Récits des TVL

NOUVELLES AUSTRALES 2006-12-14

Wilcania (pointage Google earth), le village est perdu dans l’étendue, immense, quelque part ou nulle part entre Broken Hill / Silverstone la ville de Mad Max et Cobar une ville minière qui à gardé son air de Farwest.

Le peuple Aborigène (Ab Origin, nos origines) est à la dérive errant devant un supermarché désaffecté. Les 2/3 des bâtiments de Wilcania sont déglingués, il ne reste plus que 600 habitants dont 400 d’aborigènes.
Massacré jusqu’au début des années 30, les subventions désormais parachèvent le travail. En groupe assis, hagard, complètement ivres, ils restent là, immobile, traversant la grand rue à 14 heures quand l’ombre tourne…
On a un sentiment de malaise, j’ai même pas envie de prendre une photo, il y aurait un coté obscène insupportable.
L’alcool et la consanguinité fond leur travail désormais, et le drame continu…

La sècheresse est terrible, le fait de signer ou pas le protocole de Kyoto n’y aurait pas changé grand-chose, mais la prise de conscience arrive.

La Darling River le plus grand fleuve d’Australie se résume à Wilcania à une succession de flaques dans un lit desséché.
Riverside, notre site de vol à 15km dans le Sud, le nom est joli, la ferme immense avec plus de 20 000 Hectares, mais en vingt ans, de 20 000 têtes de bétail et 50 employées la ferme est réduite désormais à moins de 2 000 têtes et seulement deux employés.
L’effondrement du cour de la laine, et l’aridité ont laminé l’activité. Dire que les bateaux à vapeur remontaient le fleuve au siècle dernier…

Reste l’énergie farouche des hommes, leur prise de conscience de la situation, leur positivisme résolument ancré. Il ne manque pas grand-chose, de l’eau certe mais l’élan est là.

On occupe les 2/3 d’un motel très correct dans le village. Les petits déjeuners et les repas du soir se font autour de la plancha flanquée au milieu du petit parc impeccablement tenu.
Pas de repas le midi, les vols se font à partir de 10H00 à Riverside, d’où un départ vers 08H:30 le temps de monter les ailes.
Les conditions météo sont plutôt laborieuses avec des plafonds plus digne de Poitiers vers 1200 mètres que de l’Australie. La faute à un voile épais de Cirrus, persistant à rester sur place les 3 premiers jours. On fera quand même quelques 100 bornes pour une mise en jambe.

Du ciel le paysage est extraordinaire, les couleurs sont tellement différentes entre les lac et lagunes asséchées grise ou noires, les ocres et rouges et jaunes profonds suivant la nature du sol et les verts des forêts. Dès ces premiers jours on ressent cependant ce que peuvent être les thermiques large et puissant .
2 routes et 4 pistes partent en éventail de Wilcania sur plusieurs centaines de km permettant de faire des départs tout vent, mais hors des pistes c’est la planète Mars, une vache dans la campagne nous mettrais en très grand danger.

Bill Moyes 76 ans, la légende est bien là. C’est le patron de l’expédition et sur lui repose la logistique. Il adoubera Louis Mesnier reconnaissant en lui des traits de son caractère !!!!
Bill à fait venir pour l’expédition Bob Bayley, l’inventeur du Dragon Fly et le meilleur pilote remorqueur au monde. Ky solide gaillard et pilote aguerri de parapente mais désormais reconverti au Delta Chez Moyes nous assure la récup.



Bill me dira en arrivant, tu sais si tu as 5 km à faire à pied, surtout ne les fait pas tu seras assommé par la chaleur. Je ne réponds pas, mais la chaleur à Cacéres je connais. Prudent cependant, je recommande à tout le monde de prendre quand même 5 litres minimum d’eau.
Le dernier jour de vol avec un posé volontaire à Ivanhoé au km 170, je suis pourtant terrassé par les 43°c à l’ombre sur le terrain sans ombre. Jean-Charles en sera littéralement pétrifié derrière une touffe d’herbe après avoir fini de plier son aile; momifié, tellement fatigué, il n’aura même plus envie de prendre sa gourde dans son harnais à 3 mètres.
Effectivement c’est un autre monde !

Mais le site est le terrain de jeu idéal, avec ses axes sans fin orienté tout vent, sur les pistes droites on se fait les 90-100km/h tranquilles. On croise une voiture toutes les 3-5 heures environ…

Au fil de l’amélioration des conditions on aura exploré tout les axes sur 150 à 200 km environ. Et finalement l’hostilité du terrain à joué très positivement car tout les pilotes se trouvaient sur le même axe, posé sagement le long de la route.

Vers la fin les conditions sont devenues incroyable, 3500 puis 4200 et finalement 4700 mètres de plafonds. Si un jour j’ai raté le 400km AR pour cause d’orage, j’aurais eu le plaisir de sécuriser le record du monde à 341km. Mais ma joie la plus intense à été de boucler le triangle de 365km FAI. D’autant plus que je pensais que la journée démarrerait lentement et que le vent prévu de 20 km/h Nord-Ouest compromettrait toute tentative de record.
Après deux faux départs sans réelle motivation n’ayant pas envie de faire de la distance libre, Marc Haenel m’a secoué avec l’annonce de +3 à 2000 mètres. Le décollage fut très tardif 12h30 mais les conditions étaient réellement extraordinaires sur les 4 premières heures (250K à 61km/h de moyenne). Vers 17 Heures la fin de journée se fit plus sensible et les vario franchement évanescent à partir de 18h00.
Tous les pilotes auront fait de grands vols, Jean-Charles et Jean étaient plus dans une logique de réglage d’aile leur Litespeed 4RS, ce jour volant avec des ailes de remplacement pendant que Micki et Dean volaient avec les leurs (ils feront quand même 250 bornes après un décollage tardif). Marc Haenel bouclera presque un 250 AR alors qu’Opale la veille a fait avec Marc un 204 en AR. Violette terminera aussi son 250 en triangle aplati ainsi que quasiment Jean-Marc Troussard et Louis Mesnier.

En tout point l’expédition fut une expérience remarquable, de part la découverte d’un site et la météo exceptionnelle, mais par le fait qu’en Espagne les conditions sont très similaire et que nous aussi nous avons un terrain de jeu formidable à une journée de voiture.

Vu les perf des rigides et des souples aujourd’hui nul doute que ces 2 records vont être battu très prochainement, d’autant plus que ces records ont sérieusement titillé nos amis Australiens et le team Moyes. Avec Micki, Gerolf, je ne suis pas inquiet quand à une amélioration très prochaine. Qu’importe! Les records sont faits pour être battu et j’ai le plaisir d’avoir (enfin) fait un plus grand triangle que Thomas.
Avec Jean-Charles et Jean on va peaufiner quelques « petits triangle» intéressant chez nous dans les Alpes.

L’entente dans le groupe fut vraiment sympathique, bref j’ai déjà le blues du retour.


Gil Souviron

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