« Les nouveaux talents », in l'Écho do doué, Bulletin de liaison des amis de la boulite, N° 12, mai 1996, pp. 22-23

Entretien entre Daniel Arnaud,
Antoine Hériteau,
Pierre Blanchard
et Stéphane Giraud

Texte

Sur les traces de leurs aînés, de jeunes Flocéens sont aujourd'hui animés de cette même passion pour les arts de la scène, à tel point qu'ils caressent même l'espoir d’arriver à en faire leur... métier ! Rencontres, tout d'abord avec Pierre Blanchard, puis avec Stéphane Giraud. Deux parcours différents, mais la même envie de faire vibrer les spectateurs.

Pierre Blanchard, « Le théâtre, c’est ma motivation principale »

Pierre Blanchard sur les planches avec la troupe du Chérubin dans un spectacle d'Y. Navarre 'Il pleut, si on tuait papa-maman'

Pierre Blanchard sur les planches avec la troupe du Chérubin dans un spectacle d'Y. Navarre 'Il pleut, si on tuait papa-maman'

EDD : Comment est née ta passion pour le théâtre ?

Pierre : C'est le hasard qui m'a fait venir au théâtre. En quatrième, j'ai essayé l'option théâtre et ça m'a plu. On travaillait en atelier avec Christophe Arseau et Guy Blanchard. Après le collège, j'ai continué en choisissant 1'option A3 à la Roche/Yon.

EDD : As-tu fait du théâtre en dehors du cadre scolaire ?

Pierre : En septembre 1994, on a créé une troupe de jeunes sur le Boupère, la troupe du Chérubin. J'ai joué également avec la troupe professionnelle du Galion, dans "Le désespoir des singes". Actuellement, j'ai un projet en vue avec une autre compagnie professionnelle, mais tout n'est pas encore réglé, alors je n'en dirai pas plus.

EDD : Est-ce qu'il y a eu des gens de théâtre qui t'ont marqué ?

Pierre : Au collège, c'est Christophe Arceau, éducateur-animateur, qui m'a donné la passion du théâtre. Ensuite, j'ai rencontré Emmanuelle Sindraye, qui était ma prof de théâtre au lycée Notre-Dame à Pouzauges. C'est de là qu'est né le projet de la troupe du chérubin. C'est elle aussi qui m'a ouvert plein de portes sur le théâtre. Et puis, il y a eu Lionel Pavageau, de la troupe du Galion. Ce sont des rencontres qui m'ont fait avancer de fil en aiguille.

EDD : Sur scène, dans quel type de personnages te sens-tu le mieux ?

Pierre : Je n'ai pas vraiment de personnage type. Plutôt, je me sens bien dans le théâtre contemporain. Mais pour l'instant, je prends tout ce qui vient. C'est intéressant de faire du classique, du spectacle pour enfants, de la Comedia del arte... Je m'en fiche ! J'essaie de m'ouvrir à tous les genres de théâtre.

EDD : Dans les pièces que tu as vues, est-ce qu'il y a des textes, des acteurs, des metteurs en scène, qui t'ont particulièrement marqué ?

Pierre : Tout d'abord, il y a eu "Baal" de Berthold Brecht, produit par le Sirocco Théâtre. C'est le premier grand spectacle que j'ai vu. L'espace scénique en forme de cirque m'a beaucoup marqué. J'ai autrement été très séduit par un acteur allemand, Nikolaus Maria Holz, qui a campé un personnage de clown, poète, musicien, acrobate tout à fait extraordinaire. Dernièrement, j'ai vu aussi "La Dispute" de Marivaux, monté par Pitoiset. C'était une grosse production, avec une scénographie originale, une approche tout à fait contemporaine de ce grand classique, très proche finalement de la vie actuelle.

EDD : Ces pièces qui t'ont touché, te donnent-elles envie de faire du théâtre ton métier ?

Pierre : Petit à petit, c'est vrai que j'aimerais bien y arriver. Dans un premier temps, je pense plutôt à une expérience de terrain. Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai un projet en vue d'une durée assez longue avec une compagnie, et peut-être qu'à l 'issue j'intégrerai une école.

EDD : Faire une carrière théâtrale, est-ce un choix difficile par rapport à ton entourage ?

Pierre : Pour moi, non. C'est une passion, c'est ma motivation principale. Mes parents ont toujours été derrière moi, ils ne m'ont jamais rien refusé par rapport au théâtre.

EDD : As-tu entendu parler de l'aventure théâtrale flocéenne ?

Pierre : C'était une grosse machine. Il paraît que ça venait par cars entiers_ Mais aujourd'hui c'est perdu. Ça pourrait repartir, avec la Boulite par exemple. Il faudrait motiver des gens pour créer une petite structure, où des ateliers pourraient se mettre en place.

Stéphane Giraud, « Du Cours Florent… à l’Opéra de Paris »

EDD : Comment est née ta passion pour le théâtre ?

Stéphane : A 17 ans, j'ai été amené à me produire dans "Le Petit Prince" de Saint-Exupéry. Dans une phase de ma vie ou j'éprouvais le besoin de me trouver une forme d'expression, j'ai ressenti une émotion singulière sur les planches. A partir de ce moment-là, j'ai ambitionné d'accéder à des études théâtrales.

EDD : En quelques mots quel a été alors ton parcours ?

Stéphane : Il m'a fallu un certain temps avant d'y donner lieu, et avant d'y parvenir, j'ai dû travailler dans des domaines divers, aux antipodes de ma sensibilité. J'ai en fait pris la décision de partir à Paris, en 1983. Je suis parvenu à rentrer au Cours Florent, après avoir réussi le concours d'entrée, où j'ai alors étudié entre 1983 à 1986.

EDD : Ça a dû être une expérience exceptionnelle ?

Stéphane : J'ai eu 1'occasion de suivre le cours de Michèle Harfaut en tant que professeur attitré, conjointement à des interventions de Francis Huster, François Florent et autres. Les journées étaient fort astreignantes, puisqu'il me fallait également travailler en dehors pour vivre et financer mes études. Cela exigeait une persévérance certaine.

EDD : Et au sortir de cette prestigieuse école, qu'as-tu fait ?

Stéphane : Je suis alors entré à l'École Expérimentale des Arts et Techniques du Spectacle (École Joséphine Baker). Cette école d'un genre nouveau, qui s'inspirait des "Performing Arts Schools" aux États-Unis proposait une approche pluridisciplinaire des arts de la scène : art dramatique, danse, chant, musique, chorégraphie, scénographie, technique... Conjointement aux professeurs permanents, des intervenants renommés venaient nous dispenser leurs compétences respectives, tels Claude Nougaro, Bernard Lavilliers, Pierre Clémenti (qui a tourné avec Antonioni et Pasolini), Annie Girardeau, Niels Arestrup... Par ailleurs, nous travaillions avec quelques références internationales, comme Jack Waltzer, de l’"Actors' Studio" de New-York, ex-coach entre autres de Dustin Hoffman, Katleen Leslie ("Actors' Studio"), Roberto Pétrolini, du Picolo Théâtre de Milan, émule de Strehler...

EDD : Tu as ainsi travaillé avec des personnalités célèbres, et pas les moindres.

Stéphane : A posteriori, je me rends compte du caractère exceptionnel de ces expériences.

EDD : Un tel parcours t’a-t-il ouvert des portes ?

Stéphane : J'ai décroché en 1985 mes premiers engagements artistiques avec l'Opéra de Paris, pour des prestations d'ordre chorégraphique. Je me suis également produit en d'autres formes de théâtre, telle l'interprétation du rôle-titre de Billy dans une adaptation de "Midnight Express", au studio du Théâtre Mogador au printemps 1986 ; tel le rôle de Biff dans "La Mort d'un commis voyageur" d'Arthur Miller, au Théâtre de Paris, rue Blanche ; telle encore l'interprétation de textes de Boris Vian dans le cadre de sa boîte de jazz à Saint Germain des Prés ; ou telle aussi une création-production commune mise en scène par Frédéric Mallard au Théâtre de l'Union... entre autres expériences.

EDD : As-tu entendu parler de l'aventure théâtrale flocéenne ?

Stéphane : Je garde un souvenir d'enfant féérique de cette époque, bien que ce fût la fin du théâtre à la Flocellière, et que je n'aie eu la chance de connaître les spectacles de la grande époque. Je regrette que la salle du Châtelet n'ait pu être conservée dans son architecture et sa vocation initiale, qu'elle n'ait pu être sauvegardée. Il serait légitime et dans l'ordre des choses qu'à nouveau la Flocellière retrouve une salle et une troupe qui fassent honneur à son Théâtre passé.

Pour citer ce document

Arnaud D., Hériteau A., Blanchard P. et Giraud S., (1996). « Les nouveaux talents », in l'Écho do doué, Bulletin de liaison des amis de la boulite, N° 12, mai 1996, pp. 22-23. Fonds du Théâtre Amateur Vendéen, URL : https://www.unilim.fr/theatre-amateur-vendeen/1261

Auteurs

Daniel Arnaud
Antoine Hériteau
Pierre Blanchard
Stéphane Giraud

Licence