Sandrine Paradis, notre première bourse Marie Curie

Le projet de Sandrine vise à reconstituer l'histoire des paysages culturels : l’histoire des massifs forestiers du Mont Euganée.

« J’étudie les bois brûlés par les hommes du passé pour restituer l’image des forêts anciennes ». C’est avec cette phrase que se définit Sandrine Paradis-Grenouillet, la première jeune chercheuse de l’Université de Limoges au Laboratoire de Géographie physique et Environnementale (GEOLAB), qui a décroché la prestigieuse bourse post doctorale Marie Curie.

Son projet vise à reconstituer l’histoire des paysages culturels et plus précisément à étudier l’histoire des massifs forestiers du Mont Euganée (Province de Padoue, Italie). Cette bourse lui permettra de conduire ses recherches durant 24 mois à l´Université de Padoue à partir d’avril 2016.

Sandrine a bénéficié de l’appui de la Cellule d’Appui aux Projets (CAP) de l’Université de Limoges, par un accompagnement et le suivi de son dossier tout au long du processus de candidature.

Elle est actuellement en CDI chez ÉVEHA, une entreprise d’archéologie préventive. Son employeur lui fera une mise à disposition pendant deux ans afin qu’elle puisse réaliser son projet de post doctorat en Italie.

 

La bourse Marie Curie


Comment êtes-vous arrivée au sein du Laboratoire GEOLAB?

J’ai commencé par étudier la géologie à Orsay, puis à Dijon. J’ai effectivement choisi une licence de Géologie et d’environnement à Dijon car cela me permettait de suivre un double cursus associant la géologie à l’archéologie. J’ai poursuivi par un master d’archéosciences. Parallèlement à ma formation universitaire j’ai effectué des fouilles archéologiques en tant que bénévole, notamment sur le Mont Lozère. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Philippe Allée (Professeur de Géographie) qui m’a proposée de faire un stage de Master 2 à ses côtés au sein du Laboratoire GEOLAB pour étudier l’histoire des forêts sur le massif du Mont Lozère. A l’issue de ce stage, j’ai candidaté aux bourses doctorales proposées par la Région Limousin et c’est ainsi que j’ai rejoint l’équipe Géoarchéologie et Paléoenvironnement du Laboratoire GEOLAB.

J’ai donc un parcours un peu atypique : géologie, archéologie et géographie ce qui me positionne comme une chercheuse pluridisciplinaire.

 

Et pourquoi avez-vous choisi la bourse Marie Curie ?

Un collègue d’Aix-En-Provence (Sylvain Burri, chargé de recherche au CNRS-LA3M) qui travaille depuis quelques années avec une équipe d’archéologues de l’Université de Padoue m’a proposée de rejoindre leur équipe. Cette équipe travaille sur l’histoire des évolutions paysagères en combinant des approches historique et archéologique et ils recherchaient quelqu’un pour conduire des approches archéo-botaniques, c’est-à-dire pour étudier les restes de végétaux. Mes compétences d’anthracologue (étude des charbons de bois) les ont particulièrement intéressés.

En 2013, avec l’aide de cette équipe, j’ai déposé un dossier pour une bourse Piscopia, une bourse postdoctorale destinée à travailler à l’Université de Padoue. J’ai été classée 13eme mais il n’y avait que 4 places. Au vu de ce résultat les collègues italiens m’ont incitée à retenter ma chance ; c’est pourquoi nous avons déposé un dossier de candidature pour une bourse Marie Curie.

 

Et pour le montage du dossier ?

Le dossier est un peu lourd à monter mais en reprenant les commentaires fournis par les trois experts de la bourse Piscopia nous avons pu affiner le projet de recherche. Comme pour le montage de la demande de bourse Piscopia, j’ai contacté la Cellule d’Appui aux Projets (CAP) de l’Université de Limoges pour m’épauler. L’équipe de la CAP a fait un gros travail : ils ont relu tout le dossier, vérifié l’anglais et modifié quelques mots pour correspondre aux critères des projets européens.

 

Et quel est le but de votre séjour à Padoue ?

L’objectif de ce postdoctorat est d’étudier l’histoire des paysages forestiers depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui sur le massif de d’Euganée, des collines volcaniques. Pour cela nous allons croiser différentes approches : analyses cartographiques, études paléo-environnementales et archéo-botaniques pour comprendre l’évolution, les transformations des paysages forestiers.

 

Quand allez vous partir ?

Je pars en Avril 2016, mais je ne pars pas seule, nous partons en famille avec mon mari et mes deux enfants. Les bourses Marie Curie sont parmi les rares bourses à prendre en compte l’aspect familial. Il y a en effet, un financement supplémentaire prenant en considération les frais de déménagement, d’installation et une participation supplémentaire de 400 à 500 euros par mois pour la famille.

 

Et comment voyez-vous le rôle des femmes chercheuses ?

Je m’épanouis dans ma vie de femme chercheuse. J’ai toujours voulu fonder une famille et faire de la recherche, j’ai longtemps pensé que cela ne serait pas compatible. Mais finalement on y arrive, cela nécessite une bonne organisation et je peux surtout compter sur mon mari qui est particulièrement présent.

 

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Les origines d’une archéo


Quand avez-vous commencé à avoir un intérêt pour cette matière ?

J’ai toujours été attirée par le passé, dès l’école primaire. J’allais avec mon père ramasser des fossiles, j’appréciais les visites dans les musées et plus spécifiquement ceux qui portaient sur la préhistoire et l’archéologie expérimentale.

 

Quels sont les enseignants-chercheurs plus importants pour votre carrière ?

J’en ai plusieurs… je pense tout d’abord à Christophe Petit un de mes professeurs à Dijon, bien sûr à Philippe Allée, mon directeur de thèse, il m’a fait évoluer, pousser à toujours aller plus loin dans mes recherches. Je pense aussi à Alain Ploquin, chercheur au CNRS à la retraite que j’ai rencontré sur le mont Lozère ; c’est lui qui m’a engagée à étudier l’impact des activités métallurgiques sur les espaces forestiers, je lui dois beaucoup!

 

Quelle couleur est-ce que vous choisiriez pour définir votre recherche ?

Pas facile comme question, je vais peut-être répondre par des clichés, le vert comme la forêt, l’environnement, le paysage… et l’orange qui me fait plus penser à la terre.

 

Et la façon de regarder les montagnes a-t-elle changé votre façon de regarder la vie ?

Mes recherches m’ont conduite à prendre conscience de l’évolution des paysages et de l’importance des activités humaines dans ces modifications, ces transformations. J’ai beaucoup appris sur le terrain notamment avec mon collègue Romain Rouaud. Grâce à lui je regarde aujourd’hui la nature, l’environnement différemment. Je suis probablement plus sensible aux questions de protection et de conservation de la biodiversité. Il me semble important d’interroger les pratiques des sociétés du passé dans la gestion de leurs environnements pour mieux comprendre et anticiper nos comportements actuels et futurs.


Laboratoire GEOLAB

Programme de bourses de recherche Marie Curie