François Vincent et Fabrice Lalloué – Responsables de la Chaire de Pneumologie Expérimentale

Découverte de nouveaux biomarqueurs pour améliorer le dépistage et la prise en charge du cancer bronchique

Découverte de nouveaux biomarqueurs pour améliorer le dépistage et la prise en charge du cancer bronchique

Les travaux de recherche menés dans le cadre de la Chaire de Pneumologie Expérimentale portent sur le cancer du poumon et le développement d’une nouvelle approche diagnostique.
François Vincent est médecin, responsable du Service d’explorations fonctionnelles physiologiques du CHU de Limoges et Professeur des Université, Fabrice Lalloué est Professeur des Universités à l’Université de Limoges. Ils sont responsables de la chaire et chercheurs au laboratoire d’Homéostasie cellulaire et pathologies (HCP). Leur complémentarité permet d’allier des compétences scientifiques et cliniques pour faire avancer le projet.

Sur quoi portent vos travaux ?

Nous effectuons des recherches sur le cancer bronchique de type « non à petites cellules ».

Nous cherchons à identifier de nouveaux biomarqueurs par l’étude des exosomes (microvésicules) qui circulent dans le sang. Les exosomes se présentent comme des petites navettes et sont une véritable carte d’identité de la tumeur composée de protéines, mais aussi de matériel génétique.

Quel est l’objectif de ce projet ? Quels en sont les enjeux sociétaux ?

L’objectif est de progresser dans le diagnostic de ce type de cancer afin d’améliorer la prise en charge des patients.
A terme, il pourrait être envisagé des diagnostics dans les populations à risques – notamment chez les fumeurs.

Créée en 2012, la chaire a été renouvelée en 2015 pour quatre ans, pouvez-vous nous parler de l’avancée des recherches et des résultats ?

Dans une première phase, nous avons démontré que trois protéines oncogéniques présentes dans la membrane des exosomes – deux récepteurs oncogéniques et leur co-récepteur (la sortiline) s’associent pour former un complexe protéique nommé TES (TrkB/EGFR.Sortiline). Ces protéines vont nous servir de biomarqueurs pour identifier la tumeur et déterminer les marqueurs exprimés chez un patient.

En prenant des patients présentant des cancers bronchiques à des stades d’agressivité différents, on a pu constater une augmentation croissante de l’expression du marqueur protéique que nous avons caractérisé – donc plus le cancer va être agressif et plus le complexe TES va être exprimé, et permettre un diagnostic plus précis.

Ces recherches ont permis la publication de trois articles dans des revues scientifiques.

En quoi cette découverte est-elle importante ?

C’est l’un des premiers test sanguin permettant de faire un dépistage du cancer bronchique à partir des exosomes.

Qui sont les partenaires de la chaire ? Comment travaillez-vous ensemble ?

Nous bénéficions d’un financement d’ADER-LPC qui permet de financer une thèse.

Alair Avd est notre partenaire historique essentiel. Cette association prend en charge l’insuffisance respiratoire, l’oxygénothérapie et l’aide des patients à domicile.

Les employés d’Alair Avd sont au contact direct des patients et nous organisons plusieurs rencontres par an afin qu’ils comprennent les avancées et les retombées de nos recherches. Cette société promeut la recherche et souhaite que les actions reviennent aux patients. C’est donc un cercle vertueux auquel nous sommes très attachés.

En quoi ce lien recherche académique et entreprise est-il important ?

Ces partenariats public-privé sont essentiels. Sans eux, la chaire ne pourrait pas exister. Par ailleurs, la démarche sociale d’Alair Avd est complètement altruiste en voulant un retour vers les patients via notre travail de recherche.

C’est aussi un montage indispensable qui a permis d’ouvrir un nouveau domaine de recherche sur lequel se concentrent des personnels du laboratoire HCP. Cette nouvelle thématique nous a aussi permis d’accroître notre visibilité scientifique.

Outre ce partenariat, avec qui collaborez-vous ?

Nous développons des partenariats avec des équipes du Cancéropole Grand Sud-Ouest avec pour objectif de nous associer dans un consortium et d’identifier de nouveaux biomarqueurs.

Nous appartenons à la Société Française des Vésicules Extracellulaires qui est en cours de création dans le but d’élargir nos collaborations à d’autres équipes françaises, mais aussi de favoriser les interactions avec d’autres domaines de recherche.

Nous interagissons aussi avec les équipes du CHU de Limoges – Service des pathologies respiratoires, de chirurgie thoracique et UOTC (Unité d’Oncologie Thoracique et cutanée). La dynamique de la chaire repose aussi sur ces interactions.

Combien de personnes travaillent au sein de la chaire ?

De 2012 à 2015, nous avons embauché deux post-doctorants dont un continue encore aujourd’hui sur un poste de chercheur en CDI. Depuis fin 2014, nous avons un doctorant financé sur les crédits ADER-LPC.

Il nous parait vraiment important de pouvoir stabiliser des ressources humaines sur la chaire afin de créer un noyau dur, mais il est aussi indispensable de faire entrer de nouvelles personnes.

Quel est le budget de la chaire ? Comment les crédits sont-ils utilisés ?

Alair Avd nous apporte 300 k€ sur trois ans et la fondation partenariale 75 k€. ADER LPC nous a alloué 90 k€ pour financer notre doctorant. Nous sommes aussi aidés par les crédits du ministère et de notre équipe d’accueil.

La majeure partie de ces crédits est dédiée aux salaires, le reste aux frais de fonctionnement.

Comment voyez-vous l’avenir au-delà de 2018 ?

Tout d’abord dans la continuité des recherches engagées grâce aux signaux très positifs reçus par ALAIR AVD.

Peut-être aussi l’ouverture d’une biothèque – et pourquoi pas, si nos résultats sont confirmés, l’exploitation de nos résultats grandeur nature, via la création d’une start-up qui dispenserait une finalité économique à ces nouveaux biomarqueurs et rendrait service à nos patients.

Notre nouveau challenge sera de mettre en avant nos innovations, nous devrons nous orienter vers le transfert de technologie et le dépôt de brevets.

Propos recueillis par Françoise Mérigaud – Pôle Recherche


> Contacts :
Fabrice Lalloué