Portrait d’Émilie Bouillaguet, Docteure de l’Université de Limoges

Émilie Bouillaguet – Docteure de l’Université de Limoges a effectué son doctorat au laboratoire du CERES. Elle était présente lors de la cérémonie de remise des diplômes 2015, le 4 mars 2016 et a répondu à nos questions sur son vécu de doctorante.


Quel était le sujet de votre thèse ? Et qui était votre directeur de thèse ?
Mon sujet de thèse portait sur l’organisation, l’information et la communication de l’espace culturel. C’était une approche sur un cas d’entreprise et sa modélisation. J’entends par « espace culturel » tout système, toute organisation en charge de la culture et de ses impératifs de médiation. J’ai tenté d’approcher, sous forme de cadre de pensée, les défis politiques, identitaires, les défis d’organisation et de communication que rencontrent ces structures artistiques et culturelles, notamment dans la poursuite de leur désir de créativité, de développement mais aussi de « démocratiser les arts ». Gérard Chandès était mon directeur de thèse.

Quel a été votre parcours avant le doctorant ? Pourquoi l’Université de Limoges ?
Je suis corrézienne et je suis venue à Limoges en 2003 pour mes études puis continué là où j’avais commencé. Limoges me proposait aussi ce que je voulais faire et je n’ai pas eu besoin de partir.
J’ai fait un master de lettres modernes. J’ai ensuite obtenu le CAPES et la même année obtenu un master « Métiers du livre et de l’édition ». Dans le cadre de ce master, j’ai fait un stage à la « Fondation de la Borie en Limousin » où j’ai été recrutée comme chargée de communication. Je ne voulais pas quitter les perspectives d’enseignement et nous avons convenu de continuer dans le cadre d’une thèse avec un financement CIFRE.
Ce parcours me plait car il s’est fait avec beaucoup d’évidence. J’ai toujours voulu suivre un double cursus… et je ne l’explique pas vraiment. C’est un peu l’impression de ne pas vouloir être attachée à une filière ou une discipline particulière et d’avoir envie d’avoir de me « former » en permanence.

Qu’est-ce que l’Université de Limoges vous a apporté durant votre doctorat ?
L’Université m’a apporté la méthodologie, c’est ce que je retiens le plus de l’université…l’esprit de méthode, savoir approcher de manière rationnelle et théorique, avec des « outils », des cas littéraires, ou des cas très concrets comme une entreprise ou bien un métier, un fonctionnement d’entreprise ou d’équipe.

Comment avez-vous été financée ?
La convention CIFRE est tripartite : l’entreprise est financée par l’ANRT pour rémunérer un doctorant en charge de résoudre un point de performance dans l’entreprise. Mon rattachement au CERES s’est fait avec beaucoup de simplicité lorsque j’ai rencontré Gérard Chandès. Nous avons monté ce projet de recherche avec la directrice de l’entreprise et il fut accepté par l’ANRT, presque un an plus tard. Mon rattachement au laboratoire CeReS est ainsi arrivé à un moment où je ne l’attendais pas, je n’étais pas sémioticienne !

Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?
Pour moi, la thèse est une étape pour continuer vers la publication, la vulgarisation du travail de recherche. Aujourd’hui, l’avenir proche est de participer à des colloques, écrire et continuer à réfléchir sur ce sujet et aussi l’étendre au-delà des sciences du langage, de l’info-com et aux domaines qui lui sont proches : la gestion, la sociologie, les arts du spectacle. Mais ce n’est qu’une partie de l’avenir de ce travail. Si je continue dans la recherche universitaire, je veux prendre soin de ne pas perdre toute une partie de mon activité qui est de garder un lien avec les entreprises artistiques et culturelles… et leurs défis politiques, identitaires et sociétaux. Je ne veux pas m’éloigner du « terrain », des mouvements réformateurs des politiques culturelles, des modèles de financement, des usages qui animent et transforment la vie de ces entreprises. Dans l’idéal, je voudrais continuer cette recherche en gardant toujours un pied dans le milieu associatif, dans l’entreprise culturelle.

Que souhaiteriez-vous dire à ceux qui sont tentés par le doctorat ?
C’est toujours difficile de donner des conseils. Les gens font ce qu’ils sentent et ce qu’ils ont besoin de faire à un moment donné et cela dépend de la façon dont ils vivent leurs études. Pour certains, c’est un effort au quotidien, d’autres pour qui c’est une évidence, ou un parcours par défaut…Pour moi, tout s’est vraiment fait naturellement, sans trop de calcul. Le doctorat a été une expérience très riche, tant personnellement que professionnellement, qu’universitairement. Je vois aussi cette richesse dans mon double profil salariée – doctorante qui m’a permis d’appréhender le monde du travail, le quotidien avec des ressources universitaires … Et qui surtout m’a permis d’utiliser la recherche fondamentale et appliquée pour soutenir à ma façon le milieu artistique et culturel. L’intérêt du doctorat est de se donner le temps et les moyens d’affronter les épreuves de terrain, concrètes, locales et d’aboutir à des questionnements qui les dépassent et rejoignent des préoccupations plus « globales », des problématiques rencontrées par bien d’autres acteurs appartenant au « monde » que l’on cherche à comprendre. La recherche nous aide à comprendre ce que l’on vit.