Thèse soutenue de Chadia HADDAD

Evaluations des fonctions cognitives Chez les patients schizophrènes au Liban

Contexte :
Les dĂ©ficits cognitifs sont perçus comme une caractĂ©ristique fondamentale de la schizophrĂ©nie ayant un impact sur le fonctionnement quotidien et affectant jusqu’Ă  75% des patients. Les changements cognitifs sont souvent les premiers signes de l’Ă©volution de la schizophrĂ©nie. Il peut apparaĂ®tre des annĂ©es avant le premier Ă©pisode psychotique aigu et avant l’apparition des symptĂ´mes positifs ou nĂ©gatifs de la maladie. Au cours de la maladie, des dĂ©ficits cognitifs modĂ©rĂ©s Ă  sĂ©vères sont dĂ©tectables au moment du premier Ă©pisode et apparaissent relativement stables après le dĂ©clin initial, avec une dĂ©tĂ©rioration progressive après l’âge de 65 ans chez certains patients.

Au cours des dernières annĂ©es, la recherche sur la schizophrĂ©nie s’est centrĂ©e sur la rĂ©duction de la symptomatologie de la maladie (symptĂ´mes positifs, par exemple) et l’amĂ©lioration du fonctionnement et de l’intĂ©gration sociale des malades. Dans ce contexte, l’Ă©tude des dĂ©ficiences cognitives est devenue un domaine d’intĂ©rĂŞt hautement prioritaire. Les patients chroniques atteints de schizophrĂ©nie entretiennent une interaction sociale rigide, Ă©vitant tout contact physique et l’absence d’amitiĂ© et d’entraide entre patients. De mĂŞme, les patients non chroniques atteints de schizophrĂ©nie rencontrent des problèmes pour participer Ă  des activitĂ©s sociales et dĂ©velopper des relations avec d’autres personnes.

Par consĂ©quent, l’importance de l’évaluation cognitive chez les patients schizophrènes est un des meilleurs indicateurs du pronostic fonctionnel et social des patients. Cette Ă©valuation nĂ©cessite le recours Ă  des tests cognitifs. Les mĂ©thodes actuelles d’Ă©valuation des troubles cognitifs chez les personnes atteintes de schizophrĂ©nie impliquent des batteries qui varient considĂ©rablement dans leurs contenus, leurs durĂ©es, leurs procĂ©dures et interprĂ©tations. Il existe plusieurs batteries d’Ă©valuation cognitive adaptĂ©es aux patients souffrant de schizophrĂ©nie et de psychose tel que la MATRICS (Measurement and Treatment Research to Improve Cognition in Schizophrenia), RBANS (Repeatable Battery for the Assessment of Neuropsychological Status), test de Woodcock-Johnson III des capacitĂ©s cognitives, et la BACS (Breaf Assessement of Cognitions Scale). L’administration d’une batterie neuropsychologique complète et son interprĂ©tation par un neuropsychologue demeure indispensable pour l’évaluation du profil et degrĂ© de dĂ©ficit cognitif. Le principal avantage des batteries est qu’elles permettent d’identifier les dĂ©ficits cognitifs dans plusieurs domaines fonctionnels.

Intérêt et originalité de l’étude :
Le but actuel du traitement de la schizophrénie est maintenant la réhabilitation plutôt que la simple prise en charge des symptômes psychotiques. Le rétablissement englobe en premier lieu la connaissance des déficits cognitifs afin d’aboutir à créer un plan de réadaptation sociale. Il sera donc important d’étudier les caractéristiques cognitives (sociales et non-sociales) afin de progresser dans la compréhension des troubles neurocognitive chez les schizophrènes.

De plus, peu Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites au Moyen Orient pour Ă©tudier cet aspect chez les patients schizophrènes (13-15). Au Liban, il y en a certaines Ă©tudes qui ont Ă©valuĂ© les fonctions cognitives chez les personnes âgĂ©s (16-18). Cependant, nous n’avons trouvĂ© aucune Ă©tude Ă©valuant les fonctions cognitives chez des individus institutionnalisĂ©s ayant des maladies neurologiques ou psychiatriques. En outre, les cliniciens dans les hĂ´pitaux et les cliniques sous-estiment souvent le degrĂ© de dĂ©ficit cognitif chez les schizophrènes. Les cliniciens ne disposent pas d’un instrument d’évaluation rapide et bref des fonctions cognitives qui serait facilement administrĂ© et interprĂ©tĂ© dans le contexte clinique. Au Liban, notamment Ă  l’hĂ´pital psychiatrique de la Croix, il existe une batterie d’évaluation cognitive (WAIS-III) mais elle n’est pas couramment utilisable ni validĂ©e au contexte culturel du pays. Il est intĂ©ressant donc de pouvoir disposer d’une batterie de tests cognitifs, facilement utilisable, validĂ©e au Liban, mesurant de façon globale les diffĂ©rents dĂ©ficits cognitifs et pouvant ĂŞtre utilisĂ©e dans le cadre socioculturel du pays pour un suivi thĂ©rapeutique des patients.

Un des buts de l’étude sera Ă©galement de mesurer le niveau de dĂ©ficit cognitif chez les patients schizophrènes en vue de permettre de dĂ©velopper des applications cliniques orientĂ©es vers l’amĂ©lioration des compĂ©tences sociales et ainsi aboutir Ă  des programmes de remĂ©diation cognitive dans cette population psychiatrique.

Objectifs :

Objectif principal :Evaluer les déficits cognitifs d’une population de patients schizophrènes libanais au moyen d’une batterie de tests cognitifs.

Objectifs spécifiques :

  • Valider une Ă©chelle de dĂ©pistage rapide des troubles cognitifs chez les patients schizophrènes au Liban.
  • Rechercher des relations entre les dĂ©ficits cognitifs et les troubles de cognition sociale.
  • Rechercher des relations entre la perception subjective des dĂ©ficits chez les patients et des troubles cognitifs objectifs.
  • Rechercher des relations entre les aspects Ă©motionnels (notamment les affects dĂ©pressifs) et les fonctions cognitives.
  • Comparer les dĂ©ficits cognitifs observĂ©s en fonction du traitement psychotrope utilisĂ©.
  • MĂ©thode :

    Type et population d’étude : Il s’agit d’une Ă©tude de type prospective transversale observationnelle monocentrique. Les patients seront recrutĂ©s Ă  partir des services hospitaliers de l’HĂ´pital Psychiatrique de la Croix (HPC), le plus grand hĂ´pital psychiatrique au Liban. ConformĂ©ment au protocole de de l’hĂ´pital, le comitĂ© Ă©thique de l’établissement devra approuver le protocole de l’étude. Ce comitĂ© s’assurera que la confidentialitĂ© des donnĂ©es des participants sera respectĂ©e durant le dĂ©roulement de l’étude. Un consentement Ă©clairĂ© devra ĂŞtre obtenu de la part de chaque participant avant de participer Ă  la recherche.

    Retombées et perspectives : Les retombées et perspectives attendues de l’étude sont :

    1 – De mettre au point une batterie diagnostique de tests cognitifs adaptĂ©e au contexte socioculturel du pays.

    2 – D’avoir un outil de dĂ©pistage rapide et bref des fonctions neurocognitives chez les patients schizophrènes utilisĂ©s facilement par les cliniciens pour mesurer les fonctions cognitives.

    3 – AmĂ©liorer la connaissance de sa maladie par le patient schizophrène pour lui permettre d’amĂ©liorer ses compĂ©tences sociales.

    4 – Sensibiliser la population sur les maladies psychiatriques en particulier la schizophrĂ©nie.

    5 – CrĂ©er un plan de rĂ©habilitation qui vise Ă  permettre de rĂ©insĂ©rer les patients schizophrènes dans la sociĂ©tĂ©. Ce plan impliquerait le patient schizophrène lui-mĂŞme, la famille et de tous les professionnels de soins de santĂ© associĂ©s Ă  la personne atteinte de schizophrĂ©nie.

    6 – Les hĂ´pitaux psychiatriques au Liban travaillent peu sur les traitements des dĂ©ficits cognitifs des schizophrènes Il serait donc intĂ©ressant d’inciter les cliniciens dans les hĂ´pitaux Ă  commencer Ă  Ă©tudier l’aspect cognitif chez les schizophrènes pour rĂ©duire l’impact de la maladie.

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    Mots clés :Schizophrènie, Fonctions cognitives, Liban.

    [Janvier 2019 – Decembre 2021]

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    Chadia HADDAD

    Docteure
    chadia.haddad@unilim.fr

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    Sous la direction de :

    Jean-Pierre CLEMENT

    Directeur de thèse
    PUPH – UniversitĂ© de Limoges

    Benjamin CALVET

    Co-direction
    MD, PHD

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