Violences hagiographiques Discours et représentations de la violence dans les sources hagiographiques de la province ecclésiastique de Sens (Ve-XIIe siècle)

Pouvoirs, Institutions, Conflits


Doctorat préparé par Hélène CAILLAUD, sous la direction de Philippe Depreux (Université de Hambourg) et Stefen Patzold (Université de Tübingen).

Soutenance le 10 décembre 2016


11th-century_painters_-_Gospel_Book_of_Henry_IILa violence au Moyen Âge ne serait-elle qu’une question de perspective ? Cette question marque le point de départ de cette étude consacrée aux récits de la violence dans les sources hagiographiques. L’analyse du discours, reposant sur une déconstruction systématique des récits, a fait apparaître un canevas narratif commun sur lequel chaque auteur est venu broder son propre récit. Mais sous une simplicité apparente se dissimule un discours bien plus complexe en lien avec les probématiques sociales de leur époque. L’approche lexicale a permis de montrer que la dénonciation d’une action comme « violence » devient un moyen d’en exprimer l’illégitimité du point de vue de l’auteur et de sa communauté. Elle entre ainsi dans des stratégies plus larges d’autolégitimation mises en place par l’Église, dans lesquelles le discours de la violence est instrumentalisé dans le but de « normer » la communauté des fidèles, mais aussi de défendre son patrimoine ou de légitimer certaines réformes.  Évidemment, le récit hagiographique de la violence n’offre qu’une vision unilatérale dans laquelle les motivations de la partie adverse sont déformées ou tout simplement ignorées. Enfin, l’intérêt porté au discours et à son élaboration, mais aussi à ses formes et aux thématiques abordées a permis de mener une réflexion plus générale sur les enjeux de l’écriture hagiographique. L’hagiographie s’adresse à un public très large en divers lieux et à différents moments, empruntant alors des voies communicationnelles variées. La lecture mais aussi l’écoute le plus souvent dans un cadre liturgique permettent une large diffusion du message hagiographique et lui confère toute son efficacité. De par ce caractère quasi universel, l’hagiographie devient aussi multifonctionnelle et joue un rôle social important.

 

Hagiographical violences : Discourses and representations of violence in hagiographical texts in the ecclesiastical province of Sens(5th-12th century)

Would the violence in the Middle Ages be only a question of perspective? This question is the basis for this study on hagiographical stories of violence. The analysis of discursive strategies showed a common narrative structure on what each author came to embroider his own story. But this visible simplicity hides a more complex discourse linked to social issues of their times. The lexical study has showed that the denunciation of an action as « violence » becomes a means to express illegitimacy from the point of view of the author and his community. It belongs to strategies of autolegitimization set up by the Church, in which violence is instrumentalized with the intention not only to influence behaviours of the community of faithful, but also to defend its property or to justify some reforms ongoing. Of course, the hagiographical story of violence gives us only an unilateral vision in which the motivations of the opposite camp are simply distorted or hidden. Finally, the interest on discursive strategies and on the various forms of violence reported lead us to consider writing motives of the hagiographers. Hagiography touch a very large public in various places and at various times, using several ways of communication. Reading but also listening often in a liturgical context make the hagiographical message efficient. All over this quasi universal character, hagiography becomes multi-functional as well and plays an important social role. In this way, we can say that hagiography can be seen as a weapon in hands of religious men. It allows the glorification of a past through the holyness of the community foundator or members. But it’s also a support of the instrumentalisation of conflicts between the lay aristocracy and religious communities.

 

Hagiographische Gewalt. Diskurse und Darstellungen der Gewalt in den hagiographischen Quellen aus der Kirchgemeinde Sens (V-XII Jhd)

Könnte die Gewalt im Mittelalter nur eine Frage der Perspektive sein? Diese Frage ist der Anfangspunkt dieser Studie über Erzählungen der hagiographischen Gewalt. Die Diskursanalyse, auf einer systematischen Infragestellung der Berichte beruhend, hat ein gemeinsames narratives Schema gezeigt, dem jeder Autor seine eigene Geschichte hinzufügt. Dennoch verbirgt das scheinbar Einfache einen viel komplexeren Diskurs, der mit der sozialen Problematik der Epoche zusammenhängt. Die lexikalische Analyse hat nachgewiesen, daß die Stigmatisierung einer Tat als „Gewalt“ dem Autor und dessen Gemeinde als Mittel dient, die Ungesetzlichkeit der Tat hervorzuheben. So wird diese Darstellung zu einem der von der Kirche etablierten Selbstlegitimationsverfahren. In diesen Verfahren, wird die Gewaltthematik nicht nur dazu genutzt, um die Gläubigen zu beeinflussen, sondern auch um ihr Erbe zu schützen und diverse Reformen zu rechtfertigen. Selbstverständlich gibt die hagiographische Erzählung der Gewalt nur eine einseitige Sicht wieder, in der die Beweggründe der Gegner verdreht, bzw. verheimlicht werden. Schlussendlich hat die Analyse des Diskurses und seines Aufbaus eine allgemeinere Betrachtung der Ziele der hagiographischen Schriften ermöglicht. Die Hagiographie richtet sich an ein sehr breites Publikum, an verschiedenen Orten und zu unterschiedlichen Zeiten. Dazu werden verschiedene Kommunikationswege genutzt. Das Lesen sowie das Hören, in einem oft liturgischem Umfeld, verbreiten auf eine schnelle und wirksame Weise die hagiographische Botschaften. Dadurch wird die Hagiographie übergreifendund spielt eine wichtige Rolle in der Gesellschaft.

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