Pauline Guy, AOC viticoles et jeux d’acteurs

Capital environnemental, pratiques territoriales et jeux d'acteurs dans les aires d'Appellation d'Origine Contrôlée viticoles du sud de la France

Les aires d’appellations d’origine contrôlée ou protégée véhiculent une image de haute qualité environnementale à l’égard de leurs productions spécifiques et très souvent grâce à un marketing efficace. Les aires AOC de la viticulture font partie de ses productions porteuses de valeurs positives. En effet, elles sont la vitrine de produits agricoles de qualité et ont une haute valeur économique au sein du territoire. Elles ont également une forte valeur paysagère, le paysage est perçu comme étant un espace arboré, jardiné. Selon les cultures, une valeur patrimoniale et identitaire est associée à ces aires AOC. Cette image est construite par un marketing territorial qui met en place des activités autour de ces cultures labellisées comme les routes des vins maisons des vins, … La construction progressive de ces territoires permet d’initier une nouvelle donne économique locale qui repose en grande partie sur ces images construites par les aires AOC.

Les produits avec une AOC relèvent d’une recherche d’excellence dans des terroirs ruraux clairement identifiés. Chacun des noms de ces produits évoque des sensations gustatives originales et fait surgir des images de paysages agricoles emblématiques. Pourtant le rapport inconscient que fait le consommateur entre la qualité d’un produit et la qualité d’un paysage ne va pas de soi.

Néanmoins, ces aires AOC, qui mettent en valeur un territoire et renvoient une image positive, peuvent cacher des réalités territoriales. Quelles sont-elles ? Les productions sous AOC encouragent la culture d’une variété de fruit qui favorise une agriculture intensive et entraine une tendance mono-spécifique des cultures. Pour répondre au marché économique, des techniques agricoles spécifiques sont utilisées notamment des produits phytosanitaires qui permettent de contrer la vulnérabilité des cultures fragiles aux aléas climatiques, aux ravageurs et aux maladies afin d’atteindre un niveau de production viable. Par ailleurs ces produits ont un impact sur la qualité du milieu et sur les êtres vivants. Ces pratiques posent donc le problème des conséquences sanitaires. Par ailleurs une tendance à la conversion en « Bio » est de plus en plus prégnante. Quelles en sont les motivations ?

Deux réalités s’opposent : l’image construite par un marketing territorial et les réalités dues aux pratiques spécifiques aux cultures viticoles sous AOC. Comment s’articulent les apparentes contradictions entre l’identité de territoire construite sur des images positives de ruralité, de qualité labellisée et de l’autre, la réalité des pratiques culturales environnementales et des enjeux sanitaires qui y sont liés ? Comment se sont construites ces deux réalités dans des territoires avec une AOC ? Comment sont-elles gérées, vécues et ressenties par les acteurs du territoire ? Comment cohabitent viticulture et processus de périurbanisation ?

Pour répondre à ces questions, trois terrains d’études ont été choisis : les AOC bergeracoises, celles de l’Entre-Deux-Mers et les AOC Banyuls-Collioure. Ils font l’objet d’observations et de recherches afin de dresser un portrait objectif de ces territoires où deux réalités coexistent : celle d’un espace idéalisé, perçu et celle d’un espace de production. Il s’agira aussi d‘analyser les jeux d’acteurs dans ces diverses aires AOC et d’en comprendre les pratiques territoriales ainsi que les enjeux générés par celle-ci. Des questionnaires et des entretiens sont réalisés auprès des viticulteurs, des riverains, des élus, des gestionnaires des AOC. Des dynamiques différentes sont perceptibles sur ces trois territoires mais se rejoignent sur la culture du vin et de leur dépendance avec cette dernière.

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