Il s’agit d’une hernie de la paroi artérielle en communication avec la lumière par un collet. Observé dans 1 à 5% au cours d’examens post mortem, il est diagnostiqué surtout entre 40 et 60 ans, au moment de la rupture. Mais celle-ci peut survenir à tout âge. Le risque de rupture est de 6 à 12% par an.
ÉTIOPATHOGÉNIE
Elle est diverse et discutée, l’origine pouvant être :
Citons les anévrismes disséquants, les anévrismes (exceptionnels) rencontrés dans les artériopathies (drépanocytoses, Moya moya), au cours des tumeurs (chorio- carcinome, myxome de l’oreillette).
Signalons l’association possible à une polykystose rénale, à une coarctation de l’aorte. Une atteinte familiale (moins de 2%) est rapportée sans qu’aucun mode de transmission ait été établi..
NEUROPATHOLOGIE
La lésion est caractérisée par une dysplasie locale : disparition de la limitante élastique interne et du tissu conjonctif de la média remplacé par du tissu fibro-hyalin.
Morphologie : sacculaire +++, fusiforme (athérosclérose ; souvent tronc basilaire), sessile.
Sites : bifurcation de la partie antérieure du polygone de Willis (95 %).Le reste siège sur le tronc basilaire, les artères vertébrales et leurs branches.
Taille : variable. 80% ont une taille inférieur à 15 mm. On parle d’anévrisme "géant" (2 à 3 %) lorsque la taille est supérieure à 25 mm (forme fréquente chez l’enfant). La croissance serait due à un phénomène de digestion enzymatique avec formation d’une fibrose hyaline.
La multiplicité est retrouvée dans 14 à 20 % des cas (surtout en cas d’anévrismes distaux). L’association avec une malformation artério veineuse est signalée dans 2% des cas.
Siège de la rupture (Pertuiset) : au niveau du dôme dans 2/3 des cas, sur la face latérale 1 fois sur 10, rarement au niveau du collet.
PHYSIOPATHOLOGIE
La rupture survient généralement au cours d’un effort, d’une poussée HTA (retrouvé dans 20 à 50% des cas), lors de l’atteinte d’un "point" de rupture, le diamètre critique serait de 6 à 15 mm. Des coups de "béliers" sont assenés sur l’apex d’une bifurcation artérielle, les turbulences créent des phénomènes vibratoires affaiblissant les parois du sac entrainant la rupture. Un caillot de colmatage apparaît, suivi généralement d’une fibrinolyse aux environs du 10ème jour responsable d’un resaignement. Schématiquement le saignement peut fuser à différents niveaux avec diverses conséquences : hémorragie
Ces lésions sont susceptibles de générer une HTIC.
Le spasme correspond à une réduction temporaire ou permanente d’au moins 50% du calibre d’une artère pouvant entraîner une hypoperfusion cérébrale avec un risque d’ischémie et de nécrose. Sa fréquence est estimée entre 15 et 60 % et il peut être localisé ou diffus. On distingue 2 types de spasme :
- Citons la TURGESCENCE CÉRÉBRALE qui est précoce (vasodilatation, oedème).
Ces différents processus,turgescence cérébrale, vasospasme, hématome, HTIC sont susceptibles de provoquer une ISCHÉMIE, un infarcissement, une nécrose cellulaire.
CLINIQUE
1 - Rupture : hémorragie méningée
2 - non rompu :
a) compression :
b) accidents ischémiques :
c) découverte fortuite (anévrisme asymptomatique).
BILAN
S’enquérir de la date et de l’heure ainsi que des circonstances de survenue de la symptomatologie.
Clinique :
Apprécier l’ état de conscience (GCS) en précisant l’évolutivité :
Paraclinique :
COMPLICATIONS DE LA RUPTURE
Le PRONOSTIC VITAL est en jeu, 2 à 4 % des morts subites sont imputables aux ruptures anévrismales. La mortalité est estimée à 30% à J1. Immédiates :
A distance : hydrocéphalie à pression normale, épilepsie (6 à 15%), syndrome subjectif, troubles des fonctions supérieures.
TRAITEMENT
Médical
1 - Repos au lit strict, dans la semi obscurité, dans le calme, à l’abri du bruit. Lever interdit. Visites limitées.
2 - Antalgiques non salicylés (proparacétamol, burprénorphine).
3 - Antiémétiques lors de vomissements.
4 - Lutter contre la constipation (huile de paraffine).
5 - Sédatifs (Lexomil* ; Tranxène*).
6 - Prévention antiulcéreuse (anti H2).
7_ - Antihypertenseur, éviter que la TA excède 210mmHg (clonidine 12 à 120 µg/h à la SE ; labetalol 0,1mg/kg/h ; nicardipine 6 à 15 mg/h). Le traitement antiHTA doit être suspendu en cas d’ischémie cérébrale.
8 - Corriger une hypovolémie par des substances colloïdes (albumine humaine, dextran, hydroxyéthylamidons, gélatines fluides modifiées).
9- Les anticonvulsivants sont non systématiques et prescrits en cas de crises : clonazépam IV 0,05 à 0,15 mg/kg/j, diphenylhydantoïne, dose de charge IV 16 mg/kg/j puis à J2, 4 à 8 mg/kg/j per os ou valproate de sodium 30 mg/kg/j.
10- Inhibiteurs calciques : abaissent les résistances vasculaires, augmentent le débit sanguin cérébral dans la zone ischémie et lutte contre la pénétration intra cellulaire de calcium, responsable de la mort cellulaire. A prescrire au plus tôt : 1 à 2 mg/h SE pendant 5 à 15 jours puis per os 360 mg/j pendant 3 semaines. Les Lazaroïdes sont en cours d’évaluation.
Chirurgical
But : éviter la récidive
Technique :
“Lavage” des citernes.
Sous microscope, avec possibilité d’une hypotension contrôlée (jusqu’à 40 mm Hg) : exclusion de l’anévrisme à l’aide de "CLIPS" (Dandy 1936) auto- bloquants et amovibles placés au niveau du collet (Yasargil, Sugita, Sundt...)
- L’hypervolémie et une HTA induite après clippage de l’anévrisme est un moyen efficace pour lutter contre une hypoperfusion cérébrale post spasme.
Timing de l’intervention
Attendre accroît le risque de resaignement mais favorise le geste chirurgical, le cerveau étant moins turgescent, moins fragile. Il est indiqué d’intervenir en urgence lorsqu’il existe un hématome compressif.
La présence d’un spasme contre-indique l’intervention.
Résultats : 13% de mortalité dans les grades I et 70% de mortalité chez les malades dans le coma.
Morbidité : séquelles motrices, sensitives,... mais aussi neuropsychologiques (communicante antérieure).
PRONOSTIC
Il est fonction de l’âge, de l’état de conscience à l’admission, des tares, de l’importance de l’hémorragie. En dehors de la gravité des anévrismes du tronc basilaire, la topographie influe peu.
PRINCIPALES VOIES D’ABORD
Anévrisme du polygone de Willis : voie fronto -temporale, ptérionale.
Tronc basilaire : voie ptérionale, sous temporale , trans orale.
Artères vertébrales, cérébelleuses : voie sous occipitale ; voie sous temporale pour les artères cérébelleuses supérieures.
Artère péricalleuse : volet frontal parasagittal.
- Les techniques suivantes sont rarement pratiquées :
- En présence de certains anévrismes géants “non clippable”, une anastomose temporo-sylvienne préalable est parfois proposée, précédant la ligature de la carotide au cou.
- En présence d’une hydrocéphalie aiguë symptomatique, une DVE peut être envisagée
Le traitement ENDOVASCULAIRE consiste à placer dans le sac des spires métalliques thrombogènes (coils). Cette dernière technique, en cours d’évaluation, prendra vraisemblablement une part importante dans le traitement des anévrismes intracrâniens.
Actuellement la limitesemblent être les anévrismes à collet large, certains anévrismes sylviens et distaux.