur abdomen se rétrécissant progressivement vers l’arrière en pointe émoussée, en font un genre aisé à reconnaître à l’œil nu.

Note de bas de page 91 :

voir la 1ère partie de cet ouvrage page 9 pour O. heterophthalmus et p. 10 pour O. ramosus.

Oxyopes heterophthalmus (Latreille, 1804) : est une espèce paléarctique* de 5 à 7 mm de long, adulte de mai à la mi-automne, qui, bien que largement répartie n’est sans doute pas très commune. Elle n’a été citée jusque là, après Latreille91, que dans cinq inventaires en Limousin et d’abord en Haute-Vienne, le 18/06/1997, par M. Cruveillier qui capture une femelle dans un talus bordant une prairie dégradée évoluant en lande à callune, près du moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle. Les deux autres citations de ce département proviennent, l’une de P. Tutelaers qui signale un immature, le 29/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la Montagne, et l’autre de J.-C. Ledoux qui mentionne un mâle subadulte dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, le 28/09/2006. L’unique mention de Creuse est une femelle, récoltée le 16/07/1997, à Saint-Georges-la-Pouge, par F. Leblanc, et la seule de Corrèze est la capture au cours d’un stage, dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd- les-Oussines, le 10/05/2010, de deux femelles identifiées par M. Cruveillier.

Oxyopes lineatus Latreille, 1806 : araignée paléarctique* légèrement plus petite que la précédente et de coloration plus claire, surtout sur le céphalothorax, cette espèce est mature à la même saison et fréquente des milieux identiques à quoi elle ajoute volontiers les branches basses des arbres. Principalement présente dans les pays du sud de l’Europe, elle ne semble pas plus commune qu’O. heterophtalmus et n’a été citée chez nous qu’à cinq reprises, comme cette dernière, dont une seule fois en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui a récolté un mâle et une femelle, le 20/05/1997, dans l’herbe, en bordure de la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac. Les quatre autres mentions, toutes de Corrèze, proviennent d’E. Duffey qui, le 28/06/2002, capture trois mâles et une femelle au filet fauchoir dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis deux mâles dans ce même site, le 18/06/2003. Il capture un autre mâle, le 12/07/2005, dans un buisson d’une prairie naturelle un peu humide près de la station de pompage du Soulier, à Chasteaux. Enfin, le 18/06/2008, il récolte un dernier mâle, toujours au filet fauchoir, au Puy Turlau dans la commune de Végennes.

Oxyopes ramosus (Martini & Goeze, 1778) : plus grand que les deux autres, surtout la femelle qui peut atteindre 10 mm, et partageant avec eux tant les habitats que la période de maturité, cet Oxyopes, pourtant réputé rare par Nentwig & al., semble être chez nous le plus fréquent puisqu’il est mentionné dans treize fiches d’inventaire pour dix-huit exemplaires identifiés. L’espèce fut observée en Haute-Vienne, à Saint-Just-le-Martel, par d'Orbigny99, selon Eugène Simon, sans indication de date. Elle fut revue dans ce même département, le 12/09/1996, par M. Cruveillier qui récolta une femelle sur une touffe d'Erica vagans dans un secteur un peu humide de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où deux autres femelles sont notées en septembre 2006, dans la petite tourbière de la Celle du Cluzeau , une le 28 par M. Cruveillier et une le 29 par O. Villepoux. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui signale, en mai 2000, un mâle errant sur un mur, dans un jardin de sa commune de Saint-Etienne-aux- Clos, puis M. Cruveillier qui capture une femelle dans un secteur herbeux humide proche de l’étang de Chabannes, à Tarnac, le 24/06/2004. En 2009, la présence de l’espèce est signalée par F. Lagarde dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, et, toujours en Corrèze, deux femelles, capturées le 08/05/2011 au cours d’un stage, dans un talus de la forêt de La Cubesse, à Ambrugeat, sont identifiées par M. Cruveillier. C’est F. Lagarde qui est l’auteur des cinq mentions de Creuse, lesquelles concernent deux communes : celle de Royère-de-Vassivière, où il note d’abord deux femelles le 14/05/2006, au Bois des Pialles, présence qu’il confirmera en 2009 ainsi qu’aux Ribières de Gladière, et celle de Saint-Pierre-Bellevue où il identifie un mâle au Ruisseau de Beauvais le 14/05/2006, présence qu’il confirmera, là aussi, en 2009.

Les Philodromidae

Parce qu’ils partagent avec les Thomisidae un très grand nombre de caractères, longtemps les Philodromidae ont été une sous-famille de ces derniers sous le nom de Philodrominae. Les plus notables de ces caractères sont l’implantation latérale des pattes, le corps relativement aplati, et la position surélevée de leurs yeux noirs. Ils constituent aujourd’hui une famille à part entière laquelle n’est plus représentée en France que par trois genres après que le genre Paratibellus, qui n’avait pas été observé en Limousin, a été mis en synonymie avec le genre Thanatus en 2008. Les Philodromidae se distinguent aussi des Thomisidae par un déplacement plus rapide et par la présence d’une pubescence formant sur le corps comme un fin duvet alors que les Thomisidae en sont dépourvus.

Philodromus albidus Kulczyński, 1911 : cette araignée est très difficile à distinguer de P. rufus et a vraisemblablement pu être confondue avec elle dans le passé. Il y a lieu d’observer avec beaucoup d’attention les détails qui, dans leurs genitalia*, peuvent permettre de les distinguer. L’espèce P. albidus a une répartition beaucoup moins large que cette dernière, puisqu’elle est limitée aux pays de l’ouest et du centre de l’Europe. Réputée assez rare, cette araignée d’environ 4,5 mm pour la femelle et 3,5 mm pour le mâle, mature de mai à septembre et présente sur les basses branches des arbres, les haies ou les buissons, n’a jusque là été observée chez nous que par E. Duffey qui en a capturé à trois reprises, par filet fauchoir ou battage de haie, dans la végétation de bordure d’une propriété au lieudit Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne : une femelle en mai 1999, un mâle le 28/05/2000 et deux mâles le 30/05/2002.

Note de bas de page 92 :

entrent dans ce groupe, outre Philodromus aureolus, : P. buxi, P. cespitum, P. collinus, P. fuscolimbatus, P. praedatus

Philodromus aureolus (Clerck, 1757) : assez nettement plus grande que la précédente puisque la femelle peut atteindre 8 mm et le mâle 6 mm, cette espèce, présente dans tous les pays d’Europe, est aussi plus commune partout. Elle fréquente les mêmes milieux et se trouve adulte à la même période. Plusieurs espèces de ce genre présentent avec P. aureolus assez d’analogies pour que les arachnologues les aient réunies en un groupe, gr. aureolus92, et pour exiger une attention minutieuse dans leur détermination. Une quinzaine d’animaux de l’espèce aureolus ont été notés en Limousin à cette date dans treize fiches d’inventaire. C’est d’abord en Haute-Vienne que M. Cruveillier récolte une femelle au filet fauchoir, le 06/06/1997, dans les branches basses d’un chêne, au village de Chavagnac, à Meuzac, site où l’opération se renouvellera le 10/07/2001, et bien plus tard, le 14/06/2014, par la capture d’un mâle, avec un acarien parasite fixé sur son abdomen, dans un milieu de hautes herbes. Une femelle est récoltée au filet fauchoir par E. Duffey, le 23/05/2000, dans les branches basses d’un pin sylvestre de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne où, dans des récoltes de 2013 par tente Malaise, de P. Durepaire, seront déterminés par M. Cruveillier, un mâle le 29 juin et une femelle le 15 juillet. Enfin, dans le feuillage d’une haie d’arbres et de buissons, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, E. Duffey capture, au filet fauchoir, cinq femelles le 17/07/2000, puis deux mâles le 07/06/2003. En Creuse, l’espèce est citée trois fois dont deux par M. Cruveillier, dans la commune de Lussat, une femelle, le 24/07/2000, sur les branches basses d’un frêne, au bord de l’étang des Landes et une autre femelle, le 01/06/2009, sur les branches basses d’un épicéa planté en bordure de l’étang de Tête de Bœuf. L’autre mention revient à B. Le Péru qui, le 25/05/2007, avait récolté une femelle dans la mousse d’une lisière, entre prairie et bois mixte, près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. C’est également lui qui observe en premier l’espèce en Corrèze, une femelle errant au sol, en juillet 2000, dans un jardin de la Gare de Savennes, à Saint- Etienne-aux-Clos. L’autre citation de Corrèze est un très beau spécimen de mâle, identifié par M. Cruveillier et capturé par une participante à un stage d’identification, le 09/05/2011, par battage de branches d’un aulne, près du lac de Sèchemailles à Ambrugeat.

Philodromus buxi Simon, 1884 : cette espèce, dont le mâle mesure de 4 à 5 mm et la femelle jusqu’à 7 mm, semblable à P. cespitum, est essentiellement présente dans l’Europe de l’ouest où elle ne serait commune nulle part. Adulte de mai à septembre et présente sur les basses branches des arbres et les haies, elle n’a été observée, jusque là, en Limousin, que par E. Duffey qui, le 16/07/2000, en a capturé une femelle au filet fauchoir dans une haie de chêne, de châtaignier et de houx dans sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne.

Philodromus cespitum (Walckenaer, 1802) : cette araignée est un peu plus petite que P. aureolus, mais semblable par l’aspect, les mœurs et la période de maturité. Seule la femelle, plus claire que le mâle, présente une tâche cardiaque plus nette, prolongée par quatre ou cinq chevrons bruns dégressifs, mais la distinction entre les deux espèces ne peut être faite avec certitude que par l’examen des genitalia*. Cette espèce est présente dans toute l’Europe où elle est assez commune partout. En Limousin, elle apparaît dans douze fiches d’inventaire pour quinze animaux identifiés. Elle est signalée d’abord en Haute-Vienne par M. Cruveillier qui, le 15/05/1998, récolte une femelle sur les branches basses d’un chêne, en bordure de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, puis, le 10/06/1999, en capture une autre dans des branches de frêne au bord d’une mare, près du lieudit Condamines, à Château-Chervix, commune où, le 01/07/1999, il récolte deux mâles sur des chênes de la lande de La Flotte. Il cite également, le 20/07/2000, une femelle gardant son cocon entre deux écailles d’écorce d’une grosse branche de sapin, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Le 23/05/2000, E. Duffey a récolté une femelle au filet fauchoir, sur un genévrier, dans la zone boisée bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne et, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, toujours au filet fauchoir, il a capturé un couple dans une haie d’arbres et de buissons, le 17/07/2000, puis un autre le 10/06/2002. En Corrèze, c’est d’abord B. le Péru qui cite un mâle errant dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, en juillet 1998, puis E. Duffey qui récolte un autre mâle, le 28/06/2002, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler- Mascheix. Enfin l’espèce est mentionnée trois fois en Creuse, d’abord par F. Leblanc qui identifie en 2003 un mâle capturé le 10/07/1997, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs, puis par M. Cruveillier qui récolte deux mâles, respectivement le 13/06/2009 et le 09/07/2009, sur le tronc d’un gos chêne bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Philodromus collinus C. L. Koch, 1835 : à première vue , cette araignée est assez difficile à distinguer de P. aureolus ou de P. cespitum, surtout chez les mâles. Chez les femelles, la bande de soies claires à l’endroit de la tache cardiaque* et les points blancs à l’arrière de l’abdomen peuvent fournir une orientation mais ne constituent pas des indices suffisants. Cette espèce, dont les deux sexes mesurent environ 5 à 6 mm et sont adultes de mi-mai au milieu de l’été, rechercherait, selon la littérature, les endroits plutôt ensoleillés avec une préférence pour les conifères. En Limousin, elle apparaît dans seize inventaires pour vingt-deux animaux observés. C’est en Corrèze qu’elle est mentionnée pour la première fois par B. Le Péru lequel la cite à cinq reprises, toujours circulant au sol, à la base d’une haie de résineux, dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos : d’abord deux femelles en août 1997, puis une autre en juin 1998, une troisième en juillet 2000, une quatrième en juillet 2001 et enfin une cinquième en août 2002. Les trois autres mentions de Corrèze sont d’E. Duffey qui capture par battage de branches, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, d’abord un couple le 13/05/2003, puis une femelle le 18/06/2003. Sa troisième citation est une femelle récoltée au filet fauchoir, le 05/07/2005, dans de l’herbe haute, au Dougnoux, à Altillac. En Haute-Vienne, un très beau spécimen de femelle est récolté, le 10/07/2001, par battage de branches sur de jeunes pins de la forêt de Meuzac, près du village de Chavagnac, par M. Cruveillier lequel déterminera, dans des récoltes par tente Malaise de P. Durepaire, dans le secteur de lande sèche du Puy long, dans la réserve nationale des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, un mâle le 23/06/2013 et un autre le 16/07/2013. Les cinq fiches concernant la Creuse proviennent de F. Lagarde et de la commune de Royère-de-Vassivière : une femelle, le 26/07/2006, aux Ribières de Gladière, deux autres, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, et une autre, le 02/08/2006, à nouveau aux Ribières de Gladière, l’espèce étant citée à nouveau dans ces deux stations en 2009 (deux individus à chaque fois).

Philodromus dispar Walckenaer, 1826 : cette araignée doit son appellation de dispar à la diversité d’aspect qu’elle peut présenter. Longue d’environ 4 mm pour le mâle et 5 mm pour la femelle, elle se trouve surtout sur les arbres ou les buissons et sa période de maturité s’étend, selon le site de Nentwig & al., de fin février à début septembre. Deux de nos observations montrent qu’au moins dans certaines conditions, cette plage pourrait être élargie. Il est surprenant de constater que des treize fiches d’inventaire où l’espèce est citée, douze concernent la seule Haute-Vienne où la première mention est une femelle, capturée le 06/06/1997, par battage des branches basses d’un pin sylvestre, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel cite la présence de l’espèce encore à quatre reprises dans cette même commune : une femelle le 15/05/1998, dans un genévrier de la Lande du Cluzeau où un mâle sera capturé, le 24/04/2001, à l’occasion d’un stage, puis une autre femelle, dans les branches basses d’un pommier, le 10/09/1999, également à Chavagnac, et enfin un mâle, dans cette même localité, à la date surprenante du 07/01/2010, dans des conditions, il est vrai, particulières, puisqu’il se trouvait sur un petit arbuste en pot qui passe la belle saison à l’extérieur mais qui avait été mis à l’abri pour l’hiver dans une pièce chauffée. E. Duffey est l’auteur des autres citations de Haute-Vienne, d’abord dans la commune de Saint-Léger-la- Montagne où, le 23/05/2000, il récolte une femelle dans le feuillage d’arbres bordant le sentier NE de la tourbière des Dauges, et surtout dans la commune de Bussière-Poitevine, au village de Chez Gouillard où, par battage des branches d’une haie vive, il récolte une femelle en mai 1999, un couple le 08/05/2000, une femelle le 17/07/2000, deux mâles et une femelle le 30/05/2002, un couple le 29/04/2003 et un autre le 07/05/2003. L’espèce n’a pas encore été citée de Corrèze et l’unique citation de Creuse est une femelle capturée par F. Leblanc, dans les branches basses d’un arbre, à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, et indiquée comme adulte à la date assez tardive du 15/10/1999.

Note de bas de page 93 :

déterminations confirmées par Christoph Muster (Dresde)

Philodromus fuscolimbatus Lucas, 1846 : est une espèce plutôt méridionale du groupe aureolus dont les deux sexes mesurent de 3 à 5,5 mm et dont la présence en Limousin doit marquer vraisemblablement sa limite nord. L’unique mention pour notre région est la capture par E. Duffey, au filet fauchoir, de deux mâles93, le 13/05/2003, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, au sud de la Corrèze.

Note de bas de page 94 :

d’après un tableau de M. Emerit prenant en compte ces éléments.

Philodromus histrio (Latreille, 1819) : à première vue, un néophyte pourrait confondre cette araignée avec un Oxyopes heterophthalmus tant la forme de l’abdomen, la coloration et les dessins dorsaux présentent de similitudes. L’examen de la zone oculaire permet de lever immédiatement le doute. Comme le précédent, ce Philodromus n’est cité qu’une fois en Limousin, le 18/05/2009, dans une lisière d’herbe sèche et de bruyère, proche de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, en Creuse, par M. Cruveillier qui identifia cette femelle subadulte sur des critères oculaires94, ainsi que d’après les épines tibiales infères, le milieu et la date de capture, et, justement, la forme de l’abdomen et le dessin dorsal.

Philodromus margaritatus (Clerck, 1757) : vraisemblablement plus commune que les onze fiches d’inventaire où elle apparaît ne le laissent supposer, cette araignée assez grande, de 5 à 6,8 mm pour le mâle et dont la femelle peut dépasser 9 mm, est assez difficile à repérer dans la nature tant sa coloration, qu’il s’agisse de la livrée la plus claire ou de celle un peu plus grise, lui permet de se dissimuler par mimétisme dans les lichens des troncs d’arbres où elle évolue le plus souvent et où on rencontre des adultes de mars à octobre. C’est une des rares espèces de Philodromus dont la forme et les motifs colorés permettent la détermination des immatures. C’est F. Leblanc qui cite en premier la capture d’une femelle, à la date bien précoce du 28/02/1999, sous l’écorce d’un chêne, au Bois d’Armont, dans la commune de Fransèches, en Creuse, département où M. Cruveillier récolte, le 09/07/2009, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, d’abord une femelle, également sur un tronc de chêne, et un très beau spécimen de mâle sur un tronc d’épicéa. En Corrèze, B. le Péru nous signale en 2003 qu’il avait fait quatre récoltes au cours des années précédentes, notamment sur des poteaux de clôture, dans un jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos : un jeune identifiable en octobre 1997, un autre en septembre 1998, un mâle en novembre 1998, et une femelle en juin 2000. E. Duffey, de son côté, capture une femelle au filet fauchoir, le 28/06/2002, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, également en Corrèze. En Haute-Vienne, le 25/03/2007, F. Lagarde récolte un jeune identifiable sur un tronc d’arbre du Bois de Crosas, dans la commune de Peyrat-le-Château, site où il mentionne à nouveau un exemplaire de l’espèce en 2009. Enfin, M. Cruveillier observe également un jeune identifiable sur le tronc d’un vieux tilleul, le 16/05/2009, au Centre « La Loutre », dans la commune de Verneuil-sur-Vienne.

Note de bas de page 95 :

Jean-Claude Ledoux, à qui l’animal fut envoyé pour avis, confirma l’identification.

Philodromus poecilus (Thorell, 1872) : une femelle de 6 mm, capturée le 06/06/2004, dans les lichens d’une branche basse de vieux bouleau, par M. Cruveillier95, en bordure de la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne, constitue la seule mention à cette date de cette espèce en Limousin. La biologie de cette espèce est mal connue et les indications de la littérature la concernant sont peu nombreuses et parfois divergentes.

Philodromus praedatus O. P. Cambridge, 1871 : mesurant environ 4 mm pour le mâle et jusqu’à 6,5 mm pour la femelle, cette araignée est légèrement plus petite que P. aureolus dont elle est très proche et dont seul un examen très attentif des genitalia* permettra de la distinguer. C’est une espèce peu commune qui se rencontre adulte de mai à la mi-été dans les buissons, les broussailles et les branches basses des arbres, avec une préférence pour les espèces à feuilles caduques, semble-t-il. Elle n’a été observée qu’à cinq reprises jusque là, et d’abord en Haute-Vienne, par E. Duffey qui récolte une femelle dans les premiers jours de mai 1998, par battage des branches d’une haie vive, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, puis par M. Cruveillier qui capture, également par battage de branches, une autre femelle, le 15/05/1998, dans des chênes en bordure de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, puis un mâle, le 01/07/1998, dans des conditions analogues, dans la lande de La Flotte, à Château- Chervix. E. Duffey est l’auteur des deux citations de Corrèze : d’abord, le 13/05/2003, une femelle dans des buissons de la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis une autre femelle capturée au filet fauchoir, le 18/06/2008, dans des herbes sèches, au Puy Turlau, dans la commune de Végennes.

Note de bas de page 96 :

“The Spiders of Great Britain and Ireland” (voir Bibliographie)

Philodromus rufus Walckenaer, 1826 : cette araignée, comme il a été dit plus haut, est très semblable à P. albidus avec laquelle elle a pu être confondue. Il est vrai qu'il est très difficile d'apprécier les caractères qui distinguent ces deux espèces lesquelles n'auraient été séparées qu'après la constatation de non hybridation entre elles. M. J. Roberts reprend leur description aux pages 8 à12 de l'appendice qu’il a ajouté aux tomes I et II de son ouvrage en trois volumes sur les araignées de Grande-Bretagne et d’Irlande96. Bien que signalée comme peu fréquente dans le site internet de Nentwig & al., il se trouve qu’en Limousin cette espèce holarctique* est présente dans nos trois départements et apparaît dans treize fiches d’inventaire pour dix-huit animaux identifiés. Le premier et principal pourvoyeur des citations de l’espèce pour la Haute-Vienne est E. Duffey qui capture une femelle au filet fauchoir, en mai 1998, en bordure d’une haie, dans les hautes herbes et les basses branches, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, site où il notera encore l’espèce à cinq reprises : une femelle le 08/05/2000, une autre le 28, une troisième le 17/07, un mâle et deux femelles le 29/04/2003 et enfin deux femelles le 07/05/2003. L’autre citation de Haute-Vienne est un mâle capturé dans un piège à carabes par E. Mourioux, le 16/04/2000, dans la vallée de la Gartempe, au viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles, et identifié en avril 2001 par N. Larchevêque, lors du stage que M. Cruveillier avait organisé à Meuzac et dans lequel intervenaient aussi J.-C. Ledoux et M. Emerit. La première mention de Creuse est une femelle récoltée par F. Leblanc, le 06/06/1999, sur l’écorce d’un poteau de clôture, à Fransèches. Plus tard, en 2009, F. Lagarde cite la présence de l’espèce à Pierre Fade, dans la commune de Gentioux-Pigerolles et à la Croix de Fayaud, dans la commune de Royère-de-Vassivière. En Corrèze, B. Le Péru capture deux mâles, en juin 2002, sur des arbustes de son jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, puis E. Duffey récolte un couple sur des buissons, le 13/05/2003, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et enfin, le 24/06/2004, M. Cruveillier récolte une femelle dans les arbustes bordant le chemin d’accès à l’étang de Chabannes, dans la commune de Tarnac.

Thanatus formicinus (Clerck, 1757) : des douze espèces de Thanatus présentes en France, deux seulement ont été observées en Limousin à cette date. Ce sont des animaux assez proches par l’aspect des Philodromus, mais avec le corps plus ovale et une tache cardiaque très nette. Comme ces derniers, ils peuvent se déplacer rapidement mais, contrairement à eux, ils évoluent au sol ou à la base de la végétation, ce qui explique leur capture assez fréquente par piège Barber. Le mâle de T. formicinus mesure entre 5 et 7 mm mais la femelle peut atteindre 12 mm. Cette espèce holarctique* se tient surtout dans des milieux secs et sableux à végétation courte, voire arides et, lorsqu’elle est mentionnée dans des sites nommés  » tourbières », il faut comprendre qu’il s’agit des landes sèches presque toujours présentes en périphérie. Elle passe généralement l’hiver à l’état subadulte et on peut donc renconter des adultes au tout début du printemps et en été. Elle n’est pas rare en Limousin puisqu’elle y apparaît dans dix-neuf inventaires pour trente et un animaux observés. Bien que ne l’ayant fait savoir qu’en 2003, B. Le Péru avait fait les premières observations en Corrèze, à Saint-Etienne-aux-Clos, en 1999, d’abord dans une prairie sèche en friche où il avait capturé un mâle en mars et un autre en avril, et sur la pelouse de son jardin où il avait récolté un couple également en avril. Les trois autres mentions de l’espèce en Corrèze émanent de F. Lagarde qui, en 2009, cite sa présence dans la commune de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), et dans celle de Saint-Merd-les-Oussines (Ruisseau du Mazet et tourbière du Rebourzeix). C’est de Haute-Vienne, sur la pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, que M. Cruveillier avait saisi la première citation : un mâle capturé au cours d’un stage par L. Chéreau, le 24/04/2001. Par la suite, E. Duffey mentionnait l’espèce à six reprises dans un secteur sec d’une prairie naturelle, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, où il avait capturé par piégeage au sol quatre mâles le 26/04/2003, deux autres le 03/05/2003, une femelle le 25/04/2004, deux mâles le 01/05/2004, deux autres le 09/05/2004 et enfin deux autres le 15/05/2004. En septembre 2006, F. Lagarde récolte deux immatures identifiables, au bord de la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château et cite à nouveau la présence de l’espèce dans ce site en 2009. C’est aussi en 2009 qu’il est le seul à mentionner la présence de cette araignée en Creuse, dans trois communes : à Gentioux- Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade), à Gioux (tourbière de Puy Chaud) et à Royère-de-Vassivière (Ribières de Gladière).

Thanatus striatus C. L. Koch, 1845 : espèce également holarctique*, cette araignée doit son nom aux lignes longitudinales que dessinent des séries de macules sombres sur le fond clair de son abdomen densément couvert d’une fine pubescence. Elle est nettement plus petite que T. formicinus puisque le mâle ne dépasse guère 4 mm et la femelle 6. Comme cette dernière espèce, elle peut passer l’hiver à l’état subadulte pour être mature dès le début du printemps et jusqu’au milieu de l’été. On peut la rencontrer aussi bien dans des milieux herbeux des zones côtières, que dans des prairies et des landes humides ou des tourbières et marais. La plus grande partie des données concernant cette espèce proviennent des récoltes par piégeage au sol réalisées par F. Lagarde sur le Plateau de Millevaches durant sa campagne 2007-2009. Sept fiches de ses inventaires font état de la présence de cette espèce pour douze exemplaires identifiés qui concernent les communes creusoises de Faux-la-Montagne (tourbière de Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade, Les Prés Neufs) et Saint- Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais), et les communes corréziennes de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), et de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux). S’ajoute, pour la Corrèze, une femelle identifiée par M. Cruveillier dans une récolte de M. Lefrançois, également par piégeage, du 23/06/2011, dans une tourbière haute dégradée de la Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines. L’espèce n’est pas citée en Haute-Vienne à cette date.

Tibellus oblongus (Walckenaer, 1802) : cette espèce holarctique* est la seule du genre actuellement observée en Limousin sur les quatre présentes en France. Sa coloration générale et les dessins qu’elle affiche sont assez proches de ceux de Thanatus striatus, mais elle s’en distingue par des lignes longitudinales plus nettes et plus longues sur un abdomen lui-même beaucoup plus allongé. Les deux sexes, d’apparence semblable, mesurent environ 7 mm pour le mâle et jusqu’à 11 mm pour la femelle. Ils se tiennent allongés, les pattes dans le prolongement du corps, sur les tiges ou les feuilles des plantes où ils attendent le passage d’une proie, dans des habitats herbeux ouverts, avec une préférence pour les milieux sableux, secs ou humides. On peut rencontrer des adultes de mai à novembre. L’espèce est bien représentée dans notre région où elle figure dans trente-deux fiches d’inventaire pour quarante-huit animaux identifiés, bien répartis entre nos trois départements. La première mention enregistrée dans notre base de données est une femelle capturée en Haute-Vienne, le 06/06/1996, par M. Cruveillier, dans un secteur humide à Molinia caerulea de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il la cite encore à trois reprises : un couple capturé au filet fauchoir, le 04/06/1998, dans une prairie humide bordant le ruisseau des Baraques, une femelle le 14/08/1998, sur une tige de Scirpus sylvaticus, le long du ruisseau traversant la lande de La Roubardie, et à nouveau dans la Lande du Cluzeau, une femelle qui avait été récoltée par S. Déjean le 28/09/2006, dans de hautes herbes. Toujours en Haute-Vienne, une femelle est capturée au filet fauchoir par E. Duffey, en mai 1998, une autre le 10/06/2002, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, et, un mâle et trois femelles, le 30/05/2003, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où F. Leblanc avait mentionné deux femelles le 10/10/1999, et où M. Cruveillier déterminera, dans des captures par tente Malaise de P. Durepaire, en 2013, dans une prairie tourbeuse en périphérie du Puy long, trois femelles dans la récolte du 29/06 et une autre dans celle du 15/07. De son côté K. Guerbaa avait identifié une femelle capturée le 23/05/1999 par O. Dom, dans une prairie humide bordant la Vienne, au lieudit La Boilerie, dans la commune de Verneuil-sur-Vienne. En Corrèze, B. Le Péru fait la première observation, un mâle, en juin 1997, dans une prairie en friche proche de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos, site où il notera une femelle en mai 2000, un mâle en juin 2002 et une femelle en août 2002. Il signalera également la capture d’une femelle, le 16/03/2007, dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, commune où K. Guerbaa avait mentionné la capture d’un couple dans la lande de Marcy, le 25/05/1999. Ce dernier avait également récolté un autre couple, deux jours auparavant, dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac. C’est aussi en Corrèze qu’E. Duffey capture au filet fauchoir un mâle et trois femelles, le 20/06/2008, dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, et que F. Lagarde note, en 2009, la présence de l’espèce dans la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les-Oussines. En Creuse, à l’exception de la capture d’une femelle par K. Guerbaa, le 15/05/1999, au lieudit La Forêt, à La-Celle-sous- Gouzon, toutes les autres mentions émanent de F. Lagarde, d’abord en 2006 : une femelle au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue, le 14/05, et, le même jour, un couple à La Gane, dans la commune de Royère-de-Vassivière, où il récolte deux femelles le 01/08, puis en 2009 où il renouvelle les observations de 2006 et cite en outre la présence de l’espèce dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), de Gentioux-Pigerolles (Pierre Fade, tourbière des Salles) et dans deux autre sites de Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, Combe Lépine).

Les Pholcidae

Cette famille qui, selon le catalogue international, compte, à cette date, quatre-vingt-dix genres pour mille-quatre-cent-seize espèces dans le monde, est représentée en France par cinq genres et dix espèces. En Limousin, seuls trois genres ont été notés, chacun pour une espèce. Ce sont des araignées haplogynes* qui ont en commun d’avoir de longues pattes souples qui les font ressembler à des opilions et les six yeux groupés en deux groupes de trois disposés latéralement à l’avant du prosoma*.

Pholcus phalangioides (Fuesslin, 1775) : des deux Pholcus présents en France, cette espèce est la seule observée jusque là en Limousin. C’est une araignée au corps fin qui tisse une toile en réseau irrégulier dans les encoignures des murs, à l’intérieur des bâtiments où l’on peut rencontrer des adultes toute l’année. Le mâle et la femelle mesurent de 6 à 10 mm de long et sont semblables d’aspect. Le bulbe du mâle se présente comme ceux des haplogynes* quoiqu’un peu plus complexe. La femelle porte dans ses chélicères son cocon dans lequel on peut aisément voir, à travers une fine enveloppe de soie, la vingtaine d’œufs qu’il contient. Cette espèce est très répandue et très commune partout en Limousin et le petit nombre de fiches où elle est mentionnée ne peut s’expliquer que par le sentiment éprouvé par les observateurs d’une certaine inutilité à relever ce qui leur semble une banalité. En l’occurrence, ce réflexe est regrettable pour deux raisons, d’abord, en ne signalant pas les Pholcus on considère sans en avoir la certitude qu’il s’agit de l’espèce P. phalangioides alors que l’espèce P. opilionoides pourrait être présente chez nous, ensuite parce que ce n’est pas le seul genre de Pholcidae à longues pattes souples et qu’on peut, par un examen trop distrait, et même si la taille est beaucoup plus petite et la forme de l’abdomen très différente, négliger un Psilochorus dans une cave sans s’y intéresser alors qu’il est beaucoup plus rare. Rendons donc justice à ceux qui nous ont communiqué des données. M. Cruveillier a saisi une première mention en Haute-Vienne, le 23/05/1997, deux femelles, au moulin de Teignac à Saint-Genest-sur-Roselle. Il a conservé un très beau spécimen de mâle capturé chez lui, le 06/061997, et assure en voir tous les jours plusieurs exemplaires dans son garage, dans sa maison, dans sa cave, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac. Le 01/06/2001, il note quatre femelles dans une ancienne étable à moutons, au siège du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, au Theil, dans la commune de Saint-Gence. Il note une femelle capturée par M. Barataud, le 08/09/2000, au Village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et, le 16/05/2009, il récolte une autre femelle parmi plusieurs observées dans les bâtiments du Centre Nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. Pour compléter les données de Haute- Vienne, notons que P. Tutelaers avait signalé la présence d’un individu, sans indication de sexe, au lieudit La Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre, le 02/06/2003. Les trois citations de Creuse proviennent de F. Leblanc : une femelle le 10/07/1997, à l’intérieur d’une maison, au Village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, une autre le 03/05/1998, au village de Champs, à Fransèches, et, le 19/03/2000, un mâle et deux femelles, au village de La Garrige, à Saint-Maurice-La-Souterraine. L’unique donnée de Corrèze est une femelle, capturée le 08/05/2010 par M. Cruveillier, dans le sous-sol de la station universitaire du Limousin, à Meymac, observation qui se répètera, mais sans récolte, les années suivantes.

Note de bas de page 97 :

ce qui fait dire à certains arachnologues qu’elle pourrait être d’origine américaine.

Note de bas de page 98 :

notre ami J.-C. Ledoux dit avec humour que cette araignée ne fréquente que les caves des arachnologues.

Psilochorus simoni (Berland, 1911) : cette espèce est la seule européenne d’un genre essentiellement américain97. C’est une petite araignée de 2 à 3 mm, avec les filières situées au- dessous d’un abdomen plus haut que long et de couleur délavée gris fumée avec une tache cardiaque d’un brun clair diffus. Dans les caves où elle se tient presque toujours98 et où elle peut être trouvée adulte vraisemblablement toute l’année, elle tisse une petite toile en forme de parapluie sous laquelle elle se tient comme les Linyphiidae. Elle est considérée comme rare par Heimer et Nentwig, ce à quoi nous souscrivons bien volontiers car elle n’est citée que trois fois chez nous. C’est F. Leblanc qui mentionne en premier une femelle, capturée le 30/12/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, en Creuse. La deuxième mention est un magnifique spécimen de mâle rapporté de sa cave par A. Cruveillier dans un panier de pommes, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, le 04/02/2011, et identifié par M. Cruveillier, lequel fut ravi de cette trouvaille. Il faut croire que cette espèce trouve sur les pommes des proies qui l’intéressent, car, le 20/11/2014, ce fut cette fois une femelle qui vint jusqu’à la cuisine dans un autre panier de pommes provenant de la même cave. Il reste maintenant à aller visiter des caves de Corrèze afin que chacun de nos départements puisse avoir son Psilochorus simoni.

Spermophorides elevata (Simon, 1873) : cette araignée, bien que légèrement plus petite que la précédente, pourrait aisément être confondue avec elle. Un premier indice est, qu’à l’inverse de celle-ci, elle ne se rencontre pas, ou accidentellement, dans les maisons. Mais il sera nécessaire pour bien les distinguer, d’observer non seulement les genitalia* mais aussi la taille et la position des dents sur la partie frontale des chélicères. Jusqu’à cette date, seule une femelle de cette espèce a été récoltée par M. Cruveillier, le 20/11/2014, parmi des feuilles mortes et des châtaignes tombées dans une allée empierrée, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Les Phrurolithidae

Phrurolithus festivus (C. L. Koch, 1835) : est une petite araignée de 2,2 à 3,2 mm, au prosoma* brun et quelques macules de soies blanches sur un abdomen gris noir. Les mâles de Phrurolithus présentent une apophyse tibiale latérale très développée, en forme de faucille, qui permet de reconnaître rapidement le genre. Nentwig & al. écrivent que cette espèce fréquente des milieux plutôt secs et ensoleillés. Il résulte de nos observations que si elle vit dans les débris organiques au sol, feuilles mortes, litières diverses, ou dans les strates basses des prairies ou les pelouses sèches des landes, elle fréquente aussi des milieux mésophiles et même des tourbières où elle est très fréquemment capturée dans des pièges au sol. Elle est répandue dans toute l’Europe et bien présente dans les trois départements du Limousin où, après que M. Cruveillier eut signalé, le 06/06/1998, le premier exemplaire en Haute-Venne, un mâle, dans des feuilles mortes au pied d’une haie vive au village de Chavagnac, à Meuzac, elle a encore été mentionnée, d’avril à la fin de l’été, dans trente-six autres fiches pour une centaine d’animaux identifiés, et d’abord, toujours par M. Cruveillier, trois fois encore dans la commune de Meuzac, dont un mâle le 21/06/2000, et deux autres le 26/04/2001, dans un verger abandonné de Chavagnac, et un dernier, le 15/07/2000, dans la Lande du Cluzeau. Dans la réserve nationale des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, trois mâles d’une récolte de juin 2000, par P. Durepaire, sont déterminés par E. Duffey et deux femelles d’une récolte d’août 2000, le sont par M. Cruveillier lequel note une autre femelle, le 20/07/2000, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. La mention, en 2009, par F. Lagarde, d’un individu de l’espèce à la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, termine l’inventaire de la Haute-Vienne. Pour la Corrèze, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note la capture d’une femelle, en mai 2002, dans une prairie en friche, et d’une autre, errant au sol dans un jardin, en juin 2002. C’est ensuite E. Duffey qui capture, le 02/05/2007, deux mâles dans la pelouse de son jardin du Dugnoux, à Altillac, puis, en 2009, F. Lagarde signale la présence de l’espèce, parfois en nombre approchant la dizaine, dans la commune de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Montgradis) et enfin aux Communaux et à la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les-Oussines, commune dans laquelle M. Cruveillier a déterminé, dans des récoltes de M. Lefrançois du 07/07/2011, dans le site de La Gane, un mâle dans une tourbière dégradée et deux autres dans un secteur de lande sèche. En Creuse, B. Le Péru note un mâle, le 25/05/2007, dans une prairie, en lisière de bois, prés de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, et M. Cruveillier récolte un autre mâle dans des débris végétaux rassemblés par les pluies dans un chemin, près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. Les autres citations de Creuse sont de F. Lagarde qui entre 2006 et 2009, mentionne la détermination d’une soixantaine d’individus de l’espèce, répartis dans quatre communes : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles, Les Prés neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles, et enfin à Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic).

Note de bas de page 99 :

L’espèce Phrurolithus nigrinus n’a pas été observée en Limousin à cette date.

Phrurolithus minimus C.L.Koch, 1839 : cette araignée, dont la distinction avec l’espèce P. nigrinus99 n’est pas sans difficulté, présente aussi beaucoup d’analogies avec la précédente : mêmes milieux, même période de maturité. B. Le Péru fit la première observation de cette espèce en juillet 1998, une femelle errant au sol dans un jardin à Saint- Etienne-aux-Clos, en Corrèze, observation qui se répéta en juin 2002. Outre ces deux mentions, une femelle a été notée par E. Duffey, le 13/05/2003, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis F. Lagarde, en 2009, cite l’espèce dans la commune de Meymac (tourbière de Ribière longue), de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux) et de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). En Creuse, à Lussat, une femelle a été observée, le 24/07/2000, à l’étang des Landes et une autre, le 07/08/2009, à l’étang de Tête de Bœuf, par M. Cruveillier. F. Lagarde complète les mentions pour ce département par des observations à Faux-la-Montagne (Les Avenaux, Clamouzat), à Gentioux-Pigerolles (Le Chalard, Lachaud, Piere Fade, Prés Neufs, Les Salles), à Gioux (Puy Chaud), à Royère-de-Vassivière (Les Chabannes, Croix de Fayaud, Grand Puy, Combe Lépine, La Mazure), à Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic), et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). En Haute- Vienne, E. Duffey cite une femelle qu’il détermine dans une des récoltes du mois de juillet 2000, de P. Durepaire, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et en mentionne une autre, le 03/05/2003, dans une prairie, à Bussière-Poitevine. Une femelle, récoltée par B. Duhem dans un verger abandonné de Chavagnac, à Meuzac, le 26/04/2001, lors d’un stage organisé par M. Cruveillier, clôt les citations de Haute-Vienne.

Les Pisauridae

Cette famille est représentée en France par deux genres, Dolomedes et Pisaura, avec chacun deux espèces. Une espèce de chaque genre a été observée en Limousin. Les araignées de cette famille présentent une disposition oculaire assez semblable à celle des Lycosidae mais leurs yeux médians postérieurs ne sont pas, comme chez les Lycosidae, nettement plus gros que les latéraux. En outre, les femelles n’accrochent pas leur cocon à leurs filières, mais le portent entre leurs chélicères et le fixent à des plantes qu’elles rapprochent par leurs extrémités avec des fils de soie de manière à réaliser un abri en forme de dôme qui est la toile pouponnière dans laquelle se fera l’éclosion des petits et le tout début de leur développement.

Note de bas de page 100 :

Il peut paraître surprenant de déclarer que seul l’examen des genitalia peut permettre de distinguer avec certitude l’espèce Dolomedes fimbriatus de D. plantarius, et, dans le même temps, d’accepter que l’on puisse identifier des immatures chez lesquels ces caractères ne sont justement pas observables. La seule explication qui peut être avancée est que le genre Dolomedes pouvant être déterminé facilement, même chez les immatures, et l’espèce D. plantarius n’ayant pas été observée en Limousin jusque là, il y a de très fortes probabilités pour que les jeunes qui y sont récoltés soient de l’espèce fimbriatus. Mais nous reconnaissons que ce raisonnement n’est pas complètement satisfaisant et que, si d’aventure nous découvrions Dolomedes plantarius en Limousin, ce qui serait une bonne nouvelle, les immatures du genre, y compris ceux des données antérieures ne pourraient être notés que Dolomedes sp. Certes, Pierre Bonnet, dans son « Etude des Dolomèdes d’Europe » (voir Bibliographie), donne quelques caractères distinctifs autres que les organes de reproduction, mais, outre qu’il dit lui-même que certains ne sont pas «nets et décisifs» il n’est pas du tout certain qu’ils puissent s’appliquer à des immatures surtout dans les premiers stades de développement.

Dolomedes fimbriatus (Clerck, 1757) : on reconnaît très facilement le genre de cette araignée des milieux humides, marais, tourbières, prairies humides, rives des eaux. Pour la distinguer de sa congénère, D. plantarius, beaucoup plus rare et réputée plus exigeante sur son milieu, il faut examiner avec soin les genitalia*. C’est une espèce de grande taille dont le mâle mesure de 10 à 15 mm, la femelle pouvant dépasser 2 cm. Elle présente presque toujours une bande blanche sur les côtés du céphalothorax et de l’abdomen, ce qui lui a sans doute valu son nom de fimbriatus, mais cette frange n’est pas nette chez certains individus. Elle est très commune en Limousin où l’on a observé des adultes durant le printemps et l’été et où elle figure dans soixante-cinq fiches d’inventaire pour trois-cent-dix-huit animaux identifiés. On s’en tiendra donc aux données les plus documentées par leurs auteurs. La première mention est un bel exemplaire de mâle capturé en Haute-Vienne par M. Cruveillier le 19/06/1996, au bord d’une mare permanente de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il cite l’espèce encore à trois reprises : deux femelles dans la lande tourbeuse de la Roubardie proche du hameau des Garaboeufs, le 05/06/1998, et une autre le même jour dans une prairie très humide, au Mas Gaudeix, puis, le 26/04/2001, un mâle au bord d’une flaque d’eau à nouveau aux Garaboeufs. Il cite également une femelle, le 11/07/2001, au bord d’une mare au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Toujours en Haute-Vienne, K. Guerbaa note une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile et un mâle en juillet 1998 dans les landes de Chenevières, à Pageas. Piet Tutelaers avait signalé la capture d’un mâle, le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où E. Duffey a récolté à vue un autre mâle dans un secteur très marécageux, le 22/05/2000. Ce dernier mentionne également trois récoltes au filet fauchoir au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : un mâle le 10/03/2000, une femelle le 24/05/2001 et une autre le 29/05/2004. Enfin F. Lagarde note cinq individus de l’espèce en septembre 2006 et cinq autres en 2009 dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château. La première fiche concernant la Corrèze cite l’observation, par O. Villepoux, de quatre femelles, dont une avec cocon, le 16/07/1998, au bord de gouilles pratiquées dans les tapis de sphaignes de la tourbière de La Ferrière, à Davignac, site où une autre femelle capturée le 13/08/1999, dans un piège à insectes au vinaigre, par L. Chabrol, est déterminée par K. Guerbaa lequel mentionne encore une femelle, le 25/05/1999, dans la tourbière de Marcy, à Saint-Merd-les Oussines. En 2000, dans une prairie très humide, en bordure de rivière, à Saint-Etienne-aux- Clos, B. Le Péru note une femelle en mai et un mâle en septembre. Dans la commune d’Altillac, tout au sud de la Corrèze, dans un piège disposé au bord d’une mare de son jardin du Dougnoux, E. Duffey capture un mâle le 25/05/2007 et un autre le 01/06/2008. Toujours en Corrèze, F. Lagarde cite la présence de l’espèce en 2009 dans la commune de Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), dans celle de Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), celle de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), celle de Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et celle de Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, dans des récoltes par piégeage de M. Lefrançois, de 2011, dans deux sites de Pérols-sur-Vézère, M. Cruveillier déterminera, pour celles réalisées dans le radeau à trèfle d’eau de La Gane, une femelle du 20/06 et deux mâles et deux femelles du 05/07, et pour celles réalisées dans la prairie tourbeuse d’Ars, un mâle du 27/06 et une femelle du 05/07. En Creuse, c’est F. Leblanc qui signale la première observation, en mai 1988, de deux mâles au bord de l’étang des Mouillères près de Chasselines, à Saint-Michel-de-Veisse. Puis c’est O. Villepoux qui, au cours de sa visite des tourbières limousines, note une femelle, le 17/07/1998, dans un vallon tourbeux des Ribières de Gladière, à Royère-de-Vassivière. Ensuite K. Guerbaa récolte un couple, le 05/05/1999, au lieudit La Forêt, dans la commune de La-Celle-sous-Gouzon. Il récolte une femelle ce même mois dans une flaque d’eau au bord de l’étang des Landes, à Lussat, commune où, le 09/07/2009, M. Cruveillier récoltera un très beau spécimen de femelle dans un secteur herbeux très humide en bordure de l’étang de Tête de Bœuf. Dans ses inventaires de 2006, F. Lagarde note l’espèce à cinq reprises dans la commune de Royère-de-Vassivière : un mâle, une femelle et deux immatures100 au Bois des Pialles le 14/05, et, le même jour, un autre immature à La Gane, un immature aux Ribières de Gladière le 26/07 et deux autres le 02/08, enfin trois autres immatures le 01/08 dans la tourbière de La Mazure. Toutes les autres mentions creusoises, nombreuses, émanent aussi de F. Lagarde qui nous a communiqué le nombre par site de ses identifications de l’espèce lors de sa campagne 2007-2009 mais malheureusement sans indication de sexe et sans précision de date ou de micro-milieu. Ces données concernent cinq communes : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles, La Gane) et Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic).

# Pisaura mirabilis (Clerck, 1757) : c’est une des premières araignées que les débutants apprennent à identifier, d’abord parce qu’on peut rencontrer des adultes à presque toutes les sorties d’été pour peu qu’on évolue dans un secteur à végétation basse à mi-haute, herbacée ou buissonnante, ensuite parce qu’elle est d’une bonne taille, de 10 à 13 mm pour les mâles et de 12 à 15 pour les femelles, et enfin grâce à divers autres éléments comme la bande médiane brune de son céphalothorax partagée en son milieu par une fine ligne blanche ou encore les deux « fuseaux » clairs très visibles quand on l’observe en vue frontale. Tous les naturalistes ayant participé à cette étude l’ont notée de nombreuses fois puisqu’elle apparaît dans quatre- vingt-quatorze fiches d’inventaire pour cent-cinq animaux identifiés dans près de quatre- vingts sites, sans compter tous ceux qui sont signalés dans les observations sans avoir été prélevés. La première donnée enregistrée est un mâle subadulte récolté en Haute-Vienne, le 06/04/1996, par M. Cruveillier, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il la cite encore dans six inventaires : un mâle et quatre femelles, dont trois avec cocon, le 06/06/1997, dans un verger abandonné du village de Chavagnac, une femelle immature, le 06/09/1997, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, un mâle et trois femelles, le 14/08/1998, dans la prairie tourbeuse de La Roubardie proche du hameau des Garabœufs, deux mâles et trois femelles, le 24/04/2001, tous immatures et remis en liberté, dans les orties d’un milieu rudéralisé à la Basse Roche, douze femelles avec leur toile pouponnière (non récoltées) dans la Lande du Cluzeau, le 24/06/2001, et enfin, une femelle immature, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau, le 29/09/2006. Il mentionne également une femelle récoltée dans une prairie de fauche, le 27/04/1997, au bord de la Roselle, près du moulin de Teignac à Saint-Genest-sur Roselle, puis, le 22/06/2003, une autre femelle dans la lande de la Butte de Frochet à Bussière-Boffy, et, le 16/05/2009, plusieurs individus sont observés, dont une femelle est prélevée, au cours d’une séance d’initiation, au Centre Nature La Loutre, à Verneuil-su- Vienne. Dans cette même commune, K. Guerbaa, dont on verra qu’il aura été un grand pourvoyeur de données sur cette espèce, avait déterminé une femelle, récoltée le 23/05/1999 par O. Dom, dans une prairie humide de La Boilerie au bord de la Vienne. Il communique encore sept autres inventaires pour la Haute-Vienne, la plupart du temps en laissant sur place les animaux après identification : une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile, trois mâles et dix femelles en juillet 1998 et une autre femelle en juillet 1999 dans la lande de Chenevières, à Pageas, neuf femelles surveillant leur pouponnière en mai 1999 dans la lande de La Martinie, à Champagnac-la-Rivière, une femelle, le 12/05/2009, dans la tourbière de Mallety et une autre, le 20/05/2009, à la Ribière du Goulet, dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne, enfin, le 03/06/2010, une femelle dans la tourbière de Chanteribière, à Bersac-sur-Rivalier. La Haute-Vienne est encore concernée par treize autres inventaires que se partagent F. Leblanc, E. Duffey, F. Lagarde pour respectivement quatre, trois et deux fiches, et N. Larchevêque, J.-C. Ledoux, H. Guillien et P. Tutelaers, pour une fiche chacun. Le premier mentionne cinq mâles et cinq femelles, tous immatures dans la végétation herbacée de bord de route au village du Theil, à Saint-Gence, puis un mâle et une femelle adultes, le 29/05/1999, dans des conditions analogues près de la chapelle d’Arliquet, à Aixe-sur-Vienne, puis, le 06/05/2000, une femelle dans une zone herbeuse de La Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre, et enfin une femelle, le 06/06/2000, dans un jardin potager de Lardimache, à La-Chapelle-Montbrandeix. E. Duffey capture dans une prairie de fauche, une femelle le 11/07/1998 et un mâle, le 03/05/2003, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine et détermine un mâle capturé par piégeage par P. Durepaire en juin 2000 dans un secteur de lande sèche de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la Montagne. Dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, F. Lagarde cite deux immatures en septembre 2006 et deux exemplaires de l’espèce en 2009. Au cours d’un stage d’avril 2001, à Meuzac, J.-C. Ledoux identifie un mâle et une femelle capturés dans un piège à insectes, au Pont Romain de Saint-Léger-la-Montagne, par E. Mourioux, le 05/05/2000, et N. Larchevêque identifie un mâle, capturé également par E. Mourioux, au bord de la Gartempe, au viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles. Pour clore la liste de Haute-Vienne, P. Tutelaers avait signalé un mâle de la tourbière des Dauges le 21/05/1999, et le 25/05/2009, H. Guillien récoltait une femelle, parmi les nombreuses présentes, dans une friche au lieudit Chez Fringant, à Saint-Hilaire-Bonneval. En Corrèze, la première citation émane de B. Le Péru qui, à Saint-Etienne-aux-Clos, récolte deux femelles en mai 1997 dans une prairie en friche, puis un mâle en juin 2002 dans l’herbe de son jardin. Ailleurs, dans une zone à Trichophorum de la tourbière de La Ferrière, à Davignac, O. Villepoux récolte une femelle le 17/07/1998, suivi par K. Gerbaa qui cite une femelle, le 28/07/1999, au Dolmen, dans la vallée de la Vézère, à Espartignac, puis une autre, le 02/08/1999, dans une prairie tourbeuse à l’est de Chez Serre, à Viam, et une troisième, le 03/08/1999, dans la lande de Marcy à Saint-Merd- les-Oussines. M. Barataud note, le 01/06/2000, une femelle avec cocon, non récoltée, sur la Côte pelée de Chasteaux, commune où M. Cruveillier, dans une prairie proche de la station de pompage du Soulier, note un très grand mâle adulte, le 02/06/2002, et y observe deux mâles subadultes le 15/04/2006. Il cite encore une femelle, le 18/05/2002, dans une prairie de Feyt, trois mâles et une autre femelle, le 09/05/2010, dans un fossé du bois de Roc Grand, à Liginiac et trois femelles dans la mégaphorbiaie de Lissac, à saint-Merd-les-Oussines. Dans son jardin du Dougnoux à Altillac, E. Duffey récolte une femelle le 01/06/2008 et F. Lagarde signale la présence de l’espèce en 2009 dans neuf sites sur cinq communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, dans des récoltes réalisées par piégeage en 2011 par M. Lefrançois, sont déterminés par M. Cruveillier : un mâle du 27/06 et un autre avec une femelle du 12/07 dans la lande d’Ars à Pérols-sur-Vézère et, dans la lande de la Font Clare, à Saint-Merd-les- Oussines, un mâle du 23/06 et une femelle du 07/07. F. Leblanc cite la première observation de Creuse, deux mâles et quatre femelles le 10/07/1998 au village de Pétillat, à Saint-Sulpice- les-Champs, puis la même récolte en mai 1998 à l’étang des Mouillères à Saint-Michel-de- Veisse. Suit une série de six fiches de mars 1999 où il note plusieurs observations de bord de route, avec cinq mâles et cinq femelles à chaque fois, tous immatures : à La Chassagnade, commune de Sannat le 15, ainsi qu’à Reterre, le 17 à Mergoux, commune de Saint-Marc-à- Frongier, et le 30 près du village du Fraisse, à Fontanières. Le 16, c’est deux mâles et deux femelles immatures au Puy Boube de Saint-Alpinien, et, le 19, deux mâles immatures près de La Garrige, à Saint-Maurice-La-Souterraine. O. Villepoux récolte une femelle, le 17/07/1998, dans une butte de callune, dans un vallon tourbeux, aux Ribières de Gladière, à Royère-de- Vassivière, commune où l’espèce sera citée par F. Lagarde une fois, le 14/05/2006, un immature identifiable, au Bois des Pialles, puis sept autres fois en 2009, dont une fois à nouveau au Bois des Pialles et aux Ribières de Gladière, mais aussi dans les sites de Croix de Fayaud, tourbière des Chabannes, Combe Lépine, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure. K. Guerbaa mentionne une femelle, le 15/05/1999, au lieudit La Forêt, à La-Celle- sous-Gouzon et une autre femelle ce même mois au Genévrier, à Lussat, où M. Cruveillier observera un mâle et dix femelles le 18/06/2000. Ce dernier notera également, le 18/05/2009, quatre femelles dans une zone d’herbes mi-hautes au bord de l’étang de Tête de Bœuf, dans cette même commune. Au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, B. Le Péru capture un mâle le 25/05/2007. Enfin, en 2009, F. Lagarde mentionnera à nouveau l’espèce dans la plupart des tourbières et landes de la partie creusoise du Plateau de Millevaches, dans les communes de Faux-la-Montagne, de Gentioux-Pigerolles, de Gioux, de Saint-Pardoux-Morterolles et de Saint-Pierre-Bellevue. (voir illustrations page 334).

Les Salticidae

Note de bas de page 101 :

hors départements, territoires et collectivités d’outre-mer.

Avec six-cents genres et cinq-mille-sept-cent-cinquante-cinq espèces décrites à la fin de 2014, les Salticidae forment la famille d’araignées la plus nombreuse au monde. Elle totalise cent-cinquante-neuf espèces actuellement en France101 dont quarante ont été observées en Limousin à cette date. C’est l’une des familles les plus faciles à reconnaître notamment par la disposition et la taille des yeux, tous noirs, et dont les antérieurs sont très gros, surtout les médians. Les postérieurs sont assez petits, notamment les médians souvent à peine perceptibles et les latéraux sont situés au-dessus et très en arrière d’un céphalothorax de forme presque rectangulaire. Ce sont des araignées actives le jour et c’est parce qu’elles sautent sur leurs proies et qu’elles se déplacent souvent par sauts qu’elles sont connues partout sous le nom d’araignées sauteuses.

Note de bas de page 102 :

outre A. v-insignitus, on note Aelurillus luctuosus (Lucas, 1846) qui est une espèce méridionale présente en Corse et A. v-insignitus morulus (Simon 1937) que certains considèrent comme la forme noire d’A. v-insignitus mais qui est retenue comme sous-espèce dans le catalogue international.

Aelurillus v-insignitus (Clerck, 1757) : le genre Aelurillus est représenté en France par deux espèces et une sous-espèce102. Seule espèce du genre ayant été observée en Limousin à cette date, A. v-insignitus doit son nom au « U » renversé formé de soies claires à l’avant du céphalothorax noir, ou gris très foncé, du mâle. Ce motif est peu perceptible chez la femelle qui est de coloration plus claire. Cette dernière peut atteindre 7 mm, le mâle mesurant entre 4 et 5 mm. Ils sont l’un et l’autre adultes du début du printemps à l’automne et évoluent dans des milieux plutôt ensoleillés, pierreux ou sablonneux, comme les landes ou certaines forêts de résineux. L’espèce n’a été citée qu’en Corrèze et d’abord par B. Le Péru, dans les allées sableuses de son jardin de la Gare de Savennes, à Saint-Etienne-aux-Clos où il note une femelle en mars 1997 puis une autre en juin de la même année, un couple en juin 1998, une femelle en mai 1999 et une autre en juin 2000. De son côté, F. Lagarde signale une capture par piégeage d’une araignée de cette espèce en 2009 dans le site de Marcy à Saint-Merd-les- Oussines. Au mois de mai 2014, lors d’une visite d’A. Canard et de M. Cruveillier dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, plusieurs individus, mâles et femelles, de cette espèce ont été observés dans les pelouses écorchées mais aucun n’a été capturé.

Ballus chalybeius (Walckenaer, 1802) : des quatre espèces de ce genre connues en France, B. chalybeius est la seule actuellement observée en Limousin. Cette araignée d’allure courtaude qui se déplace avec une certaine lenteur et ne saute pratiquement pas, semble affectionner les taillis de chênes à exposition ensoleillée sans pour autant en faire une exclusivité. Les pattes avant du mâle ont la même couleur sombre que le corps et sont beaucoup plus grosses que les autres qui sont claires et annelées. Il mesure de 3 à 4 mm. La femelle, qui se reconnaît aux tarses clairs de ses pédipalpes, peut atteindre 5 mm. L’un et l’autre peuvent être rencontrés adultes du milieu du printemps à la fin de l’été. Les quatorze animaux de cette espèce identifiés chez nous à cette date figurent dans douze inventaires très inégalement répartis sur nos trois départements : une seule fiche en Corrèze, deux en Creuse et neuf en Haute-Vienne où la première mention est une femelle, observée le 16/08/1995, par M. Cruveillier dans une maison de campagne en bordure de forêt, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. Il récolte un couple dans les branches basses d’un tallis de chênes de ce même village, le 20/07/1998, et un mâle, le 15/04/2000, par battage de branches sur de jeunes pousses de chêne dans une lisière de la forêt de Meuzac. A l’exception de deux mâles cités par P. Tutelaers, le 21/05/1999, dans la végétation de rive du ruisseau des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, les autres mentions de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui capture une femelle au filet fauchoir le 23/05/2000, sur un genévrier, dans la partie forestière de ce même site, puis récolte un mâle le 29/04/2000 dans des buissons, au bord d’un étang à Rancon, et, dans une haie du village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, une femelle le 17/07/2000, une autre le 30/05/2002, et une troisième le 29/04/2003. C’est également lui qui capture par ce procédé, le 18/06/2003, l’unique femelle notée en Corrèze, dans des arbustes bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix. En Creuse, un mâle est récolté par M. Cruveillier sur les branches basses d’un épicéa, le 18/05/2009, en bordure de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat et un individu de l’espèce est cité par F. Lagarde en 2009, à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles.

Note de bas de page 103 :

celui-ci a également observé une cinquième femelle qui n’a pu être affectée à une localité précise dans la mesure où elle se trouvait, avec trois autres araignées d’espèces différentes, dans une de ces petites « poteries » en terre construites par certaines guêpes solitaires, comme celles du genre Sceliphron, lesquelles les y enferment, après y avoir pondu, pour servir de nourriture à leurs larves.

Carrhotus xanthogramma (Latreille, 1819) : seule araignée paléarctique* d’un genre dont la plupart des espèces vivent en Asie, C. xanthogramma est une assez grande salticide puisque la femelle peut atteindre 9 mm, le mâle mesurant de 5 à 7 mm. Ce dernier, que nous avons pu observer ailleurs qu’en Limousin, présente un céphalothorax noir ou gris très foncé, ainsi que les pattes. C’est la teinte fauve rougeâtre du dessus de son abdomen qui a valu le nom à l’espèce. La femelle est de coloration générale bien plus claire et la nuance fauve beaucoup moins accentuée. L’un et l’autre sont densément recouverts de soies. E. Duffey capture la première femelle au filet fauchoir, le 28/05/2000, dans une haie bien exposée, au village de chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, et, le 12/05/2007, une autre dans une touffe de lilas de son jardin du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze. Pour la Creuse, deux femelles sont récoltées, le 07/08/2009, sur des troncs de chênes, dans un taillis bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat par M. Cruveillier103 qui récoltera un mâle, le 27/05/2012, sur un tronc de pommier, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Dendryphantes rudis (Sundevall, 1833) : comme son nom de genre le laisse entendre cette araignée vit sur les arbres, assez souvent sur des résineux. Le mâle, au prosoma noir et recouvert de soies brunes, mesure environ 4,5 mm et la femelle peut atteindre 7 mm. Cette dernière fixe souvent à l'extrémité des branches de conifères son cocon auprès duquel elle reste vigilante. L’espèce est présente dans nos trois départements où elle est mentionnée dans dix fiches d’inventaire pour seize identifications, les observations étant réparties sur les mois d’avril à août. La première mention est une femelle récoltée en Haute-Vienne par battage des branches d’un genévrier, le 05/05/1998, par M. Cruveillier, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, observation qui se répètera en ce même lieu, le 24/04/2001. Auparavant il avait récolté, en juillet 2000, par une méthode analogue, dans les branches basses d’un pin sylvestre de la forêt de Meuzac, une autre femelle qui n’avait pas abandonné, lors de sa chute sur la toile, la mouche qu’elle avait capturée. Il récolte un mâle, le 09/06/2001, au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran, en Corrèze, département où il capturera une femelle dans une lisière de conifères de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, le 07/05/2011. Les trois autres mentions de Corrèze proviennent d’E. Duffey qui récolte une femelle au filet fauchoir, le 28/06/2002, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et, en ce même lieu, un mâle par battage de branches basses, le 13/05/2003, puis, dans sa chambre à coucher du Dougnoux, à Altillac, un autre mâle, le 08/05/2005. Les deux fiches de Creuse proviennent de F. Lagarde qui capture deux mâles et deux femelles au filet fauchoir, le 01/08/2006, dans une bordure boisée de la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, site où il mentionnera quatre autres captures en 2009.

Euophrys frontalis (Walckenaer, 1802) : la faune de France compte vingt espèces de ce genre dont seulement deux ont été observées jusque là dans notre région. A première vue, E. frontalis, qui mesure de 2 à 3 mm pour le mâle et de 3 à 4 pour la femelle, n’est pas sans présenter quelque analogie avec Saitis barbipes sans pour autant qu’il y ait de risque de confondre les deux espèces. Les pattes I du mâle, sombres, plus grosses que les autres et terminées par un tarse abondamment couvert de soies blanches, sont assez semblables aux pattes III du mâle de S. barbipes et on constate que c’est justement ces pattes-là que les deux mâles lèvent et agitent en tous sens dans leurs évolutions de parade. Les femelles des deux espèces présentent, quant à elles, un abdomen clair avec une ponctuation brune presque identique, et leurs épigynes sont également assez proches. Nos récoltes d’animaux adultes vont de mars à juillet pour les mâles et jusqu’en octobre pour les femelles, le plus grand nombre d’observations se situant en juin. On les rencontre aussi bien en milieu ouvert que boisé, à la base de la végétation, dans la litière, dans des débris végétaux, parfois sous les pierres. L’espèce est présente dans nos trois départements où elle apparaît dans vingt-deux fiches d’inventaire pour quarante-huit identifications. Comme elle évolue près du sol, elle est assez souvent capturée dans les pièges Barber. La première donnée est une femelle récoltée en Haute-Vienne, le 20/06/1996, par M. Cruveillier, sous un caillou, dans un secteur de lande sèche du Cluzeau, à Meuzac, site où il capture un couple en juillet 2000 et, dans cette même commune, un mâle, le 06/06/1997, dans la litière d’un bois de châtaigniers au village de Chavagnac. Deux citations d’E. Duffey closent l’inventaire de Haute-Vienne : une femelle, en mai 1999, dans une prairie d’herbe mi-haute au village de Chez-Gouillard, à Bussière- Poitevine, et un couple capturé dans un piège Barber par P. Durepaire, en juin 2000, dans un secteur de lande sèche de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, cite une femelle en octobre 1997 dans une prairie en friche, puis une autre en mai 2000, errant sur un mur de jardin, une autre en mars 2001, dans la mousse, au sol, dans une prairie en friche où il récoltera un mâle en mai 2002, enfin, ce même mois, un autre mâle sous une haie de résineux. Toujours en Corrèze, F. Lagarde cite deux identifications de l’espèce dans la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les-Oussines et une dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. C’est de lui que proviennent toutes les citations de Creuse, en 2009. Elles concernent les communes de Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade, Les Près Neufs), de Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles), de Saint-Pardoux- Morterolles (Ruisseau du Pic) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Euophrys herbigrada (Simon, 1871) : cette araignée, dont le mâle a le corps noir et l’abdomen densément recouvert de soies fauves ou blanches mélangées, et mesure de 2,5 mm à 3 mm, et dont la femelle, qui peut en atteindre 4, pourrait être confondue avec la précédente, tant les épigynes sont semblables, est beaucoup moins citée que cette dernière. Deux critères permettent pourtant de bien les distinguer : l’apophyse tibiale* pour les mâles et le dessin formé par les soies du bandeau* pour les femelles. Elle n’a pas été notée pour le moment en Corrèze où rien ne semble s’opposer à sa présence, les deux autres départements se partageant les huit fiches d’inventaire pour neuf déterminations, toutes des femelles. C’est de Haute- Vienne que vient la première citation, par M. Cruveillier, qui récolte un beau spécimen, le 06/06/1997, le long d’une haie de prairie sèche au village de Chavagnac, à Meuzac, site où il notera encore deux femelles, le 28/04/2001. Il avait au préalable récolté la seconde femelle, le 03/06/2000, en secouant sur une nappe une poignée d’herbes sèches d’une prairie du village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Il note également, le 22/06/2011, une femelle dans une bordure herbeuse d’un chemin conduisant à la tourbière des Dauges, à Saint-léger-la-Montagne, site où, le 29/06/2001, E. Duffey récoltera une autre femelle dans des sphaignes asséchées. Ce dernier avait également capturé une femelle en mai 1999 en battant les branches d’une haie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Creuse, M. Cruveillier récolte une femelle dans l’herbe d’une prairie mésophile au lieudit Le Genévrier, près de l’étang des Landes, à Lussat et F. Lagarde signale la capture par piège d’une femelle, le 03/07/2007, dans « des buttes à buissons de Callune prostrée » (code CORINE 51.1131), dans la tourbière du Bois des Pialles, près d’Orladeix, à Royère-de-Vassivière.

# Evarcha arcuata (Clerck, 1757) : des cinq espèces de ce genre présentes en France, trois ont été observées en Limousin à cette date, E. arcuata étant de très loin la plus abondante des trois puis qu’elle figure dans quatre-vingt-six fiches d’inventaire pour deux-cent-vingt- huit animaux déterminés. Le mâle, de coloration générale presque noire à l’exception des tarses et métatarses, mesure de 5 à 6 mm. Les arachnologues habitués le reconnaissent assez vite, notamment à la double rangée de soies blanches de son bandeau.* La femelle, qui peut atteindre 8 mm, est de coloration beaucoup plus claire où dominent le beige et le marron, avec des chevrons bien perceptibles sur l’abdomen. C’est une espèce des landes, friches herbacées, le plus souvent humides, où elle peut être rencontrée adulte du milieu du printemps à la fin de l’été. En Haute-Vienne, où les données sont les plus nombreuses, la première observation est enregistrée, le 17/09/1996, par M. Cruveillier, un mâle et deux femelles, dans un secteur humide de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il citera encore l’espèce dans huit inventaires : une femelle, le 20/05/1997, dans la mégaphorbiaie de la Celle du Cluzeau, un couple, 25/05/1997, dans la lande tourbeuse de La Roubardie, un autre, le 07/06/1998, dans une prairie humide en friche longeant le ruisseau des Baraques, un mâle dans une prairie dégradée évoluant vers une lande à bruyères, le 15/09/1999, aux Fontenelles de Chavagnac, un autre, le 21/06/2000, dans les hautes herbes d’un verger abandonné proche du village de Chavagnac, site où, le 26/04/2001 il notera trois femelles et un mâle, puis, à nouveau à la Celle du Cluzeau, une superbe femelle, le 28/09/2006. Il identifie également, dans des récoltes d’H. Guillien, un mâle, capturé le 29/05/2008, dans une friche de Richebourg, à Pierre- Buffière et deux femelles, du 18/06/2008, à la Villa d’Antonne, dans cette même commune, un couple, le 20/06/2008, dans une prairie des Vareilles, à Vicq-sur-Breuilh et, le 30/05/2000, une femelle dans une friche de Chez Fringant, à Saint-Hilaire-Bonneval. La commune de Saint-Léger-la-Montagne, fait l’objet de huit fiches d’inventaire dont une mentionne une femelle récoltée au Pont Romain par E. Mourioux, le 05/05/2000, dans un piège à carabes, et identifiée par J.-C. Ledoux. Les sept autres fiches concernent la tourbière des Dauges, dont trois mâles le 21/05/1999 par P. Tutelaers, le long du ruisseau des Dauges, un mâle, le 10/10/1999, dans un touradon de molinie, par F. Leblanc, et cinq mentions d’E. Duffey : un mâle et deux femelles, le 23/05/2000, un mâle et une femelle dans une récolte par piégeage de P. Durepaire de juin 2000, un couple, le 19/07/2000, cinq femelles, le 30/05/2003, et une autre, le 29/06/2004, dans les joncs et la molinie d’une zone paratourbeuse. Sept autres communes de Haute-Vienne se trouvent nommées dans onze autres fiches : Saint-Bazile, où K. Guerbaa observe une femelle dans la lande des Tuileries en juillet 1997, Sauviat-sur-Vige où M. Barataud cite un mâle au bord de l’étang de Vallégeas, le 06/09/1998, Champagnac-la- Rivière où, en mai 1999, K. Guerbaa note une femelle dans la lande de La Martinie, La- Chapelle-Montbrandeix où un mâle est récolté par F. Leblanc, le 06/06/2000, dans un potager à Lardimache, Bussière-Poitevine où, dans la végétation de bordure de sa propriété de Chez Gouillard, E. Duffey récoltera au filet fauchoir une femelle, le 14/06/1998, un couple le 30/04/2000, et, dans les herbes humides du bord de son étang, trois femelles, le 22/05/2003, et un couple, le 19/07/2003, Rancon où il capture un mâle dans la végétation de rive d’un étang, le 29/04/2000, et enfin Peyrat-le-Château où F. Lagarde capture deux femelles, dans la tourbière de Bac à la Cube, en septembre 2006 et note deux autres déterminations de l’espèce en 2009. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, à Saint-Etienne-aux-Clos, cite trois femelles dans une prairie en friche, respectivement en mai, juin et août 1997, puis, en 1998, une femelle en mai dans ce même milieu, un mâle errant au sol dans un jardin en juin et un autre, en septembre, à nouveau dans la friche. En mai 2000, il note un mâle errant sur un mur et une femelle, « à 0,5 m du sol » dans cette prairie en friche, site où il notera un mâle en août 2001 et un autre en septembre. M. Barataud mentionne un mâle, le 08/09/2000, dans la tourbière du Quart du Roi, à Benayes et, dans la commune de Chenailler-Mascheix, E. Duffey récolte également un mâle, le 13/06/2002, au bord du chemin d’accès à la lande de Bettu, puis une femelle en ce même lieu, le 18/06/2003, ainsi qu’un autre mâle, au filet fauchoir, dans la bruyère de la lande. Il notera une femelle, le 17/05/2006, dans une prairie en friche du Dougnoux, à Altillac et une autre dans une zone d’herbe sèche du Puy Turlau, à Végennes. Plus tard, F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce en 2009 dans quatre autres communes : à Meymac (tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade ( Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, pour clore l’inventaire de la Corrèze, M. Cruveillier note quatre femelles, le 09/05/2010, dans de la végétation assez haute en lisière des Bois de Roc Grand, à Liginiac, et détermine une femelle dans une récolte de M. Lefrançois, réalisée dans un radeau à trèfle d’eau de La Gane, à Pérols-sur-Vézère , le 05/07/2001. Les premières citations de Creuse émanent de F. Leblanc qui cite d’abord trois couples : un le 16/07/1997, à Saint-Georges-la-Pouge, un le 12/07/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs et un autre le 20/07/1999, dans la mégaphorbiaie des Ecurettes, à Chavanat, puis, un mâle, le 19/03/2000, à La Garrige, à Saint-Maurice-La-Souterraine. Le 18/06/2000, M. Cruveillier capture une femelle dans une bordure broussailleuse au hameau du Genévrier, à Lussat et, au cours de 2006, F. Lagarde réalise d’intéressantes récoltes au filet fauchoir, d’abord dans la commune de Saint-Pierre-Bellevue où il capture un couple au Ruisseau de Beauvais le 14 mai, mais surtout dans la commune de Royère-de-Vassivière où, ce même jour il récolte deux mâles au Bois des Pialles et cinq mâles et trois femelles à La Gane, puis, le 26 juillet, une femelle par piégeage aux Ribières de Gladière où il en récoltera deux autres le 2 août. La veille il avait récolté treize mâles et huit femelles dans la tourbière de La Mazure. B. Le Péru signale la capture d’un mâle près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, le 25/05/2007, et, dans les inventaires de 2009 de F. Lagarde on trouve des déterminations de l’espèce dans cinq communes creusoises du Plateau de Millevaches : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, et, à nouveau, Bois des Pialles, Ribières de Gladière, tourbière de La Mazure), Saint-Pardoux-Morterolles (Ruisseau du Pic) et enfin, à nouveau au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue. Il s’agit donc de l’espèce de Salticidae la plus commune en Limousin et une de celles dont le mâle est identifiable à vue, pour autant qu’on l’observe en vue frontale.

Note de bas de page 104 :

La famille des Salticidae ne fut créée qu’en 1841 par Blackwall, soit près d’un siécle après la description par Clerck, en 1757, de cette araignée comme de la précédente qui reçurent les noms d’Araneus arcuatus (Araignée courbée en forme d’arc) pour l’une et d’Araneus falcatus (Araignée courbée en forme de faux) pour l’autre. Beaucoup d’autres genres de Salticidae présentent cet aspect un peu voûté qui n’est donc en rien l’exclusivité des Evarcha dont le genre ne fut décrit par E. Simon qu’en 1902.

# Evarcha falcata104 (Clerck, 1757) : sensiblement de la même taille que l’espèce précédente, cette araignée s’en distingue par son aspect extérieur. Le mâle présente une frange de soies claires autour du céphalothorax, passant au dessus des yeux antérieurs et une autre autour de l’abdomen. La tonalité générale peut être plus ou moins sombre et le motif apparaissant sur l’abdomen assez variable. La femelle présente souvent une bande de soies fauves, donc plus foncées que chez les autres Evarcha, en forme d’accolade transverse sur le céphalothorax, bordant l’arrière de la partie céphalique sombre. Ils sont l’un et l’autre matures au printemps et en été et peuvent se rencontrer dans la végétation herbacée ou buissonnante ou les branches basses des arbres, dans des milieux assez divers. Bien que présente dans nos trois départements, cette espèce y semble beaucoup moins commune puisqu’elle n’apparaît que dans sept fiches d’inventaire pour huit animaux identifiés. C’est en Haute-Vienne que la première femelle est récoltée à vue le 18/07/1996, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel en cite une autre le 20/05/1997 dans la même commune, dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. L’observation de deux femelles dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, le 21/05/1999, par P. Tutelaers, termine l’inventaire de ce département. La seule mention pour la Creuse est un très beau spécimen de mâle, récolté par M. Cruveillier, le 31/07/2009, dans les branches basses d’un épicéa, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. En Corrèze, B. Le Péru cite une femelle, capturée en mai 2002, dans une prairie en friche de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, et F. Lagarde détermine, en 2009, un individu de l’espèce aux Communaux, à Saint-Merd-les-Oussines, et un autre dans la tourbière du Rebourzeix, dans cette même commune. Enfin M. Cruveillier identifie un mâle récolté par C. Renaux, le 14/05/2013, dans la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat.

Evarcha laetabunda (C. L. Koch, 1846) : ceux qui observent régulièrement les salticides ne sont pas surpris par cette épithète de laetabunda, qui signifie joyeuse, qui s’amuse, et dont C. L. Koch avait gratifié cette araignée. L’air espiègle que leur donnent leurs gros yeux médians antérieurs et leurs mouvements entrecoupés de sauts et de brusques changements de direction, laissent l’impression qu’elles sont toujours en train de jouer. Nos Evarcha ont un « air de famille ». Elles ont toutes, sauf certains mâles d’E. arcuata, un motif de soies claires, tantôt en forme de croissant tantôt en forme d’accolade plus ou moins épaisse, à l’arrière de la zone céphalique sombre, et le recours aux genitalia* pour leur identification est nécessaire. E. laetabunda, qui semble préférer les endroits ensoleillés, où on la rencontre adulte du milieu du printemps à la fin de l’été, dans la végétation basse herbacée ou buissonnante, est un peu plus petite que les deux précédentes et, bien qu’ayant été observée dans nos trois départements, elle n’y est certainement pas très abondante puisqu’elle n’y est citée que cinq fois. La première mention, et la seule de Haute-Vienne, est celle d’une femelle capturée au filet fauchoir, le 25/04/2000, par E. Duffey, dans une prairie de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Celui-ci capture en Corrèze, dans la bruyère de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, deux femelles en 2003, respectivement le 13/05 et le 18/06. Une troisième capture dans ce département est mentionnée, en 2009, aux Communaux de Saint- Merd-les-Oussines, par F. Lagarde lequel est également l’auteur, en 2009, de la seule citation de l’espèce en Creuse, dans la tourbière des Salles, à Gentioux-Pigerolles.

Note de bas de page 105 :

cité sans indication de date par E. Simon dans le tome VI des Arachnides de France, p.1249.

Heliophanus auratus C. L. Koch, 1835 : des quinze espèces de ce genre répertoriées en France, six seulement ont été notées en Limousin à cette date et leur représentation y est très inégale. Ce sont des araignées dont le corps est de couleur générale sombre, presque noire avec des reflets métalliques et souvent une frange de soies blanches en forme de fer à cheval au-dessus et à l’avant de l’abdomen. H. auratus correspond à ce portrait. Leurs pattes, comme leurs pédipalpes, sont généralement d’une couleur claire où le jaune intervient fréquemment. Les mâles adultes de ce genre présentent sur le fémur une robuste apophyse, bifide chez beaucoup d’espèces, ce qui est le cas chez Heliophanus auratus. Cette espèce, mature durant l’été, et dont la femelle mesure environ 5 mm, le mâle étant légèrement plus petit, avait déjà été observée par d'Orbigny dans la région de Limoges105. Elle a été retrouvée en Haute- Vienne, par M. Cruveillier qui a capturé un mâle de 4 mm, le 10/08/2009, sur une plage très ensoleillée de gros galets, sur la rive gauche de la Vienne, justement à Limoges. Il identifiera une femelle de 5 mm, dans une récolte de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une prairie paratourbeuse à Jonc acutiflore, au bord du ruisseau d’Ars, dans la commune de Pérols-sur- Vézère. L’espèce n’a pas été citée de Creuse à cette date.

Note de bas de page 106 :

important site à chiroptères géré par le Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin qui en est propriétaire.

Note de bas de page 107 :

le lac de Sèchemailles est à cheval sur les communes d’Ambrugeat et de Meymac, en Corrèze

Heliophanus cupreus (Walckenaer, 1802) : la femelle de cette araignée pourrait être confondue, par une observation un peu hâtive, avec celle d’ H. flavipes, à cause des pédipalpes de couleur jaune chez l’une et l’autre. Mais l’examen des pattes, plus sombres chez H. cupreus, devrait déjà dissiper les doutes. Le mâle, dont les pédipalpes sont noirs, s’en distingue aisément par l’apophyse fémorale pointue, comme chez H. dampfi et H. dubius, et non bifide comme chez les trois autres. Le mâle de cette espèce mesure environ 4 mm et la femelle 5,5. Les deux sont adultes du début du printemps à la fin de l’été et évoluent à la base de la végétation basse dans divers types d’habitats. Sans être abondante, elle est présente dans les trois départements du Limousin où elle a fait l’objet de vingt-sept fiches d’inventaire pour trente-six animaux identifiés. La première mention est celle d’une femelle récoltée en juillet 1997 par F. Leblanc à l’étang des Mouillères, près de Chasselines, dans la commune de Saint- Michel-de-Veisse, en Creuse, département où il mentionne un mâle près du Canal de l’Ermite à l’étang des Landes, à Lussat, le 10/08/1997, et où F. Lagarde citera, en 2009, la présence de l’espèce à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière des Tourailles) et à Royère-de-Vassivière (tourbière du Grand Puy). En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, capture une femelle, en mai 1997, dans la lisière d’une forêt humide, « à 0,5 m du sol », puis une autre dans le même secteur en juin 2000, et une troisième en juin 2002 dans un jardin de la Gare de Savennes. Dans le site du Moulin du Cher106, à Sarran, une femelle est récoltée, le 09/06/2001, par M. Cruveillier lequel en récolte deux autres, le 09/05/2011, dans un secteur assez humide de prairie au bord du lac de Sèchemailles, à Meymac107. Trois citations d’E. Duffey viennent compléter l’inventaire de la Corrèze : un mâle, le 18/06/2003, dans les branches basses d’un arbre de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, une femelle, le 12/06/2005, dans une pelouse non fauchée au village du Dougnoux, à Altillac, et, le 18/06/2008, deux mâles et deux femelles, capturés au filet fauchoir dans des herbes au Puy Turlau, à Végennes. En Haute-Vienne, c’est E. Duffey qui, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, récolte d’abord une femelle en mai 1998, sur le mur de sa maison, puis un mâle, le 30/05/2002, par battage des branches d’une haie, et, le 22/05/2003, deux femelles au filet fauchoir dans l’herbe humide au bord de son étang. Il avait capturé également un mâle au bord d’un étang de Rancon le 29/04/2000. A Saint-Léger-la-Montagne, deux mâles sont mentionnés : un par P. Tutelaers, le 21/05/1999, au bord du ruisseau des Dauges, près du village de Sauvagnac, et un autre qui avait été capturé au lieudit le Pont Romain, par E. Mourioux, le 05/05/2000, dans un piège à carabes, et qui sera identifié par J.-C. Ledoux. Pour clore les citations de Haute-Vienne, M. Cruveillier cite la capture d’une femelle le 04/06/1998 dans une prairie humide au bord du ruisseau des Baraques, près du hameau du Mas Gaudeix, à Meuzac, commune où il récolte un couple dans l’herbe d’un verger abandonné à Chavagnac, le 28/04/2001. Il récoltera enfin un mâle dans ce village, dans une plate-bande d’œillets de son jardin, le 10/05/2013, et un couple, le 14/06/2014, dans l’herbe humide d’une lisière de bois.

Note de bas de page 108 :

Kekenbosch 1961. (Bulletin et Annales de la Société Royale d'Entomologie de Belgique, vol. 97, p. 304-306.)

Heliophanus dampfi Schenkel, 1923 : cette araignée d’un noir brillant, mesure 3 mm et l’apophyse fémorale du mâle est pointue et non bifide. Sans doute parce qu’elle a été décrite par Schenkel des milieux de haute montagne de Suisse, cette araignée est indiquée par Nentwig & al. comme une espèce des tourbières de haute altitude. Or elle a été mentionnée par Kekenbosch en 1961108, en Belgique, pays qui, comme chacun sait, culmine au Signal de Botrange, sur le Plateau des Hautes Fagnes, à 691m. Et s’il est vrai que cette espèce a été surtout mentionnée en Limousin dans des tourbières situées entre 700 et 900 m d’altitude, sa première mention dans notre région est un mâle capturé en Haute-Vienne, le 17/07/2000, par E. Duffey, au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, commune assez plate dont l’altitude moyenne est de 220 m. C’est également lui qui capture, le 20/06/2008, deux autres mâles dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, en Corrèze, où F. Lagarde signalera en 2009 la présence de l’espèce dans la tourbière du Rebourzeix, à Saint-Merd-les- Oussines. Les autres mentions de l’espèce, toutes de 2009, proviennent aussi des récoltes de F. Lagarde et concernent trois communes de Creuse : Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard) et Gioux (tourbière de Puy Chaud), toutes du Plateau de Millevaches comme celles de Corrèze et donc au-dessus de 700 m.

Heliophanus dubius C. L. Koch, 1835 : lors du stage annuel d’identification organisé par la Direction de la formation continue de l’Université de Limoges et animé depuis le début par M. Cruveillier, un très beau spécimen de mâle fut récolté au filet fauchoir par B. Coulet, le 19/06/2014, en lisière de la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat, en Corrèze. C’était la première fois que nous avions l’occasion d’observer cet animal et pouvons donc confirmer les indications de phénologie et d’écologie données par Nentwig & al., à savoir qu’il est adulte de mai à juillet et qu’on le rencontre dans la végétation basse des lisières de bois ou sur les troncs des arbres. Les deux sexes, qui sont de semblable apparence, mesurent entre 3,5 et 5,7 mm. Le mâle observé mesurait 5 mm et était de couleur noire avec, à l’avant de l’abdomen, un arc peu marqué de soies claires et quelques taches assez diffuses de même couleur sur le dessus. Le bout de l’apophyse fémorale non bifide est légèrement recourbé et émoussé et le tibia comporte deux apophyses, une ventrale droite et une dorsale plus petite et recourbée.

Heliophanus flavipes (Hahn, 1832) : comme son nom l’indique, cette araignée a les pattes jaunes, caractère souvent plus marqué chez la femelle. Seuls les fémurs et les tibias des pattes III et IV peuvent présenter une légère strie noire. Ses dimensions sont semblables à celles d’H. cupreus, c’est à dire autour de 4 mm pour le mâle et entre 5 et 6 mm pour la femelle. L’apophyse fémorale du mâle est bifide. Selon Heimer et al., cette espèce préfèrerait les milieux plus secs où on pourrait la rencontrer adulte au printemps et en été, à la base de la végétation basse. Si nous ne pouvons pas vraiment dire que nos observations contredisent cette préférence, nous pouvons au moins assurer qu’elle a été récoltée dans des milieux divers dont certains assez humides. La première mention de l’espèce est une femelle capturée en Creuse par F. Leblanc, le 11/07/1997, à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les- Champs, suivie d’un mâle, le 10/08/1997, près du Canal de l’Ermite, à l’étang des Landes, à Lussat, commune où M. Cruveillier récoltera une femelle dans un milieu herbeux au bord de l’étang de Tête de Bœuf, le 31/07/2009. Quatre autres mentions, en 2009, de F. Lagarde complètent les observations faites en Creuse : à Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat), à Gentioux-Pigerolles (tourbière des Salles) et à Royère-de-Vassivière (tourbière des Chabannes et Bois des Pialles). En Haute-Vienne, cinq mentions émanent d’E. Duffey dont quatre au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : un mâle dans sa maison en mai 1999, et une femelle dans une prairie naturelle, le 15/05/2003, puis, dans des pièges disposés dans un milieu herbeux et marécageux à cinq mètres de son étang, en mai 2004, il détermine un mâle dans la récolte du 21 et une femelle dans celle du 25. Il capture en outre une femelle au filet fauchoir, le 23/05/2000, dans une zone à Eriophorum vaginatum de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, là où P. Tutelaers avait récolté un mâle, le 21/05/1999, et où M. Cruveillier déterminera une femelle provenant de captures par piégeage de K. Guerbaa, du 11/06/2004. En Corrèze, c’est d’abord M. Cruveillier qui récolte un mâle, le 29/07/2000, dans une touffe d’Erica tetralix, dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac. Ensuite, le 13/06/2002, E. Duffey capture une femelle au bord du chemin d’accès à la lande de Bettu, puis, le 18/06/2003, un mâle et deux femelles dans cette lande, à Chenailler-Mascheix. Il récoltera trois femelles au filet fauchoir, le 27/05/2007, dans une friche proche du village du Dougnoux, à Altillac. Enfin, toujours en Corrèze, dans les inventaires de 2009 de F. Lagarde, on relève une mention de l’espèce dans trois sites : le Ruisseau de Chamboux à Peyrelevade, Les Communaux à Saint-Merd-les-Oussines, et la tourbière de l’étang de Chabannes à Tarnac.

# Heliophanus tribulosus Simon, 1868 : comparable à H. flavipes par la taille et l’aspect avec ses pattes et ses pédipalpes jaunes, cette araignée s’en distingue assez facilement par ses genitalia*. Elle fréquente les milieux ouverts secs et bien exposés à végétation herbacée comme les landes, les prairies, les friches, les lisières, mais il n’est pas rare d’en rencontrer dans les maisons. Elle est adulte au printemps et en été. En Limousin elle a fait l’objet de dix fiches d’inventaire pour dix-huit animaux identifiés. Il est intéressant de noter qu’à l’exception des captures dans les maisons, ce qui est arrivé à quatre reprises sur dix, toutes les autres récoltes l’ont été au filet fauchoir, ce qui semble indiquer qu’elle évoluerait rarement au sol. La première mention est un superbe mâle capturé par A. Cruveillier, le 20/05/2001, justement dans la maison de l’auteur, à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute- Vienne. Toutes les autres citations émanent d’E. Duffey, dont deux dans ce même département, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : un couple, le 07/06/2003, dans une lisière de prairie et un mâle, le 10/06/2004, sur un téléphone, dans son bureau. Il la cite à sept reprises en Corrèze, dont quatre dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix : un mâle dans des bruyères le 13/06/2002, trois femelles dans des herbes sèches le 28/06/2002, un couple le 13/05/2003, puis deux mâles et trois femelles le 18/06/2003. Enfin, au village du Dougnoux, dans la commune d’Altillac, il récolte un mâle, le 05/07/2005, sur un mur de sa salle de bains, un autre dans sa maison, le 16/07/2007, et enfin un troisième dans une friche avec de hautes herbes, le 24/06/2008. (voir illustration page 335).

# Leptorchestes berolinensis (C. L. Koch, 1846) : seule espèce limousine d’un genre qui en compte deux en France, elle est l’une de nos salticides dont la forme allongée et l’allure évoquent une fourmi. Les deux sexes mesurent de 5 à 7 mm de long et peuvent être rencontrés adultes en des lieux bien exposés sur les troncs d’arbres, les murs, les chaos rocheux, du milieu du printemps au début de l’automne. Elle est certainement peu commune en Limousin où elle n’a fait l’objet jusque là que de trois mentions. La première citation est un mâle, récolté le 23/05/1997, sur une vieille meule du Moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier lequel récolte un autre mâle sur le tronc d’un vieux pin sylvestre très écailleux, au village de Chavagnac, à Meuzac, le 06/06/1997. La troisième et dernière mention est également un mâle capturé par E. Duffey sur une chaise de jardin, le 09/05/2006, au village du Dougnoux, à Altillac, en Corrèze.

Note de bas de page 109 :

et même sous le nom de Dendryphantes n. dans le tome VI des «Arachnides de France» d’Eugène Simon.

Macaroeris nidicolens (Walckenaer, 1802) (ex Eris nidicolens) : est la seule espèce de ce genre présente en France. Bien que la publication de J. Wunderlich, faisant d’Eris nidicolens l’espèce type du genre Macaroeris qu’il a créé, date de 1992, il faut chercher cette araignée sous le nom d’Eris nidicolens109 dans la plupart des ouvrages de détermination parus avant 1999. Il n’y a plus d’araignées du genre Eris dans la liste européenne. Une douzaine d’espèces de ce genre subsistent dans le catalogue international et se trouvent toutes sur le continent américain, du Canada au Panama. Le mâle de M. nidicolens, mesure environ 5 mm et la femelle pourrait en atteindre 7. Ils sont assez semblables par la forme et la coloration des motifs bien particuliers qui ornent leur abdomen et leur céphalothorax, où dominent le brun et le beige. Adultes du milieu du printemps à la fin de l’été, ils sont censés, selon le site de Nentwig & al., se tenir à la cime de grands conifères, ce qui n’est confirmé par aucune des vingt-trois identifications réalisées en Limousin, qui figurent dans douze fiches d’inventaire : neuf en Haute-Vienne et trois en Corrèze. La première mention concerne un mâle capturé en Haute-Vienne, le 06/06/1997, à Chavagnac, sur le mur ensoleillé d’une maison proche, il est vrai, d’une plantation de résineux, dans la commune de Meuzac, par M. Cruveillier, lequel récoltera un autre mâle , le 03/06/2000, qui s’était laissé tomber d’un bouleau sur une nappe étendue au sol, au village de Chez Roger, dans la commune de Saint-Priest-sous-Aixe. Les sept autres fiches relatives à la Haute-Vienne mentionnent les observations d’ E. Duffey dans sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, et, à l’exception de la seule capture d’un mâle par piégeage dans une prairie, le 26/04/2003, les autres résultent toutes de récoltes par filet fauchoir ou par battage de branches sur une haie vive où dominent le chêne, le houx et l’aubépine et d’où les conifères sont complètement absents : une femelle le 14/06/1998, quatre mâles et une femelle le 08/05/2000, deux mâles et deux femelles le 28/05/2000, deux mâles le 30/05/2002, trois mâles le 29/04/2003 et deux autres mâles le 07/05/2003. C’est également E. Duffey qui est l’auteur des trois fiches concernant la Corrèze : une femelle récoltée par battage de branches d’arbustes dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler- Mascheix, le 13/05/2003, un mâle, le 09/05/2006, capturé au filet fauchoir dans de hautes herbes au village du Dougnoux, à Altillac, et une femelle récoltée également au filet fauchoir, le 18/06/2008, dans un grand secteur d’herbes sèches au Puy Turlau, dans la commune de Végennes.

# Marpissa muscosa (Clerck, 1757) : trois des quatre Marpissa présentes en France ont été observées en Limousin à cette date. Ce sont des araignées à l’abdomen allongé, dont la première paire de pattes est nettement plus grosse que les autres et qui sont assez grandes, la femelle de M. muscosa pouvant parfois atteindre 11 mm. Le mâle, assez semblable à la femelle, mesure entre 6 et 8 mm. Ils sont l’un et l’autre matures au printemps et en été et se tiennent en des milieux assez divers, humides ou secs, boisés ou non, tantôt sur les branches basses ou sous l’écorce des arbres, tantôt dans des touffes de lichens, parfois sur des rochers ou des murs, sur des vieux piquets de clôture etc. Sans être abondante nulle part, cette espèce est présente dans nos trois départements où elle à fait l’objet de quinze fiches d’inventaires pour seize animaux déterminés. La première mention est un mâle capturé en Haute-Vienne, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, sur un tas de vieilles poutres de démolition, entreposées dans un chantier, au village de Chavagnac, à Meuzac, site où, le 02/06/2007, il récoltera une femelle pendant à son fil de sécurité des branches basses d’un chêne. Dans cette même commune, le 24/04/2001, il identifie deux femelles à l’occasion d’un stage qu’il avait organisé, capturées, l’une par un stagiaire, dans un tas de bois, l’autre sous le préau de l’école primaire par les élèves qui étaient venus nous voir travailler en laboratoire, accompagnés par leur maître, et nous l’avaient apportée. C’est également M. Cruveillier qui, le 01/06/2001, capture un mâle dans les locaux du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, au Theil, dans la commune de Saint-Gence. De son côté, E. Duffey note quatre captures par filet fauchoir ou par battage de branches dans une haie vive de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 1999, une autre le 08/05/2000, puis un mâle le 30/05/2002, et enfin une femelle le 29/04/2003. La capture d’un mâle, le 25/03/2007, dans le Bois de Crosas, à Peyrat-le-Château, par F. Lagarde, puis à nouveau la mention d’une récolte qu’il fera dans ce même site en 2009 et enfin la capture, par M. Cruveillier, le 15/06/2013, d’une femelle dans un lichen, sur le parapet du pont de la Petite Briance, au moulin de Briansolles, à Glanges, viennent clore la liste des citations pour la Haute-Vienne. En Corrèze, c’est B. Le Péru qui signale, en mai 2000, une femelle errant sur un mur dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, puis E. Duffey qui récolte une autre femelle, le 25/05/2007, sur un mur de sa maison, au Dougnoux, dans la commune d’Altillac. Les deux données relatives à la Creuse émanent de M. Cruveillier qui, le 09/07/2009, récolte une femelle sur des branches basses d’épicéa au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, puis une autre sur les branches basses d’un hêtre, le 16/05/2011, dans une forêt de pente des gorges de la Creuse, dans la commune d’Anzème.

Marpissa nivoyi (Lucas, 1846) : mesurant de 5 à 6 mm pour la femelle et de 4 à 5 pour le mâle, cette espèce est assez nettement plus petite que nos deux autres Marpissa. Elle s’en distingue aisément par ses genitalia*, surtout le mâle dont l’apophyse tibiale est longue et effilée et le bulbe en forme de cône à sommet arrondi et à large base. Chez les deux sexes l’abdomen est jaune orangé avec des lignes longitudinales brunes en pointillés. Les pattes I sont de couleur sombre à l’exception du métatarse et du tarse et les autres pattes sont jaune- orangé annelées de brun. Adulte en été et jusqu’au début de l’automne, cette araignée est réputée fréquenter les milieux sableux à Ammophila arenaria dans les zones côtières de l’Atlantique et de la Mer du Nord, et, à l’intérieur des terres, les zones marécageuses proches des lacs et des étangs. C’est dans ce dernier milieu, et sur le même site creusois des bords de l’étang des Landes, à Lussat, qu’ont eu lieu les deux seules observations de cette espèce en Limousin. C’est d’abord F. Leblanc qui, le 10/08/1997, note deux mâles et une femelle adultes et trois immatures, au bord du canal de l’Ermite puis, le 18/06/2000, M. Cruveillier qui capture un mâle dans des joncs à demi immergés, dans un secteur très marécageux de la rive, du côté du hameau du Genévrier.

Marpissa radiata (Grube, 1859) : à peu près de la même taille que M. muscosa, cette araignée a quelque similitude avec elle, surtout si elle présente, comme cela arrive souvent chez cette dernière, une rangée de soies fauves sur le bandeau. Elle s’en distingue néanmoins, d’abord par la présence de deux bandes de soies brunes partant de l’avant de l’abdomen et se rejoignant vers les filières, et surtout par les genitalia.* Adulte sensiblement à la même époque que M. nivoyi, elle fréquente elle aussi les rives très humides des étangs. Et, comme cette dernière, elle n’a été observée que deux fois jusque là en Limousin, par M. Cruveillier lequel récolte, le 20/05/1997, une femelle sur une tige de Typha, au bord de l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne et, le 18/06/2000, une autre femelle dans la roselière bordant l’Etang des Landes, à Lussat, en Creuse.

Menemerus taeniatus (L. Koch, 1867) : est un salticide assez grand, de 7 à 9 mm, qui présente sur les côtés du céphalothorax et de l’abdomen de larges bandes d’un brun très sombre, presque noir, séparées par une zone centrale claire, plus ou moins grivelée. C’est une espèce surtout méridionale, aux pattes assez robustes, adulte au printemps et en été, et dont seulement deux mâles ont été observés chez nous par E. Duffey, un le 15/06/2006 et l’autre le 16/07/2007, à l’intérieur de sa maison du Dougnoux, à Altillac, dans l’extrême sud de la Corrèze.

Note de bas de page 110 :

Le genre Synageles, autre genre myrmécomorphe, est représenté en France par quatre espèces dont aucune, à la date de la présente étude, ne nous a été signalée en Limousin.

# Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) : cette araignée, de 5 à 6 mm de long, est, avec Leptorchestes berolinensis, notre autre salticide myrmécomorphe* limousine110. Adultes du milieu du printemps au début de l’automne, les deux sexes présentent des caractères qui les mettent à l’abri de toute confusion. L’épigyne de la femelle représente assez bien le schéma des deux poumons humains. Quant aux chélicères du mâle, elles sont parallèles et très robustes, ont presque la longueur du céphalothorax et sont dirigées vers l’avant, dans le prolongement du corps, comme celles des mygalomorphes. On peut rencontrer cette espèce dans une grande diversité de milieux, sur la végétation basse, dans la mousse et parfois sous les pierres ou même dans les maisons. La première mention de notre base est un mâle observé par M. Barataud, le 19/08/1987, au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, en Haute- Vienne, département où M. Cruveillier cite quatre fois l’espèce dans la commune de Meuzac : deux mâles (dont un laissé sur place) le 15/05/1998, sur la pelouse écorchée de la lande serpentinique du Cluzeau, deux autres mâles capturés par des stagiaires dans cette même lande, le 24/04/2001, une superbe femelle, récoltée le 02/06/2001, au lotissement de la Basse Roche et une autre femelle, le 29/09/2006, à la Celle du Cluzeau. En Creuse, F. Leblanc note un mâle et une femelle en mai 1998, près de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse, puis F. Lagarde note un individu de l’espèce, le 14/05/2006, au Ruisseau de Beauvais, à Saint- Pierre-Bellevue, citation qu’il renouvelle en 2009, et, la même année, un autre dans la tourbière de Clamouzat, à Faux-la-Montagne. Enfin, toujours en Creuse, M. Cruveillier récolte une femelle dans de la mousse sèche près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. La seule donnée de Corrèze est une femelle capturée par E. Duffey, le 21/05/2005, dans sa maison du Dougnoux, à Altillac.

Neon levis (Simon, 1871) : dans son ouvrage sur les « Arachnides de France », Eugène Simon note, p. 1254, que cette espèce a été observée par L. Fage en 1918 en Haute-Vienne, sans indication de localité. Cette araignée de 2 à 3 mm de long figure toujours dans notre base de données en tant qu’observation ancienne car elle n’a pas été revue en Limousin à cette date.

Neon reticulatus (Blackwall, 1853) : à peu près de la même taille que la précédente, cette araignée présente le plus souvent un céphalothorax foncé dans la zone oculaire avec une large plage claire à l’arrière, l’abdomen étant vermiculé de beige et de brun avec, vers l’arrière, des chevrons de taille dégressive. Certains individus sont plus sombres que d’autres et leurs dessins sont moins visibles. Cette espèce, dont les mâles sont adultes de mai à août et les femelles pendant une période plus large, se rencontre au sol dans la litière, aussi bien dans les bois que dans les milieux ouverts, secs ou tourbeux. Elle est présente dans nos trois départements où elle figure dans vingt et une fiches d’inventaire pour trente et un animaux déterminés. La première mention est une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 06/06/1997, dans des débris de callune après fauchage, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute- Vienne, département où E. Duffey cite deux fois l’espèce à la lisière de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne : un couple le 23/05/2000, dans de la litière de feuilles mortes, dans une zone de lande sèche, et, le 29/06/2004, une femelle, également dans de la litière, sous des pins. En Corrèze, à Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru récolte un mâle en mai 2001, au sol, dans la mousse d’une prairie humide, site où il capturera trois femelles en mai de l’année suivante. En avril 2002 il capture une autre femelle au sol sous une haie de résineux, puis une autre dans une forêt de chênes à 650 m d’altitude. En 2009, F. Lagarde mentionne la présence de l’espèce dans trois autres communes : à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière du Rebourzeix), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). C’est également à F. Lagarde qu’on doit les données de Creuse, toutes de 2009 et concernant dix sites répartis sur quatre communes : Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux-Pigerolles (Les Prés Neufs), Gioux ( tourbière de Puy Chaud) et Royère-de-Vassivière ( Croix de Fayaud, Ribières de Gladière, tourbière du Grand Puy, Combe Lépine, Bois des Pialles).

Note de bas de page 111 :

Roberts donne de 4 à 5 mm pour le mâle et de 6 à 6,5 mm pour la femelle. Nentwig & al. indiquent de 5,4 à 5,7 mm pour le premier et de 7,5 à 8,1 mm pour la seconde. Almquist donne une longueur moyenne de 4,9 mm pour le mâle avec une variation possible de plus ou moins 0,5 mm, et de 6,8 mm pour la femelle avec la même variation.

Pellenes tripunctatus (Walckenaer, 1802) : des huit espèces de Pellenes répertoriées en France, une seule a été observée en Limousin et encore très rarement. Les deux sexes de Pellenes tripunctatus ont un aspect semblable et assez constant avec un dessin dorsal de l’abdomen qui facilite l’identifcation. De teinte générale brun très foncé, l’abdomen est partagé par une ligne longitudinale claire terminée par trois taches également claires d’où l’espèce tire son nom. Au niveau de la plus avancée de ces taches l’abdomen est barré par un trait transversal de même couleur. Les données concernant la taille sont assez variables selon les auteurs111, et celles relatives à la période de maturité convergent vers une fourchette allant de mai à début septembre. B. Le Péru cite la capture d’une femelle, en juin 2000, errant sur le sol de son jardin à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, département où F. Lagarde note la présence de l’espèce dans des captures par piège Barber en 2009, à la tourbière du Rebourzeix, dans la commue de Saint-Merd-les-Oussines et à la Roche du Coq-Estang, dans celle de Viam. C’est également lui qui cite la seule capture de Creuse, également par piégeage en 2009, aux Bois des Pialles, près d’Orladeix, à Royère-de-Vassivière. Nous n’avons ainsi pas pu vérifier s’il est exact, comme cela est fréquemment rapporté dans la littérature, que les Pellenes occuperaient parfois les coquilles vides des escargots.

Note de bas de page 112 :

Une habitante de Chasteaux a informé l’auteur de cette étude que ce lieu y est toujours connu sous le nom de «Puy Lagard». Le nom de «Côte Pelée» lui aurait été donné ultérieurement par des personnes étrangères à la commune.

Philaeus chrysops (Poda, 1761) : seule présente en France de ce genre, cette araignée est une de nos plus grandes salticidae. Les deux sexes peuvent mesurer entre 7 et 12 mm. Le dimorphisme sexuel est ici très accentué et le mâle, avec son cephalothorax noir et son abdomen d’un beau rouge traversé longitudinalement par une bande médiane noire, est facilement identifiable dans la nature. La femelle présente aussi sur l’abdomen une bande noire s’amenuisant vers l’arrière mais sa coloration globale est plus terne. Adulte du milieu du printemps à la fin de l’été, cette espèce se rencontre surtout dans des milieux rocheux ensoleillés, des landes rocheuses sèches. Elle ne semble abondante nulle part. En Limousin elle n’apparaît que dans six fiches d’inventaire pour neuf animaux identifiés. M. Barataud a observé le premier mâle, le 25/05/1993, à la Côte Pelée112, dans la commune de Chasteaux, en Corrèze, site où K. Guerbaa notera un autre mâle, le 15/05/1999, et où M. Barataud observera trois autres mâles, le 01/06/2000, sur un long mur de pierres sèches. La quatrième et dernière citation de Corrèze est la récolte de deux femelles au filet fauchoir dans la bruyère de la lande serpentinique de Bettu, le 13/06/2002, par E. Duffey, à Chenailler-Mascheix. Aucune citation de Creuse n’a été signalée à cette date et les deux seules mentions de Haute-Vienne émanent de M. Cruveillier qui, dans la commune de Meuzac, récolte un mâle sur une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, le 15/05/1998, et un autre mâle, le 25/06/1999, sur des blocs rocheux dans un milieu de lande sèche à bruyère, sur la colline du Suchaud, non loin du village de Chavagnac.

Phlegra fasciata (Hahn, 1826) : seule représentante en Limousin des cinq espèces du genre Phlegra notées en France, cette araignée pourrait presque être identifiée à vue, sur le terrain. De couleur générale brune très foncée, presque noire, les deux sexes présentent une large bande médiane sombre flanquée de deux bandes latérales claires sur le céphalothorax et, sur l’abdomen, une bande médiane claire bordée par deux larges bandes sombres. Chez le mâle, la coloration foncée généralement plus accentuée rend parfois ces motifs difficiles à discerner. Il mesure de 5 à 6 mm de long et la femelle de 6 à 7 mm. Adultes de mai à septembre, ils évoluent au ras du sol, dans des terrains secs, sablonneux ou caillouteux avec des herbes éparses : prairies rases, pelouses, grèves, landes sèches. Bien que présente dans nos trois départements où elle apparaît dans sept fiches d’inventaire pour treize animaux observés, cette espèce n’y est sans doute pas très commune. La première mention enregistrée, et la seule pour la Haute-Vienne, est un mâle récolté sur la pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau à Meuzac, le 15/05/1998, par M. Cruveillier qui est également l’auteur de la seule observation de Creuse, un mâle capturé le 14/06/2003, dans un sentier sableux avec des herbes éparses, qui mène à la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière. C’est en Corrèze que l’espèce a été le plus souvent notée, d’abord par B. Le Péru dans sa commune de Saint-Etienne-aux- Clos : une femelle errant au sol dans son jardin, tardivement signalée mais observée en juin 1997, et une autre en mai 2000 sur un mur. E. Duffey cite l’espèce à trois reprises dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix, d’abord trois femelles sous des cailloux, le 13/06/2002, puis un mâle et trois autres femelles sur le sol nu, le 13/05/2003, et enfin, également sur sol nu, deux femelles le 18/06/2003.

Pseudeuophrys erratica (Walckenaer, 1826) (ex Euophrys erratica) : cette araignée holarctique* dont les deux sexes mesurent environ 4 mm, fréquente les milieux ensoleillés, espaces herbacés caillouteux, murs, décombres, chaos rocheux, où l’on peut rencontrer des mâles adultes de mai à juillet et des femelles jusqu’en septembre. Bien que présentant quelques particularités repérables sur le terrain, comme les pédipalpes entièrement jaunes chez la femelle, alors que cette couleur ne se retrouve que sur le fémur et la patella des pédipalpes chez le mâle, il est nécessaire, pour l’identification, de recourir à l’examen des genitalia*. Citée de façon très inégale dans nos trois départements, cette espèce y est sans doute plus présente que ne le laissent supposer les dix inventaires où elle apparaît, pour onze animaux identifiés. La première mention est celle d’un mâle, capturé le 06/06/1997, sur un tas de pierres près d’une vieille maison, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, lequel note encore l’espèce à cinq reprises dans ce département, dont deux dans cette même commune : un autre mâle, le 16/06/1997, sur un tas de bois aux Fontenelles de Chavagnac, et, en mai 2000, une femelle contre le mur d’une grange de ce même village. Il récolte également un mâle, le 22/05/2000, sur la margelle d’un puits, au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, une femelle dans une maison, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, le 03/06/2000, et une autre femelle, le 22/06/2001, sur un mur de pierres sèches menant à la tourbière des Dauges, au village de Sauvagnac, à Saint- Léger-la-Montagne. La capture d’une femelle en mai 1998 par E. Duffey dans sa maison de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine vient clore la liste des observations pour la Haute- Vienne. C’est également d’E. Duffey qu’émane la seule citation pour la Corrèze : deux mâles, capturés le 08/05/2005, dans sa maison du Dougnoux, à Altillac. En Creuse, F. Leblanc avait mentionné, le 10/08/1997, la présence d’un mâle au Canal de l’Ermite, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, et, dans cette même commune, une femelle est récoltée par M. Cruveillier, le 31/07/2009, sur le tronc d’un gros chêne isolé, près d’une maison, à l’étang de Tête de Bœuf.

Pseudeuophrys lanigera (Simon, 1871) (ex Euophrys lanigera) : de taille très peu supérieure à celle de la précédente, cette araignée partage les milieux de prédilection de celle- ci avec une préférence très marquée pour les bâtiments. Elle doit son nom à la présence des soies blanches qui ornent son bandeau*, caractère qu’elle partage avec de nombreuses autres espèces de sa famille et qui ne constitue donc pas un élément suffisamment distinctif. M. J. Roberts écrit que le mâle est adulte au printemps et en été et la femelle toute l’année. Or il se trouve que M. Cruveillier, le seul à cette date à avoir identifié cette espèce en Limousin, à onze reprises et toujours dans des bâtiments, a récolté deux mâles adultes, l’un en décembre, l’autre en janvier, à chaque fois, il est vrai, dans un local chauffé. La première observation qu’il note est celle d’une femelle, le 20/05/2001, en Haute-Vienne, sur la moquette d’une salle de bains bien ensoleillée, au village de Chavagnac, à Meuzac, dans une maison où, le 15/12/2001, il récolte un mâle dans une pièce aménagée en salle de repassage. Le 01/06/2001, il capture une femelle à Saint-Gence, au village du Theil, sur le mur d’un bâtiment où, le 19/12/2002, il récolte un mâle qui se déplaçait sur un bureau. Il avait observé auparavant une femelle sur l’huisserie d’une vieille fenêtre, le 01/01/2002, au Moulin de Teignac, à Saint- Genest-sur-Roselle, et notera plus tard, le 15/06/2013, encore une femelle sur un mur de l’ancien moulin de Briansolles, à Glanges. Enfin, la détermination d’une dernière femelle, récoltée en août 2014 par B. Lassarre, dans une maison de Limoges, termine les inventaires pour la Haute-Vienne. En Corrèze il récolte d’abord une femelle, le 09/06/2001, contre la porte de la maison du meunier, au Moulin du Cher, à Sarran, puis un couple, le 08/05/2010, dans un couloir de la Station Universitaire de Meymac, où il notera un très beau spécimen de mâle, le 06/05/2011. Enfin, en Creuse, il capture une femelle, le 01/06/2009, contre le mur ensoleillé d’une remise au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 113 :

page 108 de leur ouvrage : Die schönsten Spinnen Europas - Fauna Verlag, Eichenweg, Karlsfeld, 1997.

Pseudicius encarpatus (Walckenaer, 1802) : cette araignée doit sans doute son nom au latin pluriel encarpa qui signifie festons, guirlandes. En effet, le mâle comme la femelle présentent un abdomen bordé de festons clairs séparés par une large bande noire ou gris anthracite semée, chez la femelle, de motifs lancéolés également clairs disposés en deux lignes symétriques formant comme une guirlande médiane. Le mâle, dont la première paire de pattes est beaucoup plus forte que les autres, mesure environ 4,5 mm. La taille de la femelle se situe entre 5 et 6 mm. Selon Sauer et Wunderlich on peut rencontrer cette espèce dans les bois, sur les troncs des arbres, sous les écailles d’écorce des platanes et parfois au sol113. Elle n’a été observée qu’à trois reprises en Limousin jusque là : d’abord une femelle récoltée en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, le 25/06/1999, par battage des branches d’un vieux saule, sur la colline du Suchaud, près du village de Chavagnac, à Meuzac, puis à deux reprises en Corrèze, au village du Dougnoux, à Altillac, par E. Duffey qui capture deux femelles dans sa maison, le 21/05/2005, et un mâle au filet fauchoir, le 05/07/2005, dans une bordure herbeuse de son jardin.

Note de bas de page 114 :

Les Maratus avaient d’abord été décrits comme Saitis et il existe encore une espèce de Saitis en Australie - Saitis taeniatus (Keyserling, 1883) – mais nous avons choisi de noter la similitude avec les Maratus car ces derniers ont été abondamment filmés et que c’est en tapant le mot «maratus» dans un moteur de recherche qu’on aura le plus de chances de pouvoir visionner sur un ordinateur diverses scènes de parade de ces animaux.

Note de bas de page 115 :

«Guide des araignées et des opilions d’Europe» p. 350 – Delachaux et Niestlé - 1990

Note de bas de page 116 :

ne figurent pas dans ces citations les très nombreuses observations faites par M. Cruveillier dans sa propre maison où l’espèce est très présente et où elle jouit d’un statut particulier de protection, respecté des occupants et des visiteurs.

Saitis barbipes Simon, 1868 : très différent de la femelle, le mâle de cette araignée fait partie de ceux qu’on peut identifier à vue dans notre pays où, pour le moment, son espèce est la seule représentante du genre Saitis. Proche des Maratus114 d’Australie par l’aspect comme par le comportement, et dépassant rarement les 4 mm, ce mâle attire le regard tant par sa coloration vive que par la richesse de la chorégraphie à laquelle il se livre pour obtenir les faveurs d’une femelle. Les pattes III, plus longues, plus grosses, densément couvertes de soies sombres à l’exclusion de celles du tarse qui sont blanches, tiennent, avec les pédipalpes, un rôle important dans cette gestuelle. Nous avions déjà évoqué ces évolutions de parade à propos d’Euophrys frontalis et noté une certaine similitude d’aspect entre les femelles de ces deux espèces, notamment dans la coloration beige, grivelée de brun, de l’abdomen. Mais la femelle de S. barbipes, qui peut atteindre 6 mm, est assez nettement plus grande et l’examen des genitalia* permet de les distinguer sans erreur. Hors de France, cette espèce se rencontre surtout dans les pays méditerranéens, mais aussi en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. J.-C. Ledoux et M. Emerit, dans le complément qu’ils ont ajouté à l’édition française d’un livre de D. Jones115, indiquent que son milieu le plus habituel est la litière de sous-bois et se demandent si la période de maturité ne couvre pas toute l’année. En Limousin, l’espèce apparaît dans quinze fiches d’inventaires pour une vingtaine d’animaux identifiés. Leur répartition sur les départements est très inégale puisque douze de ces fiches concernent la Haute-Vienne. Mais on aurait tort d’en conclure à une préférence des Saitis pour ce département. La véritable raison est que, chez nous, cette espèce est le plus souvent observée sur les bâtiments, voire dans les maisons, et qu’ainsi le nombre de citations est lié, pour une grande part, au lieu de résidence de l’observateur. Et il n’est sans doute pas impossible qu’en certaines régions, on puisse rencontrer des adultes en toute saison puisque nos captures en Limousin se sont échelonnées entre un 21 mars et un 15 octobre. C’est en Haute-Vienne, sur le pont de Neuvillard, dans la commune de Saint-Bonnet-Briance, que le premier mâle fut noté, le 08/05/1987, par M. Barataud, lequel cite un autre mâle le 19/08/1987 dans une maison du village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. Suivent neuf citations de M. Cruveillier116, dont cinq dans la commune de Meuzac : un mâle sur un vieux billot de chêne, le 16/08/1995, à Chavagnac, près de sa maison où, le 06/06/1997, il récolte un autre mâle sur un muret et une femelle dans une salle de bains où il récoltera une autre femelle de très grande taille le 21/03/2001, puis, le 24/04/2001, il cite la capture, dans la Lande du Cluzeau, de deux femelles et d’un mâle par deux participants à un stage de détermination. Dans d’autes communes il cite un couple capturé contre le mur d’une grange, le 01/06/2001, au village du Theil, à Saint- Gence, deux mâles, le 28/08/2001, sur un muret de clôture au Moulin de Teignac, à Saint- Genest-sur-Roselle, une femelle sur un chaos rocheux de la lande des Pierres du Mas, à La- Porcherie, et une autre femelle, le 16/05/2009, sur une étagère à livres, dans un local du Centre La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. Une observation de P. Tutelaers, du 02/06/2003, sur un bâtiment, à Saint-Laurent-sur-Gorre clôt la liste des mentions pour la Haute-Vienne. En Corrèze, E. Duffey récolte un mâle sur un rocher nu, le 13/05/2003, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix et M. Cruveillier capture un couple sur un muret de pierres de la petite cour de la Station Universitaire du Limousin, à Meymac, le 06/05/2011. On lui doit également la seule récolte à ce jour de la Creuse : un mâle, le 07/08/2009, sur le mur des bâtiments situés à l’entrée de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Salticus cingulatus (Panzer, 1797) : c’est un Limousin, André Latreille, qui a créé en 1804 le genre Salticus dont douze espèces sont répertoriées en France mais trois seulement ont été observées dans notre région. Extérieurement, ces trois espèces-là ont beaucoup de similitudes notamment dans leur coloration et dans les motifs, un arc à l’avant et quatre taches obliques plus en arrière, en forme de feuilles étroites de saule, que des soies blanches dessinent sur leur abdomen. Pour les distinguer de façon certaine il est nécessaire de recourir à un examen des genitalia* et de quelques autres éléments, comme la forme et la position de l’apophyse tibiale* chez les mâles lesquels ont des chélicères dirigées vers l’avant, formant un V plus ou moins ouvert. Chez le mâle de S. cingulatus, le V des chélicères est assez écarté et la partie distale de l’apophyse tibiale présente une forme en cuillère imitant assez bien, en réduction, celle d’une feuille de repousse de chicorée witloof (qu’en France nous appelons endive), en outre, la pointe de l’embolus* est nettement fourchue ce qui n’est pas le cas chez les deux autres espèces. Cette araignée d’environ 5 mm, censée se tenir surtout sur l’écorce des arbres et accessoirement sur les murs des maisons, n’a été notée jusque là qu’à deux reprises en Limousin : d’abord en Corrèze, par E. Duffey qui récolte un mâle sur le balcon de sa maison, le 04/09/2005, au village du Dougnoux, à Altillac, puis, en 2009, par F. Lagarde, dans la tourbière de Clamouzat, à Faux-la-Montagne, en Creuse.

Salticus scenicus (Clerck, 1757) : observée dans des endroits plutôt ensoleillés, murs, rochers, clôtures, et parfois, mais beaucoup plus rarement que la précédente - à laquelle elle ressemble beaucoup - sur les écorces des arbres, cette espèce semble plus présente en Limousin que les deux autres de son genre puisqu’elle apparaît dans dix-sept fiches d’inventaire pour vingt animaux identifiés. Elle est d’abord mentionnée de Haute-Vienne par M. Cruveillier qui récolte une femelle, le 06/06/1997, sur un appui de fenêtre de sa maison de Chavagnac, à Meuzac. Le 18/06/1997 il récolte une autre femelle sur le mur d’un jardin au Moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, puis une autre, le 01/07/1999, sur une voiture stationnée en bordure de la lande de La Flotte, à Château-Chervix. Le 22/05/2000, il capture un mâle contre le mur d’une maison au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, puis une femelle, le 03/06/2000, sur le portail métallique d’une clôture, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, et enfin un mâle, le 22/06/2003, sur un rocher de la lande de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy. Les deux dernières citations de Haute-Vienne proviennent, pour l’une d’E. Duffey qui récolte une femelle au filet fauchoir, le 14/06/1998, dans la bordure de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine et, pour l’autre, de P. Tutelaers qui signale l’observation de deux mâles, le 21/06/1999, sur de la roche nue dans une prairie des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse, c’est d’abord F. Leblanc qui capture une femelle, le 10/07/1997, sur une roche recouverte de végétation rase au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, puis M. Cruveillier qui récolte deux femelles, le 01/06/2009, sur le mur de la maison de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. B. Le Péru signale les premières données de Corrèze, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos : en juin 1997, un couple errant au sol devant des bâtiments et, en juin 1999, une femelle sur un mur. Le 18/05/2002, M. Cruveillier récolte un mâle sur un rocher légèrement moussu dans la vallée du Chavanon, dans la commune de Feyt. Par la suite, E. Duffey cite l’espèce à trois reprises, d’abord dans la commune de Chenailler-Mascheix, un mâle capturé au filet fauchoir, le 13/06/2002, au bord du chemin menant à la lande de Bettu, puis une femelle, le 28/06/2002, dans la lande elle- même, dans une zone sèche, puis dans la commune d’Altillac, au village du Dougnoux où il récolte un mâle sur son balcon, le 12/06/2006. La dernière mention concernant la Corrèze provient de F. Lagarde qui cite en 2009 la présence de l’espèce aux Communaux dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines.

Salticus zebraneus (C. L. Koch, 1837) : cette araignée, plus petite que les deux précédentes, pourrait théoriquement se rencontrer dans les mêmes milieux. Les chélicères du mâle sont plus courtes et plus écartées et l’apophyse tibiale plus éloignée du cymbium* que chez les deux autres. Mais, là encore, en dépit de la taille plus réduite et du fait que les motifs clairs sont beaucoup moins perceptibles, seul l’examen des genitalia* permettra de parvenir à une certitude. E. Duffey est le seul à cette date à avoir observé cette espèce chez nous, d’abord une femelle, le 30/05/2002, en battant les branches d’une haie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, et, le 13/068/2002, un mâle récolté au filet fauchoir dans la bruyère de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, en Corrèze.

Note de bas de page 117 :

Nos deux Sibianor sont à chercher dans l’ouvrage de Simon sous le nom de Bianor aenescens et de B. a. tantulus.

Note de bas de page 118 :

publication Arthropoda Selecta, 9: 221-286.

Sibianor aurocinctus (Ohlert, 1865) (ex Bianor aurocinctus117) : avant 2001, nous avions en France deux espèces et une sous-espèce du genre Bianor : B. albomaculatus, B. aurocinctus et B. aurocinctus tantulus. Lors de la révision du genre Bianor, effectuée par Dmitri V. Logunov en 2001118, Bianor albomaculatus fut la seule de nos trois espèces à conserver son nom de genre. C’est une araignée plutôt méridionale qui n’a pas été vue jusque là en Limousin. Les deux autres ont été rangées dans le nouveau genre Sibianor Logunov 2001. S. aurocinctus est une petite araignée d’environ 3 à 4 mm. C’est un magnifique animal avec des reflets métalliques de plusieurs couleurs. Comme son nom le laisse entendre, son abdomen présente une bande transverse comme une ceinture de soies fauves et ses pattes I ont le fémur et le tibia très renflés et densément couverts de soies où dominent le noir, le bleu profond et le rouge. Cette espèce est censée se trouver dans la litière ou à la base de la végétation dans des lieux secs et ensoleillés où on peut la rencontrer à l’état adulte toute l’année à l’exception du plein hiver. Pour cause, sans doute, d’insuffisance dans nos inventaires, tant dans leur fréquence que dans la diversité des techniques de capture, nous ne l’avons notée qu’à quatre reprises. C’est d’abord un superbe mâle récolté par M. Cruveillier, le 28/04/2001, dans l’herbe rase d’un vieux verger abandonné, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne. Les trois autres mentions, toutes de la commune de Gentioux-Pigerolles dans le département de la Creuse, émanent de F. Lagarde qui, le 10/05/2012, récolte un mâle dans un secteur de lande sèche à la Ferme de Lachaud, puis signale à nouveau la présence de l’espèce dans ce site en 2009 ainsi que dans le site de Pierre Fade.

Sibianor tantulus (Simon, 1868) : longtemps considérée comme une sous-espèce de la précédente cette araignée n’a accédé au rang d’espèce qu’en 2001, promotion qui lui fut octroyée par Logunov lequel la rangeait également dans le genre Sibianor qu’il venait de créer. Dans le tome VI de son ouvrage sur « Les arachnides de France », page 1265, Eugène Simon indique qu’une femelle immature a été observée en Haute-Vienne par Louis Fage, à Lussac-les-Eglises, en mars 1921. Il indique par ailleurs que l’animal est "assez commun dans les marais". En dépit des très nombreux inventaires que nous avons réalisés dans les milieux humides du Limousin, aucune mention récente de cette espèce n’a été signalée. Elle figure donc toujours dans notre base de données comme une observation ancienne non renouvelée.

Note de bas de page 119 :

Récemment, des naturalistes ont observé en Bretagne l’espèce Sitticus inexpectus Logunov & Kronestedt, 1997, très proche de Sitticus rupicola avec laquelle elle a justement été confondue très souvent. (L. Picard, De araneis Galliae, III, Revue arachnologique N°17, fascicule 6 p. 94-95), ce qui portera ce nombre à quinze .

Sitticus caricis (Westring, 1861) : des quatorze119 espèces du genre Sitticus répertoriées en France, trois seulement, appartenant toutes les trois au groupe S. floricola, ont été observées jusque là en Limousin. Et les araignées de ce groupe sont si proches que les confusions n’y sont pas rares et qu’il est parfois nécessaire, pour les femelles, d’aller jusqu’à l’examen de la vulve pour les distinguer. S. caricis est une araignée de teinte générale brune assez foncée avec çà et là quelques zones plus claires et notamment quatre ou cinq chevrons de taille dégressive à l’arrière de l’abdomen. Les deux sexes mesurent de 3 à 4,5 mm et sont adultes d’avril à la mi-automne. C’est une espèce des milieux marécageux qui se tient dans la partie basse de la végétation, et très souvent à la base des feuilles retombantes des grosses touffes de Carex paniculata, ce qui lui a sans doute valu son nom. Elle a fait l’objet de citations dans neuf fiches d’inventaire pour seize animaux identifiés. La première mention est due à F. Leblanc qui a capturé trois femelles en mai 1998 au bord de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse, en Creuse. C’est aussi dans ce département que M. Cruveillier récolte une femelle, le 18/06/2000, sur des sphaignes détrempées, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, et qu’il détermine un mâle dans une récolte de K. Guerbaa, du 15/09/2006, dans la tourbière de Friaulouse, à Saint-Goussaud. Trois mentions de l’espèce qui proviennent de F. Lagarde, en 2009, dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade) et celle de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais), complètent l’inventaire de la Creuse. En Haute-Vienne, E. Duffey capture une femelle, le 05/04/1999, au filet fauchoir, au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, et M. Cruveillier en récolte une autre, le 19/09/2000, dans des sphaignes de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. La seule mention pour la Corrèze émane de F. Lagarde qui cite la présence de l’espèce, en 2009, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac.

Sitticus floricola (C. L. Koch, 1837) : pouvant être un peu plus grande que la précédente, cette araignée de couleur générale gris anthracite avec quelques soies fauves, notamment sur les pattes, et quelques taches de soies blanches sur l’abdomen, se rencontre dans les milieux herbacés à la fois ensoleillés et humides, très souvent sur les joncs, où on peut observer des adultes du printemps à l’automne. Au moment de la ponte, la femelle tisse un refuge à deux compartiments qu’elle fixe à des joncs. Elle enferme le cocon de sa ponte dans un des compartiments et se tient dans l’autre pour en assurer la surveillance. Cette espèce a été notée à six reprises en Limousin, parfaitement réparties entre les trois départements. C’est d’abord F. Leblanc qui capture une femelle en juillet 1997, au bord de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse, en Creuse, département où M. Cruveillier récoltera, le 18/06/2000, une autre femelle dans des joncs bordant l’étang des Landes, à Lussat. En Corrèze, B. Le Péru note, en mai 1998, une femelle dans une prairie humide en friche de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, et O. Villepoux observe, le 18/07/1998, une autre femelle sur des joncs, avec un cocon, dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Les deux citations de Haute-Vienne proviennent, pour la première, de F. Leblanc qui note un mâle, le 29/06/1999, près de la chapelle d’Arliquet, à Aixe-sur-Vienne, et, pour la suivante, de M. Cruveillier qui mentionne, le 26/04/2001, une femelle dans une loge de soie protégée par une feuille de chêne enroulée et fixée à des joncs, dans la prairie tourbeuse de La Roubardie, près du hameau des Garabœufs, à Meuzac.

Note de bas de page 120 :

dans la mesure où ces deux dernières observations ont été faites en milieu humide (au bord d’une gouille pour l’une et dans une tourbière pour l’autre) il y aura lieu de revoir les deux exemplaires concernés afin de vérifier s’il ne s’agit pas de S. inexpectus, ou encore de S. floricola qui serait moins insolite en ce milieu.

Sitticus rupicola (C.L .Koch, 1837) : déjà pas trop facile à distinguer de la précédente, cette araignée va demander encore plus d’attention pour sa détermination dans la mesure où une nouvelle espèce, S. inexpectus, est venue s’ajouter à la faune de France et qui, selon la plupart des auteurs, avait été confondue jusque là avec Sitticus rupicola. Cette dernière, comme son nom l’indique, fréquenterait de préférence les milieux pierreux comme les grèves, les rochers, les éboulis, et serait une espèce montagnarde dont la période de maturité irait du milieu du printemps à la fin de l’été. Les trois seules mentions du Limousin, toutes de Creuse, se situent entre 600 et 800 m. C’est d’abord F. Leblanc qui note une femelle en mai 1998, sans mention de milieu, près de Chasselines dans la commune de Saint-Michel-de-Veisse, puis F. Lagarde qui cite deux fois la présence de l’espèce en 2009 à Gentioux-Pigerolles (à la Ferme de Lachaud et à Pierre Fade)120.

Talavera aequipes (O. P.-Cambridge, 1871) : six espèces et une sous-espèce de ce genre sont actuellement répertoriées en France, dont seule T. aequipes a fait l’objet d’observations dans notre région. C’est une petite araignée paléarctique* dont la taille dépasse légèrement les 2 mm sans en atteindre 3. Les deux sexes ont la zone oculaire noire et présentent des chevrons clairs, pas toujours bien nets, sur un abdomen gris brun foncé. Les pédipalpes de la femelle sont d’un jaune assez clair, ceux du mâle plutôt d’un brun jaunâtre. Le bout de l’embolus* de ce dernier est recourbé comme la pointe d’un tire-bouchon. Ils fréquentent des milieux en général secs et se tiennent à la base de la végétation ou dans la litière des prairies, des landes, parfois dans les lichens. On trouve des mâles adultes du début de mai à la mi-septembre et des femelles toute l’année. Il est noté dans la littérature que ces dernières, comme les Pellenes, s’installeraient parfois dans une coquille vide d’escargot où elles placeraient leur ponte. L’espèce apparaît en Limousin dans onze fiches d’inventaire pour autant d’animaux identifiés. La première citation est celle d’un mâle récolté en Haute-Vienne, le 16/08/1995, circulant au sol sur une allée de sable, de pierres et d’herbes rases éparses, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier, lequel capturera dans ce même village une femelle, le 20/05/2001, en battant de la repousse de haie de frêne et de charme, après avoir récolté, dans la même commune, un autre mâle au filet fauchoir, en juillet 2000, dans un secteur de lande sèche à Erica vagans, au Cluzeau. L’autre citation de Haute-Vienne est un mâle capturé par piégeage, en juillet 2000, par P. Durepaire, dans un secteur de lande sèche bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, et identifié par E. Duffey. Toutes les autres données sont de 2009 et émanent de F. Lagarde qui mentionne la seule observation de Corrèze à Peyrelevade, dans la tourbière de Négarioux Malsagnes et cite six observations en Creuse , à Faux-la-Montagne (tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Pierre Fade) et à Royère-de- Vassivière (Croix de Fayaud, Bois des Pialles).

Les Scytodidae

Cette famille ne compte que cinq genres dans le monde pour un peu plus de deux cents espèces actuellement répertoriées. Ce sont des araignées haplogynes*. En France, seul le genre Scytodes est représenté par deux espèces dont l’une, Scytodes velutina, qui est méridionale, a peu de chance d’être rencontrée en Limousin. Les Scytodes pratiquent un mode de chasse original. Elles possèdent en effet des glandes dont une poche contient le venin et l’autre une matière visqueuse qu’elles projettent à courte distance sur leurs proies pour les immobiliser. C’est cet ensemble glandulaire important qui, logé à l’avant du céphalothorax, donne au bandeau son aspect bombé.

Scytodes thoracica (Latreille, 1802) : le mâle de cette araignée mesure de 4 et 5 mm, la femelle pouvant en atteindre 6. Leur forme caractéristique, la disposition de leurs six yeux, leur coloration jaune-beige clair, les dessins bruns du céphalothorax et de l’abdomen, permettent de les identifier facilement à vue, sur le terrain. On peut rencontrer des adultes du printemps à la fin de l’automne sur les murs, sous les pierres, parfois dans les maisons. L’espèce est certainement rare en Limousin puisqu’elle n’y est citée que quatre fois pour cinq animaux observés et seulement dans le département de la Haute-Vienne. La première est une femelle capturée contre le mur d’un hangar, le 06/06/1997, par M. Cruveillier, au village de Chavagnac, à Meuzac. E. Duffey récolte une autre femelle en mai 1998 sur le mur de sa maison de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, puis, le 10/06/2003, deux autres femelles dans cette même maison, l’une dans un bureau et l’autre dans une cave. Une citation, sans mention de sexe, nous était parvenue de P. Tutelaers qui avait observé un individu de cette espèce, le 02/06/2003, sur un bâtiment au village de la Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre.

Les Segestriidae

Note de bas de page 121 :

le genre Gippsicola ne comporte que l’espèce G. raleighi, dans l’état de Victoria, au sud-est de l’Australie.

Cette famille, comme la précédente, regroupe des araignées haplogynes* réparties en trois genres dont les deux plus nombreux, Ariadna et Segestria121, sont représentés en France.

Note de bas de page 122 :

le genre Ariadna n’est représenté en France que par deux espèces : A. insidiatrix et A. gallica.

Note de bas de page 123 :

Les deux autres Segestria présentes en France: S. fusca et S. pusiola, sont des espèces méridionales.

Seul le genre Segestria dont cinq espèces sont présentes dans notre pays122 a fait l’objet d’observations en Limousin. Ce sont des araignées qui se logent sous des pierres ou dans des anfractuosités de bâtiments, de rochers, de murs, de talus, d’écorces, où elles se construisent un abri devant lequel elles tissent une toile en collerette. On trouve des adultes toute l’année et on peut les voir souvent, attendant le passage d’une proie à l’entrée tubulaire de leur refuge, avec les trois premières paires de pattes bien visibles et dirigées vers l’avant, ce qui est chez elles une attitude caractéristique. Leurs mœurs permettent de comprendre pourquoi elles ne sont pas capturées par piégeage au sol. Si le genre Segestria se reconnaît assez aisément dans la nature, il y aura lieu, pour distinguer entre elles les trois espèces susceptibles d’être observées en Limousin123, notamment pour les femelles qui ne présentent pas d’épigyne visible, de recourir à d’autres éléments comme la taille, le dessin dorsal, le nombre et la position des épines sur les métatarses de la première paire de pattes.

Segestria bavarica C. L. Koch, 1843 : le mâle de cette araignée mesure de 7 à 10 mm et la femelle de 10 à 13 mm. C’est la seule des trois chez laquelle le dessin dorsal de l’abdomen est formé de deux rangées médianes de taches foncées symétriques séparées par un fin liséré de soies claires. Le métatarse I ne comporte que deux épines latérales, ce qui permet de ne pas la confondre avec S. senoculata. M. Cruveillier est l’auteur des deux seules citations actuelles de notre base : d’abord un couple en Haute-Vienne, le 13/07/2000, sous l’écorce d’un billot de vieux châtaignier, au village de Chavagnac, à Meuzac, puis une femelle en Creuse, le 07/08/2009, dans une anfractuosité du mur d’un bâtiment à l’entrée de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Segestria florentina (Rossi, 1790) : est la plus grande de nos Segestria. La femelle peut atteindre 22 mm. Le mâle mesure de 10 à 15 mm. La couleur d’un gris brun très sombre de cette espèce exige de l’attention pour percevoir le dessin dorsal de son abdomen. La disposition des épines sur le métatarse I est identique à celle qu’on observe chez la précédente mais la confusion entre les deux espèces n’est guère possible compte tenu de la taille, de la couleur et du dessin dorsal qu’on peut quand même distinguer. Les chélicères de S. florentina ont un reflet vert métallique absent chez S. bavarica. C’est une des rares araignées limousines dont la morsure, sans présenter de risque grave, a pu être signalée comme douloureuse dans la littérature. La seule citation de cette espèce dans notre région est celle d’une femelle, capturée le 13/07/2000, par M. Cruveillier, dans une fissure d’une falaise rocheuse de la Côte pelée de Chasteaux, en Corrèze.

Note de bas de page 124 :

Cette remarque vaut pour un assez grand nombre d’espèces dont les citations sont rapportées dans cette étude.

Segestria senoculata (Linné, 1758) : avec 7 mm pour le mâle et jusqu’à 10 pour la femelle cette Segestria est plus petite que les deux autres. Elle présente comme elles deux épines dorsales sur le métatarse I, mais s’en distingue aisément car elle est la seule des trois à avoir trois épines de chaque côté de ce métatarse. C’est celle qui a été le plus souvent citée en Limousin où elle apparaît dans dix fiches d’inventaire pour seize individus identifiés. Mais l’examen de ces fiches soulignera, pour le lecteur comme pour nous, ce que ces données doivent à des circonstances souvent particulières dont il est difficile de tenir compte dans une appréciation de notions comme la rareté, la fréquence ou la répartition géographique124. Dans le cas présent, par exemple, quinze des seize observations sont signalées par un seul naturaliste, dont quatorze dans la même commune. Il est bien évident que rien, sauf une attention toute spéciale et une recherche orientée, ne saurait justifier l’apparence d’une concentration particulère de cette espèce dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, où M. Cruveillier cite le premier couple récolté par lui, le 16/08/1995, dans une anfractuosité de mur d’une vieille maison inhabitée, au village de Chavagnac. Le 06/06/1997, il récolte dans ce même village une femelle dans une cavité de mur d’une grange, puis un bel exemplaire de mâle, le 21/03/1998, sur le carreau d’une salle de bains, et une femelle sous un tas de cailloux, en bordure d’un champ, le 10/09/1999. Lors d’un stage de détermination qu’il avait organisé en avril 2001, alors qu’il avait conduit des stagiaires en ce dernier lieu, ceux-ci récoltèrent, dans des tas de cailloux bordant un vieux verger abandonné, sept femelles dont deux seulement furent conservées. Enfin, toujours dans cette commune de Meuzac, trois femelles furent observées, le 25/04/2001, dans une remise adossée au bâtiment où se tenait le stage, aux Mas de France. Une autre observation de M. Cruveillier pour la Haute-Vienne concerne une femelle récoltée, le 03/06/2000, dans un mur de pierres sèches, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. C’est à F. Leblanc qu’est due l’unique citation de Creuse, un mâle récolté sous des écailles d’écorce d’un vieux chêne, le 28/02/1999, à Bois d’Armont, dans la commune de Fransèches. Nul doute que des sorties plus focalisées sur les endroits où se tiennent habituellement les Segestria, auraient donné une tout autre idée de leur répartition et de leur fréquence.

Les Sparassidae

Note de bas de page 125 :

Dans certains ouvrages, notamment de M. J. Roberts, on trouve encore ces animaux classés dans la famille, aujourd’hui abandonnée, des Heteropodidae.

Note de bas de page 126 :

L’espèce Micrommata ligurina, également présente en France, n’a pas été observée en Limousin.

Cette famille125 compte plus de onze cents espèces dans le monde, réparties en quatre- vingt-cinq genres dont deux seulement sont représentés en France : Micrommata pour deux espèces et une sous-espèce dont la validité nous semble discutable, et le genre Olios pour le seul O. argelasius, espèce méditerranéenne qui a peu de chances d’apparaître en Limousin. En revanche, une espèce et la sous-espèce du genre Micrommata, ont été mentionnées dans notre région126.

# Micrommata virescens (Clerck, 1757) (ex Micrommata roseum) : les Micrommata sont de belles araignées, d’assez bonne taille, qui ne tissent pas de toile-piège et que leur couleur verte rend difficiles à distinguer dans les herbes ou les feuillages où elles pratiquent de jour une chasse active. Leurs pattes sont pourvues de fascicules unguéaux*. Au moment de la ponte, les femelles s’enferment avec leur cocon dans une ou plusieurs feuilles repliées en tube. La femelle de l’espèce M. virescens, qui peut mesurer entre 10 et 16 mm, a un abdomen d’un vert bien vif mais plus pâle que le céphalothorax, avec une tâche cardiaque plus foncée et bordée de jaune paille. Le mâle, dont la taille est comprise entre 7 et 10 mm, a un abdomen d’un jaune soutenu avec une bande médiane rouge. L’un et l’autre ont les yeux frangés de soies blanches. On peut rencontrer des femelles adultes du milieu du printemps à la mi- automne, les mâles plutôt pendant l’été. Sans être très abondante en Limousin, où elle fréquente les milieux à végétation basse à mi-haute, herbacée ou buissonnante, cette espèce y est relativement commune puisqu’elle y a été mentionnée dans trente-cinq fiches d’inventaire pour une cinquantaine d’animaux identifiés. La première mention enregistrée est celle de la récolte en Haute-Vienne, par M. Cruveillier, d’un mâle et deux femelles le 14/06/1996 dans une zone herbacée en lisière d’un secteur pâturé de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il signalera un mâle et une femelle, le 06/06/1997, dans une lisière de bois, à Chavagnac, un mâle et deux femelles, le 14/08/1998, dans une prairie humide en friche au bord du ruisseau des Baraques, au Mas Gaudeix, un mâle et une femelle, le 17/08/1998, dans la lande de La Roubardie, aux Garabœufs, et, le 06/12/1998, l’observation un peu surprenante d’un mâle immature à l’intérieur d’une maison, à Chavagnac. Il observera également deux femelles, non récoltées, dans une prairie au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, le 03/06/2000. Dans une série de notes tirées des carnets remis en 2002 par M. Barataud, on relève l’observation d’une femelle, le 24/05/1986, à Boscartus, dans la commune de Cieux, et celle d’une autre femelle le 07/05/1994, dans la lande de La Flotte, à Château-Chervix. De son côté K. Gerbaa mentionne une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries, à Saint- Bazile, et, le 13/06/1999, un mâle dans l’herbe humide de la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, site où E. Duffey récoltera un mâle, le 22/05/2000, dans de la callune. Ce dernier avait aussi mentionné une femelle en juillet1999, dans l’herbe d’une prairie naturelle au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Enfin, K. Guerbaa signalera une femelle, le 12/07/2007, et une autre le 16/09/2008, à Saint-Léger-la-Montagne, dans la tourbière de Mallety. En Corrèze on trouve, dans les carnets de M. Barataud, le 01/09/1990, mention d’une femelle dans la mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines et, le 26/05/1995, d’une autre femelle dans les Gorges du Dognon, à Monestier-Port-Dieu. Son observation du 01/09/1990 sera renouvelée par M. Cruveillier, vingt ans plus tard, le 10/05/2010. Dans sa commune de Saint-Etienne-aux Clos, B. Le Péru cite l’espèce en septembre 1997 d’abord dans une clairière de forêt, puis dans une prairie en friche, site où il récoltera une femelle en juin 1998 et une autre en juillet 2001. K. Guerbaa note une femelle, le 28/07/1999, dans la vallée de la Vézère, au lieudit Le Dolmen, dans la commune d’Espartignac. E. Duffey en observe une autre, le 08/05/2005, sur un rosier de son jardin du Dougnoux, à Altillac, puis M. Cruveillier en observe deux autres, le 15/04/2006, dans la commune de Chasteaux, l’une à la Côte Pelée, l’autre dans une prairie humide à la station de pompage du Soulier. Il détermine également un superbe mâle, récolté le 09/05/2010, par un stagiaire dans une lisière herbeuse du Bois de Roc Grand, à Liginiac. Enfin, en 2009, F. Lagarde signale un individu de l’espèce dans la tourbière de Ribière longue, à Meymac, et un autre dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. En Creuse, K. Guerbaa note un mâle, le 15/05/1999, au lieudit La Forêt, à La-Celle-sous-Gouzon. A Lussat, M. Cruveillier observe deux femelles, le 22/06/2000, dans un secteur herbeux humide au bord de l’étang des Landes et une autre, laissée sur place, avec son cocon dans une feuille enroulée, dans une haie de noisetiers, près de l’étang de Tête de Bœuf. Quatre mentions de F. Lagarde en 2009 viennent clore cette liste, trois dans la commune de Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Pré Neufs) et une au Bois des Pialles, à Royère-de-Vassivière.

Note de bas de page 127 :

Cela est opportunément rappelé dans la récapitulation qui est faite, dans le catalogue international, des diverses appellations attribuées à cet animal. Le nom de roseum, que cette araignée a d’abord porté, montre que Micrommata est du genre neutre comme le confirme, par exemple, le nom de Micrommata ligurinum donné à une autre de cette famille. Lorsque Simon écrit ornata il n’accorde pas ce mot à Micrommata mais au mot féminin variété, lequel aujourd’hui n’est plus pris en compte et dont la disparition a conduit à une prolifération des sous-espèces. C’est donc une faute que d’avoir pris prétexte de ce mot ornata pour féminiser Micrommata. Il y aurait lieu de rétablir dans le catalogue international, le nom de Micrommata ligurinum et d’autres, et si on persiste à faire, contre toute logique, une sous-espèce de l’ancienne variété ornata de M. virescens, alors il faudrait que Micrommata virescens devienne Micrommata virescens virescens et que sa sous espèce prenne le nom de Micrommata virescens ornatum. Mais nous prévoyons que des difficultés sérieuses ne manqueraient pas de se présenter lorsqu’il faudrait trouver des caractères qui établiraient une différence probante entre l’espèce et sa sous-espèce.

Note de bas de page 128 :

le mot chélicère est considéré comme masculin ou féminin selon les auteurs.

# Micrommata virescens ornata (Walckenaer, 1802) : naguère considérée comme une variété de M. virescens, cette araignée est présentée aujourd’hui comme une sous-espèce. Comme elle n’est pas décrite dans la plupart des ouvrages, nous reproduisons ci-après ce qu’écrit Eugène Simon à la page 892 du tome VI des Arachnides de France (image page 339 ). où il la présente sous le nom de Micommata roseum var. ornata127 : « Blanc testacé à peine verdâtre. Céphalothorax, abdomen et pattes criblés de points roses. Lignes et dessins du céphalothorax rose carminé beaucoup plus nets. Chélicères marqués128 en avant de gros points roses subsériés, pattes criblées de petits points roses. Abdomen criblé sur les côtés de points roses allongés, offrant une bande médiane entière bordée de gris, marquée de chaque côté de petites tâches rouges inégales souvent confluentes. » Des non spécialistes peuvent avoir confondu cette soi-disant sous-espèce, avec des stades jeunes de M. virescens, lesquels présentent également une ponctuation rose ou rouge. Et certaines citations ont conduit à des contradictions. C’est ainsi que dans l’édition française du guide de Dick Jones il est indiqué que cette araignée est présente « dans tout le nord de l’Europe », alors que dans le site Spinnen Europas, elle n’apparaît que dans des pays de l’Europe du sud. Aucun des cinq naturalistes auxquels nous devons la presque totalité de nos données, n’a mentionné cette sous-espèce. L’observation d’une femelle, le 25/04/1987, dans une forêt de Châteauneuf-la-Forêt, en Haute-Vienne, figurait cependant, dans les carnets de M. Barataud, et P. Tutelaers avait cité une autre femelle, le 21/05/1999, dans ce même département, à la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. On verra plus loin l’image d’un mâle subadulte, capturé en avril 2004 par A. Cruveillier, qui correspond à la description que donne E. Simon de la variété ornata. Or il s’agit de l’animal que M. Cruveillier a élevé en terrarium et qui, après une dernière mue, a pris l’aspect que l’on connaît des mâles de M. virescens dont des images des genitalia sont rappelées en fig. 4. La validité de cette sous-espèce devrait donc être revue.

Figure 4 ci-dessus les genitalia de M. virescens

Figure 4 ci-dessus les genitalia de M. virescens

Photos M. Cruveillier et J.-C. Ledoux

Les Tetragnathidae

Selon le catalogue international, la famille des Tetragnathidae compte, au moment où nous écrivons, neuf-cent-soixante-sept espèces dans le monde, réparties en quarante-sept genres. Quatre de ces genres sont représentés en France ainsi qu’en Limousin où treize espèces ont été observées sur les vingt et une répertoriées dans notre pays. Ce sont des araignées orbitèles*. Dans des ouvrages peu récents, le genre Meta regroupe les genres actuels Meta et Metellina qui devront être recherchés dans la famille des Metidae, bâtie sur le genre Meta, où ils étaient classés à tort puisque cette famille accueillait déjà des copépodes, qui sont des crustacés, et n’était donc pas disponible pour des araignées. Il aurait fallu trouver un autre nom pour cette famille car la séparation d’avec les genres Pachygnatha et Tetragnatha avait quelque raison d’être. En effet, alors que Meta et Metellina sont sans conteste entélégynes*, il y aurait eu quelque justification à admettre les deux autres dans le groupe des haplogynes* dans la mesure où les femelles n’ont pas d’épigyne nettement apparente. Pour tenir compte de cette différence, certains auteurs, comme le Suédois Sven Almquist, reprenant l’idée qui, dans une classification antérieure, séparait les Metidae des Tetragnathidae, divisent la famille des Tetragnathidae en deux sous-familles : les Metinae pour les genres Meta et Metellina et les Tetragnathinae pour les genres Tetragnatha et Pachygnatha.

Meta bourneti Simon, 1922 : comme toutes les espèces de cette famille, les Meta construisent une toile orbiculaire, mais dans la mesure où les proies volantes sont plus rares dans les grottes où elles vivent, elles en ont adapté la forme comme l’usage à ce milieu. Meta bourneti est une araignée cavernicole de bonne taille, le mâle mesurant de 10 à 13 mm et la femelle pouvant en atteindre 16. Cette dernière a un abdomen de couleur beige orangé avec quelques motifs légèrement plus rougeâtres mais peu discernables. Le céphalothorax et les pattes, fort longues, surtout les deux premières paires, sont d’un brun rouge très foncé presque noir. Le mâle est un peu plus foncé que la femelle. On peut rencontrer des adultes toute l’année. La femelle abrite sa ponte dans un cocon de forme ovoïde qu’elle accroche au bout d’un petit pied de soie à la voûte de la caverne ou du souterrain où elle vit. Les naturalistes étudiant ces milieux ont plus de chances que les autres de rencontrer cette espèce et, de fait, nous devons sa seule mention en Limousin à M. Barataud, spécialiste des chiroptères, qui captura en Corrèze, le 28/05/2003, dans une culée du viaduc de Rouchat, à Vignols, une femelle qu’il remit pour identification et conservation à M. Cruveillier.

Meta menardi (Latreille, 1804) : cavernicole comme la précédente avec laquelle on pourrait la confondre à première vue, cette araignée s’en distingue d’abord par une coloration générale brun orangé nettement plus foncée avec des dessins presque noirs tant sur le céphalothorax que sur l’abdomen. La femelle peut être légèrement plus grande que celle de M. bourneti. Ces deux espèces, que l’examen des genitalia* permet de ne pas confondre, ont une phénologie et des mœurs très semblables. Selon la littérature, il semblerait que Meta menardi soit un peu plus fréquente que sa congénère, surtout localement. Cependant, en Limousin, elle n’a fait l’objet jusque là que de trois mentions. C’est encore M. Barataud qui cite dans ses carnets la première observation d’une femelle, dans un souterrain de La Chenaud, dans la commune creusoise de Saint-Eloi, le 06/01/1986. Les deux autres citations se situent en Corrèze où, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note une femelle, en octobre 1997, dans une pile de bois, endroit un peu inhabituel pour cette espèce mais où on trouve fréquemment Metellina merianae, qui peut atteindre 12 mm, et avec laquelle elle est parfois confondue. La deuxième citation de Corrèze est une autre femelle récoltée par M. Cruveillier, le 21/08/2004, sous la voûte en pierre d’une sorte de cave bien conservée, à la base d’une vieille tour en ruines de l’ancienne forteresse du onzième siècle, du château de Comborn, à Orgnac-sur-Vézère. Meta menardi a été élue « araignée européenne 2012 » par la Société Européenne d’Arachnologie ce qui, outre l’incitation pour les arachnologistes à faire un effort particulier dans l’étude de la faune aranéologique des grottes, cavernes et autres souterrains, a suscité un certain nombre d’articles consultables sur internet.

Metellina mengei (Blackwall, 1869) : très semblable à Metellina segmentata dont elle a été dans le passé considérée comme une sous-espèce, cette araignée fixe sa toile sur des supports divers, herbes, buissons, branches des arbres, à des hauteurs pouvant aller jusqu’à deux mètres et cela dans un éventail d’habitats assez large : prairies, jardins, friches, haies, lisières de bois ou clairières. Le mâle mesure de 3,5 à 5 mm et la femelle jusqu’à 6. On trouve déjà des adultes au printemps et jusqu’à la fin de l’été, parfois même un peu plus tard. Elle est plus précocement adulte que M. segmentata, mais ce n’est pas un critère de détermination suffisant, surtout l’été où les deux espèces sont matures. Pour aider à les distinguer, outre l’examen minutieux de leurs genitalia* qui présentent quand même de légères différences, M. J. Roberts donne une indication intéressante concernant les femelles : la bande médiane sombre qui se trouve sous l’abdomen atteint l’épigyne sans la recouvrir chez M. segmentata alors qu’elle dépasse l’épigyne chez M. mengei. Pour les mâles, on observera les soies situées sous le métatarse de la patte I, courtes chez M. segmentata et longues chez M. mengei. Cette espèce est assez commune en Limousin puisqu’elle apparaît dans quarante-cinq fiches d’inventaire, pour quatre-vingts animaux identifiés. Vingt-deux de ces fiches concernent la Haute-Vienne où M. Cruveillier récolta le premier couple sur une toile tendue dans une touffe d’apiacées sèches, le 20/05/1997, dans la mégaphorbiaie de la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, commune où il cite l’espèce dans huit autres fiches : un couple dans de la bruyère au bord d’un fossé plein d’eau, le 15/05/1998, dans la Lande du Cluzeau, une femelle, le 18/08/1998, en sous-bois, au bord du ruisseau des Baraques, près du hameau du Mas Gaudeix, un autre couple dans des ajoncs, le 23/04/2001, récolté par B. Duhem, aux Mas de France, deux mâles et une femelle récoltés par F. Leblanc, le 24/04/2001, sur un genévrier de la Lande du Cluzeau, un mâle récolté le 25/04/2001, par F. leblanc, dans la végétation bordant le lac de la Basse Roche. M. Cruveillier récolte également un mâle dans de la végétation de sous-bois aux Mas de France, le 28/04/2001, un deuxième mâle, le 20/05/2001, dans de la fétuque, en lisière de forêt, près de Chavagnac, village où, le 27/05/2001, il en observe un troisième, dans son jardin sur un pied de rhubarbe. Il avait déjà noté un couple sur un framboisier dans un jardin, le 03/06/2000, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Dans la réserve de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, P. Tutelaers avait noté, le 21/05/1999, l’observation de trois mâles et deux femelles le long du ruisseau des Dauges, ensuite, E. Duffey y récoltera au filet fauchoir, le 23/05/2000, d’abord un mâle sur un génévrier puis deux autres mâles dans les branches basses de chênes en bordure de sentier, et, toujours au filet fauchoir, un mâle et une femelle, dans l’herbe, le 29/06/2004. Il avait récolté, le 29/04/2000, deux mâles dans de la végétation buissonnante bordant un étang, à Rancon et noté l’espèce à cinq reprises au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 1999, dans une prairie naturelle, une autre le 08/05/2000, dans le feuillage d’une haie, et, au même endroit, une autre le 30/05/2002, un mâle et deux femelles le 29/04/2003, et enfin un dernier mâle le 22/05/2003. Pour clore la liste de Haute-Vienne, ajoutons d’abord la capture par E. Mourioux, dans un piège à carabes, le 16/04/2000, au pied du viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles, d’un couple qui sera déterminé par N. Larchevêque lors du stage de Meuzac d’avril 2001, puis la mention par F. Lagarde de la présence de l’espèce en 2009 dans le bois de Crosas, à Peyrat-le-Château. En Corrèze, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, c’est d’abord B. Le Péru qui signale en mai 1997, dans une forêt très humide, deux femelles dont la « toile était à 0,7 m du sol », puis, en mars 2001, un mâle circulant au sol sur la mousse, dans une forêt de chênes à 650 m d’altitude, puis un autre mâle, en octobre 2001, dans une prairie en friche, et enfin, dans une prairie très humide, deux mâles et deux femelles en mai 2002. Au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran, site à chiroptères géré par le CEN du Limousin qui en est propriétaire, un couple est récolté par battage de branches basses de chênes, le 09/06/2001, par M. Cruveillier qui est l’auteur de toutes les autres données de Corrèze, la plupart recueillies au cours de stages dont il est l’intervenant et qui sont organisés par l’Université de Limoges dans sa station universitaire de Meymac : d’abord deux femelles, le 08/05/2010, dans le talus herbeux d’une piste forestière au Bois de Roc Grand, à Liginiac, puis, dans la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat, lors de la sortie du 08/05/2001, deux mâles et trois femelles dans des buissons, deux mâles et deux femelles dans de hautes herbes et une autre femelle dans les branches basses d’un hêtre, enfin, le 09/05/2011, au bord du lac de Sèchemailles, à Ambrugeat, un mâle dans des buissons et un couple dans de hautes herbes. La Creuse est l’objet d’une douzaine de fiches d’inventaire dont la première, de F. Leblanc, est du 17/08/1997 et cite l’observation d’une femelle au bord de l’étang de Chignat, à Soubrebost, la suivante, du 06/06/1999, mentionne un couple dans de l’herbe mi-haute à Fransèches et la dernière signale la détermination d’une femelle capturée par E. Mourioux, le 05/03/2000, dans un piège à carabes, au lieudit Le Dognon, à Saint- Maurice-La-Souterraine. Puis c’est M. Cruveillier qui note aussi trois fois l’espèce, d’abord le 25/05/2001, un couple sur la même toile dans un buisson en bordure de l’étang des Landes, au lieudit Le Genévrier, à Lussat, commune où il mentionnera deux fois l’espèce en 2009, un mâle le 18/05 et une femelle le 01/06, dans les branches basses d’une rangée d’épicéas, au bord de l’étang de Tête de Bœuf. A Saint-Oradoux-de Chirouze, à proximité de l’étang de Méouze, B. Le Péru observe un mâle et une femelle, le 25/05/2007, dans une lisière entre prairie et bois de feuillus, et enfin F. Lagarde cite l’espèce dans trois autres communes, d’abord à Royère-de-Vassivière où, le 14/05/2006, il note un individu à Malvergne et une femelle à La Gane où il citera à nouveau l’espèce en 2009 ainsi que dans deux autres communes au cours de cette même année : à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud) et à Gioux (tourbière de Puy Chaud).

Note de bas de page 129 :

J.-C. Ledoux, que nous avons interrogé à ce sujet, nous dit qu’il a également récolté un mâle en décembre, dans une grotte.

Metellina merianae (Scopoli, 1763) : S. Almquist indique que l’espèce d’éperon, que les mâles des Metinae présentent à la base du paracymbium*, et que les anglophones nomment « paracymbial prong », est large et court chez les Meta et plus fin et plus long chez les Metellina. C’est une indication qui peut être prise en compte pour confirmation d’un diagnostic, mais qui nous est de peu d’utilité dans la mesure où, chez nous, aucun mâle de Metellina n’atteint la taille d’un mâle de Meta et qu’on ne peut donc pas se tromper sur les mâles, et si l’on a à identifier une femelle dont la taille dépasserait 10 mm, dans la mesure où nous n’avons que deux Meta, il ne serait pas très long de comparer l’épigyne de la bête à identifier avec les dessins des épigynes de ces deux Meta pour être fixé sur le genre. Et la seule qui, chez nous, pourrait poser ce problème est bien Metellina merianae dont la femelle peut parfois dépasser 11 mm et qui se rencontre assez souvent dans les milieux cavernicoles, mais pas exclusivement. Elle recherche surtout de l’humidité et une faible lumière, ce qu’elle peut trouver en dehors des grottes. Aussi la rencontre-t-on dans divers milieux qui lui offrent ces deux éléments, souterrains, ponts, bois sombres et humides, piles de bois, rives de cours d’eau, constructions diverses. Selon la littérature l’espèce serait adulte au printemps et en été, les femelles jusqu’en automne, indications qui correspondent à nos observations sauf, comme on verra, pour trois cas de captures en décembre129. Elle est présente en Limousin où elle est notée dans quinze fiches d’inventaire pour vingt et un animaux identifiés. La première mention enregistrée est celle d’un couple récolté en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 18/06/1997, sous le pont de la Roselle, au Moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle. Il notera le 24/04/2001, une femelle dans une pile de bois couverte d’une bâche, au Mas de France, dans la commune de Meuzac. F. Leblanc cite un couple le 08/06/1999, sous le Pont de pierres, sur la Glane, à Saint-Gence et, le 10/07/1999, deux femelles sous le pont de la Loue, à Saint-Yrieix-la-Perche. Le 08/09/2000, M. Barataud cite une femelle contre un tas de bois au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et nous transmet une note de ses carnets relatant l’observation d’une femelle, le 15/12/1985, dans un souterrain à La Gente, dans la commune de Compreignac. En Corrèze, B. Le Péru cite deux observations à la lisière d’une forêt humide, sous des rochers eux-mêmes très humides, dans sa commune de Saint-Etienne-aux- Clos : un couple en mai 1997 et un autre en juin 1998. La dernière citation de Corrèze est une femelle capturée par M. Cruveillier, le 09/05/2011, dans un sous-bois très couvert et très marécageux près du lac de Sèchemailles, à Ambrugeat. En Creuse, F. Leblanc cite un mâle le 28/12/1998 à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, puis un couple, le 31/12/1998, aux environs de Fransèches, puis détermine une femelle capturée à La Garrige dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine, par E. Mourioux, le 19/03/2000. Dans la commune de Lussat, non loin du hameau du Genévrier, M. Cruveillier capture une femelle le 21/09/2000, dans une petite construction en bois proche de l’étang des Landes. Enfin, l’espèce est citée par F. Lagarde en 2007, au village du Châtain, à Saint-Moreil et en 2009, aux Ribières de Gladière, à Royère-de-Vassivière.

Metellina segmentata (Clerck, 1757) : les mœurs de cette araignée sont en tous points les mêmes que celles de M. mengei et on se reportera au paragraphe concernant cette dernière pour ce qui est de son identification. Seule sa période de maturité est plus tardive et couvre l’été et l’automne. Elle est réputée très commune dans plusieurs ouvrages. En Limousin, elle a été citée dans vingt fiches d’inventaire pour vingt-cinq identifications dont la première est une femelle notée en Haute-Vienne, le 16/08/1995, par M. Cruveillier, dans une touffe d’asters d’un jardin, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il note un mâle le 12/09/1999, dans une toile sur Rubus sp. aux Fontenelles de Chavagnac, puis, le 27/10/2002, une femelle et deux mâles sur une même toile, sur une clôture à moutons, dans la Lande du Cluzeau, et enfin une femelle sur de hautes herbes à la Celle du Cluzeau, le 28/09/2006. Il avait également cité, le 20/07/2000, une femelle ayant fait sa toile sur de jeunes sapins, dans un sous-bois bordant l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, commune où M. Barataud mentionne une autre femelle, le 08/09/2000, sur une plante buissonnante d’un jardin de Vallégeas. Le 10/10/1999, F. Leblanc avait capturé un mâle au filet fauchoir, dans un touradon de molinie de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne et, le 27/10/1999, E. Duffey avait récolté de la même façon une femelle en bordure d’une prairie naturelle, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, à la lisière d’une forêt humide de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note un mâle en septembre 1997 « dans une toile à 1 m du sol », puis un couple en octobre 1997, et enfin deux femelles en octobre 2000. K. Guerbaa cite une femelle, le 28/07/1999, dans la vallée de la Vézère, au lieudit Le Dolmen, dans la commune d’Espartignac, et, dans celle de Benayes, M. Barataud en mentionne une autre dans la tourbière du Quart du Roi, le 08/09/2000. Pour la Creuse, c’est d’abord F. Leblanc qui, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, note une femelle dans un buisson, le 10/07/1997, puis une autre femelle le 30/03/1999, date qui semble bien précoce pour un individu adulte de l’espèce M. segmentata. Les autres données de Creuse émanent de M. Cruveillier dont trois dans la commune de Lussat : une femelle dans un buisson en bordure de l’étang des Landes, le 21/09/2000, une autre sur des branches basses d’épicéa en bordure de l’étang de Tête de Bœuf, le 18/05/2009, et, dans ce même site, un mâle sur un buisson de jeunes saules, le 17/08/2009. Il mentionne par ailleurs, une femelle dans de la végétation herbacée au bord du Taurion, à Pontarion, le 03/09/2001, et, le 15/09/2006, deux femelles dans les herbes de la tourbière de Friaulouse, à Saint-Goussaud.

Note de bas de page 130 :

du grec pachy [pakhus] = épais, et gnathos = mâchoire, mandibule (en anglais : Thick-jawed spiders)

Note de bas de page 131 :

il n’est donc pas surprenant d’en capturer fréquemment dans des pièges Barber.

Pachygnatha clercki Sundevall, 1823 : avec cette araignée holarctique* nous abordons la sous-famille des Tetragnathinae dont nous avons parlé plus haut. Dans la mesure où les femelles de cette sous-famille n’ont pas d’épigyne marquée, leur distinction est moins aisée et requiert la prise en compte de critères comme la coloration et la taille. La détermination est plus facile chez les mâles dont les pédipalpes évolués présentent suffisamment de caractères distinctifs. Comme l’indique le nom de genre130, ce sont des araignées à fortes chélicères. Bien que les Pachygnatha soient des espèces orbitèles, seuls les jeunes construisent une toile orbiculaire. Les adultes ne tissent que rarement des toiles et pratiquent plutôt, dans la végétation basse, ou même au sol131, une « chasse devant soi », un peu comme les Sparassidae. Les trois Pachygnatha répertoriées en France ont été observées en Limousin mais très inégalement selon les espèces. P. clercki est une belle araignée dont le mâle mesure environ 5 mm, la femelle pouvant légèrement en dépasser 6. Les deux sexes, dont on peut rencontrer des adultes toute l’année, sont d’apparence assez semblable avec un céphalothorax couleur d’ambre marqué par une bande longitudinale très sombre, et un abdomen avec une large bande médiane de couleur marron, partagée en deux par une double et fine bande claire en chapelet, les flancs étant d’un blanc nacré teinté parfois de beige clair. L’espèce, qui fréquente plutôt des milieux herbacés humides, où elle peut être localement assez commune, est présente dans les trois départements du Limousin où elle a fait l’objet de mentions dans quatorze fiches d’inventaire pour trente-six animaux déterminés. La première saisie dans notre base de données est celle d’un mâle capturé en Haute-Vienne, dans un piège Barber près d’une mare, par M. Cruveillier, le 16/06/1997, aux Fontenelles de Chavagnac, à Meuzac, commune où F. Leblanc récoltera le 25/04/2001, un autre mâle par battage des arbustes bordant le lac de La Basse Roche. Toujours en Haute-Vienne, E. Duffey récolte par piégeage, dans un milieu herbeux humide au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, une femelle en avril 1998, ensuite trois mâles et huit femelles le 20/01/2002 et enfin deux mâles et une femelle le 08/04/2002. En Creuse, M. Cruveillier capture une femelle au filet fauchoir, le 19/06/2000, dans des joncs bordant l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat et, en 2009, F. Lagarde mentionnera six identifications de l’espèce dans deux stations de Gentioux-Pigerolles (trois aux Fontenelles du Chalard et trois à la Ferme de Lachaud) et deux autres au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue. Dans le département de la Corrèze, E. Duffey note la capture par piège, dans une partie humide de prairie, de trois mâles et une femelle le 03/04/2008 et de trois femelles le 01/06/2008, au village du Dougnoux, à Altillac. Dans les inventaires de 2009 de F. Lagarde, on relève une détermination de l’espèce dans la tourbière de Marcy, à Saint-Merd-les-Oussines et une autre dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Enfin, M. Cruveillier détermine un mâle dans une récolte de M. Lefrançois du 12/07/2011, dans une prairie paratourbeuse à Jonc acutiflore et Jonc diffus au lieudit Ars, à Pérols-sur-Vézère.

Pachygnatha degeeri Sundevall, 1830 : cette araignée paléarctique* est très semblable à première vue à P. clercki mais plus petite et avec un céphalothorax nettement plus sombre. En outre, les bords externes de la large bande centrale brune de l’abdomen présentent des dents de scie plus accentuées. Le mâle mesure environ 3 mm et la femelle 4. L’un et l’autre peuvent être rencontrés adultes en toute saison et l’espèce est nettement moins dépendante de l’humidité que la précédente. Elle est de très loin la plus commune de nos trois Pachygnatha en Limousin puisqu’elle apparaît dans soixante et une fiches d’inventaire, dix- neuf en Corrèze, treize en Creuse et vingt-neuf en Haute-Vienne, pour un total de plus de mille-huit-cents individus identifiés, dont beaucoup étaient capturés dans des pièges Barber et dont l’énumération détaillée alourdirait notre texte sans intérêt réel pour le lecteur. La première saisie au fichier est celle d’un très beau spécimen de mâle capturé en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 06/06/1997, au pied d’un arbuste en bordure d’une prairie sèche, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il note l’espèce dans six fiches, de 1998 à 2006, sur les mois de mars (une femelle adulte égarée à l’intérieur d’une maison), avril, juin et septembre, tant aux environs de Chavagnac qu’autour du Lac de la Basse Roche (dans de la litère de feuilles) ou dans la tourbière de la Celle du Cluzeau. Entre 1998 et 2004, E. Duffey citera dans dix-huit inventaires près de deux-cents captures, la plupart en mai mais aussi en janvier, mars, avril, juin et novembre, presque toutes par piégeage, dans une prairie naturelle du village de Chez Gouillard, à Bussière Poitevine. Quelques mentions isolées viennent clore la liste pour la Haute-Vienne comme celle d’une femelle, le 10/10/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne par F. Leblanc, celle d’une autre femelle, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, par M. Cruveillier, le 20/07/2000, celle d’un mâle, déterminé par N. Larchevêque, provenant d’une récolte d’E. Mourioux du 16/09/2000, près du viaduc de Rocherolles à Folles, et enfin, par F. Lagarde, celle d’un couple en septembre 2006 suivi d’un autre en 2009, dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château. En Creuse, F. Leblanc capture une femelle le 10/05/1998 dans de l’herbe mi-haute, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs et un mâle le 06/06/1999 aux environs de Fransèches. Puis M. Cruveillier capture une femelle au filet fauchoir dans de hautes herbes en bordure d’une prairie du hameau du Genévrier, à Lussat et F. Lagarde récolte par piégeage une autre femelle le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière. Enfin, dans la période de 2007 à 2009, il mentionnera plus de 1200 captures réparties sur quatre communes creusoises du Plateau de Millevaches : Faux-la-Montagne, Gentioux-Pigerolles, Saint-Pierre-Bellevue et, à nouveau, Royère-de-Vassivière. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, note un mâle en mai 1999, puis une femelle en juin et à nouveau un mâle en mars 2002, errant au sol dans un jardin. En 2001, au sol, dans une prairie en friche, il mentionne une femelle en mars et une autre en avril, puis, en octobre, un mâle en lisière de forêt. M. Cruveillier récolte un superbe mâle dans une touffe de Callune, le 09/05/2007, dans la lande du Puy de Razel, à Pérols-sur-Vézère et, dans son village du Dougnoux, à Altillac, E. Duffey déterminera, entre avril et juin 2008, près de deux cents individus de cette espèce, dans une prairie d’herbe mi-haute. F. Lagarde, de son côté, note la détermination de soixante quatorze animaux entre les communes de Meymac (tourbière du Longeyroux), de Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes, Ruisseau de Chamboux), de Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet) et de Viam (Roche du Coq-Estang). Enfin M. Cruveillier détermine deux mâles et une femelle dans une récolte de M. Lefrançois du 05/07/2011, dans une prairie acide à Jonc acutiflore et Molinie au lieudit La Gane, à Pérols-sur-Vézère.

Note de bas de page 132 :

Sundevall (1801-1875) qui était lui-même Suédois, et qui a créé le genre Pachygnatha en 1823, a dédié, comme on a pu voir, deux des espèces du genre à des compatriotes : Clerck (1710-1765) et de Geer (1720-1778). Avec P. listeri il rend hommage au médecin et naturaliste anglais Martin Lister (1639-1712) qui fut le premier à décrire des araignées de son pays où on l’appelait « the spider Man ».

Pachygnatha listeri132 Sundevall, 1829 : également paléarctique*, comme la précédente, cette araignée est aussi extérieurement très semblable aux deux autres. Par chance deux éléments au moins des genitalia* permettent de la distinguer : la forme particulière du paracymbium* chez le mâle et, chez la femelle, une large langue trapézoïdale aux sommets arrondis, bien marquée, à l’arrière du pli épigastrique. C’est une espèce de taille intermédiaire entre les deux autres, qui, comme elles, peut être rencontrée adulte en toute saison, le plus souvent dans la litière des bois humides. Nettement moins commune que la précédente dans notre région, elle n’apparaît que dans sept fiches d’inventaire pour douze animaux identifiés. Elle est d’abord mentionnée en Corrèze, dans la commune de Saint- Etienne-aux-Clos, par B. Le Péru qui, dans une prairie en friche en bordure de forêt, cite deux mâles en septembre 1999 puis quatre mâles et une femelle en octobre 2001, et, le 14/03/2007, une femelle dans une clairière de bois mixte près d’Eygerols dans la commune d’Eygurande. Il la citera également à trois reprises en Creuse, d’abord dans une prairie marécageuse en lisière de forêt mixte, dans la commune de Flayat où il note une femelle le 16/04/2007 et une autre le 18/04/2007, puis, dans la commune de Saint-Oradoux-de-Chirouze, le 25/05/2007, un mâle dans un bois mixte proche de l’étang de Méouze. Enfin, M. Cruveillier récolte une femelle le 13/06/2009, à Lussat, en Creuse, dans un bois humide bordant l’étang de Tête de Bœuf. La seule citation de Haute-Vienne est un mâle récolté par M. Cruveillier à Chavagnac, commune de Meuzac, dans un tas d’herbe récemment fauchée, le 22/09/2013.

Note de bas de page 133 :

en comptant la sous-espèce T. obtusa corsica Simon 1929.

Note de bas de page 134 :

voir C.R. NEET «Le cycle vital de Tetragnatha extensa dans une tourbière du Haut-Jura suisse», Revue arachnologique, 6 (3), 1985 : p. 127-132, mais également C. JUBERTHIE «sur les cycles biologiques des araignées», Bull ; Soc. Hist. Nat. Toulouse, 88 (3-4), 1954 : p. 299-318, ou M. SCHAEFER «Experimentelle Untersuchungen zum Jahreszyklus und Überwinterung von Spinnen (Araneida)» - Zool. Jb. Syst. 103, 1976: p. 127-289.

Note de bas de page 135 :

on trouve une bonne clé des espèces dans l’ouvrage de Sven Almquist, « Swedish Araneae », Part I, p. 120-121, mais, à notre sens, les dessins de la zone oculaire par Wiehle, reproduits dans le site internet de Nentwig & al. « Spinnen Europas », permettent de mieux apprécier l’écartement entre les yeux, qui est un élément pris en compte dans cette clé.

Tetragnatha dearmata Thorell, 1873 : le genre Tetragnatha, décrit par notre compatriote corrézien Latreille en 1804, compte dix espèces133 actuellement répertoriées en France dont cinq ont été jusque là notées en Limousin. C’est un genre qui a inspiré plusieurs études, notamment en ce qui concerne plus particulièrement son cycle vital, où on peut lire que la plupart ont un cycle de sept à huit mues, dont deux dans le cocon134. Ce sont des araignées orbitèles dont le genre est reconnaissable, même par des débutants, grâce à leur taille, à la forme allongée de leur abdomen, leurs longues pattes et leurs fortes et longues chélicères divergentes. La détermination de l’espèce est en revanche moins aisée, surtout en ce qui concerne les femelles135, pour les raisons évoquées plus haut. La plupart des espèces de Tetragnatha se tiennent fréquemment dans la végétation buissonnante de bordure des eaux. Ce serait le cas, selon Nentwig & al., de T. dearmata, espèce holarctique* qui pourtant, pour les deux seules fois où elle a été observée en Limousin, en était assez éloignée. En effet, dans la seule commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, où elle a été citée, par B. Le Péru, qui note l’observation de deux mâles, celui-ci indique pour le premier, en juillet 2000, dans une toile à 1,5 m du sol, que cela se passait dans les très hautes herbes d’une prairie en friche et que l’autre, en septembre 2000, errait sur un poteau de clôture, dans un jardin de la Gare de Savennes.

Tetragnatha extensa (Linné, 1758) : cette araignée holarctique* est de loin l’espèce de Tetragnatha la plus répandue et la plus fréquente. Elle est, avec T. pinicola, l’une de nos deux espèces dont le sternum brun foncé présente une bande médiane lancéolée de couleur jaune. Le mâle mesure de 6 à 9 mm et la femelle peut en atteindre 12. Ils se tiennent parfois dans des endroits très marécageux mais le plus souvent sur la végétation des rives de cours d’eau ou d’étangs, où l’on peut trouver des adultes à la fin du printemps et durant l’été. L’espèce est bien présente en Limousin où elle a été mentionnée dans quarante-deux fiches d’inventaire pour cent-quatre animaux identifiés. La première citation saisie est celle de deux mâles et quinze femelles, dont seul un couple fut conservé, observés par M. Cruveillier, en Haute-Vienne, le 20/05/1997, dans la végétation bordant l’étang de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, commune où il mentionne encore l’espèce à quatre reprises : un mâle et douze autres femelles (un couple conservé) le 25/05/1997, au bord du Ruisseau de la Roubardie, un mâle et deux femelles le 14/08/1998, au bord du ruisseau des Baraques, deux femelles au bord du lac de la Basse Roche le 02/06/2001, et, le 29/09/2006, une femelle à nouveau à la Celle du Cluzeau. Il mentionne également deux mâles et deux femelles, le 18/06/1997, au bord de la Roselle, près du moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, puis, dans la commune de Sauviat-sur-Vige, au bord de l’étang de Vallégeas, une femelle le 22/05/2000, et un mâle et plusieurs femelles (laissées sur place) le 11/07/2001. Enfin il identifie une femelle, capturée le 11/06/2004, par K. Guerbaa, au bord du ruisseau des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où P. Tutelaers avait signalé deux femelles le 21/05/1999 et où E. Duffey a mentionné, le 23/05/2000, deux mâles et une femelle dans un secteur à Eriophorum. Ce dernier cite l’espèce à six reprises, le plus souvent par capture au filet fauchoir, dans la végétation qui borde son étang de Chez Gouillard à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 1998, deux mâles le 17/07/2000, un mâle le 10/06/2002, un autre le 15/05/2003, deux autres le 22/05/2003 et enfin quatre autres le 07/06/2003. De son côté K. Guerbaa a cité une femelle en juillet 1997 dans la lande des Tuileries à Saint-Bazile, une autre en juillet 1998 sur de la végétation aquatique aux landes de Chenevières, à Pageas, trois femelles en mai 1999 dans la lande de La Martinie, à Champagnac-la-Rivière, et enfin un mâle, le 23/05/1999, dans une prairie humide au bord de la Vienne, au lieudit La Boilerie, à Verneuil-sur-Vienne. En Creuse, c’est d’abord F. Leblanc qui cite un mâle en juillet 1997, au bord de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse, puis, le 10/08/1997, deux femelles au bord du canal de l’Ermite, à l’étang des Landes, à Lussat, commune où M. Barataud note une femelle dans ses carnets, le 27/08/1997, au bord de ce même étang, près du hameau du Genévrier, où, dans les hautes herbes de la rive, deux femelles sont observées par M. Cruveillier, le 18/06/2000. Dans cette même commune, ce dernier notera deux autres femelles, le 13/06/2009, dans une roselière bordant l’étang de Tête de Bœuf. Dans la commune de Pontarion, dans une friche très marécageuse sur les bords du Taurion, et traversée par un bief, il avait mentionné un mâle et une femelle, le 03/09/2001. F. Leblanc avait cité une femelle immature , le 02/05/1998, au bord de l’étang de Mafranc, à Saint-Sulpice-les-Champs, ensuite un mâle, le 20/07/1999, dans un touradon de Molinie de la mégaphorbiaie des Ecurettes, à Chavanat, puis il avait déterminé un mâle et cinq femelles provenant de pièges à insectes d’E. Mourioux, du 19/03/2000, à La Garrige, dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine. Le 14/05/2006, F. Lagarde récoltera au filet fauchoir un mâle près d’Orladeix, au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière, et un autre au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue. Il citera à nouveau une détermination de l’espèce dans chacun de ces deux sites en 2009. Sept fiches seulement la mentionnent en Corrèze où rien ne justifierait qu’elle y soit moins commune qu’ailleurs. La première citation pour ce département émane d’O. Villepoux, qui, lors d’une visite en Limousin du « Groupe d’Etude des Tourbières », note un immature identifiable dans la tourbière de La Ferrière, à Davignac, le 16/07/1998, puis, le 18/07/1998, un mâle dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. En 1999, K. Guerbaa cite une femelle le 28/07, dans la vallée de la Vézère, au lieudit Le Dolmen, à Espartignac, puis une autre le 13/08, dans une lande de Marcy, à Saint-Merd-les-Oussines. Le 20/06/2008, E. Duffey observe trois femelles dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, commune où, le 09/05/2011, au bord du lac de Sèchemailles, deux femelles sont notées par M. Cruveillier, lequel avait récolté un mâle la veille, au bord d’un petit ruisseau, dans la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat.

Tetragnatha montana Simon, 1874 : à peu près de la même taille que T. extensa et se tenant comme elle dans la végétation du bord des eaux, quoique de façon moins exclusive, cette araignée, outre l’aspect de ses genitalia*, se distingue de cette dernière par le bord ondulé du dessin dorsal de son abdomen, par son sternum uniformément brun et par une petite protubérance, comme une dent émoussée, à la base de la partie antérieure des chélicères. On peut trouver des adultes du milieu du printemps au milieu de l’automne. En Limousin, trente- six de ces animaux ont été identifiés, enregistrés dans vingt-neuf fiches d’inventaire. La première mention revient à F. Leblanc qui cite une femelle en Creuse, le 10/07/1997, sans indication précise de milieu, près du village de Pétillat à Saint-Sulpice- les-Champs, puis un mâle, le 10/08/1997, au bord du canal de l’Ermite, à l’étang des Landes, à Lussat, commune où M. Cruveillier cite l’espèce à trois reprises : une femelle le 18/06/2000 dans les roseaux en bordure de l’étang des Landes, et deux mâles au bord de l’étang de Tête de Bœuf, l’un dans les branches basses d’un épicea le 18/05/2009, l’autre dans un genévrier le 01/06/2009, à une trentaine de mètres de la rive de l’étang. Il avait noté également, le 03/09/2001, une femelle dans la végétation de rive du Taurion, à Pontarion. Enfin, le 25/05/2007, près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, B. Le Péru mentionne une femelle dans de hautes herbes et un mâle à la lisière d’un bois mixte. Il cite également six fois l’espèce en Corrèze, dans deux sites de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos : d’abord une lisière de forêt humide où il observe une femelle en juin 1997 à 1 m du sol, une autre en juin 1998, et un couple en août 2002, puis, dans un jardin de la Gare de Savennes, deux femelles ayant fait leur toile sur des résineux à 2 m du sol en juillet 1998, une autre, en juillet 2000, sur un arbrisseau à 1,6 m du sol, et enfin deux mâles en juin 2002. O. Villepoux avait noté, le 15/07/1998, un immature identifiable « sur un tapis de sphaignes avec des trous d’eau libre » dans la tourbière du Longeyroux, à Meymac, commune où, lors d’un stage, M. Cruveillier déterminera, le 09/05/2011, un couple capturé par un stagiaire dans la végétation buissonnante du bord du lac de Sèchemailles. Il avait également récolté, le 02/06/2002, une femelle dans une lisière ombragée de chemin longeant un ruisselet, à la station de pompage du Soulier, dans la commune de Chasteaux. Les autres données de Corrèze émanent d’E. Duffey qui capture au filet fauchoir une femelle, le 18/06/2003, au bord du chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et, dans un secteur de hautes herbes proche du village du Dougnoux, à Altillac, un mâle, le 05/07/2005, et une femelle et deux mâles le 24/06/2008. En Haute-Vienne, la première mention est un mâle récolté au filet fauchoir par M. Cruveillier dans de hautes herbes au bord du ruisseau des Baraques à Meuzac, commune où il cite un autre mâle au bord du lac de la Basse Roche, le 02/06/2001. Il note également une femelle, le 22/05/2000, au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige et, le 01/07/2001, une autre femelle dans une toile tendue en travers d’un passage de cervidés dans un bois frais de la lande de La Flotte, à Château-Chervix. Dans la commune de Saint-Gence, dans les hautes herbes du bord de la Glane, près du Pont de pierres, F. Leblanc avait récolté un couple, le 08/06/1999. Les autres données de Haute-Vienne proviennent d’E. Duffey qui, dans la végétation proche de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, capture une femelle en mai de 1999, un mâle le 30/05/2002, un autre le 22/05/2003. Il cite enfin un autre mâle récolté au bord de l’étang de Rancon, le 29/04/2000.

Tetragnatha nigrita Lendl, 1886 : sensiblement de la même taille que les deux précédentes, cette araignée est la plus sombre de nos Tetragnatha et la seule ayant des chélicères très foncées, presque noires. On peut rencontrer des adultes de mai à septembre dans la végétation du bord des eaux. Elle est certainement peu commune chez nous car elle n’y a été mentionnée que deux fois, d’abord en Haute-Vienne, par E. Duffey qui a capturé un mâle au filet fauchoir, le 11/06/2001, dans les joncs bordant son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, puis par B. Le Péru qui en septembre 2001, observe un mâle « errant sur un poteau de clôture, à 1,8 m du sol », dans un jardin de la Gare de Savennes à Saint-Etienne- aux-Clos, en Corrèze.

Tetragnatha pinicola L. Koch, 1870 : le mâle de cette araignée atteint 5 mm et la femelle 6. C’est donc la plus petite de nos Tetragnatha. Selon la littérature, elle serait moins associée aux milieux aquatiques que les autres. Elle est, avec T. extensa, l’une de nos deux espèces dont le sternum brun foncé présente une tache médiane lancéolée jaune. On pourrait trouver des adultes de mai à juillet. Elle est présentée comme peu fréquente dans la plupart des ouvrages, ce que nous ne pouvons que confirmer puisqu’elle n’a été, elle aussi, notée que deux fois jusque là en Limousin et seulement en Corrèze. C’est d’abord B. Le Péru qui mentionne un mâle en mai 2002, dans une prairie très humide de Saint-Etienne-aux-Clos, puis, le 09/05/2011, M. Cruveillier détermine, grâce à la taille et au dessin du sternum, une femelle subadulte capturée par une stagiaire dans un grand talus de broussailles, au bord du lac de Sèchemailles, dans la commune d’Ambrugeat.

Les Theridiidae

Note de bas de page 136 :

Il y a 31 espèces de Latrodectus dans le monde et une seule espèce de ce genre est présente en France, Latrodectus tredecimguttatus (Rossi, 1790) ou Malmignatte, qui est une araignée surtout méridionale et qui n’est pas présente en Limousin.

Avec cent-vingt et un genres et deux-mille-quatre-cent-vingt espèces, la famille des Theridiidae est l’une des six familles qui dépassent les deux-mille espèces dans le monde. Actuellement cent-vingt et une espèces pour trente-trois genres figurent dans la liste de référence des espèces de France métropolitaine, dont quarante-sept espèces pour vingt-deux genres ont fait l’objet de mentions en Limousin. Ces araignées tissent une toile en réseau dans un apparent désorde en trois dimensions. Parce qu’un grand nombre d’espèces de cette famille ont un abdomen globuleux, les arachnologues de langue allemande les appellent « Kugelspinnen », et parce qu’on peut observer chez elles une série de fausses griffes serrulées, disposées en peigne sur la face ventrale du tarse IV, ceux de langue anglaise les nomment « Comb-footed spiders », ou parfois, en référence à leur toile, « cobweb spiders ». Une part de la célébrité des Theridiidae dans le grand public est surtout due à la présentation souvent très exagérée des dangers que peut faire courir la morsure de quelques espèces du genre Latrodectus136, celles qu’on appelle les Veuves noires, ou, dans une moindre mesure, celle des plus grandes Seatoda comme S. paykulliana ou S. nobilis.

Anelosimus pulchellus (Walckenaer, 1802) : il y a quelques années, la France comptait trois espèces de ce genre, A. aulicus, A. pulchellus et A. vittatus, toutes observées en Limousin. C’est sous ce nom qu’on les trouve toutes dans les ouvrages antérieurs à 2004, date à laquelle l’arachnologue islandais Agnarsson rangea la première dans le genre Kochiura où elle est encore. Les deux autres suivirent les divers alias du genre Anelosimus passant du genre Selimus avec Saaristo en 2006, au genre Seycellocesa avec Koçak et Kamal en 2008 pour retrouver récemment le genre Anelosimus. Tout ceci pour dire que ceux qui préfèrent attendre un peu de temps avant de tout modifier dans leur base de données font parfois preuve de sagesse. Anelosimus pulchellus est, comme son nom l’indique, une belle araignée dont les deux sexes, assez semblables, mesurent de 3 à 4 mm. Ils présentent une bande médiane brune tant sur le céphalothorax, où ses bords sont droits, que sur l’abdomen où les bords sont largement dentés. Les flancs sont d’un jaune soutenu. Les fémurs et les tibias sont souvent rembrunis dans leur partie apicale. Cette espèce est très semblable à la suivante et ne peut en être distinguée que par l’examen des genitalia*. On peut trouver des adultes au printemps et en été, sur les branches basses des arbres ou sur la végétation buissonnante et les hautes herbes. Absente de l’Europe du Nord, elle est assez largement répandue en Europe centrale et du sud, mais elle n’est commune nulle part. En Limousin, elle n’a fait jusque là l’objet que de deux observations par M. Cruveillier, d’abord en Haute-Vienne, une femelle, le 03/06/2000, en battant au dessus d’une nappe les branches basses d’un bouleau isolé dans une prairie, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, puis en Creuse, une autre femelle par une méthode analogue, le 22/06/2000, dans un petit bois de saules et de chênes au bord de l’étang des Landes, à Lussat.

Note de bas de page 137 :

c’est aussi à des différences dans le comportement et pas seulement à l’absence de ce scape que Kochiura aulica doit de ne pas avoir été réintégrée dans le genre Anelosimus par Agnarsson . (voir I. Agnarsson, 2004 : Morphological phylogeny of cobweb spiders and their relatives – (Zoological journal of the Linnean Society, 141, 447-626)

Anelosimus vittatus (C. L. Koch, 1836) : cette araignée est trop proche de la précédente par son aspect, sa taille, ses mœurs et sa phénologie pour en être distinguée sans un examen des genitalia* sous une loupe binoculaire. L’épigyne des femelles présente un scape*137 dirigé vers le haut, ce qui n’est pas très habituel, et qui, chez A. pulchellus, est de largeur constante sur toute sa longueur, alors que chez A. vittatus il est un peu plus court et élargi en massue à son extrémité. Cette espèce est beaucoup plus présente en Limousin que la précédente puisque cinquante-huit animaux ont été identifiés et figurent dans vingt-cinq fiches d’inventaire, dont vingt pour la Haute-Vienne, quatre pour la Corrèze et une seule pour la Creuse. E. Duffey a été le premier à noter en Haute-Vienne la capture d’une femelle au filet fauchoir, en mai 1998, dans une bordure de haie de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, site où il citera encore l’espèce à neuf reprises, toujours par récolte au filet fauchoir : un mâle et deux femelles le 08/05/2000, un mâle le 28/05/2000, quatre femelles le 17/07/2000, un couple le 30/05/2002, deux mâles le 10/06/2002, dix mâles et une femelle le 29/04/2003, deux mâles et cinq femelles le 07/05/2003, un couple le 15/05/2003 et enfin cinq mâles et deux femelles le 22/05/2003. Dans la commune de Saint-Léger-la- Montagne, après que P.Tutelaers y avait noté l’observation de deux mâles, le 21/05/1999, dans la végétation bordant le ruisseau des Dauges, E. Duffey citera, dans un secteur humide à Eriophorum de cette tourbière, un mâle le 22/05/2000 et un autre le lendemain, puis une femelle le 30/05/2003. Dans sa commune de Meuzac, M. Cruveillier capture une femelle au filet fauchoir, le 04/06/1998, dans de hautes herbes au bord du ruisseau des Baraques non loin du Mas Gaudeix, et, le 28/09/2006, une femelle dans de la végétation buissonnante de la Lande du Cluzeau ainsi qu’un couple, le 20/05/2001, par battage des branches d’une haie, au village de Chavagnac, site où il capturera une femelle le 14/06/2014. Le 15/06/2013, il a capturé une femelle dans une fleur d’églantier, au moulin de Briansolles, à Glanges. Il est également l’auteur de l’unique mention de Creuse, un mâle, récolté le 25/05/2001, en battant les branches basses d’un chêne dans un bosquet proche de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat. Les données de Corrèze se partagent entre M. Cruveillier et E. Duffey. Ce dernier récolte une femelle au filet fauchoir, le 13/06/2002, dans la végétation bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis, le 10/05/2006, observe un mâle errant dans son jardin du Dougnoux, à Altillac. De son côté, M. Cruveillier récolte d’abord un mâle, le 02/06/2002, en battant des arbustes en bordure du chemin qui conduit à la station de pompage du village du Soulier, à Chasteaux, puis un autre, le 09/05/2011, dans un secteur de broussailles, près du lac de Sèchemailles, dans la commune d’Ambrugeat.

Note de bas de page 138 :

B. Soyer : «Quelques araignées myrmécophages des environs de Marseille». (Bulletin du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille, tome XIII, 1953)

Asagena phalerata (Panzer, 1801) (ex Steatoda phalerata) : cette espèce paléarctique* est une belle araignée au corps sombre avec des reflets métalliques, d’où son nom, et des taches jaunes ou blanches sur l’abdomen. Le mâle mesure 4,5 mm, la femelle pouvant dépasser légèrement 5 mm. Seul l’examen des genitalia* permettra de la distiguer de sa congénère A. italica, espèce méridionale qu’il ne serait plus surprenant de trouver un jour chez nous, notamment dans les pelouses du Causse corrézien où il y aurait lieu de la rechercher. A. phalerata fréquente les endroits ouverts et plutôt secs à végétation clairsemée où elle tisse une toile proche du sol et où on peut trouver des adultes dès le printemps mais surtout en été. On rencontre souvent des individus, presque exclusivement des mâles, errant au sol, ce qu’atteste le nombre de captures par piège Barber. Plusieurs auteurs dont B. Soyer en 1953 mais aussi M. J. Roberts en 1996, indiquent que cette espèce se nourrirait en majorité de fourmis. B. Soyer138 note même qu’elle aurait mis au point une technique très élaborée pour capturer ces hyménoptères dont certains représentants peuvent être bien plus grands qu’elle. En Limousin, où elle peut être localement commune, quatre-vingt-douze individus ont été identifiés qui figurent dans vingt-huit fiches d’inventaire assez équitablement réparties entre nos trois départements. La première mention saisie, en Haute-Vienne, est une femelle, trouvée le 23/05/1997, dans les herbes éparses d’une petite grève de galets, au bord de la Roselle, près du moulin de Teignac, à Saint Genest-sur-Roselle, par M. Cruveillier lequel récolte, le 06/06/1997, une autre femelle ayant fait sa toile sur un tas de gazon coupé dans une prairie sèche au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac. De son côté, E. Duffey, dans une prairie naturelle à herbe mi-haute de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, récoltera d’abord une femelle au filet fauchoir en mai 1999, puis, par piégeage, ne récoltera que des mâles : trois le 11/05/2003, deux le 18/05/2003, un le 01/06/2003, deux le 21/05/2004, quatre le 29/05/2004 et trois le 05/06/2004. En Creuse c’est d’abord F. Leblanc qui, le 10/08/1997, signale une femelle au bord du canal de l’Ermite, à Lussat, puis un mâle à Lachaud, dans la commune du Monteil-au-Vicomte. Il note une femelle près du village de Pétillat, à Saint- Sulpice-les-Champs, le 08/03/1999 et, le 23/05/1999, un mâle dans un chemin de la chênaie- hêtraie des Combes, à Chamberaud. Dans la commune de Royère-de-Vassivière, F. Lagarde note d’abord un mâle le 26/07/2006, aux Ribières de Gladière, puis citera à nouveau l’espèce dans ce site en 2009 ainsi qu’au bois des Pialles, près d’Orladeix. Toujours en 2009 il note la présence de l’espèce dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly) et dans celle de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Les Prés Neufs). Dans le département de la Corrèze, B. Le Péru cite à deux reprises l’espèce dans un jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, un individu errant au sol en juin 1998 et deux mâles sur un mur en mai 1999. E. Duffey récolte un mâle dans une chambre de sa maison du Dougnoux, à Altillac le 08/05/2005, et F. Lagarde citera l’espèce en 2009 à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet) et à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes).

Crustulina guttata (Wider, 1834) : sur les trois espèces de Crustulina présentes en France, cette araignée est la seule observée à cette date en Limousin où elle figure dans vingt- huit fiches d’inventaire pour quarante-trois animaux déterminés. Comme d’autres de son genre, elle a le corps presque noir, un tégument un peu verruqueux avec des soies courtes et l’abdomen globuleux marqué de taches blanches, assez souvent au nombre de six, quatre selon une ligne médiane et deux de chaque côté. Avec un bon grossissement on distingue très nettement, chez le mâle, une apophyse en forme de dent tronquée sur le bord externe du cymbium* dans son tiers apical. Les deux sexes sont semblables et de petite taille, entre 2 et 2,5 mm, et peuvent être trouvés adultes en toute saison mais surtout en été dans divers milieux, dans la litière, les débris, l’herbe courte, où ils tissent très près du sol une toute petite toile difficilement visible. C’est en Haute-Vienne, le 15/06/1996, que fut notée la première femelle dans un bord de chemin en lisière de bois, près de la tourbière des Dauges, à Saint- Léger-la-Montagne, par M. Cruveillier qui citera l’espèce encore à sept reprises dans ce département dont six dans la commune de Meuzac : une femelle, le 14/05/1998, en tamisant de la litière ramassée dans un chemin de la lande de la Roubardie, une autre, le 15/05/1998, dans de la végétation rase d’une pelouse écorchée de la Lande du Cluzeau, site où, le 24/04/2001, il récolte une femelle dans la mousse sèche d’un rocher et une autre dans de la fétuque. Il récolte une femelle dans des débris de feuilles et de brindilles, le 26/04/2001, puis un couple le 28, dans un vieux verger abandonné du village de Chavagnac. Dans la commune de Saint-Priest-sous-Aixe, au village de Chez Roger, il avait récolté, le 06/06/2000, une femelle dans une poignée de litière ramassée sous un tilleul. Dans l’herbe d’une prairie naturelle de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, E. Duffey avait capturé une femelle par piégeage en juillet 1999, et plus tard, dans la commune de Peyrat-le-Château, F. Lagarde capture, également par piégeage, trois mâles en septembre 2006 et deux autres en 2009 dans la tourbière de Bac à la Cube. Dans le département de la Creuse, M. Cruveillier récolte une femelle, le 22/06/2000, en tamisant de la litière et des brindilles récoltées en bordure d’un bois de chênes proche de l’étang des Landes, à Lussat puis, en 2006, dans la commune de Royère- de-Vassivière, F. Lagarde récolte une femelle le 26/07 et un mâle le 02/08, aux Ribières de Gladière, et quatre mâles le 01/08, dans la tourbière de La Mazure. Il citera encore l’espèce en 2009 dans cette même commune, à nouveau dans ces deux sites mais aussi dans la tourbière des Chabannes, ainsi qu’à Faux-la-Montagne (tourbière de Clamouzat, tourbière de Puy Marsaly), à Gentioux-Pigerolles (tourbière des Salles) et à Gioux (tourbière de Puy Chaud). En Corrèze, c’est d’abord E. Duffey qui récolte une femelle au filet fauchoir, le 03/06/2002, au bord du chemin conduisant à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis F. Lagarde qui cite l’espèce en 2009 à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy) et à Viam ( Rocher du Coq-Estang, Rocher du Coq Mont Gradis). Enfin, M. Cruveillier détermine trois mâles dans une récolte par piégeage de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une lande sèche atlantique à Erica cinerea et Ulex minor d’Ars, à Pérols-su-Vézère.

Dipoena coracina (C. L. Koch, 1837) : les Dipoena se reconnaissent à leur zone oculaire avancée au-dessus d’un bandeau* haut et concave. Deux espèces seulement de ce genre ont été citées en Limousin parmi les onze présentes en France. Comme beaucoup de Theridiidae de très petite taille, cette araignée noire et brillante, dont la taille évolue entre 1,5 et 2,5 mm, pourrait, à première vue, être confondue avec une petite Erigonide. Dans le site « Spinnen Europas », on lit que cette espèce est adulte de mai à décembre, qu’elle se tient dans la végétation basse des lieux secs et ensoleillés et qu’elle est très rare. Dans la mesure où elle n’apparaît en Limousin que dans six fiches, pour autant d’animaux identifiés, dont certains en milieu humide, nos observations ne nous permettent guère de souscrire qu’au constat de rareté. C’est F. Lagarde qui récolte d’abord un mâle au filet fauchoir, le 14/05/2006, en Creuse, dans une prairie humide, au lieudit La Gane, à Royère-de-Vassivière, commune où il cite l’espèce en 2009 à la croix de Fayaud ainsi que dans la tourbière de La Mazure et à nouveau à La Gane. Il citera également l’espèce en Corrèze, en 2009, à la Roche du Coq Mont Gradis, dans la commune de Viam, après qu’E. Duffey, le 18/06/2008, avait capturé une femelle au filet fauchoir dans les herbes sèches du Puy Turlau, à Végennes.

Dipoena melanogaster (C. L. Koch, 1845) : adulte à la même date que la précédente, cette araignée s’en distingue par sa taille légèrement plus grande, 2 à 3,5 mm, par la forme de son abdomen qui présente une échancrure arrondie à l’avant et par la coloration de ce dernier qui est plus clair à l’exception de sa partie ventrale d’un brun presque noir comme le souligne son nom. Les huit observations d’adultes dont elle a fait l’objet en Limousin ont eu lieu en mai, juin et juillet et confirment ses préférences pour les bordures herbeuses sèches et les branches basses des arbres bien exposés. C’est en Haute-Vienne, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, que M. Cruveillier récolte le premier mâle, le 06/06/1997, en battant les branches basses de jeunes chênes, ce qui se répètera le 20/05/2001 et, bien plus tard, le 27/05/2012, il capturera une femelle sur ses vêtements après avoir frôlé les branches d’un tilleul, et une autre, toujours dans ce même site, le 16/07/2013, qui avait installé sa toile dans l’embrasure d’une fenêtre, au premier étage de sa maison laquelle est adossée à une forêt. L’autre citation de Haute-Vienne provient d’E. Duffey qui avait capturé un mâle au filet fauchoir, dans une bordure herbeuse de haie, le 10/06/2002, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. L’unique citation de Creuse est celle d’une femelle capturée au filet fauchoir par M. Cruveillier, le 18/05/2009, dans une bordure de fétuque près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. En Corrèze, c’est d’abord M. Cruveillier qui, le 09/06/2001, récolte une femelle en battant les branches basses d’un pommier, au Moulin du Cher, à Sarran, puis E. Duffey capture une autre femelle au filet fauchoir, le 18/06/2008, dans les herbes sèches du Puy Turlau, à Végennes.

Note de bas de page 139 :

traduit de Robert Bosmans et Johan Van Keer : « The genus Enoplognatha Pavesi, 1880 in the Mediterranean region » - Bull. Br. Arachnol. Soc. (1999) 11 (6), 209-241.

Enoplognatha caricis (Fickert, 1874) (ex Enoplognatha tecta) : « Le genre Enoplognatha Pavesi est l’un des plus impopulaires chez les arachnologistes à cause de la difficulté de détermination des espèces »139. Entre autres caractères, dont ceux des genitalia* ainsi que des apophyses et des dents des chélicères, on reconnaîtra le genre Enoplognatha au céphalothorax un peu plus long que large avec un bandeau très haut et des yeux latéraux d’un même côté très proches l’un de l’autre, à l’abdomen ovale avec parfois des motifs colorés et à la présence d’un colulus*. Des treize espèces de ce genre présentes en France, quatre, toutes holarctiques*, ont fait l’objet de citations en Limousin. Par son aspect et sa coloration générale brune, E. caricis pourrait être confondue avec E. thoracica. Le mâle mesure environ 4,5 mm et la femelle peut en atteindre 7. Cette espèce fréquente des milieux très marécageux où l’on peut rencontrer des adultes durant l’été et, dans des conditions très favorables, au printemps. Elle est sans doute peu commune en Limousin car elle n’y a été mentionnée qu’à trois reprises et seulement en Haute-Vienne. C’est d’abord E. Duffey qui, au bord de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, capture un mâle, le 18/03/2001, sous la toile de protection d’une barque à rames, puis un autre mâle, le 11/05/2003, dans un piège Barber placé dans une partie détrempée au bord de ce même étang. La troisième et dernière mention est celle d’une femelle identifiée par M. Cruveillier et récoltée par H. Guillien, le 20/06/2008, sur une feuille de Scirpus sylvaticus, dans une prairie très marécageuse, au lieudit Les Vareilles, dans la commune de Vicq-sur-Breuilh.

Enoplognatha latimana Hippa et Oksala, 1982 : très semblable à première vue à certains individus d’E. ovata avec laquelle elle a été confondue jusqu’en 1982, cette araignée holarctique* ne peut s’en distinguer que par un examen attentif des genitalia* et des chélicères sous un bon grossissement. Le mâle mesure environ 4 mm et la femelle 5 mm et on peut rencontrer des adultes du milieu du printemps à la mi-automne dans la végétation basse, herbacée ou buissonnante, dans des habitats assez divers mais généralement ouverts. Comme la précédente, elle ne semble pas très présente en Limousin puisqu’elle ne figure que dans quatre fiches d’inventaire pour six animaux récoltés, tous au filet fauchoir. En Haute-Vienne, E. Duffey capture deux mâles, le 17/07/2000, dans une bordure de haie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, puis M. Cruveillier cite une femelle, capturée le 24/06/2001, dans une touffe de callune dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac. E. Duffey récolte un couple en Corrèze, le 18/06/2003, dans le talus bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix et, en Creuse, M. Cruveillier capture une femelle, le 31/07/2009, dans des herbes bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 140 :

à rechercher sous le nom d’Enoplognatha lineata (Blackwall) dans l’ouvrage « Spinnen Mitteleuropas » 1991 de Heimer et Nentwig, page 288. (voir bibliographie)

Note de bas de page 141 :

a) coloration uniforme jaune pâle avec deux rangées latérales de points noirs espacés ; b) avec une large bande rouge couvrant la zone médiane limitée par les points noirs ; c) comme (a) mais avec une bande rouge étroite au-dessus de chaque rangée de points noirs, (la plus fréquemment rencontrée en Limousin). M. Roberts écrit que les deux sexes peuvent présenter l’une ou l’autre des trois colorations.

# Enoplognatha ovata (Clerck, 1757)140 : cette araignée holarctique* dont la partie supérieure de l’abdomen peut présenter trois livrées141 sur fond jaune pâle ne peut se distinguer avec certitude de la précédente que par un examen des genitalia* et des chélicères sous un bon grossissement. De taille, de mœurs et de phénologie assez semblables à celles d’E. latimana, elle est en revanche bien plus commune en Limousin que les trois autres puisqu’elle apparaît dans une trentaine de fiches d’inventaire pour cinquante-six animaux identifiés. C’est d’abord M. Cruveillier qui, le 01/06/1996, capture en Haute-Vienne une femelle dans une inflorescence de Valeriana dioica, dans un secteur très marécageux de la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, commune où il citera l’espèce encore trois fois par la suite : deux femelles le 06/06/1997, dans une prairie mésophile, sur des épis de Briza media, au village de Chavagnac, un mâle et une femelle, le 04/06/1998, dans des conditions similaires, dans une prairie jouxtant le ruisseau des Baraques non loin du Mas Gaudeix, et, le 17/08/1998, un mâle et deux femelles sur des inflorescences d’Achillea millefolium dans la lande de La Roubardie près du hameau des Garabœufs. Il cite également l’espèce dans quatre autres communes de ce département : une femelle à Saint-Genest-sur-Roselle, le 23/05/1997, dans la bordure buissonnante d’une prairie près du moulin de Teignac, trois mâles à Saint- Léger-la-Montagne, le 22/06/2001, dans la tourbière des Dauges, deux mâles à Bussière- Boffy, dans des bruyères de la lande de la Butte de Frochet, le 22/06/2003, et enfin un mâle à Saint-Gilles-les-Forêts, qu’il a identifié dans des captures réalisées dans un jardin arboré par M. Lamarsaude, le 24/05/2010. A Saint-Léger-la-Montagne, F. Leblanc avait signalé deux femelles dans des touradons de Molinie de la tourbière des Dauges, le 10/10/1999, où, le 23/05/2000, un couple avait été récolté par battage de branches basses en bordure de chemin, par E. Duffey. Ce dernier cite également l’espèce à trois reprises à Bussière-Poitevine, dans sa propriété de Chez Gouillard : une femelle en mai 1999, en battant les branches d’une haie, puis un couple au pied de cette haie, au filet fauchoir, le 17/07/2000, et enfin une femelle le 29/04/2003. En Creuse c’est d’abord F. Leblanc qui cite une femelle à Saint-Michel-de- Veisse, en juillet 1997, au bord de l’étang des Mouillères, et, le 10/07/1997, un mâle et deux femelles dans un jardin du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, site où il dit avoir observé deux immatures, le 20/10/1998. Ensuite, le 19/07/1999, il récolte une femelle dans les herbes bordant l’étang de Lioux-les-Monges, et, en octobre de la même année, une autre femelle dans de la litière, à Bois d’Armont, dans la commune de Fransèches. L’année suivante, le 24 juillet, M. Cruveillier capturera une femelle à livrée très claire dans les herbes mi-hautes d’une prairie jouxtant l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat, commune où, le 01/06/2009, il récoltera un mâle sur un genévrier près de l’étang de Tête de Bœuf. Enfin, au cours de l’année 2009, treize individus de l’espèce seront capturés par piège Barber et identifiés par F. Lagarde à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles. L’espèce est citée dans huit fiches en Corrèze, dont trois émanent de B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, cite d’abord un mâle et une femelle dans des toiles à 1,5 m du sol, sur des noisetiers en bordure de forêt, puis, en 2002, au bord d’un chemin forestier, un mâle en juin et une femelle en juillet. E. Duffey capture, le 13/06/2002, une femelle dans la végétation bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et récoltera un mâle au filet fauchoir, à Végennes, le 18/06/2008, dans les herbes sèches du Puy Turlau. M. Cruveillier note un mâle, le 23/07/2002, sur un buisson au bord du Chavanon, dans la commune de Feyt et récoltera deux femelles, le 09/05/2011, dans les herbes d’une prairie naturelle bordant le lac de Sèchemailles, à Ambrugeat. Enfin, F. Lagarde mentionne un individu de l’espèce, capturé par piégeage en 2009, dans la tourbière de Marcy, à Saint-Merd- les-Oussines.

# Enoplognatha thoracica (Hahn, 1833) : très semblable dans son aspect à E. caricis, quoique plus petite, cette araignée ne peut en être distinguée sans examen des genitalia* et des chélicères. En ce qui concerne sa phénologie, les indications des différents auteurs sont variables et ne se recoupent que sur la période estivale. Selon la littérature, qui la présente comme commune, on peut la trouver dans une grande diversité de milieux et elle est sans doute plus présente chez nous que les sept fiches où elle apparaît ne le laisseraient supposer. La première saisie au fichier, et la seule pour laquelle nous ayons des précisions de micro- milieu et de date, est une femelle qui se tenait dans un petit réseau de fils de soie, dans un tas de brindilles et de feuilles mortes au sol, en lisière d’un petit bois, près du hameau du Genévrier, à Lussat, en Creuse, et qui fut capturée par M. Cruveillier, le 21/09/2000. Les autres fiches émanent de F. Lagarde et citent la capture de seize individus de l’espèce au cours de l’année 2009, dont huit dans deux autres communes de Creuse : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), et Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud). En Corrèze, et toujours en 2009, il la cite dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines (les Communaux, tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix). L’importance des captures par piège Barber, qui représentent seize des dix-sept animaux déterminés, par rapport à l’unique capture directe, confirme la tenue fréquente au niveau du sol de cette espèce qui n’a pas été signalée en Haute-Vienne à cette date.

Note de bas de page 142 :

Sven Almquist : Swedish Araneae, part I, p. 71.

Episinus angulatus (Blackwall, 1836) : des cinq espèces d’Episinus répertoriées en France, trois ont été notées en Limousin mais aucune n’y semble commune. Les araignées de ce genre se reconnaissent à leurs pattes I et IV très longues alors que les deux autres paires sont courtes, surtout la paire III, à leur abdomen plus large à l’arrière et dont l’extrémité forme un triangle, et, à l’inverse de la plupart des Theridiidae, à la disposition de leurs yeux postérieurs selon une ligne qui pourrait apparaître procurvée en vue frontale, comme l’a écrit S. Almquist142, mais qui est un peu récurvée vue de dessus. Les deux sexes sont semblables. Episinus angulatus a un sternum brun très foncé, presque noir, des pattes annelées de noir et une bande claire sur les côtés de l’abdomen. Il mesure entre 4 et 5mm et on peut rencontrer des adultes de mai à août, dans une strate assez proche du sol, sur des buissons ou de la végétation arbustive de petite taille. La première mention, et la seule de Haute-Vienne, est celle d’un mâle, récolté le 25/06/1999, dans de la repousse de chêne sur la colline du Suchaud, près du village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel est aussi l’auteur de la seule donnée de Creuse, une femelle, capturée le 24/07/2000, sur une touffe de prunellier au hameau du Genévrier, à Lussat. Il est également à l’origine de la première donnée de Corrèze, une autre femelle, le 13/07/2000, sur des buissons très bas, au bord d’une pelouse sèche de la Côte Pelée, à Chasteaux. La deuxième citation de Corrèze est celle d’une femelle, récoltée en mai 2002 par B. Le Péru, dans l’herbe d’une prairie humide de la commune de Saint-Etienne-aux-Clos.

Episinus maculipes Cavanna, 1876 : cette araignée présente aussi des pattes annelées de noir, quoique moins nettement que chez la précédente dont elle se distingue par la présence d’une bande médiane claire sur le sternum. Considérée comme plutôt méridionale, bien que présente en Allemagne et en Grande-Bretagne, et adulte de mai à octobre, au moins pour la femelle, elle fréquente de préférence les branches basses des arbres et les haies ou buissons à bonne exposition, où elle construit, comme ses congénères, une toile très simple en forme de H, les fils gluants étant directemenr reliés au substrat. Elle est peu fréquente chez nous où elle n’est citée qu’à six reprises. E. Duffey note la première observation, le 17/07/2000, en Haute- Vienne, un mâle récolté en battant les branches d’une haie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Puis M. Cruveillier capture une femelle au filet fauchoir, le 30/09/2000, dans la bruyère de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il récoltera dans un cerisier, à Chavagnac, le 17/10/2013, un mâle subadulte, déterminé grâce à la bande médiane du sternum. Il avait également récolté une femelle immature, le 13/05/2001, par battage de branches des arbres bordant le chemin du lavoir, aux Dauges, dans la commune de Saint- Léger-la-Montagne où il déterminera un mâle, récolté par P. Durepaire, le 31/07/2013, dans une tente Malaise. Il est aussi l’auteur de la seule mention de Corrèze, une femelle, capturée le 09/06/2001, en battant des branches de noisetier au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran.

Episinus truncatus Latreille, 1809 : ainsi nommée à cause de la terminaison abrupte de son abdomen, cette espèce a le céphalothorax très sombre ainsi que les pattes I, II et IV, au moins pour le fémur, la patella et le tibia, et le sternum uniformément noir ou brun très foncé. De taille un peu plus grande que les deux autres (la femelle peut atteindre 6 mm) elle est également adulte l’été et évolue sur la végétation buissonnante où les arbrisseaux, souvent assez près du sol. Comme ses deux congénères elle a été très rarement observée chez nous où elle ne fait l’objet que de quatre fiches pour cinq animaux déterminés. M. Cruveillier note la première femelle, le 01/07/1999, sur de la repousse de Bourdaine dans un secteur de la lande de La Flotte pâturé par des chèvres, dans la commune de Château-Chervix, en Haute-Vienne, département où un mâle avait été capturé la même année par P. Tutelaers dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Corrèze, E. Duffey capture au filet fauchoir, d’abord un mâle le 18/06/2003, dans les buissons bordant le chemin d’accès à la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix et, le 18/06/2008, il récolte un couple dans les herbes sèches du Puy Turlau à Végennes.

Note de bas de page 143 :

Sven Almquist : Swedish Araneae, part I, p. 73, Fig 96a. (même remarque que pour Episinus angulatus)

Euryopis flavomaculata (C. L. Koch, 1836) : les araignées de ce genre ont la partie céphalique légèrement surélevée et avancée, un abdomen terminé en pointe, abondamment recouvert de crins dirigés vers l’arrière, et des filières visibles en vue dorsale. Le colulus* est réduit à une simple paire de soies et les yeux médians antérieurs sont les plus grands. Les mœurs des Euryopis ne sont pas très bien connues. Il semble qu’elles ne construisent pas de toile piège et se nourrissent de proies rencontrées au sol, notamment de fourmis, dans la mousse ou la litière où elles évoluent dans des habitats très divers. E. flavomaculata doit son nom aux taches brun jaunâtre visibles sur son abdomen d’un brun plus sombre. Le prosoma* est jaune brun et, contrairement à l’impression que peut laisser un dessin de la zone oculaire en vue frontale143, la ligne postérieure des yeux est légèrement récurvée en vue dorsale, position qui nous semble la seule adaptée pour apprécier la courbe des yeux postérieurs. La fosse centrale de l’épigyne présente un motif cordiforme bien sclérifié et l’extrémité du tarse du pédipalpe est armé d’une petite touffe de griffes. Le mâle mesure environ 3 mm et la femelle 4 et on peut rencontrer des adultes au printemps et en été. Les habitudes de cette espèce expliquent sans doute que les vingt et une captures dont elle a fait l’objet ont toutes été réalisées par piégeage au sol, par F. Lagarde qui, au cours de l’année 2009, cite sa présence dans deux communes de Corrèze : à Peyrelevade (une au Ruisseau de Chamboux) et à Saint- Merd-les-Oussines (une dans la tourbière de Marcy et une dans la tourbière du Rebourzeix), ainsi que dans quatre communes de Creuse : à Faux-la-Montagne (une dans la tourbière de Clamouzat, trois dans la tourbière de Puy Marsaly et trois dans la tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (une aux Fontenelles du Chalard, deux à la Ferme de Lachaud, deux à Pierre Fade et une aux Prés Neufs), à Royère-de-Vassivière (quatre aux Ribières de Gladière) et à Saint-Pardoux-Morterolles (une au Ruisseau du Pic).

Euryopis quinqueguttata Thorell, 1875 : avec 2 mm pour le mâle et 2,5 mm pour la femelle cette espèce est nettement plus petite que la précédente. Elle se reconnaît à son abdomen noir sur lequel apparaissent cinq taches blanches auxquelles elle doit son nom, deux à l’avant, deux vers le milieu et une à l’arrière. Le céphalothorax et les pédipalpes sont d’un brun très foncé, presque noir, et le fémur et le tibia des pattes I et II sont noirs dans la partie apicale au moins sur les deux tiers de l’article. Selon le site de Nentwig & al. elle serait adulte au printemps et en été et fréquenterait des endroits bien exposés où elle se tiendrait sous les pierres. Seule une femelle a été identifiée dans notre région par M. Cruveillier, dans une récolte du 18/05/1999 réalisée par K. Guerbaa, dans un lieu caillouteux, au coteau de La Vacherie, dans la commune de Nespouls au sud-ouest de la Corrèze.

Kochiura aulica (C. L. Koch, 1838) (ex Anelosimus aulicus) : seule espèce de son genre en Europe, cette araignée se distingue de nos espèces du genre Anelosimus auquel elle a longtemps appartenu, notamment par l’épigyne de la femelle qui ne présente pas de scape*. Avec un peu d’habitude on pourrait presque l’identifier à vue. Les deux sexes mesurent environ 4 mm et leur céphalothorax de couleur thé est marqué sur toute sa longueur par un triangle isocèle marron dont la base englobe la zone oculaire. L’abdomen de couleur jaunâtre ou testacée présente une bande médiane également marron avec deux ou trois étranglements qui forment comme de grossiers losanges alignés. Comme chez les Anelosimus, le colulus est remplacé par deux soies parallèles. C’est une espèce myrmécophage (Soyer, 1953) qui est plutôt notée comme méridionale, bien que présente en Allemagne et en Grande-Bretagne, et n’a été signalée que trois fois en Limousin pour autant d’animaux observés. F. Leblanc a signalé la première capture en Haute-Vienne, une femelle immature, le 10/10/1999, en bordure de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, site où M. Cruveillier récoltera une autre femelle par battage, le 10/03/2000, sur un prunellier rabougri. E. Duffey est l’auteur de la seule donnée de Corrèze, un mâle, récolté le 18/06/2003, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix.

Lasaeola prona (Menge, 1868) (ex Dipoena prona) : des trois espèces du genre Lasaeola actuellement connues en France deux ont été vues en Limousin mais si rarement que de nouvelles observations seront nécessaires pour mieux apprécier l’importance de leur présence chez nous. Elles se distinguent de nos Dipoena, genre auquel elles ont longtemps appartenu, notamment par la coloration d’un gris très foncé, presque noire de leur corps et par la chute en pente très accusée vers l’arrière de la partie dorsale du céphalothorax. Chez Laseola prona, une large partie basale des fémurs est de couleur fauve. La zone céphalique est avancée au-dessus d’un bandeau très haut et légèrement proclive.* Nentwig & al. écrivent qu’on la trouve au sol ou sur de la végétation basse, dans des lisières ensoleillées de bois. Cette espèce holarctique* qui mesure environ 2,5 mm, et dont on connaît assez mal la biologie et les mœurs, est indiquée comme rare dans la littérature, ce que nous ne pouvons que confirmer puisqu’à cette date une seule observation figure dans notre base : un mâle récolté par M. Cruveillier, le 07/05/2000, dans de l’herbe atteignant les branches très basses d’un vieux pin sylvestre, lors d’une opération de fauche dans un jardin arboré, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne.

Lasaeola tristis (Hahn, 1833) (ex Dipoena tristis) : assez semblable par sa forme et sa taille à la précédente et, comme elle, de coloration brillante et très foncée, presque noire et dont seule la patte IV présente un large anneau fauve à la base du fémur et du tibia, cette espèce paléarctique* ne peut être identifiée avec certitude que par l’examen des genitalia*. Les deux sexes peuvent être rencontrés adultes de mai à juillet au sol ou à la base de la végétation avec, semble-t-il, une préférence pour les landes où les conifères. En Limousin, nous n’avons jusque là que deux citations, une de B. Le Péru qui observe, en juin de 1998, deux femelles sur des branches basses de résineux, à 1 m du sol, à Saint-Etienne-aux-Clos, en Corrèze, puis, le 02/06/2007, une de M. Cruveillier qui capture un mâle dans les branches basses d’un pin sylvestre à Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne.

Neottiura bimaculata (Linné, 1767) : cinq espèces et une sous-espèce de ce genre sont actuellement répertoriées en France et seule cette espèce holarctique* a été jusque là mentionnée en Limousin dans dix fiches d’inventaire pour une douzaine d’animaux observés. Le mâle mesure de 2 à 2,5 mm et la femelle peut en atteindre 3. Cette dernière est de coloration générale brune avec le plus souvent, sur l’abdomen, une large tache médiane claire en forme de feuille allongée se terminant en pointe vers l’arrière. Le mâle, plus sombre, peut également avoir sur l’abdomen quelques taches blanches. Il présente, à la base du fémur de la patte IV, une apophyse en forme de dent caractéristique. La partie céphalique est un peu surélevée et le bandeau très haut. En ce qui concerne les yeux il est important d’indiquer si l’on les examine en vue dorsale ou frontale. Dans le premier cas, les yeux postérieurs sont en ligne droite et les yeux antérieurs en ligne nettement récurvée (Knoflach, 1999). En vue frontale, on lira que ce sont les yeux antérieurs qui sont en ligne droite et les postérieurs en ligne « fortement procurvée » (Almquist, 2005), ce qui souligne une fois encore l’emploi souvent ambigü de ces deux notions. L’espèce est assez euryèce* et peut être trouvée adulte du milieu du printemps au début de l’automne. C’est E. Duffey qui signale la première capture en Haute-Vienne, un mâle, le 27/06/2001, dans sa maison, puis, le 07/06/2003, une femelle dans une bordure de végétation basse, au village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine. L’autre donnée de ce département est un mâle récolté par M. Cruveillier, dans les branches basses d’une haie mixte, au village de Chavagnac, à Meuzac, le 02/06/2007. En Corrèze, l’espèce est citée trois fois par B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne-aux- Clos : une femelle en juin 1997 dans un jardin arboré, une autre au sol sous une haie de résineux en juin 2001 et une troisième, en août 2002, dans une prairie en friche. Il citera également un couple, le 25/05/2007, dans des herbes à proximité de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze, en Creuse, département où F. Leblanc avait mentionné en 2003 un mâle capturé le 10/07/1997, dans des buissons, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les- Champs, et où F. Lagarde citera en 2009, dans la commune de Gentioux-Pigerolles, deux individus de l’espèce dans la tourbière des Salles et un à la Ferme de Lachaud.

Note de bas de page 144 :

dans leur site internet, Nentwig & al. indiquent «toute l’année» pour les femelles.

Paidiscura pallens (Blackwall, 1834) (ex Theridion pallens) : en 1987, Wunderlich avait retiré un certain nombre d’espèces du genre Theridion pour les ranger dans le genre Paidiscura Archer, 1950. Certaines furent réintégrées par la suite dans le genre Theridion et, à l’heure actuelle, il ne reste plus en France et en Europe que deux espèces de Paidiscura dont P. pallens qui est assez commune partout et assez présente dans les trois départements du Limousin où elle est notée dans une quinzaine de fiches d’inventaire pour dix-huit animaux identifiés. C’est une toute petite araignée dont le mâle mesure entre 1,2 et 1,4 mm et la femelle jusqu’à 1,8 mm. C’est la coloration jaune clair ou blanc jaunâtre qui domine chez cette dernière tant pour les pattes que pour l’abdomen presque sphérique. Chez le mâle l’abdomen est plus allongé et de coloration plus grise et ses pattes ainsi que ses pédipalpes sont jaune clair à l’exception du cymbium* qui est brun foncé. C’est une espèce des branches basses des arbres, dans les jardins arborés, les vergers, les haies vives, les lisières des bois, où on rencontre des adultes d’avril à octobre, mais surtout d’avril à juin144. Les citations les plus nombreuses concernent la Haute-Vienne et particulièrement la commune de Meuzac où la première femelle est capturée le 06/06/1997 par M. Cruveillier, par battage des branches d’un noisetier, dans un vieux verger abandonné, au village de Chavagnac, site où, le 21/06/2000, il récolte une autre femelle sur des genêts, puis une autre au filet fauchoir dans de hautes herbes, le 26/04/2001, et, le même jour, un mâle et deux femelles dans les branches basses d’un pommier, puis, le 28/04/2001, un mâle dans une touffe haute de callune. Le 20/05/2001 il capture deux femelles dans une haie vive de ce même village. Il avait par ailleurs récolté une autre femelle, le 03/06/2000, en battant au-dessus d’une nappe les branches d’un bouleau isolé, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. Un mâle capturé le 01/04/2001 et un autre le 07/05/2003 par E. Duffey, dans une haie du village de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine, viennent clore les citations de Haute-Vienne. En Corrèze, B. Le Péru cite un mâle en mai 1999 et un autre en mai 2000, dans un jardin arboré de la Gare de Savennes, à Saint- Etienne-aux-Clos, et M. Cruveillier récolte une femelle par battage des branches d’un chêne, le 09/06/2001, au Moulin du Cher, à Sarran, puis il déterminera une femelle, récoltée le 23/06/2011 par M. Lefrançois, dans une tourbière haute à buissons nains, au lieudit La Font Clare, à Saint-Merd-les-Oussines. Les trois citations de Creuse émanent, pour la première, de F. Leblanc qui capture une femelle en octobre 1999 dans de la litière, à Bois d’Armont, dans la commune de Fransèches, puis de M. Cruveillier qui, par battage de branches, récolte une femelle, le 22/06/2000, dans un bosquet de chênes au hameau du Genévrier, à Lussat, commune où il en récoltera une autre, le 18/05/2009, dans des branches basses d’épicéas plantés au bord de l’étang de Tête de Bœuf.

Note de bas de page 145 :

la quatrième, Achaearanea ohlerti (Thorell, 1870), espèce holarctique*, est actuellement classée dans le genre Ohlertidion Wunderlich, 2008, et la cinquième, Achaearanea riparia, a été rangée par Yoshida en 2008 dans le genre Cryptachaea Archer, 1946. Ces deux araignées n’ont pas été observées jusque là en Limousin.

Parasteatoda lunata (Clerck, 1757) (ex Achaearanea lunata) : trois des cinq espèces du genre Achaearanea que comptait récemment la France se retrouvent aujourd’hui dans le genre Parasteatoda, à la suite d’une publication de Yoshida en 2008 pour les deux premières observées en Limousin et de Saaristo en 2006 pour la troisième145. P. lunata est une espèce holarctique* que l’on trouve souvent dans des branchages où sur les troncs d’arbres écailleux mais aussi dans des endroits assez divers, clôtures, tas de bois, où elle peut accrocher sa toile à des aspérités. Son céphalothorax est de couleur brun rouge très foncé et son abdomen, plus haut que long, présente des motifs de formes et de couleurs diverses : noir, marron, jaune et quelques chevrons blancs. Le mâle mesure de 3 à 5 mm, la femelle pouvant dépasser légèrement cette taille. On trouve des adultes de mai à juillet. Sans être très commune chez nous, c’est l’espèce la plus citée du genre Parasteatoda en Limousin où elle figure dans treize fiches d’inventaire pour quinze individus observés dans deux de nos départements. C’est en Haute-Vienne que, le 03/05/2000, M. Cruveillier observe d’abord une femelle ayant tissé sa toile contre le tronc moussu d’un très vieux tilleul abattu par la tempête de décembre 1999, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera encore l’espèce à deux reprises : une femelle ayant fait sa toile dans l’embrasure d’une fenêtre, côté nord, à Chavagnac, le 20/05/2001, et une autre femelle, le 02/06/2001, dans les branches basses d’un bouleau près de l’étang de la Basse Roche. Le 22/05/2000, au village de Vallégeas à Sauviat-sur-Vige, il observe une femelle ayant construit sa toile contre un poteau électrique et, le 22/06/2003, il récolte un mâle contre une clôture dans la lande de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy. Les trois autres mentions de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey et de P. Tutelaers. Le premier capture un couple, le 23/05/2000, en battant des branches de feuillus le long d’un sentier conduisant à la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, puis, dans le feuillage d’une haie vive de houx et d’aubépine, une femelle, le 28/05/2000, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Le second cite un individu de l’espèce, le 02/06/2003, au lieudit La Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre. En Corrèze, M. Cruveillier récolte, le 06/06/2000, une femelle qui avait accroché sa toile entre les extrémités de bûches empilées, au bord d’un bois, près du belvédère de Puy-d’Arnac, et, le 18/05/2002, un mâle contre un piquet de clôture, au village de Veyrrières, dans la commune de Feyt. En outre, et toujours en Corrèze, B. Le Péru nous a signalé en 2002 deux femelles observées, l’une en juillet 1997, contre le mur d’une maison, et l’autre en juin 2002, contre un arbre de jardin dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos.

Parasteatoda simulans (Thorell , 1875) (ex Achaearanea simulans) : un peu plus petite que la précédente (de 2,4 à 2,8 mm pour le mâle et de 4 à 4,4 mm pour la femelle), cette araignée requiert l’examen des genitalia* pour sa détermination. Bien que signalée comme « fréquente dans les bois sur les troncs d’arbres » par Nentwig & al., cette espèce paléarctique* ne figure dans notre base de données que pour deux observations de M. Cruveillier, un très bel exemplaire de femelle récoltée au filet fauchoir, le 02/06/2001, dans du lierre grimpant sur un tronc d’arbre près du lac de la Basse Roche, à Meuzac, en Haute-Vienne et, dans cette même commune, un mâle récolté dans la cuisine de sa maison de Chavagnac, le 16/07/2013.

Parasteatoda tepidariorum (C. L. Koch, 1841) (ex Achaearanea tepidariorum) : cette araignée n’est pas sans ressemblance, extérieurement, avec P. simulans dont elle se distingue surtout par la taille. En effet, pour chacun des deux sexes, la plus grande taille de cette dernière est plus petite que la plus petite de P. tepidariorum (Martin, 1974). On pourra aussi observer le cymbium* du mâle qui, chez P. simulans présente à son bord une échancrure formant une dent pointue alors que cette dent est très émoussée chez P. tepidariorum. Cette espèce cosmopolite se rencontre chez nous plutôt dans des serres, parfois dans des maisons. C’est justement le cas pour les trois seuls exemplaires observés en Limousin qui ont été récoltés par E. Duffey dans sa maison du Dougnoux à Altillac, dans l’extrême sud de la Corrèze, une femelle sur son balcon le 05/07/2005 et un couple le 11/07/2008.

Note de bas de page 146 :

elle avait d’ailleurs été décrite comme Erigone gibba par Westring.

Note de bas de page 147 :

cette disposition n’est pas propre à Pholcomma gibbum. L’auteur de cette étude a observé dans l’état de Virginie, aux USA, une disposition semblable chez une araignée endémique des USA, Hypochilus thorelli, de la famille des Hypochilidae, qui est une espèce à très longues pattes, et qui est d’une taille dix fois plus grande que celle de notre petite Theridiidae.

Pholcomma gibbum (Westring, 1851) : seule espèce de ce genre en Europe, cette très petite araignée de couleur noirâtre, dont les deux sexes mesurent entre 1,2 et 1,6 mm, pourrait facilement être confondue avec une Erigonide146. Outre l’examen des genitalia*, celui des yeux, dont les médians antérieurs sont minuscules alors que les six autres sont plutôt grands et disposés en deux groupes de trois147, ainsi que l’observation de la présence chez le mâle d’un scutum* sur l’abdomen et d’un autre en dessous, seront des éléments précieux pour la détermination. On rencontre cette espèce dans la mousse, la litière ou sous les pierres, dans les clairières ou les lisières des bois, où on peut trouver des mâles adultes de mars à novembre et des femelles sans doute toute l’année. Elle figure chez nous dans huit fiches d’inventaire pour une dizaine d’animaux observés. Elle est d’abord citée de Haute-Vienne, dans la seule commune de Meuzac, par M. Cruveillier qui récolte deux femelles, le 20/05/1997, dans la litière d’une prairie, en bordure de forêt, à la Celle du Cluzeau, puis une autre dans la Lande du Cluzeau, le 15/05/1998, dans de la litière de mousse et de fétuque. Ensuite, lors d’un stage qu’il avait organisé dans cette commune, l’espèce apparaîtra à trois reprises dans des captures de stagiaires : une femelle le 24/04/2001 dans la Lande du Cluzeau, et, le 26/04/2001, en bordure d’un vieux verger abandonné du village de Chavagnac, un mâle dans un tas de pierres et une femelle dans un amas de débris de feuilles et de brindilles. La seule donnée de Creuse est une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 21/09/2000, dans la mousse d’une prairie près du hameau du Genévrier, à Lussat. B. Le Péru est l’auteur des deux citations de Corrèze, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, une femelle dans la mousse d’un rocher en bordure d’une route forestière en janvier 2001, et un couple dans des conditons analogues en novembre 2001.

Phycosoma inornatum (O. P.-Cambridge, 1861) (ex Dipoena inornata) : seule espèce du genre en Europe où elle est présente dans presque tous les pays, cette petite araignée de 1,5 à 2 mm, à la zone céphalique proéminente et l’abdomen soyeux de couleur gris brun très foncé, adulte l’été, est partout rare. L’épigyne, avec ses deux arcs sombres formant comme de larges « sourcils » au dessus des spermathèques, permet de la distinguer aisément. La seule observée jusque là en Limousin est une femelle, capturée le 20/06/2010 par M. Cruveillier dans une touffe d’Erica vagans, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Note de bas de page 148 :

on peut se demander pourquoi Archer avait rangé cette araignée en 1950 dans le genre Allotheridion qu’il avait créé quatre ans plus tôt, et qui est aujourd’hui abandonné, alors qu’il avait justement créé cette année-là le genre Phylloneta dans lequel elle se trouve aujourd’hui.

Phylloneta impressa (L. Koch, 1881) (ex Theridion impressum)148 : les deux espèces du genre Phylloneta répertoriées en France ont été observées en Limousin. P. impressa est une espèce holarctique* signalée dans tous les pays d’Europe. C’est une araignée pouvant mesurer de 2,5 mm à 5 mm, qui présente un céphalothorax brun rouge avec une bande médiane plus foncée et un abdomen jaunâtre marqué lui-même d’une bande médiane blanche segmentée et de deux autres latérales, ces dernières comportant quatre ou cinq taches marron. Celui de la femelle est plus volumineux et plus haut que celui du mâle, qui est plus allongé. Les pattes sont jaunâtres avec les articulations assombries. Les deux sexes présentent une zone noirâtre au niveau des filières. Selon Nentwig & al., l’espèce fréquente des milieux divers, même rudéralisés et serait commune, ce qui n’a pas été le cas dans notre région où elle n’apparaît que dans six fiches d’inventaire pour neuf animaux identifiés. La première donnée saisie émane de M. Cruveillier qui, le 25/06/1999, observe un mâle et deux femelles, avec des toiles, sur des buissons de la colline du Suchaud, près du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne. L’autre donnée de ce département est un mâle, récolté le 23/05/2000 au filet fauchoir, sur un genévrier, dans une bordure boisée de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger- la-Montagne, par E. Duffey à qui on doit également les trois mentions de Corrèze : un mâle capturé au filet fauchoir le 13/06/2002, dans la végétation de bordure du chemin d’accès à la lande de Bettu, et deux femelles dans la bruyère de cette lande, à Chenailler-Mascheix, puis, le 18/06/2003, un autre mâle dans la végétation de cette même lande, et, le 18/06/2008, encore un mâle dans les hautes herbes sèches du Puy Turlau, dans la commune de Végennes.

Phylloneta sisyphia (Clerck, 1757) (ex Theridion sisyphium) : c’est sûrement la manière dont cette araignée déplace son cocon, qui peut évoquer l’image de Sisyphe poussant son rocher, qui est à l’origine du nom d’Araneus sisyphium que Clerck lui donna en 1757. Comparable à la précédente par son habitat comme par sa taille et son aspect général, elle s’en distingue par les dessins dorsaux de l’abdomen dont la bande médiane est plus large et marquée ça et là de taches de teinte ocrée, les bandes latérales formant une ligne segmentée de motifs assez larges et vaguement trapézoïdaux de couleur marron. Souvent, elle construit une retraite en haut de sa toile et la couvre de fragments de végétation et de restes de proies. Le mâle mesure environ 3 mm et peut être rencontré adulte de mai à juillet. La femelle est un peu plus grande, de 3,5 à 5 mm, et sa période de maturité peut s’étendre jusqu’en septembre. C’est une espèce paléarctique* présente dans presque tous les pays d’Europe. Elle est peut être un peu plus fréquente que sa congénère en Limousin où elle apparaît dans onze fiches d’inventaire pour vingt et un animaux déterminés. Elle est d’abord signalée en Haute-Vienne par M. Cruveillier qui, le 04/06/1998, récolte deux femelles au filet fauchoir sur des touffes hautes de callune, dans une prairie dégradée proche du hameau du Mas Gaudeix, à Meuzac. Suivront, dans ce département, trois mentions dans la commune de Saint-Léger-la-Montagne : le 21/05/1999, deux mâles et une femelle signalés par P. Tutelaers dans la tourbière des Dauges, site où, le 30/05/2003, E. Duffey récolte quatre femelles et un mâle au filet fauchoir dans de hautes herbes, puis, le 17/07/2008, M. Cruveillier détermine une femelle dans une récolte réalisée par K. Guerbaa dans une prairie dégradée à genêts, au lieudit Les Combes. En Corrèze, l’espèce est d’abord signalée à quatre reprises dans la commune de Saint-Etienne- aux-Clos par B. Le Péru : en juillet 1997, une femelle ayant fait sa toile à 1,5 m du sol dans un arbre résineux de son jardin, puis deux autres femelles en juin 1998, une dans ce même jardin et l’autre dans la végétation de bordure d’un chemin entre prairie et forêt, puis trois femelles dans une prairie en friche en juillet 2000, et enfin une autre femelle dans le jardin précité en juin 2001. Les deux autres données de Corrèze proviennent de M. Cruveillier qui récolte une femelle au filet fauchoir dans des buissons bas de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, le 07/05/2001, et un mâle, le 09/06/2001, sur des buissons, au bord de la rivière Corrèze, au Moulin du Cher, dans la commune de Sarran. Seul un défaut de prospection suffisante et appropriée peut justifier l’absence de données pour la Creuse concernant aussi bien cette espèce que la précédente.

Platnickina tincta (Walckenaer, 1802) (ex Theridion tinctum) : des deux araignées de ce genre connues en France, cette espèce est la seule observée jusque là en Limousin. L’abdomen est jaune clair avec, au-dessus et à l’avant, un motif gris brun très foncé évoquant une paire de poumons ou, parfois, une vague silhouette de chauve-souris en vol. Le prosoma* est lui aussi jaune clair, légèrement vert, bordé d’un fin liséré noir et présente un triangle médian noir avec la pointe dirigée vers l’arrière. Les pattes sont irrégulièrement annelées de noir. Le mâle mesure de 2,5 à 3,5 mm et la femelle de 3 à 4,5 mm. Celui-là est adulte de janvier à octobre, avec une période d’activité plus intense de mai à juillet, celle-ci pendant une période plus longue, peut-être toute l’année selon Nentwig & al. Ces derniers lui affectent une grande diversité de milieux allant des prairies sèches à des marécages en passant par des milieux boisés, tant résineux que feuillus. En Limousin où l’espèce n’apparaît que dans six fiches pour douze identifications, les captures vont de mai à juillet et proviennent toutes de haies vives ou de branches basses d’arbres. La première saisie concerne une femelle récoltée en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 25/06/1999, par battage des branches d’une touffe de Viburnum opulus, sur la colline du Suchaud, proche du village de Chavagnac, à Meuzac. Les trois autres mentions de ce département émanent d’E. Duffey qui, par battage des branches d’une haie vive de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, à récolté une femelle le 17/07/2000, quatre autres le 30/05/2002, et une dernière le 19/07/2003. Les deux autres départements ont une mention chacun, par M. Cruveillier : trois femelles le 01/06/2009, dans les branches basses d’une rangée d’épicéas au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, pour la Creuse, et, pour la Corrèze, une femelle le 12/07/2001, identifiée dans une récolte réalisée par M. Lefrançois dans une hêtraie à houx au Puy de Cournoux, dans la commune de Pérols- sur-Vézère.

Note de bas de page 149 :

Alain Canard «Données sur la distribution spatio-temporelle des Theridiidae des landes armoricaines», Revue arachnologique , tome 5, (4), 1984, p.176.

Note de bas de page 150 :

nous avons d’abord pensé que cette absence pourrait être due à l’altitude, d’autant que notre ami J.-C. Ledoux, que nous avons interrogé à ce sujet, nous indique qu’il n’a lui-même rencontré cette espèce que dans l’île de Noirmoutier, en arrière-dunes, et dans une ancienne île du Rhône, mais B. Le Péru rappelle, dans le tome 16 de la Revue arachnologique, que J. Denis (1960) indique une altitude possible «jusqu’à 1800m».

Robertus arundineti (O. P.-Cambridge, 1871) : neuf espèces de ce genre sont répertoriées en France, dont trois seulement ont été observées en Limousin à cette date. Les Robertus ont un colulus* bien apparent et leurs yeux médians antérieurs sont plus petits que les autres lesquels sont tous les six sensiblement de la même taille. R. arundineti est une petite araignée au corps brun rouge brillant et aux pattes pouvant aller du jaune clair au brun rougeâtre, dont les deux sexes mesurent de 2 à 2,5 mm. Adultes l’un et l’autre sans doute toute l’année, ils fréquentent des milieux très humides, marais, tourbières, mais ont pu être rencontrés dans des landes sèches, notamment en Bretagne, dans des années où les pluies avaient été particulièrement abondantes (A. Canard149). Peut-être à cause de sa taille réduite mais également du fait qu’elle évolue très près du sol, cette espèce n’a été récoltée qu’à trois reprises en Limousin jusqu’à cette date, dont deux par piège Barber, et seulement par un seul d’entre nous, E. Duffey, lequel a capturé d’abord une femelle en mars 1998, en Haute-Vienne, dans un piège placé dans un secteur très humide au bord de son étang de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, où il récoltera un mâle, le 17/04/2004, égaré sur le plafond de son laboratoire. Le 02/05/2007, il capture, également par piégeage, une autre femelle au bord d’une mare de son jardin, au village du Dougnoux, à Altillac, commune située dans l’extrême sud de la Corrèze, très proche du département du Lot. Il est surprenant que cette espèce ne figure dans aucun inventaire des tourbières du Plateau de Millevaches150 qui ont pourtant fait l’objet d’un programme d’observation systématique par F. Lagarde durant plusieurs années, notamment entre 2006 et 2009.

Note de bas de page 151 :

d’ailleurs, Blackwall avait fait en 1833 une première description de cette araignée sous le nom de Neriene rufipes, qu’il dut abandonner en 1836 pour N. livida car la première dénomination était déjà préoccupée (au sens propre).

Robertus lividus (Blackwall, 1836) : cette araignée au corps gris brun très brillant, à l’abdomen velu et aux pattes brun rouge151 non annelées, vit dans la mousse ou la litière de feuilles et de brindilles, le plus souvent dans les bois. Les deux sexes mesurent de 2,5 à 4 mm et on peut trouver des adultes toute l’année, lesquels pourraient être actifs même sur la neige (Huhta & Viramo 1969, cités par S. Almquist), ce qui nous paraît un peu en contradiction avec le caractère lucifuge de l’espèce que signale Wunderlich (Die schönsten Spinnen Europas éd. 1997). Présente dans presque tous les pays d’Europe, et notée comme fréquente par Nentwig & al., cette araignée holarctique* a été mentionnée dans douze fiches d’inventaire en Limousin pour dix-sept animaux identifiés. C’est à F. Leblanc que revient la première citation, une femelle récoltée en Creuse, le 10/05/1998, dans des débris végétaux au sol, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs. L’espèce sera notée trois fois encore dans ce département : un mâle capturé le 13/06/2009 par M. Cruveillier dans un piège installé dans de la mousse fraîche, au pied d’un chêne, dans un bois bordant l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, puis par F. Lagarde qui, en 2009, cite la présence d’un individu dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, et de deux autres au bois des Pialles, près d’Orladeix, dans cette même commune. En Haute-Vienne, M. Cruveillier la cite à quatre reprises, uniquement des mâles, dont deux dans la commune de Meuzac, un le 06/12/1998 dans la litière d’un bois près du village de Chavagnac, et un autre, en novembre 2000 dans des débris de bruyère, dans la Lande du Cluzeau. Il récolte le troisième, le 13/08/2000, dans de la litière de feuilles de hêtre, dans la magnifique allée de vieux hêtres, qui mène au sommet du Mont- Gargan, dans la commune de Saint-Gilles-les-Forêts. Il détermine le quatrième dans une récolte réalisée par P. Durepaire en novembre 2000 dans un secteur de lande sèche bordant la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui récolte une femelle au sol, dans la mousse d’une forêt humide, à Saint-Etienne-aux-Clos, puis, dans ses récoltes de 2009, F. Lagarde identifie quatre individus de l’espèce dans la tourbière de Négarioux Malsagnes, à Peyrelevade, et deux à la Roche du Coq-Estang, à Viam, puis un autre dans la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac. Enfin, M. Cruveillier détermine un mâle dans une récolte réalisée par M. Lefrançois, le 07/07/2011, dans une tourbière haute dégradée à Molinie, à la Font Clare, dans la commune de Saint-Merd-les-Oussines.

Robertus neglectus (O. P.-Cambridge, 1871) : semblable à un R. lividus en réduction, cette petite araignée paléarctique* de 1,5 à 2 mm pour le mâle et jusqu’à 2,5 mm pour la femelle, partage les mœurs de cette dernière. Les deux sexes s’en distinguent aisément par des genitalia* bien caractéristiques. L’espèce n’a été observée qu’une seule fois en Limousin à cette date : une femelle récoltée le 15/05/1998 par M. Cruveillier, dans de la mousse, à la base d’un rocher de serpentinite de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, en Haute-Vienne.

Rugathodes instabilis (O. P.-Cambridge, 1871) (ex Theridion instabile) : est une araignée récemment observée en Limousin. Il s’agissait d’une femelle, récoltée par tente Malaise, le 05/06/2013, par P. Durepaire, dans la lande sèche du Puy long, aux Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, identifiée par M. Cruveillier. Cette femelle avait les pattes brun clair, non annelées, et mesurait 2,3 mm. Son prosoma* était de la même couleur que les pattes avec une large bande médiane brun foncé. L’abdomen présentait aussi une large zone médiane foncée, flanquée de deux franges gris beige ponctuées de taches claires. Notée comme rare selon Nentwig & al., ce que nous ne pouvons que confirmer, elle est censée se trouver dans la végétation haute de bois humides ou de prairies, ce qui ne présente, avec le lieu de notre capture, qu’une contradiction apparente si on sait que la lande du Puy long est au sein de la tourbière des Dauges.

Sardinidion blackwalli (O. P.-Cambridge, 1871) ( ex Theridion blackwalli) : petite espèce paléarctique*, seule de son genre jusque là dans le monde, cette araignée n’est pas souvent notée, peut-être parce qu’elle échappe au piégeage au sol, peut-être à cause de sa taille (les deux sexes mesurent de 2,3 à 3 mm), peut-être aussi parce qu’elle se cache souvent sous les écorces des troncs d’arbre où elle passe inaperçue. Elle peut aussi fréquenter les prairies à poacées et même les maisons d’habitation. Le céphalothorax présente des motifs variables de couleur brun foncé sur fond orangé et le dessus de l’abdomen affiche, sur un fond brun orangé clair, une large tache brun noir de forme également variable. Les pattes sont jaune clair, irrégulièrement annelées mais des individus peuvent être presque entièrement noirs. S. blackwalli n’a fait l’objet que de trois citations en Limousin, trois mâles, tous en Haute-Vienne. Le premier a été capturé au filet fauchoir, le 16/08/1995, par M. Cruveillier, dans une touffe de Briza media, dans une prairie sèche dégradée du village de Chavagnac, à Meuzac, et les deux autres par E. Duffey, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, le premier, le 28/05/2000, au filet fauchoir, dans les herbes d’une prairie naturelle et le second, le 10/06/2003, dans la maison du prospecteur. Ces dates confirment la période de maturité indiquée par Nentwig & al., qui va de mai à août.

Simitidion simile (C. L. Koch, 1836) ( ex Theridion simile) : le genre Simitidion, créé par Wunderlich en 1992 à partir de Theridion simile, se distingue du genre Theridion notamment par un bandeau* assez haut dont le bord inférieur forme un angle très obtus dont le sommet est pointé vers le bas. Il ne comporte que trois espèces dans le monde, dont celle-ci est la plus répandue. Cette araignée holarctique*, au céphalothorax couleur d’ambre, présente sur son abdomen brun orangé un motif clair, blanc ou jaune pâle, ayant la forme d’un losange ou d’un triangle isocèle à large base. Le mâle, qui mesure environ 2 mm, est mature de fin avril à début juillet. La femelle, qui peut approcher les 3 mm, peut être trouvée adulte jusqu’en août. On les rencontre dans des habitats aussi divers que des milieux herbacés secs et sablonneux, des tourbières ou des marais, des landes à ajoncs et bruyères. L’espèce a été mentionnée dans dix-sept fiches en Limousin, pour trente-quatre individus identifiés. C’est en Haute-Vienne, à Saint-Léger-la-Montagne, que, pour la première fois, un mâle est mentionné, le 15/06/1996, par M. Cruveillier qui le récolte dans une touffe de callune, dans un secteur de lande jouxtant la tourbière des Dauges, site où E. Duffey mentionnera l’espèce à quatre reprises, deux mâles, au filet fauchoir, le 23/05/2000, sur un genévrier en bordure de forêt, et un autre le même jour dans une zone tourbeuse à Eriophorum, puis, le 30/05/2003, huit femelles dans un milieu herbeux humide et une autre, le 29/06/2006, dans le même secteur. Au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, il récolte également une femelle dans une prairie en mai 1999 et un mâle, dans une bordure de buissons, le 30/05/2002. Toujours en Haute-Vienne, dans la commune de Meuzac, M. Cruveillier capture une femelle par fauchage d’un grosse touffe de callune au village de Chavagnac, le 06/06/1997, et une autre par piégeage, en juillet 2000, dans un secteur sec de la Lande du Cluzeau. En Corrèze, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, E. Duffey capture une femelle au filet fauchoir, dans de la bruyère, le 03/06/2002, et une autre dans des herbes sèches, le 28/06/2002. Il récolte un mâle dans de hautes herbes, le 17/05/2006, au Village du Dougnoux, à Altillac, et, le 20/06/2008, un mâle et deux femelles dans de l’herbe mi-haute de la tourbière du Longeyroux, à Meymac. Enfin, en Creuse, dans la commune de Royère-de-Vassivière, F. Lagarde capture six mâles et trois femelles au filet fauchoir le 14/05/2006, au Bois des Pialles, près d’Orladeix, une femelle par piégeage, le 01/06/2008, dans la tourbière de La Mazure, et, en 2009, il cite la présence d’un individu de l’espèce au lieudit La Gane.

Steatoda bipunctata (Linné, 1758) : cinq des sept Steatoda connues en France ont été observées au moins une fois en Limousin. Parce que l’abdomen de cette araignée évoque pour certains un grain de café, elle est parfois nommée « coffee bean spider » par des arachnologues de langue anglaise. C’est une espèce holarctique* dont le mâle mesure environ 4,5 mm, la femelle pouvant en atteindre 7, et dont les genitalia* sont suffisamment caractéristiques pour écarter tout risque de confusion avec une autre espèce. On peut rencontrer des adultes des deux sexes en toute saison, avec une activité apparemment moins intense l’hiver, et presque exclusivement dans des bâtiments. Dans notre région où elle est citée dans onze fiches pour douze animaux observés, neuf de ces observations ont eu lieu dans des maisons, une sur le mur extérieur, une dans un hangar et une dans un jardin sur un tas de bois. La première mention saisie au fichier est celle d’une femelle récoltée en Haute-Vienne le 21/03/1998, par M. Cruveillier, dans l’évier d’une cuisine, au village de Chavagnac, à Meuzac, où il récoltera bien plus tard, le 10/05/2013, une très belle femelle qui avait fait sa toile entre la jante et le capuchon d’une roue de tondeuse à gazon entreposée dans un hangar. En Creuse, dans une maison du village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, F. Leblanc capture une femelle le 20/10/1998 et un mâle le 08/08/1999. Enfin, en Corrèze, B. Le Péru nous a communiqué, au début des années 2000, sept fiches concernant la capture de huit animaux de cette espèce, trois mâles et cinq femelles, dans une maison ou dans son jardin de Saint-Etienne-aux-Clos, ces captures se répartissant entre avril, mai et octobre 1997, octobre 1998, mai 2000 et mai 2001, les mâles ayant été capturés en mai 1997, en octobre 1998 et en mai 2001.

Note de bas de page 152 :

une collègue de Normandie nous écrivait récemment que sa maison en hégergeait un grand nombre.

Steatoda grossa (C. L. Koch, 1838) : c’est le hasard de l’ordre alphabétique qui regroupe ici nos trois « grandes » Steatoda dont la toxicité du venin pour de petits mammifères a été montrée et qui pourraient donc potentiellement, du fait de leur taille, causer quelque désagrément à des humains en cas de morsure, laquelle est assez hypothétique dans notre région et ne s’est jamais produite jusque là à notre connaissance. Mais il se trouve parfois que quelques internautes, reconnaissables à ce qu’ils ne citent que très rarement les sources dans lesquelles ils puisent pourtant la plus grande part de leur information et qui cherchent surtout à capter l’attention par un peu de sensationnel en entretenant un sentiment de risque, n’hésitent pas à affubler ces animaux de noms pseudo-vernaculaires, inventés pour l’occasion et que personne à part eux-mêmes n’adopte, et vont jusqu’à présenter de façon assez ridicule ces Steatoda comme autant d’autres « Veuves ». Steatoda. grossa est une espèce holarctique* et même cosmopolite. La femelle, dont la taille va de 7 à 10 mm, a l'abdomen de couleur brun pruiné. Le mâle mesure de 5,5 à 6,5 mm et son abdomen est plus foncé. Les deux portent un arc de cercle blanc, parfois scindé en deux, à l'avant de l'abdomen. Le reste du dessin dorsal est variable et n'est pas toujours bien marqué. C’est une espèce assez rare, sauf parfois localement152, dont on peut rencontrer des adultes en toute saison et presque toujours dans des murs, ou dans des bâtiments, au moins sous notre latitude. En Limousin elle n’a fait l’objet que de cinq citations pour six animaux identifiés. C’est en Haute-Vienne que la première femelle est capturée, le 06/06/1997, dans un local à usage de garage et de buanderie, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier qui identifiera deux autres femelles en Corrèze, l’une récoltée en mars 2000 par I. Charissou, dans une maison des Fombiardes, à Orgnac-sur-Vézère, et l’autre récoltée dans une autre maison de cette même commune, le 23/09/2003, par P. Deschamps. E. Duffey complète les observations de Corrèze par la capture de deux femelles, le 14/06/2008, dans un abri de jardin du Dougnoux, à Altillac. Enfin en 2009, F. Lagarde cite l’observation d’un individu de l’espèce en Creuse, au village du Châtain, à Saint-Moreil.

Steatoda nobilis (Thorell, 1875) : vraisemblablement originaire des îles Canaries ou de Madère, cette espèce a été introduite par le commerce des fruits, notamment des bananes, dans divers pays d’Europe dont la France où son installation progressive a pu être mise en évidence, surtout dans des localités de bord de mer. Elle est de plus en plus présente dans le midi. En Limousin, M. Cruveillier a capturé, le 03/08/2006, une unique femelle de cette espèce dans un commmerce proposant des fruits exotiques. Il a pu observer qu’elle n’est pas sans quelque ressemblance avec S. grossa mais qu’elle est nettement plus grande, environ 13 mm, et plus effilée, et que les motifs ornant l’abdomen sont plus nets et de couleur plutôt beige. La forme du septum* de l’épigyne, lequel est large et à bords parallèles, est très différent de celui de Steatoda grossa. Elle n’a plus été revue et ne s’est vraisemblablement pas implantée dans notre région où le climat est bien différent de celui de son pays d’origine.

Note de bas de page 153 :

ainsi nommée en hommage à l’arachnologue suédois Gustav von Paykull (1757-1826).

Steatoda paykulliana153 (Walckenaer, 1806) : par sa taille, sa couleur noire et cet arc de cercle rouge, orangé ou jaune, qu’elle présente à l’avant de l’abdomen, cette araignée est sûrement celle dont l’aspect extérieur rappelle le plus le genre Latrodectus dans lequel elle a d’ailleurs été rangée pendant une dizaine d’années au XIXe siècle. Selon M. Roberts, comme Nentwig & al., le mâle serait adulte l’été et la femelle toute l’année et on pourrait rencontrer cette espèce dans des endroits herbacés plutôt secs ou sous les pierres. L’espèce est présente en Europe dans les pays qui bordent la Méditerranée et ceux qui bordent la Mer Noire. Le seul exemplaire observé en Limousin est une femelle qui avait fait sa toile à 20 cm du sol dans l’herbe d’un talus au lieudit La Bergerie, dans la commune de Perpezac-le-Blanc, en Corrèze, et qui fut récoltée, le 13/05/1999, par P. Deschamps, et identifiée par M. Cruveillier.

Steatoda triangulosa (Walckenaer, 1802) : cette espèce holarctique* se reconnaît assez aisément à son cephalothorax brun foncé et son abdomen beige semé de points clairs et portant six taches polygonales brunes. Le mâle, adulte durant l’été et l’automne, mesure environ 4 mm ; la femelle, adulte peut-être toute l’année, est plus grande mais la dimension maximale de 8,6 mm indiquée par Nentwig & al. nous semble élevée. En Limousin où cette araignée apparaît dans cinq fiches d’inventaire pour autant d’animaux observés, on trouve cette araignée dans les habitations ou à proximité immédiate. La première observation revient à E. Duffey qui, dans sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, récolte d’abord une femelle au filet fauchoir dans une bordure de son jardin, le 14/06/1998, puis une autre le, 10/06/2003, dans sa maison. Toujours en Haute-Vienne, M. Cruveillier cite une femelle ayant fait sa toile derrière le volet d’une fenêtre à Meuzac, le 02/06/2001, et, le 29/09/2006, A. Bounias-Delacour récolte une autre femelle à l’intérieur des bâtiments du Centre CHEOPS de Limoges, lors d’une réunion de l’Association Française d’Arachnologie. En Corrèze, le 17/08/2006, E. Duffey récolte une femelle dans une salle de bains au village du Dougnoux, à Altillac. Ainsi nous ne connaissons des mâles que par des captures réalisées en dehors du Limousin.

Theonoe minutissima (O. P.- Cambridge, 1879) : cette très petite araignée, de 1mm pour les deux sexes, lesquels peuvent être rencontrés à l’état adulte en toute saison, présente un céphalothorax brun foncé et un abdomen gris anthracite. Les yeux médians antérieurs, très petits et très rapprochés, sont situés dans un zone presque noire. Les médians postérieurs sont au contraire très écartés l’un de l’autre. Les latéraux antérieurs, qui sont les plus gros, sont soudés deux à deux au latéraux postérieurs. On trouve cette espèce le plus souvent dans la mousse humide. Elle est considérée comme assez rare par la plupart des auteurs. En Limousin elle est citée à six reprises pour onze animaux identifiés. C’est d’abord E. Duffey qui, le 23/05/2000, capture trois femelles en Haute-Vienne, dans de la litière, en bordure de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. Les cinq autres mentions, toutes de 2009, proviennent de la partie creusoise du Plateau de Millevaches, et émanent de F. Lagarde qui cite un individu de l’espèce à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles et, dans la commune de Royère-de-Vassivière, trois animaux à la Croix de Fayaud, un à la tourbière du Grand Puy, deux à Combe Lépine et un dans la tourbière de La Mazure.

Note de bas de page 154 :

voir à ce sujet l’article de Jean-Claude Ledoux dans la Revue Arachnologique n°2, fascicule 6, p. 283-289.

Note de bas de page 155 :

communication personnelle

Theridion betteni Wiehle, 1960 : le nombre d’espèces classées dans le genre Theridion n’a pas cessé de diminuer au cours des différentes révisions de ces dernières années et leur nombre est tombé à vingt-deux pour la France métropolitaine, dont huit ont été observées en Limousin. Ce sont des animaux à longues pattes, dont le tibia est plus long que le céphalothorax. L’espèce T. betteni a sans doute été souvent confondue avec Theridion mystaceum. Non seulement le dessin dorsal n’est d’aucun secours pour distinguer les deux espèces mais il faut souvent pratiquer une incision pour observer la partie interne située sous l’épigyne, que les arachnologues appellent vulve154 ou vulva. Décrite il y a seulement une cinquantaine d’années, cette espèce n'avait jusque là été vue par J.-C. Ledoux qu'en Ardèche à 900m d'altitude155, et seulement la femelle, mais Heimer et Nentwig n'en font pas une espèce montagnarde, ce que sa présence aux Pays-Bas semblerait confirmer. C’est une araignée d’environ 3 mm, très rare, qui semble choisir les fissures horizontales des murs, des rochers ou des structures externes en bois des bâtiments. Elle n’a été observée en Limousin qu’à trois reprises, d’abord en Haute-Vienne, par M. Cruveillier qui recueille deux femelles, le 25/05/2000, dans les fentes d’une porte extérieure de maison, au village de Chavagnac, à Meuzac, puis par Eric Duffey qui capture un mâle dans sa propriété de Bussière- Poitevine, le 28/05/2000. La seule mention de Corrèze est une femelle récoltée par M. Cruveillier, le 09/06/2001, dans une anfractuosité d’un mur du four à pain du Moulin du Cher, à Sarran.

Theridion familiare O. P.-Cambridge, 1871 : certains spécimens de cette araignée paléarctique* peuvent présenter sur la partie médiane de l’abdomen, le même motif clair, en forme de triangle ou de losange, ou plusieurs de ces figures, que Simitidion simile. Le mâle, dont le bulbe ne montre qu’une seule apophyse tégulaire, présente un renflement de l’épigastre* très prononcé vu de profil. Les deux sexes de cette petite espèce mesurent de 1,5 à 2 mm, sont adultes à la fin du printemps et en été et se tiennent surtout dans les maisons ou dans leur environnement immédiat. Elle n’a fait l’objet jusque là que de quatre citations en Limousin pour six animaux identifiés. D’abord, le 06/06/1997, M. Cruveillier récolte un mâle sur un escalier, dans une grange, au village de Chavagnac, dans la commune de Meuzac, en Haute-Vienne, département où F. Leblanc note une femelle sur un mur de la chapelle d’Arliquet, à Aixe-sur-Vienne, le 29/05/1999, et où, en juin 2001, E. Duffey capture trois femelles dans sa maison au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Le 27/05/2007, celui-ci récoltera un mâle en Corrèze, dans une zone de hautes herbes, proche de sa maison du Dougnoux, à Altillac.

Theridion hemerobium Simon, 1914 : la difficulté pour identifier cette araignée consiste, en particulier, en la distinction d’avec T. varians à laquelle elle ressemble extérieurement, ou même d’avec T. pictum, notamment pour les femelles dont les épigynes sont assez proches. La femelle mesure de 3 à 4,5 mm et peut être trouvée adulte du milieu du printemps au milieu de l’automne. Le mâle mesure de 2,5 à 3,5 mm et serait adulte un peu plus tôt mais seulement jusqu’au milieu de l’été. Cette espèce holarctique* affectionne particulièrement la proximité de l’eau. En Limousin, où elle n’a été notée qu’en Haute-Vienne, elle ne figure que dans quatre inventaires pour onze animaux identifiés. C’est d’abord M. Cruveillier qui, le 20/05/1997, récolte un mâle et une femelle en battant au-dessus d’une cuvette à moitié immergée les herbes surplombantes de la rive de l’étang du Cluzeau, à Meuzac, site où il récolte un autre mâle, le 27/07/2001, sur de la repousse d’aulne sur cette même rive. Il avait récolté auparavant, le 11/07/2001, par cette même technique de cuvette glissée sur l’eau sous les plantes du bord, cinq femelles et un mâle sur les rives de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige. De son côté, E . Duffey avait capturé, le 28/06/2000, deux femelles dans des branches basses d’une haie proche de son étang de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine.

Note de bas de page 156 :

à chercher sous le nom de Theridion denticulatum dans le tome VI d’Eugène Simon.

Theridion melanurum156 Hahn, 1831 : cette araignée holarctique* est une autre espèce proche de T. mystaceum, d’autant que le mâle, comme celui de ce dernier, présente une région épigastrique renflée. Les deux sexes, qui mesurent de 3 à 4 mm, ont un céphalothorax brun foncé avec une région céphalique presque noire et une profonde strie thoracique*. L’abdomen est grisâtre avec çà et là de petits points noirs et, dans la partie médiane, une série de parenthèses noires, plus ou moins grandes, festonnant une bande gris blanchâtre. Les différents auteurs s’accordent pour dire que cette espèce se tient surtout sur les murs des habitations mais divergent un peu sur la période de maturité. Almquist indique du début juin à août pour la Suède, Roberts donne l’été, et jusqu’à l’automne pour les femelles, pour la Grande-Bretagne, Nentwig & al. accordent toute l’année. Et, si nos rares données confirment entièrement la prédilection de cette espèce pour les murs des maisons nous ne pouvons hélas que nous étonner de l’étiquette de fréquente, « heufig », qui lui est accordée par ces dermiers car elle n’a été signalée qu’à trois reprises en Limousin pour quatre animaux observés, tous en avril et mai. C’est d’abord B. Le Péru qui, en Corrèze, observe un mâle et une femelle en mai 1998, sur une toile à 1,7 m du sol, contre le mur extérieur d’une maison, à Saint-Etienne-aux- Clos. Puis, en Haute-Vienne, M. Cruveillier mentionne un mâle, également récolté sur le mur d’une maison, par D. Rastel, aux Mas de France, à Meuzac, le 29/04/2001 et, dans la même commune, il capture un autre mâle qui pendait à son fil, sur la vigne vierge du mur d’une habitation, au village de Chavagnac, le 27/05/2001.

Theridion mystaceum L. Koch, 1870 : la description sommaire de T. melanurum, ci- dessus, pourrait convenir à T. mystaceum dont la taille n’est que très légèrement plus petite, et il y a lieu de consulter, plus haut, le paragraphe relatif à Theridion betteni ainsi que la note de bas de page concernant cette espèce. C’est dire que pour ces trois espèces l’examen attentif des genitalia* est indispensable pour parvenir à une identification fiable. Selon divers auteurs T. mystaceum pourrait être trouvé adulte d’avril à septembre (toute l’année pour les femelles selon Nentwig & al.) et se rencontrerait aussi bien sur les murs que sur des troncs d’arbre ou même sur des buissons en milieu ouvert. Six fiches d’inventaire, également partagées entre la Haute-Vienne et la Corrèze, font état de sa présence en Limousin. C’est d’abord B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, dans ce dernier département, récolte une femelle en juin 1997 sur un tas de bois de son jardin puis une autre dans sa toile, en mai 2000, sur le mur extérieur d’une maison, à 1 m du sol. Le 28/06/2002, E. Duffey capture lui aussi une femelle sur des buissons de la lande de Bettu, dans la commune de Chenailler-Mascheix. C’est également lui qui, en Haute-Vienne, récolte une femelle, en mai 1999, par battage de branches d’une haie de chêne, houx, aubépine et prunellier au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, site ou il répètera l’opération le 18/05/2000. Enfin, sur un tronc d’arbre du jardin de M. Lamarsaude, à Saint-Gilles-les-Forêts, M. Cruveillier détermine une sixième femelle, le 24/05/2010.

Theridion pictum (Walckenaer, 1802) : l’aspect de cette araignée holarctique*, bien qu’un peu variable, présente quelques constantes qui peuvent orienter la détermination sans pour autant dispenser de l’examen des genitalia*. Le céphalothorax, dont la couleur de fond est brun clair, présente une bande médiane et deux bandes latérales brun foncé. Chez les deux femelles que nous avons examinées, le motif médian de l’abdomen offrait l’aspect d’un sapin stylisé rouge brique, avec la pointe vers l’arrière, et bordé de larges plaques brun foncé. Comme chez bon nombre d’espèces de ce genre, l’épigastre* du mâle est renflé. Celui-ci mesure autour de 3,5 mm, la femelle pouvant atteindre 1 mm de plus. L’espèce fréquente les plantes basses des milieux humides, marais, rives des eaux, tourbières. Seules deux femelles ont été notées par M. Cruveillier, une le 22/05/1998, sur une touffe d’Erica tetralix dans un secteur de sphaignes, dans la lande tourbeuse de La Roubardie, près du hameau des Garabœufs, à Meuzac, en Haute-Vienne, et une autre qu’il a déterminée dans une récolte de M. Lefrançois, du 12/07/2011, dans une prairie paratourbeuse à jonc acutiflore, au lieudit Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, en Corrèze.

Theridion pinastri L. Koch, 1872 : est une espèce paléarctique* dont l’aspect et la taille sont proches de T. pictum. Une seule femelle a été récoltée par E. Duffey, le 16/07/2000, par battage des branches d’une haie vive de chêne, houx, prunellier, aubépine, au village de Chez-Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne.

Theridion varians Hahn ,1833 : sans être abondante chez nous, cette araignée holarctique* est l’espèce de Theridion la plus représentée dans notre base pour le Limousin puisqu’elle y apparaît dans dix-sept fiches pour vingt et un animaux identifiés. C’est surtout la coloration de la bande médiane de l’abdommen qui doit être à l’origine du nom d’espèce. Elle peut en effet aller, selon les individus, du jaune au noir en passant par le rose ou le gris. Certains spécimens sont même presque intégralement noirs. Le mâle mesure de 2,5 à 3 mm et la femelle peut dépasser légèrement 3,5 mm. La période de maturité va d’avril à septembre, peut-être toute l’année pour les femelles. On rencontre cette espèce sur la végétation basse, les buissons, les arbrisseaux, les branches basses des arbres, parfois dans l’herbe ou même dans les maisons. La première donnée est la capture par M. Cruveillier, en Haute-Vienne, d’un mâle qui, le 06/06/1997, pendait à son fil des branches basses d’un pin sylvestre, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il citera encore deux fois l’espèce : une femelle sur un arbuste d’ornement dans un jardin des Mas de France, le 23/04/2001, et une autre dans l’herbe, dans ce même lieu, le 25/04/2001. Il déterminera également une femelle dans une récolte de K. Guerbaa, du 17/07/2008, dans les genêts d’une prairie dégradée des Combes, à Saint-Léger-la-Montagne. Dans cette même commune, un mâle est récolté, le 23/05/2000, sur genévrier, en bordure de la tourbière des Dauges, par E. Duffey, lequel note cinq fois l’espèce au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, toujours en Haute-Vienne, par battage des branches basses d’une haie : une femelle en mai 1999, un mâle le 28/05/2000, un autre le 30/05/2002, un autre et quatre femelles le 07/06/2003 et enfin, le 19/07/2003, une dernière femelle. La seule donnée de Creuse est une femelle, capturée le 20/10/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, par F. Leblanc. En Corrèze, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru note d’abord une femelle dans sa toile, à 1,7 m du sol, dans une haie en bordure de chemin, en mai 1997, puis, en septembre de la même année, une autre femelle sur un poteau de jardin, une autre sur ce même poteau en juillet 2001, et une quatrième sur une bordure de chemin entre forêt et prairie, en août 2002. E. Duffey, récolte une femelle, le 18/06/2003, dans un secteur herbeux de la lande de Bettu à Chenailler- Mascheix, puis, le 05/07/2005, une dernière femelle dans la pelouse de son jardin, au village du Dougnoux, à Altillac.

Les Theridiosomatidae

# Theridiosoma gemmosum (L. Koch, 1877) : les Theridiosomatidae forment une famille modeste, mais ils rassemblent néanmoins seize genres dans le monde pour quatre- vingt-neuf espèces. Or cette petite araignée holarctique* est la seule espèce européenne de la famille. Proche extérieurement des Theridiidae, elle s’en distingue notamment par la construction d’une toile orbiculaire reliée par son centre à un support, l’ensemble prenant l’aspect d’un parapluie renversé. C’est une très belle petite araignée dont l’abdomen globuleux ressemble à une petite perle de nacre. Le mâle mesure environ 1,5 mm et la femelle de 2 à 2,5 mm. La période de maturité va de mai au milieu de l’été. Cette espèce construit le plus souvent sa toile assez près du sol dans les herbes qui surplombent le bord de l’eau, qu’il s’agisse de cours d’eau, de mares, d’étangs, et même de flaques d’eau dans des bois marécageux. Elle a fait l’objet de onze fiches d’inventaire en Limousin pour vingt-neuf animaux identifiés. Le 25/04/2001, au bord d’une petite île du lac de La Roche, un couple fut observé pour la première fois en Haute-Vienne par M. Cruveillier, lors d’un stage qu’il avait organisé à Meuzac, grâce à une technique de capture qu’il tient de J.-C. Ledoux et qui consiste à battre la végétation surplombante au-dessus d’une cuvette à moitié immergée. Le lendemain il récolta un mâle dans ce même secteur, puis deux mâles et trois femelles le 02/06/2001. Le 11/07/2001, il recueille, par le même moyen un tout petit mâle d’1,2 mm au bord de l’étang de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et, le 30/05/2003, E. Duffey capture une femelle dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne. En Creuse deux mâles et trois femelles sont d’abord capturés par M. Cruveillier, le 25/05/2001, au bord de l’étang des Landes, à Lussat, commune où il récoltera deux femelles, le 13/06/2009, au bord de l’étang de Tête de Bœuf. Les autres données, toutes de Creuse, proviennent de F. Lagarde qui, à Royère- de-Vassivière, capture un mâle dans la tourbière de La Gane, le 14/05/2006, puis en 2009, cite neuf individus de l’espèce au Bois des Pialles et un dans la tourbière de La Mazure, dans cette même commune, et enfin un autre à la Ferme de Lachaud, à Gentioux-Pigerolles. L’absence de données pour la Corrèze ne peut s’expliquer que par une prospection insuffisante des milieux où se tient l’espèce.

Les Thomisidae

Avec deux-mille-cent-cinquante-neuf espèces réparties dans cent-soixante-douze genres, à la fin de 2014, la famille des Thomisidae occupe le troisième rang mondial pour le nombre de genres et le sixième pour celui des espèces. Celles-ci se distinguent par la direction latérale des deux paires de pattes avant, les plus longues et les plus robustes, ce qui leur permet de se déplacer dans tous les sens et leur a valu le nom d’araignées crabes. Cette morphologie est impropre à la course, aussi chassent-elles à l’affût. Elles sont actives de jour et leurs yeux, qui sont sans tapetum* et implantés au sommet d’une surélévation du tégument, sont d’apparence noire, comme ceux des Salticidae. Certaines espèces de cette famille présentent un dimorphisme sexuel accentué, avec des mâles considérablement plus petits que les femelles et de coloration souvent différente. Actuellement, quatre-vingt-une espèces réparties dans seize genres sont répertoriées en France dont trente et une, distribuées dans onze genres, on été observées en Limousin à cette date.

Note de bas de page 157 :

sous réserve de bien avoir en tête la disposition des couleurs, car elles sont inversées chez le mâle d’Ebrechtella tricuspidata dont les pattes et le céphalothorax sont de couleur brune et le dessus de l’abdomen vert, par rapport à la femelle de Diaea dorsata qui a les pattes et le céphalothorax de couleur verte et le dessus de l’abdomen brun.

# Diaea dorsata (Fabricius, 1777) : est une très belle araignée qui vit sur les buissons, les arbrisseaux, les haies vives ou les branches basses des arbres. La femelle, qui mesure de 5 à 6 mm, a les pattes d’un beau vert menthe ainsi que le céphalothorax lequel porte quelques longues épines noires, l’abdomen présentant un large folium* brun et des flancs jaunes. Le mâle, un peu plus petit, est semblable à la femelle mais de coloration générale plus sombre et avec le céphalothorax et les pattes d’un vert fortement rembruni. C’est une des espèces que même les débutants reconnaissent à l’œil nu. On rencontre des adultes du milieu du printemps au milieu de l’été, et les immatures sont identifiables157. Il faudra cependant se garder de la confondre avec sa congérère Diaea livens qui n’a pas été vue jusque là dans notre région mais qui, bien que de coloration un peu différente, n’est pas sans quelque ressemblance avec elle. Notre D. dorsata apparaît dans quinze fiches d’inventaire en Limousin pour autant d’animaux identifiés. La première mention concerne une femelle récoltée le 06/06/1997, alors qu’elle pendait à son fil des branches d’un chêne, en lisière d’un taillis, par M. Cruveillier, au village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, site où il observe une autre femelle, subadulte, sur les branches d’un pommier, le 21/03/1998. Il cite également une femelle tombée sur la chemise d’un visiteur, sous un bouleau isolé, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous- Aixe, le 03/06/2000, puis une autre, le 22/06/2003, sur un arbuste de la Butte de Frochet, à Bussière-Boffy, et enfin, le 20/06/2008, il détermine encore une femelle dans une récolte, réalisée le 20/06/2008 par H. Guillien, dans un secteur de hautes herbes près du village des Vareilles, à Vicq-su-Breuilh. L’observation qu’avait faite E. Duffey, le 27/10/1999, d’une aéronaute sur une clôture, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, vient clore la liste des mentions pour la Haute-Vienne. En Creuse, F. Leblanc cite un mâle en octobre 1999 dans de la litière de bois, au lieudit Bois d’Armont, dans la commune de Fransèches, puis une femelle, le 15/10/1999, dans des branches basses, à Concizat, dans la commune de Saint- Sulpice-les-Champs, et enfin un autre mâle, le 15/03/2000, au Dognon, dans la commune de Saint-Maurice-La Souterraine. M. Cruveillier cite deux fois l’espèce dans la commune de Lussat : une femelle, le 22/06/2000, sur les branches basses d’un chêne, en bordure de l’étang des Landes, près du hameau du Genévrier, et une autre, le 01/06/2009, sur un genévrier, en sous-bois, près de l’étang de Tête de Bœuf. Toujours en Creuse, B. Le Péru avait signalé la capture d’un individu de cette espèce, sans mention de sexe, le 25/05/2007, dans des buissons près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze. Il est le seul à avoir mentionné l’espèce en Corrèze, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, en juin 1997, une femelle en lisière de forêt et un mâle dans une prairie en friche.

Note de bas de page 158 :

d’où elle tire sans doute son nom (voir «quelques racines latines dans les noms d’araignées» page 304

Ebrechtella tricuspidata (Fabricius, 1775) (ex Misumenops tricuspidatus) : est une autre belle araignée au mœurs assez voisines de celles de Diaea dorsata. Même taille et même couleur des pattes et du céphalothorax chez les femelles des deux espèces. Mais elles diffèrent par la forme de l’abdomen lequel est allongé et ovale chez cette dernière alors qu’il est grossièrement trapézoïdal chez E. tricuspidata dont le motif abdominal n’est pas un folium* plein mais un ensemble de taches disposées de manière à former une figure à trois pointes brunes158, semée de plages claires. Le mâle est plus petit, environ 2,5 mm, et présente un céphalothorax et des pattes de couleur brune et un abdomen au folium* vert. L’espèce se tient sur la végétation buissonnante où les branches basses, surtout en lisière de bois où on peut trouver des adultes en été selon M. Roberts. En Limousin, où les captures vont du 22 mars au 6 juin, avec une dominante marquée en mai, celle-ci a été notée dans seize fiches d’inventaire pour dix-neuf animaux identifiés, dont treize fiches pour seize identifications en Haute- Vienne où M. Cruveiller la cite à trois reprises dans la commune de Meuzac. C’est d’abord une femelle qu’il récolte par battage d’une haie de noisetiers, le 06/06/1997, au village de Chavagnac, puis, le 04/06/1998, un mâle au filet fauchoir dans de très hautes herbes d’une prairie dégradée bordant le ruisseau des Baraques, non loin du hameau du Mas Gaudeix, ensuite, le 24/04/2001, un autre mâle dans un buisson de la Lande du Cluzeau. Dans cette même commune, et ce même jour, un autre mâle est récolté dans les branches basses d’un pommier, à Chavagnac, par F. Leblanc, lequel identifie une femelle capturée par E. Mourioux le 23/03/2000, au Lac du Pont à Loges, dans la commune de Folles. M. Cruveillier identifie une femelle remise par K. Guerbaa, et qui avait été capturée en mai 1999 dans la lande de La Martinie, à Champagnac-la-Rivière. De son côté, dans sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, E. Duffey note l’espèce dans six fiches, dans les branches basses d’une haie, soit une femelle le 05/04/1999, un mâle et une femelle le 08/05/2000, une femelle le 28/05/2000, un mâle et deux femelles le 30/05/2002, une femelle le 07/05/2003, et une dernière femelle le 22/05/2003. Enfin, et pour clore l’inventaire de la Haute Vienne, une femelle est récoltée par M. Cruveillier, dans une haie vive, le 16/05/2009, au Centre nature La Loutre, à Verneuil-sur-Vienne. En Creuse, il récolte, le 18/05/2009, un superbe spécimen de mâle en battant les branches basses d’un chêne, près de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat. Enfin, dans les inventaires de 2009 que nous a communiqués F. Lagarde, on note une identification dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière et une autre dans la tourbière des Tourailles, à Faux-la-Montagne. Il y a donc lieu de porter son effort sur la Corrèze où rien ne justifierait l’absence de l’espèce.

# Heriaeus hirtus (Latreille, 1819) : est une belle araignée qui, grâce à sa couleur verte et les longues soies claires auxquelles elle doit son nom, échappe au regard du prospecteur dans le milieu herbacé où elle se tient ordinairement. A cette date nous n’avons toujours en Limousin qu’une seule observation de cette espèce, une femelle, récoltée le 13/07/2000, dans une touffe d’herbes de la Côte Pelée, dans la commune de Chasteaux, dans le Causse Corrézien, par M. Cruveillier, lequel avait eu l’occasion d’observer auparavant un mâle capturé par un collègue dans les Pyrénées-Orientales, et avait pu constater qu’il était plus petit, plus allongé, que ses pattes avant étaient très longues et qu’il présentait une tache triangulaire rose sur l’avant de la partie médiane de l’abdomen. La femelle récoltée en Corrèze mesurait 9 mm et M. Roberts indique une longueur de 4 à 5 mm pour le mâle.

Note de bas de page 159 :

elle est capable d’évoluer du blanc au jaune en passant par un verdâtre très pâle. Cette particularité, déjà notée par Wiehle en 1949 (cité par S. Almquist), a été vérifiée par M. Cruveillier lequel, en juin 1997, a pris sur une grande marguerite une femelle de couleur très blanche pour la transporter sur un Rudbeckia de son jardin, qu’elle a adopté sans difficulté dans la mesure où sa nourriture y était assurée par de nombreux insectes visiteurs. Elle a commencé à jaunir dès le deuxième jour et, au bout d’une semaine elle avait pris la couleur jaune d’or de sa fleur d’adoption.

# Misumena vatia (Clerck, 1757) : cette espèce holarctique*, commune dans tous les pays d’Europe, présente elle aussi un grand dimorphisme sexuel. La femelle, qui mesure de 5,5 à 10 mm, est l’une des araignées les plus observées par les promeneurs dans la mesure où elle se tient toujours sur des fleurs, à l’affût de butineurs. Son abdomen qui va s’élargissant vers l’arrière, de couleur le plus souvent blanche ou blanc verdâtre, avec parfois deux bandes latérales roses, et la position d’attente « accoudée » qui lui a valu son nom, font qu’elle est de celles que les naturalistes reconnaissent à l’œil nu. Elle passe cependant souvent inaperçue, d’autant qu’elle est douée, comme le sont nos Thomisus, d’homochromie adaptive159. Le mâle, qui ne mesure que 3 à 3,5 mm, a le corps plus svelte, les pattes avant très longues avec le femur et la patella d’un brun presque noir, et l’abdomen ovale portant deux bandes parallèles de couleur pourpre. On les rencontre adultes de mai à septembre, dans les milieux variés où ils trouvent des fleurs avec, semble-t-il, une préférence pour celles de couleur blanche ou jaune, sans en faire cependant une exclusivité. L’espèce est bien présente en Limousin où elle est notée dans trente-six fiches d’inventaire pour soixante animaux déterminés. La première citation, tirée des carnets de M. Barataud, est une femelle observée au moulin de Boubon, à Cussac, en Haute-Vienne, le 06/05/1984. Plus tard, le 14/06/1996, s’ajoutèrent un mâle et trois femelles, puis une autre femelle le 20/05/1997, par M. Cruveillier qui venait d’entreprendre un inventaire de longue durée sur la Lande du Cluzeau, à Meuzac. Il cite encore cette espèce à quatre reprises dans cette commune : une femelle le 25/05/1997, sur Iris pseudacorus le long du ruisseau de la Roubardie où il en notera deux autres le 22/05/1998 sur Solidago virgaurea et Ulex minor, un mâle et une femelle sur une grande marguerite, le 06/06/1997, dont l’exemplaire ayant servi à expérimenter l’homochromie, au village de Chavagnac, et une femelle sur une ombelle de Carum verticillatum, près du ruisseau des Baraques, le 05/06/1998. Toujours dans cette commune, il identifie un superbe spécimen de mâle récolté par H. Guillien, le 28/05/2010, au bord de l’étang de Forgeneuve. Ce dernier avait lui-même cité une femelle, le 11/05/2009, sur une euphorbe, dans la vallée de la Grande Briance, au lieudit Chez Samie, dans la commune de Saint-Hilaire-Bonneval. M. Cruveillier avait aussi noté un mâle et deux femelles, le 23/05/1997, dans une prairie bordant la Roselle, au moulin de Teignac, dans la commune de Saint-Genest-sur-Roselle, et une autre femelle le 03/06/2000, sur un talus de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. En juillet 1998, K. Guerbaa cite une femelle sur Daucus carota dans les landes de Chenenevières, à Pageas et P.Tutelaers note un mâle et une femelle le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la- Montagne. F. Leblanc cite une femelle au lieudit La Côte, à Saint-Laurent-sur-Gorre, le 06/05/2000, et deux mâles et deux femelles le 06/06/2000, à La-Chapelle-Montbrandeix, dans un potager du lieudit Lardimache. Enfin, E. Duffey vient clore la liste pour la Haute-Vienne par quatre fiches de captures au filet fauchoir dans une prairie de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une première femelle en mai 1998, un mâle et une femelle le 17/07/2000, puis deux mâles et une autre femelle le 10/06/2002, et une dernière femelle le 22/05/2003. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans la commune de Saint-Etienne- aux-Clos, observe une femelle dans une prairie en friche en mai 1997, et, le mois suivant, deux mâles et une femelle sur des fleurs dans un jardin. K. Guerbaa cite une femelle au lieudit Le Dolmen, à Espartignac, le 08/09/2000, dans la vallée de la Vézère. Dans la tourbière du Quart du Roi, à Benayes, M. Barataud en observe une autre, le 08/09/2000. Et E. Duffey en cite une, le 03/06/2002, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix et, le 09/05/2006, un mâle dans son jardin du Dougnoux, à Altillac. Enfin, toujours en Corrèze, M. Cruveillier note une femelle à Feyt, dans la vallée du Chavanon, le 23/07/2002, une autre le 09/05/2007 dans la lande du Puy de Razel à Pérols-sur-Vézère et, pour finir, un très beau mâle, le 10/05/2010, dans la Mégaphorbiaie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines. C’est F. Leblanc qui cite la première donnée de Creuse, deux femelles récoltées le 10/07/1997 à Pétillat dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs. Il détermine en outre des animaux, sans doute immatures compte tenu des dates précoces, capturés par E. Mourioux, dans la commune de Saint- Maurice-La-Souterraine : un mâle et deux femelles, le 15/03/2000, au Dognon, et quatre femelles, le 19/03/2000, à La Garrige. Dans la commune de Lussat, M. Cruveillier note deux femelles dans une prairie, au hameau du Genévrier, le 22/06/2000, et une autre le 31/07/2009, sur une fleur de Cirsum dissectum, au bord de l’étang de Tête de Bœuf. B. Le Péru cite une femelle au bord de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux-de-Chirouze et F. Lagarde, après avoir noté une femelle capturée au filet fauchoir, le 01/08/2006, au bord de la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière, cite un individu de l’espèce en 2009, dans la tourbière de Puy Marsaly, à Faux-la-Montagne.

Note de bas de page 160 :

c’est aussi le cas de quelques autres genres de Thomisidae, comme Diaea par exemple, mais il n’y a pas de risque de confusion avec ces derniers, même pour des débutants.

Ozyptila atomaria (Panzer, 1801) : chez nos Thomisidae, le genre Ozyptila partage avec le genre Xysticus la particularité d’avoir les yeux latéraux antérieurs plus gros que les autres160. Et la distinction entre ces deux genres se fait sur la présence de soies dites « en massue », c’est à dire avec l’extrémité arrondie et plus large que la base chez les premiers mais pas chez les seconds. Mais aucune espèce de ces deux genres ne peut être déterminée à vue avec certitude à cause de la diversité de couleurs que la plupart d’entre elles peuvent présenter. Et, même l’examen des genitalia* n’est pas sans laisser parfois des doutes, surtout chez les femelles dont les épigynes* sont souvent difficilement lisibles. Quinze espèces d’Ozyptila sont actuellement recensées en France, dont cinq seulement ont été vues en Limousin jusque là. O. atomaria a généralement une couleur de fond orangée ou miel, marquée de taches brunes. Le céphalothorax présente une large bande médiane assez claire flanquée de brun très foncé pouvant se limiter à deux bandes étroites ou bien occuper tout le reste du céphalothorax lequel alors n’est plus bordé que d’un mince liséré orange. L’abdomen est semé irrégulièrement de taches orangées et brunes. Les deux sexes sont d’apparence semblable mais alors que le mâle ne mesure que 3,5 mm environ, la femelle peut en atteindre 6. C’est une espèce paléarctique* très répandue dans toute l’Europe et commune partout, dont on peut rencontrer des adultes en toute saison dans divers milieux, assez souvent humides, aussi bien dans la mousse et la litière que dans l’herbe, ce qui explique qu’elle soit fréquemment capturée dans les pièges Barber. En Limousin elle a fait l’objet de trente-six fiches d’inventaire pour cinquante-sept animaux identifiés. La première donnée est une femelle, observée le 18/06/1997, dans des débris de végétation laissés dans une prairie par une crue de la Roselle, près du moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle, par M. Cruveillier lequel est l’auteur des six fiches d’inventaire de la Haute-Vienne. Le 06/12/1998, il récolte un mâle dans l’herbe rase d’un talus, en lisière d’un bois de Chavagnac, à Meuzac, commune où il récoltera un autre mâle par piégeage dans la Lande du Cluzeau en novembre 2000, puis, le 26/04/2001, une femelle parmi les herbes d’un verger abandonné. Il avait auparavant déterminé un mâle et une femelle, récoltés par P. Durepaire en novembre 2000, le premier dans un secteur de lande sèche et l’autre dans la partie tourbeuse des Dauges, à Saint-Léger- la-Montagne. F. Leblanc note la première donnée de Creuse, une femelle, à Concizat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, le 11/07/1997, et, le même mois, une autre femelle près de l’étang des Mouillères, à Saint-Michel-de-Veisse. Il récolte ensuite un couple, le 10/08/1997, au bord du canal de l’Ermite, à l’étang des Landes, à Lussat. Toutes les autres mentions de Creuse proviennent de piégeage au sol et émanent de F. Lagarde qui, après une première capture d’un mâle, le 01/08/2006, dans la tourbière de La Mazure, à Royère-de- Vassivière, citera l’espèce à treize reprises dans ce département en 2009 : d’abord à nouveau dans le même site, puis, dans quatre autres sites de cette commune (tourbière des Chabannes, Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, bois des Pialles), ainsi que dans la commune de Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Clamouzat), dans celle de Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), et enfin au Ruisseau de Beauvais, à Saint-Pierre-Bellevue, l’ensemble de ses identifications totalisant vingt-neuf animaux. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, observe un mâle en décembre 1998, dans la mousse, au sol, en lisière d’une forêt humide, puis, errant au sol dans un jardin, un mâle en mars 1999, une femelle en juin 2000, puis à nouveau un mâle en mai 2001, enfin, le 18/04/2002, un mâle « errant sur un mur par temps chaud, à 16 heures ». Dans la commune de Feyt, parmi des feuilles mortes, sur un sentier de pêcheurs au bord du Chavanon, M. Cruveillier récolte une femelle le 23/07/2002. Puis, parmi les inventaires de 2009 communiqués par F. Lagarde, on relève quatre communes où l’espèce se trouve mentionnée, pour un total de onze animaux identifiés : Meymac (tourbière de Ribière longue), Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, tourbière du Rebourzeix) et Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). Enfin, M. Cruveillier a déterminé une femelle dans une récolte par piégeage de M. Lefrançois, du 27/06/2011, dans une lande à Ulex minor à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère.

Ozyptila praticola (C. L. Koch, 1837) : cette araignée holarctique*, de coloration générale brun rougeâtre aux pattes plus claires dont les fémurs sont rembrunis aux extrémités, ne présente pas de difficulté de détermination grâce à des genitalia* très caractéristiques. Le mâle mesure de 2,5 à 3,5 mm et la femelle de 3 à 4,5 mm. On peut rencontrer des adultes en toute saison mais surtout de mai à juillet dans des milieux assez divers, aulnaies, bocages avec noisetiers, bords d’étangs. Cette espèce est répandue dans presque tous les pays d’Europe mais, bien que signalée comme commune par Nentwig & al., elle n’a été observée jusque là en Limousin qu’à quatre reprises dont trois en Haute-Vienne où, dans sa propriété de Chez Gouillard à Bussière-Poitevine, E. Duffey récolte une première femelle en mai 1999, en battant les branches d’une haie, puis une autre au filet fauchoir dans des buissons, le 07/06/2003. La troisième citation de Haute-Vienne est une femelle, récoltée le 03/06/2000 par M. Cruveillier, dans une touffe de marguerites en bordure d’un chemin, au village de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe. L’unique citation de l’espèce en Creuse, par F. Lagarde, en 2009, se situe à la Ferme de Lachaud, dans la commune de Gentioux-Pigerolles.

Ozyptila sanctuaria (O. P.-Cambridge, 1871) : en 1871, O. P.-Cambridge n’avait décrit que le mâle, sous le nom de Thomisus sanctuarius, et c’est E. Simon qui, en 1875, décrivit la femelle dans le genre Ozyptila. Celle-ci, qui mesure de 3 à 4 mm, présente à l’arrière de l’abdomen trois motifs transverses brun foncé dont le plus avant rappelle un accent circonflexe très ouvert. Son épigyne est assez floue mais on peut néanmoins y distinguer comme deux séries de plis symétriques évoquant une jupe plissée à fond large ou, pour ceux qui connaissent cette plante, la disposition des pétales de la Clématite des Alpes. Le mâle, qui mesure environ 2,5 mm, est d’un brun presque noir. M. Roberts dit qu’on peut trouver des femelles adultes toute l’année mais pas de mâles en hiver et que l’espèce affectionne les broussailles et les touffes d’herbe. Nous souscrivons pleinement à la remarque de rareté indiquée par quelques auteurs dans la mesure où cette araignée n’a été signalée qu’une seule fois chez nous. Il s’agit d’une femelle récoltée par piégeage par E. Duffey, dans une prairie naturelle de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, le 19/03/2002.

# Ozyptila simplex (O. P. Cambridge, 1862) : est une araignée paléarctique,* adulte du milieu du printemps à l’automne et qui se rencontre le plus souvent en des endroits humides, à la base des herbes ou dans les débris végétaux du sol. Le mâle, qui mesure de 2 à 3 mm, a le céphalothorax brun foncé avec une zone médiane plus claire. L’abdomen est beige avec de rares macules ocracées. Les fémurs des pattes avant sont rembrunis. Sa détermination est facilitée par la dépression du bord interne du bulbe, très perceptible en vue ventrale. La femelle, qui peut mesurer jusqu’à 5 mm, est de coloration plus délavée et ses pattes sont uniformément de couleur beige. Hors du Limousin, nous avions pu constater que l’espèce pouvait être très abondante, surtout les mâles, en certains milieux, notamment dans des marais. En Limousin, si les mâles observés ont été aussi les plus nombreux, l’espèce n’a été vue que par deux d’entre nous et n’a fait l’objet que de huit fiches d’inventaire pour seize animaux identifiés. En Haute-Vienne, M. Cruveillier capture d’abord deux mâles dans la litière de feuilles mortes d’un fond marécageux de pâturage, le 06/06/1997, au village de Chavagnac, à Meuzac, puis, dans cette même commune, deux autres mâles, le 06/06/2004, dans la mousse fraîche d’un secteur herbeux de la tourbière de la Celle du Cluzeau. Les deux autres données de Haute-Vienne émanent d’E. Duffey qui, par piégeage dans la partie humide d’une prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, récolte une femelle en juillet 1999 et trois mâles le 05/06/2004. Les autres fiches, émanent toutes de M. Cruveillier qui récolte cinq mâles en Creuse, dont deux le 24/07/2000, dans un secteur humide de prairie à l’étang des Landes, à Lussat, et un autre dans cette commune, le 07/08/2009, dans la mousse humide du bord de l’étang de Tête de Bœuf. Il en avait auparavant récolté deux autres, le 14/06/2003, dans la tourbière de La Mazure à Royère-de-Vassivière. Il capture enfin deux mâles en Corrèze, le 24/06/2004, dans les débris végétaux d’un sentier d’herbe rase et de mousse de la tourbière de l’étang de Chabannes, à Tarnac.

Ozyptila trux (Blackwall, 1846) : cette araignée paléarctique* évoque O. atomaria par son aspect et sa taille mais les genitalia* permettent de les distinguer. C’est un peu plus difficile pour les femelles à cause d’une certaine variabilité des épigynes* mais la langue un peu saillante qui est présente à l’avant de celle de cette dernière est étroite alors que chez O. trux elle est plus large que longue, évoquant le rabat d’une poche. La période de maturité va d’avril à octobre pour les mâles et s’étend sur toute l’année pour les femelles. C’est une espèce assez commune partout, qui évolue dans divers habitats au niveau du sol, dans les herbes et la litière ce qui explique les nombreuses captures dont elle est l’objet dans les pièges Barber, comme c’est le cas pour O. atomaria. En Limousin elle figure dans trente-trois fiches d’inventaire pour quatre-vingts animaux observés. C’est en Haute-Vienne, le 06/06/1997, que M. Cruveillier récolte d’abord un mâle, en triant de la litière recueillie au pied d’une haie de noisetiers au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il récolte par piégeage un autre mâle dans la Lande du Cluzeau en juillet 2000, puis, en novemnbre 2000, il capture dans de la litière de prairie tourbeuse des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, une femelle atteignant à peine 4 mm, mais parfaitement adulte avec une épigyne très lisible. E. Duffey a déterminé en 2000, dans des récoltes réalisées dans ce même site par P. Durepaire, cinq mâles dans une prairie tourbeuse et un autre en bordure de lande dans les piégeages de juin et deux mâles et deux femelles dans les piégeages de juillet. Il y récoltera lui-même, le 19/07/2000, trois femelles en triant de la litière d’une prairie tourbeuse à Narthécie. En Creuse, à l’exception d’un mâle récolté par B. Le Péru, le 18/04/2007, dans une prairie marécageuse de La Nouaille, dans la commune de Flayat, toutes les autres citations, soit quatorze fiches pour trente-neuf identifications, proviennent des récoltes par piégeage de F. Lagarde en 2009 et concernent cinq communes creusoises du Plateau de Millevaches : Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière de Puy Marsaly, tourbière des Tourailles), Gentioux- Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), Gioux (tourbière de Puy Chaud), Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, Combe Lépine, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles), et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). De même en Corrèze, à l’exception d’un mâle capturé par B. Le Péru, le 04/06/2007, dans un secteur herbeux de la forêt du Longeyroux à Meymac et une détermination par M. Cruveillier d’un mâle dans une récolte par piégeage de M. Lefrançois, du 12/07/2011, dans une lande à Ulex minor à Ars, dans la commune de Pérols-sur-Vézère, neuf autres fiches pour vingt-deux identifications émanent des récoltes de 2009 de F. Lagarde sur cinq communes corréziennes du Plateau de Millevaches : Meymac (tourbière du Longeyroux), Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), Saint-Merd-les-Ousines (les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes), et Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis).

Pistius truncatus (Pallas, 1772) : cette araignée paléarctique* ressemble assez, par sa forme, à un Thomisus mais s’en distingue par deux caractères aisément visibles : chacun de ses huit yeux est sur une petite surélévation distincte et les tubercules latéraux, à l’arrière de son abdomen, sont nettement moins prononcés que chez les Thomisus. Les deux sexes sont de coloration assez uniforme brun rougeâtre. Le mâle mesure de 4 à 5 mm, la femelle pouvant en atteindre 9. Ils sont adultes durant l’été et fréquentent les milieux boisés ou de bocage où ils se tiennent sur les branches basses des arbres et passent l’hiver sous les écorces. Quoique largement répandue l’espèce n’est commune nulle part et n’apparaît en Limousin que dans six fiches d’inventaire pour autant d’animaux cités. C’est d’abord en Haute-Vienne qu’un mâle est récolté le 16/08/1995, dans les branches basses d’un figuier adossé à un mur ensoleillé de grange, au village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel capturera une femelle dans ce même site, sur de jeunes chênes en buisson, le 06/06/1997. L’autre mention de Haute- Vienne est une femelle récoltée en mai 1998 par E. Duffey, par battage d’une haie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. La seule donnée de Creuse est une femelle immature identifiée par F. Leblanc et récoltée le 15/03/2000 par E. Mourioux, au Dognon, dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine. B. Le Péru est l’auteur des deux citations de Corrèze : deux immatures, l’un en avril 1997, l’autre en janvier 2000, sous des écorces d’arbres dans une forêt de Saint-Etienne-aux-Clos.

Runcinia grammica (C. L. Koch, 1837) (ex Runcinia lateralis) : le mâle et la femelle de cette araignée sont assez semblables par la forme et la couleur mais le mâle est plus petit que la femelle et de teinte un peu plus foncée. Leur coloration de fond va du jaune verdâtre clair au beige. L’avant du céphalothorax est fortement tronqué et la partie supérieure de ce dernier offre deux larges bandes brunes sur les côtés. La partie supérieure de l’abdomen présente deux bandes étroites longitudinales brun clair dans la partie médiane et deux plus foncées sur les flancs. Les yeux médians sont petits et le tarse du pédipalpe du mâle, très petit également, est de forme plus allongée que ceux de la plupart des autres Thomisidae. Les deux sexes sont adultes l’été et fréquentent surtout les milieux ouverts bien exposés, herbacés ou buissonnants. Cette espèce est présente dans la plupart des pays d’Europe méridionale mais absente de l’Europe du Nord. En France elle est davantage présente dans le sud, ce qui se vérifie également en Limousin où elle n’a été mentionnée qu’en Corrèze, surtout dans le sud, et encore assez rarement puisqu’elle n’y a été citée que cinq fois pour douze animaux observés. C’est d’abord M. Cruveillier qui récolte une femelle, le 13/07/2000, dans une inflorescence d’Achillea millefolium, sur la Côte pelée de Chasteaux, puis, le 24/06/2004, un mâle dans une touffe de poacées, sur le talus sec du chemin d’accès à l’étang de Chabannes, à Tarnac. Ce mâle mesurait environ 2,8 mm de long et seuls le tibia et le métatarse des pattes I et II étaient rembrunis à leur extrémité. Quant à la femelle, elle mesurait 5 mm. Ces remarques sont communiquées pour être mises en regard de la description proposée dans le site de Nentwig & al. où il est indiqué d’une part que la fourchette de taille pour le mâle va de 3,3 à 4,6 mm et de 5,4 à 7,6 mm pour la femelle, et d’autre part, que « le tarse et le métatarse des pattes I et II du mâle sont brun foncé ». E. Duffey est l’auteur des trois autres citations : deux mâles, le 13/06/2002, dans la bruyère de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, puis, le 18/06/2003, d’abord une femelle dans les herbes du chemin d’accès à ce site, et, dans le site lui-même, trois mâles et quatre femelles au filet fauchoir.

Synema globosum (Fabricius, 1775) (ex Synaema globosum) : le genre Synema comporte de très nombreuses espèces dans le monde mais l’espèce paléarctique* S. globosum est la seule présente en France et la seule vraiment répandue en Europe. Son aspect est suffisamment constant et remarquable pour qu’on puisse l’identifier à vue. La femelle, dont la longueur se situe dans une fourchette de 5 à 8 mm, a le céphalothorax et les pattes d’un noir brillant et son abdomen arrondi, sur un fond qui peut aller du jaune au rouge orangé, présente un motif également noir rappelant vaguement un nouet ou le dessin symbolisant une grenade sur certains uniformes militaires. Le mâle, qui mesure de 3 à 4 mm, peut avoir des motifs moins marqués sur un abdomen généralement plus foncé. Adultes l’un et l’autre du milieu du printemps à la fin de l’été, ils se tiennent le plus souvent, mais pas exclusivement, sur des inflorescences, qu’il s’agisse de fleurs très colorées ou d’ombelles d’Apiacées comme Daucus ou Carum ou d’Asteracées comme Achillea. Sans être très abondante cette espèce est assez commune en Limousin pour avoir été citée dans trente et une fiches pour trente-huit animaux identifiés. La première mention saisie au fichier est celle d’une femelle capturée le 19/05/1996 par M. Cruveillier, dans une fleur de genêt, dans la Lande du Cluzeau, à Meuzac, commune où il note une autre femelle, le 10/06/1998, sur une ombelle de Carum verticillatum, dans une prairie en friche bordant le ruisseau des Baraques au Mas Gaudeix, une autre le 17/08/1998, dans la lande de La Roubardie, sur une fleur de Digitalis purpurea, et une autre le 20/05/2001, sur un églantier en fleurs, au village de Chavagnac. C’est également dans des digitales qu’il avait récolté un mâle et une femelle au bord de la Roselle, le 23/05/1997, près du moulin de Teignac, à Saint-Genest-sur-Roselle. Plus tard, il déterminera une femelle dans une récolte d’H. Guillien, réalisée le 20/06/2008, dans les hautes herbes d’une prairie marécageuse des Vareilles, à Vicq-sur-Breuilh. Les carnets de M. Barataud nous apprennent qu’en 2000 il avait observé une femelle au Moulin du Monteil, à Sauviat-sur- Vige, le 03/06/1990. En juillet 1997, K. Guerbaa note une femelle dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile. Une femelle immature capturée dans un piège à insectes par E. Mourioux, le 22/03/2000, au Lac du Pont à Loges, à Folles, est déterminée par F. Leblanc lequel capture lui-même deux mâles et deux femelles sur des fleurs dans un jardin de Lardimache, à La- Chapelle-Montbrandeix. Enfin, E. Duffey vient clore la liste d’inventaires de Haute-Vienne par huit fiches dont sept de captures au filet fauchoir dans la végétation herbacée ou la bordure buissonnante de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 1998, un mâle le 28/05/2000, un autre le 17/07/2000, un autre le 10/06/2002, une femelle le 29/04/2003, un mâle le 07/05/2003 et enfin une dernière femelle le 15/05/2003. Sa dernière fiche concerne une femelle capturée dans de hautes herbes de la tourbière des Dauges à Saint- Léger-la-Montagne, le 30/05/2003. Le premier à noter l’espèce en Corrèze est B. Le Péru qui la cite à cinq reprises dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, soit sur des fleurs en lisière de forêt humide (deux femelles en juin 1997), soit dans son jardin (un mâle en juin 1997 et un autre en juin 2000), soit dans une prairie en friche (une femelle en juin 1998 et un mâle en mai 1999). Le 09/06/2002, M. Cruveillier observe deux mâles, l’un sur Dactylorhiza maculata, l’autre sur Stachys officinalis, au Moulin du Cher, à Sarran, et un autre mâle sur des buissons au village du Soulier, à Chasteaux. Dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, E. Duffey récolte une femelle sur des bruyères, le 28/06/2002, et une autre sur un buisson, le 13/05/2003. Enfin, le 21/05/2005, il recueille une autre femelle sur la corde à linge de son jardin du Dougnoux, à Altillac. La Creuse est concernée par trois fiches, deux de F. Leblanc qui mentionne une femelle, le 23/05/1998, sur une fleur dans la hêtraie-chênaie des Combes, à Chamberaud, et un couple, également sur des fleurs, dans un jardin de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs. La troisième fiche émane de M. Cruveillier qui récolte une femelle sur Daucus carota, le 24/07/2000, dans une prairie du hameau du Genévrier, à Lussat.

Note de bas de page 161 :

voir le tableau des racines latines ou gréco-latines page 304

# Thomisus onustus Walckenaer, 1805 : grâce à son abdomen dont l’arrière large et cintré évoque, vu de dessus, un fruit de Capsella bursa-pastoris qui présenterait à sa base deux tubercules très prononcés, ainsi que son céphalothorax tronqué portant de chaque côté les yeux latéraux sur une même saillie, le genre Thomisus ne pose aucun problème d’identification. En ce qui concerne l’espèce T. onustus, laquelle est la seule observée jusque là en Limousin sur les deux de ce genre présentes en France, c’est sans doute une femelle proche de la ponte, au ventre rebondi, qui a inspiré au descripteur le nom d’onustus161. La femelle mesure de 5,5 à 7 mm et le mâle, bien plus petit, ne dépasse guère 3 mm. Ils sont l’un et l’autre adultes de mai à septembre et se tiennent presque exclusivement sur des fleurs et, comme Misumena vatia, sont capables d’homochromie adaptative. Mais T. onustus dispose d’une palette de teintes beaucoup plus riche. Le mâle est d’une couleur plus terne, beaucoup moins variable. Curieusement, alors que cette espèce est relativement bien représentée dans deux sites du Limousin, qui sont d’ailleurs deux landes serpentiniques, elle semble absente ou très rare ailleurs et n’a été mentionnée que par deux d’entre nous. D’abord, en Haute-Vienne, M. Cruveillier observe, au cours du mois de juillet 1996, sur différentes fleurs, cinq mâles et seize femelles, dont seulement deux couples seront mis en collection, sur diverses fleurs de la lande serpentinique du Cluzeau, dans la commune de Meuzac où il note l’espèce encore dans cinq autres fiches, dans des stations proches de cette lande : une femelle, le 16/06/1997, dans une touffe de marguerites, sur la colline du Suchaud, un mâle et trois femelles, le 20/06/1998, sur des orchidées de la lande de la Roubardie et, le même jour, un mâle et deux femelles sur des orchidées et des bruyères dans une prairie dégradée en aval du Cluzeau, puis, à nouveau dans cette lande, il observe un accouplement le 28/07/2000, et enfin, le 28/09/2006, à l’occasion d’une visite de ce site par des participants au colloque d’arachnologie de Limoges, il identifie un mâle et une femelle repérés par un visiteur. S’ajoute à la liste des observations de Haute-Vienne, la capture au filet fauchoir de deux femelles, le 10/06/2002, dans les fleurs d’une prairie naturelle de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey lequel est l’auteur des citations de Corrèze, dans la lande serpentinique de Bettu, à Chenailler-Mascheix où, au filet fauchoir, dans les bruyères de cette lande, il récolte un mâle le 13/06/2002, un autre le 28/06/2002, puis un mâle et une femelle le 18/06/2003.

Note de bas de page 162 :

d’où le nom de « piger » qui, en latin, signifie paresseux, indolent.

Tmarus piger (Walckenaer, 1802) : les Tmarus ressemblent plus, par leur aspect et leur attitude, à des Philodromidae qu’à la plupart des autres Thomisidae. Leur abdomen est plutôt long, avec un unique tubercule à l’arrière que l’on perçoit mieux de profil, et ils se tiennent le plus souvent allongés sur des branches ou des tiges avec les pattes antérieures étirées en avant, dans l’axe du corps, ce qui les dissimule bien à la vue des prédateurs…et des naturalistes, d’autant qu’ils sont de coloration généralement assez terne. Sur les cinq espèces de ce genre présentes en France, seules deux d’entre elles ont été notées en Limousin à cette date, T. Piger étant celle qui y semble moins rare. Le mâle mesure environ 4 mm et la femelle de 5 à 6 mm. Ils sont adultes du milieu du printemps au milieu de l’été et se tiennent immobiles162 sur les branches basses des arbres, sur les buissons et même sur la végétation herbacée à port un peu rigide. Chez nous, l’espèce figure dans six fiches d’inventaire pour dix animaux identifiés. La première mention est celle d’une femelle récoltée en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 25/06/1999, sur un genévrier de la colline du Suchaud, près de Chavagnac, à Meuzac, commune où, le 26/04/2001, il capture un mâle au filet fauchoir dans les herbes sèches d’un vieux verger. C’est également au filet fauchoir que sont capturés par E. Duffey un mâle et deux femelles, le 29/04/2000, dans la végétation de rive d’un étang près de Rancon. En Corrèze, il récolte un mâle, le 13/05/2003, dans la bruyère de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, et deux mâles et une femelle dans les hautes herbes d’une friche, le 09/05/2006, près du village du Dougnoux, à Altillac. Enfin, toujours en Corrèze, F. Lagarde cite l’espèce en 2009 à la Roche du Coq-Estang, dans la commune de Viam.

Tmarus stellio Simon, 1875 : Eugène Simon, qui est non seulement l’auteur du genre Tmarus mais aussi le descripteur de cette espèce, était très cultivé et bon latiniste. Il n’est donc pas exclu que l’aspect de cette araignée lui ait évoqué le « petit lézard étoilé » dont parle Pline l’ancien dans le livre IX de son ouvrage « Naturalis historiae », et qui portait le nom de stellio, ou peut être du personnage rusé de Stellio, du même auteur. Seule l’observation d’un mâle de cette espèce du paléarctique* méridional, récolté en Haute-Vienne par M. Cruveillier, le 12/06/2008, sur une vieille callune dans la lande tourbeuse de La Roubardie, à Meuzac, a été enregistrée à cette date en Limousin.

Note de bas de page 163 :

M. J. Roberts indique que le quadrilatère formé par les yeux médians est un carré chez X. luctuosus et un rectangle chez X. acerbus, mais ce critère, dont l’appréciation n’est pas toujours très évidente selon l’angle d’observation, n’est que subsidiaire et n’est pas suffisant pour l’identification.

Xysticus acerbus Thorell, 1872 : des trente-sept espèces de Xysticus répertoriées en France, seize ont été observées en Limousin à cette date. Aucune de ces espèces n’étant identifiable avec certitude sans l’examen minutieux des genitalia*, les quelques informations qui pourront être données ici ou là, concernant leur aspect extérieur seront de peu de secours, d’autant que les motifs et les couleurs sont souvent variables chez une même espèce. Rappelons seulement qu’au niveau du genre, les Xysticus se distinguent des Ozyptila notamment par l’absence des grosses soies en massue que présentent ces derniers sur le tégument. X. acerbus est chez nous un des plus grands de son genre. Le mâle mesure de 4 à 5 mm et la femelle de 7 à 9 mm. Comme X. luctuosus, auquel il ressemble163, il ne présente pas de dessins nets mais une coloration générale beige, grivelée de taches brunes. Il fréquente surtout les prairies sèches ou les friches où on peut rencontrer des adultes d’avril à octobre, mais surtout en avril et mai. Sans être très abondante cette espèce a tout de même fait l’objet de vingt et une fiches d’inventaire en Limousin pour quatre-vingt-quatre animaux identifiés. Elle évolue généralement près du sol ce qui explique que le nombre de captures par piège Barber est le plus important. La premère donnée est une femelle capturée en Haute-Vienne le 16/08/1995, sur un rang d’herbe fauchée dans une pelouse, au Village de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier, lequel récoltera une autre femelle, le 09/05/2011, dans une friche de Richebourg, à Pierre-Buffière. Les neuf autres fiches de Haute-Vienne proviennent de piégeages effectués par E. Duffey dans une prairie naturelle de Chez Gouillard, à Bussière- Poitevine : une femelle en mai 1998, un mâle le 14/04/2000, deux mâles le 18/04/2002, un mâle et une femelle le 19/04/2003, puis un mâle à chacune des cinq dates suivantes : 26/04/2003, 25/04/2004, 01/05/2004, 15/05/2004 et 21/05/2004. En Corrèze, il récolte d’abord un mâle dans le sous-sol de sa maison, le 29/04/2005, et les autres par piège Barber, dans son jardin du Dougnoux à Altillac : un mâle le 01/04/2007, cinq mâles le 03/04/2008, puis quatre mâles et une femelle le 01/06/2008. F. Lagarde citera trois individus de l’espèce en 2009 au Ruisseau du Mazet à Saint-Merd-les-Ousines et M. Cruveillier récoltera un mâle et une femelle, le 09/05/2010, dans le talus sec d’un chemin forestier du Bois de Roc Grand, dans la commune de Liginiac. Toutes les observations de Creuse, qui représentent cinquante- quatre animaux de l’espèce, proviennent des inventaires de 2009 de F. Lagarde et se répartissent sur trois communes : Faux-la-Montagne (bordure de la tourbière de Clamouzat), Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud qui totalise cinquante observations) et Gioux (tourbière de Puy Chaud).

Note de bas de page 164 :

Voir Xysticus cristatus, plus loin.

Xysticus audax (Schrank, 1803) : non seulement cette araignée ressemble beaucoup extérieurement à X. cristatus, mais les genitalia* sont également très proches164. Il y a donc lieu de s’attarder sur des détails pour les distinguer. Une première indication est fournie par le dessin triangulaire brun clair de la zone médiane du céphalothorax, qui a des côtés assez droits et un sommet aigu atteignant la strie thoracique chez X. cristatus alors qu’il est plus court et que ses deux côtés sont un peu arrondis chez X. audax. Le mâle mesure de 3 à 5 mm et la femelle peut en atteindre 8. Adulte au printemps et en été, cette araignée évolue dans divers milieux, dans la végétation basse ou les buissons, parfois près du sol quoique moins fréquemment que X. acerbus. Comme pour cette dernière, l’espèce a été citée dans vingt et une fiches mais pour vingt-six observations seulement dont la première, une femelle, fut capturée le 14/06/1996 en Haute-Vienne, sur une fleur d’Ulex minor de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel récolta un très beau spécimen de mâle dans cette même commune, sur une tige ligneuse de vieille callune de la lande de La Roubardie, le 27/04/1998. De son côté, E. Duffey capture une femelle, le 05/04/1999, par battage de buissons en bord de prairie naturelle au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine et, toujours en Haute- Vienne, N. Larchevêque identifie un mâle capturé dans un piège à carabes par E. Mourioux, le 16/04/2000, en bordure de la Gartempe, près du viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles. En Corrèze, B. Le Péru cite l’espèce à quatre reprises dans sa commune de Saint- Etienne-aux-Clos, soit dans son jardin, errant sur un mur ( une femelle en juin 1997 et une autre en mai 1999) ou errant au sol (un mâle en juin 1998), soit dans une prairie en friche (un mâle en mai 1998). Plus récemment, le 09/05/2011, sur un talus herbeux en bordure de route, près du lac de Sèchemailles, à Ambrugeat, M. Cruveillier récolte une femelle au filet fauchoir. C’est en Creuse que les citations sont les plus nombreuses. C’est d’abord F. Leblanc qui récolte une femelle tardive, le 20/10/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs, et qui identifie deux mâles et une femelle capturés dans un piège à carabes par E. Mourioux, le 19/03/2000, à La Garrige, dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine. Ensuite c’est F. Lagarde qui, après avoir récolté une femelle, le 02/08/2006, aux Ribières de Gladière, dans la commune de Royère-de-Vassivière, cite encore l’espèce à huit reprises dans ses inventaires de 2009, d’abord dans cette même commune (Croix de Fayaud, Bois des Pialles, et à nouveau Ribières de Gladière), ainsi que dans les communes de Faux-la-Montagne (tourbière de Puy Marsaly), de Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, tourbière des Salles) et de Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). Enfin, M. Cruveillier récolte une femelle, le 09/07/2009, en battant les branches d’une haie de noisetier en bordure de la chaussée de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat.

Note de bas de page 165 :

Voir le mot «fasciatus» dans le tableau des racines latines page 30

Xysticus bifasciatus C. L. Koch, 1857 : ainsi nommée vraisemblablement à cause des deux bandes claires transverses interrompues que le mâle présente le plus souvent à l’arrière de l’abdomen165, mais qui ne constituent nullement un caractère distinctif, cette espèce se détermine assez aisément par ses genitalia*. C’est un assez grand Xysticus dont le mâle mesure de 5 à 7 mm et dont la femelle peut en atteindre 10. Largement répartie en Europe, mais apparemment abondante nulle part, sauf parfois localement, cette espèce fréquente les prairies bien exposées ou les milieux ouverts à végétation basse où on peut trouver des adultes de mai à juillet. Sans être commune en Limousin l’espèce y est citée dans vingt-cinq fiches pour quarante-cinq animaux identifiés. C’est en Haute-Vienne que la première observation est saisie au fichier : une femelle récoltée sur une pelouse de la Lande du Cluzeau, à Meuzac, le 18/06/1996, par M. Cruveillier. Celui-ci mentionnera également dans la même commune, le 02/06/1998, une autre femelle sur un sentier d’une lande à Erica cinerea proche du hameau des Garabœufs, et déterminera une troisième femelle récoltée par E. Mourioux dans un piège à carabes, le 05/05/2000, dans un talus du Pont Romain, à Saint-Léger-la-Montagne. Deux autres citations sur cette commune, dans la lande bordant la tourbière des Dauges viennent clore les mentions pour la Haute-Vienne : deux mâles notés par P. Tutelaers le 05/05/2000 et une femelle citée par M. Cruveillier le 03/05/2001. En Corrèze B. Le Péru, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, indique deux observations dans une prairie en friche : un mâle en avril 1997 et une femelle en juin 1998, et deux autres errant au sol dans un jardin : une femelle en juillet 1998 et un mâle en mai 1999. Le 01/06/2008, E. Duffey récolte un mâle dans une prairie du Dougnoux, à Altillac et, en 2009, F. Lagarde citera l’espèce à cinq reprises : à Meymac (tourbière du Longeyroux et tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang). En Creuse, F. Leblanc note une femelle immature, le 20/10/1998, au village de Pétillat, à Saint-Sulpice-les-Champs et, bien plus tard, B. Le Péru observe deux femelles adultes, le 25/05/2007, dans un milieu herbeux près de l’étang de Méouze, à Saint-Oradoux- de-Chirouze. Les autres mentions creusoises proviennent de piégeages effectués en 2009 par F. Lagarde dans cinq communes : Faux-la-Montagne (2 individus dans la tourbière de Puy Marsaly), Gentioux-Pigerolles (6 aux Fontenelles du Chalard, 10 à la Ferme de Lachaud, 3 à Pierre Fade et 1 aux Prés Neufs), Royère-de-Vassivière (1 dans la tourbière du Grand Puy) et Saint-Pardoux-Morterolles (1 au Ruisseau du Pic).

# Xysticus cristatus (Clerck, 1757) : cette araignée est sensiblement de la même taille que Xysticus audax et, comme il est dit plus haut, assez semblable extérieurement à cette dernière espèce. L’examen du pédipalpe et notament de l’apophyse tégulaire basale qui est tronquée et non fourchue comme chez X. audax, permettra de distinguer aisément le mâle. Pour la femelle, ce sera surtout les deux fossettes ovales situées à l’avant de l’épigyne, de part et d’autre du septum*, et dont le contour est nettement plus régulier que chez X. audax, qu’il y aura lieu d’observer. Adulte au printemps et en été, parfois jusqu’en automne, et fréquentant des milieux assez variés à végétation basse, cette araignée paléarctique est de loin l’espèce de Xysticus la plus fréquente presque partout en Europe et notamment en Limousin puisqu’elle y apparaît dans quatre-vingt-deux fiches de citations pour cinq-cent-treize animaux observés se répartissant ainsi : 28 fiches sur 7 communes pour 47 animaux notés en Haute-Vienne, 29 fiches sur 11 communes pour 159 animaux en Corrèze et 25 fiches sur dix communes pour 307 animaux en Creuse. Alors que le nombre de fiches est sensiblement le même dans les trois départements, le plus grand nombre d’individus capturés en Corrèze et surtout en Creuse tient essentiellement au fait que X. cristatus évolue dans une strate assez basse pour être capturé par piègeage au sol et que cette technique, pour des raisons expliquées par ailleurs, y a été pratiquée beaucoup plus qu’en Haute-Vienne. C’est de ce dernier département qu’est saisie la première citation, une femelle, le 20/05/1997, dans la petite tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, par M. Cruveillier, lequel citera l’espèce encore huit fois dans cette même commune dont trois femelles dans une prairie du village de Chavagnac (une le 06/06/1997, une le 21/03/1998 et une le 26/04/2001), un couple, le 15/05/1998, dans la lande de la Roubardie, un mâle dans une prairie du ruisseau des Baraques, le 04/06/1998, une femelle, le 23/04/2001, et une autre le lendemain, dans une prairie du lac de La Roche, et enfin un couple déterminé dans une récolte réalisée dans la tourbière de la Celle du Cluzeau par O. Villepoux le 29/09/2006. Il déterminera également une femelle capturée par H. Guillien, le 03/06/2000, dans une friche de Richebourg, à Pierre-Buffière, et en récoltera une autre, le 03/06/2000, dans une prairie du village de Chez Roger à Saint-Priest-sous-Aixe. Dans la commune de Verneuil-sur-Vienne, le 23/05/1999, K. Guerbaa cite une femelle dans une prairie humide au bord de la Vienne, à La Boilerie. P. Tutelaers cite quatre femelles, le 21/05/1999, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, puis F. Leblanc y signale la capture au filet fauchoir, dans des touradons de Molinie, de six femelles et deux mâles, tous adultes, le 10/10/1999, et une femelle, capturée par piégeage par P. Durepaire en juin 2000, est déterminée par E. Duffey. Ce dernier cite l’espèce à onze reprises dans une prairie ou dans un talus herbeux de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine : une femelle en mai 2005, un mâle le 30/04/2000, une femelle le 08/05/2000, deux femelles le 10/06/2002, six mâles le 26/04/2003, une femelle le 29/04/2003, un mâle le 03/05/2003, une femelle le 15/05/2003, un mâle le 22/05/2003, un autre le 01/06/2003 et un dernier le 25/04/2004. Deux observations de F. Lagarde dans la tourbière de Bac à la Cube, à Peyrat-le-Château, un mâle en septembre 2006 et un individu (sans mention de sexe) en 2009, closent la liste des citations pour la Haute-Vienne. C’est de sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos que B. Le Péru nous communique les premières mentions de Corrèze, dont trois citations dans un jardin, trois femelles, dont deux sur des fleurs, en juin 1997, un mâle errant sur un mur en mai 1998 et une femelle errant au sol en mai 2000, et quatre citations, au sol, sur la mousse, dans une prairie en friche : une femelle en juin 1997, une autre en novembre 1997, un mâle en juin 1998 et un autre en mai 2001. Il récoltera également un mâle dans les herbes de la tourbière du Longeyroux, à Meymac, le 06/04/2007. De son côté, E. Duffey, après avoir capturé une femelle, le 18/06/2003, dans la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, citera trois fois l’espèce dans les environs du village du Dougnoux à Altillac : une femelle au filet fauchoir dans une friche, le 27/05/2007, puis, par piégeage, trois mâles le 03/04/2008 et trois autres le 01/06/2008. Dans ses prospections de 2009, F. Lagarde cite cent-vingt-huit animaux de l’espèce dans onze fiches réparties sur cinq communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes, Ruisseau de Chamboux), à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet, tourbière du Rebourzeix), à Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et à Viam (Roche du Coq-Estang, Roche du Coq Mont Gradis). Enfin, M. Cruveillier, après avoir noté une femelle dans la pelouse de la Côte pelée de Chasteaux le 15/04/2006, cite un mâle et deux femelles récoltés en bordure d’une allée forestière du Bois de Roc Grand à Liginiac, le 09/05/2010, et deux mâles et une femelle dans un talus herbeux de bord de route au Lac de Sèchemailles à Ambrugeat, le 09/05/2011. Il déterminera également deux femelles dans des récoltes de M. Lefrançois, du 05/07/2011, l’une dans une prairie à jonc acutiflore et l’autre dans un radeau à trèfle d’eau, au lieudit La Gane, dans la commune de Pérols-sur-Vézère. En Creuse, les premières données émanent de F. Leblanc qui a récolté lui-même une femelle au Puy du Chalard, dans la commune de Saint-Georges-la-Pouge, le 02/05/1998, et une autre à Fransèches, le 06/06/1999, et qui a identifié, dans des récoltes d’E. Mourioux, par pièges à carabes, dans la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine, deux mâles et une femelle capturés au Dognon, le 15/03/2000, et trois femelles à La Garrige, le 19/03/2000. Les plus nombreuses données proviennent de F. Lagarde qui après avoir noté deux mâles et deux femelles, le 14/05/2006, au Bois des Pialles, dans la commune de Royère-de-Vassivière, citait l’espèce au cours de sa campagne de 2009 un très grand nombre de fois : à nouveau à Royère- de-Vassivière, dans le même site mais également dans six autres de cette commune (6 dans la tourbière des Chabannes, 17 à la Croix de Fayaud, 14 à la tourbière du Grand Puy, 3 à Combe Lépine, 1 dans la tourbière de La Mazure), puis à Faux-la-Montagne (10 à la tourbière des Avenaux, 24 à la tourbière de Clamouzat, 12 à la tourbière de Puy Marsaly, 4 à la tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles ( 95 à la Ferme de Lachaud, 35 aux Fontenelles du Chalard, 16 à Pierre Fade, 12 aux Prés Neufs, 3 à la tourbière des Salles), à Gioux (14 à la tourbière de Puy Chaud), à Saint-Pardoux-Morterolles (7 au Ruisseau du Pic), et à Saint- Pierre-Bellevue (9 au Ruisseau de Beauvais). Enfin, sur les bords de l’étang de Tête de Bœuf, dans la commune de Lussat, M. Cruveillier récolte une femelle, le 01/06/2009, dans de hautes herbes près de la rive et une autre, le 09/07/2009, dans un secteur herbeux humide non boisé.

Xysticus erraticus (Blackwall, 1834) : si on a beaucoup observé les Xysticus on peut presque identifier l’espèce X. erraticus à vue d’après l’aspect de son céphalothorax. En effet c’est un des rares du genre à présenter chez les deux sexes, de part et d’autre d’une large bande médiane d’un jaune ocré et comportant un dessin à peine marqué, trois bandes latérales bien nettes composées d’une bande ocre entre deux bandes brunes. Mais cela ne dispense pas de vérifier par l’examen des genitalia*. Le mâle mesure entre 4 et 5 mm et la femelle entre 6 et 8 et l’espèce fréquente sensiblement les mêmes milieux et la même strate que X. cristatus. Et, comme cette dernière, elle est donc fréquemment capturée par des piègeages au sol. On rencontre des adultes du printemps à l’automne. Moins fréquente que la précédente elle a tout de même fait l’objet de trente-cinq fiches d’inventaire pour cent-quarante-huit animaux déterminés. C’est en Haute-Vienne que la première observation, une femelle sur un tas d’herbe dans un jardin, le 16/08/1995, est signalée par M. Cruveillier au village de Chavagnac, à Meuzac. Les dix autres fiches relatives à ce département émanent d’E. Duffey. A l’exception d’un mâle qu’il a déterminé dans une récolte de P. Durepaire, de juin 2000, dans la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, toutes les autres mentions proviennent de captures dans une prairie naturelle de sa propriété de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. Après une première capture d’une femelle par piège au sol dans l’herbe humide proche de son étang en juillet 1999 et d’une autre au filet fauchoir dans une zone plus sèche, le 10/06/2002, E. Duffey dispose, de mai à juin 2003, six pièges Barber dans la partie sèche de sa prairie, et, l’année suivante, il installe ce même dispositif dans la zone humide, à deux mètres d’un marécage et à cinq mètres de l’eau de l’étang. Il récolte ainsi dans la zone sèche deux mâles le 11/05/2003, deux autres le 18/05/2003 et cinq autres le 01/06/2003, puis, dans la zone humide, un mâle le 21/05/2004, sept mâles le 29/05/2004 et quatre mâles le 05/06/2004. Il avait entre temps, pour que la symétrie du protocole soit complète, fait une capture au filet fauchoir de deux mâles et deux femelles dans la zone sèche le 19/07/2003. Outre que cette expérience confirme que ce sont plutôt des mâles qui circulent au niveau du sol, on peut en conclure que cette espèce vit aussi bien en milieu humide qu’en milieu sec. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui nous adresse trois observations de sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos : deux femelles dans une prairie en friche en juin 1998, et, errant sur un mur dans un jardin, un mâle en juin 1998 et deux mâles en mai 1999. Ensuite, M. Barataud indique la capture par piégeage, le 08/09/2000, de trois animaux de l’espèce dans la tourbière du Quart du Roi, à Benayes, et, le 27/05/2007, E. Duffey capture un mâle et une femelle au filet fauchoir, dans une friche du Dougnoux à Altillac. Les autres mentions de Corrèze, qui représentent la détermination de quarante-quatre animaux, proviennent du programme de 2009 de F. Lagarde et concernent huit sites répartis sur quatre communes : à Meymac (tourbière du Longeyroux, tourbière de Ribière longue), à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux, tourbière de Négarioux Malsagnes), à Saint-Merd-les-Oussines (tourbière de Marcy, Les Communaux, Ruisseau du Mazet) et Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes). En Creuse, l’espèce est citée dans dix fiches. La première mention, et la seule antérieure à 2009, est une femelle récoltée le 24/07/2000 par M. Cruveillier, dans une bordure herbeuse de l’étang des Landes, au hameau du Genévrier, à Lussat. Les autres mentions, qui représentent la détermination de soixante-quatre animaux, proviennent du programme de F. Lagarde en 2009 et concernent neuf sites répartis sur cinq communes : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux), à Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, Pierre Fade, Les Prés Neufs, tourbière des Salles), à Gioux (tourbière de Puy Chaud), à Royère-de- Vassiière (tourbière du Grand Puy) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Xysticus ferrugineus Menge, 1875 : à la page 875 du tome VI de son ouvrage sur « Les arachnides de France », Eugène Simon rapporte l’observation par Louis Fage d’une femelle de cette espèce en mars 1921 au château de Lussac-les-Eglises, en Haute-Vienne. A la date de notre publication, cette araignée n’a pas encore été revue en Limousin. Elle figure donc toujours dans notre base de données comme une observation ancienne non renouvelée.

Note de bas de page 166 :

Dans de nombreux ouvrages on trouve encore le nom erroné X. kempelini. Or Thorell a voulu rendre hommage à un naturaliste autrichien dont le nom est Ludwig von Kempelen (1803-1878) - et non Kempelin - qui lui faisait parvenir des captures, notamment de Basse-Autriche. (« Zur Geschichte der Arachnologie in Österreich » par Konrad Thaler et Jürgen Gruber, Editions Denisia, 8 – 139-163 – septembre 2003)

Xysticus kempeleni166 Thorell, 1872 : d’aspect assez variable, ce Xysticus présente le plus souvent, tant sur le céphalothorax que sur l’abdomen, une coloration d’un brun brûlé plus ou moins foncé, avec ça et là quelques taches plus claires mais ne formant pas un dessin précis. Les flancs de l’abdomen sont plus clairs. Le mâle, qui mesure entre 3,5 et 4 mm, est adulte d’avril au milieu de l’été alors que la période de maturité de la femelle, dont la longueur se situe entre 5 et 7,5 mm, peut aller jusqu’à septembre. Les genitalia* sont assez caractéristiques mais il y a lieu de ne pas s’arrêter à la forme crochue de l’apophyse tibiale ventrale du mâle car c’est le cas chez plusieurs Xysticus. L’espèce semble évoluer le plus souvent, mais non exclusivement, dans des milieux secs de végétation assez basse, surtout herbacée. Quelques captures cependant ont eu lieu dans de hautes herbes et même avec une certaine humidité. Nentwig & al. indiquent qu’on peut la rencontrer occasionnellement sous les pierres. Elle n’est sans doute pas très commune en Limousin puisqu’elle n’y est citée que neuf fois pour douze animaux identifiés. C’est d’abord en Haute-Vienne qu’une femelle est récoltée par M. Cruveillier, le 06/06/1997, dans des herbes ayant poussé autour d’un ancien foyer en plein air, au village de Chavagnac, à Meuzac, commune où, le 24/04/2001, dans la Lande du Cluzeau, il note deux mâles sur un tas de végétaux coupés et un autre dans un secteur de pelouse sèche. Le 13/05/2001, il récolte un mâle dans de la litière de lande, en bordure de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la Montagne, site où P. Tutelaers avait signalé une femelle le long du ruisseau des Dauges, le 24/05/1999. Toujours en Haute- Vienne, E. Duffey capture, dans un milieu d’herbes humides de prairie, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, d’abord un mâle dans un piège Barber le 18/04/2002, puis un couple au filet fauchoir le 22/05/2003. L’espèce n’est pas citée en Creuse et seulement trois fois en Corrèze, d’abord par E. Duffey qui capture par piégeage, au village du Dougnoux, à Altillac, un mâle le 13/04/2006, dans de hautes herbes d’une prairie non fauchée puis, le 03/04/2008, un autre mâle dans de l’herbe mi-haute. Enfin, dans l’herbe courte d’un accotement de route, au bord de la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, une femelle est récoltée par M. Cruveillier le 10/05/2010.

Xysticus kochi Thorell, 1872 : cette araignée ressemble extérieurement à Xysticus cristatus, au point que seul l’examen des genitalia* permet de les distinguer. Et, si l’observation des apophyses tégulaires* rend la chose relativement facile pour le mâle, c’est un peu plus plus délicat pour la femelle dont on remarquera le contour arrondi de l’épigyne et la couleur sombre des deux formes ovales à l’avant de celle-ci. Certainement moins abondante que X. cristatus mais cependant assez commune, l’espèce partage avec cette dernière ses périodes de maturité ainsi que les habitats où elle évolue. Elle a fait l’objet de trente-six fiches d’inventaire en Limousin, pour cent-douze animaux déterminés. C’est d’abord en Haute-Vienne qu’une femelle est capturée en mai 1998, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey, lequel y disposera six pièges Barber dans la partie sèche d’une prairie et capturera un mâle le 26/04/2003, trois autres le 03/05/2003 et encore trois autres et deux femelles le 11/05/2003. Il répètera l’opération en 2004 et récoltera un mâle le 9 mai, un autre le 15, un troisième le 21, deux autres et une femelle le 29 et enfin une femelle le 5 juin. M. Cruveillier, de son côté, signale une femelle, le 03/06/2000, dans l’herbe mi-haute d’une prairie mésophile de Chez Roger, à Saint-Priest-sous-Aixe, puis, le 20/05/2007, un mâle sur des buissons bas au village de Chavagnac, à Meuzac. Tout récemment, le 17/06/2013, il récolte un mâle errant dans une allée de jardin de ce même village, après avoir noté, le 15/06/2013, un autre mâle dans un sentier de pêcheurs longeant la Petite Briance, dans une prairie naturelle, au village de Briansolles, à Glanges. En Corrèze, c’est d’abord B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, récolte, en mai1998, un mâle errant dans son jardin et un autre et deux femelles dans une prairie en friche puis, en juin, une femelle dans cette même prairie. Ensuite E. Duffey récolte un mâle, le 10/05/2006, dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac, où il installera un piège Barber et y capturera deux mâles le 11/04/2007, un autre le 02/05/2007 et une femelle le 01/06/2008. Les autres données de Corrèze émanent de F. Lagarde en 2009 et concernent huit sites répartis sur cinq communes : Meymac (tourbière du Longeyroux), Peyrelevade (tourbière de Négarioux Malsagnes, Ruisseau de Chamboux), Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, tourbière de Marcy, Ruisseau du Mazet), Tarnac (tourbière de l’étang de Chabannes) et Viam (Roche du Coq Mont Gradis). Pour la Creuse, à l’exception de la capture d’un très bel exemplaire de mâle par M. Cruveillier, le 22/06/2000, dans une prairie, en bordure d’un bosquet de saules, au hameau du Genévrier, à Lussat, toutes les autres citations, qui représentent la détermination de soixante-neuf animaux, émanent également des inventaires de 2009 de F. Lagarde et se répartissent sur sept sites et trois communes : Gentioux-Pigerolles (Fontenelles du Chalard, Ferme de Lachaud, tourbière des Salles), Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles) et Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais).

Note de bas de page 167 :

cette remarque est à prendre en compte si l’on veut établir des comparaisons concernant la fréquence des captures, dans la mesure où certains prospecteurs n’ont eu que très peu recours au piégeage.

# Xysticus lanio C. L. Koch, 1824 : la femelle de cette araignée, qui mesure entre 6 et 7,5 mm, présente des dessins roux, assez semblables à ceux de divers autres Xysticus, sur une couleur de fond jaune orangé. Le mâle est en général plus sombre et mesure de 4 à 5,5 mm. M. Cruveillier indique que les exemplaires qu’il a examinés présentaient tous, à l’arrière du céphalothorax, deux taches brunes en forme de quadrilatère. Les deux sexes requièrent l’examen des genitalia* pour être déterminés avec certitude. Ils sont adultes du milieu du printemps à la fin de l’été. Evoluant généralement sur les branches basses des arbres ou sur la végétation buissonnante, cette espèce n’est capturée qu’occasionnellement dans les pièges au sol167. Elle est présente dans les trois départements du Limousin où elle figure dans vingt- quatre fiches d’inventaire pour vingt-cinq animaux identifiés. La première donnée saisie au fichier est un mâle récolté en Haute-Vienne, le 20/07/1998, sur un houx, en lisière des bois de Chavagnac, à Meuzac, par M. Cruveillier lequel cite encore deux fois l’espèce dans cette commune : un mâle le 24/06/2001, sur une bourdaine de la Lande du Cluzeau et, à nouveau à Chavagnac, une femelle sur des branches basses de chêne, le 09/09/2009. Lors d’un stage organisé par lui en avril 2001, il identifie un mâle, récolté le 05/05/2000 par E. Mourioux, dans un piège à carabes, au Pont Romain, à Saint-Léger-la-Montagne. La capture d’un mâle au filet fauchoir dans les branches basses d’une haie, le 08/05/2000, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, par E. Duffey, clôt les mentions pour la Haute-Vienne. C’est en Corrèze que les citations sont les plus nombreuses, notamment grâce à divers inventaires reçus au début des années 2000 de B. Le Péru qui, dans sa commune de Saint-Etienne-aux-Clos, mentionne l’espèce à sept reprises : deux mâles errant au sol dans un jardin en mai 1997 et, le même mois, une femelle, à 1,5 m du sol, en lisière d’une forêt humide, un mâle en juin 1997 dans une prairie en friche et un autre en ce même lieu en juin 1998, une femelle errant sur un mur de jardin en juin 1999, un mâle sur un chemin forestier en mai 2000 et enfin un dernier mâle, dans un chemin entre prairie et lande, en juin 2002. Dans un secteur de buissons et de hautes herbes de la lande de Bettu, à Chenailler-Mascheix, E. Duffey récolte un mâle au filet fauchoir le 28/06/2002 et un autre le 18/06/2003. Plus tard, dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac, il capture une femelle le 02/05/2007. Enfin, sur les branches basses d’une haie de noisetiers bordant la hêtraie de Lissac, à Saint-Merd-les-Oussines, un mâle capturé par une stagiaire, le 10/05/2010, est identifié par M. Cruveillier. En Creuse, une femelle est capturée par F. Leblanc le 10/07/1997, dans des branches basses, à Pétillat, dans la commune de Saint-Sulpice-les-Champs, et, au bord de l’étang de Tête de Bœuf, à Lussat, M. Cruveillier récolte une autre femelle le 09/07/2009, en battant les branches basses d’un épicéa. Les six autres mentions émanent des inventaires communiqués par F. Lagarde en 2009, lesquels se répartissent sur autant de sites : à Gentioux-Pigerolles (Ferme de Lachaud), à Royère-de-Vassivière (Croix de Fayaud, tourbière du Grand Puy, tourbière de La Mazure, Bois des Pialles) et à Saint-Pierre-Bellevue (Ruisseau de Beauvais). (voir l’image de l’épigyne page 345)

Xysticus lineatus Westring, 1851 : est certes une araignée sur laquelle on peut distinguer des lignes, mais comme c’est le cas de la grande majorité des Xysticus, l’épithète lineatus n’est pas d’un grand secours pour sa détermination. En revanche, une première orientation peut être donnée par les deux taches situées à l’arrière du céphalothorax, foncées chez X. lanio et X. luctator, et qui sont blanches chez X. lineatus. Les genitalia*, notamment l’épais bourrelet en forme de U renversé entourant la plaque de l’épigyne chez la femelle et les apophyses tibiales du mâle, sont assez caractéristiques. C’est une espèce de coloration générale assez sombre, dont la femelle mesure de 5 à 8 mm et le mâle de 3,5 à 4,5 mm. Pour Nentwig & al., comme pour S. Almquist, elle est censée fréquenter de préférence les milieux humides. Elle est généralement signalée comme « rarement trouvée » ce que nous ne pouvons que confirmer dans la mesure où elle n’est citée que dans deux communes de Creuse et dans une seule commune de Corrèze, département où seul B. Le Péru l’a observée à quatre reprises à Saint-Etienne-aux-Clos : un mâle, en juin 1997, errant sur le mur d’un jardin, une femelle, en juin 1998, dans une prairie en friche, deux mâles errant au sol dans un jardin en juin 1999 et un dernier mâle, en mai 2002, dans de la mousse sous une haie de résineux. Pour la Creuse, M. Cruveillier a identifié une femelle récoltée par K. Guerbaa, en septembre 2006, dans la tourbière de Friaulouse, à Saint-Goussaud, et trois individus de l’espèce sont cités en 2009 par F. Lagarde dans la commune de Faux-la-Montagne : un dans la tourbière de Clamouzat, un dans la tourbière de Puy Marsaly et un dans la tourbière des Tourailles.

Xysticus luctator (L. Koch, 1870) : est l’un des plus grands de nos Xysticus, la femelle pouvant atteindre, voire dépasser 10 mm, comme chez X. robustus ou X. bifasciatus. On pourrait d’ailleurs le confondre avec ce dernier tant par l’aspect que par la taille. Les genitalia* permettent de les distinguer aisément. M. Cruveillier indique que « tous les exemplaires [qu’il a] examinés, en Limousin et ailleurs, présentaient chez les deux sexes, à l’arrière du céphalothorax, deux taches brunes bien marquées, en forme de parallélogramme, plus nettes que chez X. lanio par exemple ». L’espèce fréquente les milieux ouverts, à végétation basse et peu dense comme les landes ou les prairies et peut être rencontrée adulte du printemps à la fin de l’été. Comme la précédente elle est notée comme rare par la plupart des auteurs, ce que nous confirmons puisqu’elle n’a pas été citée en Corrèze et que les deux autres départements ne se partagent que neuf mentions pour autant d’animaux observés. C’est justement une belle femelle de grande taille qui apparaît comme première saisie de cette espèce, récoltée le 16/08/1995, par M. Cruveillier, dans une prairie naturelle sèche du village de Chavagnac, à Meuzac, en Haute-Vienne, site où il récoltera, le 03/05/2003, un mâle au filet fauchoir. Il déterminera plus tard une femelle récoltée par H. Guillien, le 30/05/2010, dans une friche du lieudit Chez Fringant, à Saint-Hilaire-Bonneval. Auparavant, N. Larchevêque, à l’occasion du stage de Meuzac de 2001, avait identifié une femelle capturée par E. Mourioux dans un piège à carabes, le 16/04/2000, au viaduc de Rocherolles, dans la commune de Folles. En Creuse, F. Leblanc signale la capture d’un mâle le 06/06/1999, sans mention de milieu, aux environs de Fransèches, et F. Lagarde cite quatre fois l’espèce en 2009, à raison d’un individu dans chaque site : à Faux-la-Montagne (tourbière des Avenaux, tourbière des Tourailles), à Gentioux-Pigerolles (Les Prés Neufs) et à Royère-de-Vassivière (Bois des Pialles).

Xysticus luctuosus (Blackwall, 1836) : c’est sans doute à son absence de motifs décoratifs que cette araignée doit le nom de luctuosus, qui signifie pitoyable. Les deux sexes sont de coloration beige, assez uniforme, avec parfois deux taches diffuses brunes sur l’abdomen. Le mâle mesure environ 4,5 mm et la femelle entre 7 et 8. Leurs genitalia* permettent de les identifier sans difficulté. On les renconte adultes du milieu du printemps à l’automne sur la végétation basse ou buissonnante. C’est une espèce holarctique* largement répandue mais commune nulle part, sauf peut-être très localement. En Limousin elle est citée dans onze fiches pour trente-cinq animaux identifiés. La première mention revient à E. Duffey qui récolte une femelle au filet fauchoir en mai 1998, dans l’herbe mi-haute d’une prairie au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine, en Haute-Vienne, département où un mâle est capturé par M. Cruveillier, le 27/05/2001, sur une touffe de Chélidoine, dans un jardin de Chavagnac, à Meuzac. En Corrèze, B. Le Péru note une femelle en septembre 2001, errant sur un chemin, en lisière de forêt, dans la commune de Saint-Etienne-aux-Clos et E. Duffey capture une autre femelle, le 17/05/2006, dans une prairie en friche au village du Dougnoux, à Altillac. Trois autres mentions d’animaux identifiés figurent dans les inventaires corréziens de F. Lagarde en 2009 : à Peyrelevade (Ruisseau de Chamboux) et à Saint-Merd-les-Oussines (Les Communaux, Ruisseau du Mazet). C’est également dans les inventaires de F. Lagarde, de 2009, qu’on trouve l’ensemble des citations de Creuse : à Gentioux-Pigerolles, où il note vingt-cinq animaux identifiés à la Ferme de Lachaud, un aux Fontenelles du Chalard et un aux Prés Neufs, puis à Gioux où il cite un animal dans la tourbière de Puy Chaud.

Note de bas de page 168 :

NINNI Alessandro Pericle (1837-1892), auquel Thorell rend hommage dans la description de Xysticus ninnii, était surtout un spécialiste des poissons et de la pêche, mais publia sur d’autres sujets, dont les araignées. Il fut directeur du Muséum d’histoire naturelle de Venise où l’on peut voir plusieurs de ses collections

Xysticus ninnii168 Thorell, 1872 : chez les deux sexes de cette araignée, le tégument est de coloration générale crème à beige. Le céphalothorax comporte deux bandes latérales brunes séparées par une zone centrale claire sans motif très net. La zone du folium* est également brune avec, vers l’arrière, des bandes transversales claires interrompues. Le mâle est de teinte nettement plus sombre que la femelle, les bandes latérales brunes du céphalothorax sont plus larges et le femur et la patella de ses pattes I et II sont très assombris. Il mesure 5 mm et la femelle de 6 à 7 mm. Adultes au printemps et en été ils fréquentent des milieux plutôt secs. L’espèce est certainement peu commune en Limousin où elle n’est citée que trois fois pour quatre animaux observés. La première, et seule mention pour la Haute- Vienne, est une femelle capturée le 05/05/2000 par E. Mourioux, dans un piège à carabes installé dans un talus au lieudit le Pont Romain, à Saint-Léger-la-Montagne. C’est lors d’un stage de perfectionnement organisé à Meuzac par M. Cruveillier au mois d’avril 2001, et où F. Leblanc avait apporté des araignées capturées par E. Mourioux, que J.-C. Ledoux en fit l’identification. En Corrèze, E. Duffey capture deux mâles le 13/04/2006, dans un piège Barber, dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac et, le 09/05/2011, une femelle est récoltée par M. Cruveillier au bord d’une petite route, dans un talus herbeux sec avec quelques arbres, près du lac de Sèchemailles, à Ambrugeat.

Note de bas de page 169 :

figure dans certains documents sous le nom de Psammitis robustus.

Xysticus robustus169 (Hahn, 1832) : ce gros Xysticus dont le mâle, de coloration brune très sombre, mesure de 5 à 6 mm et dont la femelle peut en dépasser 10, se déplace presque toujours au sol, ou près du sol et se rencontre souvent sous une pierre où à la base de l’herbe. Il est adulte de la fin du printemps à l’automne. Si le mâle ne présente pas trop de difficultés à déterminer il n’en va pas de même pour la femelle dont l’épigyne est assez variable et n’est pas sans analogie avec celle de la femelle de X. sabulosus, par exemple. L’espèce est généralement considérée comme peu fréquente et E. Simon écrit même qu’elle est « très rare » dans le Centre de la France. Ses mœurs la rendant très vulnérable au piégeage au sol, on peut en conclure qu’elle est certainement très rare chez nous où un seul animal a été capturé par ce moyen. Ainsi, elle n’a été citée que trois fois dans notre région dont deux mâles en Haute-Vienne, à Meuzac, par M. Cruveillier : un le 06/06/2004 dans un sentier d’herbe rase et de mousse près de l’étang de la Celle du Cluzeau et l’autre, le 11/07/2011, errant sur la terrasse de sa maison de Chavagnac, où il serait peut-être passé inaperçu sans l’œil exercé d’A. Canard qui se trouvait là. La troisième citation est tirée des inventaires de F. Lagarde en 2009 dans la tourbière de Clamouzat, à Faux-la-Montagne, en Creuse.

Note de bas de page 170 :

Source : deux publications de l’OPIE-Languedoc-Roussillon, présentant les inventaires, réalisés par J.-C. Ledoux, des araignées des deux réserves naturelles, respectivement de Mantet et de Pratts de Mollo.

# Xysticus semicarinatus Simon, 1932 : décrite du Mont Aigoual (Gard) par E. Simon, cette araignée n’est toujours connue que par sa femelle. Simon indique qu’elle a été observée en Espagne et au Portugal (Les arachnides de France, tome VI, page 875) et, plus récemment, J.-C. Ledoux note la capture dans les Pyrénées-Orientales, d’abord d’une femelle, au Pla de Segala, entre Py et Mantet, le 09/07/1999, et de trois autres le 08/06/2006 à Prats-de-Mollo170. Nous disposons donc pour cette détermination non seulement de la description et du croquis de l’épigyne de Simon (page 827) mais également de deux bonnes photos (une de l’épigyne et l’autre de l’habitus) dues à l’amabilité de J.-C. Ledoux, et qu’on trouvera dans les illustrations à la fin de ce document (page 344). Dans la récolte d’E. Mourioux du 05/05/2000, mentionnée plus haut (cf. le paragraphe concernant Xysticus ninnii), au Pont Romain de Saint- Léger-la-Montagne, en Haute-Vienne, se trouvait une femelle, identifiée par M. Cruveillier et J.-C. Ledoux, qui est la seule mention actuelle de l’espèce pour notre région.

Xysticus ulmi (Hahn, 1831) : assez proche extérieurement de X. cristatus, cette araignée se détermine sans trop de difficulté par l’examen des genitalia*. Le mâle mesure de 3 à 4 mm et la femelle de 5 à 8. On peut trouver des adultes de l’un et l’autre du début du printemps à la fin de l’été et, à quelques exceptions près, ils semblent préférer les milieux humides, souvent dans la végétation basse de bordure des eaux. Bien que notée comme « pas rare » par Nentwig & al., l’espèce n’est sans doute pas très commune en Limousin puisqu’elle n’y est mentionnée que dans treize fiches d’inventaire pour quatorze animaux identifiés. La première citation, en Haute-Vienne, est celle d’une femelle capturée par M. Cruveillier dans une touffe de Molinie de la tourbière des Dauges, à Saint-Léger-la-Montagne, le 15/06/1996. Il récolte une autre femelle, le 04/06/1998, au bord du ruisseau des Baraques, près du hameau du Mas Gaudeix, à Meuzac, puis, le 20/06/2008, encore une femelle dans une friche très marécageuse des Vareilles, à Vicq-sur-Breuilh, et détermine enfin une autre femelle capturée dans ce même lieu par H. Guillien, le 10/05/2009. Toujours en Haute-Vienne, F. Leblanc avait signalé la capture d’une femelle, le 29/04/1998 dans la lande de la Butte de Frochet à Bussière-Boffy et, dans un secteur de prairie proche d’un étang, au village de Chez Gouillard, dans la commune de Bussière-Poitevine, E. Duffey note l’espèce à cinq reprises : d’abord, au filet fauchoir, une femelle en mai 1998, un couple le 30/04/2000 et une femelle le 22/05/2003, puis, par piège Barber, un mâle le 21/05/2004 et un autre le 29/05/2004. F. Leblanc détermine une femelle capturée le 19/03/2000 dans un piège à carabes par E. Mourioux, au lieudit La Garrige, à Saint-Maurice-La-Souterraine, en Creuse, département où M. Cruveillier récolte une femelle à Pontarion, le 03/09/2001, dans une friche très marécageuse sur la rive du Taurion. Il est l’auteur de la seule donnée de Corrèze , une femelle, récoltée le 08/05/2011, dans les herbes bordant un ruisseau de la forêt de la Cubesse, à Ambrugeat.

Les Titanoecidae

Les Titanoecidae forment une petite famille d’araignées cribellates* qui ne comporte que cinq genres et cinquante-trois espèces dans le monde et qui compte en France dix espèces, dont huit du genre Titanoeca et deux du genre Nurscia. A cette date, seule une espèce de Titanoeca a été observée en Lmousin.

Titanoeca quadriguttata (Hahn, 1831) : cette araignée a le céphalothorax et les pattes de couleur ambre et l’abdomen brun noir. Selon la littérature, le mâle mesure environ 4,5 mm et la femelle environ 6. Les quatre taches blanches sur l'abdomen auxquelles elle doit le nom de quadriguttata ne sont visibles que chez le mâle. L’espèce tisse une toile grossière en nappe de soie cribellée devant la pierre ou la souche sous laquelle elle a établi son abri. Le seul exemplaire observé en Limousin est une femelle récoltée par M. Cruveillier, sous une pierre, le 26/03/2000, dans une ancienne vigne abandonnée de la commune de Chasteaux, sur le site de la Côte Pelée.

Les Trachelidae

Jusqu’en 2014 nos araignées de cette famille, comme celles de la famille des Phrurolithidae, étaient rangées dans celle des Corinnidae. Cette dernière famille existe toujours mais n’abrite plus d’espèces françaises et une seule espèce appartenant aux Trachelidae a été observée en Limousin.

Note de bas de page 171 :

Ute Grimm : Die Clubionidae Mitteleuropas, Corinninae und Liocraninae. Ed. Paul Parey, Hambourg

Cetonana laticeps (Canestrini, 1868) (ex : Ceto laticeps) : on sait assez peu de choses sur cette espèce, seule du genre en Europe, laquelle n’a été notée qu’à trois reprises en Limousin. C’est une araignée au prosoma* brun, dépourvu de soies, et à l’abdomen gris foncé dont le mâle, selon Nentwig & al., mesure de 5 à 6 mm et la femelle de 5,3 à 7,2 mm. Le 15/04/2000, une femelle mesurant plus de 7 mm, est capturée sous l’écorce du tronc écailleux d’un vieux pin sylvestre, en lisière de la forêt de Meuzac, par M. Cruveillier, puis une autre femelle dans la même commune, dans la Lande du Cluzeau, dans de la mousse au pied d’un rocher, le 24/04/2001 par B. Duhem, et enfin en Creuse, le 25/05/2001, une troisième femelle par M. Cruveillier, sous l’écorce d’un arbre mort, au hameau du Genévrier à Lussat. D’après U. Grimm171, des mâles auraient été récoltés de mai à octobre et des femelles de février à novembre et il semble bien que l’écorce des arbres constitue la tenue la plus habituelle de cette araignée.

Les Uloboridae

L’absence de glande à venin est une particularité marquante de cette famille laquelle est composée, comme la précédente, d’araignées cribellates. Elle est représentée en France par trois genres et six espèces et en Limousin par deux genres et deux espèces.

Note de bas de page 172 :

les Hyptiotes sont appelés «triangle spiders» par les anglophones, mais c’est à cause de la forme de leur toile.

Hyptiotes paradoxus (C. L. Koch, 1834) : la couleur poussiéreuse de sable roux ou gris de cette araignée, qui la rend difficile à apercevoir, n’est peut-être pas étrangère à ce qu’elle soit si rarement mentionnée dans les inventaires. Le mâle comme la femelle ont pourtant des caractéristiques qui devraient les dénoncer au prospecteur, celle-ci parce qu’elle prend, vue de profil, avec son dos bossu et ses pattes I et II dirigées vers l’avant dans le prolongement du corps, l’aspect d’un triangle172 rectangle reposant sur son hypoténuse, celui- là parce qu’il présente, à l’état adulte, un bulbe dont la taille atteint pratiquement celle de son céphalothorax et dont l’embolus se termine par un style très long et sinueux. Le mâle mesure de 3 à 4 mm, la femelle de 5 à 6, et ils sont adultes l’été. Comme on a pu le noter plus haut pour Araneus sturmi, l’espèce semble préférer les arbustes à feuilles persistantes, houx, buis, genévriers ou les branches basses des conifères, où elle installe entre deux rameaux une toile triangulaire de type orbiculaire mais qui ne comporte que quatre rayons reliés par des fils cribellés*, comme un petit éventail dont la pointe est pourvue d’un fil tenu par l’araignée à l’autre extrémité. Seulement quatre femelles ont été jusque là citées en Limousin. En Haute- Vienne, M. Cruveillier en observe une, le 06/09/1997, dans sa toile à 0,5 m du sol sur un houx, dans la bordure boisée de la tourbière de la Celle du Cluzeau, à Meuzac, commune où il en déterminera une autre, le 28/09/2006, sur un genévrier de la Lande du Cluzeau. Les deux autres mentions proviennent des carnets de M. Barataud qui en cite une également en Haute- Vienne, le 18/09/1998, sur les branches basses d’un sapin dans un bois mixte de chênes, châtaigniers et sapins, au village de Vallégeas, à Sauviat-sur-Vige, et une autre en Corrèze, le 08/09/2000, dans la lisière boisée de la tourbière du Quart du Roi, près du village de Haute- Faye, dans la commune de Benayes.

Uloborus walckenaerius Latreille, 1806 : est la seule des deux espèces d’Uloborus de la faune française actuellement mentionnée en Limousin. L’autre, Uloborus plumipes, qui est une araignée des régions chaudes du sud de l’Europe, d’Afrique et d’Asie, et qui est pourtant la seule des deux que l’on rencontre aujourd’hui dans les pays scandinaves où elle apparaît dans les serres ou les jardineries, a été récemment observée, dans ce milieu particulier, dans le nord de la France et pourrait donc parfaitement se rencontrer un jour dans notre région dans ce type d’habitat. Il y a donc lieu d’être attentif lors de la détermination car les genitalia* des deux espèces sont très proches et la touffe de longues soies à l’extrémité du tibia I que présente la femelle de U. plumipes n’est pas toujours très marquée. Le corps du mâle d’Uloborus walckenaerius est couvert d’une couche dense de soies blanches avec des bandes longitudinales sombres. Sur l’abdomen, les bandes de soies blanches sont ponctuées, à espaces réguliers par des touffes de soies redressées en forme d’ergots. Le mâle peut mesurer de 3 à 5 mm et la femelle de 5 à 7. On a pu trouver des adultes de mi-mai à début septembre, surtout dans des milieux ouverts à végétation basse comme les landes à bruyère où l’espèce tisse une toile orbiculaire presque horizontale, au milieu de laquelle l’araignée se tient, ses longues pattes I et II allongées le long du stabilimentum*. Elle est notée comme rare par Nentwig & al., ce que nous ne pouvons que confirmer dans la mesure où elle n’apparaît que dans onze fiches d’inventaire pour vingt animaux observés. C’est K. Guerbaa qui signale d’abord, en juillet 1997, en Haute-Vienne, l’observation d’une femelle sur sa toile dans la lande des Tuileries, à Saint-Bazile, puis, le 14/07/1999, cite une observation analogue dans la lande de Saint-Laurent, à La-Roche-l’Abeille. Ensuite, le 26/04/2001, M. Cruveillier récolte une femelle sur de la bruyère, dans une friche sèche du village de Chavagnac, à Meuzac, commune où il identifie un jeune dans la Lande du Cluzeau, le 28/09/2006, et où, plus tard, il récoltera le 02/09/2014, dans un jardin arboré de Chavagnac, une femelle qui avait fait sa toile contre la margelle d’un puits. Toutes les données de Corrèze proviennent d’E. Duffey qui cite l’espèce à six reprises, d’abord dans la commune de Chenailler-Mascheix où il prospecte au filet fauchoir les zones à bruyère de la lande de Bettu : un mâle le 13/06/2002, quatre mâles et trois femelles le 28/06/2002, un mâle et un jeune le 13/05/2003, deux femelles le 18/06/2003 et, ce même jour, une autre femelle dans le talus bordant le chemin d’accès à cette lande. Enfin, le 18/06/2008 il récolte deux femelles, toujours au filet fauchoir, dans un secteur herbeux sec au Puy Turlau, à Végennes. L’espèce n’a pas été citée de Creuse à cette date.

Les Zodariidae

Cette famille, qui comporte mille-soixante-quinze espèces décrites actuellement dans le monde, réparties en soixante-dix-huit genres, est représentée en France par une seule espèce du genre Selamia et dix-neuf du genre Zodarion dont trois seulement de ce dernier genre ont été observées en Limousin à cette date. Nos espèces du genre Zodarion, méridionales pour la plupart, sont de petites araignées qui s’installent au voisinage des colonies de fourmis dont elles se nourrissent essentiellement semble-t-il. Elles chassent à vue et ne construisent pas de toile piège. On reconnaît assez aisément le genre Zodarion à la disposition, la forme et la couleur des yeux (les médians antérieurs sont ronds, gros et noirs, les autres sont plus petits, nacrés et de forme elliptique), et surtout au fait que la paire de filières antérieures est la seule véritablement apparente, les filières médianes et les postérieures étant atrophiées. Un examen attentif sous la loupe binoculaire permet de distinguer un onychium* au bout des tarses. Au moment de la ponte, la femelle suspend son cocon dans un abri en forme de coque qu’elle camoufle avec de la terre, du sable ou de menus débris de végétaux.

Note de bas de page 173 :

Apophyse tibiale très robuste, vue par la face externe, convexe mais brusquement comprimée à l’extrémité, un peu dirigée en bas, avec le bord extérieur un peu concave et pourvu près de l’extrémité d’une petite pointe noire aigüe dirigée en haut, son bord inférieur dilaté arrondi à l’extrémité. Apophyse du bulbe à branche ascendante très large, à branche descendante robuste arquée subaigüe” (Les arachnides de France tome VI p. 232, voir bibliographie)

Note de bas de page 174 :

“Revision of the genus Zodarion Walckenaer, 1833, part II. Western and Central Europe, including Italy (Araneae: Zodariidae)” – R. Bosmans, 1997

Zodarion fuscum (Simon 1870) : seul un mâle de cette espèce a été capturé le 02/06/2000, parmi les cailloux et l’herbe rase d’une pelouse calcaire écorchée de la Côte Pelée, dans la commune de Chasteaux, dans le sud du Causse Corrézien, par M. Cruveillier qui a pu l’identifier grâce à la description d’Eugène Simon173 et aux différents dessins réalisés par R. Bosmans174. Ce dernier donne, entre autres critères caractéristiques des mâles de Zodarion, ce qu’il appelle, après R. Jocqué, le retinaculum* qui n’est autre que l’apophyse tégulaire médiane. L’examen de cet élément ainsi que celui de la pointe de l’embolus sont, dans le cas de cet animal, effectivement très utiles dans la détermination.

Note de bas de page 175 :

Dans leur ouvrage “Spinnen Mitteleuropas”, p.54, Heimer et Nentwig attribuent par erreur la description de Zodarion gallicum à Canestrini lequel a décrit Zodarion italicum.

Note de bas de page 176 :

Les arachnides de France tome VI p. 226, voir bibliographie

Zodarion gallicum (Simon, 1873)175 : là aussi, seul un mâle a été observé, en Haute- Vienne cette fois, le 29/05/2004, par M. Cruveillier, dans la lande à bruyères des Garabœufs, à Meuzac, sur un chemin résultant du passage régulier de bovins et au bord duquel il y avait une petite fourmilière. L’observateur écrit à ce sujet : « Je n’avais pas repéré l’araignée. Elle devait se tenir un peu à l'écart du "chemin" des fourmis. Et brusquement je la vis jaillir et se précipiter sur une fourmi bien plus grosse qu’elle et la mordre, puis elle se recula promptement de quelques centimètres. La fourmi marqua une pause de quelques secondes, puis reprit sa marche mais en s’écartant de la route qu’elle suivait initialement et s’immobilisa après avoir parcouru maladroitement une vingtaine de centimètres. Le Zodarion alla alors vers elle, la saisit et l'entraîna sous une touffe d'herbe rase où je le capturai vite de crainte qu'il ne disparaisse. Rentré à la maison, je consultai la relation d’une observation analogue rapportée par E. Simon lequel écrit que les Zodarion "rôdent autour des fourmilières et se mêlent aux longues files des fourmis, allant de l’une à l’autre et saisissant à l’improviste les individus faibles"176. Les choses s’étant passées ici un peu différemment on peut en conclure que leur méthode de capture n’est pas immuable ou qu’elle peut différer selon les espèces ». Ce n’est que par l’examen attentif des genitalia* qu’on pourra distinguer cette araignée de l’espèce Z. italicum à laquelle elle ressemble et dont elle partage les mœurs, le milieu et la période de maturité.

Zodarion italicum (Canestrini, 1868) : cette petite araignée, dont le mâle mesure entre 1,5 et 3 mm et la femelle entre 2,5 et 4 mm, se rencontre dans des endroits pierreux ou sableux plutôt secs comme les chemins, les tas de cailloux des bords de champs, vieilles carrières, pelouses écorchées, où on peut rencontrer des adultes au printemps et en été. Sans être très abondante c’est l’espèce de Zodarion la moins rare en Limousin puisqu’elle y est citée dans douze fiches d’inventaire pour dix-huit animaux identifiés. Elle est d’abord citée en Haute-Vienne, le 06/06/1997, par M. Cruveillier qui récolte un mâle circulant sur un chemin de sable et de gravier au village de Chavagnac, à Meuzac, site où il capure un couple, le 28/04/2001, dans un de ces tas de cailloux que les agriculteurs rassemblaient autrefois au bord des champs. La troisiéme donnée de Haute-Vienne est un mâle capturé par piègeage dans une pelouse, par E. Duffey, le 21/05/2004, au village de Chez Gouillard, à Bussière-Poitevine. En Corrèze, à Saint-Etienne-aux-Clos, B. Le Péru cite l’espèce à six reprises dans un jardin de la Gare de Savennes, d’abord errant sur un mur : deux mâles et une femelle en mai 1997, deux mâles et deux femelles en mai 1998 et un mâle en juin 2000, puis, errant au sol, un mâle en mai 2001, un autre en juin 2001 et un dernier en avril 2002. Enfin, dans la pelouse de son jardin du Dougnoux, à Altillac, E. Duffey récolte un mâle par piégeage, le 01/06/2008. L’espèce est mentionnée deux fois en Creuse, d’abord par F. Leblanc qui signale un mâle, en juin 1999, sans indication de milieu, au village de Pétillat, à Saint-Michel-de-Veisse, puis par M. Cruveillier qui récolte également un mâle, le 14/06/2003, dans un secteur très piétiné de lande, en bordure de la tourbière de La Mazure, à Royère-de-Vassivière.

Postambule

Parvenu au terme de la rédaction de ce document, j’éprouve le besoin de livrer au lecteur quelques réflexions qui, tout en lui permettant de mieux appréhender la portée et les limites de ce travail, pourraient faire naître en lui le désir de s’investir dans des études arachnologiques et de former le projet d’enrichir ce premier bilan de nos connaissances concernant les espèces présentes en Limousin ainsi que leur répartition.

Il m’a fallu dépasser la frustration, constante dans ce type d’ouvrage, de savoir qu’au moment où il sera imprimé, il sera déjà en retard sur les dernières publications. De nombreuses révisions auront eu lieu qui auront fait passer des espèces dans un autre genre, voire dans une autre famille. Des genres nouveaux seront créés, des synonymies seront établies qui feront disparaître des listes de référence des espèces ou des genres jugés valides jusque là, comme cela s’est produt pour le genre Meioneta mis en synonymie avec Agyneta. Certaines espèces sorties d’une famille l’auront réintégrée et, comme on vient de le vivre en 2013 et 2014, des familles non représentées en France jusque là apparaîtront, d’autres disparaîtront. Il faudra donc que le lecteur ait constamment à l’esprit que la classification et la taxinomie adoptées dans cet ouvrage ont suivi le catalogue international tel qu’il était à la fin de 2014. Certains pourront s’étonner de ce qu’on trouve des espèces décrites par le Suédois Clerck datées de 1757 alors que normalement aucun acte nomenclatural ne devrait être antérieur à 1758 dans la nomenclature zoologique. Norman Platnick, comme le faisait Eugène Simon, a laissé à Clerck l’antériorité de publication qui était la sienne par rapport à la dixième édition de « Systema Naturae » de Linné, qui instaurait l’appellation binominale des espèces et qui est de 1758. Le WSCA, en Suisse, qui assure désormaist la maintenance du catalogue international a conservé cette attitude. Sachant que ce catalogue est adopté par les arachnologues du monde entier, il m’a semblé préférable de suivre cette décision, même si c’est une petite entorse à une certaine orthodoxie.

Il est clair que ce premier ouvrage sur les araignées de notre région est bien loin de présenter toute la richesse de sa faune aranéologique. Il faudra beaucoup de temps encore, compte tenu du petit nombre de naturalistes qui se consacrent à leur étude, pour parvenir à une connaissance plus complète. Ce travail est donc à poursuivre.

Le lecteur n’aura pas manqué d’être frappé par la citation très fréquente de certains sites, même en dehors de ceux du Plateau de Millevaches si souvent évoqués. Il en aura lu l’explication dans l’Avant Propos de la deuxième partie de cet ouvrage. Il pourra comprendre que l’on soit parfois conduit, faute du temps qui aurait été nécesaire pour parvenir à des inventaires significatifs compte tenu du très petit nombre d’arachnologues, de recourir à des piégeages, et peut-être se réjouira-t-il d’apprendre que nous avons décidé de privilégier l’usage d’un appareil à aspiration, dont j’ai fini par faire l’acquisition, qui a sur les piégeages l’avantage de ne pas tuer les animaux, ce qui permet, comme le parapluie japonais, de ne pas conserver ceux qui peuvent être repérés comme immatures et ne pourraient donc pas être identifiés, et qui donne de si bon résultats chez nos collègues de Midi-Pyrénnées, que leurs inventaires ont fait un bond spectaculaire depuis qu’ils l’utilisent.

Lors des nombreuses relectures que j’ai dû faire de ce travail, je me suis souvent dit que ceux qui me feraient l’honneur d’en feuilleter les pages ne manqueraient pas de trouver fastidieuses les énumérations, parfois bien longues, de certains inventaires. Je leur demande de comprendre que mon souci était non seulement de dater et de situer géographiquement, et autant que possible dans leur milieu les observations mais aussi, et c’est bien la moindre des choses, de rendre à tous ceux qui m’avaient communiqué leurs données le mérite qui était le leur.

J'espère en tous cas que ceux qui auront eu la patience d’aller au bout de cette lecture, auront envie de continuer, autant qu’ils le pourront, dans la voie de la prospection, et que ceux qui ne s’étaient pas encore investis dans cette passionnante étude décideront de s’y engager. Qu’ils sachent que je suis toujours disponible pour identifier les récoltes de ceux qui n'en ont pas la possibilité. Ils pourront ainsi partager avec moi le plaisir que continue de m’apporter cette longue quête.

Marcel Cruveillier
Chavagnac le 31/12/2014

Glossaire

Apophyse (terminale, médiane ou basale) : pièce chitinisée de forme variable, ayant un rôle dans la copulation, et située dans la partie (distale, médiane ou basale) du bulbe d’une araignée mâle adulte.

Bandeau : (ou clypéus) partie frontale du céphalothorax comprise entre la ligne des yeux antérieurs et le bord inférieur où s’articulent les chélicères. (au Québec on dit le « front »).

Calamistrum : série de soies disposées en peigne sur le métatarse des pattes arrière de certaines araignées (araignées cribellates) et qui sert à carder et calamistrer la soie sortant du cribellum (voir ce mot) de manière à produire une toile dont l’action est un peu semblable à celle du « velcro ». Généralement sur un seul rang, le calamistrum est disposé sur deux rangs chez les Amaurobius.

Céphalothorax : (ou prosoma, voir ce mot)

Clypéus : ( voir bandeau )

Colulus : « phylogénétiquement, les araignées avaient, à l’origine, quatre paires de filières » écrit Rainer Foelix, (voir la bibliographie). Chez certaines familles d’araignées non cribellates, comme les Araneidae, les Linyphiidae, les Thomisidae, les Theridiidae… il en subsiste un vestige, lequel n’a vraisemblablement plus aucune fonction aujourd’hui, qui se présente sous la forme d’un petit cône charnu, de taille variable, situé entre les filières antérieures et qui est parfois réduit à une simple paire de soies.

Condyle : excroissance située à la base et du côté externe des chélicères chez certaines espèces d’araignées. Ce critère intervient dans la détermination.

Cribellates : se dit des araignées pourvues d’un cribellum (voir ce mot).

Cribellum : d’un mot latin signifiant crible. Il s’agit d’un organe situé sous l’abdomen, juste à l’avant des filières et relié, comme le sont ces dernières, aux glandes séricigènes. Il comporte un très grand nombre de fusules courtes et creuses permettant d’émettre de nombreux fils de soie simultanément. La présence d’un cribellum a été longtemps prise en compte dans la classification des araignées. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Cymbium : nom donné à la partie supérieure du tarse du pédipalpe des mâles. (voir aussi paracymbium).

Diapause : période pendant laquelle la croissance est suspendue et l’activité physiologique très ralentie. Chez les araignées une diapause peut être liée à des conditions climatiques ou induite par la photopériode.

Ecotone : zone de transition ou de contact entre deux écosystèmes ou deux communautés écologiques voisines.

Embolus : (voir Pédipalpes).

Entélégynes : (voir haplogynes).

Epigastre : partie antérieure de l’abdomen correspondant à son premier segment (sternite) et limitée postérieurement par le pli épigastrique (voir ce mot).

Epigyne : partie externe chitinisée de l’appareil génital des femelles d’araignées visible chez les individus adultes. Chez les femelles, l’épigyne est l’un des critères importants servant à la détermination de l’espèce au même titre que l’extrémité du pédipalpe chez les mâles.

Euryèce : se dit d’une espèce pouvant se trouver dans des milieux divers. Contraire de sténoèce. (voir ce mot)

Fascicules unguéaux : touffes de soies formant comme un pinceau que certaines araignées ont à l’extrémité des tarses et qui permettent à celles qui en disposent de pouvoir grimper sur des parois lisses et verticales. Cette capacité n’est pas due, comme on a pu penser, à une certaine viscosité ou à la présence de ventouses, mais à la mise en œuvre de forces de van der Waals grâce à la structure particulière de l’extrémité de ces soies. Les salticidae, par exemple, ont des fascicules unguéaux.

Folium : motif souvent coloré visible à la partie supérieure de l’abdomen de certaines espèces, notamment les Araneidae, ainsi nommé parce qu’il présente la forme générale d’une feuille.

Fovéa (ou strie thoracique) : sillon formé par une dépression de la zone médiane dorsale du prosoma (voir ce mot) où s’insère le muscle dilatateur du jabot. Ce sillon est dirigé dans l’axe longitudinal du corps chez les aranéomorphes et transversalement chez les mygalomorphes.

Genitalia : ensemble des structures génitales. L’examen des genitalia est indispensable pour déterminer la très grande majorité des espèces d’araignées dont elles constituent une grande partie de la carte d’identité.

Glandes séricigènes : glandes situées dans l’abdomen des araignées et produisant les différentes soies. Elles communiquent avec les filières et, pour les espèces qui en sont pourvues, avec le cribellum.

Haematodocha : sac gonflable qui, sous la pression de l’hémolymphe, fait saillir et mouvoir les pièces sclérifiées du bulbe de manière à les mettre en position adaptée à la copulation.

Haplogynes : du grec haplos (simple) et gym (femme), se dit des araignées dont les femelles n’ont pas d’épigyne véritablement visible, contrairement aux entélégynes chez qui les femelles présentent une épigyne bien marquée. Mais les choses sont moins simples. Pour constituer le groupe systématique des haplogynes, considérés à tort par certains comme primitifs, on a retenu également le fait que le bulbe copulateur des mâles se présente comme une simple excroissance directement jaillie du tarse sans autre modification apparente de ce dernier. Ainsi, les Tetragnatha et les Pachygnatha, par exemple, dont les mâles ont un bulbe très évolué, sont classées dans les entélégynes alors que les femelles de ces deux genres n’ont pas d’épigyne extérieurement perceptible et qu’elles seraient donc, au sens littéral, haplogynes.

Holarctique : terme biogéographique désignant l’ensemble des régions terrestres situées au nord du tropique du Cancer. Une espèce vivant dans cette zone est dite espèce holarctique.

Labium : (ou pièce labiale), pièce buccale fixée à l’avant du sternum, entre les lames maxillaires.

Lames maxillaires : pièces buccales mobiles situées de part et d’autre du labium et sur lesquelles s’articulent les pédipalpes.

Métapopulation : se dit d’une population répartie dans plusieurs zones d’habitats lesquelles s’échangent des individus par migration.

Myrmécomorphe : se dit d’un animal qui n’est pas une fourmi mais dont l’aspect évoque une fourmi. C’est le cas, chez les araignées, des genres Leptorchestes, Myrmarachne et Synageles notamment.

Nycthéméral : se dit d’un rythme de vie lié à un cycle biologique se réglant sur l’alternance du jour et de la nuit.

Onychium : nom donné à l’extrémité du tarse de certains arthropodes évoquant un ongle. C’est le cas, par exemple, du genre Scytodes chez les araignées.

Orbiculaire : (voir Orbitèle)

Orbitèle : adjectif employé pour désigner une araignée dont la toile piège consiste en un fil continu de soie disposé en spires équidistantes fixées sur des rayons assez également répartis autour d’un moyeu et qui divisent ainsi la toile en secteurs. Ce mot est aussi parfois employé pour désigner ce type de toile de capture, mais on devrait lui préférer dans ce cas le terme « orbiculaire ». Les Araneidae, les Tetragnathidae, les Theridiosomatidae, les Uloboridae, par exemple, construisent des toiles orbiculaires.

Organes lyriformes : organes sensoriels, propriorécepteurs ou mécanorécepteurs selon les cas, formés d’une série de fentes parallèles bien visibles notamment près du bord distal de différents articles des membres des araignées mais présents également sur d’autres parties du corps.

Paléarctique : terme biogéographique qui englobe toute l’Europe, les régions arctiques, boréales et tempérées, l’Asie au nord de l’Himalaya et au sud jusqu’au Pakistan, le nord de l’Afrique jusqu’au Sahara, et une partie de la péninsule arabique. L’Ouest paléarctique, ou paléarctique occidental, est séparé du paléarctique oriental par l’Oural, la Caspienne et la frontière occidentale de l’Iran. (terme employé aussi comme adjectif, ex : une espèce paléarctique).

Paracymbium : structure chitinisée du tarse du pédipalpe des mâles adultes de nombreuses espèces d’araignées. Cet appendice, qui a souvent la forme d’un boomerang plus ou moins ouvert, est fixé de manière assez lâche à l’arrière du cymbium

Pattes-mâchoires : (voir pédipalpes)

Pédipalpes : ou pattes-mâchoires. C’est la 5e paire de membres des araignées. Le métatarse et le tarse y sont réunis en un seul article, le tarse. Articulés sur les lames maxillaires, ils sont dirigés vers l’avant et jouent un rôle crucial, notamment dans la trituration des proies et la perception. Chez les mâles, différents segments du pédipalpe, surtout le tarse et dans une moindre mesure le tibia, (mais aussi parfois la patella et le fémur) subissent au moment du passage à l’état adulte une transformation importante avec l’apparition de différents appendices et apophyses dont l’embolus pourvu d’un style (stylus) plus ou moins long selon les espèces et qui est l’organe de copulation.

Parmi les apophyses, on observe surtout celles qui apparaissent sur le tibia (apophyses tibiales) et celles qui sont apparentes sous le bulbe, les apophyses tégulaires (basale, médiane, distale). Chez certains auteurs, l’apophyse médiane est nommée retinaculum (voir ce mot). Voir également en fin de glossaire le dessin d’un tarse et tibia de pédipalpe vu par dessous.

Pli épigastrique : se présentant comme une ligne transversale, comme un léger bourrelet marquant la limite postérieure de l’épigastre (voir ce mot), ce pli est relativement profond et peut recouvrir l’ouverture des poumons ainsi que certains orifices de l’appareil génital.

Proclive : adjectif. (incliné vers l’avant). Se dit d’une partie du corps ou d’un organe situé dans un plan oblique et dont la partie basse est située vers l’avant.

Procurvé : dont la concavité s’ouvre vers l’avant (évoque l’image d’une parenthèse fermée par rapport à ce qui la précède). Contraire de récurvé. Cet adjectif s’emploie pour indiquer que les yeux latéraux sont situés plus en avant que les médians de la même ligne.

Prosoma : ou (céphalothorax), partie avant du corps de l’araignée résultant de la soudure de la tête et du thorax.

Récurvé : dont la concavité s’ouvre vers l’arrière (évoque l’image d’une parenthèse ouverte par rapport à ce qui la suit). Contraire de procurvé. Cet adjectif s’emploie pour indiquer que les yeux latéraux sont situés plus en arrière que les médians de la même ligne.

Retinaculum : nom donné par certains arachnologues à l’apophyse tégulaire médiane.

Scape : nom donné à une protubérance en forme de crochet qui saille du plan de l’épigyne de certaines araignées. Dirigé en général vers le bas, ce scape peut être sinueux, comme chez beaucoup d’Araneidae ou même dirigé vers le haut comme chez les Anelosimus. La longueur et la forme de ce crochet diffèrent selon les espèces mais sont constantes pour une espèce donnée et font partie des éléments de détermination.

Sciaphile : adjectif (du grec skia : ombre, prononcer skiafil) se dit d’une espèce des milieux ombragés.

Scutum : (du latin scutum : bouclier) petite plaque dure que certaines araignées présentent sur l’abdomen.

Septum : (ou saeptum, barrière, clôture), terme utilisé en anatomie pour désigner une séparation entre deux parties d’un organe. En aranéologie, il désigne la structure qui partage en deux longitudinalement, lorsque c’est le cas, la partie centrale de l’épigyne.

Serrula : mot latin signifiant « petite scie », employé par certains auteurs pour désigner une série de petites dents présentes sur les lames maxillaires de certaines espèces d’araignées.

Sigilles : points de fixation des muscles apparaissant sur le tégument sous forme de petites plaques fortement chitinisées.

Spermathèques : nom donné à des poches, au nombre de deux ou de quatre selon les espèces, faisant partie de l’appareil reproducteur des femelles d’araignées et dans lesquelles ces dernières recueillent le sperme des mâles.

Stabilimentum : sorte de « couture » de soie en zigzag que certaines araignées orbitèles ajoutent sur un diamètre de leur toile et dont la finalité est l’objet de discussions entre les arachnologues. Les toiles des genres Argiope et Cyclosa, par exemple, comportent un stabilimentum.

Strie thoracique : (voir Fovéa)

Sténoèce : se dit d’une espèce inféodée à un milieu précis. S’oppose à euryèce (voir ce ot)

Stylus : ( voir Pédipalpes)

Sulcus : mot latin signifiant sillon (plur. sulci), désigne une dépression que présentent les mâles de certaines araignées, notamment chez les Linyphiidae, située de part et d’autre du prosoma, dans la zone oculaire. Le rôle, dans l’accouplement, de cet organe relié à des glandes, a été mis en évidence d’abord par Bristowe puis récemment par G. Hormiga & al.

Synanthrope : adjectif se rapportant à une espèce associée aux habitations humaines. Certaines Tégénaires, par exemple, sont synanthropes.

Synécologie : terme désignant l’étude des relations entre une communauté d'individus d'espèces différentes et son environnement. (source : dictionnaire de l’environnement).

Tache cardiaque : motif de forme lancéolée situé sur l’abdomen à l’aplomb du cœur.

Tapetum : fin « tapis » de cellules situé derrière la rétine, qui réfléchit la lumière incidente et donne à l’œil un aspect nacré.

Thanatose : simulation de mort apparente utilisée par certains animaux et fréquemment par les araignées pour échapper à des prédateurs ou à un danger. C’est à tort que certains auteurs emploient, pour nommer ce phénomène, le mot catalepsie lequel désigne une rigidité musculaire due le plus souvent à des troubles du système nerveux.

Trachées : tubes respiratoires dont le rôle s’ajoute à celui des poumons

Trichobothries : longues soies très fines et de diamètre constant, émergeant d’une minuscule cupule sur certains segments des pattes et qui jouent un rôle important dans la perception de divers stimuli, notamment les vibrations de l’air. Leur présence et leur position sont des éléments utilisés dans les clés de détermination, surtout pour les Linyphiidae. (Le nom est féminin pour la plupart des auteurs mais masculin pour Jacques Denis).

Schéma d’un pédipalpe de mâle adulte

image

Quelques racines latines ou gréco-latines des noms d’araignées

apicatus a, um (de apex, pointe) : coiffé du bonnet des flamines. (Un flamen était un prêtre attaché à un seul des dieux de la mythologie romaine). ex : Oedothorax apicatus.

arcuatus a, um : courbé (en forme d’arc), ex : Evarcha arcuata.

arundinaceus a, um (de arundo ou harundo, roseau) : souple comme un roseau ou qui a la forme d’un roseau, ex : Dictyna arundinacea.

cautus a, um (de cauto ou caveo, être sur ses gardes) : qui est sur ses gardes, cauteleux, ex : Agyneta cauta.

concinnus a, um : Beau, élégant, charmant, ex : Centromerita concinna.

conspicuus a, um : qui s’offre à la vue, très visible, ex : Kishidaia (Poecilochroa) conspicua.

crocatus a, um : qui a la couleur du safran, ex : Dysdera crocata

cucullatus a, um (de cucullus, capuchon) : qui a un capuchon, ex : Walckenaeria cucullata.

cuspidatus a, um (de cuspido, cuspidare, rendre pointu) : qui a une forme pointue, ex : Walckenaeria cuspidata. (à rapprocher : Ebrechtella tricuspidata)

dilutus a, um : délayé, ex : Centromerus dilutus.

encarpatus a, um : (du pluriel encarpa, festons, guirlandes) : festonné, orné de guirlandes, ex : Pseudicius encarpatus.

falcatus a, um :courbé (en forme de faux), ex : Evarcha falcata.

fasciatus a, um : adjectif désignant, en latin classique, ce qui a été enveloppé avec des bandes pour former une botte, un fagot, un faisceau, un pansement etc. Il semble que les naturalistes du XVIIIe et du XIXe siècles, n’aient retenu que la référence à la bande, ce que tendraient à prouver les noms d’araignées présentant des bandes, lesquels sont construits sur cette racine : ex : Alopecosa albofasciata, Hygrolycosa rubrofasciata, Pardosa bifasciata, Phlegra fasciata, Phlegra cinereofasciata, Xysticus bifasciatus

furcillatus a, um (de furcilla, petite fourche) : qui a une forme fourchue, ex : Walckenaeria furcillata.

fimbriatus a, um (de fimbria, bord de vêtement, frange) : bordé,frangé, ex : Dolomedes fimbriatus.

hiemalis : d’hiver, ex : Erigonella hiemalis.

inconspicuus a, um (contraire de conspicuus, voir ce mot) : peu visible, qui passe inaperçu. En anglais « inconspicuous ». ex : Araniella inconspicua.

laetabundus a, um : joyeux, ex : Evarcha laetabunda.

laniger era, erum (de lana, laine) : qui porte de la laine, ex : Pseudeuophrys lanigera.

latebricola : ( de latebra, abri, cachette…) est un nom qui désignait, dans l’ancienne Rome, une personne qui fréquentait les lieux de perdition. On peut supposer que lorsqu’il décrivit Gongylidiellum latebricola (dans le genre Neriene), O. P.-Cambridge faisait allusion au fait que cette araignée vit cachée dans la mousse ou la litière.

lineatus a, um (de linea, ligne) : qui est marqué de lignes, ex : Xysticus lineatus, Oxyopes lineatus, Stemonyphantes lineatus, Larinia lineata, Arctosa fulvolineata etc.

luctator : lutteur, ex : Xysticus luctator.

luctuosus a, um : qui fait de la peine, pitoyable, ex : Xysticus luctuosus.

nemoralis : ( de nemus, bois, forêt…) des bois, des milieux boisés, ex : Zora nemoralis, Parapelecopsis nemoralis , Xerolycosa nemoralis.

nitidulus a, um : coquet, ex : Singa nitidula.

onustus a, um : qui a le ventre bien garni, replet, ex : Thomisus onustus.

patagiatus a, um (de patagium, bande, frange) : orné de franges, ex : Larinioides patagiatus, Heliophanus patagiatus.

peltatus a, um (de pelta, pelte, bouclier primitivement en cuir que portaient les Thraces et les Amazones) : armé de pelte, ex : Neriene peltata.

phaleratus a, um (de phalerae, phalères, plaques de métal brillant servant de décoration militaire) : orné(e) de phalères, ex : Asagena (Steatoda) phalerata.

phrygianus a, um : brodé d’or, ex : Pityohyphantes phrygianus.

piger gra, grum : indolent, paresseux, ex : Tmarus piger.

prominens (de prominentia, saillie) : qui s’avance, proéminent, ex : Cercidia prominens (allusion à l’avant de l’abdomen qui, chez cette araignée, s’avance au-dessus du céphalothorax)

prominulus a, um (même origine que prominens) : qui fait saillie, ex : Metopobactrus prominulus.

pronus a, um : penché, ex : Lasaeola prona (ex Dipoena prona). propinquus ou propincuus a, um : proche, voisin, ex : Salticus propinquus. pulchellus a, um : joli, ex : Anelosimus pulchellus. (à rapprocher de pulcher)

pulcher chra chrum : beau, ex : Mughiphantes pulcher, Oonops pulcher. (A rapprocher du précédent).

pumilus : n’est pas un adjectif mais le nom commun qui désigne un nain. Drassyllus pumilus. est une apposition qu’on pourrait accepter mais c’est abusivement qu’on a adjectivé le mot dans Pocadicnemis pumila ou Aculepeira armida pumila,

pusillus a, um : très petit, ex : Drassyllus pusillus, Heterotrichonchus pusillus, Minyriolus pusillus

ramosus a, um (de ramus, rameau, branche) : qui a beaucoup de rameaux, branchu, ex : Agyneta ramosa , Oxyopes ramosus.

rostratus a, um (de rostrum, bec) : recourbé en forme de bec, ex : Romphaea rostrata.

sarcinatus a, um : porteur d’une charge, chargé, ex : Notioscopus sarcinatus.

scutulatus a, um (de scutula, et non de scutum) : a de très nombreux sens parmi lesquels l’adjectif pommelé lorsqu’il s’agit d’un cheval et qui pourrait être celui qui a inspiré L. Koch pour nommer Drassus scutulatus, qui deviendra plus tard Scotophaeus scutulatus.

setiger (ou saetiger) era, erum : (de seta ou saeta, soie, poil) : hérissé de soies lorsqu’il est adjectif. ex : Haplodrassus setiger ; à rapprocher de setosus. (Lorsqu’il est un nom, saetiger désigne le sanglier).

setosus (ou saetosus) a, um : couvert de soies, ex : Taranucnus setosus.

signifer era, erum : (de signum empreinte et fero je porte) : porteur d’empreintes. ex Haplodrassus signifer

stativus a, um : qui ne bouge pas, stationnaire, ex : Styloctetor stativus

subtilis : Fin, délié, menu, ex : .Agyneta subtilis, Clubiona subtilis.

Taranucnus : est le nom qu’on donnait à Jupiter en Dalmatie à l’époque romaine. En 1884 Eugène Simon l’a choisi pour créer un genre, ex Taranucnus setosus .

tribulosus a, um (du grec tribolos, piège, chausse-trape, en latin, tribolus ou tribulus) : qui contient des pièges, difficile, ex : Heliophanus tribulosus.

truncatus a, um ( participe passé de trunco, tronquer, amputer) : tronqué, ex : Pistius truncatus, Episinus truncatus.

trux trucis : farouche, sauvage, ex : Ozyptila trux.

uliginosus : a, um (de uligo, humidité naturelle de la terre) : plein d’humidité, marécageux, ex : Pirata uliginosus.

uncinatus a, um : crochu, recourbé, ex : Dictyna uncinata.

vatius a, um : qui a les pieds tournés en dedans, ex : Misumena vatia

vittatus a, um (de vitta, bandelette, ruban) : orné d’une bandelette, ex : Anelosimus vittatus Firmicus bivittatus, Micaria albovittata.