Anouar Ben Msila (LTD, Langages, Textes, Discours, Faculté des Lettres de Meknès (Maroc))



« Le nudging, un processus sémiotique spécifique »

L’intention de notre communication est de proposer, à travers le traitement d’exemples, une description sémiotique du nudging. Plus précisément, et comme son nom l’indique, le nudging mérite de plein droit de constituer l’objet d’étude de la sémiotique de la manipulation, mais aussi de l’incitation. De ce fait, notre tâche consiste à construire le mode de fonctionnement du nudging sur la dimension cognitive (faire-croire/croire), qui est une spécification du /faire-faire/, épine dorsale de l’activité manipulatoire. Et puisque cette dimension cognitive se déploie en vue d’un objectif pragmatique, à savoir agir conformément au contrat de manipulation, il importe d’interroger autant l’aboutissement de cette action (compétence/performance) que son évaluation (sanction). D’autre part, la spécificité du nudging sera montrée et nuancée en termes de modalités narratives. En effet, dans le nudging, face au /faire-faire/ spécifié en /faire-devoir/ de la part du Destinateur-manipulateur, le destinataire-manipulé n’est pas pressenti pour répondre par un /pouvoir-faire/ (liberté), ni non plus par un /ne pas pouvoir ne pas faire/ (obéissance) ; il est plutôt amené à adopter une attitude complexe. De quelle attitude s’agit-il alors ? S’agit-il d’une situation qui participerait de ces deux modalités ? Notre communication essaiera d’apporter des éléments de réponses sur ce point.

Corrélativement, c’est la dimension véridictoire qui se révèle, croyons-nous, pertinente pour mieux cerner cette complexité. En effet, l’idée de « liberté » que laisse entendre le nudging, et qui en est même un des fondements, est susceptible d’être qualifiée d’illusoire. Elle s’avère au moins « compromise ». Par conséquent, il serait intéressant d’expliciter le mode de confrontation entre le /faire-savoir/ et le /faire-croire/ afin de montrer la transformation de la part du Destinateur-manipulateur du /croire-faux/ en un /savoir-vrai/.

Mais le nudging ne présente-t-il pas une configuration sémiotique bien spécifique ? Ne requiert-il pas un dispositif syntagmatique différent de celui du schéma narratif canonique ? La description du nudging gagnera en effet à être replacée dans le cadre d’une sémiotique de type passionnel et interactif. Cela permet de mieux faire percevoir et de systématiser la dimension incitative du nudging, fondé qu’il est sur l’émotionnel, et de procéder à une articulation des trois dimensions du sens que sont : la cognitive, la pragmatique et la sensible.

 

Bibliographie

  • Fontanille, J. Formes de vie, Liège, PUL., Sigilla, 2015.
  • Greimas, A. J. Du sens II, Paris, Seuil, 1983.
  • Landowski, E. Passions sans nom, Paris, PUF, Formes sémiotiques, 2004.
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