Quand la bourgeoisie de Limoges vivait et édifiait sa ville (1856-1929)

Environnement, Territoires, Circulations

Doctorat préparé par Sarah Roux, sous la direction de Clotilde Druelle-Korn (CRIHAM, Unilim) et de Nabila Oulebsir (CRIHAM, université de Poitiers)

 

 

Limoges, ville ouvrière de l’époque contemporaine, est connue à travers ses surnoms de « ville rouge », « ville révolutionnaire » ou encore de « Rome du socialisme ». La cité est le théâtre de nombreux événements participant à cette construction : en septembre 1848 le Préfet au Roi déclare que « Limoges est peut-être la ville de France où le socialisme a jeté ses plus profondes racines », en 1895 la première Confédération Générale du Travail (CGT) y est fondée, en 1905 les grèves ouvrières s’accompagnent d’émeutes et du décès d’un jeune ouvrier : Camille Vardelle.

Cet aspect célèbre de l’histoire limougeaude masque une autre cité, celle de la classe en expansion composée d’entrepreneurs, de propriétaires, de commerçants, de professions libérales, avides d’embellir la ville et d’y vivre bourgeoisement. Notre projet s’attache à étudier comment la bourgeoisie de Limoges a vécu et construit sa ville, avec quels capitaux, quels architectes, quelles représentations, comment elle l’a habitée et quelles sociabilités s’y sont formées. Le sujet se place ainsi dans une double perspective d’histoire et d’histoire de l’art, disciplines rarement associées dans les travaux historiques.

Au cours du XIXe siècle, les constructions françaises sont marquées par une continuation de l’architecture révolutionnaire, il faut attendre le Second Empire pour assister un bouleversement architectural et urbanistique à Paris ainsi que dans les principales villes françaises à l’instar de Limoges. Ce n’est qu’à partir de l’arrivée du chemin de fer Paris-Orléans, en 1856, que les habitations en pierre se démocratisent. Un renouveau architectural et urbanistique nait ainsi dans la ville sous l’effet de la révolution industrielle et de l’enrichissement de la bourgeoisie locale. Ediles et élites économiques se lancent dans la construction de nouveaux axes de circulation et de nouveaux quartiers. La bourgeoisie s’installe dans des lotissements privés extramuros, tels que le square des émailleurs (1860-70). De grands bâtiments phares de la ville sont également érigés à cette période comme l’hôtel de ville (1883) et les halles centrales (1889). La Grande Guerre arrête cependant cette profusion urbaine, pour autant les travaux débutés avant la guerre sont terminés et en 1929 la gare des Bénédictins est inaugurée. Ce chef d’œuvre éclectique à la gloire de la cité est achevé à l’heure où les activités qui ont fait sa fortune et le renom de Limoges sont touchées par le lent déclin entamé depuis la grande guerre, puis précipité la crise économique des années 30. Notre étude s’attachera au travers d’archives très variées à étudier une période fondamentale de l’histoire urbaine et monumentale de Limoges. Elle a pour ambition de retracer la construction et la vie matérielle et sensible de la Limoges bourgeoise méconnue.

 

Limoges, town of the working class and blue collars, is known as the « Red City », « Revolutionnary City », or yet « Socialist Rome ». From the 19th. C onward, the city witnesses numerous political upheavals. In September 1848, the royal prefect declared « Limoges might be, in France, the town where socialism has developed its deepest roots». In 1895, the very first Trade Union Confederation (Confédération Générale du Travail (CGT) was founded in Limoges, a decade later the «porcelain strikes» resulted in the death of a young worker, Camille Vardelle.

However, this well-known side of Limoges’s story leaves something out: how did the bourgeoisie accomodate the new « red city » ? This PhD project has at heart to study how Limoges’s bourgeoisie lived and built their city, with what funds, which architects, what representations and courtship.

Over the 19th century, The French practice and construction buildings followed at first the style of the Revolution era. Then the Second Empire and the Haussmann renovation of Paris dramatically changed the architecture and urbanism of the capital as well as the major cities in France and in European countries. In Limoges, dressed-stone constructions spread out in the wake of Paris-Orléans railway in 1856. The regional capital of Limousin began its architectural and urbanistic transformation. The Industrial Revolution and the enwealthness of the local bourgeoisie provided the means to do so. New buildings, boulevards and avenues, neighbourhoods were erected. The bourgeoisie planned out private housing developments on the periphery of the city center like the Square des Émailleurs[5] (1860-70). Town councillors designed and funded the City Hall (1883) and the Central Market Hall (1889). The World War One brought a halt to this urban profusion, however, projects whose construction started prior to the war were brought to an end up. In 1929 the majestic Gare des Bénédictins was inaugurate. This eclectic masterpiece to the glory of the city is completed at a time when the economic activities that had made the fortune and the fame of Limoges were affected by the slow and inexorable decline precipitated by the war then Great Depression of the 1930’s.

Légende de l’illustration jointe : La place Jourdan et la gare, 5Fi 106, Archives Municipales de Limoges.
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