Récits des TVL

A COUHE BON ? 2005-06-02

Couhé : tu penses à faire des kilomètres. Même sans alerte météo officielle, quand Jean monte de Montauban, c'est que ça peut-être bon. Excité comme un pou dans la voiture, il en déchire les garnitures de la voiture de Fredo, et téléphone à tous les sondages météo de France. Devinez le menu du resto de midi ...

Jean, Fredo, Nico et Pascal réunis dans la même pompe pour un départ groupé après 12 h, dans les 1000 m de plafond : c'est pas tous les jours. Vent très faible. Fin de la convection prévue à 19h 30 pour 1600m de gaz.

Evidemment, au bout d'une quinzaine de km, je me retrouve à grenouiller très bas au dessus de Civray. Il y a de la ferraille et des torchères dans la zone industrielle. J'ai déjà mon champ pour poser. Mais je m'obstine. Et cela dure très, très longtemps. J'y laisse pas mal d'énergie, mais je remonte. Fredo se pose un peu plus loin suivi de Jean. Nico avance. Opal s'est fait remorqué une heure plus tard et ira le plus loin avec 85 km. Nico 68. Il manque quelque chose...

Ne sentant pas la journée à 200 bornes malgré les cumulus, je privilégie la récup maison. A Roumazières, je tourne sur les fours bien chauds des tuileries. Ça sent la terre cuite. Je décide de me poser, après avoir perdu rapidement ce que j'avais gagné. Je reviens en arrière plus près des bars et, harnais ouvert, j'enroule pour finalement remonter et continuer vers l'est. De champ à poser en atterrissage prévu et différé, j'avance lentement, lacs de Charente et châteaux pour paysage. J'ai largement le temps de contempler ; contrairement aux planeurs qui passent à 200km/h, et les parapentes peineraient plus que moi face au vent. Château de Rochechouart, après celui d'Epainvilliers au départ. Ça sent la cellulose de bois de l'usine de pâte à papier. Campagne et activité industrielle se révèlent. Semi-remorques sur la route d'Angoulême. Le limousin est vert, et joli.

Antoine, notre remorqueur, a eu la gentillesse d'aller chercher Fredo. Pas de voiture à récupérer au décollage. C'est pas merveilleux ? Retour à la maison à une heure décente ! Il y a au moins cet avantage à une grande journée qui tourne en déconfiture.

Posé à 17 h 45, 74 km. J'ai sûrement battu un record de lenteur. La recette est simple : il suffit de rester au même endroit le plus longtemps possible, et de réfléchir au rapport entre espace et temps : quand je vole plus longtemps j'ai l'impression d'être allé plus loin. Parce que c'est moins facile ? Parce que j'ai le muscle du genou qui me dit que j'ai poussé trop souvent sur les pieds ? Un vol un peu fatigant, mais du plaisir dans les yeux et dans les narines. Il n'y a pas que les kms qui nous font voler.


Pascal Legrand

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