ELICIT+ : comment devenir citoyens européens autonomes et critiques

Le but du projet piloté par l'ESPE de l'Université de Limoges est de promouvoir l’éducation et la citoyenneté active.

« Promouvoir l’équité, la cohésion sociale et la citoyenneté active en développant la créativité et l’innovation ». C’est avec phrase que Michel Harel, responsable d’ELICIT+ (European Literacy and Citizenship Education), définit ce projet coordonné par l’École Supérieure du Professorat et de l’Education (ESPE) de l’Université de Limoges et l’Association Européenne de l’Education France (AEDE-France)*.

Financé dans le cadre du programme ERASMUS+, partenariat stratégique, et qui a été sélectionné pour une durée de 3 ans (2014-2017) lors du dernier appel d’offres, le projet ELICIT+ a pour objectif principal d’établir un réseau durable et prometteur par la mise en place de modules de formation et de centres de formation pour les enseignants, les élèves, les parents et d’autres acteurs de l’éducation dans l’objectif de former un nombre croissant d’élèves, d’étudiants et d’adultes aux valeurs de l’éducation européenne.

Ce projet réunit 24 partenaires de 13 pays qui représentent tous les niveaux d’éducation. Il comportera de nombreuses activités de formation et de communication. En effet, 1 100 étudiants et enseignants seront formés en 3 ans pour acquérir des compétences en matière d’éducation et de citoyenneté européenne. Des ressources libres sur un site internet en 13 langues, des conférences et un événement de clôture au niveau européen sont également prévus.

Le projet ELICIT+ a été mis en évidence et cité en exemple par l’Agence Erasmus + lors de sa première communication sur la nouvelle programmation (2014-2020). Le projet a obtenu les meilleures notes parmi tous les projets partenariat stratégique présentés en France. Ce sont le positionnement stratégique et la qualité du projet qui ont été soulignés.


 

Interview avec Michel Harel

 

Quel est l’objectif du projet ELICIT + ?

Le projet ELICIT+ souhaite favoriser l’enracinement dans les valeurs communes : Dignité, Liberté, Égalité, Solidarité, Citoyenneté, Justice, telles qu’elles sont définies dans la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne. Le but du projet ELICIT+ est de promouvoir l’éducation et la citoyenneté active. Nous pensons que l’éducation est une des conditions essentielles pour assurer la démocratie en Europe, afin de compenser le manque d’informations autour de l’Europe dans les médias et dans les programmes scolaires.

 

Quel est l’origine du projet ELICIT+ ?

Le projet ELICIT+ est une continuation du projet ELICIT (2010-2013), qui dans un premier temps a réuni un total de 16 partenaires de 8 États membres. Nous avons pris la décision de soumettre un nouveau projet en 2014, après d’avoir vu les bons résultats du premier projet ELICIT.

Ce nouveau consortium intègre 24 partenaires de 13 pays européens différents, y compris des Universités, des Instituts d’éducation, des Associations comme l’AEDE-France et l’AEDE d’autres pays européens, des Organisations non gouvernementales (ONG), des Établissements scolaires et aussi des Collectivités territoriales. L’Université de Limoges a été choisie à l’unanimité par les autres partenaires comme le porteur du projet à nouveau.

 

Quels sont les résultats du projet ELICIT jusqu’à présent ?

ELICIT a produit un certain nombre d’outils : un cadre de référence des compétences pour les enseignants, une base de données des ressources existantes, un portfolio du citoyen européen et une mention européenne commune pour le Master de quatre universités partenaires. Ces quatre Universités se sont associées pour avoir un diplôme commun : l’Université de Cordoue (Espagne), l’Université de Stockholm, (Suède), l’Université de Kecskemét (Hongrie) et l’Université de Bretagne (France). L’ESPE de Limoges ne s’y est pas encore associée à cause de la mise en place récente de la nouvelle réforme de la formation des maîtres.

 

Quels sont les objectifs du nouveau projet ELICIT+ ?

Le premier objectif du nouveau projet ELICIT+ (2014-2017) est d’établir un réseau de modules formatifs pour les enseignants, les élèves, les parents et les autres acteurs du monde éducatif afin d’obtenir des citoyens européens responsables et capables de tenir leur place dans une communauté globalisée.

Les modules et les ressources pédagogiques seront développés pendant la première année et pendant la deuxième année nous serons en mesure de former les formateurs qui vont former les enseignants et les élèves.

 

Comment évaluez-vous le début du nouveau projet ?

La première année a été de bien planifier entre les différents partenaires le projet sur les trois années, de mettre en place les outils dont nous aurons besoin dont la création d’un nouveau site internet et de préparer les formations des formateurs qui vont former les enseignants et les élèves. La première formation aura lieu à Paris en octobre 2015.

 

Combien de modules il y aura ?

Le projet envisage la conception et la mise en œuvre de 14 modules de formation. Il ne faut pas oublier que tous les modules des formations seront traduits en 13 langues.

A la fin du projet nous aurons un nombre important de personnes formées dans le cadre de compétences reconnues au niveau européen et international. De plus, le projet adoptera une stratégie claire d’exploitation pour assurer la généralisation de ses résultats.

 

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ELICIT+, un projet 100% européen


 

Pourquoi un projet autour de l’Europe ?

ELICIT+ est un projet qui vise à développer les connaissances opérationnelles (littératie) au sujet de l’Europe, connaissances qui constituent les ingrédients de nos sentiments, de nos pensées, de nos actions en tant que citoyens européens. En effet, depuis le Traité de Maastricht signé en 1992, tout citoyen d’un État membre de l’Union européenne est citoyen européen de droit. Cependant, nous ne sommes pas tous conscients de notre appartenance à cette entité à la fois culturelle et civique.

 

Que voulez-vous dire lorsque vous parlez de littératie européenne ?

C’est un tissage complexe de philosophies, d’histoires, de cultures, de mythes et de légendes, de religions, de langues, de géographie, d’économie, de géopolitique ; c’est le kaléidoscope des multiples perspectives sur notre histoire partagée. C’est notre passé commun, que l’on ne peut renier et c’est notre avenir commun, que l’on doit construire ensemble.

Par exemple, l’histoire n’est pas toujours enseignée de la même façon dans les différentes écoles européennes. En Allemagne on va plutôt considérer Charlemagne comme allemand (Aix-la-Chapelle connue comme sa ville de résidence et capitale de l’empire) et pour la France il est français. Donc le but c’est de réussir à avoir une leçon commune de nos histoires.

 

Pensez-vous qu’en Europe il y a des citoyens de différents niveaux selon les pays d’origine ?

Le but et notre objectif c’est que tous les citoyens européens se sentent égaux, comme chaque citoyen des États-Unis, malgré l’existence de plusieurs États, se sent américain. Et je voudrais aussi qu’un jour chaque européen puisse dire « je suis un citoyen européen ».

 

Un des objectifs du projet ELICIT+ c’est d’améliorer la compression interculturelle, le fait de partager une base commun européenne. Est-ce que l’Union Européenne en train d’atteindre cet objectif ?

Actuellement l’Europe va vers cette direction, mais actuellement cela deviens de plus en plus difficile car nous n’avons pas une véritable Europe politique. Il manque une Union Européenne plus stable avec un Parlement européen plus fort.

 

Dans quelle mesure notre compréhension des autres se base sur les préjuges ?

Une des raisons c’est incompréhension et la mauvaise interprétation de certains évènements par les médias. Il faut ajouter que les médias parlent peu de l’Europe… malheureusement c’est encore un sujet secondaire.

 

Comment est-ce qu’on peut combattre ces préjuges ?

Il faut que les européens voyagent d’avantage à l’intérieur de l’Europe, de cette manière ils verront les choses d’une façon différente. Les stages du programme Erasmus + permettent aux étudiants, aux enseignants et aux enseignants-chercheurs la possibilité d’avoir des visions des autres pays.

 

Devrions-nous avoir de l’espoir en l’avenir européen ?

Nous devons avoir de l’espoir grâce à une meilleure éducation et des meilleurs connaissances sur ce qui se passe en Europe.

 


> École Supérieure du Professorat et de l’Education (ESPE) de l’Université de Limoges

> Site ELICIT+

> LAEDE-France est une section nationale de l’Association Européenne Des Enseignants, (AEDE/EAT), fondée à Paris en 1956, dans le but de promouvoir une meilleure compréhension du projet européen parmi les personnels éducatifs. Aujourd’hui, l’AEDE/EAT regroupe 26 sections, dont 25 dans les Etats Membres de l’Union Européenne et une section suisse. Depuis 2011, l’AEDE-France est membre du cercle national des développeurs de la mobilité, mis en place par l’Agence Europe-Education-Formation-France (Agence 2e2f). En avril 2012, l’AEDE-France a obtenu l’agrément du ministre de l’éducation nationale, en tant qu’association « complémentaire de l’enseignement public ». Cet agrément vaut également pour les établissements privés sous contrat.

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