PARIS, le 30 Mars 1927

Monsieur le Directeur de l'OFFICE DES HABITATIONS à BON MARCHE

Monsieur le Directeur,

Une fois de plus, les locataires soussignés ont le regret de vous signaler le scandale que cause Monsieur SOREL, escalier 19 - 5ème étage, et le danger que courent les locataires, du fait de ce Monsieur.

Ses crises de folie venant à la suite de l'ivresse, qui ne se produisait il y a encore quelque temps, [que] en moyenne une fois par semaine, surviennent actuellement 3 ou 4 fois par semaine.

Hier, une nouvelle crise provoqua un scandale intolérable vers 22 h 30. Des cris et des appels "au secours" retentirent et l'on put apercevoir cet énergumène poursuivant ses enfants en chemise, à travers le logement. Rentré ivre, il les avait réveillés, les frappait et les poursuivait.

Pour échapper à sa brutalité, un de ses fils passa par la fenêtre d'une chambre et s'aidant de l'avant-toit qui surplombe le 4ème étage, s'échappa en rentrant par la fenêtre des W.C. et put sortir du logement.

Un enfant de 13 à 14 ans, moins grand, sortit également sur cet avant-toit, mais en raison de sa taille, ne pouvant prendre le même chemin, dut séjourner sur ce toit pendant un temps assez long.

Une petite fille s'apprêtait à suivre l'exemple de ses frères, et ce ne fut que sur les conseils des voisins qu'elle rentra dans la chambre.

A ce moment, l'éclairage du logement s'éteignit et des projectiles de toutes sortes ; bouteilles, etc... passant par les fenêtres, s'abattirent dans la cour, risquant de blesser les locataires.

Entendant les protestations de ce dernier, SOREL rétablit la lumière et armé d'un couteau, menaça "de descendre ceux qui n'étaient pas contents" ; le tout, accompagné d'injures les plus ordurières.

.../...

Ce scandale ne cessa qu'à l'arrivée des agents. SOREL étant descendu, fut appréhendé, mais à l'heure actuelle, est déjà relâché.

Cette situation ne pouvant se prolonger plus longtemps, ces scènes continuelles bouleversant femmes et enfants, qui sont réveillés, comme dit plus haut plusieurs fois par semaine, nous vous serions très obligés, Monsieur le Directeur, d'agir en provoquant l'internement de ce fou, ou en lui appliquant le règlement qui prévoit le renvoi des locataires reconnus en état d'ivresse.

Dans cet espoir, veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de nos sentiments les plus distingués.

Expéditeur/auteur :
Collectif des locataires OHBM - 140 Ménilmontant
Destinataire :
Directeur de l'OBHM
Objet : 
[Protestation pour cause de tapage adr. à l'OHBM]
Format : 
A4 - recto/verso
Nbre de pages : 
2
Date : 
30 mars 1927

Images

[N°2209] :
794 x 1028 px 1,2M
[N°2210] :
794 x 1027 px 1,0M

Droits d'utilisation des images : aucune restriction de copyright connue.

Pour citer ce document

SCD - Université de Limoges, [Protestation pour cause de tapage adr. à l'OHBM] [En ligne]. Limoges : SCD Université de Limoges, 2010. Disponible sur <https://www.unilim.fr/jeanjean/1437> (consulté le 28/03/2024)