Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Émile Rouhaud, Jeanne-Marie Raingeaud épouse Rouhaud et Marthe Ferchaud épouse Alland, acteurs amateurs à Bazoges-en-Pareds, et Michel Poupin, accompagné d’Alain Rouhaud

Entretien entre Émile Rouhaud,
Jeanne-Marie Raingeaud,
Marthe Ferchaud
et Michel Poupin

Le style oral a été conservé
Fait le jeudi 01/03/2018 à Bazoges chez les parents d’AR

Texte

Note de bas de page 2 :

AR : Alain Rouhaud, professeur d'histoire et géographie au collège Saint-Paul de Sainte-Hermine ; il a écrit un article sur l’histoire des activités paroissiales de Bazoges.
MM : Marthe Alland-Ferchaud, surnommée Mamate.
MP : Michel Poupin.
ER : Émile Rouhaud.
JMR : Jeanne-Marie Rouhaud.
(…) passage inutile à la compréhension.
(???) passage inaudible.
[aide à la compréhension].

Légende2

(…)

MP : Je peux vous demander votre année de naissance ?

ER : Oui ! Émile Rouhaud, né le 25 janvier 1941 à Bazoges-en-Pareds, dans cette maison, agriculteur jusqu’à 60 ans, puis retraité. Tout simple.

MP : Avec des frères et sœurs ?

ER : Une sœur.

MP : Et vos parents, ils faisaient quoi ?

ER : Agriculteurs.

MP : Aussi ! Au même endroit. C’est de l’enracinement, ça ! Et après vous êtes allé à l’école… ?

Note de bas de page 3 :

École privée d’agriculture.

ER : J’ai fait la Mothe-Achard3 de 12 à 14 ans. Et avant, l’école primaire libre, Certificat d’études et CAP agricole de 12 à 14. Ils prenaient normalement à 14. Mais comme à 12 ans, j’avais le niveau du Certificat, ils ont dit, il va perdre son temps, il faut qu’il y aille à 12 ans. Dans le collège, on a été deux ou trois à être pris plus tôt.

MP : Et donc, service militaire aussi, j’imagine ?

ER : Oui, oui. 4 mois en France et 19 mois en Algérie dans l’Oranie. En 1961. C’était le moment où on commençait à réduire le service. On partait pour 28 mois ; on a fait 23 mois. C’était la fin de la guerre. Le drapeau vert avec le croissant flottait… Les capitaines se serraient la main, ceux qui avaient résisté à la guerre, qui n’étaient pas morts. On était amis, quoi.

MP : Vous n’avez pas eu d’activités théâtrales avant ?

ER : Non, pas même dans le cadre scolaire. A la Mothe-Achard, par exemple.

MP : Et vous Madame ?

Note de bas de page 4 :

Donjon médiéval imposant, très bien conservé et situé dans le bourg même de Bazoges-en-Pareds.

Note de bas de page 5 :

Organisme privé de formation créé, à Chantonnay, en 1950.

JMR : Jeanne-Marie Rouhaud, née aussi dans cette commune, de l’autre côté du donjon. Parce que nous avons un beau donjon4 ! En 1945. Scolarité à l’école libre à Bazoges jusqu’à 11 ans. Deux ans de pension à Fontenay, à Notre-Dame (6e et 5e). Ensuite, Certificat d’Études. Et puis ensuite la Maison Familiale5 à Chantonnay. 3 ans, avec un CAP ménager : c’était un peu général. Après il aurait fallu continuer, pour se spécialiser. Ça commençait à cette époque, il aurait fallu que je parte à Redon ( ? ? ?). Et mes parents n’étaient pas d’accord. C’est resté comme ça.

MP : Là, vous aviez 16 ans. Et après, vous êtes revenue ici ?

JMR : Oui. On a fait beaucoup de Coupes de la Joie à cette époque dans le cadre de la JAC et du patronage. Avec les vicaires de l’époque, l’abbé Gaboriau qui est décédé cette année, et avec un prêtre qui était très rigide, avec le curé Roturier qui était, oh là, il fallait que ce soit garçons et filles séparés (…). Justement, l’abbé Gaboriau s’était fait taper sur les doigts par le curé, parce qu’on faisait des Coupes de la Joie et puis on se réunissait pour manger tous ensemble, c’était super, quoi. Mais la mixité, ça ne passait pas.

MP : Mais ces Coupes de la Joie, c’était à l’intérieur de Bazoges ?

JMR : Non. A l’extérieur. Au niveau du canton.

MMM : Ça, ça me dit quelque chose tout d’un coup. J’ai commencé comme ça moi, à faire un petit peu de théâtre.

JMR : Eh oui, et on dansait.

MP : Quel rapport avec les Coupes de la Joie ?

MMM : Les Coupes de la Joie, c’était des petits théâtres.

JMR : C’était des petites saynètes.

MMM : Je me souviens, j’étais allée jouer à Cheffois.

MP : Mais avant la pièce de théâtre…

JMR : Ah oui, on était jeune, jeune. 16 ans peut-être.

MP : Vous jouiez avant une pièce principale ?

JMR : Moi, ces Coupes de la Joie, c’était indépendant du théâtre (…)

ER : Il y avait différents échelons. Cantonal, départemental…

JMR : On était sélectionné.

MP : Ces saynètes, vous les jouiez où ?

JMR : Au patronage, où on jouait les théâtres.

MP : Il n’y avait que ça ?

MMM : Oui, dans le cadre des jeunes, il n’y avait que ça. Il n’y avait pas le théâtre.

MP : Parce que quelques fois les deux pouvaient être jumelés ?

MMM : Il y avait quelques danses.

JMR : Par contre, ça là [bruit de papier froissé], ça c’était dans le cadre du théâtre, cette danse-là. Donc ça arrivait. C’était un intermède.

MP : C’était pendant un changement de décors ?

MMM : Ah ben non, parce que ça ne se pouvait peut-être pas (…).

MP : Maintenant, on s’arrête vers 20 ans. Après on reprendra.

MMM : Alors moi, c’est Marthe Allan-Ferchaud. Je suis née le 9 janvier 1939. Je suis allée à l’école jusqu’à 14 ans (Certificat), tout à Bazoges.

MP : Vous avez eu des frères et sœurs ?

MMM : J’avais une sœur et un frère.

MP : Vos parents étaient aussi d’ici ?

MMM : Ils étaient agriculteurs à Bazoges. Et après, mon frère s’est marié et est parti. Il a fallu que je fasse à la ferme avec mes parents. Donc, tous les jours, j’allais dans les champs, suivant mon père à faire n’importe quoi… les bettes, les choux, planter, récolter… j’étais continuellement à la ferme. Mon père s’appelait Marie-Joseph, on l’appelait Marie-Jo. Ma mère s’appelait Claire. Et puis, après, j’ai continué comme ça. Voilà. Après, je me suis mariée, et puis on a eu une fille, mais j’en ai élevé quatre parce que malheureusement ma sœur est décédée à 28 ans et je me suis mariée avec mon beau-frère qui avait déjà trois enfants. Alors, quand on s’est marié, moi j’avais 22 ans, le plus vieux - qui est décédé maintenant malheureusement – 7 ans, 6 ans et 2 ans.

AR : Donc vous avez élevé en fait vos 3 neveux, et puis la petite fille que vous avez eue ensemble, donc 4 enfants.

MP : Donc, là, vous n’aviez pas de travail à l’extérieur ?

Note de bas de page 6 :

La Roussière, gros hameau proche du bourg de Bazoges-en-Pareds.

MMM : Mon mari faisait une porcherie déjà à quelques kilomètres d’ici. Et puis on en a construit une à Bazoges, à la Roussière6, là où on habitait. Donc, voilà. Mais ça ne suffisait pas parce qu’une porcherie, 300 cochons, ça ne fait pas vivre 6 personnes. Donc il a trouvé du travail. Il faisait du car scolaire. Après, il a été aussi en usine conduire – il avait passé le poids lourd aussi et le transport en commun – donc il travaillait au « Produit rouge » à Mouilleron-en-Pareds, à faire des tuiles, des briques, en tant que chauffeur. Après il est rentré chez « Patrick » – les chaussures de sport… surtout comme chauffeur.

AR : On parlait des usines à la campagne tout à l’heure…

MMM : … et puis moi je faisais aussi les cochons, parce que, quand il conduisait les camions à Mouilleron pour « Le Produit rouge », c’était le matin ou l’après-midi. Donc, moi, quand il était du matin, je travaillais le matin (nettoyage de la porcherie), quand il était du soir, je soignais les cochons le soir. Et puis après, en 1976, on a arrêté les cochons et je suis aussi partie à l’usine « Patrick » là où il travaillait, à Chavagnes-les-Redoux. Mais lui, il était chauffeur de poids lourds à l’usine, il continuait à l’usine de faire les navettes parce qu’il y avait 4 usines. Le siège social était sur Pouzauges, il y avait une usine à l’Herbergement dans le nord de la Vendée, il y avait une autre usine à Secondigny dans les Deux-Sèvres, et il y avait une usine à Chavagnes-les-Redoux. Lui, il faisait le vaguemestre et le matin, il ramassait le personnel aussi. Il est allé chercher le personnel à l’Herbergement, parce que ça a fermé là-bas, le matin pour les amener à Chavagnes-les-Redoux, pour les retourner le soir [épisode avec temps neigeux]. Et après, au vu de tout ça, je vous dirais bien que j’avais envie de me changer les idées, et un jour on est venu me demander si je voulais jouer au théâtre. Et ça m’a sauvée.

MP : Qui vous a demandé ça ?

MMM : Eh bien, quelqu’un qui me connaissait bien, par exemple André Blézeau, Paul Portrait, les voisins que je connaissais bien et qui me connaissaient bien !

MP : Et c’était quand, ça ?

MMM : C’était quand on a fait la première pièce en 1965, La roulotte aux sortilèges.

Note de bas de page 7 :

André Blézeau, agriculteur et scieur de long, né en 1923

Note de bas de page 8 :

Organisme de Gestion de l’École Catholique.

ER : Tu sais pourquoi on a commencé à faire du théâtre à Bazoges ? C’était sous le curé Biteau. Parce qu’il avait construit une école de garçons. Ils avaient un emprunt, et je me souviens, André Blézeau7, qui était dans l’OGEC8, se portait caution. Il fallait payer cette école (…). L’abbé Biteau pensait qu’à la campagne où il n’y avait pas trop de distractions, le théâtre pouvait être éducatif.

AR : L’école des garçons a été fondée en 1837 par les frères de Saint-Gabriel dans le bas-bourg, en face de chez Madeleine Philippeau. Ce que tu dis en 1965, c’est la restauration matérielle de l’école. Ils avaient emprunté et il fallait trouver de l’argent.

MP : Et c’était connu, officiel… ?

Note de bas de page 9 :

Cf. entretien du matin.

AR : Tout à l’heure, Madeleine9, elle ne pouvait pas dire pourquoi elle jouait au théâtre.

ER : Moi, c’est le voisin André qui m’a dit, on s’est porté caution. Et maintenant, il faut qu’on paie. Il faut qu’on trouve de l’argent.

JMR : Je me souviens, quand on a joué J’y suis, j’y reste, l’argent a servi pour acheter les chaises dans la salle. (…) Ç’avait bien marché le théâtre à ce moment-là, le prêtre nous a dit : « On va mettre des sous de côté pour acheter des chaises parce qu’on n’avait que des bancs. »

MP : Il y avait d’autres ventes pour gagner de l’argent, non ?

JMR : Eh bien il y avait la vente aux enchères. Les gens donnaient des tartes, des gâteaux, des brioches, des bouteilles de vin à la rigueur… On vendait des gâteaux pendant qu’ils changeaient les décors, souvent ça se passait comme ça.

ER : Il y avait aussi des kermesses qui se faisaient au profit des écoles, un peu comme partout.

MP : Là, c’était pendant le changement de décors ?

JMR : Oui, quand il y en avait. (…) Et il y avait l’entracte, les gens allaient manger, boire un coup (…). Il y avait un bar sous la scène… Il y avait des hommes qui n’étaient pas pressés de rentrer, ils restaient au bar et ça faisait du bruit. Et pour ceux qui jouaient au-dessus, ce n’était pas intéressant (…).

MP : Donc, on est venu vous chercher, on vous a proposé…

MMM : On m’a proposé… euh… Il y avait Germaine, la femme de Denis Belaud qui devait jouer, puis en fait elle s’est rétractée. Justement, elle m’en avait parlé aussi de ça.

MP : Quelle est la première pièce que vous avez jouée ?

MMM : La roulotte aux sortilèges, pour moi. Mais il y en avait peut-être eu avant… je ne sais plus.

AR : Alors, vous avez vu des pièces de théâtre avant d’être actrice ?

MMM : Oui, parce que je me souviens bien, quand ma sœur a joué, elle a joué au moins une pièce qui s’appelait Les mains liées.

AR : Ça pouvait être en quelle année, ça ?

MMM : Elle était née en 31, donc, … elle s’est mariée à 20 ans, elle est décédée en 59… Elle a dû jouer avant de se marier vers 1948-1949. Je me souviens très bien, elle a joué avec André Thomas (…).

ER : Ah oui, Martine Garnier jouait très, très bien.

MMM : Elle apprenait ses rôles devant la glace.

ER : Moi, j’étais tout petit, j’avais 10-11 ans, [vers 1951-1952] mais je me souviens de Martine (…). Moi j’ai joué à l’âge de 5 ans pour un rôle de gosse ; c’est tante Jeanne [Jeanne Tripoteau Tapon 1923-2009] qui m’avait demandé de jouer. Depuis quelques années, à Thouarsais… partout autour, on joue au théâtre. Partout, partout, c’est revenu. Il a passé une période, une dizaine d’années, il n’y avait rien. Et depuis 10 ans, là c’est reparti.

MMM : Maintenant, Jeanne-Marie, que tu as parlé de la Coupe de la Joie, effectivement, je me souviens bien que j’avais commencé à faire des petits théâtres. A la Coupe de la Joie, j’avais 15 ans (…).

MP : Ça dépendait beaucoup des…

ER : … des vicaires… Mais on avait de la chance, les jeunes parce que, quand même, ils s’occupaient de nous, quoi !...

MMM : J’aimais jouer. Moi, je l’ai dit déjà, quand je montais sur les planches comme on dit, ben je savais déjà mon rôle. J’apprenais mon rôle avant, parce qu’après j’étais libre de mes mouvements… mes sorties… mes entrées… Mais, j’aimais.

MP : Vous aviez chacun votre livret ?

MMM : Oui.

MP : Ça veut dire que vous aviez lu la pièce en entier, vous ?

JMR : Ah mais on la lisait ensemble.

MP : Qui choisissait la pièce ?

JMR : C’était le prêtre certainement. Peut-être avec André…

ER : En fonction du nombre d’acteurs disponibles, ça joue aussi (…).

MMM : L’ange qu’on m’a donné, 1968-1969

MP : Qui vous a choisie ? Qui vous a proposé ?

JMR : Nous, c’était l’abbé Biteau qui est venu nous proposer parce qu’il sentait sans doute que ça pourrait aller… Moi je préférais la danse.

MP : Vous étiez des lecteurs déjà de romans, de… ?

JMR : Ah, on lisait, oui, un petit peu. Pas plus que les autres… L’abbé Biteau était assez proche des familles.

ER : Quand il faisait des réunions pour autre chose, on y allait (…).

MP : Vous avez joué dans quelle pièce la première fois ?

JMR : La roulote aux sortilèges, J’y suis, j’y reste, La maison de l’aiguilleur, … toi Émile tu as dû jouer dans les trois premières… Et après on a arrêté de jouer.

ER : Quand on s’est marié, en 1969.

MP : Vous avez joué 3 ou 4 ans ?

JMR : Oui, voilà.

MP : Et vous, vous avez joué… ?

MMM : Une dizaine d’années. Je ne serais pas partie à l’usine en 76, j’aurais continué… Je ne pouvais pas faire trois répétitions par semaine. Quand il y avait 3 actes, c’était un acte par soir. Et… 3 jours, trois soirs, quand même… Il fallait se lever le lendemain matin, hein !

AR : Qui vous mettait en scène ?

MMM : André Blézeau, beaucoup, et l’abbé Biteau.

AR : Ça veut dire que le vicaire assistait à vos répétitions ?

MMM : C’était le curé qui assistait… Peut-être pas à toutes les fois, mais… Le curé Poyer qui a remplacé le curé Biteau venait aussi de temps en temps aux répétitions.

AR : Vous vous rappelez de lui aux répétitions ?

ER : Ah ben moi, je m’en souviens bien, hein ! C’est clair.

MMM : Puis des fois, même tout le monde, quand on voyait que ça clochait, on le disait.

JMR : Et on n’avait pas quelqu’un comme aujourd’hui, qui nous disait…

ER : Et puis le curé Biteau disait : « Moi, la pièce de théâtre, je m’en fiche, si ce n’est pas pour former des gens ». L’esprit de former des gens, c’est ça qui le motivait.

MMM : Et puis l’argent qu’il fallait pour l’école ! (…).

MP : Il y avait quand même un souci pédagogique…

AR : Et l’édification.

[29 :40 AR accompagne MMM pour chercher les livrets avec les rôles. Suite en roue libre… (…)]

ER : A cette époque, il n’y avait pas beaucoup de distractions dans les campagnes. Il n’y avait pas grand chose. C’était une occasion pour se retrouver aussi, être ensemble. On avait le basket un peu ; à Bazoges, il y avait beaucoup de basket, et puis le théâtre. Il y avait 10-11 équipes, là pour 1200-1300 habitants. Il y avait un animateur, Monsieur Bousseau, cordonnier qui s’en occupait, qui aimait les jeunes. C’était laïc. Il a fait ça pendant 15 ou 20 ans… (…)

MP : Est-ce qu’il y avait du cinéma ?

Note de bas de page 10 :

A environ 7 km.

JMR : Non. Il y avait le patronage avec leurs petites bobines, là … Mais c’est tout. A Mouilleron10, il y avait le cinéma. Le vicaire nous faisait du patronage le dimanche après-midi. Je me souviens de ça, mais…

MP : Des diaporamas ?

ER : Tintin et Milou…

JMR : Il y avait aussi des petits films, quand même. Mais des films muets… C’était quand on était à l’école primaire [1955]

ER : Ils avaient un rôle d’éducateurs, quand même ces vicaires.

JMR : Et maintenant quand je revois toutes les choses, justement, les papiers que je jette… Ben maintenant, on a fait tout ça, personne ne voudra se pencher là-dessus, allez, hop ! ! ! (…)

ER : C’est vrai, on n’a pas conscience de l’intérêt que ça peut avoir… (…) Ce qui est curieux, c’est que pendant 10-15 ans il n’y a rien eu. Et depuis 8-10 ans, le théâtre recommence partout autour !

MP : Est-ce que c’est dans le même esprit ? De toute façon, il n’est plus paroissial ?

JMR : Non. C’est autre chose. C’est une association de théâtre…

ER : Par contre, sur 7 ou 8 séances, ils en font une pour une cause humanitaire. Cette année, c’était pour un enfant qui avait perdu une jambe pour lui acheter une attelle à 2500 €. Tous les ans, ils font ça (…).

MP : Vous pensez que ça existerait s’il n’y avait pas eu l’épisode théâtre… Il y a un lien ? Il y a des jeunes qui se souviennent (…) ?

JMR : Oui, il y a des jeunes qui se souviennent. Qui ont joué… Philippe Avril, les fils de l’instituteur ont joué à notre époque… Ils se souviennent, de toute façon.

ER : Il suffit qu’il y ait des jeunes qui manifestent le désir de faire du théâtre, et puis ça y est.

MP : On le refait parce que ça a été fait ?

JMR : Oui, voilà…

ER : Bazoges a été très riche en fêtes : pour soutenir le basket, on a été obligé d’organiser beaucoup de choses… dans les années 70… (…) Quelques phrases de J’y suis, j’y reste. Je parlais à ma fiancée « (…) légère comme une nymphe, séduisante comme une fille de bohème (…) » … Je m’en rappelle toujours [rires].

MP : Qu’est-ce que vous citez, là ?

ER : Un extrait de pièces de théâtre jouée au patronage. Je parlais à ma fiancée « Toi qui est douce comme Phoebé, gracieuse comme Diane, légère comme une nymphe, séduisante comme une fille de Bohème… ».

[Souvenirs autour de l’abbé Blanchet, professeur de français et aumônier à l’école d’agriculture de La Mothe-Achard]

AR : Je viens de voir Joseph, le mari de Marthe. Il est né en 1926 et il vient de me dire que quand il avait 10-12 ans, il venait au théâtre à Bazoges, voir des pièces. Donc, en fait, avant la guerre, il y avait du théâtre. Son témoignage rejoint celui de Renée Soulard qui parle de La terre qui meurt de René Bazin dont l’adaptation a été jouée pense-t-elle en 1946.

ER : Mais attends, papa jouait au théâtre. Il était né en 1903. Avec Raymond Garnier, le papa de Martine. C’était peut-être dans les années 28-30 (…) En 1928, il jouait avec des gens du coin. Il m’a parlé du théâtre et puis il jouait avec Raymond Garnier, Roger Joseau, René Raingeaud…

MP : Personne ne peut dire combien coûtait la place ?

Note de bas de page 11 :

Le SMIG était alors à 2,50 F.

MMM : 6 nouveaux francs en 196711.

AR : Est-ce qu’il y avait un feuillet avec le nom des acteurs, le nom de la pièce… un programme, un petit résumé… ?

JMR : Non, je ne crois pas. Il y avait des affiches.

AR : Qui s’occupait des décors ?

MMM : Il y avait beaucoup de bénévolat aussi là-dedans…

AR : C’était des panneaux ? Comment ça se présentait ?

JMR : Il y avait un semblant d’escalier, il y avait trois marches, je vois bien…

ER : J’ouvre une parenthèse : à Saint-Hilaire-du-Bois, c’est le prêtre : l’abbé Benoît qui faisait les décors. C’était un artiste.

MMM : Même l’église, il l’a bien restaurée, l’église de La Jaudonnière.

MMM : A La Jaudonnière, tout à côté, ils ont joué Le bossu.

Note de bas de page 12 :

A 4 km de Bazoges. 700 habitants environ dans les années 50.

Note de bas de page 13 :

A 9 km de Bazoges. 850 habitants environ dans les années 50.

AR : Le papier de l’abbé Baudry mentionne La Jaudonnière12 en 63, 64, 65, 66, 67, 68 : ça a été repéré dans les bulletins paroissiaux conservés à l’évêché… A Sigournais13, il y avait du théâtre aussi.

JMR : On était allé voir une belle pièce à Sigournais, une fois. Peut-être La Reine morte.

ER : Ils ont joué Le grand valet. Ils jouaient bien à Sigournais. Le grand valet, oui. C’était beau, ça. Puis c’était bien joué en plus. Il y avait des acteurs, ah ouais ! (…)

MP : Dans quelles années ?

JMR : On était marié là, c’était après 1970. Peut-être avant, parce que quand on a eu les enfants, on n’est pas beaucoup sorti. Enfin si, parce que tes parents étaient là quand même pour les garder. (…)

MP : Vous avez regardé ces pièces-là à la TV ? Avant ou après ?

ER : On les a vues jouer avant.

AR : Depuis quand vous avez la télévision, papa ? En quelle année ?

ER : On ne l’a pas eue de bonne heure, mais mes parents l’avaient, oui.

MMM : Moi, je garde de bons souvenirs.

Note de bas de page 14 :

Marthe.

AR : Qu’est-ce que vous aviez plutôt comme rôle, Mamate14 ? C’était toujours les mêmes rôles un peu, ou bien c’était variable ?

MMM : J’avais toujours des grands rôles.

MP : Parce que vous saviez vos rôles.

MMM : Ben oui. Voilà, c’est ça !

MMM : (…) Paul Portrait, aussi, parce que le rendez-vous sur le banc, là. Je devais lui envoyer une gamelle de flotte. Bon sang, il saute 3 pages d’un coup ! Je me suis dit, comment je vais faire ? Pourtant j’avais ma boîte pleine d’eau, là… puis il fallait que je lui lance parce que c’était un clochard, quoi, en fait. Puis je me suis dit, il faut que je le rattrape absolument, il faut que je lui foute ça sur la figure [rires], je ne sais pas comment je me suis débrouillée, il l’a reçue [rires]. Il avait vu qu’il s’était trompé…

MP : Il y avait bien un souffleur, pourtant ?

MMM : Oui, mais des fois, hein… On est distrait, puis on n’entend pas toujours bien (…) il était dans la cave, en fait. (…)

MP : Quand vous dites, ça, c’était très bien, vous en avez un souvenir précis. Chaque pièce, pour vous, est bien identifiée… Il n’y a pas un méli-mélo dans la tête, euh… Parce qu’on tombe sur des gens qui ne se souviennent pas de ce qu’ils ont joué…

MMM : Je ne peux pas dire que je me rappelle de tous mes rôles, ça non. Je me souviens principalement de J’y suis, j’y reste, c’est sûr. Je jouais Ernestine là et on devait m’appeler « Arnestine » … Je me souviens de 600 000 Francs par jours aussi, j’ai bien aimé. Y a des pièces qui sont plus, j’sais pas… enlevées, quoi. Plus drôles.

AR : Vous aimiez bien quand ça faisait rire…

MMM : Ah oui, un public qui réagit, c’est important.

AR : Alors, le public justement, parlons-en un peu… des anciens, des enfants… il est composé de qui en général ?

MMM : Des enfants, il y en avait toujours.

JMR : Toujours, il y avait 5 à 6 bancs d’enfants. Toujours, bon, puis après, il y a les adultes.

MP : Il y avait à peu près combien de personnes ?

MMM : Le patronage était grand… C’était plein… peut-être pas toutes les fois.

AR : 200 ?

JMR : Y avait des bancs derrière aussi. Il n’y avait pas de pente. Le sol du patronage était plat. Deux estrades permettaient de surélever des bancs sur 4 à 5 rangées. (…).

AR : Dans les années 85-86, nous, on a fait des séances de variété avec Jérôme Avril. Et Jérôme, on pourrait l’interroger, parce que lui il a un souvenir assez net. Jérôme, il a 50 ans, et on a fait des séances de variétés qui marchaient bien. Mais on était dans le souvenir des pièces avec vous Mamate, qu’on adorait voir étant enfants. Puis les pièces avec Simone Charpentier et Jeannette Calandreau qui ont joué ensuite… on se souvient quand vous jouiez. C’était une continuité, et nous les sous servaient à faire des sorties pour les jeunes, pour le foyer des jeunes.

JMR : Ça aussi, c’est important cette période-là. (…)

AR : Donc on transmet sans le savoir.

MP : Il faut discuter pour le savoir. (…)

MMM : Après, on n’a plus eu de vicaire. La JAC, c’était les vicaires, finalement.

MP : Et c’est à partir de là que ça a disparu ?

ER : Le dernier vicaire … A cette époque-là, le curé allait voir tous les paroissiens. Tous les ans, vous vous rendez-compte ? C’est incroyable, hein !... C’est une révolution… Dans beaucoup de domaines… Ça a été très rapide, quand même… Je ne sais pas s’il y a eu d’autres époques qui ont été aussi évolutives, comme ça, dans tous les domaines…

AR : Vous étiez maquillées ?

Tous : Bien sûr.

AR : Qui s’occupait de ça ?

JMR : Je ne m’en souviens pas !

Note de bas de page 15 :

Voir un calendrier avec le tampon du salon de coiffure de Germaine Ferchaud de l’année 1970 conservé comme marque-page dans un livret de théâtre. (communication MMM)

Note de bas de page 16 :

Lucette Baudry veuve Garnier a tenu un salon de coiffure dans le bourg de Bazoges pendant plus de 50 ans.

MMM : Qu’est-ce qu’il y avait à l’époque ? Germaine, la coiffeuse15 ? Lucette16 peut-être… parce que sa fille jouait. On le faisait nous-mêmes aussi.

AR : C’est ce que nous a dit Madeleine ce matin.

ER : Comme les décors… les peintres souvent… On prenait des gens du métier, des menuisiers…

MP : Des bénévoles…

ER : Ah oui.

MMM : Ah mais, tout le monde était bénévole (…)

MP : Est-ce que ça vous arrivait de louer des costumes ?

JMR : Non. On s’inspirait de ce qu’on avait. On se prêtait des choses.

MMM : Moi, je me souviens qu’à un théâtre, je ne sais pas lequel, j’avais pris une robe à Mme Goimard. C’était pas au top [rires], mais bon… On faisait avec, hein ! Je ne sais même pas où on serait allé pour louer des trucs comme ça… Surtout qu’après fallait payer ! (…)

AR : Ça demande un investissement le théâtre… Comme vous disiez tout à l’heure, trois soirs par semaine…

MMM : Ben oui, faut aimer, faut être motivée, hein ! Parce moi, souvent, l’hiver, je serais bien restée me chauffer au coin de la cheminée…

ER : Surtout que là-bas, il ne faisait pas chaud.

MMM : Là-bas, il faisait un froid de chien.

JMR : Hmmm… qu’est qu’il faisait froid dans ce patronage… Puis, il n’y avait pas ailleurs pour jouer !

MMM : Le jour du théâtre, avec le public, on mettait un grand chauffage, qui chauffait, qui fumait surtout…

ER : On était habitué à pas trop se chauffer à l’époque… On n’était pas trop difficile… Vous n’avez pas entendu dire ça… quand il y avait du boucan au fond de la salle, il y avait Simon Portrait qui disait : « Vous, voulez-vous vous taiser ! »

MMM : Oui, oui [rires] (…)

ER : Ben oui, dans le fond, parfois, il y avait du chahut !

MMM : Il y avait des jeunes qui rigolaient.

JMR : Mais à cette époque-là, on jouait plutôt des théâtres gais. Tandis qu’à l’époque d’avant, c’était beaucoup des drames.

AR : Joseph, le mari de Mamate, que je viens de quitter, me disait que dans son souvenir, dans les années 1930 avant de se marier, il y avait toujours une pièce grave, édifiante, et puis une pièce comique, plus légère, et entre les deux, y en avait un qui amusait la galerie ou qui faisait un peu de musique.

JMR : C’est vrai, ça y avait une pièce en un acte qui était comique.

AR : Et il y avait un morceau de violon … Les souvenirs de Joseph Alland et de Renée Soulard, l’instit public « collent ».

MP : Qui jouait du violon ?

ER : L’instituteur privé Joseph Pelloquin jouait du violon.

Note de bas de page 17 :

En relisant, AR précise que l’instituteur de l’école privée de garçons, Joseph Pelloquin, jouait du violon mais que l’institutrice de l’école publique de filles de Bazoges (1936-1956), Claire Pineau (mère de Renée Pineau Soulard aussi institutrice qui lui succéda dans son poste à Bazoges) jouait aussi du violon.

MP : C’était répandu ou exceptionnel, cette histoire de violon ?17

ER : Par contre, à cette époque-là aussi, le prêtre, il initiait des jeunes qui aimaient la musique pour jouer à l’harmonium pour la messe. Organiste, quoi. (…)

MP : Il donnait des cours à des groupes ou à des individus ?

MMM : A des individus… quand il sentait qu’il y avait quelqu’un de motivé.

AR : Puisque vous parlez d’église, peut-être qu’il faut dire aussi que toi, papa, et Mamate vous avez animé les cérémonies du dimanche (…) Pour répondre à ta question, Michel, pourquoi est-ce qu’on allait chercher ces gens-là pour jouer au théâtre, c’est que c’étaient des gens qui étaient déjà impliqués.

MMM : Nos parents s’impliquaient avant, et puis ça continuait, quoi !

JMR : Dans les fêtes, les kermesses… ma mère faisait des crêpes, des gâteaux…

MP : En fait c’était des traditions familiales, quelque part…

MMM : Oui ! Puis mon mari était chef de musique aussi, pendant une trentaine d’années quand même.

MP : Ça veut dire quoi, ça ?

MMM : La fanfare de Bazoges… ils s’exerçaient dans le donjon, mais il n’y faisait pas chaud non plus ! La clique a été fondée vers 1946. Et il y avait les majorettes… On a eu trois filles qui étaient majorettes.

MP : C’était laïc ?

MMM : Ce n’était pas la paroisse. Mais c’était pour vous dire qu’on était impliqué pas mal, quand même. Moi je faisais du théâtre, lui faisait de la musique… (…)

MP : L’abbé Raballand. Il est passé au gué de Velluire.

MMM : En partant de Bazoges, il est allé au Gué de Velluire. Il était gentil comme tout.

JMR : Je l’ai connu cet abbé Raballand. Il voulait m’envoyer aux bonnes sœurs ! [rires] (…)

Note de bas de page 18 :

En 52 en fait.

MP : Il est arrivé au Gué de Velluire en 5118. Jusqu’en 56 (…)

MMM : C’est l’abbé Rambaud qui est venu après l’abbé Raballand (…)

ER : C’est curieux qu’à cette époque, il y avait deux prêtres dans les paroisses.

AR : Même plus, parce que jusqu’en 1937, un prêtre coopérateur passait sa retraite ici, l’abbé Rousseau, originaire de la paroisse et prêtre charron. Et puis il y avait le frère de l’école Saint-Gabriel, l’école des garçons. Donc ils étaient au moins quatre prêtres. Ils prenaient leur repas à la cure. Donc ils échangeaient, discutaient...

MMM : Il y avait la bonne, Célestine (…) Et vous avez vu la dimension de la cure ? Combien de chambres il y avait !

AR : Ils avaient des élèves à la cure ! (…) 2 ou 3 élèves avant de les envoyer au petit séminaire.

MP : Pour les mettre à niveau probablement, avant la 6e (…).

MMM : Pour le pilotage du théâtre, c’était quand même bien un peu collectif. Il y avait bien André, oui qui était dans les plus âgés… Tout le monde disait son petit mot s’il y avait quelque chose qui ne collait pas. C’était un peu ça, quoi (…) C’était du divertissement pur (…). On ne nous a rien proposé [en termes de formation], on nous a mis sur les planches comme ça, pouf, allez… en route [rires]. Pourquoi en faire une profession, on ne voulait pas en faire un métier, hein ! Et en plus, les exercices, on les faisait sur trois mois, pas plus, hein ! Tandis qu’aujourd’hui, attention, ils mettent six mois pour préparer une pièce (…) Nous, il y avait 3 actes, c’était un acte par soir. Entre 1965 et 1969 les acteurs étaient François Patarin, Mamate Ferchaud, Paul Portrait André Blézeau, Madeleine Philippeau, Émile Rouhaud, Jeanne-Marie Raingeaud, Jean-Pierre Brivet, Olivier Chateiger, Philippe Avril, Christian Baudry, Michel Portrait, Bernard Tapon, Jeannette Calandreau, Francine Ferchaud. Certains racontaient une histoire ou entonnaient un chant pendant les changements de décors : Michel Morin « Potemkine » de Jean Ferrat, Émile Rouhaud « Les vieux » de Jacques Brel, Mamate Nana Mouskouri…

AR : Est-ce qu’il y avait des petits exercices avant de commencer à jouer ? Pour vous chauffer la voix par exemple… ?

MMM : Non.

AR : Mais vous alliez directement au texte ?

MMM : Mais moi j’apprenais mon texte comme ça.

MP : Mais tout le monde le savait ?

MMM : Oh non ! Dans J’y suis, j’y reste, un acteur avait encore son livre la semaine d’avant la répétition générale.

ER : Il faudrait savoir par cœur avant de monter sur les planches…

MMM : C’était gênant. Et puis il ne pouvait pas vraiment jouer son rôle parce que, étant donné qu’il ne connaissait pas, ben il ne pouvait pas le jouer comme il fallait !... Ben, chacun fait ce qu’il peut… Ce n’est pas un concours. Mais quand on a envie de jouer, qu’on est motivé – moi, j’étais motivée – je faisais ça avec tout mon cœur, franchement.

AR : Est-ce que vous pensez que dans le public il y avait des gens qui n’appréciaient pas le registre, la façon… la pièce elle-même… ?

MMM : Ah ben, ça arrivait.

AR : On vous le disait ?

MMM : On nous disait : Tiens, celle de l’année dernière était mieux que celle-là. Mais bon, c’est tout le temps, hein !

AR : Personne ne désapprouvait le style de la pièce choisie… ? (…)

MMM : Non, j’en sais rien. Mais moi, tu sais, le public… nous après, on jouait, point. J’y suis, j’y reste, il y avait eu des petites critiques de personnes…

ER : Y avait rien de mal, hein ?

MMM : C’était un petit plus osé étant donné que le cardinal, heu… Moi j’allais à la pêche, et lui le cardinal aimait bien aussi la pêche, alors bon, on faisait des petits trucs comme ça, manger le pique-nique ensemble…

AR : Ah oui, ça n’allait pas plus loin !

MMM : Non !

ER : Je me rappelle que Mamate avait dit : « Vous vous sentez un petit peu seul là-haut, hein ? » [rires]

MMM : Oui, tu as raison, toi. Oui, c’était marrant. (…) Ah oui, parce qu’on buvait un coup aussi en même temps, du vrai mousseux. Avec les deux séances le dimanche, le midi et le soir, j’étais un peu pompette le soir.

AR : Ah oui, c’est écrit sur le livret, mais vous le récrivez quand même en orange (…).

MMM : Tout ce qu’il fallait que je fasse, ben, je le notais, parce que bon… je vivais mon rôle quand même. (…) [Écrit dans le livret] « Je sers le cardinal puis je me sers le reste du liquide ! » (…)

AR : Ah, et puis il y avait aussi quelques phrases qui étaient supprimées… « Tout le monde ne peut pas compter sur le Saint-Esprit », ça a été rayé.

MMM : Ben, il ne fallait pas que je le dise, sans doute. [rires]. (…)

AR : Qu’est-ce qui jouait la Comtesse ?

MMM : Oh ben, Madeleine Philippeau, sûrement. Elle faisait que des rôles comme ça, elle.

AR : Elle était spécialisée dans quels rôles Madeleine Philippeau ?

MMM : Les comtesses, les dames de compagnie, marquises… Ben oui, elle, elle faisait beaucoup ça, oui.

Note de bas de page 19 :

Simon et Louise Louvart de Pontlevoye, bienfaiteurs de la paroisse, lui : maire de la commune de 1912 à 1972.

AR : Les Pontlevoye19, dans les années 60…

MMM : … on n’entendait pas tellement parler d’eux.

AR : C’était les bienfaiteurs.

MMM : Le patronage, d’ailleurs leur appartenait.

AR : Papa, les Pontlevoye n’intervenaient pas dans le théâtre… ? On a des photos d’eux qui tiennent un stand de kermesse en 45-46.

ER : M. de Pontlevoye était le bienfaiteur de l’école catholique Il y avait une tension entre l’école privée et l’école publique vers 54-55. Il y avait une certaine animosité entre les deux.

AR : Mais atténuée après par le sport, le basket…

ER : Et puis avec la cantine mixte qui s’est mise en place après. C’était bien, quoi. Mais ce n’est pas tout évacué, ces histoires-là. (…)

AR : Je ne comprends pas que vous n’ayez pas souvenir des troupes qui vous ont précédés…

ER : Si, je me souviens très bien de Martine Garnier qui jouait bien avant nous. Quand j’avais 11-12 ans.

AR : C’était donc en 1950-1951

ER : Oui, c’était avant que je parte à la Mothe-Achard.

MMM : Ma sœur, qui avait 8 ans de plus que moi, elle a joué dans Les Mains liées avec Pierre Thomas. Parce que moi j’avais 10 ans certainement quand elle a joué. Elle, elle en avait 18, [donc 1948] hein ! Et moi, je pleurais, parce que ce n’étaient que des drames (…).

AR : Cette troupe s’est arrêtée, et c’est vous qui avez pris la suite en 1965.

ER : C’est bien possible, hein !

JMR : Oui, elle s’est arrêtée, cette troupe après, on ne sait pas bien pourquoi !

[Photos commentées de J’y suis, j’y reste]