Récits des TVL

SUPER WEEK-END 2007-04-26

Partie 1 : 1er grand vol en Delta
Tout a démarré à Argentat samedi à 9 h. Montée à Bros avec Hervé et Franck et deux autres congénères stagiaires aguerris puisque ayant respectivement 4 et 9 grands vols à leur actif. Au déco la brise souffle de face entre 5 et 10 km/h. Hervé nous dit de ne pas traîner car à cette heure ci, la brise est déjà faible et elle risque donc de s’inverser rapidement. De toute façon ce n’est pas mon intention. Hervé a à peine décollé le biplace que je suis déjà prêt sous mon Medil, casque sur la tête, radio en marche, même pas peur…
Avancée sur le déco, et là, le cœur accélère un peu. Françoise qui a décollé devant a pu faire un prégonflage. Moi, je sais bien que le delta est bien là au dessus de ma tête, mais le petit prégonflage qui permet de retrouver les sensations de la bête va me manquer.
Enfin bon… j’engage les épaules sous le trapèze, soulève l’aile, regards aux bouts de plumes, équilibrage, réglage de l’incidence, regard au loin et torse bombé…voix de Franck : « c’est quand tu veux ». Ça tombe bien, je veux ! premier pas en marchant, deux grandes foulées aériennes (je ne me vois pas, mais je sais que je suis beau dans cette action), et je vole !!!
A peine sorti du décollage, l’aile me jette à droite, contre à gauche énergique et me voilà parti de l’autre côté. Re-contre à droite un peu plus doux et je glisse droit vers la vallée direction le terrain de foot. Ça vole pas mal pour une aile école. J’avais fait 2 vols au même endroit il y a dix ans sous une Spirale (les mêmes qu’en pente école), je n’avais pas eu cette sensation…Je glisse tout droit, tranquille, pas besoin de piloter, juste savourer le paysage apaisant de Monceaux… le terrain est immense donc pas de stress.
Placé au centre du terrain avec un grand drapeau rouge (style torero) pour ne pas que je le confonde avec les nombreux spectateurs sans doute, Hervé me transmet calmement les instructions, « 180° vers la Dordogne », « direction la bergerie », « 90° à droite, et tu t’alignes »… « prise de vitesse ». Je tire, l’aile accélère et la trajectoire plonge. Si je reste comme ça c’est sur je vais avoir le terrain, pas de risque d’être trop long ! « palier » . Bonne idée ! je laisse voler et l’aile se remet toute seule sur une trajectoire plus rassurante. « Pousses !» J’y vais de bon cœur. Ressource, et posé en douceur sur mes pieds 2 mètres devant Hervé. Super, on y retourne !
Après les vols à peine moins beaux que le mien des deux autres stagiaires, nous remontons au décollage, malheureusement là haut ça commence à passer cul.
Après un coup de Clairette chez Maryse pour arroser ces vols, nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin.

Partie 2 : retour au parapente et tentative de cross
Deux heures plus tard je retrouve une joyeuse cohorte de Thermiques verts au décollage NW des Monédières. Il règne une grande fébrilité près du biplace qui se prépare. Il ne manque pas de qualifiés pour équiper la passagère qui, plus que les jolis cumulus, explique cette agitation…
Comme à mon habitude, j’échange quelques mots avec les personnes présentes, ce qui me prend un bon quart d’heure (plus selon mes interlocuteurs). La meute est donc très haut et assez loin derrière quand je décolle. Hyper concentré dès le décollage, pas un regard vers le sol, les yeux fixés sur les copains qui sont déjà là haut… arrivé vers 2000 m, stupre et faction, ils reviennent en direction du déco. Je suis 300 ou 400 m plus au nord. Appel radio pour demander pourquoi ils se sauvent, pas de réponse. Il faut dire que cela fait déjà presqu’un an que ma radio marche de manière plus qu’allez à Thouars et que vu la dérive c’est impossible aujourd’hui (je sais c’est nul ces « jeux de mots » mais il y a déjà 10 mn que j’écris sérieusement et c’est pas facile). Je décide de continuer à monter tout seul pour aller voir quelle diable se cache plus haut. Arrivé à 2300 je commence à zéroter. Entendant ma radio parler de temps en temps, j’annonce mon intention de tenter de partir au cas où quelqu’un m’entendrait et aurait la bonne idée de me rejoindre. Pas de réponse. Je pars donc Sud Est, pile dans l’axe de la dérive de ma montée, en enroulant quelques bulles de passage, alors que la rue de nuages principale axée Ouest/Est est quelques km plus au Nord. L’atmosphère est bizarre. Je sais que le terme est peu précis, mais n’ayant pas mémorisé l’emmagramme du jour, je ne prends pas le temps d’analyser et je décide de m’en foutre. Je suis depuis 200 m dans une espèce de brouillard, dans un trou de bleu avec la sensation d’être plus haut que la base des nuages alentour. J’irai comme cela jusqu’à l’autoroute, naviguant entre 1900 et 2300 m. Je ne saurai pas dire exactement où je suis passé car c’est la première fois que je survole la région et je suis concentré sur les nuages. Tant qu’on ne regarde pas en bas c’est bon signe !
Juste au niveau de l’autoroute, je remonte à 2500 sous un joli nuage du plus beau gris. Là, la rue secondaire que j’ai suivi s’arrête. Vers l’Est je vois Egletons qui fait une belle tache claire, et une rue de nuages magnifique orientée presque Nord-Sud à une vingtaine de kms. Droit dans la dérive, le paysage est magnifique, plein de lacs et de loin en loin quelques jolies petites barbules. Je suis haut sous mon nuage, les conditions sont fumantes, le paysage est beau, je suis heureux… et tel l’imbécile qualifié du même adjectif, je tire droit dans l’axe que je suis depuis le départ vers le beau paysage tout vert par terre, exceptés les lacs, et presque tout bleu dans le ciel, exceptées les barbules (je sais c’est lourd comme style, mais je sens que les lecteurs se lassent alors que moi qui revis ce vol mémorable je fais durer !). Je me jette donc vers le plus proche humilis (le nuage, pas moi. A ce stade je suis plus que fier). Putain il est loin ce con (je re-sais je deviens vulgaire, mais je me dois de respecter la véracité de l’aventure, et c’est ce que je me suis dit à cet instant précis), et ça descend pas mal dans la transition. J’ai perdu 500 m quand j’arrive vers ce qui ressemble encore à un cumulus. Je me place entre le soleil et le vent pour l’aborder, comme il est indiqué dans mon manuel du pilote de planeur et… bip, bip…super ! je tourne et …beup. Je décale un peu et re-bip ! re-super ! je re-tourne et re-beup ! Tout s’écroule... Le peu de nuage qui reste, et une grosse partie de ma concentration. Les prochaine barbulles sont loin vers l’Est, 3 à 4 km mais ça ne passera pas dans une telle dégueulante. Il y a une belle coupe de bois qui doit en être la source mais que d’arbres dans cette direction. Ils ont bien fait d’en couper mais ils en on laissé bien trop ! En dessous, un cerf brame sans discontinuer. Bizarre en cette saison ! en essayant de localiser la bête, je baisse les yeux et aperçois mon vario : la partie négative est toute noire. Ce n’est pas un cerf, c’est le cri du trou de bleu !!! mes rêves ne s’écroulent plus, ils dégringolent en chute libre. Je vais tomber avant la vallé de la Dordogne pourtant toute proche. La panique a remplacé la belle concentration du début (je vole depuis 1 heure 30 et à mon âge c’est difficile de rester concentré longtemps).
Un peu plus au Sud une belle tache verte avec un village je vais tenter ma chance par là au moins c’est posable ! Je suis maintenant à 3 ou 400 m sol au dessus du village et pas une bulle, rien ! au moins la descente infernale s’est arrêtée. Il a l’air bien paisible ce village, mais sur le coup j’ai des grandes idées d’investissement : quelques grands hangars de supermarché avec les parkings à la place des pelouses et toits de lauze…Ils ont bien un terrainde foot, ils pourraient penser également au vol libre !
Résigné, je me dirige vers un grand pré accueillant, quand à 100 m sol une jolie bulle me soulève de quelques mètres. Je suis au dessus de grans prés, j’enroule. Pas très rentable, mais je suis toujours dedans, et toujours au dessus d’endroits posables. Quelques tours plus loin, j’ai pris 50 m mais d’un coup je perds ma bulle et je vais me poser au bord du pré.
Coup de fil à Françoise pour lui dire que je suis posé sans dommage, elle me propose de venir me chercher. Bonne idée, mais je ne sais pas où je suis. Pliage, et quelques minutes de marche plus tard j’entre fièrement dans le village de Marcillac La Croisille. Re-coup de fil à Françoise et je m’installe au bar dans l’attente de la récup. Je suis content bien sûr, mais en même temps déçu. Il y avait moyen de faire bien mieux : le Cantal ? si nous avions été plusieurs peut-être que les décisions auraient été meilleures ?
La saison n’est pas finie, on remettra ça dès que possible…pour l’instant je savoure le fait d’être le héros d’un gamin de 5 ans qui n’a jamais vu un sac aussi gros. C’est la gloire !!!

Partie 3 : retour à Argentat
Ce matin je suis tout seul avec 2 moniteurs pour moi tout seul, et deux ailes afin de ne pas avoir à démonter en bas. Montée rapidos au déco avec Franck et Françoise qui va voler en parapente. Au déco conditions impeccable pour des premiers vols. Françoise décolle déjà alors que Franck finit de monter le Medil et que je finis de m’équiper. Décollage très joli comme d’habitude (c’est mon 2ème vol). Un peu de ligne droite pour admirer le paysage, 360 à droite, 360 à gauche, alignement sur la grande diagonale de ce terrain parfait pour les premiers vols et rassurant même pour un pilote de mon niveau. Prise de vitesse, palier, poussé énergique et posé en douceur, comme d’habitude.
Le temps de recevoir les félicitations d’Hervé, et Franck est déjà là pour me remonter au décollage. Les conditions baissent déjà un peu. On ne va pas trainer. Vive le montage du Médil (pas de lattes à enfiler…). Nous ouvrons la housse et je vois bien que l’aile n’est pas de la même couleur, mais Franck qui a l’œil voie instantanément que ce n’est pas un Médil. C’est un Médium. Il est emballé (Franck pas le Médium), c’est super, tu vas voir ça vole vachement bien…Je sais que ça reste une aile école car nous en avons parlé la veille, Hervé a juste dit qu’il fallait être impeccable au posé avec le Médil avant de passer au Médium. Alors pour moi non plus pas de problème, le cœur accélère un peu mais je continue à badiner sur un ton léger tout en enfilant les lattes comme les vrais deltistes. Franck prévient Hervé à la radio de la mutation du Médil en Médium, à priori cela ne lui pose pas de problème. Pas de problème pour les moniteurs alors pourquoi suis je légèrement tendu ? Je passe du ton badin à l’air concentré. Sans doute commençais-je à m’attacher au Médil. Allez c’est mieux comme ça, un futur grand champion doit voler avec les meilleures ailes ! Les conditions baissent. Françoise qui a déplié peine à prégonfler l’epsilon. Je lui passe résolument devant. Portage, équilibrage, « quand tu veux » course d’élan et c’est parti sans problème quasi vent nul. Dans ces conditions c’est plus facile qu’en parapente ! Une petite secousse en sortie de décollage, contre (la routine !) c’est vrai que c’est plus sensible. Afin de ne pas surpiloter je laisse l’aile voler toute seule, c’est super doux et le plané doit bien valoir celui de mon parapente. Nouveau plan de vol avec longement du relief le long de la crête à gauche. Au bout de la crête retour en vallée pour un 360 afin de sentir un peu l’aile en virage : c’est vrai que ça tourne mieux que le Medil. Retour sur trajectoire et Hervé m’annonce que nous allons (surtout moi) changer de côté d’approche car pour l’instant le vent est nul mais il a tendance à s’inverser par rapport au vol précédent. Immédiatement la contemplation fait place à une immense concentration. C’est vrai qu’elle pendouille lamentablement cette manche à (pas d’) air. 180°, alignement, prise de vitesse, ça plonge bien également le médium. Palier , ça va vite. Poussé suivi de deux ou trois pas, et tout s’arrête en douceur. Impressionnant quand-même cette vitesse au ras du sol ! mais bon, Hervé me parle déjà du prochain vol couché, du Mambo au 10ème vol et du stage à Laragne en septembre… alors l’atterrissage « ouais, ouais sympa ». L’émotion ? le bonheur de ces 2 vols !

Partie 4 : retour au sol
Deux heures plus tard je retrouve une joyeuse cohorte de Thermiques verts au décollage des Monédières… Nous sommes quelques uns au décollage Sud-Ouest, conformément à la balise. ça ne paraît pas trop mal mais nous nous interrogeons un peu quand aux conditions. Roland monte son delta… quand 2 parapentistes sortis de nulle part enroulent loin derrière, et surtout au dessus de nous. Ils montent bien les bougres. Et puis ce doit être des bons car ils vont vite, ils ne rêvent pas dans les nuages. A peine au premier qu’ils tirent vers le suivant de la belle rue qui part plein Est. Depuis les 2 champions ont été identifiés : Bruno et Greg et ils sont réellement allés loin. Bravo !
Toujours un peu dans mes vols du matin je resterai l’après midi au sol, pas vraiment tenté par les vols yoyos dans le cirque surchauffé. Bah, ce sera pour demain, je suis en congés cette semaine.
Depuis j’ai repris mon petit rythme de un ou deux tas quotidiens. Mais demain, ah demain… les copains seront à nouveau là et on va y remonter là haut, sous les nuages. Et là nous allons aller loin. Demain… AZBA du jour ACTIVE ! merde !! mais attendez ce week-end nous partons à Cajarc faire tomber les records locaux…


jmg

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