Photographies

Char à bancs Guignol (1900)

Quelques commentaires sur une image peu documentée
- l’homme qui tient les rênes porte une blouse assez semblable à celles que portaient les marchands de bestiaux les jours de foire encore dans les années soixante ; ces blouses étaient noires ou bleues, celle de la photo paraît beaucoup plus claire, c’est de toute façon un vêtement de travail ;
- le second tient une bassine en guise de grosse caisse et un maillet ;
- le troisième tient un panonceau qui manifestement n’a rien de professionnel : présentation sommaire, aucune symétrie par rapport à un axe vertical ;
- le quatrième, en-dessous du précédent, tient un cornet à pistons ou un bugle (difficile à déterminer parce qu’on ne voit rien du pavillon) ; ce serait plutôt un cornet à pistons, car c’est un instrument voisin de la trompette mais d’émission plus facile ; c’était l’instrument par excellence des bals de campagne ou des fanfares communales ;
- le cinquième, qui semble avoir une cigarette à la bouche et qui semble vêtu comme le premier d’une blouse couverte d’une pèlerine, tient deux couvercles de casseroles faisant office de cymbales ;
- le sixième (le garçon) porte manifestement des vêtements tout à fait ordinaires, passablement fatigués ; la seule touche carnavalesque qu’il présente est un chapeau probablement réalisé avec une feuille de papier journal ; les personnages 4 et 5 sont eux aussi coiffés de papier journal ;
- le septième porte la coiffure et le vêtement les plus élaborés, si l’on excepte les chaussettes et les sandales ; désignant la troupe, il est une sorte de Monsieur Loyal ;
- le huitième, car il y a un huitième, est masqué par le précédent, si ce n’est qu’il pointe le bout de son nez.

Conclusions :
- il ne s’agit pas de professionnels ;
- l’intention parodique et carnavalesque est évidente ;
- il s’agit d’une sorte de parade jouée par des gens de La Flocellière ou par des villageois voisins.

Hypothèses :
S’il y a char-à-banc et cheval, c’est qu’il s’agit de déambuler sous la forme d’un tableau vivant et l’on pense à un défilé dans les rues du village à l’occasion par exemple de la fête votive ; ce défilé comprenait et comprend encore aujourd’hui parfois des fanfares et des chars décorés par les habitants.
Cette photo est particulièrement intéressante pour le sujet du théâtre amateur vendéen parce qu’elle montre, si la perspective est juste, des gens ordinaires, montés sur un char-à-banc ordinaire tiré par un cheval ordinaire, en train de parodier la parade d’une troupe de Grand Guignol, autrement dit des acteurs occasionnels jouant les rôles d’acteurs professionnels. C’est du « théâtre dans le théâtre » mais il est très vraisemblable que ni ces villageois ni leurs spectateurs n’en avaient une claire conscience.
Elle est encore intéressante sur un plan symbolique car elle évoque inévitablement la tradition du chariot de Thespis. Là encore ces villageois ne devaient pas se douter que leur représentation entrait en résonance avec la légende grecque des origines du théâtre.
La comparaison avec le document suivant : https://archives.seinesaintdenis.fr/ark:/naan/a011552474816I5ZD42/2aa84c2ca9 est particulièrement éclairante.

Troupe qui a joué « La Passion de notre Seigneur Jésus Christ » (septembre 1910)

Joseph Oger — tonnelier, et maire de la Flocellière — dans le rôle de Michel Strogoff ; et Joseph Rambaud, facteur, travesti en Marfa Strogoff (janvier 1947)

Gaston Rouzeau — garagiste — dans le rôle de Burck (Les enfants du Capitaine Grant — 1950). Décor loué à la maison Faucheux d’Angers » (1950)

Le souffleur Félix Guicheteau, dans Ben-Hur (1953)

Le public, probablement lors de la représentation de Monsieur Vincent (1954-1955)

« Monsieur Vincent » (1961-1962)

Amours tziganes (1967)

La dame à l'ardoise (Louisette Beaufreton) dans le public d'Amours tziganes (1967)

La dame à l'ardoise (Louisette Beaufreton) dans le public d'Amours tziganes (1968)