Vincent de Paul : 1630-1660


L'action publique et la consécration

Bien que restant toute sa vie proche du parti dévot opposé à la politique extérieure de Richelieu, il reçoit l’appui du cardinal-ministre.

En effet, Vincent de Paul s’efface et met en oeuvre les décrets du Concile de Trente, ce que Richelieu lui-même avait voulu faire lorsqu’il était évêque de Luçon. Vincent de Paul conforte sa politique intérieure, sa volonté d’affirmer hautement que la religion appartient à l’Etat, et que le premier devoir de l’Eglise est de servir le Roi Très-Chrétien.

Il va jusqu’à demander à Richelieu de rétablir la paix extérieure : celui-ci répond qu’il y travaille mais n’est pas le seul acteur du conflit.

Par ses fondations, Vincent de Paul devient « Monsieur Vincent », reconnu et apprécié de tous pour sa foi profonde, sa douceur et sa modestie. Selon l’un de ses biographes, Vincent de Paul serait lui-même à l’origine de l’abandon de son patronyme par souci d’humilité.

Dans les allées du pouvoir

Autorisé à assister à l’agonie de Louis XIII, il entre au conseil de Conscience grâce à Anne d’Autriche.

Face aux immenses misères du temps – guerre avec l’Espagne (1635-1659), guerre civile (la Fronde, 1648-1652), disette et maladies – ses prêtres lazaristes et ses Filles de La Charité interviennent et soulagent plus que jamais la population dans le Nord et l’Est de la France, où les besoins matériels sont prioritaires sur le salut des âmes.

Lors du siège de Paris, Vincent de Paul recueille les réfugiés de toutes les provinces et nourrit jusqu’à 2000 pauvres par jour. Dans le Sud-Ouest davantage épargné, le rôle de ses congrégations est plutôt de convertir les protestants.

La fidélité de Vincent de Paul au clan des Gondi, ses critiques contre les grands qui trahissent leur devoir de tutelle et de protection, et sa proposition d’écarter Mazarin du pouvoir, finissent par causer sa disgrâce en 1653.

Vincent de Paul (1581-1660),
François Simon (1606-1671), Mission des Lazaristes, Paris, France

Maturité et image posthume

Agé de 72 ans et atteint d’infirmités, Vincent de Paul reste malgré tout actif, dirigeant ses disciples par lettres. Pour contrer l’influence des missionnaires des puissances protestantes (Angleterre et Hollande), il envoie ses prêtres de par le monde : îles britanniques, Pologne, Madagascar… et conçoit même des projets pour la Chine et la Cochinchine.

A Alger et à Tunis, ses missionnaires apportent du réconfort aux esclaves chrétiens et achètent souvent leur liberté.

Vincent de Paul meurt à Paris le 27 septembre 1660.

En 1729, G. Noiret1 le décrit à la fois physiquement et moralement : D’une taille moyenne, le front large, les yeux « pleins de feu » mais « d’un feu tempéré par la douceur », il avait le port grave et modeste, un air affable qui respirait la simplicité et le calme. Il était doté d’une intelligence souple. Son éloquence naturelle était étayée d’un esprit pénétrant, d’une foi qui le faisait espérer contre toute espérance, d’une piété constante et d’un amour zélé pour son prochain même lorsque celui-ci était son ennemi. Sage, modeste et circonspect, il pratiquait le détachement des réalités de ce monde et se tenait en retrait derrière la Bible qu’il citait souvent.

Tous les biographes consultés soulignent sa bonté, sa simplicité, sa droiture et sa charité.

1 Abrégé de la vie et des vertus du bienheureux Vincent de Paul, instituteur de la congrégation de la Mission et des Filles de la Charité / Gilbert Noiret. –Paris : chez Barois, 1729.