Récits des TVL

LA MOBYLETTE DU CIEL 2002-10-13

Les nuits sont longues au boulot, alors laissez-moi vous raconter un tour de paramoteur sublime. En vacances du côté de Marennes Oléron non loin de la fameuse et célèbre île d'Oléron, le soir venant un sursaut d'énergie me fit préparer le matos pour voler avec le pétarou au-dessus de Brouage, vieille ville fortifiée vaubanesque que l'on avait visitée avec la petite famille l'après-midi même. Petit pré, petit vent, petit décollage en deux pas, aux pieds des remparts, et me voilà tournoyant au-dessus de cette cité de toute beauté qui prenait alors de là haut toute sa dimension. L'aérologie était tellement agréable et confortable que l'envie de me promener vers la côte Sauvage me poussa vers l'ouest de cet endroit magnifique. Il fallait alors survoler les anciens parcs à huîtres aujourd'hui asséchés, mais grouillants d'une faune extraordinaire m'obligeant à mettre le moteur au mini pour ne pas trop effrayer tout ce petit monde. Cent ou deux cents mouettes sous mes pieds me présentaient un ballet fantastique, des ragondins gras comme des petits cochons de laits plongeant dans ces centaines de petits canaux, des nids perchés sur des poteaux avec quelques grues de passage, mille choses à regarder, mais il faut déjà quitter cet endroit pour ne pas trop perturber le milieu. Alors direction Marennes, 2 ou 3 petites photos de la maison des vacances, un coup d'œil sur le canal de Cayenne avec ses barges et ses petites maisons d'ostréiculteurs si typiques. Ce vol était tellement chouette que j'avais envie de tout voir de ne rien louper alors je continuais la visite touristique par le viaduc de l'île d'Oléron. Bourcefranc et voilà les premières plages où je ne résiste pas à l'appel du grand démon rase-mottes, une dizaine de touristes me regardent passer au radada en chantant, " c'est si bon …". Bon, fini le spectacle allons voir plus loin, un coup de gaz, cent mètres de gain et hop ! je saute la Seudre, et me revoilà à 5 mètres sol face à une petite brise de mer odorante et à une plage immense que la marée basse m'avait découverte, celle de Ronce-les-Bains. Ce rase-mottes était si grisant que je fis 3 ou 4 tours de plage sous les yeux ébahis des bulots et autres crustacés me voyant jouer avec ma mobylette du ciel. Allez, on arrête de s'amuser et place au super paysage. La Côte Sauvage était là devant moi, 20Km de sable fin bordés par une immense forêt de sapins. Toujours cette petite brise de mer laminaire, juste ce qu'il faut pour me tenir face à l'océan avec un filet de gaz. Je joue avec les minis dunes et j'arrive à faire du statique, quel régal ! Le moment est paradisiaque, que du bonheur, j'en oublierais presque que la nuit pointe son nez, que l'essence diminue, que ma femme et mes enfants m'attendent, il faut tout de même penser à poser. Le phare de la Coubre n'est plus très loin, allez, 2 où 3 tours de ce magnifique phare pour finir en beauté et surtout poser près d'un de ces axes routiers. Je coupe la casserole que j'avais dans le dos et pouf, les deux pieds dans le sable. Je ramasse le matos et et et… zut le portable ne passe pas pour appeler ma petite famille qui assurait la récup', mais la soirée était vraiment bénie par les Dieux. Un Allemand curieux et très sympathique me proposa de me déposer dans la ville la plus proche La Palmyre, super ! Le moteur dans le coffre du "panzer " et me voilà à 22 heures dans le centre-ville bourré de monde, quel contraste par rapport à tout à l'heure. Avec le moteur sur le dos, difficile de passer inaperçu, me voilà baptisé du nom de tous les objets volants " Hulot, Ushuaïa, ventilateur… ". Vite, un porche d'immeuble pour me cacher, et me voilà récupéré, et toute la petite famille soulagée de m'avoir retrouvé. Il y a vraiment des vols magnifiques, bien sûr les normes aéronautiques n'ont pas toujours été respectées, mais à part les crustacés de Ronce-les-Bains je ne pense avoir dérangé personne et volé en toute sécurité. Le paramoteur n'est polluant que par son bruit et nous donne malgré ça accès à un domaine de vol super nous permettant de voir une région sous un angle différent, complément parfait de la visite touristique terrestre. (Tout ça avec le nez cassé !!! MERCI Franck !!! )

Thierry Boudeau

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