Un pas de deux : clercs et paroissiens en Limousin vers 1660-1789

Thèse soutenue par Stéphane Lajaumont le 15 décembre 2008, sous la direction de Michel Cassan

En Limousin, de 1660 à 1789, l’inscription de la Réforme catholique dans les territoires et les pratiques collectives de dévotion des fidèles se déroule en douceur. Pourtant la formation exigeante des prêtres dans les séminaires sulpiciens de Limoges et de Tulle, à compter respectivement de 1660 et 1697, aurait pu construire les conditions d’une cléricalisation accélérée et d’un possible divorce avec la population. Il n’en est rien. Au contraire, tout en revendiquant l’exceptionnalité du sacerdoce et en maintenant une distance avec les fidèles, le clergé limousin a su transmettre une foi renouvelée à une population majoritairement analphabète, sans précipiter la moindre rupture religieuse. Ainsi, la parole ecclésiastique portée en chaire dessine un possible salut accessible à chacun, privilégiant une pastorale de l’espérance. De même, les interventions conduites sur le territoire paroissial ne modifient que marginalement l’espace sacré et, le plus souvent, avec l’accord des paroissiens. Cela vaut également dans la mise en oeuvre collective des dévotions, lors des processions ou dans la vie des confréries. L’Eglise favorise une affirmation religieuse communautaire sous direction curiale, sans désavouer les usages cultuels anciens, sauf s’ils présentent des atteintes jugées manifestes au sacré. Elle les réinstalle simplement dans une chaîne d’intercession hiérarchique auprès de Dieu. En Limousin, de la seconde moité du XVIIe siècle à la Révolution, l’Eglise a donc choisi d’insérer sa démarche pastorale dans les cadres proposés par une société fortement marquée par des références ou des engagements collectifs.

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