Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Monique Renaudin (née Fillon), actrice, et Michel Poupin, accompagné de Monique Fillon

Entretien entre Monique Renaudin,
Michel Poupin
et Monique Fillon

Le style oral a été conservé

Texte

Note de bas de page 2 :

MF : Monique Fillon, née Gaignet et cousine germaine de MP. MP : Michel Poupin. MR : Monique Renaudin, née Fillon et fille de Constant Fillon, LE décorateur. LR : Laurent Renaudin, son mari, également présent. (…) passage inutile à la compréhension. (???) passage inaudible. [aide à la compréhension].

Légende2

Monique Fillon, épouse Renaudin, dans un rôle de Marie-Jeanne ou la femme du peuple, en décembre 1956. La robe en taffeta écossais a été empruntée aux cousines Ferret (Cécile probablement). Photo prise à l’arrière de la salle de théâtre ; il pleuvait… La présence d’un journal sous les pieds reste inexpliquée

Monique Fillon, épouse Renaudin, dans un rôle de Marie-Jeanne ou la femme du peuple, en décembre 1956. La robe en taffeta écossais a été empruntée aux cousines Ferret (Cécile probablement). Photo prise à l’arrière de la salle de théâtre ; il pleuvait… La présence d’un journal sous les pieds reste inexpliquée

(…)

Note de bas de page 3 :

Fillon, père de Monique et responsable des décors (1908-1997).

MP : Vers quelle année Constant3 s’est occupé du théâtre ?

MR : Moi, je pense qu’il a commencé très tôt… Faudrait d’abord savoir quand la salle a été faite.

MP : 1946

Note de bas de page 4 :

Institutrice de l’école privée.

MR : Donc il a dû commencer pas longtemps après, en 46-47, je pense. Moi je suis sortie de l’école à 14 ans, en 1947. Il me semble que déjà dans la salle on a commencé à faire des choses. On a fait une première danse qui s’appelle Les glycines, son mimé, et ça c’était dans les années… 46-47 probablement… à la sortie de l’école. C’était avec Melle Lucas4. Je me souviens de ça comme si c’était d’aujourd’hui. On avait fait des arceaux, on avait mis des glycines qu’on avait collées tout autour des arceaux, et on dansait autour… et je pense que c’était dans la nouvelle salle. Je me demande si ce n’était pas un peu pour l’inauguration.

MP : C’était avant la pièce de théâtre ?

MR : Ah, tout à fait au début, oui.

MP : Le spectacle commençait par vous ?

MR : Alors là, je ne saurais pas trop te dire s’ils commençaient par nous… Les ballets étaient toujours en fin de séance. Mais alors là, comme c’était un son mimé… On en a fait d’autres, par exemple… par exemple on a chanté Les gars de Locminé – tu vois, je l’ai en photo, je te la donnerai – ça c’est pareil, c’est très vieux. Locminé, c’est en Bretagne, du côté de Vannes… On a fait aussi Les alsaciennes, on était habillées en alsaciennes… plutôt dans les années 50-52. D’ailleurs, je possède la jupe, je l’ai toujours… avec Melle Lucas, donc ça c’est très vieux, hein, c’était à la sortie de l’école, peut-être entre 46 et 50.

Je suis de 1933. Je suis sortie de l’école à 14 ans. Ça, c’était très au début, l’alsacienne, pareil, tout ça, c’était au début. Je me souviens qu’on avait des cocardes alsaciennes et on avait fait nos jupes. La jupe, je l’ai là, je peux te la montrer.

Note de bas de page 5 :

Petite sœur d’André Ferret (née en 1933 ?).

Note de bas de page 6 :

Danseuse hindoue sacrée

Note de bas de page 7 :

Cf. l’entretien avec Cécile Ferret.

Note de bas de page 8 :

Sœur de Denise Jourdain (cf. l’entretien avec son fils Yves Jourdain).

Je téléphone à Cécile [Ferret5] hier. Je lui dis, tu sais, on est en train de rechercher des théâtres. Je luis dis, tu te souviens qu’on avait fait Les glycines ? Ah Oui, oui… Elle me dit, j’ai une photo où on est habillée en Bayadères6. J’ai une photo7 où Fernande Fillonneau8 est habillée en religieuse.

Note de bas de page 9 :

Denise, la femme de Napoléon Jourdain (94 ans en 2018).

MF : On est allé la9 voir mais elle se rappelle de rien du tout

MR : Cécile a la photo, elle est en religieuse, c’est une scène de théâtre… Bayadère, c’est quelque chose qu’on a fait, c’est peut-être un ballet…

Vous êtes allés voir à la mairie pour la construction de la salle ?

MP : C’est tout le monde qui en parle, Michel Girard… tout le monde…

MR : Elle a pas été faite au hasard. Il n’y avait pas de permis de construire dans le moment. En 46, il n’existait pas. Peut-être une demande de travaux. Elle peut pas avoir été faite sans rien… Et les propriétaires actuels, ils ont rien ?

MP : On n’est pas encore allé les voir. La question qu’on se pose, c’est combien de places assises il y avait dans la salle ?

MR : Ah, je l’ai su… Ah, elle était grande. Une dizaine de bancs avec vingt places, ça fait déjà deux cents places. On peut mettre 500 personnes.

MP : Moins !

MR : Je me souviens des bancs devant. Y avait des chaises de chaque côté, une allée au milieu, avec 15 places…

MP : Pas 15 places par rang, car il reste 7 mètres de large sans les murs.

MR : donc, il y avait bien 10 places, c’était serré… Y avait une allée en entrant à gauche… Derrière, il y avait une dizaine de bancs, c’était très serré… elle était comble, cette salle.

MP : Y avait même des gens debout.

MR : Oui !... Tu crois pas qu’elle contient 400 personnes ?

MP : Non, moins de 200…

MR : Je reviens aux propriétaires… Ils doivent avoir, quand ils ont acheté la maison, sur l’acte de vente l’année de la construction (…)

LR : Constant [Fillon] disait bien que c’était très serré à l’époque et ça a fini par ne plus être aux normes.

MR : On chantait entre les actes… Moi, j’ai chanté et joué devant les… le rideau baissé. Là, c’était même pas facile, parce que derrière, ils faisaient du bruit, hein ! [un cahier dans la main] J’ai toutes mes chansons qui ont été chantées (...).

MP : Le village avait 600 habitants. Tout le monde n’y allait pas. Il y avait 3 séances. S’il y avait 400 places, ça faisait 1200 spectateurs. Or il y avait 600 habitants.

MR : Ah mais, il venait du monde d’ailleurs. Parce que nous on allait ailleurs, on allait au théâtre à Vix, on allait à Chaillé, à l’Ile d’Elle… Donc après, ça faisait…

MP : Si on met même pas 200, ça fait 600 personnes…

LR : Y avait peut-être quand même 200 personnes à ce moment-là à chaque fois... C’était pour les écoles, hein ! Les gens allaient aux trois séances… Même si tu jouais pas t’allais aux trois séances… Ah oui, les gens allaient aux trois séances, hein ! C’était pour payer l’instituteur, hein !

MP : Mais c’était vraiment massif que tout le monde aille aux trois séances ?

MR : Peut-être pas toutes les familles, mais nous on allait aux trois séances (…).

MP : Est-ce que tu te souviens du prix demandé ?

MR : Non, je ne m’occupais pas de ça.

MP : Marcel Bonneau était à la caisse…

MR : Le tonton Marcel, oui…

MP : Le problème, c’est que tout a été jeté et il n’y a aucune trace.

(…)

MP : Donc, Constant n’était pas tout seul pour s’occuper des décors ?

Note de bas de page 10 :

Beau-père de MF, et acteur.

Note de bas de page 11 :

André Ferret.

MR : Ah ben non, moi, j’ai vu papa avec Gabriel Fillon10, surtout. Il y avait aussi, à gauche du théâtre, le tableau électrique. Il y avait quelqu’un qui s’occupait du tableau électrique, mais je ne sais pas lequel, pour les jeux de lumière. Pas Dédé11, il avait souvent un rôle important.

MP : Guy Ollivier a aussi aidé, donc.

Note de bas de page 12 :

Un temps souffleur après avoir été acteur.

MR : Guy, oui, et aussi Ulysse Gaignet, les deux, le père12 et le fils (Ulysse).

MP : Et Constant, lui, il avait un équipement personnel pour faire ça, ou…

Note de bas de page 13 :

De menuiserie (à 100 m de la salle paroissiale environ).

Note de bas de page 14 :

Longtemps responsable des tickets d’entrée, du placement et de la caisse.

MR : Non. J’ai jamais vu faire, mais je sais qu’il y allait le soir. Je ne sais pas où il faisait ça. C’est possible qu’il faisait ça dans l’atelier13 de Marcel Bonneau14, là-bas, faudra demander à Gérard. Je ne sais pas où il peignait les décors. (…) Le tonton Bonneau, derrière son atelier de menuiserie, il avait une pièce, une réserve, là où il mettait tout son bois. Est-ce qu’il ne faisait pas ça là-bas ? Est-ce que Gérard peut s’en rappeler ? Pas sûr, il est né en 50, Gérard (…).

MP : Ça veut dire que chez vous, il n’y avait rien à voir. Pas d’outils, pas de traces…

MR : Non, non. A mon avis, c’était fait chez le tonton Bonneau, parce qu’il fallait bien des outils pour assembler du bois, pour monter les décors. La toile de fond qui est… – le plateau des Abruzzes, qui se trouve derrière le cercle, ça je sais qu’ils l’ont fait – il l’a pas monté tout seul. Il lui a bien fallu du bois, il lui a bien fallu des pointes… A mon avis ça devait se faire chez le tonton Bonneau.

MP : Et tout ça gratuitement. Et le temps, et les matériaux…

MR : Ah ! C’était pas compté, tout ça.

MP : Même les planches, les peintures…

MR : Je sais pas où il les prenait, mais sûrement chez le tonton. Il y avait des chutes peut-être… c’était sûrement comme ça… ça pouvait pas être autrement.

MP : C’est possible d’évaluer un peu le temps qu’il y passait à certaines périodes.

MR : Ah, il y était souvent, hein ! Le soir, ben oui, le soir, pas pendant la journée à cause du boulot.

MP : Qu’est-ce qu’il faisait, Constant ?

MR : Comme boulot ? Papa est revenu d’Allemagne en 45. En 46, ils ont acheté un commerce. Donc on avait le commerce. On s’occupait du commerce, et moi aussi, je le faisais beaucoup, rue du Chéreau. Après, il a travaillé un petit peu chez Guy Ollivier, mais pas complètement pour lui. Ça devait être des travaux publics, ou j’sais pas quoi. Et après, il faisait aussi de la culture du tabac. On avait 50 ares de tabac. Je m’en rappelle comme si c’était d’aujourd’hui.

MP : Je me rappelle très bien du séchoir, j’ai joué dedans !

Note de bas de page 15 :

Société Des Emballages Keyes, aujourd’hui Huhtamaki La Rochelle

MR : Et après ça, il est rentré à l’usine de l’Ile d’Elle, Keyes15.

LR : Il a fait 10 ans là-bas. A la fin, il a arrêté parce qu’il était en maladie. Il a dû arrêter un an ou deux avant 65 ans.

MR : Il a été gravement malade en 58.

MP : Il a commencé après la guerre. Ça a duré jusqu’à quand ?

MR : Il y était encore quand je suis partie. Moi, je suis partie en 61. Après, je connais rien, moi. Est-ce qu’il a continué… Je peux pas le dire. (…)

LR : Oui, mais je l’entendais quand même parler. Il y allait toujours pour les décors.

MR : Moi, je crois qu’il y allait tout le temps.

LR : C’est toujours lui qui s’en occupait, à mon avis. Quand est venu au Gué, on est allé voir des théâtres.

MR : Oui, on allait au théâtre… Il avait un grand pied dans le théâtre, ça c’est sûr. Moi, je me souviens des représentants de commerce avec qui on était vraiment amis, il les invitait au théâtre. On les faisait venir.

MP : Il s’occupait du Cercle, aussi…

MR : Oh oui… Il y a été combien d’années ?

LR : C’est lui qui l’a créé.

MR : Au moins 40 ans… C’est lui qui l’a créé (…). Paul Gaignet – qui a pris la suite - peut s’en rappeler. Il a fini président du club des retraités (jusqu’à 80 ans ; il est décédé à 89 passés).

LR : Au décès de Constant, Dédé Ferret a fait un discours… Mais je ne l’ai pas.

MP : Pendant les entractes, en principe, il y avait un accès au Cercle…

MR : Alors, pendant les entractes, on aidait, on travaillait, il y avait un monde fou, on fournissait pas à vendre les gâteaux, à vendre les… Ah ben oui, je m’en rappelle… Les personnes âgées qui pouvaient pas se déplacer, on leur apportait dans la salle. Ah mais, on travaillait, hein !... [rires]. (…)

MP : Constant n’a jamais joué ?

MR : Non. Il jouait avec les décors…

MR : Il peignait bien…

MR : Papa, je sais pas où il a été cherché tout ça… Il était très doué…

LR : A l’époque, ils faisaient avec pas grand chose ( ? ? ?)

MR : Et l’actrice Monique Fillon ?

MR : Voici 3 photos de théâtre (de la même pièce probablement – impossible de me souvenir de laquelle), où il n’y a rien de marqué derrière (sauf 1, 2, 3)…

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Ce sont des décors des années 50, et Jeanne Gaignet (ci-dessous). Je me souviens bien du décor… Mais ça, c’était peut être un décor loué (les rideaux, la tapisserie… papa n’a pas fait ça). Je vais te dire pourquoi (…) Je me souviens d’une anecdote qui me fait dire qu’ils louaient des décors – peut-être pas beaucoup, parce que ça coûtait, fallait payer aussi - … une veille de théâtre, eh ben, les décors étaient pas arrivés. Je te dis pas la panique, hein ! Je vois encore mon père… Y avait une sacrée panique, hein ! (…)

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Je sais pas d’où ils faisaient venir ça… C’est pareil, quand on a fait les alsaciennes, on avait des coiffes louées, mais on avait fait nos jupes.

[Commentaires sur la photo : Sortie de l’église. Mariage de Gérard, 1973] (…)

Note de bas de page 16 :

Petite sœur d’André Ferret (et de Cécile, cf. infra).

Des chants, on en a chanté je sais pas combien devant la scène. Des petits sketchs, tout ça, on en fait… j’ai rien gardé moi de tout ça. Les duos, on a chanté des duos aussi, avec Mimi Ferret16... Pendant le changement de décors, oui. Ah c’était pas facile, hein ! Ils faisaient du bruit, ils parlaient…

Note de bas de page 17 :

Cf. Annexe 1.

Les chants, je les ai sur mes cahiers… Deux chinoises à Paris17, je les ai, moi ! Avec Mimi Ferret ! (…). Il devait y avoir des problèmes quand on a chanté les Deux chinoises à Paris, parce que je me souviens de quelque chose - c’était avec Melle Lucas, c’est vieux ! – eh ben, on était devant la scène, et puis elle avait dit : « on mettra le disque très bas, très bas, vous l’entendrez quand même », oui mais ça s’entendait dans la salle, ça je m’en rappelle…

(…) Regarde mes cahiers d’école !

MP : Ça a été copié par qui ?

MR : Par moi. C’est un peu tout mélangé. (…)

MP : Le point commun, c’est que c’était pour les changements de décors.

MR : Les premiers, premiers trucs qu’on a faits, c’était pour l’ancien théâtre, le théâtre dans la cure. Personne t’en a parlé ?

MP : Ça n’a jamais été clair.

Note de bas de page 18 :

En face, de l’autre côté de la rue.

Note de bas de page 19 :

Grand frère de Paulette et Guy Ollivier.

Note de bas de page 20 :

Georges Fillon, grand-frère de Marie-Jeanne Fillon, épouse Texier (cf. l’entretien).

Note de bas de page 21 :

Cf. Annexe 2, chantée en 1944. Paroles de Théodore Botrel.

Note de bas de page 22 :

Cf. Annexe 3.

Note de bas de page 23 :

Cahier que MR feuillette devant moi, où chants d’école et de théâtre sont mélangés.

Note de bas de page 24 :

Cf. Annexe 4.

Note de bas de page 25 :

La nouvelle institutrice.

MR : Ah ben attends, je vais te dire… A droite, on rentrait dans une petite salle, qui avait un théâtre – avant que la salle paroissiale18 soit faite ; il y avait des gradins, c’était pas très haut, on avait joué des pièces de théâtre… Martial Ollivier19 avait fait Théodore cherche des allumettes, nous, on avait chanté… Jojo20 avait chanté Les sabots de bois, nous – les filles de l’école, avec Melle Lucas – on avait fait Les lunettes de ma grand-mère21, je me souviens de ça dans ce théâtre-là. C’était avant la construction de la nouvelle salle, donc avant 1946. On allait encore à l’école (cf. la photo, lors d’un prix, avec les Pierrots) (…) Tiens, j’ai Les glycines22… c’est dans un cahier d’école23. C’est ce qui me fait dire que c’est un truc d’école… RossignolChevalier d’amourDeux chinoises à Paris (moi et Mimi Ferret) … tiens ça, Seigneur mon ami, tu m’as pris par la main, on l’a chanté au théâtre avec Jean-Noël Roussies, qui nous avait exercé, il était au séminaire… Kenavo, on a chanté ça… Celui-ci… La mer (de Charles Trenet) a été chantée aussi sur la scène, en groupe… La mer… Ben on avait du mal à chanter ça… (…) Alors ça, moi je l’ai chanté au théâtre, sur la scène, un duo (moi et Mimi Ferret), Le vent24. Je connaissais les deux parties, si bien qu’après je les ai apprises à Jeanne-Marie, ma sœur, et on l’a chanté dans nos fêtes de famille… (…) Faut dire que mère Marie Bernard25, quand elle est arrivée, elle nous a appris des trucs, hein, à deux voix…

MF : J’avais 11 ans. Elle est arrivée quand je partais en 6e.

Note de bas de page 26 :

On sait par ailleurs que ce vicaire a probablement joué un rôle important dans le lancement des activités théâtrales. Il deviendra curé en titre à la mort du curé Gadé en 1948.

MR : L’abbé Bonin26 est arrivé en 47, pour la Mission de 47. Il est parti le 24 ou 25 janvier 52 à La Garnache. Ça, j’en suis sûre car ma grand-mère est morte le 23, elle a été enterrée le 25 ou 26, et on n’avait plus de curé, il était parti. C’est le curé de l’Ile d’Elle qui l’a fait.

A cette Mission de 47, Ulysse Gaignet a chanté le Notre Père d’un côté de l’autel, et moi j’avais chanté le Je vous salue Marie ! Ah, ah… il y a de la mémoire, hein ! Ulysse m’en a parlé il y a pas très longtemps : « Tu te souviens quand on avait chanté devant l’autel ? ». On n’était pas impressionné dans le moment… on avait 14/15ans.

Note de bas de page 27 :

Cf. infra.

Note de bas de page 28 :

Cf. Annexe 5 [Le site web a disparu mais des traces sont disponible dans archive.org, via waybackmachine].

[MR continue de feuilleter des cahiers en faisant défiler des chansons d’école]… Le rêve du prisonnier, moi j’avais chanté ça à un théâtre de prisonniers – oh, j’étais pas vieille, j’avais peut-être 10 ans – qui avait eu lieu dans la Galipeauderie. Il y a eu du théâtre dans la Galipeauderie aussi27. Et puis je crois que Kenavo, je l’ai chanté avec Henri Ouvrart de l’Ile d’Elle… Attends, j’ai peut-être un autre cahier qui est mieux… Le vieux zoo [ ?], alors ça on l’a chanté au théâtre aussi avec Jean-Noël Roussies. La mer, on l’a chantée au théâtre. Deux chinoises à Paris, c’est sûr, (…) Toutes les mères du monde sont belles, tiens c’est pareil, on a chanté ça aussi au théâtre (…) le train de Piaisi pour les Sables28, c’est Martial qui avait chanté ça (en patois) dans l’ancien théâtre… je l’ai là en mieux… (…)

MP : Et pour en revenir aux décors…

LR : Dédé Ferret participait aussi aux décors, hein ! Énormément à mon avis, hein !

MR : Dédé ? Faut voir ce qu’il a donné… (…) Nos répétitions de ballet… On allait aux répétitions de théâtre le soir mais les répétitions de ballet, on les faisait dans la journée. On en faisait dans la journée. Oh, on y était tout le temps. Puis à côté de ça, on allait cirer les parquets à la cure, et puis… Je m’étais dit, jamais je referai ça ailleurs où j’irai. C’est vrai, on a donné des heures et des heures… ça va bien quand t’es jeune (…) J’ai chanté au club (des retraités ?) aussi (…).

LR : Ah, je sais pas… il y avait quand même une espèce de tradition dans les campagnes, dans les petits bourgs quand même, ils s’amusaient. Maintenant, c’est vrai, c’est dur dans les petits bourgs d’avoir des activités comme il y avait à l’époque, quand même (...).

MR : Photo « Demande en mariage ». On a dû le donner (jouer) au Gué après. Comme le ballet qui a été donné ici à l’Ile d’Elle, on avait eu les pièces avant, en février-mars au Gué. On en montait pas un autre en 15 jours, hein ! (…).

Note de bas de page 29 :

Cf. le programme de 1949 fournit par Cécile Ferret.

(Discussions sur des photos échangées par mail… Fêtes de la jeunesse ? Coupe de la joie/Fête de la terre ? Cf. la JAC ? La valse de Coppélia a été donnée à l’Ile d’Elle en 57… Le Danube bleu a été joué en 49, et probablement rejoué après29. L’or et l’argent à l’Ile d’Elle en 1956).

Note de bas de page 30 :

Eugène Ferret, frère de Jules Ferret, lui-même père de Pierre Ferret (dont la grange de la Galipeauderie a pu héberger un théâtre pendant la guerre), lui-même père d’André Ferret.

Note de bas de page 31 :

Chantre de la paroisse à 17 ans, pendant 45 ans.

Jean Guérin chantait les Tyroliennes. Il jouait aussi au théâtre. D’ailleurs, quand Ulysse Gaignet (père) est parti en Allemagne, c’est Jean Guérin qui l’a remplacé [à l’église]. Et Ulysse Gaignet a remplacé mon grand-père30, mort en 3731. Ulysse l’a remplacé en 39, puis après c’est Jean qui l’a remplacé pendant la guerre… Il chantait bien, Jean.

MP : Il y aurait eu un théâtre laïque à la Galipeauderie.

MD : Oui, mais attends, c’était pendant la guerre, ça… Et moi j’ai chanté dans ce théâtre. J’étais haute comme ça. J’avais 10 ans… Ah il y en a eu à la Galipeauderie, c’est certain. C’était pas laïque. C’était pour les prisonniers. Maman s’occupait des prisonniers… pas des prisonniers, mais de leur envoyer des trucs, des colis.

LR : C’était une association vendéenne.

MR : Maman était responsable.

MP : Ce n’était pas paroissial ?

Note de bas de page 32 :

Dont le mari a été député et maire de la Garnache.

MR : Ah, pas du tout. (…) Moi, j’y avais chanté Le rêve du prisonnier.(…) Maman était en relation avec Madame de Baudry d’Asson32. Elle la cotoyait… oui, parce que ma maman s’est beaucoup occupée des trucs de prisonniers. Ils envoyaient des colis tous les mois, et maman avait mis une pièce à leur disposition. Je vois encore la salle. Il y avait des tables, et toutes les femmes de prisonniers préparaient leurs colis pour les envoyer à leurs maris.

MP : Et les pièces de théâtre était montées par qui ?

LR : Je pense que c’était de petites saynètes, qu’ils faisaient… J’ai cru entendre par ta mère que les enfants de prisonniers faisaient de petites saynètes…

MR : Tu sais, j’avais une dizaine d’années, je dis ça parce que ma mère ne voulait pas que je chante parce que j’avais été opérée des amygdales pas très, très longtemps avant… J’ai chanté quand même. On m’avait obligée, sans doute, j’en sais rien. J’avais chanté Le rêve du prisonnier, j’ai la photo, c’est tout ce j’ai. J’ai pas autre chose. (…) Ça appartenait à Pierre Ferret, La Galipeauderie. Il la prêtait aussi pour des mariages. C’était une grange. Elle était longue comme ça. Et on mettait des draps, comme on faisait aux processions. (…) Je me vois chanter Kenavo. Est-ce que c’était un truc de guerre, je m’en rappelle plus. Avec Henri Ouvrart, j’avais chanté ça. Je devais pas être vieille, hein !

MP : Donc, ce n’était pas des pièces de théâtre comme il y a eu après.

MR : Je sais pas ce que c’était. Ils faisaient bien quelque chose. Est-ce que c’était que des sketchs… C’était pour récupérer de l’argent, pour envoyer sans doute aux… Je suis pas capable de te le dire maintenant. Peut-être que ceux qui étaient plus vieux que moi ont joué là-bas… Qui a monté ça ? Qui s’en occupait ? Je ne sais pas. Il n’y a plus personne pour nous dire ça maintenant, c’est beaucoup trop vieux. Et puis tu sais, au moment où on aurait pu savoir quelque chose quand on était jeune, eh ben, ça nous intéressait pas (…).

Le maquilleur, c’était M. Jard !

MP : M. Jard ! ! ! ? ? ?

MR : Eh oui ! Et il nous en collait sur la figure, je peux te le dire… Ah ben, je le vois encore en train de me maquiller, hein ! Ben oui, il savait faire, hein !

MP : Ah bon ? ! Je le connaissais pour donner des baffes…

MR : Il t’a fait l’école ?

MP : Ah ben oui !

MR : Il était sévère, hein ? (…) A Louise de Bettignies, j’avais reçu un coup de cravache, c’était lui. J’en avais pleuré sur la scène tellement… c’était naturel, je peux te le dire. Oh, il était en train de me questionner… Il questionnait les prisonnières, je me souviens de ça (…). A Louise de Bettignies, je me revois habillée en bagnard, avec les pantalons, tu sais… Moi, je sais plus exactement comment j’étais habillée, mais j’en faisais partie, des prisonnières (…).

MP : Je reviens à M. Jard. Il était tout seul à faire ça ?

MR : Ah, le maquillage, il était fort là-dessus. Je me souviens qu’une fois il m’avait dit : » Ah ben, t’es pas assez maquillée. ». Ou vous êtes pas… je sais pas ce qu’il me disait (...).

Note de bas de page 33 :

Paul Joguet figure bien parmi les acteurs de la pièce Le rosaire, jouée en 1949/

M. Jard est arrivé après M. Coutant, qui est parti après la guerre, en 47-48 peut-être. Avant Jard, il y a eu M. Joguet33.

Annexe 1a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 1a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 1b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 1b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 2a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 2a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 2b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 2b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3b [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3c [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3c [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3d [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 3d [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 4a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 4a [Extrait du cahier de Monique Renaudin]

Annexe 4b

Annexe 4b

Annexe 5
Le train de piaisi pour Les Sables

Merci à Bernard Libaud

Vouésin Pierret d'puis si longtemps que voulions
m'emner aux Sabies
M'disi p'tit gars dimanche vé don
voir d'o chouses admirables
Y'aurons bé d'aux loisi,
Prendrons le train de piaisi.

De bon matin y montirons
dans t'chio chemin de fer
Serrés autant comme d'o z'harengs
couchés dan ine penaire
Assis tortous d'au long
En avant pi de retchulons.

Aussitôt qui furons rendus,
o failli rissounaille
Y mangirons le pain, les eux
qu'y avions dans not penaillle,
Bouvirons d'o vin bianc
Por nous donner de l'élan.

D'o couté d'la piage y endgirons
comptempier le rivière,
O l'avé d'o minde qui s'trempions
dans tchette grande barbetouaire,
D'aux p'tits, d'aux longs, d'aux grous,
D'aux jeunes pi d'aux vieux haroux.

Tot en pé dans daux canucins
Blieux vians rouges ou ben nérs,
L'montions dans l'ev' com d'aux pouéssins,
L'fesions mieux d'in manière,
Pareil aux grous quenets ,
Le s'carrions sans aguener.

O faisait chaud, y'avions grand sa,
y nous enfurons bouére,
Dans d'aux verres grands comme d'aux bassas,
L'nous baillirons d'la bierre,
Aussi fred que d'la gia,
A nous g'la les cotes beillas.

Quand y'endgirons la dalle d'o cou
bé comme faut arrousaille,
Nous endjirons chez l'tabatou
acheter da qua fumaille,
Montirons dans le tramway
Qu'allais au long d'o rembiais

O lé ine drole de char à bans
Qui n'a pouet de monture,
Qui n'a pouet dcoher par devant
qui ne fait point d'vapur
Ine corde qu'au là en haut
Frotte sur un grou fil d'archau.

Ysirans si vite charrayés
Au pins d'la rue deleire
Qu'y'arrivions tôt émoyés
Au bout d'la dévallouère,
Caisino r'marquirions
Por dix sous y rentirions.

D'aux b és mosssiuers su n'in juchet,
Buffions dans d'aux piboles ,
D'autres zigougnons lu z'archetsµ
Sounnant d'aux fariboles,
Un fid'vess en in coin
Chacottait l'tchu d'in chaudrin

La goul' aussi larg' qu'in boguet,
d'aux vrais caricatures,
S'gourmions aux bras d'lu freluquet,
Les joues piènes de peinture,
Les us to charbounay,
L'nez et menton farinay.

Autour d'ine grand' tabe o y'avait
d'au monde qui n'causions guère,
Le regardions d'aux ch'vaux malés
qui marchions ventre à terre,
Ren va plus que le juchions,
Torjous les ch'vaux galopions.

L'manège était tôt arretay
Qu'le baulions à piène tête
Ol'é l'premé quà l'mu trotté
Les gagnants sont d'la fête
Avec un p'tit raclin,
L'raballions les picaillins.

Y badirons bé trop longtin
L'soulail était hauture,
Le train qui li jamais n'attend
S'en va quand ol'é l'hure,
Léchirons tchiés bavous,
Prirons nos jamb's à no't cou.

A la gare y nous poquirons,
le nez à la barreire,
Le train subiait en démarrant,
Vec le diab au darreire,
Sirons ben attrapés,
R'tournirons chez nous d'nos pés

Y marchirons tote la nuit
por arriver à bonne hure,
Soigner les poules et le goret,
préparer la monture,
Ine aut' foué qui revindrons,
Prendrons not viux char à bans.

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