Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Paulette Gaignet (née Ollivier) et Michel Poupin, en présence de Monique Fillon

Entretien entre Paulette Gaignet,
Michel Poupin
et Monique Fillon

Le style oral a été conservé

Texte

Note de bas de page 2 :

PG : Paulette Gaignet. MF : Monique Fillon, née Gaignet et cousine germaine de MP. MP : Michel Poupin. (…) passage inutile à la compréhension. (???) passage inaudible. [aide à la compréhension].

Légende2

(…)

PG : Les pièces dont je me rappelle, c’était dans le presbytère, dans une petite salle, à droite.

MP : Là où il y a eu un club télé au début des années soixante ?

PG : Oui.

MP : Donc là, il y a eu des pièces de théâtre, mais en quelle année ?

PG : J’avais 15-16 ans peut-être. Je suis née en 29.

MP : Donc nous sommes en 43-44, ce qui correspond à ce que nous a dit Michel Girard. Et qu’est-ce qu’il y avait comme pièces à ce moment-là ?

Note de bas de page 3 :

Probablement de 1947 à 1951.

PG : Là, par contre, je m’en rappelle pas du tout. C’était que des femmes qui jouaient à ce moment-là. C’était pas mixte. Ah non, c’était que des femmes. Mais est-ce que c’était pendant la guerre ? C’était dans le temps du curé Bonnin3. Il a été vicaire, il était avec le curé Gadé. (…)

MP : Les Oberlé, ça vous dit quelque chose ? La femme aux yeux fermés ? Le petit Jacques ? La farce du chaudronnier ? Les mystères de Paris ?

PG : Les mystères de Paris, oui.

MP : L’affaire du courrier de Lyon ?

PG : Je me suis mariée en 52, j’avais 23 ans. Ma sœur Marie-Ange – elle a joué – est partie au Carmel en janvier 51. Elle jouait… que des femmes à ce moment-là. En 50, c’était dans la salle paroissiale.

MP : Dans la petite salle du presbytère, ça n’a pas duré longtemps, là ?

Note de bas de page 4 :

Gaignet.

Note de bas de page 5 :

Gaignet.

PG : Non, ils ont fait la salle, après, justement. (…). Je me rappelle de tante Thérèse4, de cousine Jeanne5

MP : Mais Guy Ollivier a commencé à jouer quand, alors ?

PG : Ce devait être après.

MP : Combien de temps il n’y a eu que des femmes ?

PG : Du temps du curé Gadé, il n’y avait que des femmes. C’est avec Bonnin qu’après on a commencé à jouer mixte. On s’est marié au mois de septembre, et Raballand est arrivé un peu avant, en 52, pour prendre la succession du curé Bonnin.

MP : Vous, vous n’avez pas joué ?

PG : Si ! J’étais avec cousine Jeanne – il n’y avait que des femmes, donc…

MP : Mais quel était le nom des acteurs ?

Note de bas de page 6 :

Cf. l’entretien.

PG : Il y avait Cécile Ferret6, il y avait Geneviève Ferret… C’était une pièce où cousine Jeanne était couturière. Puis nous, on était les petites mains. C’était à la salle paroissiale, ça, oui.

MP : Et vous ne vous souvenez pas des rôles que vous avez joués ?

PG : Je faisais une petite couturière [rires]. On était 5-6, là, des petites mains quoi, pour coudre. C’était Jeanne Gaignet qui faisait le grand rôle. Est-ce que la tante Thérèse jouait-là, je ne me souviens pas. (…) Pourtant, il y a eu des théâtres à la salle paroissiale ; ma sœur qui est religieuse, en faisait partie… Comment ça s’appelle, le chant breton au coin du feu… Kenavo ! Ma sœur Marie-Ange était habillée en marin, et puis moi en bretonne. On chantait à un entracte.

MP : Il n’y avait pas Jean Guérin qui chantait aussi ?

PG : Ah, Jean Guérin chantait aussi, à peu près à la même période. Je me rappelle, j’avais chanté pendant un entracte sur la scène Le baptême des fleurs. C’était Jean Guérin qui me l’avait apprise, donc. J’aurais bien voulu la retrouver cette chanson. Je me rappelle que du premier couplet. (…)

MP : Guy nous a dit que vous aviez été maquilleuse !

Note de bas de page 7 :

Née Garreau, mariée à André Ferret.

Note de bas de page 8 :

Née Garreau.

PG : Oh non. Qui nous maquillait ? Nénette Ferret7 ? Je ne me rappelle pas l’avoir vu jouer, elle. Non. Jeanne Gaignet8, sa sœur, non plus. C’est peut-être bien Nénette qui nous maquillait (…). [Photo de théâtre dans la salle, fournie par Anne Gaignet, épouse Papin] C’est un ballet avec Bonnin, ça ! Je dansais dans ces ballets-là. Là, c’est Cécile [Ferret] et moi, quand on est en arrière.

MF : Ah ! Je croyais que c’était Denise [Ollivier].

PG : [Autre photo d’une pose en plein air]. Là, c’est Denise, du coup. (…).

MP : Et les costumes ?

PG : Les costumes ? Ils étaient faits pas les demoiselles Méchin. Ils en faisaient peut-être venir aussi.

MP : Les plus spécialisés, oui. Sinon, je crois qu’il y avait beaucoup de bricolage. C’était fait avec peu de moyens.

PG : Il y avait peu de moyens, oui. On faisait beaucoup de choses par nous-mêmes.

MF : Toutes ces robes de danse, elles étaient fabriquées par qui ?

PG : C’est nous-mêmes qui les faisions, avec des vieux tissus qu’on trouvait. Vous savez, autrefois, on avait toujours des réserves de tissus ! Ils en faisaient venir aussi, hein ! Les longues robes de mariée, on se les passait les unes les autres.

MF : Les costumes de pompier venaient des gens du pays.

PG : Les gendarmes… il y avait toujours des copains…

MF : La soutane, ça pouvait être la soutane du curé…

PG : Les demoiselles Méchin en faisait beaucoup. Oh ! Elles ont travaillé, hein !

MP : Quels acteurs vous ont marquée ?

PG : André Ferret, Ulysse Gaignet…

MP : Le père ou le fils ?

PG : Le fils.

MP : J’ai vu le père comme souffleur, mais il aurait joué avant avec Jean Guérin, avec mon père, avec Jules Gaignet [père de MF]… tout à fait au début.

PG : Je vous dis : les théâtres au début c’était que des femmes, certaines ont commencé avec le curé Gadé, mais quand l’abbé Bonnin était vicaire avec lui. Autrement, il y avait pas de théâtre.

MF : C’est l’abbé Bonnin qui a lancé.

MP : Il était vicaire, donc il était là avant que l’abbé Gadé parte.

PG : Oui, il était vicaire pour aider. (…). A ces premiers théâtres qu’on a faits, y avait pas beaucoup de spectateurs de l’extérieur ; ou alors des paroissiens. Autrement, ça se mélangeait pas, hein !

MF : Oui, ça n’est venu qu’après.

MP : Guy nous a raconté qu’ils allaient beaucoup en bande à Maillé, à Vix, à l’Ile d’Elle…

PG : Les garçons ? Nous on allait au théâtre au Poiré, je me rappelle. Ensemble, garçons et filles, à pied, par la route. Voir des théâtres de la paroisse…

MP : Mais pas à l’Ile d’Elle.

PG : Non, je me souviens pas de l’Ile d’Elle du tout.

Note de bas de page 9 :

Restructuration totale, à la fin des années 50 ; 1700 ha du marais ont été transformés quasiment en polders ; la circulation en bateau à l’intérieur des terres, désormais toutes cultivées, a disparu car les petits ponts ont été remplacés par des buses. Le chemin du halage est devenu une route goudronnée entre le Gué et l’Ile d’Elle.

MF : Mais avant le remembrement9, à l’Ile d’Elle, on y allait jamais.

PG : C’est quand ils ont fait les relais paroissiaux qu’on s’est retrouvé, à la fin des années 90.

MF : Et aussi, avant, avec les MCR (Mouvement chrétien des retraités). (…)

[Lecture de titres de pièces à partir de 54 pour évoquer des souvenirs…]

MP : … Louise de Bettignies en 57…

Note de bas de page 10 :

Gaignet, complètement sourde à ce moment-là.

MF : … Je m’en souviens à cause de cousine Jeanne10 et de la dernière phrase de la pièce : [rires] « Louise de Bettignies est morte mais la France est sauvée » ! Et le rideau se fermait. Et mon frère Dominique s’en souvient pareil ! C’est marrant. Ça nous a fait beaucoup rire.

[Suite de la lecture de titres de pièces jusqu’en 65]

PG : Monte Cristo, ah, ça, oui ! (…) Avec l’abbé Puaud, on faisait trois théâtres par an.

MP : Vous avez joué du temps de l’abbé Puaud ?

PG : Non, j’avais mes enfants…

MP : De toute façon Michel Girard nous a dit que les femmes mariées ne jouaient pas.

PG : Non. Mais c’est vrai.

Note de bas de page 11 :

MF a joué Fantine en janvier 1963.

MF : Je11 me souviens du Loup Blanc (…) Roger la honte, il y en a qui s’en souvenait de ça. (…)

PG : Y avait rien autrefois dans les paroisses pour les jeunes ; y avait que ces théâtres.

MP : Ça servait aussi à payer l’instituteur.

Note de bas de page 12 :

1937 nous a dit Michel Girard.

PG : Je me rappelle Monsieur Coutand quand l’école privée des garçons a commencé12, ils avaient pas grand chose, hein ! (…) Je sais pas s’il y a eu des théâtres pendant la guerre.(…)

Note de bas de page 13 :

C’était ma chambre, mais j’étais en internant et ne rentrais que tous les mois et demi.

MF : Jean Rémondeau a joué dans Les Misérables, je m’en souviens ; il me raccompagnait chez tante Louise, parce que moi j’habitais à Bel Air, donc ça faisait loin ; j’allais donc dormir chez les Poupin. Je rentrais par la porte du milieu, qui était ouverte, puis j’allais dans la chambre à droite13. Et le lendemain matin, je les voyais même pas, et puis je repartais à Bel Air. (…)

Moi j’ai joué dans Les Misérables et dans une autre pièce – je ne me souviens plus du nom – c’était un petit rôle de rien du tout. Dans Les Misérables, je faisais le petit rôle de la bonne du curé au départ. Et puis ensuite Fantine. C’est là que je mourrais sur la scène… Mon frère Dominique s’en rappelle.

Note de bas de page 14 :

Texier, née Fillon ; cf. l’entretien.

Note de bas de page 15 :

Agé de 3 ans environ.

C’est comme Marie-Jeanne14 qui disait que dans une pièce, son fils Thomas15 – elle mourait elle aussi – il s’est mis à crier « Maman ! ! ! » (…).

Note de bas de page 16 :

Beau-père de MF.

MF : Gabriel Fillon16 a joué aussi, lui ; il n’en a pas raté un. Jean Guérin aussi.

MP : J’ai l’impression qu’assez rapidement il y a eu assez souvent Ulysse Gaignet fils, Michel Girard, Dédé Ferret… il y a eu là une équipe un peu solide qui a duré.

Note de bas de page 17 :

Théophile Garreau.

Note de bas de page 18 :

Roussies, frère de Norbert.

MF : Ceux qui restaient au pays car après il y en a qui partaient. Jean Rémondeau est parti. Théo17 est parti. Remy18 aussi (…).

Note de bas de page 19 :

Frère de Gilles. Cf. l’entretien.

Note de bas de page 20 :

Cf. le programme d’Une mystérieuse espionne.

MP : Bernard Ouvrart19 aussi a joué un peu (en 1970)20. Daniel Hocbon, un petit peu aussi. Michel Ouvrart, un fils a Rémy (le maçon) (…).

MP : Moi, je me souviens que c’était plein.

PG : Ah, c’était plein.

MF : C’était tout le temps plein.

PG : Je pense qu’il y avait 100 places, pas plus. Avec des bancs sur les côtés.

MP : Jusqu’à 130 avec les gens debout ?

PG : Peut-être, oui, peut-être.

MP : Les enfants venaient surtout le dimanche après-midi ?

PG : Ah oui. Il y en avait peut-être quelques-uns le soir, mais pas beaucoup.

MP : Comme il y avait trois séances, il y avait à peu près 400 personnes qui y assistaient alors que le village faisait 600 habitants… Donc il devait y avoir des gens de l’extérieur.

PG : Ah, il y avait des gens de l’extérieur. Parce que je me rappelle, moi, on avait mis comme entête « La paroisse du Gué de Velluire », puis il y en a qui nous ont fait remarquer, « C’est pas la commune du Gué de Velluire, c’est la commune du Le Gué de Velluire. Regardez les panneaux à l’entrée du village ! » [rires].

MF : Je m’en souviens moi, j’allais coller des affiches, à Velluire, au Poiré, à l’Ile d’Elle, à Chaillé… A un moment, j’étais la colleuse d’affiches. Maintenant, on en met dans les pharmacies, dans les magasins. Mais à l’époque, on les collait sur les murs.

MP : Dans les années 60 ?

MF : Dans les années 70 et après ; je faisais ça en voiture. C’était de grandes affiches qui étaient écrites à la main. Et j’allais les coller, je m’en souviens. J’y pensais plus à ça, tiens !

MP : Tu étais avec qui pour faire ça ?

MF : J’étais toute seule ou alors on faisait chacune un secteur. Je les collais, mais je ne les faisais pas. J’en ai écrit pourtant puisque j’ai acheté de beaux feutres indélébiles, donc j’ai dû aussi en écrire, sur la fin (…).

Maurice Papin avait joué aussi, mon frère Dominique aussi, mais pas beaucoup. Lui aussi est parti.

Note de bas de page 21 :

Toujours pour financer l’école privée.

Note de bas de page 22 :

Il a dû y avoir un temps les deux en même temps puisque ces repas auraient commencé en 1984.

Note de bas de page 23 :

La salle paroissiale n’était en fait plus aux normes. Elle a été vendue à un particulier.

PG : On a commencé les repas de la paroisse21 quand il n’y a plus eu de théâtre22. Quand on n’avait plus de salle23.

MF : Et on a commencé à la Taillée parce que justement il n’y avait pas de salle au Gué.

MP : C’était pour les adultes ?

MF : C’était pour tout le monde. Il y avait des enfants, des adultes. C’était le repas paroissial.

PG : Et puis il y avait d’autres paroisses qui venaient aussi. Oh, c’était plein, hein ! On préparait jusqu’à 120 kilos de moules (au curry). On faisait du potage aux légumes mixés. Il y avait tout ce qu’il fallait dedans pour que ce soit bon. On faisait en plus des cuisses de poulet avec des haricots verts et des champignons, du riz au lait, plus les gâteaux… On a travaillé pour ces repas !

MP : En fait, il y a beaucoup de gens qui ont travaillé pour la paroisse.

MF : Ah mais tout à fait.

MP : Parce que les répétitions, fallait le faire, hein… deux à trois fois par semaine.

Note de bas de page 24 :

Hameau à environ deux kilomètres du bourg.

PG : Le soir, après le travail, nous, du Petit Rocher24, on venait en vélo. Quelques fois à pied. Et le lendemain matin, y avait pas… fallait se lever pour traire les vaches, hein ! Mais, j’sais pas, on le faisait avec plaisir.

Note de bas de page 25 :

Poupin, mon père.

Note de bas de page 26 :

Jules Gaignet.

MF : Par contre, je pense que Pierre25 et papa26, c’était pas tellement leur truc. Ils y allaient, mais ils ont dû facilement laisser leurs places dès qu’il y a eu des volontaires (…).

PG : Au début, les demoiselles Méchin étaient toutes seules pour faire les gâteaux. Puis après on a fait des gâteaux nous aussi.

MF : J’en ai fait moi aussi des galettes avec le gâteau de Marans. Chacun apportait ce qu’il voulait faire, en fait. Il y en a d’autres qui en faisaient comme nous. Mais c’était sympa.

PG : Mais je sais pas si aujourd’hui les jeunes feraient ça.

Note de bas de page 27 :

200 personnes au lieu de 250 il y a peu.

MF : C’est plus pareil. Non, c’est impossible. Ça se fait plus. On a un repas paroissial nous maintenant tous les ans à Chaillé, mais c’est pas la même ambiance27. Dans l’organisation, si ! Parce qu’on s’entend bien, ça se passe tout seul. Mais autrement, on n’a plus les parents des jeunes enfants… (…).

[Reprise le 29/05/2018]

(…)

MP : Donc, vous n’alliez pas souvent au théâtre ?

PG : J’y allais, mais une fois ; j’y allais le soir parce que les enfants étaient couchés. J’avais une voisine qui venait les garder.

MP : Il faut préciser que vous aviez huit enfants…

PG : Huit enfants.

Note de bas de page 28 :

Louis Gaignet, mari de Paulette et fils ainé de… Louis Gaignet, maire après la guerre jusqu’en 1971.

MP : Reprenons : Lili28 a été souffleur après Ulysse Gaignet (père) et avant Nénette Ferret. Donc ça a duré longtemps, alors en fait ?

Note de bas de page 29 :

Frère de Paulette. Cf. l’entretien.

PG : Oui ! Il s’énervait après Guy29 parce qu’il ne savait jamais son rôle. Jamais ! Il n’était jamais en panne parce qu’il inventait. Il trouvait quelque chose, mais il fallait suivre sur le livre !

MP : Donc les autres devaient râler ?

PG : Ben oui ! Il le regardait quand même un peu parce que pour jouer c’était bien obligé…

MP : Et il était le seul ?

PG : Ah oui !

Note de bas de page 30 :

Cf. l’entretien.

MP : Je sais que mon père regardait beaucoup le souffleur parce qu’il ne devait pas apprendre ! J’ai vu hier Denise Jourdain30, et elle n’a jamais vu Polon apprendre son rôle. Est-ce qu’il l’apprenait ailleurs ? En tout cas elle n’a pas vu et son fils Yves non plus.

PG : Le rôle s’apprend aussi un peu aux répétitions. Enfin, il faut quand même bien le regarder…

MP : Guy a dit que vous étiez maquilleuse.

PG : Oui, avec Nénette Ferret. Mais pas au début. Plus tard.

MP : Qui faisait le maquillage avant vous deux ?

PG : On se maquillait un peu soi-même, les unes les autres. Et puis, à ce moment-là, on se maquillait pas beaucoup, surtout à la campagne.

MP : Donc les gens ne savaient pas trop faire.

PG : Eh oui ! Et puis pour être sur la scène, faut être maquillé. Après la guerre, en 44-45, déjà avoir du rouge à lèvres, on était regardé de travers… en campagne, hein ! [rires].

MP : C’était pas correct ?

PG : Eh non ! Ça a bien évolué, heureusement (…).

Note de bas de page 31 :

Cf. l’entretien.

MP : Norbert Roussies31 m’a dit tout à l’heure qu’il allait, avec Théo, au cinéma à Fontenay. Les filles aussi ?

PG : Je crois pas. Au théâtre paroissial au Poiré sur Velluire, on y allait en groupe, garçons et filles. A pied. Garçons et filles mélangés. J’y allais avec mes frères. Y avait Arlette Thibaud, y avait Mimi Ferret, Nénette Ferret [née Garreau]…

Au Gué, ils ont commencé les théâtres peut-être bien dans le temps du curé Gadé… Non, son vicaire, qui était l’abbé Bonnin.

MP : Bonnin a été au Gué en même temps que le curé Gadé ?

PG : Oui, il a été vicaire, avant que Gadé meurt. Gadé est mort, et il est resté curé de la paroisse.

MP : Mais c’est Bonnin qui a lancé » le théâtre.

PG : Oui, oui. Alors, le théâtre, c’était, quand vous regardez l’ancien presbytère – il y a deux garages de chaque côté – c’était celui de droite. Ils avaient monté une scène, là. Je vois encore Tata Thérèse, Thérèse Robin [née Gaignet] qui jouait une folle. Oh, elle jouait bien, hein ! Je la vois encore ( ? ? ?). C’était que des femmes, hein !

MP : C’était avant la guerre ? Pendant la guerre ? (…) C’est pas Gadé qui a lancé le théâtre, c’est Bonnin.

PG : C’est Bonnin, oui. Non, c’est pas Gadé.

MP : Il était jeune, alors ?

Note de bas de page 32 :

C’est un prêtre qui n’a pas eu de formation initiale standard, laquelle commence généralement dans un petit séminaire en 6ème.

PG : Il était jeune. Quoique c’était une « vocation tardive »32. (…) Il aimait beaucoup la musique. Il a fait monter la chorale de l’Église dans la tribune. C’est lui qui s’occupait de la chorale, qui apprenait les chants, quoi, avec Jean Guérin. Il était très musicien puisque ma sœur qui est religieuse au carmel à Bayonne m’a dit : « Je me rappelle que t’avais chanté un chant de Noël toute seule ». Je ne m’en rappelle pas du tout. Et on était dans la tribune.

MP : Donc ça, ça devait être pendant la guerre. Il a dû commencer avant la guerre. Il a dû faire ça en arrivant, c’est normal. Il y a eu un chevauchement.

PG : Le curé Gadé est décédé et Bonnin est devenu curé de la paroisse jusqu’en 52. On s’est marié le 9 septembre et le curé Raballand est venu huit jours avant. (…) Il y avait eu des problèmes avec l’abbé Bonnin. Quand il est parti, il est parti tout seul, enfin, pas tout seul car mes frères l’ont accompagné. Dans le moment il y avait le train… Autrefois, il fallait pas que les garçons et les filles sortent le dimanche ensemble. C’était… Et alors – on était dans la tribune – il avait fait descendre de la tribune la chorale devant pour punir certaines. Alors, ç’avait été très mal pris.

MP : C’est pour ça qu’il est parti ? Parce qu’il était trop sévère ?

Note de bas de page 33 :

La gare était a deux kilomètres.

PG : Oui, oui. André Ferret disait : « Il est parti prendre le train tout seul ? ». J’ai dit non, parce que mes deux frères Martial et Charles sont allés le conduire33, parce que quand même, ça faisait de la peine de le voir partir tout seul.

MP : Les gens étaient fâchés après lui ? A ce point ?

PG : A ce point ! Moi, je crois qu’il a exagéré aussi, qu’il était responsable aussi parce que… bon, bien sûr… on peut pas empêcher un garçon et une fille de sortir ensemble, quand même…

MP : Est-ce qu’il n’y avait que ça ?

PG : Ça, je ne sais pas.

MP : (…) Mais il y avait aussi des parents qui étaient très sévères…

PG : Oh oui ! (…)

MP : Donc, dans cette cure, il y a eu des filles qui jouaient des pièces de théâtre, et vous ne vous souvenez pas de quelles pièces ?

PG : Je sais cette pièce de tata Thérèse qui jouait une folle… Je la vois encore. Il y avait Arlette Thibaud… j’étais jeune à ce moment-là… Je suis née en 29 (…).

MP : Il y a eu aussi un théâtre à la Galipeauderie, chez Pierre Ferret ?

PG : Maintenant que vous me le dites, il me semble… pour payer des colis aux prisonniers. Je revois, oui mais pas plus. (…) Ce que je me rappelle, les théâtres que l’on faisait dans la petite salle à côté du presbytère, il avait que des personnes pratiquantes, hein, qui venaient au théâtre, au début. Après, il y a eu des non pratiquantes qui sont venues, et qui se sont faites critiquer par des non pratiquantes… Eh oui !

MP : Ces pièces n’étaient pas religieuses ?

PG : Oh non. Mais on parlait pas d’amour comme aujourd’hui, non. (…)

MP : Et c’est le curé Bonnin qui devait piloter, alors ?

PG : Oui ! Ah, c’était pas le curé Gadé.

Note de bas de page 34 :

Institutrices de l’école privée.

MP : Et Mlle Lucas ? Mlle Maria34 ?

PG : Mlle Lucas, oui, elle s’en mêlait. Mlle Maria, je crois pas. Il n’y avait que des filles. On a commencé à jouer avec des garçons quand la salle s’est faite, après.

MP : Est-ce qu’il y a déjà eu un théâtre en 47 ?

PG : J’avais 18 ans… Je me rappelle avoir fait un théâtre dans la nouvelle salle avec Jeanne Gaignet, mais c’était que des femmes (…). Je crois bien que la pièce qu’on a faite… il y avait Cécile Ferret, y avait peut-être bien Geneviève Ferret aussi… Jeanne Gaignet…

MP : En quelle année ?

PG : Ah, j’étais jeune, hein, j’avais 15-16 ans… (…) Jeanne Gaignet jouait une couturière et puis nous on était les petites mains… Je me souviens pas du tout du titre de la pièce.

MP : Qu’est-ce qui vous pilotait à ce moment-là ? Le curé Bonnin ?

PG : Oui. Et puis Melle Lucas.

MP : Et qui choisissait les pièces ?

PG : Ah, c’était le curé Bonnin. Avec Mlle Lucas aussi ! (…) Du temps de l’abbé Puaud, on faisait trois théâtres pas an. Là, je jouais pas. Y avait la ferme. Mon père est décédé en 46. Et puis autrefois, le deuil… Avec un décès en 46, en 47 on jouait pas. Le deuil se prolongeait. On a été deux ans habillées en noir, puis après ça a été le noir et blanc, puis près le gris, avant de prendre des couleurs !

MP : Vous vous êtes mariés en septembre 52. Lili, qu’est-ce qu’il faisait comme métier à l’époque ?

PG : Il était à la ferme, chez son père, à la Caillère. Il a laissé la ferme après le mariage, à 23 ans (on est du même âge). Il a travaillé à Fontenay, puis après il a été sur la Rochelle dans les travaux publics. Il conduisait un bulldozer. Après ils lui ont demandé de passer le permis de transport en commun. Puis après il a fait le transport des ouvriers.

MP : Il rentrait tous les soirs ?

PG : Quand il était dans les travaux publics, il lui arrivait de partir pour la semaine. Même, quelquefois, il rentrait le samedi soir et repartait le lundi matin.

MP : Il a joué, lui ?

PG : Ah non, il voulait pas jouer. Il aimait pas ça. Il était souffleur.

MP : Donc, chez les Ollivier, qui a joué ?

PG : Martial, Charles aussi, ma sœur Marie-Ange, qui est rentrée au Carmel en 51, je pense qu’elle a joué à des théâtres. (…)

MP : C’était un événement, le théâtre ?

PG : Ah ben oui alors, parce qu’il y avait pas trop de distractions…

MP : Les gens attendaient…

PG : Ah oui ! (…) A la fin, les demoiselles Méchin n’en pouvaient plus de faire les gâteaux. Alors, c’étaient les femmes de joueurs qui faisaient les gâteaux (…) A la fin, on a dit : « faut qu’elles arrêtent ». Puis alors, c’est qu’elles le faisaient à leur frais !

MP : Je crois qu’elles étaient totalement dévouées. Je crois qu’elles faisaient les gâteaux dans leur four à pain… J’ai un peu vu car nous étions voisins. Mais impossible de retrouver la recette ! (…)

Note de bas de page 35 :

Il était mécanicien et avait un garage à Chaillé-les-Marais.

Note de bas de page 36 :

Née Fillon, actrice au Gué, puis metteur en scène à Vix et grande sœur de Marie-Jeanne Texier, née Fillon (cf. l’entretien).

PG : Mon frère Charles35 a fait quatre avions ! Je suis même allé avec lui à Bayonne en avion, voir ma sœur Marie-Ange (au Carmel). (…). Claude s’est marié avec une fille de La Flocellière. Elle était institutrice à Vix. Elle faisait l’école avec Céline36 qui était mariée à mon frère Michel. Claude, en allant voir son frère et Céline a connu Ginette (Caillaud) de la Flocellière.

MP : J’ai été au petit séminaire à la Flocellière ! Il y avait du théâtre là-bas !

Note de bas de page 37 :

En 1937, selon Michel Girard.

PG : Oh oui ! On a été en voir des théâtres. Il y avait M. Coutand qui avait été instituteur au Gué. C’est lui qui a ouvert l’école libre de garçons37 et puis il est parti à la Flocellière.