La présence des Chinois en Afrique -- Défis des Chinois diplômés de langue française dans la nouvelle ère The presence of Chinese in Africa -- Challenges of Chinese graduates in French in the new era

Jiahui Li 

https://doi.org/10.25965/trahs.2344

De nos jours, avec l’intensification des échanges entre la Chine et l’Afrique, en particulier sur le plan économique et commercial, les sociétés chinoises entreprennent de plus en plus de projets sur ce continent éloigné ; un nombre croissant de Chinois y travaillent, y compris des Chinois diplômés de langue française. Comme la voie de la coopération sino-africaine s’élargit sans cesse, l’Afrique francophone constitue ainsi un principal débouché pour les étudiants chinois diplômés de langue française. Un nombre croissant d’universités chinoises ouvrent la spécialité du français, ce qui entraîne une concurrence importante pour les diplômés en matière de travail. En outre, avec l’initiative « Ceinture et Route », la demande des talents en français devient urgente. Notre recherche se concentre sur la situation réelle et les pensées de ce groupe particulier dans des pays africains francophones. À travers des entretiens semi-directifs, les informateurs partagent avec nous leurs perceptions et expériences personnelles ainsi que les accomplissements dans des pays destinataires, en soulignant, en particulier, des défis inévitables à relever, à savoir ceux liés aux conditions de vie, à la sécurité, au travail, aux relations humaines avec les populations locales ainsi qu’à la planification future. En fait, défis et gains coexistent lorsqu’il s’agit de travailler à l’étranger, aussi faut-il saisir les opportunités que nous offre la nouvelle ère mais nous ne pouvons ignorer les difficultés auxquelles les expatriés sont confrontés. Par conséquent, l’exploration future des contre-mesures pour améliorer l’adaptation des immigrants sera d’une grande importance.

Hoy en día, con la intensificación de los intercambios entre China y África, en particular en los campos económico y comercial, las empresas chinas realizan cada vez más proyectos en este continente distante ; un número creciente de chinos trabajan allí, incluso los chinos graduados en lengua francesa. En la medida en la cooperación chino-africana se amplía constantemente, el África francófona se convierte en una salida principal para los estudiantes chinos de lengua francesa. Un número cada vez mayor de universidades chinas está abriendo la especialidad del francés, lo que crea una competencia significativa para los graduados en términos de trabajo. Además, con la iniciativa Belt and Road, la demanda de talentos en francés es cada vez más urgente. Nuestra investigación se centra en la situación real y los pensamientos de este grupo, en particular en los países africanos francófonos. Por medio de unas entrevistas semiestructuradas, los informantes comparten sus percepciones y experiencias personales, así como los logros realizados en los países receptores, destacando, en particular, los desafíos inevitables que deben cumplirse, a saber, los relacionados con las condiciones de vida, seguridad, laborales, con las poblaciones locales, así como la planificación futura. De hecho, desafíos y ganancias siempre coexisten cuando se trata de trabajar en el extranjero, así que se requiere aprovechar las oportunidades ofrecidas por la nueva era. Pero, no podemos ignorar las dificultades a las que se enfrentan los expatriados. Por lo tanto, en el futuro, será de gran importancia explorar las contramedidas destinadas a mejorar la adaptación de los inmigrantes.

Atualmente, com a intensificação do intercâmbio entre a China e a África, em particular no plano econômico e comercial, as empresas chinesas realizam cada vez mais projetos no continente distante. Um número crescente de chineses que trabalha na África, incluindo graduados em língua francesa. À medida que o caminho da cooperação sino-africana se amplia constantemente, a África de língua francesa constitui assim uma saída principal para os estudantes chineses da língua francesa. Um número crescente de universidades chinesas está abrindo a especialidade na língua francesa, o que cria uma concorrência significativa para os graduados em termos de trabalho. Além disso, com a iniciativa Belt and Road, a demanda por talentos em francês certamente se tornou urgente. Nossa pesquisa enfoca a situação real e os pensamentos desse grupo em particular nos países africanos de língua francesa. Por meio de entrevistas semiestruturadas, os informantes compartilharam conosco suas percepções e experiências pessoais, bem como as realizações nos países beneficiários, destacando, em particular, desafios inevitáveis ​​a serem enfrentados, a saber, desafios relacionados às condições de vida, segurança, no trabalho, relações humanas com populações locais e planejamento futuro. De fato, os desafios e os ganhos sempre coexistem para trabalhar no exterior ; por um lado, devemos aproveitar firmemente as oportunidades que a nova era nos oferece ; por outro, não podemos ignorar as dificuldades para as quais os expatriados enfrentam. Portanto, será de grande importância explorar contra medidas para melhorar a adaptação dos imigrantes em pesquisas futuras.

Nowadays, with the intensification of the exchanges between China and Africa, in particular in the economic and commercial spheres, the Chinese companies undertake more and more projects on the distant continent ; an increasing number of Chinese work there, including Chinese graduates in French. As the path of Sino-African cooperation widens constantly, French-speaking Africa thus constitutes a main outlet for Chinese students graduating in French. A growing number of Chinese universities are opening the major of French, which leads to significant competition for graduates in terms of work. In addition, with the “Belt and Road” initiative, the demand for French talent has certainly become urgent. Our research focuses on the real situation and the thoughts of this particular group in French-speaking African countries. Through semi-structured interviews, the informants in this study share with us their personal perceptions and experiences as well as achievements in recipient countries, and in particular highlight the unavoidable challenges to be met, namely challenges related to living conditions, safety, work, human relations with local populations as well as future planning. In fact, challenges and gains coexist when it comes to working abroad, so we must seize the opportunities that the new era offers us, but we cannot ignore the difficulties that expatriates face. Therefore, the future exploration of countermeasures to improve the adaptation of immigrants will be of great importance.

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Aperçu des relations sino-africaines

Note de bas de page 1 :

À titre d’exemple, sous la dynastie de Ming (1368-1644), l’amiral Zheng He, grand navigateur et diplomate chinois, effectue sept voyages maritimes à la découverte du monde occidental, dont quatre atteignent la côte est de l’Afrique.

L’Afrique et la Chine, en tant que berceaux de la civilisation humaine et nouvelles dynamiques du globe, ont joué un rôle essentiel dans l’Histoire et continuent, à l’heure actuelle, à s’en acquitter. Bien que ces deux continents soient éloignés l’un de l’autre sur le plan géographique, leurs échanges ont une longue histoire qui remonte à la dynastie des Han (202 avant J.C.- 220 après J.C.). À l’époque, le commerce de la soie fait principalement l’objet d’échanges économiques, d’où les fameuses « Routes de la soie » maritime et terrestre. Par la suite, la Chine a continué à multiplier des échanges économiques, politiques et culturels avec des pays africains1.

Néanmoins, à la fin de la dynastie des Ming et au début de celle des Qing (1636-1921), les gouvernements chinois se sont repliés sur eux-mêmes. De surcroît, avec la montée du colonialisme occidental, la Chine et le continent africain ont tous souffert d’une agression coloniale, les contacts fréquents entre ces deux parties se sont ainsi interrompus.

Note de bas de page 2 :

Du 18 au 24 avril 1955, les délégations gouvernementales de 29 pays et régions afro-asiatiques tiennent la Conférence Asie-Afrique à Bandung en Indonésie, qui est également appelée « Conférence de Bandung ». La conférence a principalement traité de questions liées aux intérêts communs telles que la sauvegarde de la paix, la lutte pour l’indépendance nationale et le développement de l’économie.

À la suite de la fondation de la Chine nouvelle et de l’indépendance successive des pays africains, la douloureuse expérience similaire d’avoir fait l’objet d’invasions ainsi que l’envie de se développer rapprochent la Chine et des pays africains. En avril 1955, des représentants de 29 pays et régions asiatiques et africains se réunissent à Bandung, en Indonésie, pour la célèbre « Conférence de Bandung2 », qui marque la première réunion entre dirigeants chinois et africains.

En 1956, la Chine et l’Égypte établissent officiellement des relations diplomatiques ; l’Égypte devenant le premier pays africain à établir des relations diplomatiques avec la Chine nouvelle, ce qui déclenche une vague de relations diplomatiques entre la Chine et des pays africains. Et, en 1971, avec l’appui de 26 pays africains, l’Organisation des Nations Unies reconnaît que les représentants du gouvernement de la République populaire de Chine sont les seuls représentants légaux de la Chine auprès de cette institution, en expulsant les représentants du gouvernement de Taiwan. Après 1971, la Chine a connu des réformes politiques, économiques et sociales à l’intérieur, et la coopération sino-africaine s’est centrée sur la coopération économique et commerciale à la place de la coopération politique.

Note de bas de page 3 :

Initiés en 1954 par les dirigeants de la Chine, de l’Inde et du Myanmar, et acceptés par le Conférence de Bandung, les principes sont les suivants : respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques et coexistence pacifique.

Note de bas de page 4 :

Tenue du 10 au 12 octobre 2000 à Beijing, la conférence a réuni des ministres de 44 pays africains ainsi que les représentants de 17 organisations internationales et organisations régionales africaines; elle avait pour thèmes : comment contribuer à l’instauration d’un nouvel ordre politique et économique international pour le 21e siècle et comment renforcer la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique dans le nouveau contexte.

Note de bas de page 5 :

Jusqu’à aujourd’hui, le Swaziland est le seul pays d’Afrique à ne pas avoir de relations diplomatiques avec la Chine.

Basée sur les Cinq Principes de la Coexistence pacifique3, les relations entre la Chine et différents pays africains sont parvenues à une nouvelle étape au XXIe siècle. Afin de renforcer davantage la coopération Sud-Sud entre la Chine et l’Afrique, dans le contexte de la mondialisation économique, le Forum de coopération sino-africain (FCSA) est créé en 2000, suite à la 1ère Conférence ministérielle4, dans le cadre de l’initiative conjointe de ces deux parties. Parmi les membres du forum figurent la Chine, 53 pays africains ayant établi des relations diplomatiques avec la Chine5, ainsi que la Commission de l’Union africaine. La conférence ministérielle se tenant tous les trois ans, elle présente des mesures pragmatiques visant à promouvoir la coopération sino-africaine et le développement de l’Afrique. Elle produit des résultats remarquables et fructueux.

Note de bas de page 6 :

Lors du Sommet de Beijing du FCSA, en 2018, ces 53 pays africains se sont unanimement engagés en faveur du principe d’une seule Chine et de la réunification de la Chine, en s’abstenant de développer des relations officielles avec Taiwan.

Note de bas de page 7 :

Depuis la fondation du FCSA, en octobre 2000, jusqu’en décembre 2015 où le Sommet de Johannesburg du FCSA pour la première fois a lieu sur le continent africain, les dirigeants chinois ont effectué 149 visites dans des pays africains et 379 dirigeants africains se sont rendus en Chine.

Note de bas de page 8 :

La Chine établit le rang des partenaires diplomatiques conformément aux relations bilatérales, comme un partenariat de coordination stratégique globale avec la Russie et un partenariat global stratégique avec la France. Le partenariat de coopération stratégique globale entre la Chine et l’Afrique signifie le développement tous azimuts de leurs relations; entre autres, la confiance mutuelle, la coopération économique gagnant-gagnant, les échanges culturels, l’entraide en matière de sécurité, ainsi que la solidarité et la coordination dans les affaires internationales.

Au point de vue politique, la Chine et les 53 pays africains se soutiennent sur la scène internationale, en particulier sur la question de Taiwan6. Et en adhérant au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des partenaires africains, la Chine les encourage à explorer indépendamment une voie de développement adaptée à leurs propres conditions nationales. En outre, les échanges sino-africains de haut niveau sont devenus de plus en plus fréquents7 ; lors du Sommet de Johannesburg en 2015, les relations sino-africaines s’élèvent au niveau de partenariat de coopération stratégique globale8.

Note de bas de page 9 :

« 中非关系 — 中华人民共和国外交部 », (« Relations sino-africaines - Ministère des Affaires étrangères »), <https://www.fmprc.gov.cn/web/ziliao_674904/wjs_674919/2159_674923/t9014.shtml>, consulté le 27 juillet 2019.

Note de bas de page 10 :

« 商务部研究院发布《中国与非洲经贸关系报告2010》, (« "Rapport 2010 sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique" publié par l’Institut de recherche du Ministère du Commerce »), <http://www.mofcom.gov.cn/article/ae/ai/201010/20101007187114.shtml>, consulté le 27 juillet 2019.

Note de bas de page 11 :

« 2019年中非经贸合作数据统计 », (« Statistiques de la coopération économique et commerciale sino-africaine en 2019 »),  <http://xyf.mofcom.gov.cn/article/tj/zh/202003/20200302942520.shtml>, consulté le 25 mars 2020.

En matière de commerce, il est incontestable que l’Afrique est un continent riche en ressources énergiques, agricoles etc., ce qui peut combler la pénurie chinoise de ressources. Mais, l’Afrique ne parvient pas à être autosuffisante pour le moment, aussi la Chine lui offre-t-elle des biens d’équipement et de consommation. Selon les statistiques publiées par le Ministère des Affaires étrangères, en 2002, et celui du Commerce de la Chinen en 2010, le volume des échanges sino-africains de 10,6 milliards de dollars américains en 20009 s’élevait à 91,07 milliards de dollars en 200910. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, à partir de cette année-là. En 2019, le volume des échanges Chine-Afrique était de 208,7 milliards de dollars américains, soit une augmentation de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Les exportations chinoises vers l’Afrique ont été d’environ 113,2 milliards de dollars, et les importations en provenance d’Afrique, d’environ 95,5 milliards de dollars11.

Note de bas de page 12 :

中华人民共和国商务部, 国家统计局 et 国家外汇管理局. (2018). 2017年度中国对外直接投资统计公报. 中国统计出版社, 96.
(Ministère du Commerce de la République populaire de Chine, le Bureau National des Statistiques et l’Administration Nationale des Changes. (2018). 2017 Statistical Bulletin of China’s Outward Foreign Direct Investment. Beijing: China Statistics Press, 96.)

Note de bas de page 13 :

Idem, p. 104.

Concernant les investissements chinois en Afrique, selon le 2017 Statistical Bulletin of China’s Outward Foreign Direct Investment, en 2017, l’investissement chinois en Afrique a atteint 4,1 milliards de dollars, soit une augmentation de 70,8 % en un an, représentant 2,6 % du total des investissements directs étrangers12. Et jusqu’à la fin de 2017, le stock des investissements directs à l’étranger (IDE) sortant de la Chine vers l’Afrique s’élevait à 43,3 milliards de dollars, soit 2,4 % du total13. Ces investissements se sont concentrés principalement sur cinq industries :

Note de bas de page 14 :

Ibidem, p. 111.

Tableau  : cinq industries du stock des IDE sortant de Chine sur le continent africain jusqu’à la fin 201714

Industrie

Stock

(milliards de dollars américains)

Part ( %)

Construction

12,88

29,8

Mines

9,76

22,5

Services financiers

6,08

14,0

Fabrication

5,71

13,2

Location et services aux entreprises

2,31

5,3

Sous-total

36,74

84,8

Note de bas de page 15 :

Ibidem, p. 131.

Note de bas de page 16 :

« 2019年中非经贸合作数据统计 », (« Statistiques de la coopération économique et commerciale sino-africaine en 2019 »),  <http://xyf.mofcom.gov.cn/article/tj/zh/202003/20200302942520.shtml>, consulté le 25 mars 2020.

Nous pouvons révéler à partir de ce tableau que la construction d’infrastructures constitue la priorité de la Chine en Afrique. D’ailleurs, jusqu’à la fin de 2017, plus de 3 400 entreprises étrangères venant de Chine se sont installés en Afrique15 ; elles ont créé des emplois pour les marchés locaux et aident des pays africains à accélérer leur industrialisation, à travers la transmission de la technique et de la technologie. En 2019, l’investissement direct chinois dans l’ensemble de l’industrie africaine était de 3 milliards de dollars ; les entreprises chinoises ont signé de nouveaux contrats forfaitaires de travaux pour une valeur de 55,9 milliards de dollars avec l’Afrique16.

La coopération sino-africaine se retrouve également dans d’autres secteurs, tels que la culture, la médecine, le tourisme, l’agriculture, la construction d’infrastructures, la formation des talents ainsi que le maintien de la paix. Bref, en s’inspirant de l’esprit d’une coopération gagnant-gagnant, la Chine et l’Afrique comblent leurs lacunes réciproques et s’aident mutuellement dans le but de réaliser un développement commun, dans la complémentarité. Il est indéniable que la Chine a apporté des ressources capitales, des investissements et des techniques en Afrique ; cette dernière, qui en est à ses premiers stades de croissance, devrait faire bon usage de la Chine pour promouvoir son propre développement en transformant son atout de matières premières, en d’autres avantages.

Diplômés chinois en langue française vers le continent africain

Les relations entre la Chine et l’Afrique influent sur le développement tous azimuts des deux parties et poussent aux échanges et à la mobilité des peuples. Il existe un grand nombre de Chinois en Afrique mais, notre recherche porte sur un groupe particulier – diplômés chinois en langue française.

Note de bas de page 17 :

Jusqu’en 2017, quelque 150 universités chinoises disposent d’un département de français. Source : http://french.people.com.cn/Culture/n3/2017/0301/c31358-9183998.html, consulté le 11 octobre 2018.

L’essor des relations sino-africaines a besoin des talents forts en langues étrangères. Comme l’Afrique francophone possède la langue française en partage et constitue une partie importante du continent africain, les talents chinois qui parlent le français y sont très demandés. Bien qu’il existe de nombreux pays anglophones en Afrique, les apprenants en langue française font l’objet d’une demande plus forte que ceux de langue anglaise : l’anglais est une discipline obligatoire dans les écoles chinoises, aussi les chinois francophones maîtrisent peu ou prou l’anglais. Ainsi, la voie élargie de la coopération sino-africaine a-t-elle non seulement concourue à l’explosion des départements chinois de français dans les universités17, mais a créé, aussi, un climat propice à la recherche du travail, pour les nouveaux diplômés des départements de français :

En effet, les échanges croissants avec l’Afrique stimulent grandement la demande de diplômés en français. Travailler comme interprète ou traducteur dans des sociétés chinoises présentes en Afrique constitue un des principaux débouchés professionnels pour les étudiants en français. (Zhang Li, 2018 : 7)

Alors en définitive, combien de diplômés chinois en langue française ont choisi de s’aventurer en Afrique ? Nous prenons à titre d’exemple les statistiques de Mme. Gao, enseignante chinoise de français : de 2013 à 2015, le nombre de diplômés de français de l’Université des sciences et technologies du Hebei et l’Université géologique du Hebei, ayant travaillé dans des entreprises installées en Afrique, représentait environ 44 %, 42 % et 41 % parmi les 91, 89, 78 diplômés (Yiyun Gao, 2016 : 121).

Pour notre recherche, nous nous sommes également renseignée auprès d’une enseignante et d’une étudiante de la promotion 2019, des universités de Guangzhou (au Sud de la Chine) et de Gansu (au Nord-Ouest de la Chine) (Voir tableau ci-dessous).

Tableau  : Comparaison entre 2 universités sur le nombre de diplômés ayant choisi de travailler en Afrique, en 2019

Université

Ville

Nombre de diplômés de français

Nombre de diplômés ayant choisi de travailler en Afrique

Pourcentage

Université 1

Guangzhou

(au Sud de la Chine)

environ 50

1-2

2 %-4 %

Université 2

Gansu

(au Nord-Ouest de la Chine)

moins de 50

18-20

36 %-40 %

Note de bas de page 18 :

Les entretiens avec l’auteure se sont déroulés en juin 2019 via le WeChat (application mobile comme Facebook).

Source : extraits des entretiens auprès d’une enseignante et d’une étudiante18

Si nous considérons ces chiffres, nous constatons que le nombre de diplômés en français dans les deux établissements est presque similaire, mais le ratio de diplômés envoyés en Afrique varie énormément. Selon l’enseignante de l’université 1, cela a quelque chose à voir avec l’université et en particulier avec la ville. Elle nous a expliqué que, par exemple, dans la province du Guangdong (dont la capitale est Guangzhou ou Canton), la population locale ne veut pas sortir de la province, sans parler de l’expatriation en Afrique, et dans sa classe, presque aucun étudiant ne vient d’autres provinces.

Nous avons mené une pré-enquête, en juin 2019, au moyen d’un questionnaire, auprès de 86 étudiants issus de 5 départements de français répartis dans les provinces du Guangdong, du Hunan, du Hubei, du Shaanxi et du Gansu. Parmi ces étudiants de cycles universitaires différents, 52 étaient diplômés en 2019 et 30 avaient trouvé un travail. 16 des 30 diplômés étaient sur le point de partir pour l’Afrique ou y étaient déjà arrivés, dont 7 hommes et 9 femmes.

Nous avons réalisé une comparaison parmi ces 30 diplômés ayant trouvé un travail. Il y a en effet beaucoup d’opportunités en Afrique et le travail y est bien rémunéré. Dans le tableau suivant, X représente les réponses à la question : « Travaillerez-vous bientôt en Afrique ? », Y : » Votre salaire mensuel sera : (yuan) » :

Tableau  : Comparaison salariale des répondants

X\Y

<5000

5000-10000

10000-15000

15000-20000

>20000

Effectif

Oui

0(0.00 %)

1(6.25 %)

11(68.75 %)

4(25 %)

0(0.00 %)

16

Non

7(50 %)

6(42.86 %)

1(7.14 %)

0(0.00 %)

0(0.00 %)

14

Note de bas de page 19 :

Le questionnaire conçu par l’auteure a servi de pré-enquête de cette recherche.

Source : extraits des réponses du questionnaire « Enquête sur l’intention de travailler en Afrique auprès des étudiants chinois spécialisés en français »19

Nous pouvons voir clairement l’écart de salaires. En effet, la spécialité du français figure parmi les spécialités les plus rémunérées ; il est donc probable que les emplois en Afrique offrent des salaires élevés pour les étudiants de français. Mais, même s’ils peuvent toucher un salaire élevé, dans notre recherche, les enquêtés qui ne veulent pas travailler en Afrique sont beaucoup plus nombreux que ceux qui veulent y aller. Par manque de compréhension et en raison de la distance, la population chinoise a encore des stéréotypes sur l’Afrique, et selon nos enquêtés il existe bon nombre de défis difficiles à surmonter, tels que la sécurité, la nostalgie, les inquiétudes pour l’avenir après le retour en Chine, ainsi que la peur de l’inadaptation aux conditions difficiles dans les pays pauvres.

Note de bas de page 20 :

Les entretiens ont duré en moyenne 70 minutes, via 5 modes, conformément à la volonté des informateurs ou à leur état de connexion à Internet : appel vidéo, appel audio, appel téléphonique, message vocal et message écrit.

En vue de mieux comprendre la réalité en Afrique, nous avons mené des entretiens semi-directifs20 auprès de Chinois diplômés de langue française, en Afrique. À travers les discours de nos informateurs travaillant ou ayant travaillant dans différents pays africains, nous avons appris leurs motivations pour se rendre en Afrique, leur vie quotidienne sur le continent, les acquis et, en particulier, les défis auxquels ils sont confrontés.

Profil des informateurs

Il existe de nombreux Chinois qui parlent le français en Afrique, vu que le nombre de personnes à interroger est limité, nous avons interviewé 6 personnes au total en suivant le principe de saturation de l’information ; 3 d’entre elles ne se trouvaient plus sur le continent africain en mars 2019, lorsque nous avons commencé notre enquête. Elles travaillent ou ont travaillé dans différents pays francophones. Ce qui suit, ce sont des éléments extraits des entretiens et concernant le profil sociodémographique des acteurs étudiés. (Nous avons utilisé A pour désigner l’auteur, et B, C, D, E, F, G pour représenter nos informateurs sous le principe de l’anonymat).

Tableau  : Profil sociodémographique des informateurs

Note de bas de page 21 :

Il s’agit d’une entreprise pétrolière qui construit aussi des routes au Niger.

Genre

Pays destinataire et durée

Profession

Secteur d’activités

Informateur B

Femme

Mauritanie

(une semaine de mission)

Côte d’Ivoire

(un mois de mission)

Tunisie (fin 2017-09.2018)

Algérie (03.2019-05.2019)

Madagascar (06.2019-présent)

Interprète

Construction de bâtiment (Tunisie)

Construction routière

(Madagascar)

Informateur C

Homme

Djibouti (08.2017-04.2018)

Algérie (12.2018-présent)

Interprète

Construction de parking (Djibouti)

Construction de bâtiment (Algérie)

Informateur D

Femme

Ghana

(une semaine de mission)

Algérie

(une semaine de mission)

Gabon (02.2016-02.2017)

Mauritanie

(19 mois dès 2017)

Sénégal (06.2019-présent)

Interprète (Gabon)

Chargée de coordination externe

(Mauritanie)

Chargée de développer des marchés (Sénégal)

Énergie électrique

(Ghana, Algérie)

Construction (Gabon, Mauritanie, Sénégal)

Informateur E

Femme

Algérie (11.2013-08.2015)

Maroc (07.2018-09.2018, 12.2018-02.2019)

Interprète

Construction (Algérie)

Mécanique (Maroc)

Informateur F

Homme

Niger (10 mois durant 12.2013-02.2015)

Gabon (8 mois durant 07.2015-10.2016)

Algérie (5 mois durant 01.2017-08.2017)

Interprète et Chargé de gestion des employés locaux (Niger)

Interprète

(Gabon, Algérie)

Concassage des pierres et construction routière21 (Niger)

Construction (Gabon)

Construction d’une usine sidérurgique

(Algérie)

Informateur G

Femme

Cameroun (04.2017-04.2019)

Chargée de dédouanement

Construction des ponts et chaussées

Au total, 12 pays d’Afrique francophone et un nombre de villes sont concernés dans cette recherche ; entre autres, Sfax (Tunisie), Antananarivo (Madagascar), Nouakchott (Mauritanie), Djibouti (Djibouti), Oyem (Gabon), Mohammedia (Maroc), Diffa (Niger), Abidjan (Côte d’Ivoire), Douala (Cameroun), Dakar (Sénégal), Alger, El Oued, Bellara (Algérie). Expatriés dans ces villes africaines, nos informateurs ont obtenu des réalisations et se sont également heurtés à des difficultés.

Leurs acquis présentent de nombreuses similitudes. En premier lieu, leur niveau de langue française s’est accru dans l’environnement francophone. En deuxième lieu, sous la pression extérieure, ils ont rapidement gagné en maturité, et leurs capacités à s’adapter et à traiter des problèmes deviennent de plus en plus fortes, puisqu’ils ne servent pas que d’interprètes dans le cadre de leur travail. En troisième lieu, en touchant un salaire relativement élevé, ils sont plus indépendants sur le plan économique, et peuvent faire des efforts moins longtemps que d’autres. Selon D., quoique l’environnement soit difficile, le revenu est plus stable et pour une très grande part il peut être épargné. Tandis qu’en Chine, les différents types de consommation tels que la nourriture, la location et les divertissements, ne permettent pas d’économiser beaucoup d’argent. De toute façon, la pression du travail et de l’économie est moins forte en Afrique.

En quatrième lieu, ils ont découvert différents paysages, environnements, cultures, populations, modes de penser que les Chinois ne peuvent pas voir et expérimenter. Il en ressort qu’ils disposent davantage de sujets dont ils peuvent parler et que leurs horizons sont plus élargis. Et les impacts de ces expériences dans des pays africains sur eux-mêmes sont également considérables sur leurs pensées et comportements.

En dernier lieu, B. nous a révélé que son expérience en Afrique et la rencontre de personnes différentes l’ont aidée à mieux comprendre la vie future de même que C., à savoir plus clairement ce qu’elle veut ; cela lui a permis d’avoir un plus grand sens des responsabilités face aux relations amoureuses et à la famille. C. qui souffrait de dépression a dû apprendre à relativiser au vu des vives souffrances humaines dont pâtissent les habitants, en particulier à Djibouti, où les familles font, malgré tout, preuve de vitalité et de joie, ce qui a touché son cœur.

Par contre, chaque personne est aussi confrontée à des défis différents, tels que le stress, la cuisine insatisfaisante, le paludisme qui nuit à la santé, la séparation d’avec la famille et la copine ou le copain, des inadaptations au développement rapide en Chine au retour de l’Afrique. Ces défis sont aussi une expérience de la vie. Bien qu’ils soient parfois douloureux, nous les présenterons en détail dans la partie suivante. En fin de compte, quels que soient leur travail et leur vie quodienne, ou les défis qu’ils ont rencontrés, ils ont beaucoup gagné sur le continent.

Défis de nos informateurs

Selon nos informateurs, avant leur arrivée en Afrique, ils avaient peu d’informations sur leur pays destinataire ; les connaissances de certains étaient limitées parfois à la recherche de renseignements sur Internet. Prenons, par exemple, l’informatrice E. partie en Algérie en 2013,. D’une part, elle voulait pratiquer la langue française, car si les personnes spécialisées en langue ne s’exercent pas pendant un long moment dans l’environnement linguistique, elles seront moins qualifiées et, d’autre part, elle a pu toucher un salaire élevé et gagner de l’argent.

Note de bas de page 22 :

L’entretien avec l’auteure s’est passé en juin 2019 par appel vidéo et message vocal.

En fait, je ne savais pas grand-chose, surtout sur l’Algérie, je ne savais rien du tout, je l’ai apprise après mon arrivée. Alors pour le Maroc, je savais seulement qu’il est un peu plus riche que l’Algérie, mais pour les autres, je ne savais pas. Je ne savais rien de la ville ou de la capitale, je l’ai aussi appris après y être allée. Il se pouvait que le climat soit relativement familier, je savais qu’il y a le désert du Sahara au sud, des océans au nord et à l’ouest. Je l’ai appris durant les études de la géographie au lycée, donc c’est la seule chose que je connaissais un peu.22

La première fois qu’ils pénètrent dans ce continent éloigné où tout leur est inconnu, après leur arrivée dans les pays destinataires, comme l’informateur F. l’a manifesté, il y a nécessairement des « chocs ». Mais quels sont ces défis les attendent ?

1. Défis liés aux conditions de vie

Il existe véritablement de nombreuses différences entre la Chine et les pays africains, tels que les conditions géographiques, le niveau de développement, les habitudes de vie, etc. Il se peut que nos informateurs aient vu des paysages que nous ne pouvons pas admirer de notre vivant, mais ils ont également vécu une vie que nous ne pouvions pas imaginer.

Note de bas de page 23 :

L’entretien avec l’auteure s’est passé en juillet 2019 par appel audio et appel téléphonique.

Ils ont vécu dans 12 pays africains et les conditions de certaines villes sont considérablement difficiles. Par exemple, l’informateur C., qui voulait s’éloigner des villes et de la Chine - raison pour laquelle il a choisi de travailler en Afrique, raconte : » J’estimais qu’il est préférable de venir en Afrique qui est par exemple plus naturel. Cependant, l’environnement est trop mauvais à Djibouti et les habitants sont très pauvres avec la pénurie alimentaire23 ». D’après lui, le cuisinier cuisinait très mal, aussi a-t-il perdu beaucoup de poids et souffert de dysenterie. En fait, ajoute t-il,

Note de bas de page 24 :

L’entretien avec l’auteure s’est passé en juillet 2019 par appel audio et appel téléphonique.

avec un climat désertique tropical, il n’y a presque pas de légumes dans le pays. Les légumes sont ainsi tous importés et sont bien chers et dans un choix très limité, les plats se répétaient tous les jours. D’ailleurs, il y fait vraiment chaud en été, et l’eau courante est si brûlante qu’il faut attendre jusqu’à la nuit profonde pour prendre une douche.24

Finalement, par peur d’attraper des maladies comme le paludisme, il est parti en Algérie où il se trouve actuellement où les conditions climatiues et alimentaires sont plus agréables et la nourriture plus copieuse qu’à Djibouti.

Et quant à l’informatrice D., en tant que diplômée spécialisée en français, n’ayant pas trouvé d’emploi approprié en Chine, au bout d’un an, elle a finalement décidé de venir en Afrique au début de 2016. Elle nous explique : 

Note de bas de page 25 :

L’entretien avec l’auteure s’est passé en juillet 2019 par appel audio.

Il y a au moins un espace pour se valoriser en Afrique, sinon en Chine on ne peut que changer de profession. On a déjà appris cette spécialité, et si on n’effectue pas un travail en cette matière, on n’a aucun avantage concurrentiel avec d’autres personnes.25

Note de bas de page 26 :

Oyem est une ville située au Nord du Gabon, où ont eu lieu des matchs de la Coupe d’Afrique des nations de football, en 2017. D. et F. y ont travaillé au projet de la construction du stade pour cet événement.

Elle travaille toujours pour la même entreprise tout en ayant résidé dans trois pays différents, à savoir le Gabon, le Mauritanie et le Sénégal. Lors de sa participation au premier projet, elle a beaucoup chéri le poste et travaillé dur quoique les conditions à Oyem26 aient été difficiles. Comme il s’agit d’un climat équatorial, il fait chaud et humide, il y a beaucoup d’insectes et des maladies comme le paludisme, dont les gens souffrent souvent. De surcroît, les conditions de vie sur le chantier étaient très mauvaises.

Après avoir quitté le Gabon, D. est ensuite arrivée en Mauritanie où les conditions de vie étaient particulièrement difficiles, les infrastructures moins bonnes qu’au Gabon et sans aucun centre commercial. Par ailleurs, comme c’est un pays musulman, il n’y a ni porc ni vin ( boire du vin étant illégal), ce qui est très pénible pour les Chinois. Toutefois, D. préfère ce pays, bien que les conditions soient assez difficiles ; l’attitude de la population à l’égard des Chinois est amicale et c’est un pays assez sûr. En revanche, pour B., la Mauritanie a été le pays le plus pauvre où elle s’est rendue.

Selon F., c’est le Niger qui est le pays le plus pauvre de tous. Son PIB par habitant se classe chaque année parmi les trois derniers au monde. Le pays, vaste et peu peuplé (désert du Sahara), fait que la connexion internet y est extrêmement faible, mais le peuple est vraiment honnête et simple.

Fondamentalement, nos informateurs ne dépensent pas d’argent en Afrique ; l’entreprise s’occupe de tout, y compris du logement, de la restauration et des articles d’usage courant. En matière de logement, dans l’ensemble, l’environnement de l’habitat de nos informateurs est acceptable. Il y a, entre autres, des conteneurs rénovés, des abris préfabriqués sur le chantier, de petites villas, des appartements de grande classe et des dortoirs construits par l’entreprise elle-même.

Note de bas de page 27 :

Ce sont des extraits venant des entretiens avec nos informateurs.

Quoique l’aspect extérieur de l’abri de chantier soit peu engageant, les conditions intérieures sont convenables grâce aux climatiseurs, chauffe-eaux, etc27. Par contre, F. a ajouté que les conditions extérieures au Niger étant très mauvaises, la société a tenté d’améliorer leur environnement en leur fournissant un conteneur rénové, relativement confortable avec des planchers en bois, des fenêtres, des climatiseurs, des rideaux, etc. Mais, sauf cas particuliers, les informateurs ont été bien logés dans leurs pays destinataires.

Pour ce qui est de la restauration, généralement, les entreprises chinoises disposent de cuisiniers chinois ; certaines ont même leurs propres potagers. Dans l’ensemble, la plupart des informateurs sont satisfaits des conditions alimentaires. De plus, il y a bon nombre de restaurants chinois et occidentaux dans les pays destinataires.

Note de bas de page 28 :

Villes telles que Oyem au Gabon, Diffa au Niger et Djibouti à Djibouti.

Toutefois, certains pays et villes africains, très pauvres, font que les Chinois qui y résident connaissent une situation difficile et, ce, même si les entreprises chinoises s’efforcent de créer un bon cadre de vie et de travail pour leurs ressortissants ; l’environnement extérieur hostile de certaines villes28 est inévitable, en particulier lorsque un grand nombre de Chinois est engagé dans le domaine de la construction.

2. Défis sécuritaires

L’insécurité est la première impression ressentie par les Chinois à l’égard des pays africains. Ce sentiment est engendré par l’histoire et les actualités télévisées projetées en Chine qui font que les Chinois diplômés se refusent à travailler en Afrique. Notre informatrice B. raconte :

Note de bas de page 29 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

Au début, je n’avais probablement pas pensé à travailler en Afrique, j’ai travaillé en Chine, puis progressivement j’ai mieux compris l’Afrique et j’ai senti qu’elle n’était pas aussi dangereuse que je le pensais.29

F. pour sa part, avant son arrivée en Afrique, a longtemps été tiraillé entre la peur du danger et le désir de nouveaux horizons. Il nous explique :

Note de bas de page 30 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juin 2019 via appel audio.

En fait, j’étais très inquiet avant de m’expatrier au Niger pour la première fois en 2013. Il existait de nombreuses raisons qui m’empêchaient de m’y rendre, notamment des dangers dont les gens parlent, comme des maladies infectieuses et des guerres. J’y suis allé finalement, parce que j’ai éprouvé des aspirations dans mon cœur. Après tout, c’est l’autre bout du monde avec des pays, des langues et des choses totalement différents. C’était toujours un peu attractif et enfin j’y suis allé.30

Note de bas de page 31 :

En 1979, la Chine a mis en œuvre la politique d’« un enfant par couple  » ou de « l’enfant unique » pour contrôler la croissance démographique; à partir de 2016, tous les couples chinois sont autorisés à avoir deux enfants.

Note de bas de page 32 :

Des pays tels que la Libye et le Soudan du Sud qui ont connu des guerres ces dernières années, et ceux qui sont menacés par le terrorisme comme la Somalie et le Nigéria.

F. nous signale aussi que certains parents disent à leur enfant : « l’Afrique est trop dangereuse, tu es le seul enfant31, tu ne devrais pas y aller ». Il est vrai que travailler en Afrique n’est pas seulement un défi pour des diplômés chinois, mais aussi pour leurs parents qui s’inquiètent de leur sécurité et santé. Cependant, l’attitude de leur famille n’a pas empêché nos informateurs de s’aventurer en Afrique, même si, dans certains pays32, la danger existe réellement.

Toujours selon nos informateurs, leurs sorties dépendent de la permission que leur octroie l’entreprise et de la situation sécuritaire du pays destinataire. Dans certains pays ou villes relativement sûrs, ils sont libres de sortir, comme en Mauritanie, au Maroc, à Djibouti et à Douala. D. et E. ont pu sortir dans la rue, le soir, dans les deux premiers pays sans aucun souci. C. a habité à côté du palais présidentiel à Djibouti ; en conséquence, les pillages étaient rares. G. est souvent allée à Douala pour son travail. Selon elle, la ville n’était pas particulièrement dangereuse mais il y avait parfois des braquages et des vols.

De façon générale, les entreprises qui les emploient autorisent nos informateurs à sortir librement, tout en étant très prudents. En revanche, en Tunisie ou à Madagascar commente B., il faut demander à l’avance l’approbation des instances supérieures, et au moins trois personnes doivent être réunies pour sortir et une voiture est mise à leur disposition.

C’est au Niger où l’insécurité a été la plus forte. Selon F., les camps où ils vivaient étaient entourés par des camps de militaires ; les ouvriers devaient être accompagnés de soldats équipés d’AK-47 lors de l’exécution des travaux. Le projet sur lequel ils travaillaient a finalement été retiré et la construction des routes arrêtée à cause des menaces émanant de l’organisation Boko Haram :

Note de bas de page 33 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juin 2019 via appel audio.

Elle nous a envoyé plusieurs fois des lettres de menace, et finalement, notre siège a pris la décision de retirer tout notre projet. À ce moment-là, en raison des contraintes de temps, toutes sortes de véhicules, y compris les grues, les excavatrices, les voitures et les camionnettes, se sont mis en une ligne de 1,6 kilomètre, et dirigés rapidement du bord du désert jusqu’au centre du désert, où notre entreprise exploitait du pétrole. Plus tard, nous sommes finalement rentrés en Chine en avion. Cette grande retraite est vraiment spectaculaire. Il me semble que depuis le retrait du projet jusqu’à présent, la construction de la route arrêtée n’a pas repris.33

Note de bas de page 34 :

C’est une division administrative de l’Algérie, qui correspond à la province.

À cela, F. a ajouté que même en Algérie, des gendarmes ont été envoyés lors des sorties pour protéger les employés, parce qu’il y avait des terroristes dans des wilayas34 montagneuses et sensibles.

En fin de compte, la situation en matière de sécurité est différente selon les pays et les villes. D. précise qu’ils n’étaient pas autorisés à sortir à leur guise, ou bien eux-mêmes n’osaient pas le faire, d’où le sentiment d’« être en prison ». En règle générale, il existe des sociétés de sécurité locales ou des forces armées qui, durant le projet mené par l’entreprise chinoise, assurent la sécurité. Toutefois, pour mieux se protéger, il est recommandé de sortir le moins possible ; il n’est pas conseillé de sortir tout seul, en particulier pour les femmes, car les femmes asiatiques sont vite remarquées dans la rue, ce qui dans une certaine mesure, limite les activités récréatives des employés et leurs échanges avec les populations locales.

3. Défis liés aux activités professionnelles

La plupart de nos informateurs s’impliquent dans le domaine de la construction et servent d’interprètes. Il est inévitable qu’ils rencontrent des défis et des frustrations au travail, comme le stress, le manque de motivation et la divergence avec d’autres collègues.

En général, la pression du travail en Afrique n’est pas très forte, sauf à l’arrivée, parce que tout est inconnu : l’environnement, le personnel de l’entreprise, le contenu du travail et en particulier le vocabulaire professionnel qui doit être pratiqué. B. déclare que :

Note de bas de page 35 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

De nos jours, pour les diplômés de français, le marché de l’emploi dans le secteur de l’ingénierie et de la construction est relativement vaste, mais nous n’avions pas appris ces choses lorsque nous étions à l’université, j’étais complètement ignorante au début du travail. Fondamentalement, ce que nous avons acquis à l’université avait plutôt trait à la littérature. Je ne sais pas si d’autres universités ont ouvert des cours de français liés à l’ingénierie, mais nous n’en avons pas eu dans la mienne, et la demande en cette matière est en réalité assez importante.35

Pour l’instant, l’enseignement chinois du français met l’accent plutôt sur la littérature française, la culture et la linguistique sans prendre beaucoup en considération le besoin de cette partie des diplômés.

Au surplus, comme l’a indiqué F., toutes les fois où il est allé en Afrique, le défi de l’utilisation de la langue française au travail était chaque fois plus grand. Il a passé beaucoup de temps et d’énergie à apprendre par cœur des dictionnaires, à essayer de parler avec les autochtones de manière à améliorer ses compétences, ce qui lui a aussi permis de comprendre mieux l’industrie de la construction. Nos informateurs ont également mentionné que les accents du français dans les pays africains sont très différents de ce qu’on leur a enseigné, si bien qu’il leur semble qu’ils n’ont jamais appris cette langue. Bien qu’ils soient issus de départements de français, il leur reste encore beaucoup à apprendre et s’adapter, dès leur arrivée et au plus vite, aux accents locaux et aux habitudes linguistiques.

Au bout de deux mois de travail intense, nos informateurs finissent par se familiariser à toutes ces différences. G. a même avoué « s’ennuyer » au Cameroun. À Djibouti, C. s’est beaucoup ennuyé lui aussi ; il a très peu travaillé, avait beaucoup de temps libre et ne progressant pas, manquait de motivation. Contrairement à F., qui n’a pas eu un seul jour de repos lorsqu’il a travaillé au Niger et au Gabon parce que le temps imparti pour la réalisation des projets était très court. En Tunisie, B raconte :

Note de bas de page 36 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

je travaillais pour un projet de construction, j’étais essentiellement sur le chantier, donc je travaillais sept jours sur sept, soit 30 jours par mois presque sans repos. Et je devais attendre l’ordre presque durant 24 heures, j’étais particulièrement fatiguée.36

Cela s’explique par le fait que, la seule à savoir parler le français sur l’ensemble du projet - un travail très intense -, il lui fallait s’occuper de tout, mais, en même temps, cela lui conférait une certaine supériorité puisque sa compétence linguistique était unique. Dans l’ensemble, et bien que mes informateurs disposent de moins de jours de repos au travail, ils ont droit à des congés annuels, une ou deux fois par an d’une durée de 30 jours, environ, à chaque fois.

De façon générale, travailler à l’étranger n’est pas aussi difficile qu’on se l’imagine ; cela reste une opportunité pour acquérir et enrichir son expérience, mieux élargir ses horizons et améliorer ses capacités. Mais les défis au travail sont également inévitables, surtout lorsqu’on est seul à l’étranger, sans famille ni amis ; les problèmes sont facilement amplifiés, il faut alors être courageux et ajuster l’état d’esprit au contexte environnant.

4. Défis en matière de relations sociales avec les locaux

Note de bas de page 37 :

L’entretien avec l’auteure s’est passé en juillet 2019 par appel audio et appel téléphonique.

Dans leur ouvrage La Présence chinoise en Afrique francophone, les chercheurs francophones Mbabia, O., Wassouni, F., et Gazibo, M. signalent « […] les Chinois de la récente vague de migration, contrairement à leurs compatriotes au début du XXe siècle, ont un problème d’intégration » (2018 : 51). Il est de fait que, si l’on s’en réfère aux propos de nos informateurs, leurs relations avec la population locale sont peu fréquentes et restreintes au travail ou à de courtes communications. Pourtant, tous expriment leur désir de connaître des coutumes locales, de s’intégrer dans des cercles locaux en se faisant des amis au sein de la population. Bien plus, C. par exemple espère y rencontrer l’amour. Lorsque nous lui avons demandé combien de temps il compte rester en Algérie, il a répondu : » Je ne sais pas, ça dépend. Si je me marie avec une femme locale, je vais rester plus longtemps, sinon je vais rester moins longtemps.37 »

Néanmoins, les contacts sont très difficiles. B. et C. nous ont raconté qu’ils ont été rarement invités à prendre un repas chez un local. D. a exprimé qu’elle ne savait pas comment se lier d’amitié avec les habitants locaux. De surcroît, E. a expliqué qu’il leur fallait, parfois, apprendre des dialectes pour communiquer avec des habitants locaux qui ne parlent pas le français.

Côté africain, les opinions sont très partagées envers les Chinois, ce qui exerce également une influence sur les échanges. Aux questions que nous posons à nos informateurs sur l’attitude et l’impression des populations locales des pays destinataires à l’égard des Chinois résidant dans leur pays, C. nous répond que les Algériens âgés plus de 40 ans sont très amicaux avec la Chine car, pour eux, ce pays a été le premier pays à soutenir l’Algérie, lors de son indépendance. Les Mauritaniens, quant à eux, pensent que les Chinois viennent les aider à développer leur économie, aussi, en général, leur attitude envers les Chinois est plutôt amicale. Par contre, D. n’a pas le même ressenti et considère que les Africains ne sont pas très amicaux envers les Chinois :

Note de bas de page 38 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

L’attitude des gens là-bas est ordinaire envers les Chinois, pas comme vous le pensez : nous sommes tellement bienveillants envers les frères africains et ils éprouvent un sentiment tellement profond envers les Chinois. Mon premier pays destinataire d’Afrique m’a donné l’impression que dans de nombreux cas, ce sont juste des vœux pieux de notre part. Les gens ne sont pas très amicaux avec les Chinois, pas aussi amicaux que nous le pensons.38

Par ailleurs, pour certains Africains, les Chinois vendent des produits bon marché et de mauvaise qualité dans leur pays, gagnent de l’argent au détriment de leur environnement, et volent leur emploi. G. mentionne que les Chinois sont moins respectés que les Européens.

Pour nos informateurs, cela s’explique par le fait que les Chinois vivent si éloignés des Africains que ces derniers n’ont pas beaucoup d’impressions sur les premiers du fait de de cette méconnaissance. L’importance des échanges économiques entre les Chinois et les Africains fait que de nombreux travailleurs locaux sont recrutés par les entreprises chinoises, ce qui occasionne maintes frictions entre les deux peuples et renforce la mauvaise impression que les populations locales ont des Chinois.

Enfin, il convient de noter que les problèmes de sécurité et les sorties restreintes sont également des facteurs majeurs affectant la communication avec les locaux. Nos informateurs, en tant que passerelles facilitant les échanges entre les populations chinoises et africaines francophones, n’ont pu, malgré tout, communiquer en profondeur avec les populations locales – c’est encore plus difficile lorsque les Chinois ne parlent pas français -, ce qui ne favorise pas la compréhension mutuelle, l’élimination de certains préjugés et stéréotypes entre les populations.

5. Défis pour l’avenir

De nombreux diplômés de français viennent travailler en Afrique ; la plupart d’entre eux sont engagés dans la traduction d’ingénierie, mais en fait, à leur retour, en Chine, leur expérience est difficile à prendre en compte pour retrouver un nouvel emploi. La planification future de leur carrière représente donc un grand défi à relever pour ceux qui ont choisi/choisissent de travailler sur le continent africain.

Aux yeux de D., il n’y aurait d’ailleurs guère d’avenir pour les étudiants travaillant comme interprètes dans des pays d’Afrique francophone. Il n’y a, selon elle, que trois options possibles : soit travailler en Afrique pendant un ou deux ans, terme suffisant pour que les étudiants gagnent suffisamment bien leur vie - le salaire n’augmentant pas de manière significative avec la durée du service ; soit poursuivre des études et éviter de se rendre en Afrique ; soit y séjourner à l’issue des études de master, parce que le choix du poste est plus important et qu’ils peuvent travailler auprès de personnes de niveau plus élevé et non sur un chantier ou un projet de construction. D’un point de vue personnel, elle avoue :

Note de bas de page 39 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

Je ne pense pas que travailler en Afrique soit une solution à long terme, je ne veux pas vraiment travailler juste pour gagner de l’argent et toucher un revenu plus élevé que travailler en Chine. Je n’aime pas beaucoup cet état. Je trouve donc que je devrais améliorer ma capacité et me perfectionner. Et dans l’avenir, j’espère pouvoir trouver un emploi qui puisse être lié à l’Afrique et y partir en mission occasionnellement. Ce que je souhaite d’autant plus, c’est un travail sur le plan culturel, qui ne touche pas trop à l’économie et à l’argent dont l’objectif est extrêmement fort. Par exemple, le développement des marchés ne me plaît pas.39

Elle observe qu’une grande partie des personnes qu’elle connaît et qui ont travaillé en Afrique, ont changé d’activité professionnelle en Chine. À leur retour d’Afrique, ceux qui poursuivent leurs études sont plus nombreux que ceux qui travaillent. E., F. et G. ont bien gagné leur vie en Afrique, et ils ont fini par quitter ce continent et ont repris des études supérieures en Chine et en France.

En outre, les facteurs familiaux sont également une réelle question à prendre en compte pour les expatriés. C. nous a avoué qu’il est difficile pour les hommes de trouver une compagne en Afrique, contrairement aux femmes qui ont de nombreux prétendants. E. a trouvé un emploi d’enseignante de français en Chine, mais elle s’intéresse aux pays africains et souhaite travailler à nouveau ou visiter le Maghreb ou Madagascar. Toutefois, « outre mes propres intérêts » dit-elle,

Note de bas de page 40 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juin 2019 via message vocal.

de nombreuses questions pratiques doivent encore être prises en compte, par exemple l’avenir, le mariage, les enfants et la famille ; il faut un plan à long terme. Mes parents sont âgés et je veux aussi rester dans le pays.40

Pour B., c’est très différent. En 2019, elle nous déclare qu’elle aime l’entreprise dans laquelle elle travaille à Madagascar et compte y rester et ce, pour plusieurs raisons : l’équipe qui l’entoure, le dirigeant qui est une personne très responsable qui travaille dur, le système mis en place au sein de l’entreprise, ses deux jours de repos les samedi et dimanche, les bons petits plats préparés par le cuisinier.

Note de bas de page 41 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juillet 2019 via appel audio.

Je sens maintenant que travailler à l’étranger me plaît beaucoup. J’aime vraiment ce sentiment lorsque je travaille dans une bonne unité. Je veux travailler dans l’entreprise actuelle jusqu’à ce que je sois obligée de quitter mon poste, alors je choisirai de partir.41

Note de bas de page 42 :

L’entretien avec l’auteure s’est déroulé en juin 2020 via massage écrit.

Cependant, un an après, elle nous confie42 que sa famille lui manque beaucoup et qu’elle souhaite poursuivre ses études, en quittant l’Afrique, pour devenir enseignante de français dans un établissement supérieur.

En fin de compte, les conditions de vie, la pression, les relations humaines, la question de la sécurité, la planification future constituent des défis auxquels nos informateurs sont confrontés. De surcroît, les Chinois expatriés doivent également être en mesure de résister à la solitude à l’étranger.

Conclusion

Les relations entre la Chine et les pays africains sont en progression constante. Depuis dix ans, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. Les deux parties ont certainement rencontré des difficultés pour prétendre à une complète égalité, fait face à des frictions et différends commerciaux pour développer leurs relations, mais « si aujourd’hui les relations Chine-Afrique se compliquent, leur essor ne se dément pas » (Bermond, Daubet, Gauthier, 2015 : 143). Elles ont encore de fortes complémentarités, et la coopération dans divers domaines dispose d’un potentiel important et de vastes perspectives.

Les échanges entre la Chine et les pays d’Afrique francophones, qui ne cessent de s’intensifier, font que les travailleurs chinois qui parlent le français sont très sollicités par les entreprises présentes en Afrique. Nombreux sont ceux qui se sont engagés dans la coopération sino-africaine francophone. Effectivement, il existe déjà plus de 150 établissements supérieurs qui offrent une formation de et en langue française, ce qui entraîne une forte concurrence à l’intérieur et un taux d’emploi moins élevé. Si l’avenir de la francophonie réside en Afrique, celui des étudiants chinois de français se situe également sur ce continent.

Notre recherche qui porte sur la présence de Chinois diplômés de langue française, en Afrique, a pour objectif de mieux comprendre la situation réelle de nos informateurs dans les pays destinataires. Dans l’ensemble, la vie dans les pays africains est très différente de celle de la Chine. Travailler dans ces pays est une opportunité de développement pour nos informateurs qui ont obtenu des résultats appréciables malgré les nombreux défis auxquels ils ont été confrontés.

Leur salaire, élevé, est amplement justifié : la vie n’est pas aussi confortable et pratique à l’étranger, il y a parfois des préoccupations concernant la sécurité ainsi que la santé, et le cercle d’amis est effectivement restreint. Quoi qu’il en soit, nos informateurs ont pleinement profité de l’expérience de travailler et de vivre dans des pays africains et ont enrichi leur apprentissage de l’autre.

Enfin, il convient de rappeler la diffusion des connaissances sur des pays africains dans l’enseignement chinois du français pour changer la vision qu’en ont les Chinois, puisque la spécialité du français en Chine est considérée comme un cours préparatoire pour l’Afrique. Les entreprises chinoises doivent également assumer leurs responsabilités sociales, promouvoir le développement local, fournir aux employés un environnement extérieur favorable, et favoriser les échanges et la compréhension entre les différentes populations.