Guerre de l'information
Au cours de l'année 2007 les
systèmes d'information occidentaux semblent avoir
été victimes de vagues d'agressions sans
précédent : les responsables de la sécurité
du cyber-espace sont en émois. L'Estonie fut l'une des victimes
les plus vindicatives, peu décidée à subir ces
assauts qui mirent à mal les systèmes d'information de
l'Etat. Les autorités désignèrent rapidement un
coupable : la Russie. Dans le même temps les Etats-Unis
annonçaient avoir été victimes d'agressions de
grande ampleur contre leurs systèmes de sécurité
et de défense. Eux aussi désignèrent leur coupable
: l'armée chinoise. Puis ce fut au tour du Royaume-Uni, de la
France, de l'Allemagne, de reconnaître des agressions similaires
contre leurs propres systèmes. Sans être aussi directs que
les américains, les européens à la recherche de
coupables tournèrent leurs regards vers l'Asie.
La médiatisation de ces évènements ne doit
cependant pas faire oublier qu'ils ne sont pas les premiers (et
certainement pas les derniers non plus) qu'ait subis le cyber-espace.
Mais ce qui semble faire la différence c'est aujourd'hui la
nature des coupables désignés. Hier on parlait volontiers
de « pirates informatiques », de vagues de
cybercriminalité, de cyberdélinquance. Dans les
évènements de 2007 le vocabulaire a changé, on
parle ouvertement d' « attaques », on insiste sur la nature
des cibles touchées (systèmes liés à la
défense), et l'on n'hésite plus à accuser les
forces armées d'une nation comme étant de potentiels
coupables des agressions. Les enjeux ne sont alors plus les
mêmes. Il ne s'agit plus de s'amuser (le jeune pirate qui lance
un virus sur les réseaux pour faire la preuve de ses
capacités), il ne s'agit pas de faire de l'argent en trompant
des millions d'internautes (phishing, spamming, etc.) mais il s'agirait
bel et bien d'attaquer un Etat perçu comme un adversaire et de
chercher à le faire vaciller. Alors, plutôt que de parler
de cybercriminalité, faudrait-il qualifier ces agressions
d'actes de « guerre » ? Nous sommes tout au moins
autorisés à parler d'actes de « guerre de
l'information ».
L'objet de cette présentation sera d'introduire le concept de
« guerre de l'information » : qu'est-ce que la guerre de
l'information ? Qui en sont les acteurs dans le monde ? Quelles sont
les doctrines militaires, leurs mises en œuvre ? Comment
distinguer un acte de cybercriminalité d'un acte relevant de la
guerre de l'information ? Quel est l'impact de cette distinction sur le
droit applicable ? L'exposé s'appuiera sur l'analyse du concept
dans quelques pays phares du nouvel ordre économique mondial qui
est en train de se dessiner en ce début de 21° siècle
: la Chine, l'Inde, le Japon, la Russie, Singapour et les Etats-Unis.