Gabrielle SAUMON, De l’élitisme social et spatial des dynamiques migratoires au façonnement de représentations hégémoniques de l’environnement dans l’ouest du Montana

De l’élitisme social et spatial des dynamiques migratoires au façonnement de représentations hégémoniques de l’environnement dans l’ouest du Montana
Analyse critique des récits et pratiques de la nature pour une géographie du capital environnemental

From the social and spatial elitism of migratory patterns to the hegemonic representations of environment in Western Montana: critical analysis of nature narratives and practices for a geography of environmental capital

L’Ouest du Montana est un territoire attractif qui suscite actuellement des formes de mobilités caractéristiques du phénomène de retour à la nature. Moteur clef de la reprise démographique de certains espaces, cette nouvelle orientation migratoire, associée, dans un contexte d’angoisse écologique, à la recherche d’une redéfinition de soi, serait la conséquence de l’accumulation de capital par des citadins des classes supérieures, et témoignerait du désir d’adopter un nouveau mode de vie, en accord avec ses valeurs environnementales.

Il s’agit alors dans ce projet d’éclairer le profil social et spatial de la dynamique migratoire observée, en interrogeant la spécificité des modes de consommation de l’environnement des néo-arrivants dans l’Ouest du Montana (pratique intense des sports de pleine nature, consommation alimentaire alternative aux circuits industriels via la chasse et/ou l’agriculture urbaine, ou encore achat de terres à fortes aménités paysagères), au regard des pratiques des populations locales.

Notre hypothèse est que les dynamiques migratoires dans l’Ouest du Montana sont marquées par des formes d’élitisme social et spatial.

La thèse éclairera ainsi les formes de sélections sociales qui affectent les mobilités géographiques, favorisant des agents disposant d’un capital économique et/ou culturel élevé. Les mobilités sont en effet nourries par des récits sur l’environnement circulant au sein de groupes sociaux spécifiques, composés d’agents dominants capables de façonner des représentations hégémoniques de l’environnement (artistes en quête de solitude, militants écologistes, riches retraités ou hommes d’affaires pendulaires consommateurs de grands espaces), à l’origine d’un effet de boucle lorsque les néo-arrivants reproduisent ces récits. Ces représentations dominantes sont parfois imposées à des agents qui ne disposent pas du capital suffisant pour défendre leurs voix et légitimer leurs propres systèmes de représentations : il s’agira alors d’analyser les processus de construction sociale de l’environnement, pétris d’inégalités et d’injustices, via la grille de lecture « capital environnemental ».

La thèse soulignera ensuite l’élitisme spatial des dynamiques migratoires vers l’Ouest du Montana. En effet, des pôles bien identifiés concentrent vitalité démographique et production de récits sur l’environnement. Si la thèse porte sur l’Ouest du Montana, une analyse à une échelle géographique plus fine permettra de souligner la diversité des identités territoriales au sein de cette région, et l’inégale distribution spatiale des agents qui investissent dans l’environnement et migrent dans le Montana. Partant de cette nouvelle échelle d’analyse, l’objectif est de pouvoir produire une géographie du capital environnemental dans l’Ouest du Montana.

Pour mener à bien cette étude, la méthodologie employée croise analyses statistiques des mobilités, afin notamment d’identifier les territoires attractifs dans l’Ouest du Montana, et analyses des récits sur l’environnement, en confrontant ce qui relève des discours – de nombreux entretiens sont réalisés avec des néo-arrivants et des locaux sur les représentations et pratiques de l’environnement – des écritures littéraires de la nature, et des écritures promotionnelles des territoires. Un intérêt tout particulier est porté à la construction des discours, en ayant conscience de la difficulté d’un projet de recherche sur les représentations et les constructions sociales d’un objet géographique. Il s’agira alors de mettre en lumière les biais, et ce non seulement pour les éviter, mais pour intégrer cette réflexion théorique dans l’analyse. Au-delà, c’est le positionnement même du chercheur qui sera interrogé tout au long de la thèse, afin de ne pas feindre l’objectivité scientifique mais de faire des subjectivités un instrument de recherche.

Mots clés : parcours migratoires, récits environnementaux, Montana, représentations, injustices, dominations, capital environnemental

Key words : migratory paths, environmental narratives, Montana, representations, injustices, dominations, environmental capital

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