Récits des TVL

COIN COIN 2006-06-01

Le canard klaxonne au retour des beaux jours. C'est une constante dans les environs de Poitiers et du Futuroscope. Le canard a été recruté par Disney, mais le nôtre est resté bien français, malgré son nom de scène pour la représentation d'aujourd'hui : nous l'appellerons Migrator.

Parce qu'il ramène le beau temps, après une consultation météo intense, c'est plutôt un phénomène rare cumulant des éléments divers, parmi lesquels des nuages et des trajets en voiture.

Pour une fois, c'est un départ à une heure raisonnable. Pendant un moment, nous ne sommes pas en retard. Les affaires continuent au téléphone ; Horticultor vend des géraniums à un ami ; j'essaie de suivre dans les idées surréalistes où Migrator parle de la barre des 400 et de Perpignan. Mais, c'est trop Nord aujourd'hui. Toulouse, les Pyrénées "on dirait le Sud" comme dit la chanson. Ca me déstabilise et ça m'angoisse. Je leur réplique "En outre , dit la petite gourde, je suis plus grosse", et là, je vois que j'ai marqué un point car ils méditent bien une minute.

"Faudra craber", dit le canard qui cherche sa route. Les chasseurs essayent parfois de l'avoir pour son foie. Ca finit à la boucherie-charcuterie pour faire marcher le jambon beurre ; c'est là qu'on prend un peu de retard.
- "Il fait bien froid pour la saison ce matin avec le vent".

Ça pour sûr ! Antoine Remorkor fait chauffer la cafetière à 4 temps qui pour, aujourd'hui, ne sera pas délocalisée dans le NE. Finalement. Et pourquoi ?

Assez de questions, car il y a assez de plafond.

Moteur. On tourne. Casting : Migrator Aeros SM, Horticultor VR, Bernardort (et il est temps qu'il se réveille : Aeros SM) Fredosmozzatos et Martine dans les starting-blocks. Moi, c'est le canard. D comme delta Dudule avec le Styl + (mais pas plus boiteux qu'un autre. Tout le monde en prend des boites, avec ou sans mat).

Je suis un peu inquiet pour l'alimentation du Canard. Il paraît que certains pensent à des produits de pharmacie utilisés par les cyclistes, du nom de Topettes 'les produits") ; pas dopants, mais riches en glucose. C'est alors que la France du Sud (le bas sur la carte) se dresse sur ces pattes palmées et entonne fièrement : le jambon beurre oui, le gel non.

On mesure alors les sacrifices que certains sont prêts à faire pour la performance ; on voit le rôle de l'entraîneur et des média, et aussi, à la fin de la phrase, le chemin à parcourir.

Accrochons-nous, au remorqueur ; faut toujours s'accrocher pour ne pas être à la traîne. Je ne comprends pas : on m'avait dit que la traîne, c'était bon. 11 h 30.

Tu fais un signe de la tête, il accélère et tu voles. J'ai même eu le temps d'oublier mon portable à la maison. Même pas peur avec Martine-recup. Le départ n'est pas gagné à tous les coups. Cette fois, c'est moi qui me colle au nuage le premier et qui attend patiemment. 5 km en dérive. Je ne prends pas feu. La radio marche. Je fais les 40 premiers km avec El Migrator dans mon Est. Même pas lent vent arrière.

Une belle rue de nuages se dessine, un peu comme un mouton. A moi la facilité ; jusqu'à l'erreur. Pourquoi ? Toujours ces questions qui retentissent comme un de mes plus beaux points bas sur une petite réserve d'eau au bleu hawaïen.

Et pourquoi ? Si je remonte, c'est pour mieux me poser après avoir survolé un bel amphithéâtre romain, que je n'avais jamais vu, alors que je connais la région. Sauf que bas et occupé, je n'ai rien reconnu du tout. Même pas vu Angoulême qui a magnétisé Horticultor qui tente de lancer une opération banlieue-fleurie et se pose sur une tartine beurette, zeste de merguez, pour faire la promo du delta dans les favelas.

On lui porte son harnais, vu son âge, son dos, son look Matrix revisited, et des tas d'autres choses encore. Quant à moi, une AX Citroën sympathique m'emmène à la cabine téléphonique : "Je suis venu car une petite fille m'a dit qu'il avait une bâche dans le champ". Beuhhhh, Vilaine petite fille. Heureusement la dame avait bien vu que ce n'était pas une bâche. Merci madame.

Dommage que la touche "2" de la cabine ne marche pas, car il y a un "2" dans le numéro de Martine (que je ne communique pas ici pour raison de confidentialité... Et puis Bernard a déjà assez de travail). Finalement, Cheminotor (le gardien du labyrinthe SNCF) me sauve la mise dans la mouïse.

Echallat : petit village, pas très grand... Belles pierres, église fermée, et voilà les voitures ! Nous sommes toujours en avance. Posé 13 h 30. Bar à 15 h 30. bières, sandwich (je vous laisse deviner) + charcuterie fine de Limoges et une andouille, spécialement pour moi certainement). La récup est une aventure en soi, et un peu en moi. 170 km Libourne (Fredos). Il faudra attendre plus tard, car le jambon est long à digérer, pour avoir les 341 km (Tarbes) du Canardor-migrator.

Il a bien fallu qu'il s'arrête vu qu'il n'y avait plus que 30 km avant la barrière des Pyrénées (fermée à cette heure). Je suppose que c'est honnête. C'est bien de buter un peu sur la barre des 400. Ça motive.

It's just another day
Barbule blues
No paradise
Mais il faut bien y croire
Juste un vol sans histoire

Musique. On the road again. Retour chariot. Clap de fin. Touche de machine à écrire

El Migrator va retrouver la cane, les 6 canetons, et les pantoufles aux pruneaux. "Un petit Couhé de paradis, je ne perdrais pas change pardi" chantonne-t-il parfois l'hiver en réfléchissant aux délocalisations des remorqueurs. Je pense que c'est un défi personnel basé sur les lois de la nature. C'est simple : tu pars, et ut continues assez longtemps. Finalement peut être que le jambon beurre... Je vais voir ce que je peux faire de mon coté.



Bonus : poème populaire


Nord-ouest / sud-ouest

En survolant le pays
Le magicien m'a dit :
C'est juste un vieux Périgord
Au loin des montagnes d’or
Se dressant aux portes du record


Il faudra bien y croire
A ces vieilles histoires de grimoire
Histoires d'hiver, à force de boire
Cognac ou armagnac

Il faudra bien les voir
Les Pyrénées ensoleillées du soir.
L'oeil sur le merlot, l'oeil sur le baro
Merlin monte au créneau.
Sa baguette magique au jambon
Au plafond c'est tout bon
Tire la barre et au charbon
D'un grand sourire au beurre
Ça y est « il est l'heure »
De monter aux barbules
De prendre toutes les bulles.

Chaque jour est une nouvelle donne
Et mon coeur qui frissonne.


Pascal Legrand

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