Diderot, les Lumières et la cure thermale


Diderot, les Lumières et la cure thermale

Mercredi 18 octobre 2017 de  17h à 19h – Amphithéâtre Vareille – Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

En préambule, Till KUHNLE présentera la thématique République et Santé

Animée par Odile RICHARD PAUCHET  est Maître de conférences en Littérature du XVIIIe siècle à l’Université de Limoges et chercheur dans l’équipe Espaces Humains et Interactions culturelles (EHIC – EA 1087), se consacre à l’exploration des écritures intimes du milieu du XVIIIe siècle, aux correspondances de Diderot et de Rousseau. Secrétaire de la Société Diderot, spécialiste de littérature épistolaire et de littérature de voyage, elle contribue à la vie de l’AIRE (Association Interdisciplinaire de Recherche sur l’Épistolaire). Elle a publié, de Diderot, les Lettres à Sophie Volland, et le Voyage à Bourbonne et à Langres ; ainsi que, en collaboration avec Christine de Buzon, les Actes de deux colloques qui se sont tenus à Limoges, Le corps et l’esprit en voyage : le voyage thérapeutique (2012), et Littérature et voyage de santé (2017).

« On conçoit généralement les voyages comme un déplacement dans l’espace. C’est peu,  remarque le grand explorateur Claude Levi-Strauss. Un voyage s’inscrit simultanément dans l’espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale » (Tristes tropiques).

Il en est ainsi du retour de Diderot dans sa Langres natale à l’été 1770. C’est un long voyage harassant de deux jours en voiture de poste, pour ce philosophe devenu parisien. Mais c’est aussi un voyage dans l’espace social : il y accompagne deux amies aux eaux (très à la mode) de Bourbonne-les-Bains ; il vient marier sa fille à un fils de notable langrois ; il reprend aussi contact, dans cette Champagne « pouilleuse », avec la misère rurale, devenue bien abstraite depuis Paris. Enfin, c’est un voyage dans le temps : le philosophe y retrouve intacts ses vieux démons familiaux et sentimentaux. Tout cela, il  s’efforce de le dompter par l’écriture, transformant en voyage d’étude scientifique cette odyssée mélancolique : « J’ai passé là une partie de mon temps à m’instruire ; des eaux, de leur nature, de leur ancienneté, de leurs effets, de la manière d’en user, des antiquités du lieu, et [j’en ai] fait une lettre à l’usage des malheureux que [leurs] infirmités pourraient y conduire » (lettre à son amie Sophie Volland, 23 août 1770).

Nous verrons comment l’Encyclopédiste envisage la cure thermale au temps des Lumières, ses bienfaits inexpliqués, son caractère de « placebo », son cortège de préjugés tenaces, et la faiblesse de la médecine en général. Ce qui est sûr, c’est que la meilleure partie de la cure, pour Diderot, c’est le voyage lui-même :

« Les eaux les plus éloignées sont les plus salutaires, et le meilleur des médecins est celui après lequel on court et qu’on ne trouve point ».